5256

Le CatholicaPedia Blog

CatholicaPedia, une mémoire de la Tradition… en toute liberté

Archive for the ‘Jean-Paul II’ tag

Les “enjeux” : toujours les mêmes ! N’apprendront-ils jamais ?

without comments

Nous nous livrons ici une très bonne étude de Monsieur l’abbé Sanborn (aujourd’hui Monseigneur) sur le fonctionnement de la F$$PX à son début et sous les années Lefebvre.

Cette étude, écrite en 1994, est toujours d’actualité (remplacez simplement Wojtyla par Ratzinger) et nous éclaire sur le paradoxe du lefebvrisme “durs”-“mous”, de ses conflits d’intérêt et sur la diplomatie de Mgr Lefebvre. Les deux faces (ou aspects) de Mgr Lefebvre…

« …les deux aspects de Monseigneur Lefebvre, celui de la foi et celui de la diplomatie, pouvaient se manifester simultanément, parfois le même jour, dans ses déclarations, dans ses prises de position et dans ses actes. »

« Monseigneur Lefebvre a pourvu ses prêtres de tout, excepté de la théologie adéquate pour distinguer les ennemis de l’Église ; il a formé une armée qui ne sait pas où est l’ennemi. Ils combattent pour la “reconnaissance” par les “autorités” modernistes. Ils cherchent à être absorbés par les Philistins, pas à les vaincre. Ils veulent travailler avec le modernisme à l’intérieur de Vatican, et non l’en extraire. Ils combattent pour la coexistence avec les modernistes, pour le partage de la même Église avec les hérétiques. »

« La raison pour laquelle la Fraternité poursuit la voie de la négociation avec les modernistes, avec pour but ultime d’être absorbée par eux, c’est qu’elle considère que Wojtyla a l’autorité papale. Elle sent la nécessité de se soumettre à lui, d’être reconnue par lui, pour être soumise au Christ, pour être reconnue par le Christ. Car l’autorité papale est l’autorité du Christ. »

Et comme le note Louis-Hubert Remy en fin de l’article : Bon article dans son analyse mais avec toujours les mêmes erreurs. Cet appel de 1995 n’a reçu aucune réponse. Pourquoi ? Arbre sans fruit ? Dieu n’attend rien de ces prêtres.

Les notes sont de Louis-Hubert Remy.

Les “enjeux” : toujours les mêmes ! N’apprendront-ils jamais ?

 


 

La Montagne de Gelboé

Par M. l’abbé Donald. J. Sanborn

 

Le jeune abbé Sanborn au côté de Mgr Lefebvre, à l'époque.

Sodalitium n° 39 (juin-juillet 1995), p. 33-46.

Nous publions ici, dans une traduction française réalisée par nos soins, l’article paru dans le numéro XII de Sacerdotium (Pars æstiva 1994, pp. 1 à 43) et intitulé “The Mountains of Gelboe”. Notre but n’est absolument pas de faire de la polémique vis-à-vis de la Fraternité, de ses membres ou de ses fidèles. L’article de l’abbé Sanborn, autrefois membre important de cette même Fraternité en qualité de directeur du séminaire des États-Unis, se veut un simple document, le témoignage d’un prêtre qui se rend compte du rôle capital que la Fraternité pourrait tenir dans la défense de la foi catholique, rôle qu’elle ne tient pas, hélas, comme elle le pourrait à cause d’une contradiction doctrinale qu’elle traîne avec elle depuis sa fondation.

Sodalitium a déjà présenté à ses lecteurs de nombreux articles sur l’œuvre fondée par Monseigneur Lefebvre, entre autres celui d’un autre prêtre ayant appartenu à la Fraternité, l’abbé Belmont ; il s’agissait d’un article de caractère plus doctrinal et moins descriptif (cf. Sodalitium, n° 33, pp. 49 à 52).

L’article de l’abbé Sanborn, par contre, aborde le problème d’un point de vue pour ainsi dire historique et sera peut-être plus facilement compris par les lecteurs. Dans cet article de nombreuses expressions sont propres au style de son auteur ; différentes par conséquent de celles que Sodalitium utilise couramment, spécialement ces dernières années. Mais l’article conserve toute sa force de témoignage et une grande logique de fond. Il a été publié avant l’élection du nouveau supérieur général de la Fraternité et dans cette perspective. Le fait que l’abbé Schmidberger n’est pas été reconfirmé dans sa charge ouvre peut-être une porte à l’espoir.

Que les membres et les fidèles de la Fraternité Saint Pie X répartis dans le monde ne s’offensent donc pas de la publication de ces lignes mais les regardent comme une occasion de réflexion sur la situation actuelle et sur les fondements doctrinaux des décisions à prendre et, pourquoi pas, comme une occasion de débat entre eux et avec les opposants aux réformes conciliaires.

Sodalitium

 

La Montagne de Gelboé

À la fin du Premier Livre des Rois, on peut lire la terrible défaite de l’armée israélienne après une bataille désespérée contre les Philistins. Leur roi Saül était distrait par une obsession de longue date, tuer David, et ce pour la simple et unique raison que David l’avait défait au combat. Prise au dépourvu, l’armée israélienne [1] fut massacrée ; Saül, mortellement blessé, se suicida en se laissant tomber sur son épée. Tout cela se passait sur la montagne de Gelboé. Cependant les Philistins combattaient contre Israël ; et les hommes d’Israël s’enfuirent devant les Philistins, et tombèrent morts sur la montagne de Gelboé (I Rois, XXXI, 19).

David qui n’avait pas pris part à la bataille fut submergé par le chagrin. Il pleurait Saül son persécuteur parce que c’était son roi. Il pleurait Jonathan son plus cher ami. Il pleurait les hommes valeureux d’Israël tombés sur la montagne. Les illustres, ô Israël, ont été tués sur tes montagnes : comment des forts sont-ils tombés (II Rois, I, 19) ?

Le compositeur George Hændel a mis en musique cette scène dramatique de l’Ancien Testament dans l’oratorio intitulé Saül. Ces paroles aux sombres accents d’hymne funèbre, pleurent la perte de la vaillante jeunesse d’Israël :

Pleure Israël, pleure ta beauté perdue
Le meilleur de ta jeunesse fauché à Gelboé !
Tes plus beaux espoirs évanouis !
Quel amoncellement de puissants guerriers sur la plaine !

 

Chaque année, en juin et juillet, le prêtre en lisant son bréviaire récite à plusieurs reprises la complainte de David sur les événements de Gelboé :

Montes Gelboë nec ros nec pluvia veniant
Super vos, ubi ceciderunt fortes Israël.

Montagnes de Gelboé, que ni pluies ni rosées ne viennent sur vous, là où sont tombés les braves d’Israël.

 

Là où sont tombés les braves d’Israël

Lorsque l’on considère qu’Israël dans l’Ancien Testament est la préfiguration de l’Église Catholique dans le Nouveau, et que les Philistins, ennemis de longue date des Israélites sont une préfiguration des ennemis de l’Église, il est difficile de ne pas faire la comparaison avec notre époque.

Jamais l’Église n’a été aussi harcelée par ses ennemis ; jamais avec autant de succès. Jamais auparavant l’Église n’avait mené un combat aussi décisif contre ses ennemis. C’est vraiment pour elle la montagne de Gelboé.

La bataille est féroce. Les Philistins sont les modernistes naturellement. Les Israélites sont les catholiques fidèles à leur sainte Foi. Là les Philistins s’étaient réunis en une force terrible pour répondre à l’humiliation subie avec le meurtre de Goliath ; à notre époque ce sont les modernistes, humiliés sous le règne de saint Pie X, qui ont assailli l’Église avec une vigueur nouvelle.

Cependant les braves d’Israël – les Catholiques fidèles – tombent peu à peu, massacrés dans ce funeste combat.

 

La constitution d’une grande armée

Un dimanche de novembre 1964, au retour de la Messe dominicale, je me rappelle avoir été sérieusement démoralisé. C’était le premier dimanche de l’Avent, et les premiers changements opérés par Paul VI avaient été introduits dans la Messe. Plus de prières au bas de l’autel, plus de dernier Évangile. La Messe dialoguée avait été introduite, et quelques hymnes aux consonances protestantes avaient résonné à nos oreilles. Toutes choses qui ont été largement dépassées par les standards actuels d’aberration liturgique ; mais instinctivement, je me rendis compte alors que quelque chose de profond n’allait vraiment pas dans l’Église Catholique. Malgré mes quatorze ans, je sentis que la religion protestante s’était infiltrée dans l’Église Catholique [2].

Ma vie ne devait plus jamais être la même. Le désarroi intérieur provoqué en moi par les changements ne fit qu’empirer avec le temps. Les changements s’ajoutaient les uns aux autres ; l’Église – ou ce qui semblait l’être – était toujours plus protestantisée.

En 1967 j’entrai au séminaire diocésain pour suivre mes études secondaires. Naïvement j’avais pensé que le séminaire serait un paradis d’orthodoxie et de conservatisme par rapport à la paroisse libérale. En fait, à ma grande tristesse, je découvris dès le premier jour que c’était tout le contraire. Je me rappelle avoir été horrifié en entendant des séminaristes plus âgés réclamer le mariage pour les prêtres entre autres changements libéraux.

Vers 1970 je compris que je ne serais jamais capable de tenir une fonction dans le contexte de Vatican II, de sa religion du futur. Je me rendis compte alors de ce qu’allait devenir la religion du Novus Ordo – exactement ce qu’elle est maintenant. Les séminaristes libéraux de cette époque sont maintenant prêtres ou évêques, et il faut s’attendre à bien davantage encore de leur part.

Avec quelques autres séminaristes nous nous sommes mis à la recherche de diocèses plus conservateurs. En ce temps-là tout ce que nous recherchions ou espérions était un certain conservatisme, un petit abri où résister à la tempête du libéralisme. Presque tous les conservateurs pensaient que l’orage serait bientôt passé, à partir du moment où le Saint-Père, Paul VI à l’époque, aurait réalisé ce que tramaient les méchants libéraux, et les aurait châtiés.

Nous pensions tous : Le Saint-Père ignore tout de ce qui se passe – voilà quelle est la raison du libéralisme. Chaque année le séminaire devenait plus libéral ; et tous les ans je me disais : “C’est pour l’an prochain, ça va craquer”. Ça n’a jamais craqué.

Dans la tête de tout conservateur il y avait toujours l’idée implicite que les libéraux étaient de vrais catholiques, mais qu’ils se laissaient entraîner. Une fois qu’ils auraient vu que les changements n’allaient pas, ils feraient marche arrière.

C’est au cours de ces années-là qu’avec d’autres séminaristes, nous nous mîmes à fréquenter la Fordham University dans le Bronx pour écouter les conférences du Dr von Hildebrand sur les changements.

Je fus introduit par le Dr William Marra, bien connu aujourd’hui. Je lisais également le magazine Triumph et toutes les publications traditionnelles ou conservatrices sur lesquelles je pouvais mettre la main. Mais rien n’y faisait. Tout allait de mal en pis.

Finalement, fin 1970, un de mes camarades séminaristes eut l’idée d’écrire à The Voice, journal traditionnel publié dans le nord du comté de New-York, pour demander si quelqu’un aurait entendu parler de l’existence d’un séminaire traditionnel quelque part dans le monde. La lettre fut publiée. Un prêtre du nom de Father Ramsey répondit. Il disait ne rien connaître de valable aux États-Unis, mais il avait entendu parler d’un petit séminaire tout récemment fondé, en Suisse, par un Archevêque français. En outre, cet Archevêque devait venir aux États-Unis au printemps prochain.

Intéressé évidemment, j’écrivais à cet Archevêque et, assez rapidement, recevais une aimable réponse. Il venait en mars et serait heureux de me rencontrer ainsi que d’autres séminaristes intéressés. Cette rencontre avec Monseigneur Lefebvre eut lieu à New-York le lundi 15 mars 1971. Encore une fois ma vie prenait un tournant décisif.

Cette conversation avec Monseigneur Lefebvre contenait en germe toutes les forces et tous les problèmes qui seraient le partage du mouvement traditionnel dans le futur.

Son Excellence était en chemin pour Covington, Kentucky, où elle devait rencontrer un autre membre de la Congrégation du Saint-Esprit, l’Évêque de Covington.

L’Archevêque entama la conversation en nous montrant l’approbation qu’il avait obtenue du Diocèse de Fribourg pour la Fraternité. Il était donc clair qu’il avait l’intention de travailler à l’intérieur de la structure du Novus Ordo. À l’époque aucun d’entre nous n’aurait jamais pensé agir diversement – nous cherchions seulement un refuge, un endroit où pouvoir être catholique et nous occuper de nos propres affaires.

Dans la suite de la conversation cependant, Monseigneur Lefebvre expliqua qu’il était nécessaire de conserver la Messe Latine exclusivement, et que c’était la messe en usage dans son séminaire. Quoiqu’heureux à l’idée de retrouver la Messe Latine traditionnelle, car je haïssais la Nouvelle Messe, l’idée de conserver la traditionnelle me troublait. Considérant que Paul VI était le Pape, ce que nous pensions tous à l’époque, comment pouvais-je lui résister sur ce point ? Je me rappelle que l’un des séminaristes lui souleva cette objection.

L’Archevêque donna une vague réponse concernant sa légalité, et il insista davantage sur la nécessité de conserver la Messe traditionnelle pour sauvegarder la Foi. Il avait évidemment raison mais la question de la légalité demeurait, déconcertante et troublante.

Cette conversation faisait présager tous les événements qui se dérouleraient par la suite. Le désir de collaborer avec le Novus Ordo allait finalement entrer en conflit avec la résolution de maintenir la Messe traditionnelle et la Foi Catholique en général. L’Archevêque, et avec lui la Fraternité, allait passer vingt-cinq ans d’agonie à essayer de marier ces deux éléments contradictoires : le Novus Ordo et la Foi Catholique. Et parce que le Novus Ordo est promulgué par le “pape”, l’Archevêque et la Fraternité chercheront une voie moyenne impossible entre reconnaître en lui l’autorité du Christ et résister en lui à l’autorité du Christ.

Ces deux tendances contradictoires de Monseigneur Lefebvre, travailler avec le Novus Ordo d’un côté et de l’autre préserver la Foi Catholique, seront à l’origine des deux factions qui prendront naissance à Écône : la ligne des “mous”, les libéraux qui préféreront le compromis avec la Foi Catholique dans le but d’obtenir l’approbation du Novus Ordo, et la ligne des “durs” qui préféreront abandonner tout espoir d’approbation de la part du Novus Ordo plutôt que de compromettre la Foi.

Comme je le disais il y a dix ans dans un article intitulé The Crux of the Matter, Monseigneur donna aux deux factions des motifs d’espérance. Certaines déclarations et certains actes se rangeaient du côté des “mous”, d’autres du côté des “durs”. Le résultat fut que chaque parti pouvait se vanter d’être l’interprète des idées et des tendances de Monseigneur.

En fait celui-ci suivait une voie qui n’était ni celle de l’un ni celle de l’autre parti. La méthode qu’il préconisait pour résoudre la crise de l’Église consistait à mettre sur pied une grande armée de prêtres traditionalistes qui seraient envoyés partout dire la Messe ; par leur Messe et leur apostolat ils auraient attiré les catholiques. Le Novus Ordo périra faute de vocations, pensait-il, et rapidement le Vatican et les évêques devront capituler devant le fait que les seuls prêtres à demeurer seront traditionalistes. Bon gré mal gré ils devront retourner à la tradition. Par ailleurs, Monseigneur sentait qu’il était absolument nécessaire de préserver la doctrine catholique, la liturgie et la pratique et par conséquent de résister à l’autorité du Novus Ordo, c’est-à-dire, en particulier à Paul VI.

De ce double propos naquit la seule solution possible : “le filtrage”. Reconnaître l’autorité du Novus Ordo comme l’autorité catholique, mais passer au filtre ses doctrines, ses lois et sa liturgie pour retenir ce qui est catholique et rejeter ce qui ne l’est pas.

Aussi Monseigneur Lefebvre chercha-t-il à former des séminaristes qui acceptent cette solution et, bien entendu, regardent la Fraternité – c’est-à-dire luicomme l’autorité habilitée à jouer ce rôle de “filtre”. C’est ainsi que prit naissance le “culte de Monseigneur”. Incapables de résoudre le problème de l’autorité, les séminaristes considéraient Monseigneur Lefebvre comme le porte-parole exceptionnel de Dieu dans cette crise. Rome n’était plus un problème du moment que Monseigneur était là pour en interpréter la pensée et pour nous conduire entre les divers obstacles modernistes qu’elle suscitait.

De 1970 à 1975, ces trois courants, ligne des “durs”, ligne des “mous” et ligne de Monseigneur se développèrent parallèlement et n’eurent que de rares accrochages d’ordre mineur. Les “durs” faisaient connaître ouvertement leurs opinions sédévacantistes vis-à-vis de Paul VI. Ils ne voyaient pas non plus la nécessité de cacher leur allégeance au Bréviaire et aux rubriques de Saint Pie X, et partout dans le séminaire, on pouvait voir des séminaristes avec ces bréviaires.

En classe, les “durs” bataillaient contre les professeurs de tendance moderniste [3] ; un certain anglais bien connu, maintenant évêque, menait la troupe. Les “mous” défendaient les professeurs et harcelaient les “durs”. Monseigneur Lefebvre restait généralement en dehors.

En 1974, le Vatican décida d’effectuer une enquête sur Écône et envoya des Visiteurs interviewer enseignants et séminaristes. Prévoyant que le rapport serait mal reçu, Monseigneur Lefebvre fit sa fameuse Déclaration qui plut beaucoup aux “durs” et fut un coup pour les “mous”. Un an plus tard, en mai 1975, Paul VI interdisait la Fraternité. Monseigneur Lefebvre décida de résister et maintint ouvert son séminaire d’Écône. Les “durs” jubilaient, pleins d’enthousiasme pour cette nouvelle guerre ouverte avec le modernisme plus particulièrement localisé au Vatican. Ils n’avaient rien à faire de l’interdiction, considérant les actes de Paul VI comme nuls et non avenus.

Pour les “mous” c’était la tempête. Beaucoup quittèrent Écône. Ceux de la ligne de Monseigneur se turent et continuèrent loyalement à le suivre.

Les événements, de 1975 à 1978, firent présager le triomphe des “durs”. Monseigneur semblait abandonner tout espoir, et même tout désir de se réconcilier avec le moderniste Montini. Il parlait de l’église de Vatican II comme d’ “une église schismatique” et de la nouvelle Messe comme d’une “Messe bâtarde”. À ce moment-là il semblait que la dichotomie du Monseigneur Lefebvre des années précédentes se soit résolue avec la décision logique et cohérente de poursuivre la guerre avec le Novus Ordo. La Fraternité aurait été la grande armée de l’Église Catholique face à ses ennemis modernistes, les Philistins, à l’intérieur des murs, les murs du Vatican principalement. Elle aurait attiré les vocations du monde entier, les aurait formées selon l’esprit de l’Église catholique et anti-moderniste pour les renvoyer ensuite sur les champs de bataille de tous les coins de la terre. Le futur s’annonçait brillant, sûr, glorieux.

