8954

Le CatholicaPedia Blog

CatholicaPedia, une mémoire de la Tradition… en toute liberté

Archive for the ‘Tradition’ tag

Profil d’un “TRADI”

without comments

Golias_800px

Ce n’est pas sans humour (progressiste !) qu’Yves Lancien, du très progressiste « Golias », se lance dans un exercice de style assez risqué puisqu’il prétend mettre en groupes et catégories le monde traditionaliste, rien que ça ! Malheureusement, son petit exercice d’équilibriste, outre qu’il est forcément partisan, surfe uniquement sur le sociologique, l’affectif et le culturel. Il est clair que notre Yves omet volontairement d’autres “dimensions”. (Je vous laisse deviner lesquelles, cela faisant partie de l’exercice ou du jeu, comme vous préférez). Néanmoins, son petit devoir d’humour sur table reste distrayant à lire et chacun de nous pourra sans doute y reconnaitre par ci par là quelques bribes peu glorieuses d’un passé peut-être personnel de naïveté liturgique, d’illusion cléricale ou de “bonnes intentions” de circonstances.

Afin de distraire nos lecteurs, dont il est supposé qu’ils l’ont bien mérité, nous avons volontairement occulté les qualificatifs d’Yves Lancien qui viennent émailler le substantif généraliste de “TRADI”. Même si nous nous honorons de ne plus nous reconnaître, ici au Catholica, comme de simples “tradis” dont les chapelles ternissent de leurs “différences” le paysage sans tâche de la Sainte Église, nous aurons à cœur d’exercer nos intuitions sédévacantistes sur la découverte de ces mots, qui, d’après Golias, font toute la différence ! Après quoi nous observerons qu’une lecture transversale permet de mieux comprendre pourquoi la “tradition” revêt de si nombreux visages.

Arrivons donc au fait : il s’agit de trouver dans la liste suivante le qualificatif qui décrit le mieux un tradi dans les paragraphes qui suivent en bleu un peu plus bas.

Voici les qualificatifs que vous aurez à apposer au mot “tradi” :

Bonne Chance !

 

Aqua Simplex

Pur et Dur

Traditionnel

Esthète

Persécuté

Chimérique

Partagé

 

À vous de les remettre dans l’ordre ! Notez toutefois, qu’en cas de réussite totale, aucun brevet de « traditionalisme » ne vous sera délivré sur ce blog !!!

Ici nous ne délivrons que des brevets de catholicisme intégral…!

 

10 août 2013

[2007] [Yves Lancien – Golias] Profil d’un ’’tradi’’

SOURCE – Yves Lancien – Golias – 8 septembre 2007


Qu’est-ce qu’un « tradi » ?

Quand on en rencontre un, reconnu et se reconnaissant comme tel, il n’est pas difficile de discuter voire d’échanger : c’est simplement impossible car il vit dans l’absolu, à un étage culturel et surtout affectif de la foi et de la pensée où aucun argument théologique, rationnel ou raisonnable ne peut l’atteindre ni le toucher, sauf à venir conforter ses convictions.

La définition du « tradi » n’est pas facile car l’archétype, un tradi lambda, n’existe sans doute pas. Sur un socle commun de « conservatisme » au sens profond du terme, celui de vouloir que rien ne change en refusant toute évolution au nom de valeurs ou de décisions pontificales, récentes ou non, immuables car éternelles, on trouve des types relativement diversifiés, dont les caractéristiques peuvent se recouper sans exclusivité à des degrés d’implication divers.

L’âge, le sexe, le niveau social, culturel ou professionnel sont des critères parmi d’autres qui se recoupent sans exclusivité. (Nous l’aurons bien noté !)

Le Tradi xxxxxxx ou « c’était mieux avant ». La baguette de pain était bien meilleure, elle était moins chère, il n’y avait pas de pollution, on voyait des bidasses en uniforme, il y avait moins de Chinois et de Noirs dans le métro, en hiver il neigeait, les étés étaient chauds mais supportables, les enfants étaient polis et mieux élevés, ils savaient lire et écrire sans fautes d’orthographe, les jeunes moins débraillés et plus respectueux ! Les curés portaient la soutane, on en voyait souvent dans les rues, les églises étaient fréquentées, les cloches sonnaient, on faisait des processions, les séminaires étaient pleins, chaque clocher avait son curé. Ah, c’était le bon temps ! Et du temps de l’abbé X, mon bon Monsieur, c’était encore mieux, et du temps du chanoine Y, vous ne l’avez pas connu ma brave dame, encore bien mieux !
Le Tradi xxxxxxxx : il est resté fidèle au catéchisme diocésain questions-réponses de son enfance comme à la liturgie de sa jeunesse et depuis cette période, son comportement n’a pas évolué. « On nous a changé la religion » dit parfois ce bon chrétien plus tout jeune, mais sa foi tranquille et heureuse ne se pose pas beaucoup de questions. Il voit la preuve de l’éternité de l’Église dans la continuité de la messe dominicale en latin où enfant, il accompagnait son grand-père qui avait accompagné le sien, il s’y sent rassuré et la messe des Anges qu’il connaît par cœur et quelques cantiques, suffisent à la pérennité de son bonheur et à son sens du sacré. Il resterait volontiers dans sa paroisse géographique s’il y avait une messe en latin de temps en temps avec Asperges me, ce qu’il espère avec le prochain Motu proprio du pape “qui se fait attendre”, en dépit des réticences qu’on prête à l’épiscopat français. Certes, il est loin de tout comprendre et doit recourir aux traductions, tout en se berçant dans la demi compréhension d’une langue sacralisée par son mystère.
Le Tradi xxxxxxxxx : féru des pompes romaines et du chant grégorien, amoureux du rite, adepte exclusif de la chasuble « boite à violon », familier des manuels de liturgie, nostalgique de ce qu’il connaît par ouï dire car il est souvent jeune, il en remontre au cérémoniaire de cathédrale le plus chevronné. Pointilleux sur le moindre détail des ornements, rubriciste intransigeant, il regrette les beaux offices préconciliaires, déplore la rareté des messes « à trois chevaux » comme la disparition des grandes liturgies pontificales. Hors saint Pie V, point de salut, c’est sûr et certain. Incollable sur les cornes des barrettes ou l’usage du manipule, érudit des tunicelles, inflexible sur les baisements et le nombre des encensements, il en est arrivé, en toute bonne foi, à mettre sur le même plan Présence réelle et port de la soutane. Il est même sincèrement malheureux qu’on ne partage pas son point de vue. Au fond, cet ami du Beau (et de l’Ordre) qui trouve à se « réfugier dans les dentelles », aime se sentir et a besoin d’être entouré d’un corset de certitudes avec baleines en acier trempé. Les plus démonstratifs de la catégorie assortissent cravate, pochette et chaussettes aux couleurs liturgiques, blanc, violet et rose compris.
Le Tradi xxxxxxxxxx : ses convictions, théologiques et autres, sont en granit et la Vérité, qu’il est seul à détenir, n’est pas discutable. Il connaît toutes les encycliques et bulles de condamnation de la franc-maçonnerie, des hérésies et déviations diverses, modernisme et autres erreurs, avec les dates de fulmination, toujours prêt à dégainer Pascendi, Lamentabili ou Vehementer. Il démontre qu’il ne reste plus que 80 évêques ayant été sacrés validement, source de tous les maux actuels de l’Église (Benoît XVI l’a été, heureusement) (1) et surfe sur les sites de l’Internet où il retrouve ses congénères. Il fustige volontiers les évêques de France dont beaucoup seraient issus de la succession apostolique de Talleyrand, donc invalides ; quant aux autres, « il y a encore pas mal de marxistes » mais cela change. Il mène la vie dure à son curé qu’il voudrait plus docile à la Vérité, c’est à dire à la sienne, pour son bien et celui de l’Église. Il fréquente la plus proche paroisse tradi le dimanche matin quand il y en a une et à Paris ira à saint Nicolas du Chardonnet. Le cas échéant, il participe à une manifestation contre l’avortement organisée par l’association dont il fait partie. C’est un « Catholique et Français toujours », clérical en diable, très attaché à l’Ordre et à l’Autorité quand ils rencontrent ses Vérités.
Le Tradi xxxxxxxxxx : il vit à l’ère préconciliaire, non pas celle qui a précédé Vatican II mais plutôt Vatican I. Cultivé, passionné d’histoire, aimable et mondain, souvent bon latiniste et fervent monarchiste (mais légitimiste), il aime et voit dans l’Église la gardienne, la garante et la protectrice d’un ordre social immuable voulu par Dieu où il figure certes en bonne place (comme Charles Maurras, mais il ne faut pas lui rappeler qu’il était sourd et agnostique). Il a le plus grand respect pour le Prêtre, oint du Seigneur, et s’incline avec déférence quand son curé remonte l’allée pour aller à l’autel. Partisan convaincu du trône et de l’autel, fleur de lys à la boutonnière ou épinglée sur la cravate, il ne manque jamais la messe anniversaire du 21 janvier et voudrait qu’on chante « Domine salvam fac Regem ». Il est dans un monde où les pendules semblent arrêtées depuis quelques siècles.
Le Tradi xxxxxxxx : martyr immolé sur l’autel de la Tradition à défaut de la Foi, saint Sébastien gémissant ou agnelle doloriste au cœur saignant et à l’âme souffrante, ce type tradi ressasse sans fin les mêmes plaintes mais ne fait que les ressasser ad nauseam. Notre curé n’aime pas les tradis et il s’en vante, il veut nous convertir à la messe Paul VI, il a refusé la Vierge pèlerine, il ne veut pas de vêpres, il ne porte la soutane que le dimanche, l’évêque ne nous aime pas alors que nous sommes ses meilleurs diocésains, il nous refuse une belle et vaste église à peu près vide où nous ferions le plein tous les dimanche, il ne veut pas nous donner un curé ou un vicaire de la fraternité Saint Pierre, il n’en veut pas dans son diocèse alors qu’il manque de prêtres, il nous exile à la campagne ou dans des quartiers impossibles ! On nous condamne aux catacombes ! Qu’avons-nous donc fait pour mériter cela, nous qui conservons le dépôt sacré de la liturgie dans son intégrité, contre vents et marées ?
Pour finir, Le Tradi xxxxxxxxx, dont il reste de nombreux exemplaires. En réfléchissant, il ne voit aucun avenir à la messe tridentine à laquelle on ne comprend plus rien : il aime à la fois le rite Paul VI avec des lectures nombreuses, ses prières participatives, l’échange de la paix mais aussi la messe tradi avec Asperges me (beau rite qu’il faudrait rétablir) et quelques chants en latin, patrimoine de l’Église. Qu’on en chante une, une fois par mois, ça suffira, si on trouve un prêtre capable et volontaire pour la célébrer, ce qui n’est pas évident.

 

 

 


[1] Ce Yves Lancien est un âne ! à vouloir faire le malin, il ne sait même pas que Ratzinger a été “ordonné” “évêque” selon le nouveau rite de Pontificalis Romani

 

Jean Madiran : un sous-marin ennemi !

with 6 comments

Voici pour finir sur Madiran, deux documents importants à connaître.

Mgr Lefebvre avait tout vu en 1986 : La Salette !

Madiran l’a trahi et emmené beaucoup de fidèles derrière lui…

un sous-marin ennemi !

