Archive for the ‘autorité’ tag
Entreprise Williamson m.g.r., démolition en tout genre
Retour en arrière sur l’entreprise de démolition en tout genre… Williamson m.g.r.
…avec le dernier papier (électronique !) de Monsieur l’abbé Hervé Belmont :
Mardi 4 mars 2014
Entreprise Williamson m.g.r., démolition en tout genre
par Abbé Hervé Belmont
Dans cinq articles récents de son blog Kyrie eleison (http://www.dinoscopus.org/), mgr Richard Williamson a entrepris une tâche qui dépasse manifestement ses compétences théologiques et qui donne à penser sur son adhésion à la doctrine catholique ; en effet, il porte à leur paroxysme les faux principes professés et mis en œuvre dans la fraternité Saint-Pie-X.
Il a dessein de réfuter les sédévacantistes – ce qui est un droit que personne ne lui conteste – sans même sembler se rendre compte que l’origine séparatiste de son épiscopat est mille fois plus problématique, puisqu’une telle origine est explicitement condamnée par l’Église, et qu’elle constitue un « attentat contre l’unité de l’Église » dixit Pie XII. Quoi qu’il en soit et indépendamment de cela, la diatribe williamsonienne échoue totalement, pour la simple raison qu’elle revient à nier la doctrine catholique et à vider le sens des textes dogmatiques pour les rendre inopérants : elle ne peut être que fausse et néfaste.
*
DEVITA HÆRETICUM HOMINEM – MGR WILLIAMSON COMBAT LE SÉDÉVACANTISME
Le combat contre le sédévacantisme est l’affaire principale des « pilotes » de la néo-Résistance… que ce soit l’abbé Chazal (nous l’avons vu et nous le reverrons encore prochainement) ou Monseigneur Williamson, qui n’en fini pas… tous essayent de justifier leur schisme en le camouflant derrière la plus grande infamie qui soit : dire « qu’il n’y a plus que des antipapes à Rome »… Le sédévacantisme !
Dernièrement, Mgr Williamson en est allé encore une (deux… trois !!!) fois de son couplet “anti-sédévacantiste” dans ses Commentaire Eleison n° 343, 344 & 345 et s’est en plus embrouillé avec Infaillibilité de l’Église !!!
Avant de voir sont combat “anti-sédévacantiste” commençons par son embrouille avec Infaillibilité de l’Église :
Abbé H. L. Roméro : “En tant qu’argentin, j’ai honte”…
Dans son sermon du 17 mars 2013, M. l’Abbé Héctor Lázaro Romero, à Rennes, déclare au sujet de l’élection de papeFrançois : « En tant qu’argentin, j’ai honte » !
La semaine dernière, nous avons assisté à des évènements très graves que les moyens de communication ont rapportés. Aux yeux du monde, le collège cardinalice a élu celui qui se fait appeler François. En tant qu’argentin, j’ai honte. Ce François, considéré comme un cardinal primat de l’Argentine et archevêque de Buenos Aires, était vraiment l’ami des ennemis de Notre-Seigneur. On l’a vu, lors des fêtes juives, à la synagogue de Buenos Aires, à côté du rabbin, kippa sur la tête, en train d’allumer le chandelier. Lors d’un “congrès charismatique” à Buenos Aires, en présence du prédicateur des exercices spirituels du Vatican, Bergoglio s’était mis à genoux devant des pasteurs protestants pour recevoir leur soit disant bénédiction. On l’a vu aussi, le soir de son élection, avant de donner la bénédiction à la foule, s’incliner vers elle pour qu’elle prie Dieu de le bénir lui-même ; c’est un geste inouï ! Dans ses premières paroles à la foule, il s’était présenté avec insistance comme “l’évêque de Rome” et il n’a pas prononcé, même pas une fois, le mot “Pape”, dans un autre geste inouï qui va dans le sens, toujours, de la destruction de l’autorité et de la collégialité épiscopale de Vatican II.
Il a pris le nom de François. Il y a une fable, comme les fables dites de La Fontaine, qui nous parle du roi Midas. Tout ce que touchait le roi devenait de l’or. Et bien les modernistes, tout ce qu’ils touchent, ils le salissent, ils le détruisent, et, permettez-moi l’expression, ils le pourrissent. Il a profané le nom d’un très grand saint : saint François d’Assise qui n’a rien à voir avec cette “fraternité universelle” dont il a parlé le soir de son élection, ni avec l’œcuménisme conciliaire, puisque saint François n’a pas hésité à aller dans les terres islamiques pour essayer de convertir le sultan, le roi musulman, en disant devant lui, sans peur et sans respect humain, pendant que les imams, entourant le sultan, serraient les dents de rage, que Jésus est le seul vrai Dieu et que pour sauver son âme, le sultan devait abandonner la fausse religion de l’islam.
Ni l’Église, ni saint François n’ont rien à voir non plus avec cette pauvreté qui va plus ou moins dans le sens de la Gauche. L’Église enseigne l’esprit de pauvreté et la pauvreté volontaire et condamne toute sorte de socialisme, de communisme, qui suppriment ou qui mettent en danger la propriété privée et qui montent les classes les unes contre les autres.
Pour tout cela, Jorge Bergoglio, François, n’est pas Pape, tout comme ses prédécesseurs de Vatican II, et ne peut pas être Pape, en vertu de l’assistance divine du Saint-Esprit qui est accordée à l’autorité légitime de l’Église. Et le Saint-Esprit, manifestement, n’est pas là, en ayant abandonné le Vatican, mes chers amis, depuis quelques décennies. Et on pourrait ajouter à tout cela, la question de son ordination sacerdotale avec le rit réformé qui est plus que douteux ((Nous nous disons INVALIDE !!!)). Ce n’est pas possible d’être en communion avec ces modernistes, avec François, avec la synagogue et les autres religions. Pensez à cela sérieusement. On ne peut pas être en communion avec ces gens-là, à la liturgie, à la messe, puisque la messe c’est tellement important pour nous, catholiques, puisque c’est le centre de notre vie. Du fait d’accorder de l’importance à cette question dépend la conservation de la Foi, pour nous, pour nos enfants, pour les générations futures.
Extrait du sermon de Monsieur l’Abbé Héctor Lázaro Romero, Rennes, le 17 mars 2013. Publié par notre confrère Clément LECUYER : http://www.catholique-sedevacantiste.com/article-sermon-de-mr-l-abbe-romero-concernant-la-nomination-de-bergoglio-en-tant-qu-argentin-j-ai-honte-116449159.html
Un monument de sophismes !
Un monument de sophismes !
Encore la démonstration que plus rien de vraiment catholique ne peut plus sortir de la F$$PX . Un astre mort ne donne plus de lumière et s’effondre sur lui-même : c’est un trou noir !!! Il aspire et attire encore tout ce qui a le malheur de s’approcher de lui de trop près : le mauvais, le très mauvais et le moins mauvais…
Ce malheureux Abbé Ortiz, malgré d’évidentes « bonnes intentions », nous en donne une magistrale démonstration dans ce long (encore un de plus !) document :
Abbé Juan Carlos Ortiz, (F$$PX) – La nouvelle “herméneutique” de Mgr Fellay – La Fraternité a-t-elle changé de position ?
SOURCE — Abbé Juan Carlos Ortiz, F$$PX — décembre 2012
Padre Juan Carlos Ortiz
Malgré certains discours récents qui se veulent rassurants, la Fraternité Saint Pie X continue de traverser la crise interne la plus grave, tant par sa profondeur que par son étendue, qu’elle ait jamais connue.
Cette crise est particulièrement grave car elle provient justement de graves défaillances, notamment de Mgr. Fellay et de ses deux Assistants, tant dans le domaine doctrinal que dans celui de la prudence. Voilà la cause principale du désarroi des membres de la Fraternité.
Certains sont tentés de croire que, puisque jusqu’à présent il n’a pas eu d’accord pratique avec Rome, le danger est passé… Mais il ne faut pas conclure si vite !
Malgré les apparences, les supérieurs de la Fraternité n’ont pas rétracté leur nouvelle conception sur le rôle que doit jouer la Tradition dans l’Église, et en particulier sur ses rapports avec l’église conciliaire. De plus, ils sont loin d’avoir assumé leur responsabilité personnelle dans cette crise interne due à leurs agissements imprudents.
Il est bon de se pencher de près sur deux aspects très importants de cette crise interne pour ne pas sous-estimer les effets néfastes qu’elle continue encore de produire dans la Fraternité et dans les rangs de la Tradition.
Le premier aspect, plus général, concerne le rôle capital que joue la Fraternité dans la résistance à l’église conciliaire et dans la sauvegarde de la Tradition Catholique. Si la Fraternité tombe, ce sera aussi le dernier bastion de la Tradition qui tombera.
Le deuxième aspect, plus spécifique, concerne le changement grave opéré par Menzingen à propos du rôle principal de la Fraternité face à cette crise de l’Église : il s’oppose nettement à celui que lui donnait Mgr Lefebvre.
Ce changement est cependant très subtil, et peut être difficile à percevoir pour certains, car tout en affirmant qu’ils ne veulent pas abandonner le combat doctrinal, ces supérieurs ont fait de la reconnaissance canonique la priorité essentielle de la Fraternité. Des aspects doctrinaux font certes encore partie de leur ordre du jour, mais ils sont placés au second plan. Ainsi, tout doit être « repensé » en fonction de cette nouvelle priorité.
Ce changement trahit chez eux un « légalisme » dont souffrirent toutes les communautés traditionnelles qui se sont ralliées à Rome depuis 1988. Comme eux, ils ont fini par se sentir « coupables » d’être exclus par l’église officielle, avec qui ils rêvent d’être « réconciliés » à tout prix.
Nous connaissions « l’herméneutique de la continuité » de Benoit XVI par laquelle il avait conçu une nouvelle interprétation qui voudrait intégrer l’église conciliaire dans la tradition de l’Église.
Les autorités de Menzingen, pour justifier leur changement de position, ont aussi conçu une nouvelle « herméneutique » ou « réinterprétation » du rôle principal de la Fraternité, par laquelle ils veulent intégrer la tradition dans l’église Conciliaire. (Mais oui M. l’Abbé… pour la convertir !!!!)
Cette herméneutique demande que l’on fasse une « relecture » déformée de ce que Mgr Lefebvre entendait comme prioritaire pour la Fraternité, par exemple, en ne citant que ce qu’il disait avant sa rupture avec Rome en 1988, ou ses paroles plus conciliantes sur les autorités officielles de l’église.
Ainsi donc, ce que l’on rejetait énergiquement autrefois de l’église conciliaire est maintenant « repensé » avec une optique d’acceptation, sinon totale, au moins « partielle » ou « sous certaines conditions » des idées conciliaires.
Il faut remarquer que les autorités de la Fraternité trahissent cette nouvelle attitude, plus par ce qu’ils ne disent pas sur les autorités conciliaires, par omission (péché par…), que par ce qu’ils disent d’elles.
À part quelques phrases ici ou là plus fermes (pour rassurer les plus « durs » chez nous), on constate depuis longtemps une attitude « positive » concernant les discours et agissements des autorités conciliaires, et en particulier de Benoît XVI.
Une preuve récente de ce « ramollissement » est sans doute le boycott par Menzingen des livres jugés trop « durs », écrits par Mgr Tissier et par M. l’abbé Calderón sur l’église conciliaire. Un autre exemple est le Symposium d’Angelus, du district des États-Unis, qui a choisi cette année comme thème « La Papauté », alors que nous commémorons le 50e anniversaire de l’ouverture désastreuse de Vatican II !
Certains pourraient alors se demander, pour quoi et de quel droit dénoncer cette nouvelle orientation dans la Fraternité ?
Je connais bien la Fraternité et son but, en étant membre prêtre depuis 28 ans. J’aime profondément la Fraternité dans laquelle je me suis engagé à vie. J’ai connu personnellement son Fondateur, qui m’a ordonné, et de qui j’ai toujours continué à étudier les écrits et les paroles. Et c’est par amour pour la Fraternité et par piété filiale envers Mgr Lefebvre, que je crois de mon devoir d’en parler publiquement. (Chassez l’affect chez les clercs, il revient toujours par la fenêtre !)
Il paraît évident que depuis plusieurs années il y a eu un changement fondamental, surtout chez Mgr Fellay et ses Assistants, quant au but principal de la Fraternité Saint Pie X dans ces temps de crise de l’Église : préserver intégralement la Tradition Catholique en combattant les ennemis de l’Église tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Le but fondamental de la Fraternité Saint Pie X dans cette crise de l’Église ne peut pas être changé, car il a été clairement tracé par son Fondateur dans beaucoup de ses écrits, homélies, conférences et agissements, surtout à partir de 1988. En conséquence, changer ce but dans des points importants serait s’écarter gravement de son Fondateur, et ainsi exposer la Fraternité à se suicider, en tombant entre les mains de la Rome moderniste, que la Fraternité combat depuis sa fondation. (= schisme patent et état d’esprit schismatique)
L’expérience nous montre que tous ceux qui se sont écartés de cette ligne tracée par Mgr Lefebvre ont fini par trahir le combat pour la Tradition.
Ce changement dans la Fraternité n’est nullement justifié, car ces dernières années nous n’avons vu dans l’église conciliaire aucun changement doctrinal ou pratique important dans le sens d’un retour réel à la Tradition par la condamnation des erreurs ou des reformes conciliaires.
Je voudrais appuyer ce que viens de dire en montrant comment les affirmations et agissements de Mgr Fellay et de ses Assistants sont totalement contraires à ce que Mgr Lefebvre a clairement affirmé. Et, même si Mgr Lefebvre n’en avait pas parlé explicitement, leurs changements s’opposent gravement au bien commun de la Fraternité et au simple bon sens.
1. UNE NOTION ERRONÉE DE LA VISIBILITÉ DE L’ÉGLISE.
Tout d’abord, il apparait très clairement que le point de départ de leur changement repose sur une notion erronée sur la visibilité de l’Église.
Dans leurs affirmations publiques ils décrivent la Fraternité comme « manquant » de quelque chose de fondamental en relation avec cette « visibilité » de l’Église. Ils parlent souvent de la Fraternité comme étant dans une situation « irrégulière », « anormale », « illégale », alors que tout cela, nous le savons, n’est qu’apparent.
L’abbé Pfluger affirme clairement cette erreur dans une interview récente : « Quant à nous, nous souffrons aussi d’un défaut, du fait de notre irrégularité canonique. Ce n’est pas seulement l’état de l’Église postconciliaire qui est imparfait, le notre l’est aussi. » Et plus loin : « L’obligation d’œuvrer activement pour surmonter la crise, ne peut être contestée. Et cette œuvre commence chez nous, en voulant surmonter notre état canonique anormal. » (Kirchliche Umschau, 17 octobre 2012)
Les autorités officielles de l’Église pendant des années ont stigmatisé la Fraternité de ces « défauts », au moyen d’accusations mensongères et des condamnations injustes, alors que nous savons, et l’avons montré clairement par nos écrits et par nos actes, que la Fraternité n’a jamais quitté le périmètre visible de l’Église Catholique ou commis aucun crime canonique. Par conséquent, nous n’avons pas besoin de surmonter un quelconque « handicap » ecclésial ou canonique en demandant d’être reconnus aujourd’hui par l’église conciliaire.
Sur ce point, ils répètent les mêmes affirmations erronées de Dom Gérard et des ralliés en 1988, auxquelles Mgr Lefebvre (conférence du 9 septembre 1988 ; Fideliter No. 66) et M. l’abbé Schmidberger (Fideliter No. 65) répondirent pertinemment peu de temps après le sacres des évêques.
Monseigneur Fellay à son tour affirmait récemment cette même erreur sur la nature de la vraie Église : « Le fait d’aller à Rome ne veut pas dire qu’on est d’accord avec eux. Mais, c’est l’Église. Et c’est la vraie Église. En rejetant ce qui ne va pas, il ne faut pas tout rejeter. Cela reste l’Église Une, Sainte, Catholique, Apostolique. » (Flavigny, 2 septembre 2012) (sans commentaires… !!!)
Cet affirmation étonnante contredit ouvertement ce que Mgr Lefebvre disait sur l’église conciliaire, dans la conférence citée plus haut : « … c’est nous qui avons les marques de l’Église visible. S’il y a encore une visibilité de l’Église aujourd’hui, c’est grâce à vous. Ces signes ne se trouvent plus chez les autres. » (Alors… aucune conclusion logique ?!!)
Et Mgr Lefebvre de répondre explicitement a Dom Gérard, qui invoquait comme raison pour se rallier à la Rome moderniste, la nécessité de rejoindre « l’Église visible », avec ces paroles : « Cette histoire d’Église visible de Dom Gérard est enfantine. C’est incroyable que l’on puisse parler d’Église visible pour l’Église conciliaire, par opposition à l’Église catholique que nous essayons de représenter et de continuer. » (Fideliter, n. 70 juillet-août 1989, p. 6)
2. OBTENIR NOTRE « LÉGITIMITÉ » DE L’ÉGLISE CONCILIAIRE.
Et comme conséquence de cette première erreur, ils affirment qu’il ne suffit plus à la Fraternité de reconnaître la validité de l’autorité du pape et des évêques actuels, ni de prier publiquement pour eux, ni de reconnaître certains actes légitimes (quand ils sont en accord avec la Tradition). Pour eux il faut « aller plus loin » et demander à l’église conciliaire de nous donner cette « légitimité » qui nous manquerait ! (Absolument, si c’est « l’Église visible » !!!)