C’est alors qu’eut lieu un événement qui fit la joie de beaucoup de gens : Paul VI cessa de vivre. C’était le 6 août 1978.

 

L’embrassement fatal

Les quelques jours concédés à Luciani étant écoulés, c’est l’actuel et apparemment immortel Wojtyla qui fut élu, en octobre 1978, comme troisième “pape” de Vatican II. Monseigneur voulut voir le nouveau “pape”. La rencontre eut lieu peu de temps après l’élection de Wojtyla. Au cours de cette conversation historique, Wojtyla déclara à Monseigneur Lefebvre qu’il pouvait continuer tout en “acceptant le Concile à la lumière de la tradition”, formule que Monseigneur avait toujours utilisée jusqu’alors dans sa tentative de coexistence avec “le Novus Ordo”. Cela signifiait : pour Monseigneur, évaluer le Concile pour en retenir seulement ce qui était catholique ; pour Wojtyla, avoir une autre couleur dans le spectre des idées. Pour Monseigneur Lefebvre c’était la reprise des espoirs, nourris avant le pontificat de Paul VI, de recevoir l’approbation de la part du Novus Ordo ; pour Wojtyla, c’était le moyen de réintégrer les traditionalistes dans une “High Church”. Pour Monseigneur Lefebvre c’était l’espoir d’obtenir une chapelle latérale traditionaliste à l’intérieur de la cathédrale moderniste ; pour Wojtyla également.

Cet espoir de réconciliation les ayant réunis, Wojtyla donna à Monseigneur une accolade fatale. La guerre était finie.

Du moins celle-là. Après cette entrevue, il ne restait à Monseigneur qu’une chose à faire : transformer la ligne dure de sa Fraternité rangée en ordre de bataille en un instrument de compromis plein de souplesse. Le dialogue allait être l’ordre du jour pour les années à venir, et il avait besoin derrière lui d’un clergé qui travaille, non pas l’épée mais la plume en main, à la signature d’un traité de paix avec les saboteurs du catholicisme.

Il s’ensuivit un règne de terreur à l’intérieur de la Fraternité. Convaincu qu’il avait désormais à mettre sur pied une armée de dialogueurs et de gens disposés au compromis pour faire aboutir sa longue recherche en vue de l’approbation du Vatican moderniste, Monseigneur réalisa qu’il devait ou convertir ou éliminer l’opposition. C’est ce qu’il fit avec une décision implacable et même cruelle. Le sédévacantisme fut banni. Il vous fallait ou bien reconnaître que Jean-Paul II était pape, ou bien vous en aller et vivre dans l’exil et la pauvreté.

À la grande joie des “mous”, tout “dur” de la Fraternité fut systématiquement démoli, soit par la conversion obtenue par des pressions, soit par l’expulsion. C’est avec l’expulsion des quatre prêtres italiens que se conclut le procédé en 1986, et pas un de ceux qui considéraient Wojtyla comme l’ennemi ne demeura à la Fraternité. La voie était dès lors ouverte pour un compromis qui permettrait la coexistence, la chapelle latérale dans la Cathédrale moderniste de l’œcuménisme.

En dépit de l’échec de la réunion d’Assise, et malgré d’autres crimes œcuméniques outrageants de la part de Wojtyla, les négociations avec l’ennemi poursuivirent leur cours jusqu’au jour fatidique du Protocole : 5 mai 1988, fête de Saint Pie V, quelle coïncidence !

Après des mois de négociation avec Ratzinger, un document considéré comme préparatoire avant le dernier accord définitif plus formel, fut présenté à la signature de Monseigneur Lefebvre. Dans ce fatidique Protocole, comme on l’appelle, Monseigneur Lefebvre

1) promettait fidélité à Jean-Paul II et au corps des évêques du Novus Ordo ;

2) il était d’accord pour accepter le ch. 25 de Lumen Gentium, reconnaissant ainsi Vatican II comme l’enseignement de l’Église catholique sans aucune réserve ;

3) il acceptait le dialogue avec le Vatican sur des points disputés à Vatican II, la nouvelle liturgie, les problèmes disciplinaires, en “évitant toute polémique”, autrement dit en abandonnant la dénonciation publique d’erreur ;

4) il reconnaissait la validité de la Nouvelle Messe et des nouveaux sacrements tels qu’ils étaient promulgués par Paul VI et Jean-Paul II dans leurs éditions officielles, ce qui implique qu’il s’agit là de rites Catholiques promulgués par l’Église ne pouvant donc être invalides ;

5) il reconnaissait le Code de Droit Canon qu’il avait de sa propre bouche déclaré rempli d’erreurs sinon d’hérésies.

En retour Ratzinger concédait à la Fraternité une place dans ce que Monseigneur Lefebvre avait toujours appelé “l’église conciliaire”. De plus, il était d’accord pour suggérer au “Saint Père” de nommer un évêque choisi parmi les membres de la Fraternité. En outre encore le Vatican acceptait de constituer une “Commission de la Tradition” pour aider à sauvegarder les pratiques traditionnelles.

Le lendemain même, le 6 mai, Monseigneur Lefebvre violait l’accord à peine accepté en disant à Ratzinger que si le “Pape” n’avait pas nommé un évêque et préparé le Mandat Apostolique (la permission de consacrer) à la mi-juin, il procéderait sans plus attendre à la cérémonie. Il avançait comme raison le fait que remettre l’événement à plus tard causerait chez les traditionalistes un sentiment de désillusion. De plus, ajoutait-il, “hôtels, moyens de communication, tentes immenses à monter pour la cérémonie, devraient être retenus”.

Ratzinger et Monseigneur se rencontrèrent le 24 mai. Ratzinger assura Monseigneur que le “Saint Père” choisirait un évêque dans la Fraternité et qu’il approuverait une consécration faite le 15 août, quarante-cinq jours seulement après le 30 juin tant désiré. Monseigneur répondit par deux lettres, l’une à Ratzinger, l’autre à Wojtyla ; il insistait sur le nombre trois pour les évêques, sur la date du 30 juin pour la consécration, et il demandait que la “Commission pour la Tradition” comporte une majorité de membres de la Fraternité.

Ratzinger répondait le 30 mai en insistant sur les termes du Protocole du 5 Mai, et sur la soumission de l’Archevêque au “Pape” en ce qui concernait la consécration. Le 2 juin Monseigneur répondait en dénonçant l’esprit de Vatican II, et il annonçait à Ratzinger qu’il avait l’intention de procéder à la consécration le 30 juin, se réclamant de la “permission” accordée par Rome pour le 15 août.

Les tergiversations continuaient. Le 15 juin, Monseigneur Lefebvre donnait une conférence de presse dans laquelle il déclarait que Jean-Paul II n’est pas catholique, qu’il est excommunié, qu’il est en dehors de l’Église, mais qu’il est néanmoins le chef de l’Église. Le 16, il disait à un journaliste qu’il changerait d’opinion si Jean-Paul II – qui la veille n’était même pas catholique – approuvait ses quatre évêques.

Le 30 juin Monseigneur Lefebvre consacrait ses quatre évêques. Le 2 juillet Jean-Paul II l’excommuniait lui et tous ceux qui le suivent.

 

Les deux visages de l’Archevêque

Le déroulement de ces tractations avec le Vatican moderniste montre de façon évidente qu’il y avait en Monseigneur Lefebvre deux aspects opposés, capable chacun de dicter sa propre théorie distincte et contradictoire ainsi que son propre mode d’action.

D’un côté il y avait la foi de Monseigneur. Je le connaissais depuis de nombreuses années et je peux attester du fait que, de cœur, il était profondément catholique, anti-libéral, antimoderniste. Il détestait les changements de Vatican II, et, comme nous tous, aspirait au retour de la Foi catholique.

D’autre part il y avait la diplomatie de l’Archevêque. Il y croyait fermement, et, bien entraîné dans cet art pour avoir été Délégué Apostolique, il pensait pouvoir résoudre les problèmes de l’Église au moyen de la diplomatie.

Libérée des considérations diplomatiques, sa foi resplendissait, enflammée par sa force d’âme. Les énonciations qu’il faisait dans ces moments d’humeur non-diplomatique et sans calcul étaient excellents. Ils étaient exactement ce dont l’Église avait besoin : une simple déclaration sans ambiguïté de la vérité, une dénonciation directe des modernistes, un programme fort d’action positive contre eux au moyen de la formation et de l’ordination de prêtres traditionnels. C’est dans ce dernier aspect que réside toute la grandeur de Monseigneur Lefebvre.

Par contre, lorsque la diplomatie dictait ses pensées et ses actions, une toute autre personne se faisait jour. Prêt à faire de honteuses capitulations pour atteindre son but, il offrait en pâture aux modernistes des affirmations ambiguës, espérant qu’ils s’en contenteraient pour lui assurer une place à la table moderniste. Par exemple, tout en ne voulant rien savoir de la Nouvelle Messe, il accepta officiellement d’autoriser la célébration d’une Nouvelle Messe dans la vaste église parisienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet : Le Cardinal [Ratzinger] nous fait savoir qu’il serait alors nécessaire d’autoriser la célébration d’une Nouvelle Messe à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Il insiste sur l’existence d’une seule église, celle de Vatican II. Malgré ces déceptions, je signe le Protocole du 5 mai [4].

Sous l’influence de la diplomatie, son courage habituel se transformait en une faiblesse indicible et craintive devant les adversaires de l’Église. Ainsi en 1974, c’est en réalisant que sa brillante Déclaration était une gaffe diplomatique, qu’il avait présenté comme excuse au Cardinal Seper, excuse indigne de sa foi et de sa force, qu’elle avait été composée dans un moment de colère.

À Ratzinger, dans une tentative d’amener le Vatican à approuver les consécrations espérées, il avançait comme raison que les “tentes étaient déjà louées” [5], comme si ces consécrations n’étaient guère davantage qu’une réception de mariage. Pensait-il réellement que le Vatican se laisserait toucher par une histoire de tentes ? Pensait-il vraiment que l’inconvénient de décommander les tentes avait quelque chose à voir avec l’affaire du moment ? Bien sûr que non. En réalité Monseigneur savait dans son cœur que Jean-Paul II n’était pas plus pape que vous et moi, et ses relations avec lui n’étaient pas la traduction d’un esprit de soumission à son “autorité” mais plutôt une tentative pour obtenir de Wojtyla ce que Wojtyla pouvait donner : une apparence de légitimité.

La preuve en est dans la position qu’il exprima aux quatre futurs évêques le 28 août 1987, juste avant que commence le long processus des négociations finales : “La Chaire de Pierre”, leur écrit-il, “et les positions d’autorité à Rome sont occupées par des antéchrists” [6].

Comment pouvait-il honnêtement mener des négociations avec ces antéchrists, s’efforcer d’obtenir d’eux la reconnaissance, de façon à travailler de concert avec eux ? On se le demande. Comment pouvait-il appeler Vicaire du Christ celui qu’il condamnait comme antéchrist ?


La réponse réside dans les deux visages de Monseigneur Lefebvre. Comme deux disques aux enregistrements différents qui tournent en même temps, les deux aspects de Monseigneur Lefebvre, celui de la foi et celui de la diplomatie, pouvaient se manifester simultanément, parfois le même jour, dans ses déclarations, dans ses prises de position et dans ses actes.

 

Les deux visages de Monseigneur Lefebvre

D’un coté

Lettre de Monseigneur Lefebvre à Jean-Paul II, pour demander reconnaissance et coexistence – 8 mars 1980 (cf. Itinéraires, août 1982, pp. 22-23)

Séminaire International Saint Pie X, 8 mars 1980

Très Saint Père,

Afin de mettre fin à des doutes qui se répandent actuellement soit à Rome, soit dans certains milieux traditionalistes d’Europe et même d’Amérique concernant mon attitude et ma pensée vis-à-vis du Pape, du Concile et de la Messe du Novus Ordo et craignant que ces doutes ne parviennent jusqu’à Votre Sainteté, je me permets d’affirmer à nouveau ce que j’ai toujours exprimé :

1) Que je n’ai aucune hésitation sur la légitimité et la validité de Votre élection et qu’en conséquence je ne puis tolérer que l’on n’adresse pas à Dieu les prières prescrites par la Sainte Église pour Votre Sainteté. J’ai dû déjà sévir et continue de le faire vis-à-vis de quelques séminaristes et quelques prêtres qui se sont laissés influencer par quelques ecclésiastiques étrangers à la Fraternité.

2) Que je suis pleinement d’accord avec le jugement que Votre Sainteté a porté sur le Concile Vatican II, le 6 novembre 1978 à la réunion du Sacré Collège : “que le Concile doit être compris à la lumière de toute la Sainte Tradition et sur la base du magistère constant de la Sainte Église”.

3) Quant à la Messe du Novus Ordo, malgré toutes les réserves qu’on doit faire à son égard, je n’ai jamais affirmé qu’elle est de soi invalide ou hérétique.

Je rendrais grâce à Dieu et à Votre Sainteté, si ces claires déclarations pouvaient hâter le libre usage de la Liturgie traditionnelle et la reconnaissance par l’Église de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X ainsi que de tous ceux qui, souscrivant à ces déclarations, se sont efforcés de sauver l’Église en perpétuant sa Tradition.

Que Votre Sainteté daigne agréer mes sentiments de profond et filial respect en Jésus et Marie.

Marcel Lefebvre

ancien Archevêque de Tulle

 

De l’autre

Extrait de la Déclaration de Monseigneur Lefebvre du 2 août 1976 (cf. Itinéraires, n° spécial avril 1977, La condamnation sauvage de Monseigneur Lefebvre, pp. 175-177, 8è édition)

D’autre part il nous apparaît beaucoup plus certain que la foi enseignée par l’Église pendant vingt siècles ne peut contenir d’erreurs, qu’il n’est d’absolue certitude que le pape soit vraiment pape. L’hérésie, le schisme, l’excommunication ipso facto, l’invalidité de l’élection sont autant de causes qui, éventuellement, peuvent faire qu’un pape ne l’ait jamais été ou ne le soit plus. Dans ce cas évidemment très exceptionnel, l’Église se trouverait dans une situation semblable à celle qu’elle connaît après le décès d’un souverain pontife.

Car enfin un problème grave se pose à la conscience et à la foi de tous les catholiques depuis le début du pontificat de Paul VI. Comment un pape vrai successeur de Pierre, assuré de l’assistance du Saint-Esprit, peut-il présider à la destruction de l’Église, la plus profonde et la plus étendue de son histoire en l’espace de si peu de temps, ce qu’aucun hérésiarque n’a jamais réussi à faire ?

Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bouleversement, acceptent et adhèrent à cette nouvelle Eglise conciliaire comme la désigne Son Excellence Monseigneur Benelli dans la lettre qu’il m’adresse au nom du Saint Père, le 25 juin dernier, entrent dans le schisme.

 

Une armée qui combat pour la coexistence avec les hérétiques

On entend souvent dire que s’il n’y avait pas eu Monseigneur Lefebvre, il n’y aurait pas de mouvement traditionaliste du tout, pas de prêtres, pas de Messe traditionnelle, rien. Cette affirmation est en grande partie vraie. Remarquons qu’il est impossible de dire ce qu’auraient fait d’autres évêques si le mouvement traditionnel n’avait pas été “pris en mains” par Monseigneur Lefebvre. Il est aussi permis de penser que certains évêques peuvent s’être éloignés, effrayés par ce qu’ils percevaient comme une position essentiellement non-catholique consistant à affirmer que Wojtyla a l’autorité de Pape, et à l’ignorer dans le même temps. Du fait de cette position impossible de Monseigneur Lefebvre, presque tout le mouvement traditionnel porte sur son visage une flétrissure non-catholique. C’est à Monseigneur Lefebvre cependant qu’il appartient d’avoir conçu l’idée d’une grande armée de prêtres disséminés dans le monde entier qui travaillent d’une manière cohérente et unifiée contre le clergé moderniste. C’est à lui que revient le mérite d’avoir mis en place un système pour réaliser ce but avec la fondation de séminaires et l’implantation de nombreuses maisons religieuses, d’écoles, de couvents et de noviciats. C’est encore à lui que revient le mérite d’avoir formé une armée bien équipée, du moins sur le plan matériel et organisationnel.

Grâce à cette prouesse matérielle et organisationnelle, ainsi qu’au charisme qui lui attirait naturellement tant de gens, il entraîna derrière lui presque toutes les vocations à la prêtrise de ceux qui résistaient aux changements. La création d’Écône en 1970 fut l’appel au clairon des troupes de l’Église pour la dernière bataille avec les puissances des ténèbres, avec les portes de l’enfer. Beaucoup répondirent à l’appel et continuent à y répondre. C’est la jeunesse choisie d’Israël dans la bataille féroce contre les Philistins.

Cependant comme lors de la bataille sur la montagne de Gelboé, notre jeunesse d’élite est en train de se faire massacrer et l’armée de se faire battre par les Philistins. Car aussi longtemps que l’armée des prêtres résistant au modernisme ne réalise pas que les Philistins sont l’ennemi, elle sera anéantie.

En effet si c’est à Monseigneur Lefebvre que revient le mérite d’avoir levé et équipé cette armée de prêtres, c’est également à lui que revient la responsabilité d’avoir entraîné ces prêtresainsi que les simples laïcs qu’ils assistentdans le piège du grand ennemi. Ce piège de l’ennemi consiste à appâter la résistance au modernisme en la faisant passer pour une branche traditionnelle de la religion moderniste, une “High Church”, sur le modèle du rameau conservateur de l’anglicanisme.

Ce piège, cette “solution” du problème de Vatican II et de ses réformes sert parfaitement les fins du modernisme. Comme l’araignée dans sa toile, il capture ainsi virtuellement à l’intérieur de sa religion réformée, hérétique, toute résistance que pourrait lui opposer le catholicisme. Il la capture, il lui pose ses conditions, la contient et la dévirilise. L’Église “catholique” serait alors aux yeux du monde entier semblable à l’église d’Angleterre, une église où l’adhésion à la Foi catholique serait réduite à la pompe liturgique et où la “croyance catholique” serait en communion avec l’hérésie. Un tel système réduit l’Église catholique à une secte, car elle ne peut prêter le nom de catholique aux hérétiques modernistes et en même temps s’appeler la véritable Église du Christ.

C’est pourtant la solution que les lefebvristes voient aux problèmes de l’Église : coexistence des modernistes et des catholiques dans la même Église, au sein de laquelle ils auraient leurs églises et nous les nôtres, tous sous le même pape qui serait le Saint-Père tant des hérétiques que des catholiques.