L’amiral de Penfentenyo, a dit de lui :

« Madiran ? c’est un sous-marin, un jour il fera surface ! »

Il a fait surface au moment des sacres…

toujours DEUX écoles !

mais qu’elle est celle de la Vérité ?

* * *

LETTRE DE MGR LEFEBVRE À JEAN MADIRAN

 

Écône, le 29 janvier 1986

 

Bien cher Monsieur Madiran,

Dans les circonstances que l’Église traverse aujourd’hui, je rends grâces à Dieu que vous soyez présent par Itinéraires et le journal Présent.

Je crois sincèrement que vous êtes le seul parmi les écrivains, même dits traditionalistes, à voir clairement et à dénoncer avec une parfaite justesse l’entreprise diabolique et maçonnique qui se réalise actuellement par le Vatican et la grande majorité des évêques (1).

Le plan annoncé dans les Actes de la Haute Vente et publié par ordre du pape Pie IX se réalise aujourd’hui sous nos yeux. J’étais la semaine dernière à Rome, appelé par le cardinal Gagnon, qui m’a remis la lettre que je vous communique ci-joint. Un réseau très bien organisé tient en main toute l’activité de la curie, intérieure et extérieure.

Le pape est un instrument de cette mafia (2), qu’il a mise en place et avec laquelle il sympathise. On ne peut espérer aucune réaction de sa part, au contraire. L’annonce de la réunion des religions à Assise en octobre, décidée par lui (3), est le comble de l’imposture et de l’insulte à Notre-Seigneur. Rome n’est plus la Rome catholique. Les prophéties de Notre-Dame de la Salette et de Léon XIII dans son exorcisme  (4), se réalisent. “Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l’impiété ; en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé… ”

C’est Léon XIII aussi qui avait interdit le “congrès des religions” qui devait avoir lieu à Paris en 1900 à l’occasion de l’Exposition universelle, comme il avait eu lieu à Chicago en 1893.

Vous verrez, dans la réponse à notre lettre, que le cardinal Ratzinger s’efforce une fois de plus de dogmatiser Vatican Il. Nous avons affaire à des personnes qui n’ont aucune notion de la Vérité. Nous serons désormais de plus en plus contraints d’agir en considérant cette nouvelle Eglise conciliaire comme n’étant plus catholique.

 

Nous ne pouvons plus, sans manquer gravement à la vérité et à la charité, donner à entendre à ceux qui nous écoutent ou qui nous lisent que le pape est intouchable, qu’il est plein de désirs de revenir à la Tradition et que c’est son entourage qui est coupable, comme le font La Pensée Catholique, L’Homme Nouveau et tant d’autres apparemment traditionalistes.

 

J’espère que cette assemblée des religions, en attendant le Comité des religions siégeant au Vatican, va leur ouvrir les yeux.

 

† Marcel Lefebvre

 


[1] Malheureusement au moment des sacres, Jean Madiran trahira Mgr Lefebvre !

[2] L’organisation du jubilé 2000 et la réunion interreligieuse du Mont Sinaï démontrent que Jean-Paul Il est le cerveau et le chef de toute cette mafia.

[3] Sur ordre de la Franc-Maçonnerie.

[4] Version originale de 1903.

 

 

* * *

Sel de la Terre n° 1, deuxième trimestre 1992,
pages 114-118

* Note historique et doctrinale sur l’église Conciliaire

 

Par Jean Madiran, Itinéraires n° VI, Été 1991.

Une bonne critique de cet éditorial est déjà parue dans “Controverses (n° 37 et n° 40), sous la plume de monsieur l’abbé Simoulin. Si nous nous permettons quelques considérations supplémentaires, c’est pour compléter l’article sur « L’ecclésiologie comparée » qu’on peut trouver dans ce n° du “Sel de la terre”.

En lisant cet éditorial, la première réflexion qui vient à l’esprit est celle-ci : nous avons eu une « nouvelle Messe » qui se prétendait l’héritière de l’ancienne, un « nouveau catéchisme », un « nouveau code de droit canon » etc…, aurions-nous aussi un « nouvel Itinéraires » ? Il suffit en effet de comparer cet article de Jean Madiran avec ce qu’il écrivait dans « l’ancien Itinéraires », par exemple dans l’éditorial du « Supplément-Voltigeur » n° 39 de Juin 1976 (on le trouve reproduit dans le n° spécial d’Itinéraires de Décembre 1976 « la condamnation sauvage de Mgr Lefebvre »), pour être frappé de l’évolution de la pensée du chroniqueur. Comparons les deux formules :

ANCIENNE FORMULE


Juin 1976


“HORS DE QUELLE ÉGLISE ?”

NOUVELLE FORMULE


Été 1991


“NOTE HISTORIQUE ET DOCTRINALE
SUR L'ÉGLISE CONCILIAIRE”

Paul VI accuse Mgr Lefebvre de "se placer hors de l'Église". Mais hors de laquelle ? Il y en a deux. Et Paul VI n'a pas encore renoncé à être le pape de ces deux Églises simultanément. Dans ces conditions, "hors de l'Église" demeure équivoque et ne tranche rien.


Qu'il y ait présentement deux Églises, avec un seul et même Paul VI à la tête de l'une et de l'autre, nous n'y sommes pour rien, nous ne l'inventons pas, nous constatons les faits.


 

Plusieurs épiscopats qui se déclarent en communion avec le pape, et que le pape ne rejette point de sa communion, sont objectivement sortis de la communion catholique. (...) Oui, mais prévaricateurs, déserteurs, imposteurs, Paul VI reste à leur tête sans les désavouer ni les corriger, il les garde dans sa communion, il préside à cette Église-là aussi. (...)


 

Si le concile a été constamment interprété comme il l'a été, c'est avec le consentement actif ou passif des évêques en communion avec le pape. Ainsi s'est constituée une église conciliaire, différente de l'Église catholique. (...)


 

Il y a deux Églises sous Paul VI. Ne pas voir qu'elles sont deux, ou ne pas voir qu'elles sont étrangères l'une à l'autre, ou ne pas voir que Paul VI jusqu'ici préside à l'une et à l'autre, c'est de l'aveuglement, et dans certains cas peut-être un aveuglement invincible. Mais, l'ayant vu, ne pas le dire serait la complicité de son silence à une anomalie monstrueuse.

Il était d'une grande commodité, pour le langage et le raisonnement, de nommer l’ "Église conciliaire" comme si elle constituait une réalité substantielle. Mais l'inconvénient serait d'oublier qu'elle n'est point un sujet subsistant en face d'une autre Église. Bien ou mal nommée, et quelque soit le sens que l'on donne à cette expression, l'église conciliaire n'est qu'un état de l'Église catholique : l'accident d'une substance. (...)


 

Ces deux Rome ne sont pas substantiellement distinctes l'une de l'autre. Il n'existe que l'unique Rome, plus ou moins atteint par la "tendance néomoderniste", comme un individu est plus ou moins profondément atteint par une maladie. Plus ou moins malade, l'unique Rome est celle du pape. D'ailleurs, si par impossible il existait deux Rome subsistantes l'une en face ou à côté de l'autre, celle du pape serait forcément la vraie (1).


 

(...) Se représenter aujourd'hui une Église conciliaire comme distincte, la faire consister en une Église visible du Pape et des évêques au point que reconnaître leur juridiction, y demeurer ou s'y replacer devrait être tenu pour le signe visible de l'adhésion à la maladie conciliaire, voilà une conséquence exorbitante qui se trouverait nécessairement impliquée, il me semble, dans un concept d’ "église conciliaire" hypothéqué par une erreur philosophique, fût-elle inconsciente, sur la substance et ses accidents.

 

Il y a plus qu’une nuance entre les deux articles de Jean Madiran. Est-ce le fait de s’être « replacé sous la juridiction » de l’église Conciliaire qui aurait eu pour conséquence de donner les premiers symptômes de « la maladie conciliaire » ? Nous en trouvons trois pour notre part :

1- L’évolution de la pensée. Il suffit de comparer les deux formules pour le constater. Peut-être, en fin logicien, notre auteur arrivera à montrer qu’il a évolué sans se contredire : mais en cela aussi il imitera l’église Conciliaire qui prétend défendre la liberté religieuse et l’œcuménisme sans contredire le Magistère antérieur.

2- L’absence de saine philosophie. Prétendre qu’une société (être moral) est une substance (être physique) relève d’une curieuse philosophie. Un élève de deuxième année d’un séminaire catholique (et non conciliaire !) saurait expliquer qu’une société est une union morale de personnes et donc, par définition, elle est de l’ordre des accidents (2) : elle est une union accidentelle de substances, mais non pas une substance.

Il est vrai que l’Église n’est pas seulement un corps moral, mais aussi un corps mystique. Cela signifie qu’en plus de l’union morale naturelle des personnes dans la recherche d’un même bien, il y a une union surnaturelle par la foi, si bien que l’unité du corps mystique est bien plus grande que celle de toute autre société humaine.

Mais la grâce ne détruit pas la nature, et cette unité reste de l’ordre accidentel. Pie XII l’explique très clairement dans l’encyclique Mystici Corporis : « tandis que dans un corps naturel (3) le principe d’unité unit les parties de telle sorte que chacune manque entièrement de ce qu’on appelle subsistance propre, dans le corps mystique, au contraire, la force de leur conjonction mutuelle, bien qu’intime, relie les membres entre eux de manière à laisser chacun jouir absolument de sa propre personnalité ».

Autrement dit, si on acceptait la philosophie de Jean Madiran, chaque chrétien, en recevant le baptême, perdrait sa substance et sa personnalité pour se fondre dans l’Église-substance ! Cette théorie ressemble plus à « la fusion dans le grand tout » des adeptes du New-Age qu’à la communion des saints du Credo catholique !

3- Ce qui nous paraît plus grave, c’est que Jean Madiran semble s’être laissé influencer par cette impiété que pourtant il stigmatise lui-même avec raison. En effet il est impie de dire que « l’église Conciliaire est un état de l’Église catholique : l’accident d’une substance ».

L’Église catholique est sainte et ne saurait avoir comme accident ou propriété « la tendance néo-moderniste » de l’église Conciliaire. Le néo-modernisme, le faux œcuménisme, la liberté religieuse, la nouvelle ecclésiologie etc…, tous ces caractères que nous avons étudiés dans l’article sur « l’ecclésiologie comparée » ne sont pas catholiques. L’église Conciliaire n’est pas un accident de « la substance Église catholique », elle est un corps étranger à l’Église et qui s’oppose à elle en « dissolvant Jésus-Christ » parmi les fausses divinités (4).

 

Conclusion :

Nous devons continuer à dire ce que Madiran écrivait en 1976 : « il y a présentement deux Églises », « différentes » et « étrangères l’une à l’autre ».

Nous devons préciser, pour répondre à ce que Madiran écrit en 1991 : les deux Églises sont deux sociétés, aucune des deux ne peut prétendre être une substance.

Et même si ces deux sociétés s’opposent l’une à l’autre, il est possible d’appartenir simultanément à l’une et à l’autre :

Pour appartenir à l’Église catholique, il faut et il suffit d’avoir reçu un baptême valide, de professer la vraie foi, et de ne pas en être séparé par un vrai schisme ou retranché par une excommunication majeure (et valide !). Cf. « Mystici corporis« .

Pour appartenir à l’église Conciliaire, il suffit de professer les erreurs qu’elle véhicule ou de s’associer (formellement (5)) avec ceux qui les professent.