Ici encore ils s’écartent ouvertement de Mgr Lefebvre qui affirmait que, tant que la crise de l’Église perdure, nous n’avons pas besoin de reconnaissance de l’église conciliaire, car la légitimité authentique sera un jour confirmée logiquement lorsque les autorités de l’Église seront retournées à la saine doctrine.
Mgr Lefebvre affirmait que nous n’avons pas besoin de l’église conciliaire pour nous donner une quelconque « légitimité » : « À quelle Église avons-nous affaire — moi je voudrais savoir, — si j’ai affaire à l’Église catholique, ou si j’ai affaire à une autre église, à une contre-église, à une contrefaçon de l’Église ?… Or je crois sincèrement que nous avons affaire à une contrefaçon de l’Église et non pas à l’Église Catholique. » (18 juin 1978)
3. NÉCESSITÉ D’UN ACCORD PUREMENT PRATIQUE.
Ensuite, en partant de leur double erreur, ils prônent la nécessité absolue d’un accord pratique avec les autorités actuelles, sans accord doctrinal préalable, contrevenant ainsi à ce que Mgr Lefebvre avait explicitement affirmé, surtout après 1988, et ce que le Chapitre Général (qui, rappelons-le, a plus d’autorité qu’eux) avait décidé en 2006.
Leur recherche actuelle d’un accord purement pratique est d’autant plus surprenante lorsqu’on sait que les discussions doctrinales récentes entre notre Commission Théologique et le Vatican sont arrivées à la conclusion qu’un accord doctrinal avec l’église conciliaire est impossible !
Rechercher donc pour la Fraternité un accord purement pratique avec la Rome actuelle, qui continue à être dans l’erreur, équivaut à une « opération suicide », car nous nous trouverions « intégrés » dans l’église conciliaire, dont toute la structure tient non seulement son origine du concile, mais est faite pour mettre en place les réformes conciliaires et postconciliaires. Nous savons suffisamment ce qui est arrivé aux huit communautés traditionnelles qui se sont ralliées à cette église conciliaire sans accord doctrinal préalable pour savoir qu’il nous arriverait inéluctablement la même chose…
Mgr Lefebvre plaçait clairement, surtout après les sacres d’évêques, comme condition préalable à tout dialogue futur avec l’église conciliaire, de résoudre d’abord la question doctrinale : « Je poserais la question au plan doctrinal : Est-ce que vous êtes d’accord avec les grandes encycliques de tous les papes qui vous ont précédés ? … Est-ce que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs affirmations ? Est-ce que vous acceptez encore le serment anti-moderniste ? Est-ce que vous êtes pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Si vous n‘acceptez pas la doctrine de vos prédécesseurs, il est inutile de parler. Tant que vous n’aurez pas accepté de réformer le Concile en considérant la doctrine de ces papes qui vous ont précédés, il n’y a pas de dialogue possible. C‘est inutile. Les positions seraient ainsi plus claires. » (Fideliter n°66, nov.-déc. 1988, p. 12-13)
4. LE MIRAGE DE « FAIRE UN PLUS GRAND BIEN. »
Ensuite, et afin de trouver une justification « positive » pour négocier avec la Rome conciliaire, ils affirment que cet accord purement pratique permettrait de faire un plus grand bien, car en étant « dans l’église visible » ils pourront convertir l’église conciliaire à la Tradition… C’est exactement le même argument qu’utilisèrent Dom Gérard et les prêtres de Campos pour justifier leur ralliement à la Rome conciliaire !
Notre Fondateur répondait dans une interview à cette perspective trompeusement « optimiste » avec beaucoup de réalisme en disant que : « Se mettre à l’intérieur de l’Église, qu’est-ce que ça veut dire ? Et d’abord de quelle Église parle-t-on ? Si c’est de l’église conciliaire, il faudrait que nous, qui avons lutté contre elle pendant vingt ans parce que nous voulons l’Église catholique, nous rentrions dans cette église Conciliaire pour soi-disant la rendre catholique ? C’est une illusion totale ! ce ne sont pas les inférieurs qui changent les supérieurs, mais les supérieurs qui changent les inférieurs. » (Fideliter No. 70 Juillet-août 1989)
Et les faits nous montrent que le peu de bien que les ralliés ont pu faire depuis 1988 ne justifie pas le plus grand mal qu’ils ont fait en abandonnant leur critique des erreurs conciliaires et de la nouvelle messe, en justifiant les agissements des papes postconciliaires, etc.
5. DES CONDITIONS PRÉALABLES SUFFISANTES ?
Encore, pour justifier cet accord, ils affirment que des conditions préalables, comme celles fixées par le dernier Chapitre général de juillet 2012, seraient suffisantes pour ne pas tomber dans les mêmes pièges que les communautés ralliées.
Mais, à part le fait que ces conditions sont irréalistes et insuffisantes pour nous protéger contre une « assimilation » et une « neutralisation » par l’église conciliaire, le Chapitre général a oublié les deux conditions les plus importantes, clairement demandées par Mgr Lefebvre : la conversion des autorités officielles de l’église, c’est à dire, par leur condamnation explicite des erreurs conciliaires, et d’être exemptes du nouveau code de droit canon.
Mgr Lefebvre avait affirmé que même si la Rome moderniste nous accordait certaines conditions préalables, ce serait insuffisant pour signer un accord avec eux. Voici ce qu’il dit au Card. Ratzinger : « Éminence, voyez, même si vous nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, si vous nous accordez de continuer les séminaires et la Fraternité, comme nous le faisons maintenant, nous ne pouvons pas collaborer, c’est impossible, impossible, parce que nous travaillons dans deux directions diamétralement opposées : vous, vous travaillez à la déchristianisation de la société, de la personne humaine et de l’Église, et nous, nous travaillons à la christianisation. On ne peut pas s’entendre. » (Retraite à Écône, 4 septembre 1987)
Aussi Mgr Lefebvre mettait la conversion de Rome comme condition essentielle pour faire un accord lorsqu’il adressait ces paroles aux quatre futurs évêques : « …confiant que sans tarder le Siège de Pierre sera occupé par un successeur de Pierre parfaitement catholique, en les mains duquel vous pourrez déposer la grâce de votre épiscopat pour qu’il la confirme. » (29 août 1987)
Et concernant le Code de droit canon, que Mgr Lefebvre disait être « pire que la réunion d’Assise », comment garderions-nous notre identité en continuant notre combat, si nous nous trouvons sous le régime la loi commune de l’église conciliaire qui est le nouveau Code de droit canon ? Ne voient-ils pas que le nouveau code a été précisément fait pour appliquer les reformes conciliaires et non pas pour sauvegarder la Tradition ?
6. VATICAN II EST SURMONTABLE !
Et pour surmonter l’impasse doctrinale qui représente le Concile Vatican II et le « magistère » post-conciliaire, on a vu partout dans leurs conférences, sermons et interviews un dessin explicite et répété de minimiser les erreurs conciliaires, afin de préparer les esprits à la réconciliation avec la Rome conciliaire.
N’a-t-on pas écouté avec stupéfaction Mgr Fellay, dans une interview au Catholic News Service, affirmer que « Le concile présente une liberté religieuse qui est en réalité très, très limitée ; très limitée » ? Et aussi affirmer que la conclusion des discussions doctrinales avec Rome était que « nous voyons que beaucoup de choses que nous aurions condamné comme étant du concile, en réalité ne sont pas du concile, mais qui viennent d’une compréhension commune de celui-ci. » ! Ou encore : « Le concile doit être mis DANS la grande Tradition de l’église, doit être compris à l’intérieur de celle-ci, et en relation avec celle-ci. Ce sont des affirmations avec lesquelles nous sommes totalement d’accord, totalement, absolument. » (11 mai 2012)
Et le seul texte (incomplet) connu du dernier préambule doctrinal qu’ils présentèrent à Rome en avril, et donné par l’abbé Pfluger dans une conférence, trahit non seulement le même désir de minimiser les erreurs conciliaires mais même de les accepter : « …l’entière Tradition de la foi catholique doit être le critère et le guide de compréhension des enseignements du Concile Vatican II, lequel à son tour éclaire certains aspects de la vie et de la doctrine de l’Église, implicitement présents en elle, non encore formulés. » (St Joseph des Carmes, 5 juin 2012)
Le fait qu’ils aient laissé passer la réunion interreligieuse d’Assise III sans la condamner énergiquement n’était-il pas aussi un signe révélateur ? Ils ont même demandé à certains membres de la Fraternité de ne pas le faire.
Et, ce qui est plus inquiétant, c’est que cette minimisation des erreurs du concile semble venir de loin… puisque Mgr Fellay affirmait déjà en 2001 (!) dans une interview que : « Accepter le concile ne nous fait pas problème, » « Cela donne l’impression que nous rejetons tout de Vatican II. Or, nous en gardons 95%. » (Quotidien suisse La Liberté, 11 mai 2001)
Au lieu d’écouter des avertissements répétés leur demandant de ne pas signer un accord pratique, ils ont dédaigneusement répondu à la lettre des trois évêques avec des paroles très dures… en insinuant qu’ils étaient « sédévacantistes », « schismatiques » et qu’ils transformaient les erreurs de Vatican II en « super hérésies. »
La liste serait trop longue pour citer d’autres affirmations de Menzingen qui vont dans le sens d’un affaiblissement de leurs positions doctrinales. On constate également un affaiblissement de la doctrine chez d’autres membres la Fraternité qui sont en faveur des accords. J’ai pu voir comment certains confrères, que je connaissais comme étant fermes dans leur condamnation du concile et des papes postconciliaires, ont maintenant des positions « édulcorées » et sont très en faveur d’un ralliement à la Rome moderniste…
7. GRAVES ERREURS CONTRE LA PRUDENCE.
En plus de leurs erreurs au niveau des principes, on peut constater des erreurs graves de jugement, qui ont été aussi la cause de la division interne la plus grave, en profondeur et en extension, que la Fraternité n’ait jamais connue.
Par des agissements imprudents, ils ont préféré sacrifier l’unité et le bien commun de la Fraternité pour suivre l’ordre du jour de la Rome moderniste, comme ils l’ont affirmé dans leur réponse à la lettre aux trois autres évêques de la Fraternité : « Pour le bien commun de la Fraternité nous préfèrerions de loin la solution actuelle de statu quo intermédiaire mais manifestement Rome ne le tolère plus. » (14 avril 2012)
Mgr Fellay indiqua aussi qu’il était presque « inévitable » qu’une partie de la Fraternité ne suivrait pas au cas d’un accord avec Rome : « Je ne peux pas exclure qu’il aurait peut-être une scission [dans la Fraternité]. » (Interview au Catholic News Service) et prit ainsi le risque de diviser gravement la Fraternité.
Ils ont donc préféré agir sans tenir compte des avertissements des trois autres évêques, de certains supérieurs et membres de la Fraternité et même des communautés traditionalistes amies, qui leur demandaient de ne pas signer un accord purement pratique.
Cette attitude a profondément choqué beaucoup de membres de la Fraternité et créé une division interne qui a gravement miné leur crédibilité à la gouverner, et de même, parmi les communautés amies, la confiance est toujours bien diminuée.
8. QUI A TROMPÉ QUI ?
Quand on entend leurs explications (excuses ?) depuis quelques mois à propos des supposées « vraies raisons » qui les ont emmenés si loin dans leurs concessions à la Rome moderniste, on s’aperçoit que ce ne sont pas tellement les autorités romaines qui les ont trompé, mais qu’ils se sont trompés eux-mêmes ! Car s’ils ont décidé, imprudemment, d’écarter les réponses qui leur venaient des canaux officiels du Vatican, concernant la vraie pensée du pape, pour privilégier d’autres canaux soi-disant « officieux » : cela n’améliore pas leur réputation de supérieurs prudents…
Ainsi ils ont refusé de voir que tout ce que ces canaux « officieux » leur disaient était soit des commérages, soit de la manipulation, car leur désir d’arriver à un accord était devenu tellement une « obsession », qu’ils ont fini par tout croire ! À qui la faute ? à eux-mêmes !
Comment, dans un domaine si grave, ont-ils pu agir d’une façon si légère ? Dans n’importe quelle institution, même séculière, un tel agissement conduit inéluctablement à la démission des responsables, car la confiance a été trop atteinte. « On prend ses responsabilités », comme l’abbé Pfluger menaçait de le faire si les accords échouaient…
Au fait, s’ils n’ont pas donné leur démission, c’est parce qu’ils continuent à croire aux accords. Ils n’ont toujours pas tiré les leçons de leurs agissements ! Il est évident que, malgré certains obstacles, eux-mêmes et le Vatican feront tout pour « ressusciter » les conversations. L’expulsion de Mgr Williamson apparaît ainsi clairement comme un « signal révélateur » pour relancer les conversations, parce que cette expulsion était, au moins pour le Vatican, une condition sine qua non pour un accord.
En outre, nous trouvons chez Mgr Fellay un manque grave de jugement pratique sur les idées fausses du pape. Comment peut-il imaginer que Benoît XVI serait prêt à nous reconnaître « en laissant de côté notre acceptation du concile », comme il le lui a écrit en juin 2012 ? Ne savent-ils pas que le concile est « non-négociable » pour la Rome moderniste ? Est-ce naïveté de sa part, ou simplement prendre ses désirs pour des réalités ? En tout cas, en cela il manque gravement à la prudence dans des matières doctrinales.
9. DES PERSÉCUTIONS INJUSTES.
Et finalement, pour comble d’aveuglement et d’entêtement sur la voie de la « réconciliation » avec la Rome moderniste, ils ont entrepris des persécutions injustes, afin de supprimer toute opposition aux accords, autant au dedans qu’en dehors de la Fraternité. Depuis on a vu toute une série d’intimidations, de monitions, de mutations, de retardements aux ordres, d’expulsions de prêtres et même de l’un de nos évêques !
Ils persécutent et renvoient implacablement des personnes qui s’opposent à leur ralliement avec la Rome moderniste, et en même temps ils affirment cyniquement qu’ils ont l’intention de continuer à faire opposition… à l’intérieur de l’église officielle une fois qu’elle les aura reconnu !
En fin de comptes, ils ont établi un gouvernement autoritaire, voire une véritable dictature dans la Fraternité, afin d’écarter tout obstacle qui s’oppose à leurs plans de ralliement à la Rome moderniste.
Ainsi donc, nous voyons comment Mgr Fellay et ses Assistants ont changé radicalement les principes et buts fondamentaux de la Fraternité établis par notre Fondateur dans cette crise de l’Église. Ils ont passés outre les décisions importantes du chapitre général de 2006, qui interdisait un accord pratique avec l’église officielle sans accord doctrinal préalable. Ils ont sciemment ignoré les avertissements des personnes prudentes qui leur conseillaient de ne pas passer d’accord pratique avec la Rome moderniste. Ils ont porté atteinte à l’unité et au bien commun de la Fraternité en l’exposant à un danger de compromis avec les ennemis de l’église. Et enfin, ils se contredisent eux-mêmes en affirmant le contraire de ce qu’ils ont dit il y a à peine quelques années !
Ils ont donc trahit l’héritage de Mgr Lefebvre, les responsabilités de leurs charges, la confiance de milliers de personnes et même de ceux qui, trompés par eux, continuent à leur faire confiance.
Ils ont manifesté une volonté déterminée d’emmener la Fraternité, coûte que coûte, au ralliement avec nos ennemis.
Peu importe si les accords avec l’église conciliaire ne sont pas encore conclus aujourd’hui, ou ne se feront pas dans l’immédiat, ou jamais… un danger grave demeure pour la Fraternité, car ils n’ont pas rétracté les faux principes qui ont guidé leurs agissements destructeurs.
Je constate aujourd’hui avec douleur qu’en voulant en quelque sorte identifier abusivement leurs jugements et décisions avec la Fraternité elle-même, ils ont fini par la confisquer, comme si elle était leur propriété personnelle, oubliant qu’ils n’étaient que des serviteurs nommés pour un temps déterminé.
Ce constat est d’autant plus douloureux et inquiétant, lorsqu’on sait que de la fidélité de la Fraternité à sa mission dépend le salut de tant d’âmes et aussi la restauration de l’Église toute entière. Que Dieu ait pitié de la Fraternité ! (Non ! Dieu aura peut-être pitié de certains clercs et fidèles, mais Il n’aura pas pitié de la Fraternité, parce que c’est impossible !)
Source : http://nonpossumus-vcr.blogspot.fr/2012/12/una-nueva-voz-se-levanta-habla-el-padre.html
* * *
Et bien sûr, Max Barret trouve cela bien !…
De : MAX BARRET <barret.max@free.fr>
Date : 10 décembre 2012 15:37
Objet : Information
Veuillez trouver en pièce jointe une étude fort importante de M. l’abbé Juan Carlos Ortiz (FSSP X).