Cette attitude n’est pas de Dieu. Jamais dans l’histoire de l’Ancien ou du Nouveau Testament, Dieu n’a fait de compromis avec Ses ennemis. Jamais Il n’a permis le mélange de fausses religions avec Sa doctrine sacrée. C’est même, en fait, pour cette raison, parce qu’Il cherchait toujours à mélanger Sa Foi divinement révélée avec les religions païennes des peuples voisins, que dans l’Ancien Testament le peuple élu était continuellement châtié.

Non, ou bien Vatican II est de Dieu, ou bien il n’est pas de Dieu. Ou bien les changements apportés par ce Concile viennent du Saint-Esprit ou ils ne viennent pas du Saint-Esprit. S’ils viennent du Saint-Esprit, ils doivent être alors acceptés et notre résistance est péché. S’ils ne viennent pas du Saint-Esprit, c’est qu’ils viennent du démon et il n’existe qu’une réponse de l’Église dans ce cas, c’est l’anathème, mille fois l’anathème et l’excommunication de tous les hérétiques. Pas de coexistence avec l’hérésie et les hérétiques. Réclamer une telle coexistence, c’est réduire l’Église à une secte, comme celles des protestants.

La résistance que nous opposons à Vatican II et à ses changements n’a donc pas pour but l’obtention d’une chapelle latérale traditionnelle à l’intérieur de la grande cathédrale moderniste. Non, notre voix s’élève pour rejeter et dénoncer l’hérésie, c’est la voix de la foi contre ces hérétiques qui ont envahi nos édifices sacrés et les ont remplis de l’abomination hérétique.

Monseigneur Lefebvre a pourvu ses prêtres de tout, excepté de la théologie adéquate pour distinguer les ennemis de l’Église ; il a formé une armée qui ne sait pas où est l’ennemi. Ils combattent pour la “reconnaissance” par les “autorités” modernistes. Ils cherchent à être absorbés par les Philistins, pas à les vaincre. Ils veulent travailler avec le modernisme à l’intérieur de Vatican, et non l’en extraire. Ils combattent pour la coexistence avec les modernistes, pour le partage de la même Église avec les hérétiques.

L’esprit de “négociation avec Rome” continue à faire son chemin à l’intérieur de la Fraternité. Le terme même sonne schismatique car les catholiques ne négocient pas avec Rome, ils se soumettent à Rome. Peu de temps après les consécrations de 1988, Monseigneur Lefebvre déclarait que les négociations continuaient, et qu’il se pouvait que dans cinq ans tout soit résolu. Récemment encore nous avons entendu parler de nouvelles négociations, de nouveaux pas vers Wojtyla. Veritas Splendor, la dernière encyclique de Wojtyla, a fait l’objet de l’éloge du Recteur d’Écône (à l’époque l’abbé Simoulin !) qui l’a qualifiée “d’anti-libérale, anti-œcuménique, anti-collégiale” “ne nécessitant aucune révision” ! ! !

 

La racine du problème

La raison pour laquelle la Fraternité poursuit la voie de la négociation avec les modernistes, avec pour but ultime d’être absorbée par eux, c’est qu’elle considère que Wojtyla a l’autorité papale. Elle sent la nécessité de se soumettre à lui, d’être reconnue par lui, pour être soumise au Christ, pour être reconnue par le Christ. Car l’autorité papale est l’autorité du Christ.

Cependant, dans le même temps, à la Fraternité, ils regardent presque tout ce que dit ou fait Wojtyla comme hérétique, erroné, scandaleux ou dangereux pour les âmes. Ils disent ouvertement qu’un catholique ne peut pas survivre spirituellement au Novus Ordo. C’est-à-dire que la Messe et les sacrements, la doctrine et la discipline qui nous ont été donnés officiellement par le Pape (Pape à leurs yeux) sont tellement nocifs pour les âmes que c’est pour elles une cause de mort spirituelle.

Devant ce danger de mort spirituelle pour les âmes, la Fraternité considère qu’elle a carte blanche pour continuer tout l’apostolat qu’elle veut dans n’importe quel diocèse du monde. Dans le même temps, elle poursuit les négociations avec l’agent de mort spirituelle, dans l’espoir de pouvoir travailler coude à coude avec lui dans les diocèses, comme le fait la Fraternité Saint-Pierre.

Que la Fraternité abandonne cette position insoutenable et adopte la position catholique, et elle deviendra alors la véritable et courageuse armée de résistance qu’elle aurait toujours dû être.

Leur position est absurde parce qu’avec leur façon de voir ils combattent la véritable Église catholique dont ils veulent faire partie. Mais les catholiques ne combattent pas leur Église, ils s’y soumettent parce qu’elle est indéfectible et infaillible. Elle est l’Église du Christ, et son autorité est l’autorité du Christ.

Il est donc impossible que l’autorité catholique – l’autorité du Christ – prescrive pour l’Église catholique tout entière des doctrines, des disciplines, des Messes ou des sacrements erronés ou fauteurs de mort ; telle est la position catholique. Puisque les réformes de Vatican II sont fausses et cause de mort, il est impossible qu’elles procèdent de l’autorité catholique, l’autorité du Christ. Il est par conséquent impossible que Wojtyla ait l’autorité papale qu’il prétend posséder. Il ne représente pas l’Église catholique. Les réformes de Vatican II ne nous viennent pas de l’Église catholique.

La conclusion pratique de la position catholique est évidente : il ne peut y avoir de compromis avec les hérétiques des chancelleries vaticane et épiscopales. Il est du devoir de l’Église de dénoncer les modernistes et les imposteurs qui prétendent avoir l’autorité catholique, et de pousser les catholiques à ne pas leur donner de crédit, à leur refuser le nom de catholique. Cette dénonciation de leur fausse autorité est essentielle à l’indéfectibilité de l’Église, car l’Église serait défectible si elle acceptait comme catholiques les doctrines, disciplines et liturgie non-catholiques qui sont émanées de Vatican II, de Montini et de Wojtyla.

 

La Fraternité Saint-Pierre, une fille de Monseigneur Lefebvre

Les effets désastreux de la diplomatie de Monseigneur Lefebvre et de la fausse ecclésiologie sur laquelle elle est basée, on les voit dans la Fraternité Saint-Pierre et dans la Messe de l’Indult. La seule et unique raison pour laquelle nous avons et l’une et l’autre est que Monseigneur Lefebvre les a demandées et a travaillé dur pour les obtenir.

L’idée d’une congrégation religieuse travaillant à l’intérieur des structures diocésaines du Novus Ordo, tout en conservant dans le même temps la Messe et la théologie traditionnelles, a été, dès le début, le rêve de Monseigneur Lefebvre. Ce rêve se réalisa lorsque le Protocole fut posé devant lui pour qu’il y appose sa signature. Il obtenait enfin ce que, si longtemps et grâce à une habile diplomatie, il avait cherché à obtenir et projeté. Et si l’on peut dire que, sans Monseigneur Lefebvre, nous n’aurions aucun prêtre traditionaliste, on peut également dire que, sans Monseigneur Lefebvre, nous n’aurions pas de Fraternité Saint-Pierre ni de Messe avec Indult. Je crois qu’avec le temps, Fraternité Saint-Pierre et Messe de l’Indult supplanteront la Fraternité Saint-Pie X. C’est une question de bon sens : si Wojtyla est le Pape et Vatican II un vrai Concile catholique, comment pouvons-nous logiquement leur résister alors qu’ils nous offre une niche traditionaliste ? Comment pouvons-nous dire logiquement que leurs doctrines sont erronées ou leur liturgie fauteuse de mort ? Évidemment nous ne le pouvons pas. Avec la Fraternité Saint-Pierre, “vous tuez la poule et vous avez les œufs”, c’est-à-dire que vous avez la tradition et Wojtyla en même temps. Si vous vous en tenez à la Fraternité Saint-Pie X, vous demeurez avec le problème constant et lancinant de l’autorité [7].

L’“autorité du Christ” a excommunié la Fraternité Saint-Pie X. Que peut-elle apporter comme réponse à ce problème si ce n’est que “l’autorité du Christ se trompe” ?

Nous constatons aussi la chute de la vaillante jeunesse de l’Église dans le nombre significatif de défections de la Fraternité Saint-Pie X. Lorsque des prêtres quittent ce groupe, c’est toujours vers la gauche qu’ils s’orientent, c’est-à-dire toujours plus près du Novus Ordo via la Fraternité Saint-Pierre ou l’Indult. Jamais ils ne s’éloignent du Novus Ordo. Voilà qui en dit long sur la formation qu’ils reçoivent dans les séminaires lefebvristes.

Le Père John Rizzo en est un exemple. C’était l’un de mes séminaristes à Ridgefield. Il était très dur à l’époque sur ses positions théologiques, et ne voulait rien avoir affaire avec le Novus Ordo. À l’heure actuelle nous lisons qu’il a été accepté dans un diocèse du Novus Ordo et qu’il travaille avec les modernistes. Que s’est-il passé ? Simplement dix ans de lefebvrisme.

Pendant ces dix ans on lui a inculqué que la position dure des “neuf mauvais prêtres” [qui quittèrent le Fraternité en 1983, n.d.r.] était schismatique parce qu’ils ne reconnaissaient pas le Pape. Eh bien, chapeau à vous de la Fraternité Saint-Pie X pour avoir pris en charge un bon séminariste et l’avoir ruiné, car il n’a rien fait d’autre que de mener à leur conclusion logique vos positions théologiques ! Si vous n’abandonnez pas vos positions inconsistantes et dangereuses, vous verrez le fiasco du Père Rizzo se multiplier à grande échelle.

 

Aucune base logique pour l’apostolat

Car aussi longtemps que la Fraternité reconnaîtra à Wojtyla la pleine possession de l’autorité papale, elle n’offrira aucune base logique qui justifie son apostolat [8].

Lorsqu’un prêtre exerce cet apostolat en temps normal, il ne peut pratiquer aucune activité sacerdotale sans y être autorisé par l’autorité compétente, autrement dit l’évêque du diocèse.

C’est cette autorisation qui fait que la Messe du prêtre et ses sacrements sont catholiques, c’est en tant qu’administrés par un agent dûment autorisé de l’Église catholique. C’est ce défaut d’autorisation qui fait de la Messe grecque orthodoxe une Messe non-catholique : bien que validement ordonné et bien qu’il dise une Messe valide, le prêtre n’agit pas au nom de l’Église catholique mais contre elle.

Quand le prêtre traditionaliste exerce sa fonction, donc qu’il dit la Messe et distribue les sacrements sans la permission de l’évêque du lieu, il doit justifier d’une façon ou d’une autre le fait de le faire sans autorisation. La seule justification possible qu’il pourrait présenter est la suivante : “l’Église veut que je le fasse”. Aucune autorité ne l’a autorisé à dire la Messe et à distribuer les sacrements, aussi doit-il avoir un argument cohérent et convainquant pour dire que l’Église – en dernière instance le Christ – veut qu’il fasse ainsi.

Mais si le prêtre traditionaliste dit que l’autorité est revêtue par Wojtyla ou l’évêque du lieu, comment peut-il alors mettre en avant que l’Église veut qu’il exerce un apostolat non-autorisé ?

Si l’autorité du Christ repose dans l’évêque du lieu, comment donc l’autorité du Christ peut-elle vouloir que le prêtre traditionaliste agisse contre l’évêque du lieu ? Si c’est en Wojtyla que réside l’autorité du Christ, comment le Christ peut-il désirer qu’un groupe de prêtres exerce un apostolat au mépris de Wojtyla ? Le Christ est-il contre le Christ ?

Regardons aussi l’autre face de la médaille ? Si l’autorité du Christ ne réside pas en Wojtyla, comment donc le Christ, ou l’Église, autorise-t-Il l’apostolat de ceux qui affirment avec insistance que Wojtyla l’hérétique est véritablement le Pape ? Comment le Christ, ou l’Église, peut-il désirer l’apostolat de prêtres qui cherchent à amener les fidèles dans le troupeau des faux bergers, des bergers hérétiques ? De prêtres qui dénoncent comme schismatiques ceux qui ne reconnaissent pas les faux bergers ?

Tout cela pour dire qu’il n’est pas possible de séparer l’autorité de l’Église de l’autorité du Christ, non plus que séparer l’autorité de l’Église de l’Église elle-même. C’est une seule et même chose. On ne peut donc prétendre représenter l’Église catholique si l’on agit contre son autorité. On ne peut pas non plus prétendre représenter l’Église catholique si l’on reconnaît une fausse autorité. Là où est Pierre, là est l’Église. Si votre apostolat n’est pas celui de Pierre, votre apostolat n’est pas celui de l’Église, ni celui du Christ. Reconnaître comme Pierre celui qui condamne votre apostolat c’est condamner par conséquent de votre propre bouche votre propre apostolat.

Ce fait de reconnaître l’autorité du Pape d’un côté mais d’“agir pour son propre compte” de l’autre, a été un signe révélateur de nombreux hérétiques et schismatiques. C’était l’attitude des Jansénistes et des Gallicans, celle également des Vieux Catholiques. Elle fut condamnée par le Pape Pie XI :

À quoi sert de proclamer à haute voix le dogme de la suprématie de Saint Pierre et de ses successeurs ? À quoi sert de répéter et répéter la profession de foi en l’Église catholique et d’obédience au Siège Apostolique si les actions démentent les paroles ? En outre, le fait que l’obédience soit reconnue comme un devoir ne rend-elle pas la rébellion encore plus impardonnable ? Et qui plus est, l’autorité du Saint-Siège ne s’étend-elle pas à l’approbation des mesures qu’elle s’est trouvée dans l’obligation de prendre, ou bien est-il suffisant d’être en communion de foi avec le Siège Apostolique sans y ajouter la soumission de l’obéissance ; n’est-ce pas là une chose qui ne peut être soutenue sans dommage pour la foi catholique ?

En réalité, vénérables frères et très chers fils, il s’agit de reconnaître l’autorité (de ce Siège) sur vos églises aussi, et pas seulement en ce qui regarde la foi, mais également en ce qui concerne la discipline. Qui le nie est hérétique ; qu’il soit anathème celui qui, tout en le reconnaissant, s’y refuse obstinément (Quæ in patriarchatu, 1er septembre 1876 ; au clergé et aux fidèles de rit chaldéen).

Et nous ne pouvons passer sous silence l’audace de ceux qui, ne supportant pas la saine doctrine, prétendent que :

Quant à ces jugements et à ces décrets du Siège Apostolique dont l’objet regarde manifestement le bien général de l’Église, ses droits et sa discipline, on peut, du moment qu’ils ne touchent pas aux dogmes relatifs à la foi et aux mœurs, leur refuser l’assentiment et l’obéissance, sans péché et sans cesser en rien de professer le catholicisme” (Enc. Quanta Cura, 8 décembre 1864).

La position de la Fraternité n’est donc pas une position catholique. Que pratiquement toute la jeunesse de l’Église, les vaillants d’Israël, aient eu le crâne bourré de principes non-catholiques dans leur combat contre le modernisme, voilà qui est rien moins qu’un désastre.

Cela signifie qu’il n’y a aucune voix vraiment catholique de résistance au modernisme, mise à part celle de ces quelques prêtres disséminés dans le monde qui dénoncent les modernistes comme privés d’autorité [9].

C’est, pour l’Église, la montagne de Gelboé.

 

Une fausse notion de l’Église

Le problème de fond de la Fraternité et de ses membres est qu’ils travaillent à partir d’une fausse notion de l’Église. Ils considèrent l’élection de Wojtyla par un collège de cardinaux du Novus Ordo, et de là ils concluent qu’il est un pontife légitime.

Et comme la difficulté d’être en communion avec un hérétique ne leur échappe pas non plus, ils disent que Jean-Paul II est à la tête de deux églises : l’une, l’église Conciliaire et l’autre, l’Église catholique. Parfois il parle et agit en tant que chef de l’église Conciliaire ; parfois il parle et agit en tant que chef de l’Église catholique.

Comment savoir ce qui est de l’une ou de l’autre ? Par Monseigneur Lefebvre qui a reçu de Dieu la mission de peser les faits et les paroles de ces papes modernistes, et de nous dire ce qu’il faut croire, ce qu’il faut faire et ce qu’il faut penser. Maintenant que Monseigneur est mort, cette autorité est passée à l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012 à Mgr Fellay].

De ce principe on devrait tirer la conclusion logique que l’infaillibilité et l’indéfectibilité de l’Église catholique, le dépôt de la Foi, le salut de tous les fidèles sont entre les mains de l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012 de Mgr Fellay]. L’Église catholique, la Foi catholique, la validité des sacrements, ce que nous devons croire pour être sauvés, tout est confié au jugement de l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012 de Mgr Fellay].

On pourrait comparer ce type d’ecclésiologie, ou de théologie de l’Église, aux “différentes sonneries” des lignes téléphoniques. Pour l’arrivée d’un fax, vous avez une sonnerie ; pour un coup de téléphone, une autre. Ainsi, par analogie, si Wojtyla dit quelque chose de catholique, vous recevez de la Fraternité un certain son de cloche ; s’il dit quelque chose de moderniste, vous recevez de la Fraternité un autre son de cloche.

Inutile de dire que non seulement un tel système est absurde mais qu’il réduit à zéro l’infaillibilité de l’Église catholique. Dans un système de ce genre l’autorité n’est plus le Pape, mais le Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, pour le présent l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012, Mgr Fellay].

Leur système est défectueux en ce sens qu’ils ne comprennent pas que c’est la détention de l’autorité papale qui fait que le pape est Pape. Cette autorité garantie par le Saint-Esprit en matière de doctrine, morale, liturgie et discipline générale, ne peut pas prescrire pour l’Église de fausses doctrines ou de mauvaises lois que le fidèle serait dans la nécessité de rejeter, auxquelles il devrait nécessairement résister. Mais en général, le mouvement traditionaliste porte en soi le rejet systématique des doctrines, morale, liturgie et discipline générale du Novus Ordo, au point d’avoir mis en œuvre un apostolat en opposition avec celui du “pape” et des évêques de diocèse. Il agit ainsi parce qu’il a saisi, à juste titre, que doctrine, morale, liturgie, et discipline générale du Novus Ordo sont condamnées par l’enseignement antérieur de l’Église catholique romaine. Mais alors, s’il est nécessaire de résister à leurs doctrine, morale, liturgie et discipline générale, il faut en conclure que ces “papes” ne détiennent pas véritablement l’autorité papale et qu’ils ne sont donc pas de vrais papes [10]. Et ce, quel que soit le procédé électoral qui les a désignés pour cette charge. Car l’élection ne fait que les désigner pour recevoir le pouvoir, elle ne leur donne pas le pouvoir lui-même. Le pouvoir vient du Christ : c’est pour cette raison même que notre soumission au Pape est une soumission au Christ.