Il est donc tout à fait possible d’appartenir aux deux sociétés en même temps, comme il est aussi possible d’appartenir en même temps à l’Église catholique (au moins à son corps) et à la Contre-Église (6). Ce serait par exemple le cas d’un catholique qui se ferait franc-maçon sans renier sa foi, ou qui militerait dans le New-Age.

À l’inverse, et Jean Madiran semble n’avoir pas vu cette évidence, il est tout à fait possible d’appartenir à l’église Conciliaire sans appartenir à l’Église catholique. C’est le cas de tous les catholiques, clercs et laïcs, qui sont tellement imbus des idées de l’église Conciliaire qu’ils ont fini par abandonner la vraie foi. C’est le cas des protestants et des orthodoxes qui « appartiennent déjà par la grâce de Dieu et le don de la foi et du baptême à l’unité suprême de l’unique peuple de Dieu » (Jean-Paul II, discours aux cardinaux du 22/12/1986, DC 1933). Rappelons-nous en effet que l’église Conciliaire a donné le sacerdoce à Max Thurian (Protestant de Taizé), et a levé l’excommunication des orthodoxes !

Enfin, cela va sans dire mais cela va mieux en le disant, on peut (7) très bien appartenir à l’Église catholique sans appartenir à l’église Conciliaire : c’est le cas des catholiques qui refusent les nouveautés conciliaires. Et si on prétend parfois que de tels catholiques sont « schismatiques », ou « excommuniés », il faut s’entendre : schismatiques par rapport à l’église Conciliaire mais pas par rapport à l’Église catholique, excommuniés par l’église Conciliaire mais pas par l’Église catholique.

Et c’est même cette appartenance à l’unique Église catholique qui est l’état normal et agréable à Dieu : la double appartenance est une maladie et un péché (8).

 

Fin de l’article du Sel de la Terre.

 


Les passages soulignés en rouge sont soulignés par LHR.

[1]Note de LHR. Raisonnement faux. En cinquante ans, M. Madiran n’a jamais voulu parler du plan de l’ennemi expliqué particulièrement par Mgr Delassus et Crétineau-Joly. Il ne sait pas que leur but est de mettre un Pape à eux, sachant que jamais un vrai Pape ne viendra à eux. M. Madiran ne peut penser une minute que ce plan est accompli ! et que donc « la Rome de leur pape est forcément la fausse ».

Cette énorme et inadmissible lacune de M. Madiran explique ses dérives et où il en est aujourd’hui : plus du tout catholique et complètement conciliaire. M. Madiran a de très graves responsabilités dans l’apostasie de nombreux clercs et fidèles. On ne dénoncera jamais assez combien ce faux Maître est dangereux.

[2] Certes il y a des substances dans une société, à savoir les personnes dont elle est formée matériellement ; mais elle est constituée formellement par l’union des intelligences et des volontés dans la poursuite du bien commun, c’est-à-dire par des réalités de l’ordre des accidents.

[3] C’est-à-dire une substance comme le corps humain.

[4]Note de LHR : « corps étranger à l’Église » ! Nous sommes d’accord, mais il faut en tirer la seule et bonne conclusion : la secte conciliaire n’est pas l’Église Catholique. Principe de non-contradiction.

[5] C’est-à-dire dans les actions où ils les professent. Par exemple quelqu’un qui assiste formellement à la nouvelle Messe adhère par là à l’église Conciliaire. Par contre quelqu’un qui reconnaît Jean-Paul II comme pape, sans pour autant accepter les erreurs qu’il professe, ne fait pas partie pour cela de l’église Conciliaire.

[6]Note de LHR : oui on peut appartenir à la contre-église et en même temps à l’Église Catholique.

Mais ceux qui font cela ne font plus partie de la Sainte Église. Ils peuvent y venir physiquement, mais ils sont, et ne sont que de la contre-église. En aucun cas ils ne sont membres de la sainte Église qu’ils ont reniée en s’affiliant à la contre-église. Ce sont des loups dans la bergerie.

Ceux qui sont de la sainte Église sont toujours un : en aucun cas ils ne vont à la contre-église.

De même : ceux qui sont du oui mais, du oui non, du oui peut-être, sont du camp du non. Ceux qui sont du camp du oui, ne rajoutent rien, cf. Math, v, 37 : « ce qui se dit de plus, vient du malin ».

Que des « théologiens » ne comprennent pas cela, c’est gravissime : ils sont incapables de diriger les fidèles dans les notions de bien et de mal, et incapables surtout de comprendre la grille amis-ennemis. On le voit dans la dérive où Avrillé s’est engagé et maintenant s’enferme.

[7]Note de LHR : Non ! Un catholique ne doit appartenir qu’à la seule Église catholique, la seule qui enseigne la vraie Foi, comme l’article le souligne plus haut, la seule qui ne fasse pas perdre la Foi, la seule qui conduise à la Vie Éternelle. Ce n’est pas rien. C’est sans aucune compromission.

« Celui qui, même sur un seul point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées, très réellement abdique tout à fait la foi, puisqu’il refuse de se soumettre à Dieu en tant qu’Il est la Souveraine Vérité et le motif propre de la Foi ». Léon XIII, Satis cognitum.

Nous conseillons fortement Avrillé à rappeler et diffuser ce passage de Léon XIII, qu’ils semblent méconnaître.

[8]Note de LHR : Voilà qui est très bien résumé, mais alors pourquoi ne pas comprendre que l’autre Rome ne peut pas être l’Église et en tirer les conclusions. La très sainte Vierge Marie a eu à La Salette une formule éclairante : Rome a perdu la Foi. Rome, pas l’Église. La très sainte Vierge Marie ne confond pas Rome et l’Église.

Sachons en tirer la conclusion évidente : la Rome d’aujourd’hui n’est pas catholique. Avrillé le voit et le dit. Mais il faut aller plus loin : la Rome d’aujourd’hui n’est pas l’Église Catholique, et cela Avrillé ne le voit pas, ne veut pas le voir, ne le dit pas, et trompe ses lecteurs et ses fidèles.

Les « Verrua », « Bordeaux », etc. ont la grave responsabilité de nous avoir enfermés dans le problème du Pape : hérétique, pas hérétique, hérétique formel, materialiter, formaliter, siège vacant, siège occupé, etc., c’est-à-dire, tout centrer sur ces « papes » conciliaires (vrais papes conciliaires, mais impossibles Papes catholiques), nous bloquant dans des discussions éternelles et stériles, alors que la démonstration évidente que cette secte n’est pas l’Église Catholique, Une, Sainte, Apostolique (mais là il faut avoir l’humilité de se mettre à l’école de la très sainte Vierge Marie !) résout tout en une minute. On conclut facilement que cette secte non catholique éclipse la Sainte Église de Notre-Seigneur. Cela évite de confondre le Vicaire de Jésus-Christ avec le chef de la bande de la synagogue de Satan qui a tout détruit.

 

 

* * *

 

Et pour finir, rigolons un peu avec la chronique : du blog d’Anne Brassié :
« La mort d’un grand chef vendéen »
(!!!)

 

2008Le blog d’Anne Brassié

La mort d’un grand chef vendéen

 

Jean Madiran a été rappelé à Dieu le 31 Juillet, à l’âge de 93 ans. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas il fut un grand chef de guerre intellectuelle et spirituelle. (!!!) Nous sommes en effet en guerre larvée depuis 45. Les communistes qui ont « gagné la guerre » aux côtés des alliés continuent à polluer les esprits et l’Église, elle-même, depuis le concile, a rallié les thèses modernistes en rayant sa Tradition bi millénaire. Jean Madiran a combattu sa vie durant contre ces deux dérives mortelles pour notre société. Ses livres, la revue Itinéraire, puis le quotidien Présent qu’il avait fondés sont des armes redoutables pour ce combat. (Il suffit de le dire…) Tous ceux qui l’ont lu ont compris vers quels désastres la démocratie chrétienne nous conduisait. Soutien de Monseigneur Lefebvre, (en sous-marin…) il a répété à l’infini, « Rendez-nous la messe, le catéchisme et l’Écriture sainte. » Fidèle à Rome (l’apostat !) il s’est éloigné de la Fraternité St Pie X au moment où Monseigneur Lefebvre a consacré quatre évêques (c’est là que le sous-marin fît surface…) sans lesquelles la Fraternité n’aurait pu survivre, c’est à dire confirmer et ordonner des prêtres. À la fin de sa vie il reconnaissait que Monseigneur Lefebvre avait agi pour le bien de l’Église. (Faux jeton repris de remords ???)

Son combat politique, je vais l’illustrer par ses quelques remarquables citations trouvées dans le quotidien Présent au lendemain de sa mort, elles vous donneront une (fausse) idée de la force de son esprit : « Quels anges immatériels croyez-vous être si vous méprisez la politique…C’est la politique qui décide de la liberté et de la tyrannie, du sang versé, de la vie et de la mort du peuple et, même, souvent, du sort des âmes. La grande affaire du siècle est politico-religieuse. Politique et religion marchent forcément ensemble. »

Mais cette politique, il faut s’en méfier « Il faudrait que le clergé d’aujourd’hui apprenne enfin que la politique est le monde clos du mensonge. Elle l’est devenue aux mains de la démocratie moderne, instrument idéologique de la ténébreuse alliance entre le socialisme apatride et la fortune anonyme et vagabonde (c’est du Maurras ça !) : ténébreuse alliance qui réduit les peuples chrétiens en servitude, la servitude de l’argent roi. »

Vous comprendrez qu’avec de tels propos de vérité dans le monde clos du mensonge journalistique il ait été ostracisé radicalement. Le journal, La Croix, l’a ignoré, depuis le premier numéro d’Itinéraires, ce qui n’est ni chrétien, ni journalistique. Le Monde de même et Le Figaro itou. (Ils se sont bien rattrapés depuis sa mort !) Disciple de Maurras, refusant les mensonges sur le Maréchal Pétain, c’était l’homme à abattre. Ils n’y sont pas arrivés et jusqu’à la veille de sa mort il écrivait, porté par la vertu d’espérance qui, selon l’Église « se différencie de l’espoir en lui donnant, sous le regard de la foi, une perspective d’éternité. » Merci à Camille Galic d’avoir relevé cela. Elle m’a fait comprendre que, sans Madiran, nous aurions désespéré de l’avenir qui, à vue humaine, est si sombre. Mais voilà, Jean Madiran marchait comme Péguy qu’il admirait, sa main dans celle de la petite fille Espérance.

Ses éditeurs sont Dominique Martin Morin, Via Romana. Ils sont accessibles. Le journal Présent peut être trouvé sur Internet.

Pour ceux qui le connaissait, ils savent la perte que nous venons de faire. Je reproduirai plus tard l’article que j’ai publié dans Présent.

Publié le 8 août 2013 par Anne Brassié

 

revolution nationaleNote du CatholicaPedia : Le 6 février 1995, à Paris, Madiran organise avec d’autres personnalités dont François Brigneau, une réunion présidée par Maurice Bardèche pour célébrer l’anniversaire du 6 février 1934 et la mort de Robert Brasillach. Il déclare : « Jeunes gens et jeunes filles qui êtes ici ce soir, nous remettons entre vos mains la mémoire de la Révolution Nationale, nous vous remettons la mémoire de la France qui attend, qui espère et qui veut sa libération. »

 

 

Written by Cave Ne Cadas

août 10th, 2013 at 12:38 am

Posted in Louis-Hubert REMY,Madiran/Arfel,Tradition

Tagged with , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Il y avait trois dominicains à résister… Madiran a choisi le P. Calmel

with 13 comments

Il y avait trois dominicains à résister…

Madiran a choisi le Père Calmel.