L’abbé Ortiz fait preuve d’un grand courage pour publier cette analyse car il risque l’exclusion de la Fraternité dont il est un prêtre fidèle depuis 28 ans. Le fait est devenu courant. Il fut l’un des deux prêtres qui découvrirent la supercherie d’une « prêtresse » suisse… qui faisait l’admiration de Mgr Fellay ! Je puis envoyer la narration de cette lamentable aventure à ceux qui me le demanderont.
Les “enjeux” : toujours les mêmes ! N’apprendront-ils jamais ?
Nous nous livrons ici une très bonne étude de Monsieur l’abbé Sanborn (aujourd’hui Monseigneur) sur le fonctionnement de la F$$PX à son début et sous les années Lefebvre.
Cette étude, écrite en 1994, est toujours d’actualité (remplacez simplement Wojtyla par Ratzinger) et nous éclaire sur le paradoxe du lefebvrisme “durs”-“mous”, de ses conflits d’intérêt et sur la diplomatie de Mgr Lefebvre. Les deux faces (ou aspects) de Mgr Lefebvre…
« …les deux aspects de Monseigneur Lefebvre, celui de la foi et celui de la diplomatie, pouvaient se manifester simultanément, parfois le même jour, dans ses déclarations, dans ses prises de position et dans ses actes. »
« Monseigneur Lefebvre a pourvu ses prêtres de tout, excepté de la théologie adéquate pour distinguer les ennemis de l’Église ; il a formé une armée qui ne sait pas où est l’ennemi. Ils combattent pour la “reconnaissance” par les “autorités” modernistes. Ils cherchent à être absorbés par les Philistins, pas à les vaincre. Ils veulent travailler avec le modernisme à l’intérieur de Vatican, et non l’en extraire. Ils combattent pour la coexistence avec les modernistes, pour le partage de la même Église avec les hérétiques. »
« La raison pour laquelle la Fraternité poursuit la voie de la négociation avec les modernistes, avec pour but ultime d’être absorbée par eux, c’est qu’elle considère que Wojtyla a l’autorité papale. Elle sent la nécessité de se soumettre à lui, d’être reconnue par lui, pour être soumise au Christ, pour être reconnue par le Christ. Car l’autorité papale est l’autorité du Christ. »
Et comme le note Louis-Hubert Remy en fin de l’article : Bon article dans son analyse mais avec toujours les mêmes erreurs. Cet appel de 1995 n’a reçu aucune réponse. Pourquoi ? Arbre sans fruit ? Dieu n’attend rien de ces prêtres.
Les notes sont de Louis-Hubert Remy.
Les “enjeux” : toujours les mêmes ! N’apprendront-ils jamais ?
La Montagne de Gelboé
Par M. l’abbé Donald. J. Sanborn
Sodalitium n° 39 (juin-juillet 1995), p. 33-46.
Nous publions ici, dans une traduction française réalisée par nos soins, l’article paru dans le numéro XII de Sacerdotium (Pars æstiva 1994, pp. 1 à 43) et intitulé “The Mountains of Gelboe”. Notre but n’est absolument pas de faire de la polémique vis-à-vis de la Fraternité, de ses membres ou de ses fidèles. L’article de l’abbé Sanborn, autrefois membre important de cette même Fraternité en qualité de directeur du séminaire des États-Unis, se veut un simple document, le témoignage d’un prêtre qui se rend compte du rôle capital que la Fraternité pourrait tenir dans la défense de la foi catholique, rôle qu’elle ne tient pas, hélas, comme elle le pourrait à cause d’une contradiction doctrinale qu’elle traîne avec elle depuis sa fondation.
Sodalitium a déjà présenté à ses lecteurs de nombreux articles sur l’œuvre fondée par Monseigneur Lefebvre, entre autres celui d’un autre prêtre ayant appartenu à la Fraternité, l’abbé Belmont ; il s’agissait d’un article de caractère plus doctrinal et moins descriptif (cf. Sodalitium, n° 33, pp. 49 à 52).
L’article de l’abbé Sanborn, par contre, aborde le problème d’un point de vue pour ainsi dire historique et sera peut-être plus facilement compris par les lecteurs. Dans cet article de nombreuses expressions sont propres au style de son auteur ; différentes par conséquent de celles que Sodalitium utilise couramment, spécialement ces dernières années. Mais l’article conserve toute sa force de témoignage et une grande logique de fond. Il a été publié avant l’élection du nouveau supérieur général de la Fraternité et dans cette perspective. Le fait que l’abbé Schmidberger n’est pas été reconfirmé dans sa charge ouvre peut-être une porte à l’espoir.
Que les membres et les fidèles de la Fraternité Saint Pie X répartis dans le monde ne s’offensent donc pas de la publication de ces lignes mais les regardent comme une occasion de réflexion sur la situation actuelle et sur les fondements doctrinaux des décisions à prendre et, pourquoi pas, comme une occasion de débat entre eux et avec les opposants aux réformes conciliaires.
Sodalitium
À la fin du Premier Livre des Rois, on peut lire la terrible défaite de l’armée israélienne après une bataille désespérée contre les Philistins. Leur roi Saül était distrait par une obsession de longue date, tuer David, et ce pour la simple et unique raison que David l’avait défait au combat. Prise au dépourvu, l’armée israélienne [1] fut massacrée ; Saül, mortellement blessé, se suicida en se laissant tomber sur son épée. Tout cela se passait sur la montagne de Gelboé. Cependant les Philistins combattaient contre Israël ; et les hommes d’Israël s’enfuirent devant les Philistins, et tombèrent morts sur la montagne de Gelboé (I Rois, XXXI, 19).
David qui n’avait pas pris part à la bataille fut submergé par le chagrin. Il pleurait Saül son persécuteur parce que c’était son roi. Il pleurait Jonathan son plus cher ami. Il pleurait les hommes valeureux d’Israël tombés sur la montagne. Les illustres, ô Israël, ont été tués sur tes montagnes : comment des forts sont-ils tombés (II Rois, I, 19) ?
Le compositeur George Hændel a mis en musique cette scène dramatique de l’Ancien Testament dans l’oratorio intitulé Saül. Ces paroles aux sombres accents d’hymne funèbre, pleurent la perte de la vaillante jeunesse d’Israël :
Pleure Israël, pleure ta beauté perdue
Le meilleur de ta jeunesse fauché à Gelboé !
Tes plus beaux espoirs évanouis !
Quel amoncellement de puissants guerriers sur la plaine !
Chaque année, en juin et juillet, le prêtre en lisant son bréviaire récite à plusieurs reprises la complainte de David sur les événements de Gelboé :
Montes Gelboë nec ros nec pluvia veniant
Super vos, ubi ceciderunt fortes Israël.
Montagnes de Gelboé, que ni pluies ni rosées ne viennent sur vous, là où sont tombés les braves d’Israël.
Là où sont tombés les braves d’Israël
Lorsque l’on considère qu’Israël dans l’Ancien Testament est la préfiguration de l’Église Catholique dans le Nouveau, et que les Philistins, ennemis de longue date des Israélites sont une préfiguration des ennemis de l’Église, il est difficile de ne pas faire la comparaison avec notre époque.
Jamais l’Église n’a été aussi harcelée par ses ennemis ; jamais avec autant de succès. Jamais auparavant l’Église n’avait mené un combat aussi décisif contre ses ennemis. C’est vraiment pour elle la montagne de Gelboé.
La bataille est féroce. Les Philistins sont les modernistes naturellement. Les Israélites sont les catholiques fidèles à leur sainte Foi. Là les Philistins s’étaient réunis en une force terrible pour répondre à l’humiliation subie avec le meurtre de Goliath ; à notre époque ce sont les modernistes, humiliés sous le règne de saint Pie X, qui ont assailli l’Église avec une vigueur nouvelle.
Cependant les braves d’Israël – les Catholiques fidèles – tombent peu à peu, massacrés dans ce funeste combat.
La constitution d’une grande armée
Un dimanche de novembre 1964, au retour de la Messe dominicale, je me rappelle avoir été sérieusement démoralisé. C’était le premier dimanche de l’Avent, et les premiers changements opérés par Paul VI avaient été introduits dans la Messe. Plus de prières au bas de l’autel, plus de dernier Évangile. La Messe dialoguée avait été introduite, et quelques hymnes aux consonances protestantes avaient résonné à nos oreilles. Toutes choses qui ont été largement dépassées par les standards actuels d’aberration liturgique ; mais instinctivement, je me rendis compte alors que quelque chose de profond n’allait vraiment pas dans l’Église Catholique. Malgré mes quatorze ans, je sentis que la religion protestante s’était infiltrée dans l’Église Catholique [2].
Ma vie ne devait plus jamais être la même. Le désarroi intérieur provoqué en moi par les changements ne fit qu’empirer avec le temps. Les changements s’ajoutaient les uns aux autres ; l’Église – ou ce qui semblait l’être – était toujours plus protestantisée.
En 1967 j’entrai au séminaire diocésain pour suivre mes études secondaires. Naïvement j’avais pensé que le séminaire serait un paradis d’orthodoxie et de conservatisme par rapport à la paroisse libérale. En fait, à ma grande tristesse, je découvris dès le premier jour que c’était tout le contraire. Je me rappelle avoir été horrifié en entendant des séminaristes plus âgés réclamer le mariage pour les prêtres entre autres changements libéraux.
Vers 1970 je compris que je ne serais jamais capable de tenir une fonction dans le contexte de Vatican II, de sa religion du futur. Je me rendis compte alors de ce qu’allait devenir la religion du Novus Ordo – exactement ce qu’elle est maintenant. Les séminaristes libéraux de cette époque sont maintenant prêtres ou évêques, et il faut s’attendre à bien davantage encore de leur part.
Avec quelques autres séminaristes nous nous sommes mis à la recherche de diocèses plus conservateurs. En ce temps-là tout ce que nous recherchions ou espérions était un certain conservatisme, un petit abri où résister à la tempête du libéralisme. Presque tous les conservateurs pensaient que l’orage serait bientôt passé, à partir du moment où le Saint-Père, Paul VI à l’époque, aurait réalisé ce que tramaient les méchants libéraux, et les aurait châtiés.
Nous pensions tous : Le Saint-Père ignore tout de ce qui se passe – voilà quelle est la raison du libéralisme. Chaque année le séminaire devenait plus libéral ; et tous les ans je me disais : “C’est pour l’an prochain, ça va craquer”. Ça n’a jamais craqué.
Dans la tête de tout conservateur il y avait toujours l’idée implicite que les libéraux étaient de vrais catholiques, mais qu’ils se laissaient entraîner. Une fois qu’ils auraient vu que les changements n’allaient pas, ils feraient marche arrière.
C’est au cours de ces années-là qu’avec d’autres séminaristes, nous nous mîmes à fréquenter la Fordham University dans le Bronx pour écouter les conférences du Dr von Hildebrand sur les changements.
Je fus introduit par le Dr William Marra, bien connu aujourd’hui. Je lisais également le magazine Triumph et toutes les publications traditionnelles ou conservatrices sur lesquelles je pouvais mettre la main. Mais rien n’y faisait. Tout allait de mal en pis.
Finalement, fin 1970, un de mes camarades séminaristes eut l’idée d’écrire à The Voice, journal traditionnel publié dans le nord du comté de New-York, pour demander si quelqu’un aurait entendu parler de l’existence d’un séminaire traditionnel quelque part dans le monde. La lettre fut publiée. Un prêtre du nom de Father Ramsey répondit. Il disait ne rien connaître de valable aux États-Unis, mais il avait entendu parler d’un petit séminaire tout récemment fondé, en Suisse, par un Archevêque français. En outre, cet Archevêque devait venir aux États-Unis au printemps prochain.
Intéressé évidemment, j’écrivais à cet Archevêque et, assez rapidement, recevais une aimable réponse. Il venait en mars et serait heureux de me rencontrer ainsi que d’autres séminaristes intéressés. Cette rencontre avec Monseigneur Lefebvre eut lieu à New-York le lundi 15 mars 1971. Encore une fois ma vie prenait un tournant décisif.
Cette conversation avec Monseigneur Lefebvre contenait en germe toutes les forces et tous les problèmes qui seraient le partage du mouvement traditionnel dans le futur.
Son Excellence était en chemin pour Covington, Kentucky, où elle devait rencontrer un autre membre de la Congrégation du Saint-Esprit, l’Évêque de Covington.
L’Archevêque entama la conversation en nous montrant l’approbation qu’il avait obtenue du Diocèse de Fribourg pour la Fraternité. Il était donc clair qu’il avait l’intention de travailler à l’intérieur de la structure du Novus Ordo. À l’époque aucun d’entre nous n’aurait jamais pensé agir diversement – nous cherchions seulement un refuge, un endroit où pouvoir être catholique et nous occuper de nos propres affaires.
Dans la suite de la conversation cependant, Monseigneur Lefebvre expliqua qu’il était nécessaire de conserver la Messe Latine exclusivement, et que c’était la messe en usage dans son séminaire. Quoiqu’heureux à l’idée de retrouver la Messe Latine traditionnelle, car je haïssais la Nouvelle Messe, l’idée de conserver la traditionnelle me troublait. Considérant que Paul VI était le Pape, ce que nous pensions tous à l’époque, comment pouvais-je lui résister sur ce point ? Je me rappelle que l’un des séminaristes lui souleva cette objection.
L’Archevêque donna une vague réponse concernant sa légalité, et il insista davantage sur la nécessité de conserver la Messe traditionnelle pour sauvegarder la Foi. Il avait évidemment raison mais la question de la légalité demeurait, déconcertante et troublante.
Cette conversation faisait présager tous les événements qui se dérouleraient par la suite. Le désir de collaborer avec le Novus Ordo allait finalement entrer en conflit avec la résolution de maintenir la Messe traditionnelle et la Foi Catholique en général. L’Archevêque, et avec lui la Fraternité, allait passer vingt-cinq ans d’agonie à essayer de marier ces deux éléments contradictoires : le Novus Ordo et la Foi Catholique. Et parce que le Novus Ordo est promulgué par le “pape”, l’Archevêque et la Fraternité chercheront une voie moyenne impossible entre reconnaître en lui l’autorité du Christ et résister en lui à l’autorité du Christ.
Ces deux tendances contradictoires de Monseigneur Lefebvre, travailler avec le Novus Ordo d’un côté et de l’autre préserver la Foi Catholique, seront à l’origine des deux factions qui prendront naissance à Écône : la ligne des “mous”, les libéraux qui préféreront le compromis avec la Foi Catholique dans le but d’obtenir l’approbation du Novus Ordo, et la ligne des “durs” qui préféreront abandonner tout espoir d’approbation de la part du Novus Ordo plutôt que de compromettre la Foi.
Comme je le disais il y a dix ans dans un article intitulé The Crux of the Matter, Monseigneur donna aux deux factions des motifs d’espérance. Certaines déclarations et certains actes se rangeaient du côté des “mous”, d’autres du côté des “durs”. Le résultat fut que chaque parti pouvait se vanter d’être l’interprète des idées et des tendances de Monseigneur.
En fait celui-ci suivait une voie qui n’était ni celle de l’un ni celle de l’autre parti. La méthode qu’il préconisait pour résoudre la crise de l’Église consistait à mettre sur pied une grande armée de prêtres traditionalistes qui seraient envoyés partout dire la Messe ; par leur Messe et leur apostolat ils auraient attiré les catholiques. Le Novus Ordo périra faute de vocations, pensait-il, et rapidement le Vatican et les évêques devront capituler devant le fait que les seuls prêtres à demeurer seront traditionalistes. Bon gré mal gré ils devront retourner à la tradition. Par ailleurs, Monseigneur sentait qu’il était absolument nécessaire de préserver la doctrine catholique, la liturgie et la pratique et par conséquent de résister à l’autorité du Novus Ordo, c’est-à-dire, en particulier à Paul VI.
De ce double propos naquit la seule solution possible : “le filtrage”. Reconnaître l’autorité du Novus Ordo comme l’autorité catholique, mais passer au filtre ses doctrines, ses lois et sa liturgie pour retenir ce qui est catholique et rejeter ce qui ne l’est pas.
Aussi Monseigneur Lefebvre chercha-t-il à former des séminaristes qui acceptent cette solution et, bien entendu, regardent la Fraternité – c’est-à-dire lui – comme l’autorité habilitée à jouer ce rôle de “filtre”. C’est ainsi que prit naissance le “culte de Monseigneur”. Incapables de résoudre le problème de l’autorité, les séminaristes considéraient Monseigneur Lefebvre comme le porte-parole exceptionnel de Dieu dans cette crise. Rome n’était plus un problème du moment que Monseigneur était là pour en interpréter la pensée et pour nous conduire entre les divers obstacles modernistes qu’elle suscitait.