Considérer, cependant, que les “papes” du Novus Ordo sont de vrais Papes – ce que pense la Fraternité – revient à identifier l’Église catholique avec eux, car là où est Pierre, là est l’Église. Mais identifier l’Église catholique avec eux établit une sorte d’attraction gravitationnelle exercée sur les membres de la Fraternité par Jean-Paul II et sa religion. De toute façon, par une voie ou par une autre, la Fraternité doit réintégrer le giron de Wojtyla.

Cette attraction gravitationnelle vers le Novus Ordo considéré comme l’Église est responsable du libéralisme des prêtres de la Fraternité et des nombreuses défections en faveur du Novus Ordo ou de la Fraternité Saint-Pierre.

Cette notion de deux Églises, une catholique, une autre conciliaire, n’est pas conforme à la réalité [11]. La réalité est que Wojtyla fut élu pour être un Pape catholique, et qu’il prétend être le Pape catholique. Il ne prétend à rien d’autre, qu’à être le chef de l’Église catholique. La réalité, c’est qu’il essaye de flanquer les structures de l’Église catholique d’une nouvelle religion, le modernisme. Du fait même qu’il tente de remplacer la Foi catholique par une nouvelle religion, il est impossible qu’il possède l’autorité papale qu’il prétend avoir, ou semble avoir, ou qu’il était désigné pour avoir. Pourquoi ? Parce que la nature de l’autorité est d’amener la communauté à ses propres fins. Et l’une des fins essentielles de l’Église catholique étant le maintien de la Foi catholique, quiconque tente de mettre obstacle à cette fin ne peut être tenu pour détenteur de l’autorité de l’Église catholique qui est l’autorité du Christ.

Il est par conséquent impossible que ces papes de Vatican II soient de vrais papes, car ils veulent pour les structures de l’Église catholique une fin essentiellement désordonnée. La Fraternité ne regarde qu’aux structures externes de l’Église, elle remarque la continuité qu’elles présentent entre les périodes pré-conciliaire et post-conciliaire, et elle en conclue que le Novus Ordo est l’Église catholique. Le clergé moderniste est de fait en possession des structures catholiques, mais cela ne signifie pas qu’il représente l’Église catholique.

C’est ainsi que la Fraternité est la proie d’une attraction fatale vers la hiérarchie moderniste en possession de nos édifices catholiques. Cette attraction fatale est dévastatrice, car elle fait de leur combat un combat pour obtenir la reconnaissance de la part des modernistes. Cette “légitimité” que les modernistes peuvent accorder n’a rien d’une légitimité, elle n’en a que l’apparence, et aux dépens de la pureté de la Foi catholique. Pourtant la Fraternité est éblouie, hypnotisée par ce vain espoir de “légitimité”, un peu comme le daim égaré sur une autoroute qui, ébloui, s’arrête le regard fixé sur les phares d’une voiture lui arrivant droit dessus et rencontre ainsi une fin tragique.

Face à cette tentative inique des modernistes de mettre en œuvre ce plan qui consiste à remplir de leurs abominations nos églises catholiques, il est du plus solennel devoir des catholiques de les dénoncer comme de fausses autorités [12], et donc de prendre une position catholique qui préserve l’infaillibilité et l’indéfectibilité, une position qui refuse d’identifier l’Église catholique avec une fausse hiérarchie investie d’une fausse autorité.

 

L’avenir du mouvement traditionaliste

Qu’on le veuille ou non, l’avenir du mouvement traditionaliste est en grande partie lié à celui de la Fraternité Saint Pie X, ou du moins à ses membres actuels. En ce temps de crise pour l’Église, ce sont eux qui ont les vocations au sacerdoce et, en tant que tels, ils sont les vaillants d’Israël.

Comme un missile expédié hors de sa trajectoire par une mise à feu manquée, ces vocations, prêtres et séminaristes, progressent à pleine vitesse en direction d’une réconciliation avec les ennemis de l’Église. Rien ne pourrait plaire d’avantage aux modernistes, et au démon. C’est presque toute l’énergie, toute la puissance de la foi catholique concentrées en une arme qui s’est enrayée.

Que plusieurs membres de la Fraternité finissent par se rendre au Novus Ordo sous une forme ou sous une autre, voilà qui est inévitable. Il est probable que la Fraternité conclura un accord avec le Novus Ordo, qu’elle obtiendra la “reconnaissance” en des termes considérés par elle comme plus acceptables que ceux de l’accord avec la Fraternité Saint-Pierre, et qu’elle se trouvera ainsi absorbée par la religion moderniste. À mon avis, un tel accord devrait provoquer la défection d’environ 20% [13] de leurs adhérents actuels qui quitteront et se regrouperont, mais seulement pour redémarrer le même processus. Ils reprendront le flambeau du lefebvrisme, d’une absurde théologie de l’Église, un pied dans chacune des deux religions, catholique et moderniste, continuant à filtrer documents et décrets du Vatican. Et, inévitablement, ce noyau des 20%, tensions et forces de contradiction le feront éclater une nouvelle fois.

Le véritable avenir du mouvement traditionaliste qui est aussi l’avenir de la réponse catholique à l’ennemi moderniste, se trouve dans une position catholique vis-à-vis de l’autorité papale et de la nature de l’Église catholique. Voilà pourquoi je considère qu’il est de la plus urgente et suprême nécessité que nous, prêtres et laïcs qui ne voulons pas de compromis avec l’ennemi, travaillions de concert à l’établissement de séminaires catholiques [14].

Et il n’est pas moins important que des jeunes gens issus de nos “paroisses” renoncent aux multiples attraits du monde et s’offrent à l’Église pour le saint sacerdoce.

Si nous manquons à ce devoir – former des prêtres catholiques adéquatement et correctement préparés – nous aurons manqué devant Dieu à n’avoir pas protégé notre bien le plus précieux, notre foi catholique. Et ce trésor sacré qui nous a été transmis avec un soin jaloux par nos ancêtres, au prix parfois de leur propre sang, aura été, par notre négligence, jeté comme des miettes aux chiens modernistes.

Nous ne pouvons pas nous soustraire au devoir de former des prêtres catholiques qui à notre époque pensent juste, savent qui est l’ennemi de l’Église, savent où il se trouve et qui veuillent le combattre avec une ardeur zélée et sacrée plutôt que de signer un compromis avec lui. Si nous manquons à ce devoir, nous recevrons ce que nous méritons : ces chapelles et ces écoles que nous avons préservées avec tant de soin et de peine du modernisme seront prises en mains par des prêtres – même s’ils sont validement ordonnés – qui ont trahi la pureté de la foi catholique en se faisant reconnaître par les hérétiques modernistes.

 

Un appel à la Fraternité Saint-Pie X

Vous avez presque toute la valeureuse jeunesse de l’Église dans vos rangs. Dans vos séminaires, vous les avez formés à penser que la coexistence avec la hiérarchie moderniste est la solution aux problèmes de l’Église. À cause de cela vous avez donné naissance à la Messe de l’Indult et à la Fraternité Saint-Pierre et à d’autres organisations de même nature.

Vous continuez à dialoguer avec les hérétiques, vous efforçant d’être réabsorbés par eux. Vous dénoncez comme schismatiques tous les prêtres déclarant que les hérétiques n’ont pas d’autorité sur les catholiques. Vous les avez persécutés, chassés, calomniés, et réduits en de nombreux cas à la pauvreté et à la misère.

Encore maintenant votre organisation gémit sous les tensions des contradictions inhérentes à votre position et abrite, à l’intérieur de ses murs, “libéraux” et “conservateurs” qui se définissent en fonction du prix qu’ils mettent pour le compromis avec les hérétiques modernistes considérés par eux comme la véritable autorité de l’Église catholique romaine.

Maintenant qu’approche votre Chapitre de juillet et l’élection de votre nouveau Supérieur Général [nous sommes en 1995], laissez tomber une fois pour toutes votre désir de coexistence avec les hérétiques. Déclarez la guerre une fois pour toutes à ceux qui ont détruit notre foi. Dénoncez-les comme hérétiques et adoptez la position catholique considérant que ne peuvent avoir reçu du Christ la mission de diriger l’Église ceux qui imposent à l’Église une foi différente. La première mission de l’Église catholique, avant toute autre, est de témoigner de la vérité. Notre Seigneur a dit : “C’est pour cela que Je suis né, et c’est pour cela que Je suis venu en ce monde, pour témoigner de la vérité”. Si Vatican II n’est pas la vérité, et vous savez qu’il ne l’est pas, celui qui l’enseigne comme vrai à l’Église ne peut avoir reçu du Christ la mission d’enseigner la vérité.

Cessez de vous emparer des jeunes de l’Église qui se présentent à vous pour être instruits et d’en faire les apôtres d’une impossible théologie qui les amène à embrasser le Novus Ordo.

Cessez d’être la Gelboé de l’Église dans son combat contre les Philistins.

Soyez plutôt David contre l’Église des Philistins. Prenez une position catholique contre les ennemis de l’Église, une position claire, droite, simple. Dénoncez l’ennemi comme ennemi, et armés non pas de diplomatie humaine mais de force divine, abattez le Goliath du Novus Ordo.

 

Fraternitas, Fraternitas,

Convertere ad Dominum Deum Nostrum [15]

 


 

[1] Note LHR : M. l’abbé Sanborn aurait dû dire plutôt : israélite.

[2] Note LHR : Non. Erreur grave. La religion protestante (et même bien pire !) avait pris la place de la sainte Eglise qui était éclipsée. Ce qui est bien différent.

[3] Note LHR : Mgr Lefebvre, vrai libéral en fait, s’était entouré de « professeurs modernistes » ! ! ! Alors ne soyons pas surpris par la génération formée à Ecône, pas du tout antilibérale mais vraiment libérale et pas vraiment anti-moderniste.

[4] Dossier sur les consécrations épiscopales, Ecône 1988, p. 4.

[5] Note LHR : Détail vraiment dérisoire, voire ridicule.

[6] Dossier sur les consécrations épiscopales, Ecône 1988, p. 1.

[7] Note LHR : Non pas le problème constant et lancinant de l’autorité mais le problème constant et lancinant de la confusion entre une secte ennemie et la sainte Église. Cette omission continuelle est fatigante !

[8] Note LHR : Non. Plutôt : aussi longtemps que la Fraternité reconnaîtra à la secte conciliaire la pleine possession de l’autorité de l’Église catholique, elle n’offrira aucune base logique qui justifie son apostolat. Ce qui est bien différent. Dans le premier cas il suffit de changer Wojtyla par un bon Pape (mais d’où vient-il ? est-il pensable une minute que leurs « cardinaux » puissent élire un « bon » pape ? que leur « bon » pape puisse revenir à la vérité ? on voit ce que donne Ratzinger !) alors que dans le second cas il faut tout changer, c’est-à-dire, condamner complètement et définitivement, ce qu’on appelle l’église Conciliaire, ce qui est bien différent.

[9] Note LHR : Vraiment on n’en sort pas. L’abbé Sanborn écrit plus haut : Il ne représente pas l’Église catholique. Les réformes de Vatican II ne nous viennent pas de l’Église catholique. Pourquoi mutile-t-il cette formule claire et complète en la réduisant à cet axiome insuffisant : les modernistes comme privés d’autorité ? Serait-ce pas, là encore, une fausse notion de l’Eglise.

[10] Note LHR : Non. Il faut en conclure que cette secte Conciliaire n’est pas l’Église catholique, ce qui est différent. L’Église a été éclipsée. Pourquoi ne pas vouloir de cette explication évidente annoncée par la très Sainte Vierge Marie.

[11] Note LHR : Énorme ! Tout faux. Voir le livre de l’abbé Marchiset, en son chapitre V : Jean XXIII, Montini, Wojtyla fut élu par « eux » pour avoir un pape à « eux », prétendant certes à se faire passer pour des Papes Catholiques, mais élus pour détruire l’Eglise catholique. N’ayant pas compris cela, Mgr Sanborn, l’abbé Belmont, Verrua, s’appuyant indûment sur la thèse guérardienne (mais en fait très différent de ce que Mgr Guérard disait) croient en 2012 que la secte conciliaire est « matériellement » l’Église Catholique, abominable sacrilège contre la Foi.

[12] Note LHR : L’erreur continue : non pas de fausses autorités, mais une fausse Église.

[13] Note LHR : NON. De 90% prêtres et fidèles, et les 10 autres % de prêtres, tellement déformés, étant devenus pratiquement inutilisables. Qui confierait l’éducation et la direction de conscience de ses enfants à ces prêtres (continuant à filtrer documents et décrets du Vatican) ?

[14] Note LHR : Malheureusement les confidences faites par un séminariste français qui a passé trois mois en 2008 au séminaire de Mgr Sanborn sont dramatiques : on y fait « comme à Écône », avec en sus inconsciemment mais réellement de « l’américanisme » et c’est du n’importe quoi. Heureusement ce séminaire est vide. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le projet vite abandonné de l’abbé Belmont et sur la formation de Verrua : beaucoup de défauts d’Écône : trop intellectuel, pas assez incarné, pas assez antilibéral, prétentieux (nous les clercs…), insuffisant pour la direction des âmes et surtout pour la formation sérieuse d’une élite. Les fruits sont là : peu de conversions, peu de vocations. Sont-ils capables de se remettre en question ? On peut, avec le temps, en douter. Ont-ils même compris que cette crise est un châtiment ? Que ce châtiment est mérité ? À cause de certains péchés, plus particulièrement ceux des clercs (voir le message de La Salette) ? Les connaissent-ils ? Se reprennent-ils ? Ont-ils fait aussi, la liste des péchés des laïcs ? Les reprennent-ils ?

Tout ce qui sort d’Écône, et ils en sont, semble déformé à vie. Ne sont-ils pas comme leurs confrères seulement des distributeurs de sacrements ? Et ne forment-ils pas, comme leurs confrères, des consommateurs de sacrements ? Une belle liturgie ne suffit pas. On a les mêmes prêtres qu’avant la crise… pour une même future catastrophe ?

En dehors d’un retour à une formation centrée sur les maîtres antilibéraux, rejetés de tous ces prêtres, il n’y a aucun espoir de formation suffisante, surtout pour les clercs. Seuls ces maîtres formeront les confesseurs de la Foi, au zèle, au courage, à la générosité digne des apôtres, dont nous avons besoin.

[15] Note LHR : Bon article dans son analyse mais avec toujours les mêmes erreurs. Cet appel de 1995 n’a reçu aucune réponse. Pourquoi ? Arbre sans fruit ? Dieu n’attend rien de ces prêtres. Voir, Le dénouement de la persécution, par Augustin Lémann :

http://www.a-c-r-f.com/documents/Abbe_Augustin_LEMANN-Denouement_persecution.pdf



 


Written by Cave Ne Cadas

octobre 20th, 2012 at 11:22 pm

Posted in FSSPX,Mgr Sanborn,sedevacance

Tagged with , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Pour comprendre Vatican II (d’Eux) et surtout Jean XXIII

with one comment

Pour comprendre Vatican II (d’Eux) et surtout Jean XXIII lire la meilleure étude sur ce “pape” :

http://www.a-c-r-f.com/documents/Abbe_RICOSSA_Le-Pape-du-Concile.pdf

LE PAPE DU CONCILE

Par M. l’Abbé Francesco Ricossa

 

Présentation et réflexions de L-H REMY

En croyant et faisant ce qui a toujours été cru et fait, on ne peut se tromper.

Ma bibliothèque contient un peu plus de 8 mètres de livres concernant le Concile et l’après-concile. En cinquante ans, je les ai tous lus. A mon sens quatre livres priment : Le Rhin se jette dans le Tibre de Ralph Witlgen, Pierre M’aimes-tu ? de l’abbé Leroux, L’Église éclipsée des Amis du Christ-Roi et Iota Unum de Romano Amerio [1].

L’étude de M. l’abbé Ricossa est de la même importance. Elle représente un très gros travail. Rien d’étonnant qu’il ait mis dix ans (1990 – 1999) pour écrire ces 23 chapitres. Par contre, on regrette qu’il n’ait pas continué depuis 10 ans, car on attendait sa conclusion !

 

Le concile Vatican II, est certainement un des événements les plus graves de toute l’Histoire, plus important que la Révolution dite française. Il a eu pour effet de remettre en question la Vérité, et pour conséquence de transmettre, au monde contemporain et donc ! à un pouvoir occulte, la chaire de Vérité confiée à la sainte Église Catholique. Il s’est ensuivi la mise en place d’une société multiraciale et religieuse en marche vers la République Universelle et la Religion Universelle, dont on commence juste à découvrir les méfaits. Quand Dieu ne règne pas par les bienfaits de Sa présence, Il règne par les méfaits de Son abscence (Cardinal Pie).

 

Revenons aux principes. Il faut toujours y revenir : ils nous permettent de ne pas errer sur le vrai, sur le faux, sur le bien, sur le mal, sur l’ami, sur l’ennemi.

— Le premier : la sainte Église catholique est divine et ne peut ni se tromper, ni nous tromper. Elle est UNE, elle ne peut pas changer.

— Un second : « Celui qui, même sur un seul point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées, très réellement abdique tout à fait la foi, puisqu’il refuse de se soumettre à Dieu en tant qu’Il est la souveraine vérité et le motif propre de la foi ». Léon XIII, Satis cognitum

— Un troisième : saint Paul, Galates, I, 8 : « mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! »

— Et encore saint Paul, II Thimotée, IV, 1-4 : « Je t’adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui doit juger les vivants et les morts, et par son apparition et par son règne : prêche la parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, censure, exhorte, avec une entière patience et souci d’instruction. Car un temps viendra où (les hommes) ne supporteront pas la saine doctrine, mais au gré de leurs désirs se donneront une foule de maîtres, l’oreille leur démangeant, et ils détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables ».

— et pour finir : La Foi catholique est d’une nature telle qu’on ne peut rien lui ajouter, rien lui retrancher ; ou on la possède tout entière, ou on ne la possède pas du tout. Telle est la foi catholique : quiconque n’y adhère pas avec fermeté ne pourrait être sauvé. Symbole de saint Athanase.

 

Soulignons (en pesant chacun des termes) l’un des trois serments faits par les Papes (dont Jean XXIII) lors de leur couronnement :

« Je promets de ne rien diminuer ni changer de ce qui m’a été transmis par mes vénérables prédécesseurs. Comme leur fidèle disciple et successeur, je m’engage à n’admettre aucune nouveauté, mais, au contraire, à vénérer avec ferveur et à conserver de toutes mes forces le dépôt qui m’a été confié. En conséquence, qu’il s’agisse de nous ou d’un autre, nous soumettons au plus sévère anathème quiconque aurait la présomption d’introduire une nouveauté quelconque qui serait opposée à cette tradition évangélique ou à l’intégrité de la Foi et de la Religion Catholique ». Ainsi vécut l’Église pendant 1958 ans.