Voici un document qui permet de comprendre qu’il avait choisi le plus mauvais !

Nous, nous avons choisi le P. Guérard !

Deux écoles là encore…

Document annoté par LHR en 2005. (aller directement aux notes)

Pratiquement tous les lecteurs de la revue Itinéraires (Jean Madiran, le fondateur en premier) ont apostasié et rejoint la nouvelle et fausse religion. Est-ce dû à cette approche très approximative du réel qui ressort de tous les travaux d’Itinéraires ? Ce texte du Père Calmel le confirme.

Ce texte du R.P. Calmel est pitoyable et son rappel par le Courrier de Rome une très mauvaise action.

 

 

De l’Église et du Pape

 

Père Calmel, o.p. 1973

 

Nous vous proposons un article du Père Calmel O.P. (1914-1975), qui nous aidera, dans ces temps difficiles, à conserver l’amour de l’Église. Ce texte, qui a été publié dans la revue Itinéraires (1) en 1973, fait partie de l’ouvrage « Brève apologie pour l’Église de toujours » (1987). Plus de trente ans après sa publication, cet article conserve toute son actualité, au point qu’il semble avoir été écrit précisément pour notre époque, où la crise de l’Église connaît un développement sans précédent. La profondeur de vue du Père Calmel est impressionnante. Ce texte aidera le lecteur à avoir des idées claires, un esprit de foi et une âme sereine dans les temps troublés que nous traversons.

Le Courrier de Rome, si si no no, année XXXIX n° 283, novembre 2005

 

Mon pays m’a fait mal… écrivait un jeune poète en 1944 en pleine épuration, lorsque le chef d’Étal que nous savons poursuivait implacablement la sinistre besogne préparée depuis plus de quatre ans. Mon pays m’a fait mal… ce n’est point là une vérité que l’on proclame à son de trompe. C’est plutôt une confidence que l’on se fait à soi-même, avec grande douleur, en essayant malgré tout de garder l’espérance. Quand j’étais en Espagne, dans les années 55, je me souviens de l’extrême pudeur que mettaient des amis, quelle que fût par ailleurs leur préférence politique, à laisser filtrer des précisions sur la guerra nuestra. Leur pays leur faisait encore mal. Mais quand il s’agit non plus de la patrie chamelle, quand il s’agit, non sans doute de l’Église considérée absolument, car à ce titre elle est de tous points indéfectible et sainte, mais du chef visible de l’Église ; quand il s’agit du détenteur actuel de la primauté romaine, comment nous y prendrons-nous et quel est le ton qu’il faudra trouver pour nous avouer à nous-mêmes tout bas : Ah ! Rome m’a fait mal.

Sans doute le journal quotidien de la dénommée bonne presse ne manquera pas de nous dire que, depuis deux mille ans, l’Église du Seigneur n’a jamais connu de pontificat aussi splendide !

Mais qui prend au sérieux ces maniaques incorrigibles des encensements officiels ? Quand nous voyons ce qui s’enseigne et ce qui se pratique dans l’Église entière sous le pontificat d’aujourd’hui, ou plutôt lorsque nous constatons ce qui a cessé d’être enseigné et pratiqué, et comment une Église Apparente, qui se donne partout pour la véritable, ne sait plus baptiser les enfants, enterrer les défunts, célébrer dignement la sainte messe, absoudre les péchés en confession, lorsque nous regardons attentivement grossir la crue empoisonnée de la protestantisation générale, et cela sans que le détenteur du pouvoir suprême donne l’ordre énergique de fermer les écluses, en un mot lorsque nous acceptons de voir ce qui est, nous sommes obligés de dire : Ah ! Rome m’a fait mal.

Et nous savons tous qu’il s’agit d’autre chose que d’une de ces iniquités, en quelque sorte privées, dont les détenteurs de la primauté romaine furent trop souvent coutumiers au cours de leur histoire. Dans ce cas les victimes, plus ou moins mises à mal, avaient une relative facilité de s’en tirer en veillant davantage à leur propre sanctification. Nous devons toujours veiller à notre sanctification. Seulement, et voilà ce que dans le passé l’on n’avait jamais vu à ce degré, l’iniquité que laisse se perpétrer celui qui aujourd’hui occupe la chaire de Pierre, consiste en ce qu’il abandonne aux manœuvres des novateurs et des négateurs les moyens de sanctification eux-mêmes ; il admet que Soient Minés Systématiquement la Saine Doctrine, les Sacrements, la Messe. Cela nous jette dans un péril nouveau. Si la sanctification n’est certes pas rendue impossible, elle est beaucoup plus difficile. Elle est aussi beaucoup plus urgente.

Dans une conjoncture si périlleuse, est-il encore possible au simple fidèle, au modeste prêtre de campagne ou de ville, au religieux prêtre qui se trouve de plus en plus étranger dans son institut, est-il possible à la religieuse qui se demande si elle n’a pas été jouée et mystifiée au nom de l’obéissance, est-il possible à toutes ces petites brebis de l’immense troupeau de Jésus-Christ et de Son vicaire de ne pas perdre cœur, de ne pas devenir la proie d’un immense appareil qui les réduit progressivement à changer de foi, changer de culte, changer d’habit religieux et de vie religieuse, en un mot Changer de Religion ?

Ah ! Rome m’a fait mal. On voudrait se redire avec tant de douceur et de justesse les paroles de vérité. Les simples paroles de la doctrine surnaturelle apprises au catéchisme, que l’on n’ajoute pas encore au mal mais plutôt que l’on se laisse profondément persuader par l’enseignement de la révélation, que Rome, un jour, sera guérie ; que L’Église Apparente bientôt sera démasquée d’autorité. Aussitôt elle tombera en poussière, car sa principale force vient de ce que son mensonge intrinsèque passe pour la vérité, n’étant jamais effectivement désavoué d’en haut. On voudrait, au milieu d’une si grande détresse, se parler en des mots qui ne soient pas trop désaccordés d’avec le discours mystérieux, sans bruit de paroles, que l’Esprit-Saint murmure au cœur de l’Église.

Mais par où commencer ? Sans doute par le rappel de la vérité première touchant la seigneurie de Jésus-Christ sur Son Église. Il a voulu une Église ayant à sa tête l’évêque de Rome qui est Son vicaire visible en même temps que l’évêque des évêques et de tout le troupeau. Il lui a conféré la prérogative du roc afin que l’édifice ne s’écroule jamais. Il a prié pour que lui, au moins, parmi tous les évêques, ne fasse point naufrage dans la foi de sorte que, s’étant ressaisi après les défaillances dont il ne sera pas nécessairement préservé, il confirme à la fin ses frères dans la foi : ou alors, si ce n’est lui en personne qui raffermit ses frères, que ce soit l’un des successeurs les plus proches.

Telle est sans doute la première pensée de réconfort que l’Esprit-Saint suggère à nos cœurs en ces jours désolés où Rome est partiellement envahie par les ténèbres : il n’y a pas d’Église sans vicaire du Christ infaillible et doté de la primauté. Par ailleurs quelles que soient les misères, même dans le domaine religieux, de ce vicaire visible et temporaire de Jésus-Christ, c’est Jésus Lui-même qui gouverne Son Église, qui gouverne Son vicaire dans le gouvernement de l’Église ; qui gouverne de telle sorte Son vicaire que celui-ci ne puisse pas engager son autorité suprême dans des bouleversements ou des complicités qui changeraient la religion. Jusque-là s’étend, en vertu de la Passion souverainement efficace, la force divine de la régence du Christ remonté aux cieux. Il conduit Son Église à la fois de l’intérieur et du dehors et Il domine sur le monde ennemi. Il fait sentir Sa puissance à ce monde pervers, même et surtout lorsque les ouvriers d’iniquité, avec le modernisme, non seulement pénètrent dans l’Église mais prétendent se faire passer pour l’Église véritable.

Car l’astuce du modernisme se déploie en deux temps : d’abord faire confondre les autorités parallèles hérétiques avec la hiérarchie régulière dont elles tirent les ficelles ; ensuite se servir d’une soi-disant pastorale universellement réformatrice qui tait ou qui gauchit par système la vérité doctrinale, qui refuse les sacrements ou qui en rend les rites incertains. La grande habileté du modernisme est d’utiliser cette pastorale d’Enfer, à la fois pour transmuer la doctrine sainte confiée par le Verbe de Dieu à Son Église hiérarchique, et ensuite pour altérer et même annuler les signes sacrés, porteurs de grâce, dont l’Église est la dispensatrice fidèle.

Il est un chef de l’Église toujours infaillible, toujours sans péché, toujours saint, ignorant toute intermittence et tout arrêt dans son œuvre de sanctification. Celui-là est le seul chef car tous les autres, y compris le plus élevé, ne détiennent d’autorité que par Lui et pour Lui. Or ce chef saint et sans tache, absolument à part des pécheurs, élevé au-dessus des cieux, ce n’est point le Pape, c’est celui dont nous parle magnifiquement l’épître aux Hébreux, c’est le Souverain Prêtre : Jésus-Christ.

Jésus, notre rédempteur par la croix, avant de monter aux cieux, de devenir invisible à nos regards mortels, a voulu établir pour Son (2) Église, en plus et au-dessus des nombreux ministres particuliers, un ministre universel unique, un vicaire visible, qui est seul à jouir de la juridiction suprême. Il l’a comblé de prérogatives : « Tu es Pierre et sur cette pierre Je bâtirai Mon Église et les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle ». (Math., 16, 18-19) – « Oui, Seigneur, Vous savez que je Vous aime. Jésus lui dit : Pais Mes agneaux… Pais Mes brebis ». (Jn., 21, 16-18) – « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et toi, une fois converti, confirme tes frères ». (Luc, 22, 32).

Or si le Pape est le vicaire visible de Jésus qui est remonté dans les cieux invisibles, il n’est pas plus que le vicaire : vices gerens, il tient lieu mais il demeure autre. Ce n’est point du Pape que dérive la grâce qui fait vivre le corps mystique. La grâce, pour lui Pape aussi bien que pour nous, dérive du seul Seigneur Jésus-Christ. De même pour la lumière de la révélation. Il détient, à un titre unique, la garde des moyens de la grâce, des sept sacrements aussi bien que la garde de la vérité révélée. Il est assisté à un titre unique pour être gardien et intendant fidèle. Encore faut-il, pour que son autorité reçoive, dans son exercice, une assistance privilégiée, qu’elle ne renonce pas à s’exercer (3)… Par ailleurs, s’il est préservé de défaillir quand il engage son autorité au titre où elle est infaillible, il peut faillir en bien d’autres cas (4). Qu’il défaille, en dessous bien entendu de ce qui relève de l’infaillibilité, cela n’empêchera pas le chef unique de l’Église, le souverain prêtre invisible, de poursuivre le gouvernement de Son Église ; cela ne changera ni l’efficacité de Sa grâce, ni la vérité de Sa loi (5) ; cela ne Le rendra pas impuissant à limiter les défaillances de Son vicaire visible ni à se procurer, sans tarder trop, un nouveau et digne Pape, pour réparer ce que le prédécesseur laissait gâter ou détruire, car la durée des insuffisances, faiblesses, et même partielles trahisons d’un Pape ne dépasse pas la durée de son existence mortelle. Depuis qu’Il est remonté aux cieux, Jésus s’est ainsi choisi et procuré deux cent soixante-trois Papes. Certains, un petit nombre seulement, ont été des vicaires tellement fidèles que nous les invoquons comme des amis de Dieu et de saints intercesseurs. Un nombre encore plus réduit est tombé dans des manquements très graves (6). Cependant que le grand nombre des vicaires du Christ fut à peu près convenable. Aucun d’eux, tout en restant encore Pape, n’a trahi et ne pourra trahir jusqu’à l’hérésie explicitement enseignée (7), avec la plénitude de son autorité. Telle étant la situation de chaque Pape et de la succession des Papes, par rapport au chef de l’Église qui règne dans les cieux, il ne faut pas que les faiblesses d’un Pape nous fassent oublier, si peu que ce soit, la solidité et la sainteté de la Seigneurie de notre Sauveur, nous empêchent de voir la puissance de Jésus et Sa sagesse qui tient en Sa main même les Papes insuffisants, qui contient leur insuffisance dans des bornes infranchissables.