De 1970 à 1975, ces trois courants, ligne des “durs”, ligne des “mous” et ligne de Monseigneur se développèrent parallèlement et n’eurent que de rares accrochages d’ordre mineur. Les “durs” faisaient connaître ouvertement leurs opinions sédévacantistes vis-à-vis de Paul VI. Ils ne voyaient pas non plus la nécessité de cacher leur allégeance au Bréviaire et aux rubriques de Saint Pie X, et partout dans le séminaire, on pouvait voir des séminaristes avec ces bréviaires.
En classe, les “durs” bataillaient contre les professeurs de tendance moderniste [3] ; un certain anglais bien connu, maintenant évêque, menait la troupe. Les “mous” défendaient les professeurs et harcelaient les “durs”. Monseigneur Lefebvre restait généralement en dehors.
En 1974, le Vatican décida d’effectuer une enquête sur Écône et envoya des Visiteurs interviewer enseignants et séminaristes. Prévoyant que le rapport serait mal reçu, Monseigneur Lefebvre fit sa fameuse Déclaration qui plut beaucoup aux “durs” et fut un coup pour les “mous”. Un an plus tard, en mai 1975, Paul VI interdisait la Fraternité. Monseigneur Lefebvre décida de résister et maintint ouvert son séminaire d’Écône. Les “durs” jubilaient, pleins d’enthousiasme pour cette nouvelle guerre ouverte avec le modernisme plus particulièrement localisé au Vatican. Ils n’avaient rien à faire de l’interdiction, considérant les actes de Paul VI comme nuls et non avenus.
Pour les “mous” c’était la tempête. Beaucoup quittèrent Écône. Ceux de la ligne de Monseigneur se turent et continuèrent loyalement à le suivre.
Les événements, de 1975 à 1978, firent présager le triomphe des “durs”. Monseigneur semblait abandonner tout espoir, et même tout désir de se réconcilier avec le moderniste Montini. Il parlait de l’église de Vatican II comme d’ “une église schismatique” et de la nouvelle Messe comme d’une “Messe bâtarde”. À ce moment-là il semblait que la dichotomie du Monseigneur Lefebvre des années précédentes se soit résolue avec la décision logique et cohérente de poursuivre la guerre avec le Novus Ordo. La Fraternité aurait été la grande armée de l’Église Catholique face à ses ennemis modernistes, les Philistins, à l’intérieur des murs, les murs du Vatican principalement. Elle aurait attiré les vocations du monde entier, les aurait formées selon l’esprit de l’Église catholique et anti-moderniste pour les renvoyer ensuite sur les champs de bataille de tous les coins de la terre. Le futur s’annonçait brillant, sûr, glorieux.
C’est alors qu’eut lieu un événement qui fit la joie de beaucoup de gens : Paul VI cessa de vivre. C’était le 6 août 1978.
L’embrassement fatal
Les quelques jours concédés à Luciani étant écoulés, c’est l’actuel et apparemment immortel Wojtyla qui fut élu, en octobre 1978, comme troisième “pape” de Vatican II. Monseigneur voulut voir le nouveau “pape”. La rencontre eut lieu peu de temps après l’élection de Wojtyla. Au cours de cette conversation historique, Wojtyla déclara à Monseigneur Lefebvre qu’il pouvait continuer tout en “acceptant le Concile à la lumière de la tradition”, formule que Monseigneur avait toujours utilisée jusqu’alors dans sa tentative de coexistence avec “le Novus Ordo”. Cela signifiait : pour Monseigneur, évaluer le Concile pour en retenir seulement ce qui était catholique ; pour Wojtyla, avoir une autre couleur dans le spectre des idées. Pour Monseigneur Lefebvre c’était la reprise des espoirs, nourris avant le pontificat de Paul VI, de recevoir l’approbation de la part du Novus Ordo ; pour Wojtyla, c’était le moyen de réintégrer les traditionalistes dans une “High Church”. Pour Monseigneur Lefebvre c’était l’espoir d’obtenir une chapelle latérale traditionaliste à l’intérieur de la cathédrale moderniste ; pour Wojtyla également.
Cet espoir de réconciliation les ayant réunis, Wojtyla donna à Monseigneur une accolade fatale. La guerre était finie.
Du moins celle-là. Après cette entrevue, il ne restait à Monseigneur qu’une chose à faire : transformer la ligne dure de sa Fraternité rangée en ordre de bataille en un instrument de compromis plein de souplesse. Le dialogue allait être l’ordre du jour pour les années à venir, et il avait besoin derrière lui d’un clergé qui travaille, non pas l’épée mais la plume en main, à la signature d’un traité de paix avec les saboteurs du catholicisme.
Il s’ensuivit un règne de terreur à l’intérieur de la Fraternité. Convaincu qu’il avait désormais à mettre sur pied une armée de dialogueurs et de gens disposés au compromis pour faire aboutir sa longue recherche en vue de l’approbation du Vatican moderniste, Monseigneur réalisa qu’il devait ou convertir ou éliminer l’opposition. C’est ce qu’il fit avec une décision implacable et même cruelle. Le sédévacantisme fut banni. Il vous fallait ou bien reconnaître que Jean-Paul II était pape, ou bien vous en aller et vivre dans l’exil et la pauvreté.
À la grande joie des “mous”, tout “dur” de la Fraternité fut systématiquement démoli, soit par la conversion obtenue par des pressions, soit par l’expulsion. C’est avec l’expulsion des quatre prêtres italiens que se conclut le procédé en 1986, et pas un de ceux qui considéraient Wojtyla comme l’ennemi ne demeura à la Fraternité. La voie était dès lors ouverte pour un compromis qui permettrait la coexistence, la chapelle latérale dans la Cathédrale moderniste de l’œcuménisme.
En dépit de l’échec de la réunion d’Assise, et malgré d’autres crimes œcuméniques outrageants de la part de Wojtyla, les négociations avec l’ennemi poursuivirent leur cours jusqu’au jour fatidique du Protocole : 5 mai 1988, fête de Saint Pie V, quelle coïncidence !
Après des mois de négociation avec Ratzinger, un document considéré comme préparatoire avant le dernier accord définitif plus formel, fut présenté à la signature de Monseigneur Lefebvre. Dans ce fatidique Protocole, comme on l’appelle, Monseigneur Lefebvre
1) promettait fidélité à Jean-Paul II et au corps des évêques du Novus Ordo ;
2) il était d’accord pour accepter le ch. 25 de Lumen Gentium, reconnaissant ainsi Vatican II comme l’enseignement de l’Église catholique sans aucune réserve ;
3) il acceptait le dialogue avec le Vatican sur des points disputés à Vatican II, la nouvelle liturgie, les problèmes disciplinaires, en “évitant toute polémique”, autrement dit en abandonnant la dénonciation publique d’erreur ;
4) il reconnaissait la validité de la Nouvelle Messe et des nouveaux sacrements tels qu’ils étaient promulgués par Paul VI et Jean-Paul II dans leurs éditions officielles, ce qui implique qu’il s’agit là de rites Catholiques promulgués par l’Église ne pouvant donc être invalides ;
5) il reconnaissait le Code de Droit Canon qu’il avait de sa propre bouche déclaré rempli d’erreurs sinon d’hérésies.
En retour Ratzinger concédait à la Fraternité une place dans ce que Monseigneur Lefebvre avait toujours appelé “l’église conciliaire”. De plus, il était d’accord pour suggérer au “Saint Père” de nommer un évêque choisi parmi les membres de la Fraternité. En outre encore le Vatican acceptait de constituer une “Commission de la Tradition” pour aider à sauvegarder les pratiques traditionnelles.
Le lendemain même, le 6 mai, Monseigneur Lefebvre violait l’accord à peine accepté en disant à Ratzinger que si le “Pape” n’avait pas nommé un évêque et préparé le Mandat Apostolique (la permission de consacrer) à la mi-juin, il procéderait sans plus attendre à la cérémonie. Il avançait comme raison le fait que remettre l’événement à plus tard causerait chez les traditionalistes un sentiment de désillusion. De plus, ajoutait-il, “hôtels, moyens de communication, tentes immenses à monter pour la cérémonie, devraient être retenus”.
Ratzinger et Monseigneur se rencontrèrent le 24 mai. Ratzinger assura Monseigneur que le “Saint Père” choisirait un évêque dans la Fraternité et qu’il approuverait une consécration faite le 15 août, quarante-cinq jours seulement après le 30 juin tant désiré. Monseigneur répondit par deux lettres, l’une à Ratzinger, l’autre à Wojtyla ; il insistait sur le nombre trois pour les évêques, sur la date du 30 juin pour la consécration, et il demandait que la “Commission pour la Tradition” comporte une majorité de membres de la Fraternité.
Ratzinger répondait le 30 mai en insistant sur les termes du Protocole du 5 Mai, et sur la soumission de l’Archevêque au “Pape” en ce qui concernait la consécration. Le 2 juin Monseigneur répondait en dénonçant l’esprit de Vatican II, et il annonçait à Ratzinger qu’il avait l’intention de procéder à la consécration le 30 juin, se réclamant de la “permission” accordée par Rome pour le 15 août.
Les tergiversations continuaient. Le 15 juin, Monseigneur Lefebvre donnait une conférence de presse dans laquelle il déclarait que Jean-Paul II n’est pas catholique, qu’il est excommunié, qu’il est en dehors de l’Église, mais qu’il est néanmoins le chef de l’Église. Le 16, il disait à un journaliste qu’il changerait d’opinion si Jean-Paul II – qui la veille n’était même pas catholique – approuvait ses quatre évêques.
Le 30 juin Monseigneur Lefebvre consacrait ses quatre évêques. Le 2 juillet Jean-Paul II l’excommuniait lui et tous ceux qui le suivent.
Les deux visages de l’Archevêque
Le déroulement de ces tractations avec le Vatican moderniste montre de façon évidente qu’il y avait en Monseigneur Lefebvre deux aspects opposés, capable chacun de dicter sa propre théorie distincte et contradictoire ainsi que son propre mode d’action.
D’un côté il y avait la foi de Monseigneur. Je le connaissais depuis de nombreuses années et je peux attester du fait que, de cœur, il était profondément catholique, anti-libéral, antimoderniste. Il détestait les changements de Vatican II, et, comme nous tous, aspirait au retour de la Foi catholique.
D’autre part il y avait la diplomatie de l’Archevêque. Il y croyait fermement, et, bien entraîné dans cet art pour avoir été Délégué Apostolique, il pensait pouvoir résoudre les problèmes de l’Église au moyen de la diplomatie.
Libérée des considérations diplomatiques, sa foi resplendissait, enflammée par sa force d’âme. Les énonciations qu’il faisait dans ces moments d’humeur non-diplomatique et sans calcul étaient excellents. Ils étaient exactement ce dont l’Église avait besoin : une simple déclaration sans ambiguïté de la vérité, une dénonciation directe des modernistes, un programme fort d’action positive contre eux au moyen de la formation et de l’ordination de prêtres traditionnels. C’est dans ce dernier aspect que réside toute la grandeur de Monseigneur Lefebvre.
Par contre, lorsque la diplomatie dictait ses pensées et ses actions, une toute autre personne se faisait jour. Prêt à faire de honteuses capitulations pour atteindre son but, il offrait en pâture aux modernistes des affirmations ambiguës, espérant qu’ils s’en contenteraient pour lui assurer une place à la table moderniste. Par exemple, tout en ne voulant rien savoir de la Nouvelle Messe, il accepta officiellement d’autoriser la célébration d’une Nouvelle Messe dans la vaste église parisienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet : Le Cardinal [Ratzinger] nous fait savoir qu’il serait alors nécessaire d’autoriser la célébration d’une Nouvelle Messe à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Il insiste sur l’existence d’une seule église, celle de Vatican II. Malgré ces déceptions, je signe le Protocole du 5 mai [4].
Sous l’influence de la diplomatie, son courage habituel se transformait en une faiblesse indicible et craintive devant les adversaires de l’Église. Ainsi en 1974, c’est en réalisant que sa brillante Déclaration était une gaffe diplomatique, qu’il avait présenté comme excuse au Cardinal Seper, excuse indigne de sa foi et de sa force, qu’elle avait été composée dans un moment de colère.
À Ratzinger, dans une tentative d’amener le Vatican à approuver les consécrations espérées, il avançait comme raison que les “tentes étaient déjà louées” [5], comme si ces consécrations n’étaient guère davantage qu’une réception de mariage. Pensait-il réellement que le Vatican se laisserait toucher par une histoire de tentes ? Pensait-il vraiment que l’inconvénient de décommander les tentes avait quelque chose à voir avec l’affaire du moment ? Bien sûr que non. En réalité Monseigneur savait dans son cœur que Jean-Paul II n’était pas plus pape que vous et moi, et ses relations avec lui n’étaient pas la traduction d’un esprit de soumission à son “autorité” mais plutôt une tentative pour obtenir de Wojtyla ce que Wojtyla pouvait donner : une apparence de légitimité.
La preuve en est dans la position qu’il exprima aux quatre futurs évêques le 28 août 1987, juste avant que commence le long processus des négociations finales : “La Chaire de Pierre”, leur écrit-il, “et les positions d’autorité à Rome sont occupées par des antéchrists” [6].
La réponse réside dans les deux visages de Monseigneur Lefebvre. Comme deux disques aux enregistrements différents qui tournent en même temps, les deux aspects de Monseigneur Lefebvre, celui de la foi et celui de la diplomatie, pouvaient se manifester simultanément, parfois le même jour, dans ses déclarations, dans ses prises de position et dans ses actes.
Les deux visages de Monseigneur Lefebvre |
D’un coté Lettre de Monseigneur Lefebvre à Jean-Paul II, pour demander reconnaissance et coexistence – 8 mars 1980 (cf. Itinéraires, août 1982, pp. 22-23) Séminaire International Saint Pie X, 8 mars 1980 Très Saint Père, Afin de mettre fin à des doutes qui se répandent actuellement soit à Rome, soit dans certains milieux traditionalistes d’Europe et même d’Amérique concernant mon attitude et ma pensée vis-à-vis du Pape, du Concile et de la Messe du Novus Ordo et craignant que ces doutes ne parviennent jusqu’à Votre Sainteté, je me permets d’affirmer à nouveau ce que j’ai toujours exprimé : 1) Que je n’ai aucune hésitation sur la légitimité et la validité de Votre élection et qu’en conséquence je ne puis tolérer que l’on n’adresse pas à Dieu les prières prescrites par la Sainte Église pour Votre Sainteté. J’ai dû déjà sévir et continue de le faire vis-à-vis de quelques séminaristes et quelques prêtres qui se sont laissés influencer par quelques ecclésiastiques étrangers à la Fraternité. 2) Que je suis pleinement d’accord avec le jugement que Votre Sainteté a porté sur le Concile Vatican II, le 6 novembre 1978 à la réunion du Sacré Collège : “que le Concile doit être compris à la lumière de toute la Sainte Tradition et sur la base du magistère constant de la Sainte Église”. 3) Quant à la Messe du Novus Ordo, malgré toutes les réserves qu’on doit faire à son égard, je n’ai jamais affirmé qu’elle est de soi invalide ou hérétique. Je rendrais grâce à Dieu et à Votre Sainteté, si ces claires déclarations pouvaient hâter le libre usage de la Liturgie traditionnelle et la reconnaissance par l’Église de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X ainsi que de tous ceux qui, souscrivant à ces déclarations, se sont efforcés de sauver l’Église en perpétuant sa Tradition. Que Votre Sainteté daigne agréer mes sentiments de profond et filial respect en Jésus et Marie. Marcel Lefebvre ancien Archevêque de Tulle
|
De l’autre Extrait de la Déclaration de Monseigneur Lefebvre du 2 août 1976 (cf. Itinéraires, n° spécial avril 1977, La condamnation sauvage de Monseigneur Lefebvre, pp. 175-177, 8è édition) D’autre part il nous apparaît beaucoup plus certain que la foi enseignée par l’Église pendant vingt siècles ne peut contenir d’erreurs, qu’il n’est d’absolue certitude que le pape soit vraiment pape. L’hérésie, le schisme, l’excommunication ipso facto, l’invalidité de l’élection sont autant de causes qui, éventuellement, peuvent faire qu’un pape ne l’ait jamais été ou ne le soit plus. Dans ce cas évidemment très exceptionnel, l’Église se trouverait dans une situation semblable à celle qu’elle connaît après le décès d’un souverain pontife. Car enfin un problème grave se pose à la conscience et à la foi de tous les catholiques depuis le début du pontificat de Paul VI. Comment un pape vrai successeur de Pierre, assuré de l’assistance du Saint-Esprit, peut-il présider à la destruction de l’Église, la plus profonde et la plus étendue de son histoire en l’espace de si peu de temps, ce qu’aucun hérésiarque n’a jamais réussi à faire ? Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bouleversement, acceptent et adhèrent à cette nouvelle Eglise conciliaire comme la désigne Son Excellence Monseigneur Benelli dans la lettre qu’il m’adresse au nom du Saint Père, le 25 juin dernier, entrent dans le schisme. |
Une armée qui combat pour la coexistence avec les hérétiques
On entend souvent dire que s’il n’y avait pas eu Monseigneur Lefebvre, il n’y aurait pas de mouvement traditionaliste du tout, pas de prêtres, pas de Messe traditionnelle, rien. Cette affirmation est en grande partie vraie. Remarquons qu’il est impossible de dire ce qu’auraient fait d’autres évêques si le mouvement traditionnel n’avait pas été “pris en mains” par Monseigneur Lefebvre. Il est aussi permis de penser que certains évêques peuvent s’être éloignés, effrayés par ce qu’ils percevaient comme une position essentiellement non-catholique consistant à affirmer que Wojtyla a l’autorité de Pape, et à l’ignorer dans le même temps. Du fait de cette position impossible de Monseigneur Lefebvre, presque tout le mouvement traditionnel porte sur son visage une flétrissure non-catholique. C’est à Monseigneur Lefebvre cependant qu’il appartient d’avoir conçu l’idée d’une grande armée de prêtres disséminés dans le monde entier qui travaillent d’une manière cohérente et unifiée contre le clergé moderniste. C’est à lui que revient le mérite d’avoir mis en place un système pour réaliser ce but avec la fondation de séminaires et l’implantation de nombreuses maisons religieuses, d’écoles, de couvents et de noviciats. C’est encore à lui que revient le mérite d’avoir formé une armée bien équipée, du moins sur le plan matériel et organisationnel.