Et comment omettre la bulle à perpétuité, si actuelle avec les événements, faite par Paul IV, que j’incite le lecteur à relire : http://www.a-c-r-f.com/documents/PAUL_IV-Cum_ex_Apostolatus.pdf

 

Forts de ces repères, il nous est impossible à la lecture de cette étude de M. l’abbé Ricossa, de ne pas voir qu’avec Jean XXIII, nos ennemis ont réussi à imposer un pape à eux, – comme l’écrit l’abbé Ricossa page 70 – : « le rêve de la révolution : avoir un “Pape” de son côté ; c’était le rêve des maçons Nubius et Volpe au siècle passé ; c’était celui des modernistes, exprimé par le “Saint” de Fogazzaro. Ce rêve s’est réalisé avec Jean XXIII ».

 

Comment est-ce arrivé ? M. l’abbé Ricossa, tout au long de son travail, cite dans la biographie du futur Jean XXIII, les événements, les choix de l’abbé (sous saint Pie X), puis du Monseigneur (sous Pie XI) et enfin du Cardinal Roncalli (sous Pie XII). L’homme vit comme il pense ; et en observant : dis-moi qui tu crosses ? je te dirai qui tu es, on finit par savoir le fond de la vraie pensée d’un personnage même rusé : Roncalli s’opposera toujours à ceux qui, comme saint Pie X et Pie XII, défendront la vérité. Il sera toujours ami des ennemis de saint Pie X et de Pie XII. Je renvoie le lecteur directement aux textes de M. l’abbé Ricossa, (j’ai souligné en gras rouge), toutes les trahisons en pensées et en actes de Roncalli. C’est indiscutable, cet antipape n’aura qu’un but : choisir et imposer ceux qui furent condamnés par ses prédécesseurs afin d’imposer ce qui avait été proscrit et détruire la sainte Église.

Comme le répète plusieurs fois M. l’abbé Ricossa ses actes n’étaient pas ceux d’un catholique, mais ceux d’un franc-maçon. Roncalli n’était plus un catholique.

Or pour être le Vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Pape de la SAINTE Église, il y a deux conditions :

a) être un homme ; b) être catholique.

La seconde condition n’étant pas respectée, Jean XIII est un anti-pape et son concile, un conciliabule. Ce conciliabule a mis en place une nouvelle église, l’église Conciliaire, qui a ses papes, les papes conciliaires : Paul VI, Jean-Paul I, Jean-Paul II, Benoît XVI, tous faux papes, anti-papes.


 

Toute notre Foi le crie, tout depuis cinquante ans le prouve : Rome a perdu la Foi [2], la sainte Église est éclipsée [3]. Et tout ce qui vient de Rome depuis 50 ans est à rejeter, même les réformes liturgiques (comme les suivent la Fraternité Saint-Pie-X, M. l’abbé Belmont, etc. ! ! !) : la sordide, l’infecte, la répugnante église Conciliaire ne peut se confondre avec la sainte Église Catholique. Voilà la seule conclusion catholique !

Pourquoi M. l’abbé Ricossa attend-il dix ans pour conclure ? Aurait-il une autre conclusion ? Certes il y a encore beaucoup, beaucoup à écrire, serait-ce que sur le problème essentiel de l’invalide nouveau rituel des sacres qui permit la destruction quasi complète du sacerdoce [4].

Mais aveuglé par la thèse de Cassisiacum [5], et son indocilité à la sainte Vierge Marie, qui dans le message de La Salette, a tout expliqué (http://www.a-c-r-f.com/documents/LHR-Eglise_EST_eclipsee.pdf), finira-t-il dans l’ambiguïté, dans l’omission et voire : dans le mensonge ?

Il n’y a qu’une vérité. Craignons de manquer à la Vérité. Prions pour nos prêtres.

 


 
[1]  http://www.a-c-r-f.com/documents/WILTGEN_Le-Rhin-se-Jette-dans-le-Tibre;http://catholicapedia.net/Documents/abbe_leroux/abbe_LEROUX_Pierre-M.aimes-tu.pdf ;

complétés par les documents : http://www.a-c-r-f.com/documents/VAQUIE-Concile_mechants.pdf ;

http://www.a-c-r-f.com/documents/JEAN_XXIII_et_VATICAN_II_Sous_feux_Pentecote_luciferienne.pdf ;

http://www.a-c-r-f.com/documents/Mgr_GAMBER-Reforme_liturgique.pdf ;

http://catholicapedia.net/Documents/Dormann_Johannes/DORMANN-Etrange_theologie_JPII_esprit_Assise.pdf ;

http://www.a-c-r-f.com/documents/MICHAEL_SIMON-Satan_dans_lEglise.pdf ;

http://www.a-c-r-f.com/documents/RIEGNER-Ne_jamais_desesperer_ch4.pdf ;

http://www.a-c-r-f.com/documents/AGNOLI-Maconnerie_conquete_Eglise.pdf ;

http://www.a-c-r-f.com/documents/VACANT-Magistere_ordinaire_universel.pdf ;

http://www.a-c-r-f.com/documents/C.LEROUX_JEAN-XXIII-Initiateur-du-Changement-dand-L.Eglise.pdf

[2] « L’Eglise Catholique est morte dès le premier jour du Concile Vatican II. Elle a fait place à l’église œcuménique. Elle ne devrait plus s’appeler Catholique mais œcuménique » confidence de Jean Guitton, un expert en la matière, à sa secrétaire, Mlle Michèle Reboul.

[3] http://www.a-c-r-f.com/documents/LHR-Eglise_EST_eclipsee.pdf et http://www.a-c-r-f.com/documents/LHR_date_de_l.eclipse.pdf

[4] Un ami, l’âme du travail de Rore sanctifica (http://www.rore-sanctifica.org/), démontre que le combat de la messe permit à l’ennemi d’occulter ce qui aurait dû être le vrai combat.

Il a une excellente image : pendant qu’on luttait pour sauver la pomme (la sainte messe), l’ennemi abattait le pommier (le sacerdoce). Il a fallu plus de trente cinq ans pour découvrir les dégâts, dégats malheureusement irréversibles.

Mais entre-temps, s’il y eut de bons combattants pour défendre la sainte messe, on éduqua une génération de sans-nerfs, et il n’y a plus de combattants pour sauver le sacerdoce, même parmi ceux qui en ont la charge.

[5] Qui n’est plus la thèse de Mgr Guérard des Lauriers. En juin 1985, à Lyon, je lui posai la question : quelle est la valeur des actes d’un « pape materialiter », il me répondit : nulle.  J’ajoutai : donc la thèse s’éteint dans le temps. Il approuva. Et la thèse, – qui n’était qu’une hypothèse -, réfutée depuis longtemps, est devenue obsolète : http://www.a-c-r-f.com/documents/soda-13_Mgr-G-de-L.pdf. La thèse de Cassisiacum n’est plus celle de Mgr Guérard, mais celle de Verrua qui trahit Mgr Guérard, prétendant lui être fidèle et le trahit encore plus en rejetant le message de La Salette : Mgr Guérard était un dévot fidèle de La Salette.

Pour M. l’abbé Ricossa, il semble que la valeur des actes d’un « pape materialiter » soit efficace, puisque la « thèse », cinquante ans après est toujours d’actualité. Elle a même évolué puisque du « pape materialiter », elle passe à « l’église materialiter ». Si la secte conciliaire est matériellement l’Eglise Catholique. Alors ? nous, que sommes-nous ?

Mais ne découvrons-nous pas, page 14 de ce texte, que Mgr Duchesne fut un historien « materialiter » mais pas « formaliter » ! ! ! M. l’abbé Ricossa est-il un homme « materialiter » ou « formaliter » ? ? ? Il semblerait que son intelligence ne soit que « materialiter » !

Jérôme Bourbon : un demi-siècle après Vatican d’Eux

with one comment

Éclipse solaire

L’église Conciliaire

 

n’est pas

 

l’Église Catholique !

 

Ils ont… tout détruit

L’Église de Dieu ne peut pas s’être trompé pendant 2000 ans

L’Église de Dieu ne peut ni se tromper, ni nous tromper

 

Jérôme Bourbon dans le RIVAROL n° 3064 en vente dès demain, nous donne la très bonne analyse suivante sur le cataclysme de Vatican d’Eux, depuis ces cinquante derniers ans :

Ndlr du CatholicaPedia : Les accentuations et encadré sont de nous.

Rivarol n°3064 du 12/10/2012


Les cinquante ans de Vatican II : un demi-siècle cataclysmique

 

Cinquante ans se sont écoulés depuis ce jour d’octobre 1962 qui vit la réunion dans la basilique Saint-Pierre de Rome de 2381 évêques venus du monde entier (pays communistes excepté) à l’appel de Jean XXIII pour la cérémonie d’ouverture du « Second Concile œcuménique », qui allait s’éterniser jusqu’au 8 décembre 1965. Si l’on devait répertorier les principaux événements du XXe siècle, Vatican II y figurerait à l’évidence tant il a occasionné dans les consciences, les mœurs et les institutions des bouleversements fondamentaux dont nous n’avons pas encore pris toute la mesure. Cette assemblée d’évêques qui, à la différence des vingt conciles œcuméniques de Nicée à Vatican I, n’a pas défini ni explicité des dogmes, n’a pas procédé par canons et anathèmes, a ouvert la voie à une nouvelle religion qui porte toujours officiellement le nom de catholique mais dont la substance et les finalités ne sont plus du tout les mêmes. Est-ce un hasard si les sectateurs de Vatican II ont parlé dès le début, tel le cardinal Benelli, d’« église conciliaire » ou comme Paul VI de « nouvelle Pentecôte » ? De même, le cardinal Suenens remarquait-il que « Vatican II, c’est 1789 dans l’Église », tandis que le Père Congar ajoutait éloquemment que par le concile « l’Église avait accompli pacifiquement sa révolution d’Octobre ». Expressions qui démontrent que Vatican II marque une rupture radicale avec près de 2000 ans de catholicisme et inaugure une nouvelle religion, celle de l’humanité.

 

Le culte de l’homme

Le concile a introduit une nouvelle manière de se situer par rapport à Dieu. Prétendant que l’homme a changé, les Pères conciliaires en déduisent qu’il faut aussi modifier le rapport de l’homme à Dieu en passant du théocentrisme à l’anthropocentrisme. Inversion radicale des fins : la religion n’est plus au service de Dieu mais au service de l’humanité. « L’homme est la seule créature de Dieu créée pour elle-même », « L’homme est le centre et le sommet de toutes choses » ose clamer la constitution Gaudium et Spes. Et Paul VI, dans son ahurissant discours de clôture de Vatican »II, ira jusqu’à dire : « La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion — car c’en est une — de l’homme qui se fait Dieu. […] Nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme ».

Si ce dernier est la fin et le sommet de tout, il faut évidemment repenser toute la théologie catholique. L’église conciliaire se définit comme un moyen, une institution (parmi beaucoup d’autres), un signe au service de l’homme. C’est la fameuse théorie de l’Église-sacrement. Jean Paul II pourra ainsi dire que « l’Église a révélé l’homme à lui-même », ou encore que « l’homme est le chemin de l’Église ». Si tel est le cas, l’on comprend que la liturgie ait alors pour objectif de célébrer l’humanité, sujet du rite sacré et du sacerdoce. D’où les autels retournés vers l’assemblée des fidèles dont le prêtre n’est que l’animateur, la nouvelle messe n’étant pas hiérarchique mais démocratique. D’où le rejet du caractère propitiatoire du saint sacrifice de la messe. La « messe de Luther » (dixit Mgr Lefebvre) dont des études détaillées ont prouvé les origines non seulement protestantes mais talmudiques, se définit comme la « synaxe sacrée des fidèles », ainsi que l’affirme l’article 7 du Novus Ordo Missae de Paul VI. La célébration dite de l’eucharistie n’est plus le mémorial de la croix mais celui de la cène. C’est la doctrine de la messe-repas.

 

La servante du Mondialisme

Selon cette nouvelle théologie, ce n’est plus l’Église catholique qui est le royaume de Dieu mais l’humanité tout entière. La mission de l’église conciliaire sera alors de préparer l’avènement de ce royaume temporel vers lequel convergent toutes les religions puisque le genre humain tend en effet à une unité croissante dont les signes sont « la socialisation de toutes choses, le partage des richesses, la revendication des droits de l’homme ». Le rôle de la nouvelle église se réduit à hâter ce processus d’unification. C’est ainsi que se justifient le dialogue inter-religieux, l’œcuménisme libéral, lesquels sont au service d’une paix en devenir. D’où des rassemblements syncrétistes comme Assise ou cathodiques comme les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) destinés, selon les desseins de l’ONU, à préparer l’avènement d’un mondialisme politico-religieux, c’est-à-dire d’un gouvernement mondial et d’une religion elle-même mondiale confinée dans le rôle d’animatrice de la démocratie universelle. Dans ce schéma, la royauté sociale de Jésus-Christ apparaît évidemment obsolète. Aussi l’église conciliaire se rallie-t-elle d’enthousiasme à la laïcité de l’État et au besoin l’impose par la force comme en Espagne (1967) et en Colombie (1973) qui, à la demande expresse de Paul VI, abandonnent leurs constitutions catholiques.

Cette unité spirituelle du genre humain se décline en différents degrés de communion, en multiples cercles concentriques ; les consciences sont plus ou moins éclairées par la foi mais personne ne saurait être exclu, car « d’une certaine manière, le Christ s’est uni à tout homme » (Gaudium et Spes). Plus besoin alors d’être baptisé et de croire pour être sauvé. La question du salut et de la damnation a perdu toute urgence et même tout sens. Et en effet la pastorale conciliaire fait l’économie du péché originel et de la déchéance de la nature humaine. Le salut n’est jamais qu’une prise de conscience personnelle, l’homme affirmant son extraordinaire dignité.

C’est dire que Vatican II est en rupture totale non seulement avec la Tradition catholique mais plus généralement avec la religion catholique puisque ce concile consiste à exalter la personne humaine et à assurer l’unité du genre humain.

 

La genèse du Concile

Quel est le déroulement des événements qui a conduit à une telle révolution copernicienne ? En fait, tout débute, dix-neuf jours après la mort de Pie XII, avec l’élection à soixante-dix-sept ans, au onzième tour de scrutin, le 28 octobre 1958, du patriarche de Venise Angelo Giuseppe Roncalli. Ce dernier qui, de façon très révélatrice, prend le nom d’un antipape du Moyen Age impliqué dans le grand schisme d’Occident, Jean XXIII, entend rompre spectaculairement avec les grandes orientations définies par Pie XII. Roncalli met en œuvre une stratégie qui aboutira à ce qu’il appellera « l’aggiornamento » c’est-à-dire à la révolution dans l’Église.

À peine élu, celui qui sera appelé par les media « le bon pape Jean » ((Lire l’étude, malheureusement non terminée, de l’abbé Ricossa sur le « le bon pape Jean » : http://www.a-c-r-f.com/documents/Abbe_RICOSSA_Le-Pape-du-Concile.pdf)) reçoit significativement les plus vifs encouragements des principaux ennemis de l’Église catholique. Yves Marsaudon dans son livre L’œcuménisme vu par un franc-maçon de tradition écrit ainsi : « Nous eûmes tout d’abord la très grande joie de recevoir dans les 48 heures un accusé de réception à nos respectueuses félicitations. Pour nous c’était une grande émotion, mais pour beaucoup de nos amis ce fut un signe ». De même, Jean XXIII reçoit les félicitations du grand rabbin d’Israël Isaac Herzog, de l’archevêque anglican Geoffroy Fischer, de Paul Robinson, président des églises fédérées et enfin du chef de l’église orthodoxe russe, le patriarche Alexis.

Dès le 25 janvier 1959, soit moins de trois mois après son élection, Roncalli annonce publiquement de la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs la convocation du « Second concile œcuménique du Vatican ». Pie XII avait lui aussi songé à réunir une telle assemblée, mais, devant les dangers de l’entreprise, il s’était rapidement ravisé : « J’entends autour de moi des novateurs, disait-il, qui veulent démanteler la Chapelle sacrée, détruire la flamme universelle de l’Église, rejeter ses ornements, lui donner le remords de son passé historique… Un jour viendra où le monde civilisé reniera son Dieu, où l’Église doutera comme Pierre a douté. Elle sera tentée de croire que l’homme est devenue Dieu, que son Fils n’est qu’un symbole, une philosophie comme tant d’autres, et dans les églises, les chrétiens chercheront en vain la lampe rouge où Dieu les attend, comme la pécheresse criant devant le tombeau vide : où l’ont-ils mis ? » (Mgr Roche : Pie XII devant l’Histoire).

Pie XII et Jean XXIII étaient tous les deux au courant de cette situation pré-révolutionnaire dans l’Église, mais alors que le premier ne voulait pas céder aux sirènes des nouveautés, le second au contraire brûlait de tout transformer. Appeler à la convocation d’un concile le 25 janvier 1959 n’était à cet égard pas un acte innocent, puisque cette date marquait la clôture de la semaine de prières pour l’unité des chrétiens. Le concile à venir ne serait donc pas œcuménique (c’est-à-dire universel, comme le furent les vingt conciles de Nicée à Vatican I), mais œcuméniste. Au reste, dès l’année suivante, le 5 juin 1960, Jean XXIII crée un Secrétariat pour l’unité des chrétiens dont il confie la direction au cardinal Bea, lequel est directement à l’origine du décret sur l’œcuménisme de Vatican II qui rompt radicalement avec le magistère antérieur. ((Ne jamais oublier l’importance d’Elie Benamozegh, le vrai Père de Vatican II : LE SANCTUAIRE INCONNU par Aimé Palliere ))

Dans son discours d’ouverture, Jean XXIII tient un discours qui fit sensation et dans lequel il disait sa “foi” en l’avenir et dans le progrès. À cinquante ans de distance, cet optimisme tapageur apparaît totalement déplacé. Qu’on en juge : « Dans la situation actuelle de la Société, certains ne voient que ruines et calomnies ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré, par rapport aux siècles passés… Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin… Il faut que l’Église se tourne vers les temps présents qui entraînent de nouvelles voies à l’apostolat catholique ».

 

Une rupture radicale

Dès lors, le décor était en place, pour la plus grande révolution que l’Église ait subie depuis sa naissance. Parmi les 2381 évêques présents, seuls quelque trois à quatre cents Pères conciliaires (dont Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer) tentèrent de résister aux assauts des modernistes en se regroupant au sein du Cœtus internationalis patrum, mais ce combat ne fut hélas pas couronné de succès, tant la minorité activiste était habile dans la manipulation des masses, experte dans les formules volontairement équivoques, d’autant, et c’est là l’essentiel, qu’elle pouvait s’appuyer sur un allié indispensable en la personne de Jean XXIII puis à partir de 1963 de son successeur Paul VI.