Mais pour avoir cette confiance dans le chef invisible et souverain de la sainte Église sans nous contraindre pour cela à nier les défaillances graves dont n’est pas de soi exempt, malgré ses prérogatives, le vicaire visible, l’évêque de Rome, le clavigère du Royaume des cieux – pour mettre en Jésus cette confiance réaliste qui n’élude pas le mystère du successeur de Pierre avec ses privilèges garantis d’en haut comme avec sa défectibilité humaine – pour que la détresse qui peut nous venir par le détenteur de la papauté soit absorbée par l’espérance théologale que nous plaçons dans le souverain Prêtre, il faut, de toute évidence, que notre vie intérieure soit référée à Jésus-Christ et non au Pape (8) ; que notre vie intérieure, embrassant le Pape et la hiérarchie, cela va sans dire, soit établie non dans la hiérarchie et le Pape, mais dans le Pontife divin, dans ce prêtre-là qui est le Verbe incarné rédempteur, dont le vicaire visible suprême dépend encore plus que les autres prêtres.

Plus que les autres, en effet, il est tenu dans la main de Jésus-Christ en vue d’une fonction sans équivalent chez les autres.

Plus que tout autre, à un titre supérieur et unique, il ne saurait laisser de confirmer ses frères dans la foi, lui-même ou son successeur.

L’Église n’est pas le corps mystique du Pape ; l’Église avec le Pape est le corps mystique du Christ. Lorsque la vie intérieure des chrétiens est de plus en plus référée à Jésus-Christ, ils ne tombent pas désespérés, même lorsqu’ils souffrent jusqu’à l’agonie des défaillances d’un Pape, que ce soit Honorius I (9) ou les Papes antagonistes de la fin du Moyen Âge ; que ce soit, à l’extrême limite un Pape qui défaille selon les nouvelles possibilités de défaillance offertes par le modernisme. Lorsque Jésus-Christ est le principe et l’âme de la vie intérieure des chrétiens, ils n’éprouvent pas le besoin de se mentir sur les manquements d’un Pape pour demeurer assurés de ses prérogatives ; ils savent que ces manquements n’atteindront jamais à un tel degré que Jésus cesserait de gouverner Son Église parce qu’Il en aurait été efficacement empêché par Son vicaire. Tel Pape peut bien s’approcher du point limite où il changerait la religion chrétienne par aveuglement ou par esprit de chimère ou par une illusion mortelle sur une hérésie telle que le modernisme. Le Pape qui en arriverait là n’enlèverait pas pour autant au Seigneur Jésus Sa régence infaillible qui le tient encore en main lui-même, Pape égaré, qui l’empêche de jamais engager jusqu’à la perversion de la foi l’autorité qu’il a reçue d’en haut (10).

Une vie intérieure référée comme il se doit à Jésus-Christ et non au Pape ne saurait exclure le Pape, sans quoi elle cesserait d’être une vie intérieure chrétienne. Une vie intérieure référée comme il se doit au Seigneur Jésus inclut donc le vicaire de Jésus-Christ et l’obéissance à ce vicaire, mais Dieu premier servi ; c’est dire que cette obéissance, loin d’être inconditionnelle, est toujours pratiquée dans la lumière de la foi théologale et de la loi naturelle.

Nous vivons par et pour Jésus-Christ, grâce à son Église, laquelle est gouvernée par le Pape, à qui nous obéissons en tout ce qui est de son ressort. Nous ne vivons point par et pour le Pape comme s’il nous avait acquis la rédemption éternelle ; voilà pourquoi l’obéissance chrétienne ne peut ni toujours ni en tout identifier le Pape à Jésus-Christ. Ce qui arrive ordinairement, c’est que le vicaire du Christ gouverne suffisamment dans la conformité à la tradition apostolique pour ne point provoquer dans la conscience des fidèles dociles, des conflits majeurs. Mais il peut en être quelquefois autrement. Encore que ce soit très exceptionnel, il peut arriver au fidèle de se demander légitimement : comment garderais-je encore la tradition si je suivais les directives de ce Pape ?

La vie intérieure d’un fils de l’Église qui mettrait de côté les articles de foi relatifs au Pape, l’obéissance à ses ordres légitimes et la prière pour lui, une telle vie intérieure aurait cessé d’être catholique. D’autre part une vie intérieure qui inclut d’être agréable au Pape inconditionnellement c’est-à-dire à l’aveugle, en tout et toujours, est une vie intérieure qui est nécessairement livrée au respect humain, qui n’est pas libre à l’égard de la créature, qui s’expose à bien des facilités et des complicités. Dans sa vie intérieure, le vrai fils de l’Église ayant reçu de tout son cœur les articles de foi qui se rapportent au vicaire du Christ (11) prie fidèlement pour lui et lui obéit volontiers, mais seulement dans la lumière, c’est-à-dire étant sauve et intacte la tradition apostolique et bien entendu la loi naturelle. Il paraît certain que, trop souvent, on a prêché un type d’obéissance à l’égard du Pape plus soucieuse d’efficacité, de réussite dans les mouvements d’ensemble que de simple fidélité à la lumière, quoi qu’il en soit des réussites spectaculaires. Non sans doute que fut absent le souci de rester dans la tradition apostolique et dans la fidélité à Jésus-Christ. Mais ce qui était le plus important, le plus actif, le plus pressant, c’était quand même de donner satisfaction à un homme, de s’attirer ses faveurs ; parfois de faire carrière, de préparer sa tête pour le chapeau cardinalice ou de donner du lustre à son Ordre ou sa Congrégation. Mais Dieu ni le service du Pape n’ont besoin de notre mensonge : Deus non eget nostro mendacio.

Souvenons-nous de la grande prière du début du canon romain, ce canon que Paul VI n’a pas hésité à ravaler au niveau de prières polyvalentes accommodées aux cènes calvinistes. (Or équiparer de la sorte le canon romain n’a pas le moindre fondement dans la tradition apostolique et s’oppose de front à cette tradition imprescriptible). Donc le prêtre dans le canon romain, après avoir instamment supplié le Père très clément par Son Fils Jésus-Christ, de sanctifier le sacrifice sans tache offert en premier pro Ecclesia tua sancta catholica… continue ainsi : una cum famulo tuo Papa nostro… et Antistite nostro… L’Église n’a jamais envisagé de faire dire : una cum SANCTO famulo tuo Papa nostro et SANCTO Antistite nostro alors qu’elle fait dire : pro Ecclesia tua SANCTA. Le Pape, à la différence de l’Eglise, n’est pas saint obligatoirement (12). L’Église est sainte avec des membres pécheurs, dont nous-mêmes ; des membres pécheurs qui tous, hélas ! ne tendent pas ou ne tendent plus à la sainteté. Il peut bien arriver que le Pape lui-même figure dans cette triste catégorie. Dieu le sait. En tout cas, la condition du chef de la sainte Église étant ce qu’elle est, c’est-à-dire n’étant pas nécessairement la condition d’un saint, il ne faut pas nous scandaliser si des épreuves, parfois de très cruelles épreuves, surviennent à l’Église par son chef visible en personne. Il ne faut pas nous scandaliser de ce que, sujets du Pape, nous ne puissions quand même pas le suivre en aveugles, inconditionnellement, en tout et toujours. Dans la mesure où notre vie intérieure sera référée au chef invisible de l’Église, au Seigneur Jésus, souverain Prêtre ; dans la mesure où notre vie intérieure sera nourrie de la tradition apostolique avec les dogmes, le missel et le rituel de la tradition, avec la tendance à l’amour parfait qui est l’âme de cette tradition très sainte, dans cette mesure même nous accepterons beaucoup mieux d’avoir à nous sanctifier dans une Église militante dont le chef visible, s’il est préservé de faillir dans certaines limites précises, n’est point toutefois soustrait à la commune condition du pécheur.

Le Seigneur, par le Pape et la hiérarchie, par la hiérarchie soumise au Pape, gouverne de telle manière Son Église que celle-ci soit toujours assurée dans sa tradition, intelligente sur la tradition qui est la sienne, jamais inconsciente ni amnésique. Sur les vérités du catéchisme, sur la célébration du saint sacrifice et sur les sacrements, sur la structure hiérarchique fondamentale, sur les états de vie et sur l’appel au parfait amour, disons sur tous les points majeurs de la tradition, l’Église est assistée de telle sorte que tout baptisé ayant la foi, qu’il soit évêque, Pape ou simple fidèle, sait nettement à quoi s’en tenir (13). Ainsi le simple chrétien qui, se référant à la tradition sur un point majeur connu de tous, refuserait de suivre un prêtre, un évêque, une collégialité, voire un Pape qui ruinerait la tradition sur ce point, ce simple chrétien qui dans ce cas précis, refuserait de se laisser faire et d’obéir, ne donnerait pas pour autant, comme d’aucuns le prétendent, des signes caractérisés de libre examen ou d’orgueil de l’esprit ; car ce n’est pas orgueil ni preuve d’insoumission soit de discerner la tradition sur les points majeurs, soit de refuser de la trahir. Quelle que soit par exemple la collégialité d’évêques ou le secrétaire de congrégation romaine qui manigance en dessous pour que les prêtres catholiques en viennent à célébrer la messe sans donner aucune marque d’adoration, aucun signe extérieur de foi dans les saints mystères, tout fidèle sait qu’il est inadmissible de célébrer la messe en faisant cette manifestation de non-foi. Celui qui refuse d’aller à cette messe, ou plutôt à cette cérémonie qui, le plus souvent, a cessé d’être une messe, ne fait pas de libre examen, n’est pas un révolté ; il est un fidèle établi dans une tradition qui vient des apôtres et que nul dans l’Église ne saurait changer. Car nul dans l’Église, quel que soit son rang hiérarchique, et ce rang serait-il le plus haut, nul n’a le pouvoir de changer l’Église et la tradition apostolique.