Grâce à cette prouesse matérielle et organisationnelle, ainsi qu’au charisme qui lui attirait naturellement tant de gens, il entraîna derrière lui presque toutes les vocations à la prêtrise de ceux qui résistaient aux changements. La création d’Écône en 1970 fut l’appel au clairon des troupes de l’Église pour la dernière bataille avec les puissances des ténèbres, avec les portes de l’enfer. Beaucoup répondirent à l’appel et continuent à y répondre. C’est la jeunesse choisie d’Israël dans la bataille féroce contre les Philistins.
Cependant comme lors de la bataille sur la montagne de Gelboé, notre jeunesse d’élite est en train de se faire massacrer et l’armée de se faire battre par les Philistins. Car aussi longtemps que l’armée des prêtres résistant au modernisme ne réalise pas que les Philistins sont l’ennemi, elle sera anéantie.
En effet si c’est à Monseigneur Lefebvre que revient le mérite d’avoir levé et équipé cette armée de prêtres, c’est également à lui que revient la responsabilité d’avoir entraîné ces prêtres – ainsi que les simples laïcs qu’ils assistent – dans le piège du grand ennemi. Ce piège de l’ennemi consiste à appâter la résistance au modernisme en la faisant passer pour une branche traditionnelle de la religion moderniste, une “High Church”, sur le modèle du rameau conservateur de l’anglicanisme.
Ce piège, cette “solution” du problème de Vatican II et de ses réformes sert parfaitement les fins du modernisme. Comme l’araignée dans sa toile, il capture ainsi virtuellement à l’intérieur de sa religion réformée, hérétique, toute résistance que pourrait lui opposer le catholicisme. Il la capture, il lui pose ses conditions, la contient et la dévirilise. L’Église “catholique” serait alors aux yeux du monde entier semblable à l’église d’Angleterre, une église où l’adhésion à la Foi catholique serait réduite à la pompe liturgique et où la “croyance catholique” serait en communion avec l’hérésie. Un tel système réduit l’Église catholique à une secte, car elle ne peut prêter le nom de catholique aux hérétiques modernistes et en même temps s’appeler la véritable Église du Christ.
C’est pourtant la solution que les lefebvristes voient aux problèmes de l’Église : coexistence des modernistes et des catholiques dans la même Église, au sein de laquelle ils auraient leurs églises et nous les nôtres, tous sous le même pape qui serait le Saint-Père tant des hérétiques que des catholiques.
Cette attitude n’est pas de Dieu. Jamais dans l’histoire de l’Ancien ou du Nouveau Testament, Dieu n’a fait de compromis avec Ses ennemis. Jamais Il n’a permis le mélange de fausses religions avec Sa doctrine sacrée. C’est même, en fait, pour cette raison, parce qu’Il cherchait toujours à mélanger Sa Foi divinement révélée avec les religions païennes des peuples voisins, que dans l’Ancien Testament le peuple élu était continuellement châtié.
Non, ou bien Vatican II est de Dieu, ou bien il n’est pas de Dieu. Ou bien les changements apportés par ce Concile viennent du Saint-Esprit ou ils ne viennent pas du Saint-Esprit. S’ils viennent du Saint-Esprit, ils doivent être alors acceptés et notre résistance est péché. S’ils ne viennent pas du Saint-Esprit, c’est qu’ils viennent du démon et il n’existe qu’une réponse de l’Église dans ce cas, c’est l’anathème, mille fois l’anathème et l’excommunication de tous les hérétiques. Pas de coexistence avec l’hérésie et les hérétiques. Réclamer une telle coexistence, c’est réduire l’Église à une secte, comme celles des protestants.
La résistance que nous opposons à Vatican II et à ses changements n’a donc pas pour but l’obtention d’une chapelle latérale traditionnelle à l’intérieur de la grande cathédrale moderniste. Non, notre voix s’élève pour rejeter et dénoncer l’hérésie, c’est la voix de la foi contre ces hérétiques qui ont envahi nos édifices sacrés et les ont remplis de l’abomination hérétique.
Monseigneur Lefebvre a pourvu ses prêtres de tout, excepté de la théologie adéquate pour distinguer les ennemis de l’Église ; il a formé une armée qui ne sait pas où est l’ennemi. Ils combattent pour la “reconnaissance” par les “autorités” modernistes. Ils cherchent à être absorbés par les Philistins, pas à les vaincre. Ils veulent travailler avec le modernisme à l’intérieur de Vatican, et non l’en extraire. Ils combattent pour la coexistence avec les modernistes, pour le partage de la même Église avec les hérétiques.
L’esprit de “négociation avec Rome” continue à faire son chemin à l’intérieur de la Fraternité. Le terme même sonne schismatique car les catholiques ne négocient pas avec Rome, ils se soumettent à Rome. Peu de temps après les consécrations de 1988, Monseigneur Lefebvre déclarait que les négociations continuaient, et qu’il se pouvait que dans cinq ans tout soit résolu. Récemment encore nous avons entendu parler de nouvelles négociations, de nouveaux pas vers Wojtyla. Veritas Splendor, la dernière encyclique de Wojtyla, a fait l’objet de l’éloge du Recteur d’Écône (à l’époque l’abbé Simoulin !) qui l’a qualifiée “d’anti-libérale, anti-œcuménique, anti-collégiale” “ne nécessitant aucune révision” ! ! !
La racine du problème
La raison pour laquelle la Fraternité poursuit la voie de la négociation avec les modernistes, avec pour but ultime d’être absorbée par eux, c’est qu’elle considère que Wojtyla a l’autorité papale. Elle sent la nécessité de se soumettre à lui, d’être reconnue par lui, pour être soumise au Christ, pour être reconnue par le Christ. Car l’autorité papale est l’autorité du Christ.
Cependant, dans le même temps, à la Fraternité, ils regardent presque tout ce que dit ou fait Wojtyla comme hérétique, erroné, scandaleux ou dangereux pour les âmes. Ils disent ouvertement qu’un catholique ne peut pas survivre spirituellement au Novus Ordo. C’est-à-dire que la Messe et les sacrements, la doctrine et la discipline qui nous ont été donnés officiellement par le Pape (Pape à leurs yeux) sont tellement nocifs pour les âmes que c’est pour elles une cause de mort spirituelle.
Devant ce danger de mort spirituelle pour les âmes, la Fraternité considère qu’elle a carte blanche pour continuer tout l’apostolat qu’elle veut dans n’importe quel diocèse du monde. Dans le même temps, elle poursuit les négociations avec l’agent de mort spirituelle, dans l’espoir de pouvoir travailler coude à coude avec lui dans les diocèses, comme le fait la Fraternité Saint-Pierre.
Que la Fraternité abandonne cette position insoutenable et adopte la position catholique, et elle deviendra alors la véritable et courageuse armée de résistance qu’elle aurait toujours dû être.
Leur position est absurde parce qu’avec leur façon de voir ils combattent la véritable Église catholique dont ils veulent faire partie. Mais les catholiques ne combattent pas leur Église, ils s’y soumettent parce qu’elle est indéfectible et infaillible. Elle est l’Église du Christ, et son autorité est l’autorité du Christ.
Il est donc impossible que l’autorité catholique – l’autorité du Christ – prescrive pour l’Église catholique tout entière des doctrines, des disciplines, des Messes ou des sacrements erronés ou fauteurs de mort ; telle est la position catholique. Puisque les réformes de Vatican II sont fausses et cause de mort, il est impossible qu’elles procèdent de l’autorité catholique, l’autorité du Christ. Il est par conséquent impossible que Wojtyla ait l’autorité papale qu’il prétend posséder. Il ne représente pas l’Église catholique. Les réformes de Vatican II ne nous viennent pas de l’Église catholique.
La conclusion pratique de la position catholique est évidente : il ne peut y avoir de compromis avec les hérétiques des chancelleries vaticane et épiscopales. Il est du devoir de l’Église de dénoncer les modernistes et les imposteurs qui prétendent avoir l’autorité catholique, et de pousser les catholiques à ne pas leur donner de crédit, à leur refuser le nom de catholique. Cette dénonciation de leur fausse autorité est essentielle à l’indéfectibilité de l’Église, car l’Église serait défectible si elle acceptait comme catholiques les doctrines, disciplines et liturgie non-catholiques qui sont émanées de Vatican II, de Montini et de Wojtyla.
La Fraternité Saint-Pierre, une fille de Monseigneur Lefebvre
Les effets désastreux de la diplomatie de Monseigneur Lefebvre et de la fausse ecclésiologie sur laquelle elle est basée, on les voit dans la Fraternité Saint-Pierre et dans la Messe de l’Indult. La seule et unique raison pour laquelle nous avons et l’une et l’autre est que Monseigneur Lefebvre les a demandées et a travaillé dur pour les obtenir.
L’idée d’une congrégation religieuse travaillant à l’intérieur des structures diocésaines du Novus Ordo, tout en conservant dans le même temps la Messe et la théologie traditionnelles, a été, dès le début, le rêve de Monseigneur Lefebvre. Ce rêve se réalisa lorsque le Protocole fut posé devant lui pour qu’il y appose sa signature. Il obtenait enfin ce que, si longtemps et grâce à une habile diplomatie, il avait cherché à obtenir et projeté. Et si l’on peut dire que, sans Monseigneur Lefebvre, nous n’aurions aucun prêtre traditionaliste, on peut également dire que, sans Monseigneur Lefebvre, nous n’aurions pas de Fraternité Saint-Pierre ni de Messe avec Indult. Je crois qu’avec le temps, Fraternité Saint-Pierre et Messe de l’Indult supplanteront la Fraternité Saint-Pie X. C’est une question de bon sens : si Wojtyla est le Pape et Vatican II un vrai Concile catholique, comment pouvons-nous logiquement leur résister alors qu’ils nous offre une niche traditionaliste ? Comment pouvons-nous dire logiquement que leurs doctrines sont erronées ou leur liturgie fauteuse de mort ? Évidemment nous ne le pouvons pas. Avec la Fraternité Saint-Pierre, “vous tuez la poule et vous avez les œufs”, c’est-à-dire que vous avez la tradition et Wojtyla en même temps. Si vous vous en tenez à la Fraternité Saint-Pie X, vous demeurez avec le problème constant et lancinant de l’autorité [7].
L’“autorité du Christ” a excommunié la Fraternité Saint-Pie X. Que peut-elle apporter comme réponse à ce problème si ce n’est que “l’autorité du Christ se trompe” ?
Nous constatons aussi la chute de la vaillante jeunesse de l’Église dans le nombre significatif de défections de la Fraternité Saint-Pie X. Lorsque des prêtres quittent ce groupe, c’est toujours vers la gauche qu’ils s’orientent, c’est-à-dire toujours plus près du Novus Ordo via la Fraternité Saint-Pierre ou l’Indult. Jamais ils ne s’éloignent du Novus Ordo. Voilà qui en dit long sur la formation qu’ils reçoivent dans les séminaires lefebvristes.
Le Père John Rizzo en est un exemple. C’était l’un de mes séminaristes à Ridgefield. Il était très dur à l’époque sur ses positions théologiques, et ne voulait rien avoir affaire avec le Novus Ordo. À l’heure actuelle nous lisons qu’il a été accepté dans un diocèse du Novus Ordo et qu’il travaille avec les modernistes. Que s’est-il passé ? Simplement dix ans de lefebvrisme.
Pendant ces dix ans on lui a inculqué que la position dure des “neuf mauvais prêtres” [qui quittèrent le Fraternité en 1983, n.d.r.] était schismatique parce qu’ils ne reconnaissaient pas le Pape. Eh bien, chapeau à vous de la Fraternité Saint-Pie X pour avoir pris en charge un bon séminariste et l’avoir ruiné, car il n’a rien fait d’autre que de mener à leur conclusion logique vos positions théologiques ! Si vous n’abandonnez pas vos positions inconsistantes et dangereuses, vous verrez le fiasco du Père Rizzo se multiplier à grande échelle.
Aucune base logique pour l’apostolat
Car aussi longtemps que la Fraternité reconnaîtra à Wojtyla la pleine possession de l’autorité papale, elle n’offrira aucune base logique qui justifie son apostolat [8].
Lorsqu’un prêtre exerce cet apostolat en temps normal, il ne peut pratiquer aucune activité sacerdotale sans y être autorisé par l’autorité compétente, autrement dit l’évêque du diocèse.
C’est cette autorisation qui fait que la Messe du prêtre et ses sacrements sont catholiques, c’est en tant qu’administrés par un agent dûment autorisé de l’Église catholique. C’est ce défaut d’autorisation qui fait de la Messe grecque orthodoxe une Messe non-catholique : bien que validement ordonné et bien qu’il dise une Messe valide, le prêtre n’agit pas au nom de l’Église catholique mais contre elle.
Quand le prêtre traditionaliste exerce sa fonction, donc qu’il dit la Messe et distribue les sacrements sans la permission de l’évêque du lieu, il doit justifier d’une façon ou d’une autre le fait de le faire sans autorisation. La seule justification possible qu’il pourrait présenter est la suivante : “l’Église veut que je le fasse”. Aucune autorité ne l’a autorisé à dire la Messe et à distribuer les sacrements, aussi doit-il avoir un argument cohérent et convainquant pour dire que l’Église – en dernière instance le Christ – veut qu’il fasse ainsi.
Mais si le prêtre traditionaliste dit que l’autorité est revêtue par Wojtyla ou l’évêque du lieu, comment peut-il alors mettre en avant que l’Église veut qu’il exerce un apostolat non-autorisé ?
Si l’autorité du Christ repose dans l’évêque du lieu, comment donc l’autorité du Christ peut-elle vouloir que le prêtre traditionaliste agisse contre l’évêque du lieu ? Si c’est en Wojtyla que réside l’autorité du Christ, comment le Christ peut-il désirer qu’un groupe de prêtres exerce un apostolat au mépris de Wojtyla ? Le Christ est-il contre le Christ ?
Regardons aussi l’autre face de la médaille ? Si l’autorité du Christ ne réside pas en Wojtyla, comment donc le Christ, ou l’Église, autorise-t-Il l’apostolat de ceux qui affirment avec insistance que Wojtyla l’hérétique est véritablement le Pape ? Comment le Christ, ou l’Église, peut-il désirer l’apostolat de prêtres qui cherchent à amener les fidèles dans le troupeau des faux bergers, des bergers hérétiques ? De prêtres qui dénoncent comme schismatiques ceux qui ne reconnaissent pas les faux bergers ?
Tout cela pour dire qu’il n’est pas possible de séparer l’autorité de l’Église de l’autorité du Christ, non plus que séparer l’autorité de l’Église de l’Église elle-même. C’est une seule et même chose. On ne peut donc prétendre représenter l’Église catholique si l’on agit contre son autorité. On ne peut pas non plus prétendre représenter l’Église catholique si l’on reconnaît une fausse autorité. Là où est Pierre, là est l’Église. Si votre apostolat n’est pas celui de Pierre, votre apostolat n’est pas celui de l’Église, ni celui du Christ. Reconnaître comme Pierre celui qui condamne votre apostolat c’est condamner par conséquent de votre propre bouche votre propre apostolat.