Il faudrait des études détaillées — et ces dernières décennies n’en ont pas manqué — pour analyser, disséquer, commenter les quelque deux milles pages de documents signés par les Pères conciliaires et “promulgués” par Paul VI le 7 décembre 1965 et pour expliquer l’absence d’autorité et de légitimité de Vatican II et des hommes en blanc qui s’en réclament. On peut à bon droit considérer que Vatican II était en fait un conciliabule, et non un vrai concile, tant ces décrets ont rompu avec le magistère traditionnel. Il est clair que Vatican II a voulu faire passer l’Église du théocentrisme à l’anthropocentrisme. Rien à cet égard n’est plus parlant que le discours de clôture de Paul VI : « L’Église du concile s’est aussi beaucoup occupé de l’homme, de l’homme tel qu’en réalité il se présente à notre époque, l’homme vivant, l’homme tout entier occupé de soi, l’homme qui se fait non seulement le centre de tout ce qui l’intéresse, mais qui ose se prétendre le principe et la raison dernière de toute réalité. L’humanisme laïc et profane, enfin, est apparu dans sa terrible stature et a, en un certain sens, défié le concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion — car c’en est une — de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver, mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier. La découverte des besoins humains (et ils sont d’autant plus grands que le fils de la terre s’est fait plus grand) a absorbé l’attention du concile. Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, humanistes modernes qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme. Nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme. »

 

“1789 dans l’Église

On ne saurait mieux dire que les hiérarques de l’Église ont renoncé à être un signe de contradiction, en s’ouvrant totalement au monde c’est-à-dire à l’erreur, au mensonge et à l’apostasie, tournant le dos aux injonctions de l’Apôtre Saint Jacques qui dans son Épître s’écrie fortement : « Adultères, ne savez-vous pas que l’amitié du monde, c’est l’inimitié contre Dieu ? Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. » Par là même, l’Église catholique s’éclipsait, était mise au tombeau, cédant la place à l’église conciliaire et à sa « révolution d’Octobre ».

De fait Vatican II a réussi à mettre en application la devise de la révolution : la “liberté” s’est introduite par la liberté religieuse ou liberté des religions qui met sur le même plan l’erreur et la vérité, promeut la laïcité de l’État et nie le règne social de Jésus-Christ ; l’ “égalité” s’insinue par la collégialité et le vénéneux principe de l’égalitarisme démocratique (dans ce schéma l’évêque n’est plus le maître dans son diocèse avec les conférences épiscopales, le curé dans sa paroisse avec les conseils paroissiaux, etc.) ; enfin la “fraternité” s’accomplit sous la forme de l’œcuménisme libéral qui embrasse toutes les erreurs et les hérésies et tend la main à tous les ennemis de l’Église catholique, à commencer par les juifs considérés comme « frères aînés ». L’église conciliaire va même jusqu’à enseigner que l’Ancienne Alliance est toujours valable et qu’elle n’a pas été abrogée par la Nouvelle Alliance, ce qui est une façon de dire, si l’on est logique, que la venue du Christ sur terre, sa Passion, sa mort et sa Résurrection étaient finalement inutiles. ((Le livre de l’abbé Leroux, préface par Mgr Lefebvre, Pierre M’aimes-tu ?, mérite d’être cité. C’est certainement un des meilleurs livres-critique de Vatican d’eux !))

 

L’académicien Jean Guitton, confident et ami de Paul VI, aimait à répéter que Vatican II marquait la disparition (au moins apparente) de l’Église catholique et sa substitution par l’église œcuménique romaine. De fait, la nouvelle église conciliaire ne possède aucune des quatre notes qui permettent de reconnaître à coup sûr l’Église catholique : elle n’est ni une puisqu’elle est démocratique et pluraliste (à chaque prêtre son hérésie), ni sainte puisqu’elle a profondément altéré les sacrements en créant de nouveaux rites douteux voire invalides pour la plupart (sujet essentiel dont on ne se préoccupe pas assez), s’acharnant ainsi à obstruer les canaux de la grâce sanctifiante, ni catholique puisqu’elle est œcuméniste et qu’elle rompt radicalement avec le magistère antérieur, ni apostolique puisqu’elle n’a pas la foi des Apôtres.

 

Dans cette gigantesque entreprise de destruction rien n’est laissé intact : ni la liturgie désacralisée, ni le catéchisme traditionnel interdit et remplacé par une vague catéchèse droit-de-l’hommiste et œcuméniste, ni les constitutions religieuses, ni l’habit ecclésiastique, ni les États, syndicats, écoles et partis chrétiens tous appelés à faire leur mue. À “Eglise nouvelle” correspondent sacerdoce nouveau, ecclésiologie nouvelle, messe nouvelle, catéchisme nouveau (1968 avec Pierres Vivantes et 1992 avec le “Catéchisme de l’Eglise catholique”), sacrements nouveaux, communautés nouvelles, nouveau chemin de Croix (1991), nouveau Rosaire (2002), nouveau code de droit canon (1983), nouveau rite d’ordination (1968), nouveau baptême (1969), nouvelle confirmation (1971), nouvelle extrême-onction (1972), nouvelle confession (1973), nouveau bréviaire (1970), nouveau calendrier liturgique (1969), nouvelles huiles saintes (1970), nouveau Notre Père (1966), nouveau Credo (où l’on a remplacé l’expression « consubstantiel au Père » par « de même nature que le Père (( Malheureusement a été oublié le primordial : le nouveau rituel du sacre des évêques, dont les conséquences sont dramatiques et irréversibles. Voir tous les travaux du site Rore sanctifica : http://www.rore-sanctifica.org/)) »). Tout a été dit sur les origines talmudiques de la synaxe voulue par Paul VI, sur l’abandon du caractère propitiatoire du saint sacrifice de la messe, sur l’hétérodoxie du nouveau code de droit canon du 25 janvier 1983 qui lève l’excommunication des francs-maçons. Il n’est pas jusqu’à la morale qui ne soit elle-même corrompue par l’inversion des fins du mariage, par l’abandon du principe traditionnel de l’autorité de l’homme sur la femme, par les discours ahurissants tenus par nombre de clercs sans que ceux-ci ne soient jamais sanctionnés.

 

Dans une volonté satanique de destruction, on s’en est même pris aux congrégations religieuses dont les constitutions ont toutes été profondément modifiées, y compris celle des Chartreux qui n’avait pourtant jamais été remaniée depuis son fondateur saint Bruno. Et les églises elles-mêmes sont transformées : au maître-autel tourné vers Dieu se substitue une simple table orientée vers l’assemblée ; le prêtre (ou ce qui en tient lieu) étant réduit au rôle d’animateur et de président d’une cérémonie sécularisée. Les confessionnaux sont délaissés et font souvent l’office de placards à balais. La chaire est supprimée ou délaissée, manière symbolique de renoncer au pouvoir d’enseignement de l’Église, car dans la religion conciliaire nous ne sommes plus dans le schéma de l’Église maîtresse de vérité enseignant au monde la voie, la vérité et la vie mais dans celui d’une église enseignée par le monde, apprenant à son contact, réagissant à l’unisson. Il s’agit de mettre en place les conditions d’un mondialisme politico-religieux ; dans le nouvel ordre mondial les religions mises sur un pied d’égalité ne sont en effet que de simples animatrices et de zélés propagandistes de la démocratie universelle et de ses idoles : la déclaration des droits de l’homme, le philosémitisme, la tolérance érigée en absolu, le laïcisme, la liberté de conscience et de culte, l’antiracisme unilatéral et obligatoire, la lutte acharnée contre toutes les discriminations, mêmes naturelles et légitimes. ((Et surtout l’abandon de la Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ !))

 

De nouvelles orientations politiques

D’où les orientations politiques d’une nouvelle église, compagnon de route du communisme, du socialisme, de la franc-maçonnerie, des organisations juives et antiracistes, bref des ennemis traditionnels et séculaires de l’Église catholique. Dès lors, il n’est rien d’étonnant à ce que l’épiscopat français ait toujours pris violemment position contre la droite nationale, préférant soutenir les forces responsables de l’avortement légalisé et remboursé, du délitement de la famille, de l’instauration du PACS, de la généralisation de la pornographie et de la luxure. Rien de surprenant non plus si cette nouvelle église, après avoir favorisé la décolonisation et montré beaucoup plus de mansuétude pour les assassins et les porteurs de valise du FLN que pour les rapatriés et les partisans de l’Algérie française, soit un des bruyants soutiens de l’immigration massive, essentiellement mahométane, qui ne cesse de se déverser sur notre pays et notre continent. Après avoir trahi Dieu et son Évangile, ces hiérarques ont logiquement trahi leur patrie.

Vatican II, qui est resté muet sur le communisme au moment où il faisait encore des millions de morts, a mis en œuvre l’ouverture au monde qui est en fait une ouverture unilatérale à la gauche. D’où la théologie de la libération en Amérique du Sud. D’où la sympathie incessante manifestée envers le marxisme, le gauchisme (qu’on se souvienne de la déclaration des évêques de France approuvant chaleureusement mai 1968), le féminisme (l’épiscopat moderniste s’est réjoui en 2000 de l’adoption de la parité), l’invasion étrangère. Car la religion de Vatican II consiste à embrasser, et si possible à devancer, toutes les modes, à s’adapter au monde moderne et à s’agenouiller, émerveillée, devant l’Humanité déifiée. Faible avec les forts, les délinquants, les immigrés “sans-papiers”, elle est impitoyable envers les faibles, les persécutés, les délaissés. Pas un seul prélat n’a dénoncé le traitement infligé naguère au nonagénaire Maurice Papon ou aux révisionnistes criblés d’amendes et mis en prison. Pas un seul mitré ne s’est démarqué des campagnes de haine contre le président du Front National, pas même lors des manifestations de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002 où étaient scandés entre autres charmants slogans « pour Le Pen une balle, pour le FN une rafale », « Crève charogne », « Le Pen facho, salaud, le peuple aura ta peau ». Au contraire, la nouvelle église se veut en pointe dans le combat antiraciste, antifasciste et antirévisionniste. Car s’il est tout à fait permis dans l’église conciliaire de contester des vérités de foi ou des préceptes moraux, en revanche on ne badine pas avec le dogme holocaustique, comme en témoigne l’affaire Williamson. Mieux vaut pour un séminariste nier la virginité perpétuelle de Marie que d’exprimer un doute sur la Shoah. Servante de l’Humanité, la contre-église de Vatican II est en effet l’un des gardiens vigilants de la contre-religion de l’Holocauste. L’église qui n’est plus catholique est devenue démocrato-holocaustique, la nature ayant horreur du vide. Or, la Shoah ou la Croix, il faut choisir !

 

Les causes de ce bouleversement

Reste évidemment à se demander comment un tel bouleversement a été possible et pourquoi il a suscité si peu de résistances. Il n’y a pas de réponse simple à ces questions. On peut à bon droit incriminer le rôle de la puissance juive et de son bras armé la franc-maçonnerie. Qu’on songe par exemple à la lettre écrite par un haut-dignitaire de la Haute-Vente des Carbonari en 1844 et qui tomba providentiellement entre les mains de Léon XII : « Nous devons arriver au triomphe de la révolution par un pape. Or donc pour nous assurer un pape dans les proportions exigées, il s’agit d’abord de lui former une génération digne du règne dont nous rêvons. Laissons de côté la vieillesse et l’âge mûr ; allez à la jeunesse et, si possible, jusqu’à l’enfance… C’est à la jeunesse qu’il faut aller, c’est elle que nous devons entraîner sans qu’elle s’en doute, sous le drapeau des sociétés secrètes. Une fois votre réputation établie dans les collèges, les gymnases, dans les universités et dans les séminaires, une fois que vous aurez capté la confiance des professeurs et des étudiants, faites que ceux qui principalement s’engagent dans la milice cléricale aiment à rechercher vos entretiens… Cette réputation donnera accès à nos doctrines au sein du jeune clergé, comme au fond des couvents. Dans quelques années, ce jeune clergé aura, par la force des choses, envahi toutes les fonctions : il gouvernera, il administrera, il jugera, il formera le conseil du souverain, il sera appelé à choisir le Pontife qui doit régner et ce Pontife, comme la plupart de ses contemporains, sera plus ou moins imbu des principes humanitaires que nous allons commencer à mettre en circulation… Que le clergé marche sous votre étendard en croyant toujours marcher sous la bannière des clefs apostoliques. Tendez vos filets comme Simon Barjona ; tendez-les au fond des sacristies, des séminaires et des couvents plutôt qu’au fond des mers et, si vous ne précipitez rien, nous vous promettons une pêche plus miraculeuse que la sienne. […] Infiltrez le venin dans les cœurs choisis à petites doses et comme par hasard ; puis à la réflexion, vous serez étonnés vous-mêmes de votre succès. […] Vous aurez prêché une révolution en tiare et en chape, marchant avec la croix et la bannière, une révolution qui n’aura besoin que d’être un tout petit peu aiguillonnée pour mettre le feu aux quatre coins du monde. […] Ce que nous devons demander avant tout, ce que nous devons chercher et attendre, comme les juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins. Glissez dans les esprits les germes de nos dogmes, que prêtres et laïcs se persuadent que le christianisme est une doctrine essentiellement démocratique ».

Mais l’explication par les puissances occultes, pour pertinente qu’elle soit, n’épuise pas le sujet. On ne peut passer sous silence l’état du monde au moment où les Pères conciliaires se réunissent en 1962. La victoire en 1945 des démocraties alliées à l’Union soviétique a incontestablement créé un environnement très défavorable à l’épanouissement de l’Église et des valeurs chrétiennes. L’hédonisme généralisé, l’individualisme exacerbé, l’égalitarisme forcené, le matérialisme radical de la démocratie libérale et du communisme athée ne pouvaient à terme qu’influer négativement sur les hommes d’Église comme sur l’ensemble des catholiques. Plus généralement, le fait que les institutions n’étaient plus chrétiennes depuis assez longtemps dans la quasi-totalité des pays du globe, et singulièrement dans la plupart des pays d’Europe, n’était pas non plus de nature à accroître l’influence de l’Église. Vatican II s’inscrit dans un monde déjà fortement déchristianisé et meurtri par deux sanglantes guerres mondiales. En un siècle et demi, la Révolution Française a eu le temps d’instiller le poison de ses idées pernicieuses à l’Europe entière, sinon à toute la terre, venin prolongé par la victoire du protestantisme anglo-saxon et du communisme athée en 1945. Enfin, la domination chaque jour plus insolente de la techno-science a créé un environnement très défavorable au rayonnement de l’Église. Sans doute conviendrait-il de remonter à la Renaissance et à son humanisme pour expliquer la genèse des idées qui ont triomphé au concile. Si l’Église a résisté aux assauts du protestantisme au XVIe, du jansénisme au XVIIe, du naturalisme philosophique au XVIIIe, du libéralisme au XIXe et du modernisme dans la première moitié du XXe siècle, c’est cette dernière hérésie, stigmatisée par saint Pie X dans sa magistrale encyclique Pascendi (1907), qui finit par séduire la quasi-totalité de la hiérarchie catholique.

 

Les fruits vénéneux de l’ “aggiornamento”

Les fruits de cette subversion religieuse et politique, doctrinale et pastorale ne se sont pas fait attendre : effondrement des vocations religieuses et sacerdotales, affaissement de la pratique religieuse, montée vertigineuse de l’indifférentisme religieux, du relativisme moral, du scepticisme philosophique. Depuis 1960 environ, les nouvelles générations sont élevées dans une totale ignorance de la religion ; la transmission ne se fait plus. Le dépôt de la foi n’a pas été gardé par ceux qui avaient le devoir sacré de le conserver. Dès lors, rien de surprenant si depuis un demi-siècle que l’Église catholique est au tombeau, occupée, occultée et éclipsée par le modernisme triomphant et que nous vivons donc des temps antéchristiques, la société s’est complètement décomposée, liquéfiée. En cinquante ans, le monde a plus changé qu’en deux millénaires. Nous avons quitté la civilisation édifiée par des siècles d’efforts, de sacrifices, de dévouement pour une barbarie infiniment pire que celle de jadis. Notre monde a rejeté avec obstination la vérité connue. Or, comme le prophétisait le cardinal Pie, « lorsque le Bon Dieu ne règne pas par sa présence, il règne par toutes les calamités liées à son absence ».

Naguère même ceux qui n’étaient pas chrétiens, même ceux qui faisaient profession de rejeter bruyamment le Christ et sa loi, étaient comme malgré eux imprégnés des valeurs chrétiennes. Ils savaient ce que voulaient dire la parole donnée, l’honneur, la fidélité, le courage, la politesse, l’héroïsme, la vertu. Aujourd’hui tous les mots sont pipés. Chez un enfant de sept ans le mot “amour” est déjà irrémédiablement souillé. L’homme moderne n’est plus relié à rien, sinon à son téléphone portable et à Internet. Toute référence transcendantale lui est étrangère. En voulant supprimer Dieu, on a par là-même supprimé la morale. D’où un déferlement de haine, de violence et de nihilisme. D’où des familles divisées, éclatées, décomposées, recomposées. D’où des enfants abandonnés à eux-mêmes. D’où la déferlante de la drogue et de la pornographie. D’où le triomphe satanique de toutes les inversions : mariage homosexuel, théorie du gender, vomitives Gay Pride réunissant chaque année un plus grand nombre de participants, etc. D’où le recours massif à des antidépresseurs et à des anxiolytiques, à des psychiatres et à des mages. D’où la contagion des suicides. D’où le règne du néant, le triomphe insolent du mensonge et de Mammon. Nous vivons en ce moment trois épisodes de l’Ancien Testament : la tour de Babel, le veau d’or et Sodome et Gomorrhe. Comment croire que si l’Église catholique n’avait pas été trahie par ceux-là mêmes qui avaient charge ici-bas de présider à sa pérennité nous en serions là ?

 

Des temps Apocalyptiques et AntéChristiques

Enfin, l’on peut se demander si Vatican II ne marque pas le point final d’un incessant recul de l’Église catholique depuis plusieurs siècles. Au XIe siècle, l’Orient quittait la communion de l’Église romaine avec le schisme orthodoxe ; au XVIe l’hérésie protestante emportait la moitié de l’Europe ; le jansénisme pervertissait le XVIIe ; le naturalisme de la philosophie des Lumières bouleversait au XVIIIe les fondements mêmes de la société, le libéralisme politique et philosophique combattu par le Syllabus et tous les papes, de Pie VI à Pie XII, marquait de sa détestable empreinte le XIXe et fort logiquement le modernisme fut et demeure l’hérésie du XXe et du début de ce XXIe siècle. Pourtant, malgré les coups qui lui étaient infligés, malgré ses reculs et ses défaites, l’Église ne baissait pas les bras. Ce qu’elle perdait en Europe, elle le gagnait grâce à l’évangélisation du nouveau monde puis grâce aux missions en Asie et en Afrique. De nouvelles congrégations religieuses, d’autres instituts enseignants voyaient le jour.