Je sais qu’il passe souvent pour un farceur ou un maniaque le prêtre qui, n’ayant pas adopté le bouleversement du missel et du rituel entrepris par le pontife romain de maintenant, ose toutefois affirmer : je suis avec Rome ; je me tiens à la tradition apostolique gardée par Rome. — Vous êtes avec Rome, me disent certains allons donc ! Mais quelle est votre manière de baptiser, de dire la messe ?  — La manière, leur dis je, de Paul VI lui-même jusqu’en 1970 ; la manière plus que millénaire sanctionnée par les Papes d’avant Paul VI ; la manière pratiquée par eux, par les évêques et par les prêtres de l’Église latine. Je fais ce qu’ils ont fait unanimement lorsque je maintiens les exorcismes au baptême solennel, lorsque j’offre le saint sacrifice selon un Ordo Missæ consacré par quinze siècles et qui ne fut jamais accepté par les négateurs du saint sacrifice. Si nous, du reste, nous les ministres de Jésus-Christ qui traitons de la sorte la messe et les sacrements avons brisé avec Rome, avec la tradition dont Rome est garante, pourquoi ne sommes-nous point frappés de sanctions canoniques dont la levée soit réservée exclusivement au vicaire du Christ ? J’écris ceci parce que c’est vrai et parce que j’espère conforter quelques fidèles qui n’arrivent pas à comprendre cette contradiction manifeste : être avec Rome, ce serait adopter en matière de foi ou de sacrement ce qui détruit la tradition apostolique et ce en quoi, du reste, nul ne peut préciser jusqu’à quel point le pontife romain actuel a prétendu engager son autorité (14). (De même que dix ans après Vatican II nul ne sait au juste jusqu’à quel point s’étend l’autorité de ce concile « pastoral »). Encore une fois sur tous les points majeurs, la tradition apostolique est bien claire. Il n’est pas besoin d y regarder à la loupe, ni d’être cardinal ou préfet de quelque dicastère romain pour savoir ce qui s’y oppose. Il suffit d’avoir été instruit par le catéchisme et la liturgie, antérieurement à la corruption moderniste (15).

Trop souvent, quand il s’agit de ne pas se couper de Rome, on (16) a formé les fidèles et les prêtres dans le sens d’une crainte en partie mondaine de sorte qu’ils soient pris de panique, qu’ils vacillent dans leur conscience et n’examinent plus rien, aussitôt que le premier venu les accuse de ne pas être avec Rome. Une formation vraiment chrétienne nous enseigne, au contraire, à nous préoccuper d’être avec Rome non dans l’épouvante et sans discernement, mais dans la lumière et la paix, selon une crainte filiale dans la foi (17).

Que nous importe si des adversaires se moquent de nous parce qu’ils nous accusent de ne savoir pas distinguer dans la tradition une partie contingente et variable d’avec l’essentiel qui est irréformable. Leurs moqueries ne pourraient nous atteindre que si nous avions le ridicule d’accorder la même valeur à tout ce qui se réclame de la tradition. Il n’en est rien. Nous disons seulement, et c’est la seule chose qui nous importe, que d’abord sur les points majeurs la tradition de l’Église est établie, certaine, irréformable ; ensuite que tout chrétien, tant soit peu instruit de sa foi, les connaît sans hésiter ; troisièmement que c’est la foi, non le libre examen, qui nous les fait discerner, de même que c’est l’obéissance, la piété, l’amour, non l’insubordination, qui nous font maintenir cette tradition ; quatrièmement que les tentatives de la hiérarchie ou les faiblesses du Pape qui tendraient à renverser ou laisser renverser cette tradition seront un jour renversées, cependant que la tradition triomphera. Nous sommes tranquilles sur ce point : quelles que soient les armes hypocrites mises par le modernisme entre les armes des collégialités épiscopales et du vicaire même du Christ – armes d’Enfer sur lesquelles ils se font peut-être illusion – eh ! bien, quelle que soit la perfection de ces nouvelles armes, la tradition par exemple du baptême solennel qui inclut les anathématismes contre le diable maudit ne sera pas écartée longtemps ; la tradition de n’absoudre en principe les péchés qu’après la confession individuelle ne sera pas longtemps évincée ; la tradition de la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne avec langue, canon et ensemble d’attitudes qui soient fidèles au missel romain de saint Pie V, cette tradition sera bientôt remise en honneur ; la tradition du catéchisme de Trente, ou d’un manuel qui lui soit exactement conforme, refleurira sans tarder. Sur les points majeurs du dogme, de la morale, des sacrements, des états de vie, de la perfection a laquelle nous sommes appelés, la tradition de l’Église est connue des membres de l’Église quel que soit leur rang. Ils y tiennent sans mauvaise conscience, même si les gardiens hiérarchiques de cette tradition prétendent les intimider ou les jeter dans le doute ; même s’ils les persécutent avec les aigres raffinements des bourreaux modernistes. Ils sont très assurés qu’en tenant la tradition ils ne se coupent point du vicaire visible du Christ. Car le vicaire visible du Christ est gouverné par le Christ de telle sorte qu’il ne puisse transmuer la tradition de l’Église, ni la faire oublier. Que par malheur il essaie le contraire, eh ! bien, lui ou ses successeurs immédiats seront obligés de proclamer bien haut ce qui demeure à jamais vivant dans la mémoire de l’Église : la tradition apostolique. L’Épouse du Christ ne risque pas de perdre la mémoire (18).

Quant à ceux qui disent à ce propos que tradition est synonyme de sclérose, ou que le progrès se fait en s’opposant à la tradition, bref tous ceux que font délirer les mirages d’une absurde philosophie du devenir, je leur recommanderai de lire saint Vincent de Lérins dans son Commonitorium et d’étudier d’un peu près l’histoire de l’Église : dogmes, sacrements, structures fondamentales, vie spirituelle, pour entrevoir la différence essentielle qui existe entre : « aller de l’avant » ou « aller de travers » ; avoir « des idées avancées » ou « avancer selon des idées justes » ; bref distinguer entre profectus et permutatio.

Plus qu’en des temps de paix, il nous est devenu utile et salutaire de méditer dans la foi sur les épreuves de l’Église. Nous serions peut-être tentés de réduire ces épreuves aux persécutions et attaques venues de l’extérieur. Or, les ennemis de l’intérieur sont quand même bien plus à redouter : ils connaissent mieux les points vulnérables, ils peuvent blesser ou empoisonner au moment où on s’y attendait le moins, le scandale qu’ils provoquent est bien plus difficile à surmonter. C’est ainsi que, dans une paroisse, un instituteur anti-religieux ne parviendra pas, quoi qu’il fasse, à gâter aussi profondément le peuple fidèle que le prêtre jouisseur et moderniste. De même le défroquage d’un simple prêtre, encore qu’il éclate davantage aux yeux de tous que l’incurie de l’évêque ou sa trahison, n’a pas des conséquences aussi funestes.

Quoi qu’il en soit, il est certain que si l’évêque (19) trahit la foi catholique, même sans défroquer, il impose à l’Église une épreuve beaucoup plus accablante que le simple prêtre qui prend femme et qui cesse d’offrir la sainte messe. Faut-il parler après cela du genre d’épreuve dont peut souffrir l’Église de Jésus-Christ par le Pape lui-même, par le vicaire de Jésus-Christ en personne ? À cette seule question, beaucoup se voilent la face et ne sont pas loin de crier au blasphème. Cette pensée les met à la torture. Ils se refusent à regarder en face une épreuve de cette gravité. Je comprends leur sentiment. Je n’ignore pas qu’une sorte de vertige peut s’emparer de l’âme lorsqu’elle est mise en présence de certaines iniquités. Sinite usque huc (Luc, 22, 51), disait aux trois Apôtres Jésus agonisant, lorsque s’avançait la soldatesque du grand-prêtre venue pour L’arrêter, pour traîner au tribunal et à la mort Celui qui est le Prêtre souverain et éternel. Sinite usque huc ; c’est comme si le Seigneur disait : le scandale peut atteindre jusque-là ; mais laissez ; et selon Ma recommandation : veillez et priez car l’esprit est prompt mais la chair est faible. Sinite usque huc : par Mon consentement à boire le calice Je vous ai mérité toute grâce, alors que vous étiez endormis et que vous M’aviez laissé tout seul ; Je vous ai obtenu en particulier une grâce de force surnaturelle qui soit à la mesure de toutes les épreuves ; à la mesure même de l’épreuve qui peut venir à la sainte Église par le fait du Pape. Je vous ai rendus capables d’échapper à ce vertige même (20).

Au sujet de cette épreuve extraordinaire il y a ce que dit l’histoire de l’Église et ce que ne dit pas la révélation sur l’Église. Car la révélation sur l’Église ne dit nulle part que les Papes ne pécheront jamais par négligence, lâcheté, esprit mondain dans la garde et la défense de la tradition apostolique. Nous savons qu’ils ne pécheront jamais en faisant croire directement une autre religion : voilà le péché dont ils sont préservés par la nature de leur charge (21). Et lorsqu’ils engageront leur autorité au titre où elle est infaillible, c’est le Christ Lui-même qui nous parlera et nous instruira : voilà le privilège dont ils sont revêtus dès l’instant où ils deviennent les successeurs de Pierre. Mais si la Révélation nous affirme ces prérogatives de la papauté, elle ne porte cependant nulle part que lorsqu’il exerce son autorité au-dessous du niveau où il est infaillible, un Pape n’en viendra pas à faire le jeu de Satan et à favoriser jusqu’à un certain point l’hérésie (22) ; de même, il n’est pas écrit dans les Saintes Lettres que, encore qu’il ne puisse enseigner formellement une religion autre, un Pape ne pourra jamais en venir à laisser saboter les conditions indispensables à la défense de la religion véritable. Une telle défection est même considérablement favorisée par le modernisme.

Ainsi la révélation sur le Pape n’assure nulle part que le vicaire du Christ n’infligera jamais (23) à l’Église l’épreuve de certains scandales graves ; je parle de scandales graves non seulement dans l’ordre des mœurs privées mais bien dans l’ordre proprement religieux et, si l’on peut dire, l’ordre ecclésial de la foi et des mœurs. De fait, l’histoire de l’Église nous rapporte que ce genre d’épreuve venue par le Pape n’a point fait défaut à l’Église, encore qu’il ait été rare et ne se soit jamais prolongé à l’état aigu. C’est le contraire qui serait surprenant, lorsque l’on constate le tout petit nombre des Papes canonisés depuis saint Grégoire VII le tout petit nombre des vicaires du Christ qui sont invoqués et vénérés comme des amis de Dieu, des saints de Dieu. Et le plus surprenant est encore que des Papes qui subirent des tourments très cruels, par exemple un Pie VI ou un Pie VII, n’aient été priés comme des saints ni par la Vox Ecclesiæ ni par la Vox populi. Si ces pontifes, qui eurent pourtant à souffrir tellement au titre de Pape, ne supportèrent pas leur peine avec un tel degré d’amour qu’ils en soient des saints canonisés, comment s’étonner que d’autres Papes, qui envisageraient leur charge d’un point de vue mondain, ne puissent commettre des manquements graves, ni imposer à l’Église du Christ une épreuve particulièrement redoutable et déchirante ? Quand ils sont réduits à l’extrémité d’avoir de tels Papes les fidèles, les prêtres, les évêques qui veulent vivre de l’Église ont le grand souci non seulement de prier pour le Pontife suprême qui est alors un grand sujet d’affliction pour l’Église, mais ils s’attachent eux-mêmes d’abord, et plus que jamais, à la tradition apostolique : la tradition sur les dogmes, le missel et le rituel ; la tradition sur le progrès intérieur et sur l’appel de tous au parfait amour dans le Christ.