Ce fait de reconnaître l’autorité du Pape d’un côté mais d’“agir pour son propre compte” de l’autre, a été un signe révélateur de nombreux hérétiques et schismatiques. C’était l’attitude des Jansénistes et des Gallicans, celle également des Vieux Catholiques. Elle fut condamnée par le Pape Pie XI :
À quoi sert de proclamer à haute voix le dogme de la suprématie de Saint Pierre et de ses successeurs ? À quoi sert de répéter et répéter la profession de foi en l’Église catholique et d’obédience au Siège Apostolique si les actions démentent les paroles ? En outre, le fait que l’obédience soit reconnue comme un devoir ne rend-elle pas la rébellion encore plus impardonnable ? Et qui plus est, l’autorité du Saint-Siège ne s’étend-elle pas à l’approbation des mesures qu’elle s’est trouvée dans l’obligation de prendre, ou bien est-il suffisant d’être en communion de foi avec le Siège Apostolique sans y ajouter la soumission de l’obéissance ; n’est-ce pas là une chose qui ne peut être soutenue sans dommage pour la foi catholique ?…
En réalité, vénérables frères et très chers fils, il s’agit de reconnaître l’autorité (de ce Siège) sur vos églises aussi, et pas seulement en ce qui regarde la foi, mais également en ce qui concerne la discipline. Qui le nie est hérétique ; qu’il soit anathème celui qui, tout en le reconnaissant, s’y refuse obstinément (Quæ in patriarchatu, 1er septembre 1876 ; au clergé et aux fidèles de rit chaldéen).
Et nous ne pouvons passer sous silence l’audace de ceux qui, ne supportant pas la saine doctrine, prétendent que :
Quant à ces jugements et à ces décrets du Siège Apostolique dont l’objet regarde manifestement le bien général de l’Église, ses droits et sa discipline, on peut, du moment qu’ils ne touchent pas aux dogmes relatifs à la foi et aux mœurs, leur refuser l’assentiment et l’obéissance, sans péché et sans cesser en rien de professer le catholicisme” (Enc. Quanta Cura, 8 décembre 1864).
La position de la Fraternité n’est donc pas une position catholique. Que pratiquement toute la jeunesse de l’Église, les vaillants d’Israël, aient eu le crâne bourré de principes non-catholiques dans leur combat contre le modernisme, voilà qui est rien moins qu’un désastre.
Cela signifie qu’il n’y a aucune voix vraiment catholique de résistance au modernisme, mise à part celle de ces quelques prêtres disséminés dans le monde qui dénoncent les modernistes comme privés d’autorité [9].
C’est, pour l’Église, la montagne de Gelboé.
Une fausse notion de l’Église
Le problème de fond de la Fraternité et de ses membres est qu’ils travaillent à partir d’une fausse notion de l’Église. Ils considèrent l’élection de Wojtyla par un collège de cardinaux du Novus Ordo, et de là ils concluent qu’il est un pontife légitime.
Et comme la difficulté d’être en communion avec un hérétique ne leur échappe pas non plus, ils disent que Jean-Paul II est à la tête de deux églises : l’une, l’église Conciliaire et l’autre, l’Église catholique. Parfois il parle et agit en tant que chef de l’église Conciliaire ; parfois il parle et agit en tant que chef de l’Église catholique.
Comment savoir ce qui est de l’une ou de l’autre ? Par Monseigneur Lefebvre qui a reçu de Dieu la mission de peser les faits et les paroles de ces papes modernistes, et de nous dire ce qu’il faut croire, ce qu’il faut faire et ce qu’il faut penser. Maintenant que Monseigneur est mort, cette autorité est passée à l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012 à Mgr Fellay].
De ce principe on devrait tirer la conclusion logique que l’infaillibilité et l’indéfectibilité de l’Église catholique, le dépôt de la Foi, le salut de tous les fidèles sont entre les mains de l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012 de Mgr Fellay]. L’Église catholique, la Foi catholique, la validité des sacrements, ce que nous devons croire pour être sauvés, tout est confié au jugement de l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012 de Mgr Fellay].
On pourrait comparer ce type d’ecclésiologie, ou de théologie de l’Église, aux “différentes sonneries” des lignes téléphoniques. Pour l’arrivée d’un fax, vous avez une sonnerie ; pour un coup de téléphone, une autre. Ainsi, par analogie, si Wojtyla dit quelque chose de catholique, vous recevez de la Fraternité un certain son de cloche ; s’il dit quelque chose de moderniste, vous recevez de la Fraternité un autre son de cloche.
Inutile de dire que non seulement un tel système est absurde mais qu’il réduit à zéro l’infaillibilité de l’Église catholique. Dans un système de ce genre l’autorité n’est plus le Pape, mais le Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, pour le présent l’abbé Franz Schmidberger [et en 2012, Mgr Fellay].
Leur système est défectueux en ce sens qu’ils ne comprennent pas que c’est la détention de l’autorité papale qui fait que le pape est Pape. Cette autorité garantie par le Saint-Esprit en matière de doctrine, morale, liturgie et discipline générale, ne peut pas prescrire pour l’Église de fausses doctrines ou de mauvaises lois que le fidèle serait dans la nécessité de rejeter, auxquelles il devrait nécessairement résister. Mais en général, le mouvement traditionaliste porte en soi le rejet systématique des doctrines, morale, liturgie et discipline générale du Novus Ordo, au point d’avoir mis en œuvre un apostolat en opposition avec celui du “pape” et des évêques de diocèse. Il agit ainsi parce qu’il a saisi, à juste titre, que doctrine, morale, liturgie, et discipline générale du Novus Ordo sont condamnées par l’enseignement antérieur de l’Église catholique romaine. Mais alors, s’il est nécessaire de résister à leurs doctrine, morale, liturgie et discipline générale, il faut en conclure que ces “papes” ne détiennent pas véritablement l’autorité papale et qu’ils ne sont donc pas de vrais papes [10]. Et ce, quel que soit le procédé électoral qui les a désignés pour cette charge. Car l’élection ne fait que les désigner pour recevoir le pouvoir, elle ne leur donne pas le pouvoir lui-même. Le pouvoir vient du Christ : c’est pour cette raison même que notre soumission au Pape est une soumission au Christ.
Considérer, cependant, que les “papes” du Novus Ordo sont de vrais Papes – ce que pense la Fraternité – revient à identifier l’Église catholique avec eux, car là où est Pierre, là est l’Église. Mais identifier l’Église catholique avec eux établit une sorte d’attraction gravitationnelle exercée sur les membres de la Fraternité par Jean-Paul II et sa religion. De toute façon, par une voie ou par une autre, la Fraternité doit réintégrer le giron de Wojtyla.
Cette attraction gravitationnelle vers le Novus Ordo considéré comme l’Église est responsable du libéralisme des prêtres de la Fraternité et des nombreuses défections en faveur du Novus Ordo ou de la Fraternité Saint-Pierre.
Cette notion de deux Églises, une catholique, une autre conciliaire, n’est pas conforme à la réalité [11]. La réalité est que Wojtyla fut élu pour être un Pape catholique, et qu’il prétend être le Pape catholique. Il ne prétend à rien d’autre, qu’à être le chef de l’Église catholique. La réalité, c’est qu’il essaye de flanquer les structures de l’Église catholique d’une nouvelle religion, le modernisme. Du fait même qu’il tente de remplacer la Foi catholique par une nouvelle religion, il est impossible qu’il possède l’autorité papale qu’il prétend avoir, ou semble avoir, ou qu’il était désigné pour avoir. Pourquoi ? Parce que la nature de l’autorité est d’amener la communauté à ses propres fins. Et l’une des fins essentielles de l’Église catholique étant le maintien de la Foi catholique, quiconque tente de mettre obstacle à cette fin ne peut être tenu pour détenteur de l’autorité de l’Église catholique qui est l’autorité du Christ.
Il est par conséquent impossible que ces papes de Vatican II soient de vrais papes, car ils veulent pour les structures de l’Église catholique une fin essentiellement désordonnée. La Fraternité ne regarde qu’aux structures externes de l’Église, elle remarque la continuité qu’elles présentent entre les périodes pré-conciliaire et post-conciliaire, et elle en conclue que le Novus Ordo est l’Église catholique. Le clergé moderniste est de fait en possession des structures catholiques, mais cela ne signifie pas qu’il représente l’Église catholique.
C’est ainsi que la Fraternité est la proie d’une attraction fatale vers la hiérarchie moderniste en possession de nos édifices catholiques. Cette attraction fatale est dévastatrice, car elle fait de leur combat un combat pour obtenir la reconnaissance de la part des modernistes. Cette “légitimité” que les modernistes peuvent accorder n’a rien d’une légitimité, elle n’en a que l’apparence, et aux dépens de la pureté de la Foi catholique. Pourtant la Fraternité est éblouie, hypnotisée par ce vain espoir de “légitimité”, un peu comme le daim égaré sur une autoroute qui, ébloui, s’arrête le regard fixé sur les phares d’une voiture lui arrivant droit dessus et rencontre ainsi une fin tragique.
Face à cette tentative inique des modernistes de mettre en œuvre ce plan qui consiste à remplir de leurs abominations nos églises catholiques, il est du plus solennel devoir des catholiques de les dénoncer comme de fausses autorités [12], et donc de prendre une position catholique qui préserve l’infaillibilité et l’indéfectibilité, une position qui refuse d’identifier l’Église catholique avec une fausse hiérarchie investie d’une fausse autorité.
L’avenir du mouvement traditionaliste
Qu’on le veuille ou non, l’avenir du mouvement traditionaliste est en grande partie lié à celui de la Fraternité Saint Pie X, ou du moins à ses membres actuels. En ce temps de crise pour l’Église, ce sont eux qui ont les vocations au sacerdoce et, en tant que tels, ils sont les vaillants d’Israël.
Comme un missile expédié hors de sa trajectoire par une mise à feu manquée, ces vocations, prêtres et séminaristes, progressent à pleine vitesse en direction d’une réconciliation avec les ennemis de l’Église. Rien ne pourrait plaire d’avantage aux modernistes, et au démon. C’est presque toute l’énergie, toute la puissance de la foi catholique concentrées en une arme qui s’est enrayée.
Que plusieurs membres de la Fraternité finissent par se rendre au Novus Ordo sous une forme ou sous une autre, voilà qui est inévitable. Il est probable que la Fraternité conclura un accord avec le Novus Ordo, qu’elle obtiendra la “reconnaissance” en des termes considérés par elle comme plus acceptables que ceux de l’accord avec la Fraternité Saint-Pierre, et qu’elle se trouvera ainsi absorbée par la religion moderniste. À mon avis, un tel accord devrait provoquer la défection d’environ 20% [13] de leurs adhérents actuels qui quitteront et se regrouperont, mais seulement pour redémarrer le même processus. Ils reprendront le flambeau du lefebvrisme, d’une absurde théologie de l’Église, un pied dans chacune des deux religions, catholique et moderniste, continuant à filtrer documents et décrets du Vatican. Et, inévitablement, ce noyau des 20%, tensions et forces de contradiction le feront éclater une nouvelle fois.
Le véritable avenir du mouvement traditionaliste qui est aussi l’avenir de la réponse catholique à l’ennemi moderniste, se trouve dans une position catholique vis-à-vis de l’autorité papale et de la nature de l’Église catholique. Voilà pourquoi je considère qu’il est de la plus urgente et suprême nécessité que nous, prêtres et laïcs qui ne voulons pas de compromis avec l’ennemi, travaillions de concert à l’établissement de séminaires catholiques [14].
Et il n’est pas moins important que des jeunes gens issus de nos “paroisses” renoncent aux multiples attraits du monde et s’offrent à l’Église pour le saint sacerdoce.
Si nous manquons à ce devoir – former des prêtres catholiques adéquatement et correctement préparés – nous aurons manqué devant Dieu à n’avoir pas protégé notre bien le plus précieux, notre foi catholique. Et ce trésor sacré qui nous a été transmis avec un soin jaloux par nos ancêtres, au prix parfois de leur propre sang, aura été, par notre négligence, jeté comme des miettes aux chiens modernistes.
Nous ne pouvons pas nous soustraire au devoir de former des prêtres catholiques qui à notre époque pensent juste, savent qui est l’ennemi de l’Église, savent où il se trouve et qui veuillent le combattre avec une ardeur zélée et sacrée plutôt que de signer un compromis avec lui. Si nous manquons à ce devoir, nous recevrons ce que nous méritons : ces chapelles et ces écoles que nous avons préservées avec tant de soin et de peine du modernisme seront prises en mains par des prêtres – même s’ils sont validement ordonnés – qui ont trahi la pureté de la foi catholique en se faisant reconnaître par les hérétiques modernistes.
Un appel à la Fraternité Saint-Pie X
Vous avez presque toute la valeureuse jeunesse de l’Église dans vos rangs. Dans vos séminaires, vous les avez formés à penser que la coexistence avec la hiérarchie moderniste est la solution aux problèmes de l’Église. À cause de cela vous avez donné naissance à la Messe de l’Indult et à la Fraternité Saint-Pierre et à d’autres organisations de même nature.
Vous continuez à dialoguer avec les hérétiques, vous efforçant d’être réabsorbés par eux. Vous dénoncez comme schismatiques tous les prêtres déclarant que les hérétiques n’ont pas d’autorité sur les catholiques. Vous les avez persécutés, chassés, calomniés, et réduits en de nombreux cas à la pauvreté et à la misère.
Encore maintenant votre organisation gémit sous les tensions des contradictions inhérentes à votre position et abrite, à l’intérieur de ses murs, “libéraux” et “conservateurs” qui se définissent en fonction du prix qu’ils mettent pour le compromis avec les hérétiques modernistes considérés par eux comme la véritable autorité de l’Église catholique romaine.
Maintenant qu’approche votre Chapitre de juillet et l’élection de votre nouveau Supérieur Général [nous sommes en 1995], laissez tomber une fois pour toutes votre désir de coexistence avec les hérétiques. Déclarez la guerre une fois pour toutes à ceux qui ont détruit notre foi. Dénoncez-les comme hérétiques et adoptez la position catholique considérant que ne peuvent avoir reçu du Christ la mission de diriger l’Église ceux qui imposent à l’Église une foi différente. La première mission de l’Église catholique, avant toute autre, est de témoigner de la vérité. Notre Seigneur a dit : “C’est pour cela que Je suis né, et c’est pour cela que Je suis venu en ce monde, pour témoigner de la vérité”. Si Vatican II n’est pas la vérité, et vous savez qu’il ne l’est pas, celui qui l’enseigne comme vrai à l’Église ne peut avoir reçu du Christ la mission d’enseigner la vérité.
Cessez de vous emparer des jeunes de l’Église qui se présentent à vous pour être instruits et d’en faire les apôtres d’une impossible théologie qui les amène à embrasser le Novus Ordo.
Cessez d’être la Gelboé de l’Église dans son combat contre les Philistins.
Soyez plutôt David contre l’Église des Philistins. Prenez une position catholique contre les ennemis de l’Église, une position claire, droite, simple. Dénoncez l’ennemi comme ennemi, et armés non pas de diplomatie humaine mais de force divine, abattez le Goliath du Novus Ordo.
Fraternitas, Fraternitas,
Convertere ad Dominum Deum Nostrum [15]
[1] Note LHR : M. l’abbé Sanborn aurait dû dire plutôt : israélite.
[2] Note LHR : Non. Erreur grave. La religion protestante (et même bien pire !) avait pris la place de la sainte Eglise qui était éclipsée. Ce qui est bien différent.
[3] Note LHR : Mgr Lefebvre, vrai libéral en fait, s’était entouré de « professeurs modernistes » ! ! ! Alors ne soyons pas surpris par la génération formée à Ecône, pas du tout antilibérale mais vraiment libérale et pas vraiment anti-moderniste.
[4] Dossier sur les consécrations épiscopales, Ecône 1988, p. 4.
[5] Note LHR : Détail vraiment dérisoire, voire ridicule.
[6] Dossier sur les consécrations épiscopales, Ecône 1988, p. 1.
[7] Note LHR : Non pas le problème constant et lancinant de l’autorité mais le problème constant et lancinant de la confusion entre une secte ennemie et la sainte Église. Cette omission continuelle est fatigante !
[8] Note LHR : Non. Plutôt : aussi longtemps que la Fraternité reconnaîtra à la secte conciliaire la pleine possession de l’autorité de l’Église catholique, elle n’offrira aucune base logique qui justifie son apostolat. Ce qui est bien différent. Dans le premier cas il suffit de changer Wojtyla par un bon Pape (mais d’où vient-il ? est-il pensable une minute que leurs « cardinaux » puissent élire un « bon » pape ? que leur « bon » pape puisse revenir à la vérité ? on voit ce que donne Ratzinger !) alors que dans le second cas il faut tout changer, c’est-à-dire, condamner complètement et définitivement, ce qu’on appelle l’église Conciliaire, ce qui est bien différent.
[9] Note LHR : Vraiment on n’en sort pas. L’abbé Sanborn écrit plus haut : Il ne représente pas l’Église catholique. Les réformes de Vatican II ne nous viennent pas de l’Église catholique. Pourquoi mutile-t-il cette formule claire et complète en la réduisant à cet axiome insuffisant : les modernistes comme privés d’autorité ? Serait-ce pas, là encore, une fausse notion de l’Eglise.
[10] Note LHR : Non. Il faut en conclure que cette secte Conciliaire n’est pas l’Église catholique, ce qui est différent. L’Église a été éclipsée. Pourquoi ne pas vouloir de cette explication évidente annoncée par la très Sainte Vierge Marie.