La nouveauté depuis 1960, c’est qu’il ne s’agit plus d’une crise de croissance mais bel et bien d’une crise de conscience. Si Vatican II a été possible, et s’il y eut hélas si peu de réactions, c’est sans doute finalement parce que les croyances étaient devenues superficielles, sinon factices, purement extérieures. Beaucoup brûlaient de se défaire d’une morale jugée ringarde, de dogmes contraires à l’esprit progressiste et rationaliste, d’une obéissance au Christ et à sa loi vécue comme excessivement coercitive.

Vient alors une ultime question : comment sortir de cette crise ? Il semble vain d’espérer un retour des modernistes à la foi catholique qui ont commis la faute irrémissible de combattre la vérité connue, péché contre le Saint-Esprit, et qui refusent de voir les désastres que leurs hérésies et leur apostasie ne cessent d’engendrer. De plus, les modernistes ont réussi à neutraliser quasiment toutes les résistances, les groupes dits traditionalistes se ralliant les uns après les autres à la Rome apostate ou brûlant de trouver un accord avec ceux-là mêmes qui détruisent la foi. Avant eux, la quasi-totalité des évêques conservateurs regroupés dans le Cœtus internationalis patrum avaient fini par accepter Vatican II et les réformes qui en sont issues, en signant d’abord les décrets du conciliabule en 1965 et en appliquant la révolution conciliaire dans leur diocèse respectif.

La crise effroyable que nous vivons a une évidente dimension eschatologique, il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour l’ignorer. Si Saint Paul a prédit à Timothée que « les jours viendraient où les hommes ne supporteraient plus la sainte doctrine », si le cardinal Pie a prophétisé que « l’Église serait réduite à des dimensions individuelles et domestiques », si la Sainte Vierge a dit à Mélanie à La Salette que « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist », s’il est dit dans la version intégrale de l’Exorcisme de Léon XIII « Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l’impiété, en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé », si avec la synaxe de Paul VI nous voyons « l’abomination de la désolation dans le lieu saint » (Matthieu XXIV, 15), il est non moins vrai que le Christ, chef de l’Église, a promis à l’institution qu’il a fondée l’indéfectibilité et c’est fort de cette promesse divine que malgré les ténèbres actuelles, les ruines qui partout s’accumulent, les chrétiens fidèles gardent au cœur une invincible espérance surnaturelle. Sûrs que le retour du Christ qui détruira l’Antéchrist « par le souffle de sa bouche » (2 Thessaloniciens II, 8) lors de la Parousie rendra à chacun ce qui lui est dû et mettra un terme définitif aux temps apocalyptiques que nous vivons.

 

Jérôme BOURBON.

 

 

RIVAROL

Hebdomadaire de l’opposition nationale et européenne

1 rue d’Hauteville 75010 PARIS. Directeur : Fabrice Jérôme Bourbon

CCP Éditions des tuileries : 4532.19K

Tél. : 01-53-34-97-97 Fax : 01-53-34-97-98

contact@rivarol.com


 

Written by Cave Ne Cadas

octobre 11th, 2012 at 8:10 pm

Posted in Jérôme Bourbon,Rivarol

Tagged with , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Mgr FELLAY vs. Mgr LEFEBVRE

without comments

Mgr FELLAY vs. Mgr LEFEBVRE

 

Mgr FELLAY vs. Mgr LEFEBVRE

Nous reproduisons l’article de Mgr Fellay, de 2002, au sujet de Campos que nous a rappelé l’abbé Cériani, avec l’ajout de la clarification de l’utilisation, par Mgr Lefebvre, de la phrase « J’accepte le Concile, interprété à la lumière de la Tradition », et du facsimile de Nouvelles de Chrétienté Nº 73.

AU SUJET DE CAMPOS

Le mot du Supérieur Général

La conjonction, à quelques jours près, de la reconnaissance de Campos par Rome, que certains pensent être une reconnaissance de la Tradition, et de la journée d’Assise, qui est à l’extrême opposé de la Tradition présente une telle contradiction qu’elle nous oblige à un regard approfondi ; la démolition systématique de tout ce qui est traditionnel dans l’Église depuis le concile Vatican II impose une cohérence logique dans l’œuvre entreprise.

Avant de saluer la reconnaissance de Campos comme un retour de Rome à la Tradition, nous sommes obligés de nous demander si cet événement ne peut pas aussi, ne doit pas aussi, être inséré dans la logique post-conciliaire : et précisément la journée d’Assise fournit un argument probant en faveur de cette thèse. Si la Rome post-conciliaire est capable de réunir tant de religions, on peut même dire toutes les religions, pour une cause commune religieuse, comment ne pourrait-elle pas aussi trouver une petite place pour la Tradition ?

Faut-il y voir un dilemme pour Rome : résorber le « schisme de la Tradition » en l’acceptant, alors que cette dernière s’est montrée jusqu’ici exclusive et condamnatoire (et donc accepter qu’elle a raison contre la Rome moderniste) ou continuer dans la ligne des réformes ?

Très manifestement, la ligne des réformes est maintenue comme principe intangible et irréversible.

Donc la condition que Rome doit poser pour l’acceptation d’un mouvement traditionnel est l’accord de principe du Concile (on peut discuter sur les nuances et certaines conclusions).

C’est le pas obligé. C’est l’entrée dans le pluralisme sous apparence de reconnaissance de la part de Rome, qui est imposé, ce n’est pas le retour de l’Église conciliaire à la Tradition.

Le Cardinal Castrillón me reproche cet argument. Ce ne serait pas au nom du pluralisme que Rome désire notre retour, ce n’est pas dans une situation pluraliste que l’on veut nous placer. Et pourtant. La condition pour réaliser ce nouveau prodige a été exprimée par le Cardinal Castrillón, acteur de l’accord camposien dès avant le début des discussions dans un article de 30Giorni d’abord en automne 2000, dans la Nef ensuite, finalement à Campos, lors d’une conférence de presse, le 19 le 19 janvier 2002.

Le théologien de la maison pontificale, le Père Cottier, n’a pas usé d’autre argument d’ailleurs : l’acceptation du Concile est manifestement le point majeur et déterminant (vient ensuite l’acceptation de la nouvelle messe).

C’est le principe d’où est partie la révolution dans l’Église, et de fait, tout le reste suit. Devant ce fait, il me semble que nous nous trouvons devant une ambiguïté de plus par rapport à l’Église conciliaire : lorsque nous disons accepter le Concile avec des restrictions (refuser ce qui est contraire à l’enseignement pérenne, interpréter l’ambigu à la lumière de la Tradition, accepter le toujours enseigné), il semble bien que nous disons tout autre chose que ce qu’en comprennent les romains. Car fondamentalement, nous considérons ce Concile comme la grande catastrophe du XXe siècle, la cause de dommages incalculables faits à l’Église et aux âmes, alors qu’eux y voient le grand miracle du XXe siècle, le bain de jouvence de l’Église.

Tout le reste suit : Le Père Cottier annonce le prochain pas que “l’on” attend de Campos : la concélébration de la nouvelle messe, bien entendu. Et Mgr Perl dit que cela se fera piano piano, petit à petit. Piano piano, les prêtres et les fidèles de Campos seront réintégrés dans le diocèse et dans “l’Église” postconciliaire. Lui aussi prévoit que cela se fera assez vite, cependant. On ne peut pas attribuer à Mgr Perl ces pensées seulement au nom d’une vengeance pour avoir été tenu à l’écart des négociations ; c’est la pensée dominante de la Rome conciliaire. Campos ne veut pas le savoir. La réalité se fera bien vite sentir. Très probablement trop tard. Ils pensent encore que de la part de Rome, c’est la reconnaissance de la Tradition. Alors que le contraire vient de se passer. Une partie de la Tradition, un mouvement traditionnel, a accepté, avec quelques réserves, certes, la réalité postconciliaire.

Rome estime le pas suffisant. On doit d’ailleurs remarquer que pour la première fois, on a fait d’un Concile non dogmatique un critère de catholicité déterminant.

Attendons la publication des statuts définitifs de l’Administration apostolique, qui n’ont pas encore été communiqués aux intéressés.

Lu la veille du 18 janvier aux prêtres de Campos, le texte a été ramené à Rome pour amélioration. Un mot manquait, seuls la messe et le bréviaire traditionnels étaient prévus, il manquait les sacrements.

En ce qui concerne la nomination de l’évêque de l’Administration, elle est réglée par le droit commun. Pour la nomination des évêques diocésains, le Vatican n’est pas obligé de choisir un prêtre du diocèse. Pour une Administration qui compte 25 prêtres, on peut comprendre facilement que Rome ne veuille s’obliger à une telle limitation. Si le successeur immédiat de Mgr Rangel sera encore choisi parmi les membres de l’Union sacerdotale Saint Jean Marie Vianney, ce qui n’est pas certain, ce ne sera que par une “miséricorde” spéciale et diplomatique. À noter aussi que les limites territoriales de cette Administration apostolique personnelle sont très strictes : le diocèse de Campos. Ainsi la réintégration dans le diocèse, chose annoncée par Mgr Perl, ne sera pas difficile. 1

Nous avouons ne pas comprendre comment, dans la situation que nous vivons, Campos ait pu si légèrement se lancer dans cette aventure sans prendre ou demander aucune mesure protectrice.

On a beau vanter les avantages acquis par la nouvelle structure canonique, le droit à la messe tridentine, par exemple, un évêque traditionnel, aussi, le fait que sur le papier, rien de substantiel n’aurait été galvaudé : la fragilité de l’Administration d’une part, la stabilité de la ligne réformatrice vaticane d’autre part, sont des arguments suffisants pour prédire la chute de Campos malgré toutes les déclarations de meilleure intention.

De plus, il faut bien distinguer un manque à la vertu de foi elle-même, d’un défaut dans la confession publique de la foi qui est nécessaire dans certaines circonstances comme l’a si bien rappelé Mgr de Castro Mayer le jour des sacres. Or une prévarication comme celle d’Assise réclame cette confession publique… que nous n’avons pas entendue venant de Campos.

La situation ne retrouverait un intérêt particulier pour nous que si subitement ils se mettaient à résister et en arrivaient à un affrontement avec la Rome moderniste.

+ Bernard Fellay

1 La version définitive des Statuts de l’Administration vient confirmer l’analyse de Mgr Fellay sur ces deux points : la succession de Mgr Rangel et la limitation territoriale au seul diocèse de Campos. En ce qui concerne la succession, le “droit commun” signifie que le nonce apostolique présente une terna à la Congrégation des Évêques, c’est-à-dire qu’il prépare un dossier sur trois prêtres qu’il a retenus et Rome choisira parmi eux – à moins que la Congrégation ne réclame des dossiers supplémentaires. Le nonce peut retenir tout prêtre qu’il trouvera idoine, dans le diocèse ou dans le pays même. Il n’y a donc nulle assurance que le successeur de Mgr Rangel soit un prêtre de l’Association, même si cela reste bien évidemment possible. Quant à la limitation territoriale, elle est également mentionnée dans les Statuts, sans qu’aucune exception ne soit signalée.

***—***

Mgr LEFEBVRE et la phrase :

« J’accepte le Concile, interprété à la lumière de la Tradition »

Certains objecteront que Mgr Lefebvre lui-même a prononcé cette phrase : « J’accepte le Concile, interprété à la lumière de la Tradition ». Il est vrai que Mgr Lefebvre l’a formulée devant le “pape” Jean-Paul II, en octobre 1978. Notons cependant qu’il ne l’a pas reprise par la suite et qu’elle n’a pas fait l’objet du protocole d’accord du 5 mai 1988.

En effet, Mgr Lefebvre s’est rendu compte qu’elle n’avait pas la même signification pour la Rome moderniste que pour nous. La réponse donnée par le Cardinal Ratzinger au « Dubia » sur la liberté religieuse ainsi que les entretiens qu’eut Mgr Lefebvre avec ledit Cardinal avant les sacres de 1988 le prouvent abondamment : « Il n’y a plus qu’une seule Eglise, c’est l’Eglise de Vatican II. Vatican II représente la Tradition. » (Paroles du Cardinal Ratzinger, citées par Mgr Lefebvre dans la conférence de presse du 15 juin 1988).

Il est donc dangereux de citer Jean-Paul II en ce domaine, et vouloir épouser ses propos : « Ce fut le critère également utilisé par le Pape Jean Paul II quand il a parlé de la “ doctrine intégrale du Concile ”, cela veut dire, a-t-il expliqué, que “ la doctrine doit être comprise à la lumière de la Sainte Tradition et rapportée au Magistère constant de la Sainte Eglise ”  (Jean Paul II, discours à la réunion de l’École Sacrée, le 5 novembre 1979). »2

Cité dans le document : « Les Prêtres de Campos : Leur reconnaissance par le Saint-Siège », de l’Administration Apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney.

***—***

Référence : Nouvelles de Chrétienté N°73 ; pages 2, 3 et 4 : http://catholicapedia.net/Documents/nouvelles_de_chretiente/Nouvelle_73.pdf

L’éditorial “incroyable” du Supérieur Général …

 

 

 

Source : http://radiocristiandad.wordpress.com/2012/08/25/mgr-fellay-vs-mgr-lefebvre/

M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ? (II)

with 3 comments

M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ?

— partie 2 (a) —

Réponse au bulletin
n°269 Notre Dame de la Sainte Espérance
juin 2012, de M. l’abbé Belmont.

 

LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°25, des éditions Saint-Remi est parue début juillet.

ÉDITORIAL

Notre récente publication de la traduction française originale de l’excellent ouvrage du père Fahey était l’occasion de vous présenter ce nouvel auteur, « le Delassus de langue anglaise », le révérend père Denis Fahey (1883 – 1954). Toutes les personnes qui s’intéressent de près au règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ devraient lire attentivement cet ouvrage, qui manifeste un véritable esprit catholique antilibéral, en ce sens que non seulement il expose la doctrine catholique sur l’organisation de la société, mais aussi il étudie le propre camp de l’ennemi et ses méthodes. La faiblesse des catholiques qui fait la grandeur des méchants, provient souvent de l’ignorance de l’organisation et des méthodes de « la synagogue de Satan ».

 R. P. Denis FAHEY : « Le Corps Mystique du Christ et la Réorganisation de la Société » : http://www.saint-remi.fr/details-catalogues.php?id=%201262

* * *

Notre maison d’édition et sa ligne éditoriale ont été prises à partie dans une polémique privée dévoilée au public par M. l’abbé Belmont dans son bulletin « paroissial ». Que le lecteur ne s’étonne pas si nous y consacrons un article, au-delà de la querelle des personnes il y trouvera une enrichissante réflexion, et nous le devions pour y défendre la vérité sur trois points essentiels battus en brèche : la tentative de recourir à un évêque conciliairele dénigrement de Mgr Gaume que le célèbre abbé Darras qualifiait de père de l’Église ((« Gaume est un Père de l’Église, digne de figurer même parmi les docteurs. » Abbé Darras, Histoire de l’Église, Louis Vivès, 1888, tome 42, pp., disponible aux ESR.)) – et la négation de la mission divine de la France. Les ESR ont en effet à cœur de dénoncer l’église Conciliaire issue de Vatican II comme une contre-église n’ayant plus rien de l’Église catholique, agent actif du gouvernement mondial bientôt en place. Ayant publié les œuvres complètes de Mgr Gaume et un grand nombre d’auteurs sur la mission divine de la France, nous nous devions de vous donner des arguments pour vous permettre de juger des appréciations de M. l’abbé Belmont ((Il nous est particulièrement pénible d’avoir à nous opposer ainsi à un prêtre que nous apprécions par ailleurs pour son réel dévouement sacerdotal.)).

 

Bruno Saglio,

Directeur de la Revue et des ESR.

La Voix des Francs Catholiques

Numéro 25
Juillet 2012

 

Réponse au bulletin

n°269 Notre Dame de la Sainte Espérance

juin 2012, de M. l’abbé Belmont.

 

M. l’abbé Belmont a rendu publique une lettre privée d’un de ses confrères – sans lui en demander la permission – en masquant son identité toutefois, qui lui faisait un certain nombre de remarques[1], mais dans laquelle les éditions Saint-Remi et ma personne sont directement impliquées et nommées. Nous répondrons à trois points sur lesquels M. l’abbé Belmont a tenu à s’exprimer et se justifier, car ces trois points touchent directement le combat de la vérité que notre maison d’édition et notre revue La Voix des Francs Catholiques entendent mener. Au moins cette lettre aura eu le mérite de crever un abcès qui gonflait de plus en plus.

1er point : sa justification pour encourager certains de ses fidèles à recevoir la confirmation dans le rite traditionnel, d’un évêque conciliaire, sacré avant Vatican II.

2ème point : son rejet d’un certain nombre d’auteurs catholiques éminents publiés aux éditions Saint-Remi, en particulier Mgr Gaume.

3ème point : son rejet de la mission divine de la France.

 

I.

Est-il permis de recourir ainsi aux sacrements d’un évêque sacré avant Vatican II avec mandat[2], mais qui « a participé à Vatican II ; il en a reçu les actes ; il a accepté les réformes, notamment liturgiques, qui s’en sont suivies ; il l’a appliqué dans les deux diocèses où il a résidé, et même, dit-on, avec une certaine force ; il n’a pas désavoué ce qui précède.[3] » ?

Le point essentiel par lequel M. l’abbé Belmont va essayer de justifier un tel recours va consister à dire que l’adhésion à Vatican II et ses réformes, même pendant longtemps, de la part d’un évêque prince de l’Église[4], ne constitue pas un motif d’hérésie ou de schisme, et que finalement on peut rester parfaitement catholique tout en adhérant à Vatican II et ses réformes.[5]

Or si Mgr Lefebvre a fondée son œuvre et s’est opposé à Paul VI c’est bien précisément parce qu’il considérait que l’église Conciliaire issue de Vatican II n’était plus l’Église Catholique :

« Le droit à la liberté religieuse est blasphématoire car c’est prêter à Dieu des intentions qui détruisent sa Majesté, sa Gloire, sa Royauté. Ce droit implique la liberté de conscience, la liberté de pensée et toutes les libertés maçonniques.