C’est ici que la mission de ce frère prêcheur qui est, sans doute de tous les saints, celui qui a travaillé le plus directement pour la papauté, c’est ici que la mission du fils de saint Dominique Vincent Ferrier (24), est particulièrement éclairante. Ange du jugement, légat a latere Christi, faisant déposer un Pape après avoir usé à son égard d’une infinie patience, Vincent Ferrier est aussi et du même mouvement, le missionnaire intrépide et plein de bénignité, débordant de prodiges et de miracles, qui annoncent l’Évangile à l’immense foule du peuple chrétien. Il porte dans son cœur d’apôtre non seulement le pontife suprême, si énigmatique, si obstiné, si dur, mais encore tout l’ensemble du troupeau du Christ, la multitude de ce menu peuple désemparé, la turba magna ex omnibus tribubus et populis et linguis. Vincent a compris que le souci majeur du vicaire du Christ n’est pas, et de loin s’en faut, de servir loyalement la sainte Église. Le Pape fait passer avant tout la satisfaction de son obscure volonté de puissance. Mais si, au moins parmi les fidèles, le sens de la vie dans l’Église pouvait être réveillé, le souci de vivre en conformité avec les dogmes et les sacrements reçus de la tradition apostolique, si un souffle pur et véhément de conversion et de prière déferlait enfin sur cette chrétienté languissante et désolée, alors sans doute pourrait enfin venir un vicaire du Christ qui serait vraiment humble, aurait une conscience chrétienne de sa charge suréminente, se préoccuperait de la remplir au mieux dans l’esprit du Souverain Prêtre. Si le peuple chrétien retrouve une vie en accord avec la tradition apostolique, alors il deviendra impossible au vicaire de Jésus-Christ, quand il s’agira de maintenir et défendre cette tradition, de tomber dans certains égarements trop profonds, de se laisser aller à certaines complicités avec le mensonge. Il deviendra nécessaire que, sans tarder, un bon Pape et peut-être un saint Pape succède au Pape mauvais ou égaré.

Mais trop de fidèles, de prêtres, d’évêques, voudraient que dans les jours de grand malheur, lorsque l’épreuve vient à l’Église par son Pape, les choses se remettent en ordre sans qu’ils n’aient rien à faire ou presque rien. Tout au plus acceptent-ils de murmurer quelques oraisons. Ils hésitent même devant le rosaire quotidien : cinq dizaines chaque jour offertes à Notre Dame, en l’honneur de la vie cachée, de la Passion et de la gloire de Jésus. Ils ont très peu d’envie, en ce qui les regarde, de s’approfondir dans la fidélité à la tradition apostolique : dogmes, missel et rituel, vie intérieure (car le progrès de la vie intérieure fait évidemment partie de la tradition apostolique). Ayant à leur propre place consenti à la tiédeur, ils se scandalisent néanmoins de ce que le Pape, à sa place de Pape, ne soit pas, lui non plus, très fervent quand il s’agit de garder pour l’Église entière la tradition apostolique, c’est-à-dire de remplir fidèlement la mission unique qui lui est confiée. Cette vue des choses n’est pas juste. Plus nous avons besoin d’un saint Pape, plus nous devons commencer par mettre notre vie, avec la grâce de Dieu et en tenant la tradition, dans le sillage des saints. Alors le Seigneur Jésus finira par accorder au troupeau le berger visible dont il se sera efforcé de se rendre digne.

À l’insuffisance ou à la défection du chef n’ajoutons pas notre négligence particulière. Que la tradition apostolique soit au moins vivante au cœur des fidèles même si, pour le moment, elle est languissante dans le cœur et les décisions de celui qui est responsable au niveau de l’Église. Alors certainement le Seigneur nous fera miséricorde.

Encore faut-il pour cela que notre vie intérieure se réfère non au Pape mais à Jésus-Christ. Notre vie intérieure qui inclut évidemment les vérités de la révélation au sujet du Pape doit se référer purement au souverain prêtre, à notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, pour arriver à surmonter les scandales qui viennent à l’Église par le Pape.

Telle est la leçon immortelle de saint Vincent Ferrier au temps apocalyptique de l’une des défaillances majeures du pontife romain. Mais avec le modernisme nous sommes en train de connaître des épreuves plus terribles. Raisons plus impérieuses pour nous de vivre encore plus purement, et sur tous les points, de la tradition apostolique ; sur tous les points, y compris ce point capital dont on ne parle presque jamais depuis la mort du père dominicain Garrigou-Lagrange : la tendance effective à la perfection de l’amour. Et pourtant, dans la doctrine morale révélée par le Seigneur et transmise par les apôtres, il est dit que nous devons tendre à l’amour parfait, puisque la loi de croissance dans le Christ est propre à la grâce et à la charité qui nous unissent au Christ.

Transcendance et obscurité du dogme relatif au Pape : le dogme d’un pontife qui est vicaire universel de Jésus-Christ et qui, toutefois, n’est pas a l’abri de défaillances, même graves, qui peuvent être fort dangereuses pour les sujets. Or le dogme du pontife romain n’est lui-même que l’un des aspects du mystère plus fondamental de l’Église. On sait que deux grandes propositions nous introduisent à ce mystère (Voir dans notre livre sur les Mystères du Royaume de la Grâce. tome I le chapitre VII) : d’abord l’Église, recrutée parmi les pécheurs, dont nous sommes tous, est cependant la dispensatrice infaillible de la lumière et de la grâce, dispensatrice par le moyen d’une organisation hiérarchique, dispensatrice gouvernée du haut des cieux par son chef et Sauveur Jésus-Christ, et assistée par l’esprit de Jésus. D’autre part, sur cette terre elle-même, le Sauveur offre par Son Église le sacrifice parfait et Il la nourrit de Sa propre substance. Ensuite l’Église, Épouse sainte du Seigneur Jésus, doit avoir part à la croix, y compris la croix de la trahison par les siens ; elle ne laisse pas pour autant d’être assez fortement assistée dans sa structure hiérarchique, à commencer par le Pape, et d’être assez brûlante de charité, en un mot elle demeure en tout temps assez pure et sainte, pour être capable de participer aux épreuves de son Époux, y compris la trahison de certains hiérarques, en conservant intactes sa maîtrise intérieure et sa force surnaturelle. Jamais l’Église ne sera livrée au vertige.

Si, dans notre vie intérieure, la vérité chrétienne au sujet du Pape est située comme il faut à l’intérieur de la vérité chrétienne au sujet de l’Église, nous surmonterons dans la lumière le scandale de tous les mensonges sans excepter ceux qui peuvent survenir à l’Église par le vicaire du Christ ou par les successeurs des Apôtres. En cela, du moins quant aux évêques, sainte Jeanne d’Arc est un modèle incomparable. À notre tour, et selon notre chétive mesure, nous essaierons d’être fidèles à ce qui fut l’une des grâces particulières de sainte Jeanne d’Arc (25).

Lorsque nous pensons au Pape de maintenant (écrit en 1973), au modernisme installé, à la tradition apostolique, à la persévérance dans cette tradition, nous en sommes de plus en plus réduits à ne pouvoir considérer ces questions que dans la prière, dans une imploration instante pour l’Église entière et pour celui qui, de nos jours, tient en ses mains les clefs du Royaume des cieux. Il les tient en ses mains mais il ne s’en sert pour ainsi dire pas (26). Il laisse ouvertes les portes de la bergerie qui donnent sur les chemins d’approche des brigands ; il ne ferme pas ces portes protectrices que ses prédécesseurs avaient invariablement maintenues closes avec serrures incassables et cadenas infrangibles ; parfois même, et c’est l’équivoque de l’œcuménisme postconciliaire, il fait semblant d’ouvrir ce qui, à jamais, sera tenu fermé. Nous voici réduits à la nécessité de ne penser à l’Église qu’en priant pour elle et pour le Pape. C’est une bénédiction. Cependant penser à notre Mère, penser à l’Épouse du Christ dans ces conditions de grande pitié, ne diminue en rien la résolution d’y voir clair. Au moins que cette lucidité indispensable, cette lucidité sans quoi se détendrait toute force, soit pénétrée de tant d’humilité et de douceur que nous fassions violence au Souverain Prêtre et qu’il se hâte de nous secourir. Deus in adjutorium meum intende. Domine ad adjuvandum me festina. Qu’il lui plaise de charger Sa très sainte Mère, Marie immaculée, de nous apporter au plus tôt le remède efficace (27).

 


[1] Toutes les notes sont de LHR (2005) : Pratiquement tous les lecteurs de la revue Itinéraires (Jean Madiran, le fondateur en premier) ont apostasié et rejoint la nouvelle et fausse religion. Est-ce dû à cette approche très approximative du réel qui ressort de tous les travaux d’Itinéraires ? Ce texte du Père Calmel le confirme.

[2] Là est le grand problème et la grande erreur enseignée par le Père Calmel, par Itinéraires, par Le Courrier de Rome, par la FSSPX : ce n’est plus Son Église ! C’est une église nouvelle, fausse église, ennemie de Son Église, qui a éclipsée Son Église (comme l’enseigne la très sainte Vierge Marie). Où trouve-t-on les quatre notes de la sainte Église de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans cette parodique église Conciliaire ?

[3] Le problème n’est pas là. Les papes conciliaires n’ont pas manqué à l’exercice de leur autorité. Ils ont même agis avec beaucoup d’autorité. Et non pas en « gardien et intendant fidèle », mais en destructeur (et pas une destruction partielle mais une destruction complète) du passé et constructeur d’une nouvelle religion.

[4] Une fois de plus s’enseigne des erreurs sur ce problème de l’infaillibilité des Papes.

[5] Voilà une conclusion ne correspondant pas à la vérité. On peut excuser le Père Calmel, car tout cela n’était pas évident en 1973. Par contre Le Courrier de Rome, en 2005, trompe ses lecteurs et se condamne lui-même par cette vérité : « Qu’il défaille, en dessous bien entendu de ce qui relève de l’infaillibilité, cela n’empêchera pas le chef unique de l’Église, le souverain prêtre invisible, de poursuivre le gouvernement de Son Église ; cela ne changera ni l’efficacité de Sa grâce, ni la vérité de Sa loi ».

Or l’efficacité de Sa grâce est changée : par les nouveaux rituels de sacre et d’ordination, les canaux de la grâce sont rompus. Et d’une façon tellement irréversible qu’un successeur ne peut rien faire.

De même la Vérité de Sa loi est intrinsèquement changée, conférez tous les articles du Courrier de Rome, Si Si No No depuis des années.

[6] Mention par omission du Père Calmel qui laisse sous-entendre des mensonges. Jamais aucun Pape (avant Vatican II) n’a enseigné sur la Foi et les mœurs contre l’enseignement éternel. Toutes les accusations des ennemis ont été réfutées à Vatican I. C’est Itinéraires qui a pris le relais des ennemis de l’Église, de cette grave et fausse accusation ! On comprend mieux les défaillances conduites par Madiran, faux maître, qui comme Maurras (pour finir avec les d’Orléans !) aura pollué les intelligences des clercs et des laïcs pendant cent ans (pour finir avec Le Pen ! ! !).

[7] Mais tout Vatican II est un égout d’hérésies, à commencer par l’hérésie moderniste !