[11] Note LHR : Énorme ! Tout faux. Voir le livre de l’abbé Marchiset, en son chapitre V : Jean XXIII, Montini, Wojtyla fut élu par « eux » pour avoir un pape à « eux », prétendant certes à se faire passer pour des Papes Catholiques, mais élus pour détruire l’Eglise catholique. N’ayant pas compris cela, Mgr Sanborn, l’abbé Belmont, Verrua, s’appuyant indûment sur la thèse guérardienne (mais en fait très différent de ce que Mgr Guérard disait) croient en 2012 que la secte conciliaire est « matériellement » l’Église Catholique, abominable sacrilège contre la Foi.
[12] Note LHR : L’erreur continue : non pas de fausses autorités, mais une fausse Église.
[13] Note LHR : NON. De 90% prêtres et fidèles, et les 10 autres % de prêtres, tellement déformés, étant devenus pratiquement inutilisables. Qui confierait l’éducation et la direction de conscience de ses enfants à ces prêtres (continuant à filtrer documents et décrets du Vatican) ?
[14] Note LHR : Malheureusement les confidences faites par un séminariste français qui a passé trois mois en 2008 au séminaire de Mgr Sanborn sont dramatiques : on y fait « comme à Écône », avec en sus inconsciemment mais réellement de « l’américanisme » et c’est du n’importe quoi. Heureusement ce séminaire est vide. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le projet vite abandonné de l’abbé Belmont et sur la formation de Verrua : beaucoup de défauts d’Écône : trop intellectuel, pas assez incarné, pas assez antilibéral, prétentieux (nous les clercs…), insuffisant pour la direction des âmes et surtout pour la formation sérieuse d’une élite. Les fruits sont là : peu de conversions, peu de vocations. Sont-ils capables de se remettre en question ? On peut, avec le temps, en douter. Ont-ils même compris que cette crise est un châtiment ? Que ce châtiment est mérité ? À cause de certains péchés, plus particulièrement ceux des clercs (voir le message de La Salette) ? Les connaissent-ils ? Se reprennent-ils ? Ont-ils fait aussi, la liste des péchés des laïcs ? Les reprennent-ils ?
Tout ce qui sort d’Écône, et ils en sont, semble déformé à vie. Ne sont-ils pas comme leurs confrères seulement des distributeurs de sacrements ? Et ne forment-ils pas, comme leurs confrères, des consommateurs de sacrements ? Une belle liturgie ne suffit pas. On a les mêmes prêtres qu’avant la crise… pour une même future catastrophe ?
En dehors d’un retour à une formation centrée sur les maîtres antilibéraux, rejetés de tous ces prêtres, il n’y a aucun espoir de formation suffisante, surtout pour les clercs. Seuls ces maîtres formeront les confesseurs de la Foi, au zèle, au courage, à la générosité digne des apôtres, dont nous avons besoin.
[15] Note LHR : Bon article dans son analyse mais avec toujours les mêmes erreurs. Cet appel de 1995 n’a reçu aucune réponse. Pourquoi ? Arbre sans fruit ? Dieu n’attend rien de ces prêtres. Voir, Le dénouement de la persécution, par Augustin Lémann :
http://www.a-c-r-f.com/documents/Abbe_Augustin_LEMANN-Denouement_persecution.pdf
Jérôme Bourbon : un demi-siècle après Vatican d’Eux
L’église Conciliaire
n’est pas
l’Église Catholique !
Ils ont… tout détruit
L’Église de Dieu ne peut pas s’être trompé pendant 2000 ans
L’Église de Dieu ne peut ni se tromper, ni nous tromper
Jérôme Bourbon dans le RIVAROL n° 3064 en vente dès demain, nous donne la très bonne analyse suivante sur le cataclysme de Vatican d’Eux, depuis ces cinquante derniers ans :
Ndlr du CatholicaPedia : Les accentuations et encadré sont de nous.
Rivarol n°3064 du 12/10/2012
Les cinquante ans de Vatican II : un demi-siècle cataclysmique
Cinquante ans se sont écoulés depuis ce jour d’octobre 1962 qui vit la réunion dans la basilique Saint-Pierre de Rome de 2381 évêques venus du monde entier (pays communistes excepté) à l’appel de Jean XXIII pour la cérémonie d’ouverture du « Second Concile œcuménique », qui allait s’éterniser jusqu’au 8 décembre 1965. Si l’on devait répertorier les principaux événements du XXe siècle, Vatican II y figurerait à l’évidence tant il a occasionné dans les consciences, les mœurs et les institutions des bouleversements fondamentaux dont nous n’avons pas encore pris toute la mesure. Cette assemblée d’évêques qui, à la différence des vingt conciles œcuméniques de Nicée à Vatican I, n’a pas défini ni explicité des dogmes, n’a pas procédé par canons et anathèmes, a ouvert la voie à une nouvelle religion qui porte toujours officiellement le nom de catholique mais dont la substance et les finalités ne sont plus du tout les mêmes. Est-ce un hasard si les sectateurs de Vatican II ont parlé dès le début, tel le cardinal Benelli, d’« église conciliaire » ou comme Paul VI de « nouvelle Pentecôte » ? De même, le cardinal Suenens remarquait-il que « Vatican II, c’est 1789 dans l’Église », tandis que le Père Congar ajoutait éloquemment que par le concile « l’Église avait accompli pacifiquement sa révolution d’Octobre ». Expressions qui démontrent que Vatican II marque une rupture radicale avec près de 2000 ans de catholicisme et inaugure une nouvelle religion, celle de l’humanité.
Le culte de l’homme
Le concile a introduit une nouvelle manière de se situer par rapport à Dieu. Prétendant que l’homme a changé, les Pères conciliaires en déduisent qu’il faut aussi modifier le rapport de l’homme à Dieu en passant du théocentrisme à l’anthropocentrisme. Inversion radicale des fins : la religion n’est plus au service de Dieu mais au service de l’humanité. « L’homme est la seule créature de Dieu créée pour elle-même », « L’homme est le centre et le sommet de toutes choses » ose clamer la constitution Gaudium et Spes. Et Paul VI, dans son ahurissant discours de clôture de Vatican »II, ira jusqu’à dire : « La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion — car c’en est une — de l’homme qui se fait Dieu. […] Nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme ».
Si ce dernier est la fin et le sommet de tout, il faut évidemment repenser toute la théologie catholique. L’église conciliaire se définit comme un moyen, une institution (parmi beaucoup d’autres), un signe au service de l’homme. C’est la fameuse théorie de l’Église-sacrement. Jean Paul II pourra ainsi dire que « l’Église a révélé l’homme à lui-même », ou encore que « l’homme est le chemin de l’Église ». Si tel est le cas, l’on comprend que la liturgie ait alors pour objectif de célébrer l’humanité, sujet du rite sacré et du sacerdoce. D’où les autels retournés vers l’assemblée des fidèles dont le prêtre n’est que l’animateur, la nouvelle messe n’étant pas hiérarchique mais démocratique. D’où le rejet du caractère propitiatoire du saint sacrifice de la messe. La « messe de Luther » (dixit Mgr Lefebvre) dont des études détaillées ont prouvé les origines non seulement protestantes mais talmudiques, se définit comme la « synaxe sacrée des fidèles », ainsi que l’affirme l’article 7 du Novus Ordo Missae de Paul VI. La célébration dite de l’eucharistie n’est plus le mémorial de la croix mais celui de la cène. C’est la doctrine de la messe-repas.
La servante du Mondialisme
Selon cette nouvelle théologie, ce n’est plus l’Église catholique qui est le royaume de Dieu mais l’humanité tout entière. La mission de l’église conciliaire sera alors de préparer l’avènement de ce royaume temporel vers lequel convergent toutes les religions puisque le genre humain tend en effet à une unité croissante dont les signes sont « la socialisation de toutes choses, le partage des richesses, la revendication des droits de l’homme ». Le rôle de la nouvelle église se réduit à hâter ce processus d’unification. C’est ainsi que se justifient le dialogue inter-religieux, l’œcuménisme libéral, lesquels sont au service d’une paix en devenir. D’où des rassemblements syncrétistes comme Assise ou cathodiques comme les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) destinés, selon les desseins de l’ONU, à préparer l’avènement d’un mondialisme politico-religieux, c’est-à-dire d’un gouvernement mondial et d’une religion elle-même mondiale confinée dans le rôle d’animatrice de la démocratie universelle. Dans ce schéma, la royauté sociale de Jésus-Christ apparaît évidemment obsolète. Aussi l’église conciliaire se rallie-t-elle d’enthousiasme à la laïcité de l’État et au besoin l’impose par la force comme en Espagne (1967) et en Colombie (1973) qui, à la demande expresse de Paul VI, abandonnent leurs constitutions catholiques.
Cette unité spirituelle du genre humain se décline en différents degrés de communion, en multiples cercles concentriques ; les consciences sont plus ou moins éclairées par la foi mais personne ne saurait être exclu, car « d’une certaine manière, le Christ s’est uni à tout homme » (Gaudium et Spes). Plus besoin alors d’être baptisé et de croire pour être sauvé. La question du salut et de la damnation a perdu toute urgence et même tout sens. Et en effet la pastorale conciliaire fait l’économie du péché originel et de la déchéance de la nature humaine. Le salut n’est jamais qu’une prise de conscience personnelle, l’homme affirmant son extraordinaire dignité.
C’est dire que Vatican II est en rupture totale non seulement avec la Tradition catholique mais plus généralement avec la religion catholique puisque ce concile consiste à exalter la personne humaine et à assurer l’unité du genre humain.
La genèse du Concile
Quel est le déroulement des événements qui a conduit à une telle révolution copernicienne ? En fait, tout débute, dix-neuf jours après la mort de Pie XII, avec l’élection à soixante-dix-sept ans, au onzième tour de scrutin, le 28 octobre 1958, du patriarche de Venise Angelo Giuseppe Roncalli. Ce dernier qui, de façon très révélatrice, prend le nom d’un antipape du Moyen Age impliqué dans le grand schisme d’Occident, Jean XXIII, entend rompre spectaculairement avec les grandes orientations définies par Pie XII. Roncalli met en œuvre une stratégie qui aboutira à ce qu’il appellera « l’aggiornamento » c’est-à-dire à la révolution dans l’Église.
À peine élu, celui qui sera appelé par les media « le bon pape Jean » ((Lire l’étude, malheureusement non terminée, de l’abbé Ricossa sur le « le bon pape Jean » : http://www.a-c-r-f.com/documents/Abbe_RICOSSA_Le-Pape-du-Concile.pdf)) reçoit significativement les plus vifs encouragements des principaux ennemis de l’Église catholique. Yves Marsaudon dans son livre L’œcuménisme vu par un franc-maçon de tradition écrit ainsi : « Nous eûmes tout d’abord la très grande joie de recevoir dans les 48 heures un accusé de réception à nos respectueuses félicitations. Pour nous c’était une grande émotion, mais pour beaucoup de nos amis ce fut un signe ». De même, Jean XXIII reçoit les félicitations du grand rabbin d’Israël Isaac Herzog, de l’archevêque anglican Geoffroy Fischer, de Paul Robinson, président des églises fédérées et enfin du chef de l’église orthodoxe russe, le patriarche Alexis.
Dès le 25 janvier 1959, soit moins de trois mois après son élection, Roncalli annonce publiquement de la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs la convocation du « Second concile œcuménique du Vatican ». Pie XII avait lui aussi songé à réunir une telle assemblée, mais, devant les dangers de l’entreprise, il s’était rapidement ravisé : « J’entends autour de moi des novateurs, disait-il, qui veulent démanteler la Chapelle sacrée, détruire la flamme universelle de l’Église, rejeter ses ornements, lui donner le remords de son passé historique… Un jour viendra où le monde civilisé reniera son Dieu, où l’Église doutera comme Pierre a douté. Elle sera tentée de croire que l’homme est devenue Dieu, que son Fils n’est qu’un symbole, une philosophie comme tant d’autres, et dans les églises, les chrétiens chercheront en vain la lampe rouge où Dieu les attend, comme la pécheresse criant devant le tombeau vide : où l’ont-ils mis ? » (Mgr Roche : Pie XII devant l’Histoire).
Pie XII et Jean XXIII étaient tous les deux au courant de cette situation pré-révolutionnaire dans l’Église, mais alors que le premier ne voulait pas céder aux sirènes des nouveautés, le second au contraire brûlait de tout transformer. Appeler à la convocation d’un concile le 25 janvier 1959 n’était à cet égard pas un acte innocent, puisque cette date marquait la clôture de la semaine de prières pour l’unité des chrétiens. Le concile à venir ne serait donc pas œcuménique (c’est-à-dire universel, comme le furent les vingt conciles de Nicée à Vatican I), mais œcuméniste. Au reste, dès l’année suivante, le 5 juin 1960, Jean XXIII crée un Secrétariat pour l’unité des chrétiens dont il confie la direction au cardinal Bea, lequel est directement à l’origine du décret sur l’œcuménisme de Vatican II qui rompt radicalement avec le magistère antérieur. ((Ne jamais oublier l’importance d’Elie Benamozegh, le vrai Père de Vatican II : LE SANCTUAIRE INCONNU par Aimé Palliere ))
Dans son discours d’ouverture, Jean XXIII tient un discours qui fit sensation et dans lequel il disait sa “foi” en l’avenir et dans le progrès. À cinquante ans de distance, cet optimisme tapageur apparaît totalement déplacé. Qu’on en juge : « Dans la situation actuelle de la Société, certains ne voient que ruines et calomnies ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré, par rapport aux siècles passés… Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin… Il faut que l’Église se tourne vers les temps présents qui entraînent de nouvelles voies à l’apostolat catholique ».
Une rupture radicale
Dès lors, le décor était en place, pour la plus grande révolution que l’Église ait subie depuis sa naissance. Parmi les 2381 évêques présents, seuls quelque trois à quatre cents Pères conciliaires (dont Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer) tentèrent de résister aux assauts des modernistes en se regroupant au sein du Cœtus internationalis patrum, mais ce combat ne fut hélas pas couronné de succès, tant la minorité activiste était habile dans la manipulation des masses, experte dans les formules volontairement équivoques, d’autant, et c’est là l’essentiel, qu’elle pouvait s’appuyer sur un allié indispensable en la personne de Jean XXIII puis à partir de 1963 de son successeur Paul VI.
Il faudrait des études détaillées — et ces dernières décennies n’en ont pas manqué — pour analyser, disséquer, commenter les quelque deux milles pages de documents signés par les Pères conciliaires et “promulgués” par Paul VI le 7 décembre 1965 et pour expliquer l’absence d’autorité et de légitimité de Vatican II et des hommes en blanc qui s’en réclament. On peut à bon droit considérer que Vatican II était en fait un conciliabule, et non un vrai concile, tant ces décrets ont rompu avec le magistère traditionnel. Il est clair que Vatican II a voulu faire passer l’Église du théocentrisme à l’anthropocentrisme. Rien à cet égard n’est plus parlant que le discours de clôture de Paul VI : « L’Église du concile s’est aussi beaucoup occupé de l’homme, de l’homme tel qu’en réalité il se présente à notre époque, l’homme vivant, l’homme tout entier occupé de soi, l’homme qui se fait non seulement le centre de tout ce qui l’intéresse, mais qui ose se prétendre le principe et la raison dernière de toute réalité. L’humanisme laïc et profane, enfin, est apparu dans sa terrible stature et a, en un certain sens, défié le concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion — car c’en est une — de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver, mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier. La découverte des besoins humains (et ils sont d’autant plus grands que le fils de la terre s’est fait plus grand) a absorbé l’attention du concile. Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, humanistes modernes qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme. Nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme. »
“1789 dans l’Église”
On ne saurait mieux dire que les hiérarques de l’Église ont renoncé à être un signe de contradiction, en s’ouvrant totalement au monde c’est-à-dire à l’erreur, au mensonge et à l’apostasie, tournant le dos aux injonctions de l’Apôtre Saint Jacques qui dans son Épître s’écrie fortement : « Adultères, ne savez-vous pas que l’amitié du monde, c’est l’inimitié contre Dieu ? Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. » Par là même, l’Église catholique s’éclipsait, était mise au tombeau, cédant la place à l’église conciliaire et à sa « révolution d’Octobre ».
De fait Vatican II a réussi à mettre en application la devise de la révolution : la “liberté” s’est introduite par la liberté religieuse ou liberté des religions qui met sur le même plan l’erreur et la vérité, promeut la laïcité de l’État et nie le règne social de Jésus-Christ ; l’ “égalité” s’insinue par la collégialité et le vénéneux principe de l’égalitarisme démocratique (dans ce schéma l’évêque n’est plus le maître dans son diocèse avec les conférences épiscopales, le curé dans sa paroisse avec les conseils paroissiaux, etc.) ; enfin la “fraternité” s’accomplit sous la forme de l’œcuménisme libéral qui embrasse toutes les erreurs et les hérésies et tend la main à tous les ennemis de l’Église catholique, à commencer par les juifs considérés comme « frères aînés ». L’église conciliaire va même jusqu’à enseigner que l’Ancienne Alliance est toujours valable et qu’elle n’a pas été abrogée par la Nouvelle Alliance, ce qui est une façon de dire, si l’on est logique, que la venue du Christ sur terre, sa Passion, sa mort et sa Résurrection étaient finalement inutiles. ((Le livre de l’abbé Leroux, préface par Mgr Lefebvre, Pierre M’aimes-tu ?, mérite d’être cité. C’est certainement un des meilleurs livres-critique de Vatican d’eux !))