L’Église qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette église Conciliaire n’est donc pas catholique. Dans la mesure où le Pape, les évêques, prêtres et fidèles adhèrent à cette nouvelle église, ils se séparent de l’Église catholique. »[6]

 

M. l’abbé Belmont affirme : « pour déclarer qu’il n’est plus catholique, il faudrait savoir dans quelle mesure il sait et veut professer une religion qui s’écarte de la religion catholique sur des doctrines ou des pratiques qui relèvent de la foi. »[7]

Mais Mgr Q. A. auquel M. l’abbé Belmont a recours peut-il ignorer par exemple le décret de Vatican II Nostra Aetate, qui dit à propos des musulmans :

« L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. »

 

Quel odieux blasphème hérétique que ce décret ! Regarder avec estime les musulmans ! qui adorent un faux dieu abominable. Il n’y a pas besoin d’être théologien pour voir que cette proposition est odieusement contraire à la Foi. Voyez ce qu’en dit le docteur de l’Église saint Alphonse de Liguori :

« Pour ce qui est de la religion Mahométane, tout le monde sait qu’elle n’est autre chose qu’un mélange grotesque de judaïsme et d’hérésies, dont le propagateur fut un homme vil, impudique et voleur, je veux dire Mahomet, qui, avec le concours d’une infâme canaille de sa trempe, séduisit les peuples pour leur faire embrasser une foi et une loi mieux faites pour les bêtes que pour les hommes. Mahomet faisait sonner bien haut que sa religion lui avait été révélée de Dieu, comme il l’écrit lui-même dans son Coran ; mais il suffit de lire ce Coran pour reconnaître que tout ce qu’il renferme est un tissu de fables, d’inepties et d’impiétés. »[8]

 

Mais Mgr Q. A. auquel M. l’abbé Belmont a recours peut-il ignorer par exemple le décret de Vatican II Nostra Aetate, qui dit à propos des juifs :

« Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la Parole de Dieu, de n’enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l’Évangile et à l’esprit du Christ. »

 

Quelle estime l’Église doit-elle avoir de la synagogue de Satan ? Voilà renié l’enseignement de l’Église qui affirme que ce peuple perfide (per fide : qui a perdu la Foi) est le peuple déicide, et que demeure sur lui ce châtiment qu’il a invoqué lui-même « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » (Matthieu XXVII, 25). Saint Thomas d’Aquin en fait le commentaire suivant dans La Chaîne d’Or[9] : « Cette imprécation pèse encore aujourd’hui sur les Juifs, et le sang du Seigneur s’attache à eux jusqu’à ce jour. »

Les Juifs, incrédules envers la divinité du Christ, constitueront après la chute de Jérusalem un judaïsme talmudique, rabbinique et pharisaïque qui, plus qu’une religion proprement dite, sera en fait une lignée extrêmement hostile au christianisme comportant des thèses qui se traduisent par une extraordinaire violence comme on peut en juger : « Tous les chrétiens doivent être tués sans en excepter les meilleurs » [Zohar I, 219 b] ; « Le meilleur parmi les Goïm mérite d’être mis à mort » [Abhodah Zarah 26 b Tosephoth] ; « Efface la vie du chrétien et tue-le. C’est agréable à la Majesté Divine comme celui qui offre un don d’encens » [Sepher Or Israël, 177 b], violence qui se fera même horriblement blasphématoire et insultante envers le Christ : « Fils illégitime, conçu pendant les règles de sa mère » [Kallah, 1b. (18b)] ; « Mort comme une bête et enterré dans un tas de fiente » [Zohar III, (282)] ; « Le fils de Pandira, un soldat romain » [Abhodah Zarah II] ; « À la veille de la Pâque a été pendu. Quarante jours avant cela cette proclamation a été faite : Jésus doit être lapidé à mort parce qu’il a pratiqué la sorcellerie » [Sanhedrin 43a] ; « Jésus est dans l’enfer, bouillant dans des “excréments chauds” » [Gittin 57a], et la Vierge Marie, dont le caractère immonde et l’abjecte grossièreté haineuse, nous invitent à ne pas y insister d’avantage. Ceci explique pourquoi, selon le pape Pie IX dans sa lettre Encyclique Etsi multa luctuosa (1873), les Juifs représentent aujourd’hui la “Synagogue de Satan”.[10]

Voilà pourquoi les princes catholiques de toute la chrétienté, avec l’appui de l’autorité de l’Église se sont appliqués au cours des siècles à contenir les juifs pour les empêcher d’accéder aux postes de direction des états, afin d’éviter leur plan de corruption. Les juifs n’ont eu de cesse de tenter d’infiltrer les cours royales par le mensonge et le vice, et ils y sont parvenus, pour, après avoir détruit les monarchies, infiltrer ensuite l’Église elle-même et aboutir à la situation actuelle[11]. Ils ont maintenant les pleins pouvoirs avec une organisation démocratique internationale et une église conciliaire à leurs ordres, qui prône la liberté de conscience, la liberté de pensée et toutes les libertés maçonniques.

Nous pourrions continuer avec bien d’autres hérésies contenues dans Vatican II. Sur quatre points au moins, les enseignements du concile Vatican II sont tellement en contradiction logique avec les déclarations du magistère traditionnel antérieur qu’il est impossible de les interpréter dans la ligne des autres enseignements déjà contenus dans les documents antérieurs du magistère de l’Église. Vatican II a donc rompu l’unité du magistère, dans la mesure où il a rompu avec l’unité de son objet.

 

Ces quatre points sont les suivants.

La doctrine de la liberté religieuse, telle qu’elle est exprimée au n. 2 de la déclaration Dignitatis humanæ, contredit les enseignements de Grégoire XVI dans Mirari vos et ceux de Pie IX dans Quanta cura, ainsi que ceux de Léon XIII dans Immortale Dei et ceux de Pie XI dans Quas primas.

La doctrine de l’église Conciliaire, telle qu’elle est exprimée au n. 8 de la constitution Lumen gentium, contredit les enseignements de Pie XII dans Mystici corporis et dans Humani generis.

La doctrine relative à l’œcuménisme, telle qu’elle est exprimée au n. 8 de Lumen gentium et au n. 3 du décret Unitatis redintegratio, contredit les enseignements de Pie IX dans les propositions 16 et 17 du Syllabus, ceux de Léon XIII dans Satis cognitum et ceux de Pie XI dans Mortalium animos.

La doctrine de la collégialité, telle qu’elle est exprimée au n. 22 de la constitution Lumen gentium, y compris le n. 3 de la Nota prævia, contredit les enseignements du concile Vatican I sur l’unicité du sujet du pouvoir suprême dans l’Église et la constitution Pater æternus.

 

Nous pourrions aussi énumérer les comportements hérétiques des anti-papes Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I, Jean-Paul II et  Benoît XVI, leur participation active à des faux cultes, que Mgr Q. A. ne peut pas ignorer.

Par conséquent comment peut-on recevoir les sacrements (même dans le bon rite) d’un évêque qui adhère publiquement à Vatican II et ses réformes ? Par cette adhésion non reniée, il est séparé de l’Église. La première des charités envers cet évêque qui s’est laissé entraîner et convaincre par l’ennemi, serait de lui remettre sous les yeux les hérésies de Vatican II et l’invalidité des nouveaux rituels sacramentaux issus de Vatican II, afin qu’il y renonce définitivement. Une confession franche de la Foi catholique est devenue nécessaire au for externe (le for interne pour faire plaisir à tel ou tel sensibilité traditionnelle ne suffit pas), afin de rejoindre l’Église Catholique. Recourir à cet évêque passé dans le camp ennemi sans ces conditions minimales, constitue un contre-témoignage de la Foi catholique.[12]

Enfin M. l’abbé Belmont prétend que l’église Conciliaire n’est pas une secte : « il n’existe pas une société religieuse qui un beau jour s’est constituée en entité indépendante et qui a pris le nom d’église Conciliaire ; il n’y a pas une sorte de pseudo ou quasi corps mystique antagoniste de l’Église catholique : le corps mystique du diable peut-être ? Faire de l’église Conciliaire une société religieuse pleinement constituée, ayant un être propre, un statut juridique, c’est faire œuvre d’imagination. »[13]

Est-ce le fruit de l’imagination ? Un nouveau concile hérétique Vatican II, un nouveau droit canon hérétique, un nouveau catéchisme reprenant les hérésies de Vatican II, des nouveaux rituels invalides, le tout dans une pratique perpétuelle d’œcuménisme, de communicatio in sacris avec les faux cultes des fausses religions, de références à tous les théologiens modernistes condamnés à l’avance par saint Pie X, et la suprême allégeance au peuple déicide. L’église Conciliaire n’est autre que cette organisation qui a pris naissance avec le concile Vatican II et ses réformes liturgiques qui ne sont pas catholiques, et elle constitue en cela une secte parfaitement définie, qui répand la doctrine condamnée du modernisme “égout collecteur de toutes les hérésies”, qui éclipse la véritable Église Catholique.

 


 

[1] Il s’agit de M. l’abbé Jean-Luc Lafitte qui nous autorise à le nommer, dont la lettre a été approuvée par M. l’abbé Guépin chez qui il est hébergé.

[2] Sacré en 1961, donc mandat de Jean XXIII. On peut se poser la question de la valeur d’un mandat de Jean XXIII, que nous mettons au rang des antipapes. On peut se reporter à l’étude de l’abbé Ricossa sur Jean XXIII publiée dans plusieurs n° de la revue Sodalitium.

[3] Abbé Belmont, bulletin Notre-Dame de la sainte Espérance (NDLSE) n°269. Oratoire Notre Dame de la Sainte Espérance, 3 allée de la Sérénité, 33490 Saint-Maixant.

[4] De la part d’un simple fidèle on pourrait être plus indulgent, car on peut supposer un certain degré d’ignorance non-coupable, mais il n’est pas possible d’invoquer l’ignorance non-coupable pour un évêque en matière de dogme.

[5] « Rien ne permet d’affirmer catégoriquement que Mgr C. Q-A. a quitté l’Église catholique. Ni par apostasie, car il n’a jamais voulu abandonner le nom chrétien ; ni par schisme parce qu’il n’est jamais entré dans une secte identifiée ; ni par hérésie, parce qu’il n’a pas proclamé qu’il refuse de croire ce que Jésus-Christ nous enseigne par l’Église. Celui qui voudrait l’affirmer qu’il a abandonné l’Église d’une de ces trois manières devrait le démontrer. » Abbé Belmont, NDLSE n°269

[6] Mgr Lefebvre dans sa lettre de 1976 Quelques réflexions à propos de la ‘supens adivinis’. Mgr Lefebvre déclarait aussi clairement, à propos du concile Vatican II : « Nous croyons pouvoir affirmer, en nous en tenant à la critique interne et externe de Vatican II, c’est-à-dire en analysant les textes et en étudiant les avenants et aboutissants de ce Concile, que celui-ci, tournant le dos à la Tradition et rompant avec l’Église du passé, est un Concile schismatique. » (Mgr Lefebvre, le Figaro, le 4 août 1976.)

[7] Abbé Belmont, NDLSE n°269.

[8] Saint Alphonse et l’Islam, éd. Saint-Remi, p. 18, extrait du Traité Les Vérités de la Foi, Partie III, Chap. XI.

[9] La Chaine d’Or, tome I, p. 570, éd. St-Remi.

[10] Nous renvoyons le lecteur au catalogue des ESR sur le thème judéo-maçonnerie extrêmement fourni.

[11] Lire par exemple La Conjuration Antichrétienne de Mgr Delassus, 1 grand volume 438 p. 40 €, ou Deux Mille Ans de Complot contre l’Église de Maurice Pinay, 2 vol. 907 p., 48 €, disponibles aux ESR.

[12] Les vendéens pendant la révolution, plutôt que de recourir aux prêtres schismatiques de leur paroisse, risquaient leur vie pour recevoir les sacrements des prêtres non-jureurs cachés dans les bois. Notons que le schisme des prêtres jureurs était quelque peu moins grave que les hérésies modernistes de Vatican II.

[13] Abbé Belmont, NDLSE n°269.
 


 

À suivre


Written by Cave Ne Cadas

août 17th, 2012 at 4:28 pm

Posted in Abbé Belmont,église Conciliaire,La Voix des Francs

Tagged with , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Code de droit canonique de 1983 : la F$$PX face à ses contradictions

without comments

Nous vous l’avons relevé plus d’une fois… et encore tout dernièrement hier, le 10 août 2012, concernant la « persécution » que subit l’abbé François Chazal :

On ne peut que s’étonner de cette nouvelle tracasserie purement procédurière et politique visant un prêtre de la F$$PX dont la résistance au ralliement dérange (c’est le moins qu’on puisse dire !…). Mais ce qu’il y a de plus renversant dans cette affaire, c’est de voir un « fils de Mgr Lefebvre » brandir contre l’ »accusé » un article du “Code de droit canonique” de 1983, dont le fondateur de La Fraternité lui-même avait dit qu’il était pire que la messe de Paul VI !

Quelle plus terrible condamnation anticipée peut-on voir, dans cette déclaration de Mgr Lefebvre, contre ceux de ses continuateurs supposés qui n’hésitent pas à se rallier à une ignominie post-conciliaire de plus pour mieux marginaliser et exclure un nouveau prêtre fidèle à la Tradition ?

Suite à cette publication, remarquée par beaucoup et relayée sans en indiquer la source « ignominieusement “sédévacantiste” »… le Forum Catholique va même jusqu’à écarquiller les yeux des incroyants :

* * *

Code de droit canonique de 1983 : la FSSPX face à un dilemme par Candidus
(2012-08-10 16:56:50)

La seule issue possible si l’on persiste à considérer le code de droit canonique promulgué par Jean-Paul II comme dangereux pour la foi et la morale, c’est le sédévacantisme. Une illustration de cette affirmation apparaît à l’occasion d’un article de L’Ami du Clergé, (1919, n° 45, pp. 956-958) qui traite de l’infaillibilité du Code de Droit Canonique.

En voici l’essentiel :

Q. — Le Saint-Père, en promulguant le Codex l’a-t-il revêtu de son autorité infaillible ?

[…] Quand ils énumèrent les différents objets sur lesquels peut s’exercer l’infaillibilité de l’Église et du Pape, les théologiens mentionnent les lois universelles de l’Église. D’après les explications qu’ils donnent, il s’agit des lois humaines, n’ayant donc pas de lien nécessaire avec la Révélation que l’Église a mission de garder et d’interpréter ; il s’agit de lois obligeant tous les fidèles, et non pas seulement tel ou tel particulier ou tel groupe de chrétiens. Tel est bien le Code, puisqu’il est le recueil des lois universelles de l’Église. Pour de telles lois, les théologiens ne réclament pas le privilège de la perfection absolue : on peut parfois, disent-ils, en concevoir qui seraient plus prudentes, plus sages ou plus opportunes. Ils ne revendiquent pas non plus le privilège de l’immutabilité […] Mais ce que les théologiens affirment, c’est qu’aucune de ces lois imposées par l’autorité suprême à l’Église universelle, ne peut rien contenir qui soit contraire à la foi ou aux mœurs.

L’impossibilité de cette opposition est une conséquence nécessaire des dogmes de l’infaillibilité et de la sainteté de l’Église, et se trouve clairement dans l’Écriture et dans l’enseignement des Conciles et des papes.

L’Église est infaillible dans son enseignement dogmatique et moral. En établissant des lois contraires à la foi et aux mœurs, l’Église inculquerait à tous ses fidèles une erreur pratique […]

Et cette erreur pratique, efficacement suggérée par l’Église à tous ses fidèles, se doublerait d’une erreur théorique de l’autorité ecclésiastique elle-même : car elle ordonnerait au nom de Dieu, du Christ ou des Apôtres, des actes impliquant une doctrine ou une morale que Dieu, le Christ et les Apôtres n’ont ni enseignée, ni prescrite.

Jésus-Christ a voulu que son Église fût sainte : il a demandé à son Père pour ses fidèles « afin qu’eux aussi soient sanctifiés dans la vérité. » Jean XVII, 19. ; il a déclaré que « les Portes de l’Enfer ne prévaudront point » contre l’Église. Mais si celle-ci ordonnait à tous ses fidèles des actes contraires à la foi ou à la morale, sa sainteté serait-elle autre chose qu’une illusion ou un mensonge ? L’Église du Christ ne serait-elle pas passée pratiquement sous le joug du démon ? Et comment pourrait-on dire qu’elle serait demeurée fidèle à la mission que le Christ lui a confiée par ces paroles : « leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé ». Matth. XXVIII, 20, alors qu’elle enseignerait aux hommes à observer des lois contraires aux préceptes du Christ ? Aussi saint Augustin donnait-il la même autorité à l’Écriture Sainte et aux pratiques adoptées par l’Église universelle ; mettre celles-ci en question « est d’une folie sans égale » écrit-il.

[ Et L’Ami du Clergé conclut : ]

Il est donc bien établi que le Code, en sa qualité de recueil officiellement promulgué des lois universelles de l’Église, est garanti contre toute erreur par l’autorité infaillible du Pape et de l’Église, en ce sens qu’il ne renferme aucune prescription qui puisse être contraire à la foi ou aux bonnes mœurs.

 

« les errances du nouveau droit canon, pour ne pas dire ses hérésies » Mgr Lefebvre par xanadu71
(2012-08-10 17:24:53)
[en réponse à 642503]

 

« Il est clair que dans des cas comme la liberté religieuse, l’hospitalité eucharistique autorisée par le nouveau droit canon […]

« Notre cri d’alarme était rendu plus véhément encore par les errances du nouveau droit canon, pour ne pas dire ses hérésies, et par les cérémonies et discours à l’occasion du 5e centenaire de la naissance de Luther. » […]

Mgr Marcel Lefebvre, Lettre aux catholiques perplexes, page 200 et suivant

 

la citation plus longue :

« Il est clair que dans des cas comme la liberté religieuse, l’hospitalité eucharistique autorisée par le nouveau droit canon ou la collégialité conçue comme l’affirmation de deux pouvoirs suprêmes dans l’Église, c’est un devoir pour tout clerc et fidèle catholique de résister et de refuser l’obéissance. Cette résistance doit être publique si le mal est public et représente un objet de scandale pour les âmes.

C’est pourquoi, nous référant à St. Thomas d’Aquin, nous avons envoyé le 21/11/1983, Mgr de Castro Mayer et moi, une lettre ouverte au Pape J.P. II pour le supplier de dénoncer les causes principales de la situation dramatique où se débat l’Église. Toutes les démarches que nous avons faites en privé depuis 15 ans sont demeurées vaines et nous taire nous semblait devoir faire de nous les complices du désarroi des âmes dans le monde entier. “T.S. Père, écrivions-nous, il est urgent que ce malaise disparaisse, car le troupeau se disperse et les brebis abandonnées suivent des mercenaires. Nous vous conjurons, pour le bien de la foi catholique et du salut des âmes, de réaffirmer les vérités contraires à ces erreurs”. Notre cri d’alarme était rendu plus véhément encore par les errances du nouveau droit canon, pour ne pas dire ses hérésies, et par les cérémonies et discours à l’occasion du 5e centenaire de la naissance de Luther. Nous n’avons pas eu de réponse, mais nous avons fait ce que nous devions. Nous ne pouvons pas désespérer comme s’il s’agissait d’une entreprise humaine, revenir un jour à la Tradition ; dans l’autorité du pontife romain, il faudra qu’apparaissent à nouveau les pouvoirs signifiés par la tiare, qu’un tribunal protecteur de la foi et des mœurs siège à nouveau en permanence, que les évêques retrouvent leurs pouvoirs et leur initiative. »

 

pour vérifier l’intégrité de ma citation :

http://www.fsspx.org/fr/category/bibliotheque-mediatheque/lettre-ouverte-aux-catholiques-perplexes/

* * *

FC : http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=642503