L’académicien Jean Guitton, confident et ami de Paul VI, aimait à répéter que Vatican II marquait la disparition (au moins apparente) de l’Église catholique et sa substitution par l’église œcuménique romaine. De fait, la nouvelle église conciliaire ne possède aucune des quatre notes qui permettent de reconnaître à coup sûr l’Église catholique : elle n’est ni une puisqu’elle est démocratique et pluraliste (à chaque prêtre son hérésie), ni sainte puisqu’elle a profondément altéré les sacrements en créant de nouveaux rites douteux voire invalides pour la plupart (sujet essentiel dont on ne se préoccupe pas assez), s’acharnant ainsi à obstruer les canaux de la grâce sanctifiante, ni catholique puisqu’elle est œcuméniste et qu’elle rompt radicalement avec le magistère antérieur, ni apostolique puisqu’elle n’a pas la foi des Apôtres.
Dans une volonté satanique de destruction, on s’en est même pris aux congrégations religieuses dont les constitutions ont toutes été profondément modifiées, y compris celle des Chartreux qui n’avait pourtant jamais été remaniée depuis son fondateur saint Bruno. Et les églises elles-mêmes sont transformées : au maître-autel tourné vers Dieu se substitue une simple table orientée vers l’assemblée ; le prêtre (ou ce qui en tient lieu) étant réduit au rôle d’animateur et de président d’une cérémonie sécularisée. Les confessionnaux sont délaissés et font souvent l’office de placards à balais. La chaire est supprimée ou délaissée, manière symbolique de renoncer au pouvoir d’enseignement de l’Église, car dans la religion conciliaire nous ne sommes plus dans le schéma de l’Église maîtresse de vérité enseignant au monde la voie, la vérité et la vie mais dans celui d’une église enseignée par le monde, apprenant à son contact, réagissant à l’unisson. Il s’agit de mettre en place les conditions d’un mondialisme politico-religieux ; dans le nouvel ordre mondial les religions mises sur un pied d’égalité ne sont en effet que de simples animatrices et de zélés propagandistes de la démocratie universelle et de ses idoles : la déclaration des droits de l’homme, le philosémitisme, la tolérance érigée en absolu, le laïcisme, la liberté de conscience et de culte, l’antiracisme unilatéral et obligatoire, la lutte acharnée contre toutes les discriminations, mêmes naturelles et légitimes. ((Et surtout l’abandon de la Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ !))
De nouvelles orientations politiques
D’où les orientations politiques d’une nouvelle église, compagnon de route du communisme, du socialisme, de la franc-maçonnerie, des organisations juives et antiracistes, bref des ennemis traditionnels et séculaires de l’Église catholique. Dès lors, il n’est rien d’étonnant à ce que l’épiscopat français ait toujours pris violemment position contre la droite nationale, préférant soutenir les forces responsables de l’avortement légalisé et remboursé, du délitement de la famille, de l’instauration du PACS, de la généralisation de la pornographie et de la luxure. Rien de surprenant non plus si cette nouvelle église, après avoir favorisé la décolonisation et montré beaucoup plus de mansuétude pour les assassins et les porteurs de valise du FLN que pour les rapatriés et les partisans de l’Algérie française, soit un des bruyants soutiens de l’immigration massive, essentiellement mahométane, qui ne cesse de se déverser sur notre pays et notre continent. Après avoir trahi Dieu et son Évangile, ces hiérarques ont logiquement trahi leur patrie.
Vatican II, qui est resté muet sur le communisme au moment où il faisait encore des millions de morts, a mis en œuvre l’ouverture au monde qui est en fait une ouverture unilatérale à la gauche. D’où la théologie de la libération en Amérique du Sud. D’où la sympathie incessante manifestée envers le marxisme, le gauchisme (qu’on se souvienne de la déclaration des évêques de France approuvant chaleureusement mai 1968), le féminisme (l’épiscopat moderniste s’est réjoui en 2000 de l’adoption de la parité), l’invasion étrangère. Car la religion de Vatican II consiste à embrasser, et si possible à devancer, toutes les modes, à s’adapter au monde moderne et à s’agenouiller, émerveillée, devant l’Humanité déifiée. Faible avec les forts, les délinquants, les immigrés “sans-papiers”, elle est impitoyable envers les faibles, les persécutés, les délaissés. Pas un seul prélat n’a dénoncé le traitement infligé naguère au nonagénaire Maurice Papon ou aux révisionnistes criblés d’amendes et mis en prison. Pas un seul mitré ne s’est démarqué des campagnes de haine contre le président du Front National, pas même lors des manifestations de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002 où étaient scandés entre autres charmants slogans « pour Le Pen une balle, pour le FN une rafale », « Crève charogne », « Le Pen facho, salaud, le peuple aura ta peau ». Au contraire, la nouvelle église se veut en pointe dans le combat antiraciste, antifasciste et antirévisionniste. Car s’il est tout à fait permis dans l’église conciliaire de contester des vérités de foi ou des préceptes moraux, en revanche on ne badine pas avec le dogme holocaustique, comme en témoigne l’affaire Williamson. Mieux vaut pour un séminariste nier la virginité perpétuelle de Marie que d’exprimer un doute sur la Shoah. Servante de l’Humanité, la contre-église de Vatican II est en effet l’un des gardiens vigilants de la contre-religion de l’Holocauste. L’église qui n’est plus catholique est devenue démocrato-holocaustique, la nature ayant horreur du vide. Or, la Shoah ou la Croix, il faut choisir !
Les causes de ce bouleversement
Reste évidemment à se demander comment un tel bouleversement a été possible et pourquoi il a suscité si peu de résistances. Il n’y a pas de réponse simple à ces questions. On peut à bon droit incriminer le rôle de la puissance juive et de son bras armé la franc-maçonnerie. Qu’on songe par exemple à la lettre écrite par un haut-dignitaire de la Haute-Vente des Carbonari en 1844 et qui tomba providentiellement entre les mains de Léon XII : « Nous devons arriver au triomphe de la révolution par un pape. Or donc pour nous assurer un pape dans les proportions exigées, il s’agit d’abord de lui former une génération digne du règne dont nous rêvons. Laissons de côté la vieillesse et l’âge mûr ; allez à la jeunesse et, si possible, jusqu’à l’enfance… C’est à la jeunesse qu’il faut aller, c’est elle que nous devons entraîner sans qu’elle s’en doute, sous le drapeau des sociétés secrètes. Une fois votre réputation établie dans les collèges, les gymnases, dans les universités et dans les séminaires, une fois que vous aurez capté la confiance des professeurs et des étudiants, faites que ceux qui principalement s’engagent dans la milice cléricale aiment à rechercher vos entretiens… Cette réputation donnera accès à nos doctrines au sein du jeune clergé, comme au fond des couvents. Dans quelques années, ce jeune clergé aura, par la force des choses, envahi toutes les fonctions : il gouvernera, il administrera, il jugera, il formera le conseil du souverain, il sera appelé à choisir le Pontife qui doit régner et ce Pontife, comme la plupart de ses contemporains, sera plus ou moins imbu des principes humanitaires que nous allons commencer à mettre en circulation… Que le clergé marche sous votre étendard en croyant toujours marcher sous la bannière des clefs apostoliques. Tendez vos filets comme Simon Barjona ; tendez-les au fond des sacristies, des séminaires et des couvents plutôt qu’au fond des mers et, si vous ne précipitez rien, nous vous promettons une pêche plus miraculeuse que la sienne. […] Infiltrez le venin dans les cœurs choisis à petites doses et comme par hasard ; puis à la réflexion, vous serez étonnés vous-mêmes de votre succès. […] Vous aurez prêché une révolution en tiare et en chape, marchant avec la croix et la bannière, une révolution qui n’aura besoin que d’être un tout petit peu aiguillonnée pour mettre le feu aux quatre coins du monde. […] Ce que nous devons demander avant tout, ce que nous devons chercher et attendre, comme les juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins. Glissez dans les esprits les germes de nos dogmes, que prêtres et laïcs se persuadent que le christianisme est une doctrine essentiellement démocratique ».
Mais l’explication par les puissances occultes, pour pertinente qu’elle soit, n’épuise pas le sujet. On ne peut passer sous silence l’état du monde au moment où les Pères conciliaires se réunissent en 1962. La victoire en 1945 des démocraties alliées à l’Union soviétique a incontestablement créé un environnement très défavorable à l’épanouissement de l’Église et des valeurs chrétiennes. L’hédonisme généralisé, l’individualisme exacerbé, l’égalitarisme forcené, le matérialisme radical de la démocratie libérale et du communisme athée ne pouvaient à terme qu’influer négativement sur les hommes d’Église comme sur l’ensemble des catholiques. Plus généralement, le fait que les institutions n’étaient plus chrétiennes depuis assez longtemps dans la quasi-totalité des pays du globe, et singulièrement dans la plupart des pays d’Europe, n’était pas non plus de nature à accroître l’influence de l’Église. Vatican II s’inscrit dans un monde déjà fortement déchristianisé et meurtri par deux sanglantes guerres mondiales. En un siècle et demi, la Révolution Française a eu le temps d’instiller le poison de ses idées pernicieuses à l’Europe entière, sinon à toute la terre, venin prolongé par la victoire du protestantisme anglo-saxon et du communisme athée en 1945. Enfin, la domination chaque jour plus insolente de la techno-science a créé un environnement très défavorable au rayonnement de l’Église. Sans doute conviendrait-il de remonter à la Renaissance et à son humanisme pour expliquer la genèse des idées qui ont triomphé au concile. Si l’Église a résisté aux assauts du protestantisme au XVIe, du jansénisme au XVIIe, du naturalisme philosophique au XVIIIe, du libéralisme au XIXe et du modernisme dans la première moitié du XXe siècle, c’est cette dernière hérésie, stigmatisée par saint Pie X dans sa magistrale encyclique Pascendi (1907), qui finit par séduire la quasi-totalité de la hiérarchie catholique.
Les fruits vénéneux de l’ “aggiornamento”
Les fruits de cette subversion religieuse et politique, doctrinale et pastorale ne se sont pas fait attendre : effondrement des vocations religieuses et sacerdotales, affaissement de la pratique religieuse, montée vertigineuse de l’indifférentisme religieux, du relativisme moral, du scepticisme philosophique. Depuis 1960 environ, les nouvelles générations sont élevées dans une totale ignorance de la religion ; la transmission ne se fait plus. Le dépôt de la foi n’a pas été gardé par ceux qui avaient le devoir sacré de le conserver. Dès lors, rien de surprenant si depuis un demi-siècle que l’Église catholique est au tombeau, occupée, occultée et éclipsée par le modernisme triomphant et que nous vivons donc des temps antéchristiques, la société s’est complètement décomposée, liquéfiée. En cinquante ans, le monde a plus changé qu’en deux millénaires. Nous avons quitté la civilisation édifiée par des siècles d’efforts, de sacrifices, de dévouement pour une barbarie infiniment pire que celle de jadis. Notre monde a rejeté avec obstination la vérité connue. Or, comme le prophétisait le cardinal Pie, « lorsque le Bon Dieu ne règne pas par sa présence, il règne par toutes les calamités liées à son absence ».
Naguère même ceux qui n’étaient pas chrétiens, même ceux qui faisaient profession de rejeter bruyamment le Christ et sa loi, étaient comme malgré eux imprégnés des valeurs chrétiennes. Ils savaient ce que voulaient dire la parole donnée, l’honneur, la fidélité, le courage, la politesse, l’héroïsme, la vertu. Aujourd’hui tous les mots sont pipés. Chez un enfant de sept ans le mot “amour” est déjà irrémédiablement souillé. L’homme moderne n’est plus relié à rien, sinon à son téléphone portable et à Internet. Toute référence transcendantale lui est étrangère. En voulant supprimer Dieu, on a par là-même supprimé la morale. D’où un déferlement de haine, de violence et de nihilisme. D’où des familles divisées, éclatées, décomposées, recomposées. D’où des enfants abandonnés à eux-mêmes. D’où la déferlante de la drogue et de la pornographie. D’où le triomphe satanique de toutes les inversions : mariage homosexuel, théorie du gender, vomitives Gay Pride réunissant chaque année un plus grand nombre de participants, etc. D’où le recours massif à des antidépresseurs et à des anxiolytiques, à des psychiatres et à des mages. D’où la contagion des suicides. D’où le règne du néant, le triomphe insolent du mensonge et de Mammon. Nous vivons en ce moment trois épisodes de l’Ancien Testament : la tour de Babel, le veau d’or et Sodome et Gomorrhe. Comment croire que si l’Église catholique n’avait pas été trahie par ceux-là mêmes qui avaient charge ici-bas de présider à sa pérennité nous en serions là ?
Des temps Apocalyptiques et AntéChristiques
Enfin, l’on peut se demander si Vatican II ne marque pas le point final d’un incessant recul de l’Église catholique depuis plusieurs siècles. Au XIe siècle, l’Orient quittait la communion de l’Église romaine avec le schisme orthodoxe ; au XVIe l’hérésie protestante emportait la moitié de l’Europe ; le jansénisme pervertissait le XVIIe ; le naturalisme de la philosophie des Lumières bouleversait au XVIIIe les fondements mêmes de la société, le libéralisme politique et philosophique combattu par le Syllabus et tous les papes, de Pie VI à Pie XII, marquait de sa détestable empreinte le XIXe et fort logiquement le modernisme fut et demeure l’hérésie du XXe et du début de ce XXIe siècle. Pourtant, malgré les coups qui lui étaient infligés, malgré ses reculs et ses défaites, l’Église ne baissait pas les bras. Ce qu’elle perdait en Europe, elle le gagnait grâce à l’évangélisation du nouveau monde puis grâce aux missions en Asie et en Afrique. De nouvelles congrégations religieuses, d’autres instituts enseignants voyaient le jour.
La nouveauté depuis 1960, c’est qu’il ne s’agit plus d’une crise de croissance mais bel et bien d’une crise de conscience. Si Vatican II a été possible, et s’il y eut hélas si peu de réactions, c’est sans doute finalement parce que les croyances étaient devenues superficielles, sinon factices, purement extérieures. Beaucoup brûlaient de se défaire d’une morale jugée ringarde, de dogmes contraires à l’esprit progressiste et rationaliste, d’une obéissance au Christ et à sa loi vécue comme excessivement coercitive.
Vient alors une ultime question : comment sortir de cette crise ? Il semble vain d’espérer un retour des modernistes à la foi catholique qui ont commis la faute irrémissible de combattre la vérité connue, péché contre le Saint-Esprit, et qui refusent de voir les désastres que leurs hérésies et leur apostasie ne cessent d’engendrer. De plus, les modernistes ont réussi à neutraliser quasiment toutes les résistances, les groupes dits traditionalistes se ralliant les uns après les autres à la Rome apostate ou brûlant de trouver un accord avec ceux-là mêmes qui détruisent la foi. Avant eux, la quasi-totalité des évêques conservateurs regroupés dans le Cœtus internationalis patrum avaient fini par accepter Vatican II et les réformes qui en sont issues, en signant d’abord les décrets du conciliabule en 1965 et en appliquant la révolution conciliaire dans leur diocèse respectif.
La crise effroyable que nous vivons a une évidente dimension eschatologique, il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour l’ignorer. Si Saint Paul a prédit à Timothée que « les jours viendraient où les hommes ne supporteraient plus la sainte doctrine », si le cardinal Pie a prophétisé que « l’Église serait réduite à des dimensions individuelles et domestiques », si la Sainte Vierge a dit à Mélanie à La Salette que « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist », s’il est dit dans la version intégrale de l’Exorcisme de Léon XIII « Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l’impiété, en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé », si avec la synaxe de Paul VI nous voyons « l’abomination de la désolation dans le lieu saint » (Matthieu XXIV, 15), il est non moins vrai que le Christ, chef de l’Église, a promis à l’institution qu’il a fondée l’indéfectibilité et c’est fort de cette promesse divine que malgré les ténèbres actuelles, les ruines qui partout s’accumulent, les chrétiens fidèles gardent au cœur une invincible espérance surnaturelle. Sûrs que le retour du Christ qui détruira l’Antéchrist « par le souffle de sa bouche » (2 Thessaloniciens II, 8) lors de la Parousie rendra à chacun ce qui lui est dû et mettra un terme définitif aux temps apocalyptiques que nous vivons.
Jérôme BOURBON.
RIVAROL
Hebdomadaire de l’opposition nationale et européenne
1 rue d’Hauteville 75010 PARIS. Directeur : Fabrice Jérôme Bourbon
CCP Éditions des tuileries : 4532.19K
Tél. : 01-53-34-97-97 Fax : 01-53-34-97-98