[8] Il pourrait donc y avoir un confit si grave entre NSJC et Son Vicaire, que nous ayons à accepter l’un et refuser l’autre. Étrange théologie ! Le Pape n’a-t-il pas qu’une seule mission : transmettre le dépôt ?

[9] Toujours cette référence à cette fausse défaillance d’Honorius, réfutée depuis longtemps et ressortie par Itinéraires. Toujours les mêmes erreurs inventées par nos ennemis et répétées bêtement. Voir la réfutation sur Honorius par l’Abbé Constant, Honorius a-t-il été monothélite ?, éditions Saint-Rémi, BP 80, 33410 Cadillac.

[10] Toute la démonstration du Père Calmel s’effondre quand on voit en 2005, ce qui était difficile à voir en 1973. Par contre la responsabilité du Courrier de Rome est grave car en 2005 on en sait plus qu’en 1973.

[11] « Nous définissons qu’il est nécessaire au salut d’être soumis au Pape » (Boniface VIII, Unam Sanctam, Denz. 875). Comment le R.P. Calmel qui bien sûr connaît ce texte de Boniface VIII, peut-il écrire ses commentaires complètement hérétiques ?

[12] Quel sophisme ! Évidemment pas toujours un saint ! malheureusement ! Mais par contre jamais un destructeur, jamais un apostat. Tout le raisonnement est un sophisme épouvantable ! Sophisme répété par toute la Tradition !

[13] Faux. Nombre de fidèles et même de clercs sont incapables de se diriger sans pasteurs fiables ! On le voit tous les jours. Et si c’était en partie vrai en 1973, on voit clairement en 2005 que la jeune génération qui monte et qui n’a rien connu de l’Église en ordre, ne comprend rien, suit aveuglement Vatican II, même pour la seconde génération des enfants de la Tradition. C’est ne rien comprendre à la Sainte Église, c’est ne rien comprendre à ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a voulu et a créé que de croire que l’on peut résister à des pasteurs apostats et sacrilèges. Il faut une foi héroïque, don très rare donné par Dieu. Il n’y a qu’à voir qui résiste. Même pas Madiran ! surtout ses lecteurs. Ils ont lâché sur tout ou presque. Combien de lecteurs du Courrier de Rome tiennent ? Combien transmettent ? On serait heureux de découvrir le nombre de lecteurs et la variation de ce nombre depuis 39 ans.

[14] « Prétendu ». Mais le Père Calmel, et surtout le Courrier de Rome, ont lu trop de Signes de Piste ! Bien sûr que les Papes conciliaires ont « engagé » (et même plus : ont « imposé d’une autorité tyrannique ») toutes les réformes, destruction du passé et enseignement d’une nouvelle religion. En 2005 y-a-t-il 100 000 fidèles au monde ayant la Foi intégrale de toujours ? Le concile « pastoral », par les faux papes conciliaires, s’est étendu au monde entier.

[15] C’est tellement faux que 32 ans après tous sont atteints par la corruption conciliaire et qu’il faut se battre pour même simplement faire connaître aux jeunes générations les livres indispensables pour comprendre. Un abbé Célier, en France, à la tête du plus important bulletin et surtout de la plus importante maison d’édition, passe son temps à occulter les bons livres et les bonnes idées. Par exemple a-t-il une seule fois parlé et promus les travaux du Courrier de Rome dans un article sérieux, autrement que par quelques petites lignes ?

[16] Qui est ce « on » ? qui sont ceux qui ne sont pas ce « on » ?

[17] C’est pourquoi une bonne formation chrétienne (surtout par le grand catéchiste que fût Mgr Gaume) nous permet de ne pas confondre Rome (qui a apostasié) et l’Église.

[18] Belle et vraie péroraison, mais entre temps quel dégât. Et ceux qui tiennent et tiendront sont bien obligés d’aller chercher ailleurs de quoi nourrir leur foi. Avec le seul Courrier de Rome et ce genre d’article, ils sont sûr de tomber un jour dans une insuffisance qui les fera tomber.

[19] Et surtout de faux papes !

[20] Mais il est bon de rappeler que tous, sauf la très sainte Vierge Maire, avaient perdu la Foi. Et que s’ils étaient morts avant la Résurrection où auraient-ils passé leur éternité ? Oui il y aura Résurrection de l’Église, mais quand ? Et qu’en est-il de ces âmes trompées depuis quarante ans et qui ont rejoint leur éternité ?

[21] Qu’en est-il 32 ans après cet article ? En 2005 qui peut douter que ce ne soit pas une nouvelle religion  Seul le Courrier de Rome ne l’aurait pas vu ?

[22] Énorme ! Qu’il nous donne un seul exemple dans l’histoire de l’Église avant Vatican II. On en a honte pour le Père Calmel ! Et pour les gens du Courrier de Rome ! Qu’ils réapprennent l’histoire et l’enseignement théologique sur l’Église. C’est honteux et blasphématoire !

[23] Oui dans l’Église Catholique ! Mais on n’est plus, depuis Vatican d’eux, dans l’Église Catholique.

[24] Tout faux. Au moment de cette crise, il n’y eut aucune destruction du dogme, de la liturgie, de la discipline, de l’enseignement ! rien de comparable avec la crise actuelle. La grille amis-ennemis de l’Église n’avait pas du tout été inversée, comme depuis Vatican d’eux. Cet exemple historique du Père Calmel est complètement trompeur. À fréquenter les gens d’Itinéraires, il en perdait la tête !

[25] Croyez-vous une minute que Jeanne aurait accepté cette messe gnostique ? cette foi œcuménique, charismatique, maçonnique, gnostique ? Ne croyez-vous pas plutôt qu’elle aurait combattu, jusqu’au martyr ces antéchrist ? De tels propos du Père Calmel sont vraiment inquiétants, pour ne pas dire plus.

[26] Encore une invention. Il ne s’en sert pas ? Et l’excommunication des évêques de la Tradition, Et le chantage continuel aux fidèles accusés de schisme et d’hérésie. Eux qui croient et font ce qui a toujours été cru et fait ! Eux seuls condamnés !

[27] Le seul remède efficace est la destruction complète de cette secte conciliaire et de toutes les réformes de Vatican d’eux. Or ce remède radical, tout sera inutile. Que cela plaise ou non au Courrier de Rome.

Ce texte du R.P. Calmel est pitoyable et son rappel par le Courrier de Rome une très mauvaise action.

 

Written by Cave Ne Cadas

août 5th, 2013 at 10:49 pm

Posted in Louis-Hubert REMY,Père Calmel,Tradition

Tagged with , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Jean Madiran est mort… Dieu a jugé…

with 33 comments

Jean Madiran a été jugé par le juste tribunal de Dieu hier, 31 juillet 2013, à l’âge de 93 ans.

Madiran1

Jean Madiran, de son vrai nom Jean Arfel
alias Jean-Louis Lagor,
alias Jean-Baptiste Castetis.

Jean Madiran, de son vrai nom Jean Arfel, était né le 14 juin 1920 à Libourne (Gironde). Journaliste et essayiste, inlassable défenseur du catholicisme traditionnel, il est décédé ce 31 juillet 2013.

Comme le souligne le rédacteur en chef de « L’homme nouveau », Philippe Maxence, « Fondateur de la revue Itinéraires et du quotidien Présent, écrivain et journaliste, Jean Madiran était un disciple de Charles Maurras, mais aussi, et peut-être surtout, d’André et d’Henri Charlier dont il a contribué plus que quiconque à faire connaître et répandre l’œuvre et ce souci péguiste de la réforme intellectuelle et morale. Le Père Bruckberger a écrit de lui qu’il continuait de porter en notre temps la voix exigeante de Charles Péguy et cet hommage était juste, venant d’un homme et d’un prêtre qui se disait pour sa part le disciple de Georges Bernanos ».

Figure intellectuelle de premier plan et homme de combat au service de l’Église et de la France, Jean Madiran laisse une œuvre riche et impressionnante ( Biographie et bibliographie. )

Dieu a jugé. Dieu jugera.

Ecclésiaste 3:17
J’ai dit en mon cœur : Dieu jugera le juste et le méchant ; car il y a là un temps pour toute chose et pour toute œuvre.

Romains 2:16
C’est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes.

Alors que tout le tradiland lui rend un hommage dithyrambique :

Le Salon Beige : Jean Madiran, RIP
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/07/jean-madiran-rip.html

MetaBlog, abbé Guillaume de Tanoüarn : Jean Madiran est mort…
http://ab2t.blogspot.fr/2013/08/jean-madiran-est-mort.html

Credidimus Caritati, J.-R. du Cray : Jean Madiran et Mgr Lefebvre : avant de partir
http://credidimus-caritati.blogspot.fr/2013/07/jean-madiran-et-mgr-lefebvre-avant-de.html

Riposte Catholique : On lira avec intérêt le bel hommage que lui rend Philippe Maxence sur son blogue Cælum et Terra.
http://caelumetterra.hautetfort.com/archive/2013/07/31/sous-le-signe-de-la-piete-5133062.html
http://www.riposte-catholique.fr/summorum-pontificum-blog/in-memoriam/jean-madiran-in-memoria-aeterna-erit-justus?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+Riposte-catholique+%28Riposte-catholique%29

nous vous proposons de lire (ou relire) un texte de Louis-Hubert Remy, de 2001, pour remettre quelques pendules à l’heure :

JEAN MADIRAN

 

Reprends, menace, exhorte, avec une entière patience et toujours en instruisant

(Il Timothée, IV, 2)

 

Ma génération a été marquée par un certain nombre de grandes personnalités, surtout françaises. Certains noms resteront même dans l’histoire. Je pense en particulier à Mgr Lefebvre, à l’abbé de Nantes, à Jean Ousset ou à Jean Madiran. Ces caractères ont combattu plus que d’autres, ont été attaqués constamment (à tort ou à raison), parfois violemment, et ont laissé par leurs écrits et leurs positions des repères et une empreinte qu’on ne peut contester. Pour ma génération, ils furent les plus lus, les plus suivis à telle ou telle époque, dans telle ou telle situation.

J’avais treize ans, quand en 1956 Madiran fonda sa revue Itinéraires. Je la découvris vers 18 ans, ayant eu la chance, étant poitevin, de vivre avec l’équipe de Chiré. Bien sûr j’ai toute la collection d’Itinéraires de 1956 à 1986. Chaque mois nous attendions avec impatience le dernier numéro pour le dévorer séance tenante. Ce fut une des revues dont nous discutions le plus, mais ce n’était pas la seule. J’avoue que notre jeunesse fut très privilégiée. Nous lisions Bonum Certamen, Forts dans la Foi, Lectures Françaises, Lecture et Tradition, Didasco, la Pensée Catholique, le BOC, Fideliter, la CRC, Permanence, le Combat de la Foi, Introïbo, Monde et Vie, etc… Ne connaissant ni la télé ni les vidéos, nous avions le temps et le goût pour la lecture et l’étude.

Et puis, il y avait le Congrès de Lausanne ! Pour nous les jeunes c’était chaque année la grande affaire. Tous ces auteurs éminents, tous ces écrivains de renom, tous ces aînés respectés, admirés, toute cette doctrine que nous découvrions, qui enflammait nos cœurs, qui nourrissait nos intelligences, nous impressionnaient profondément. Nous étions extrêmement attachés à ces hommes. Et Madiran était un de ceux que nous préférions. Quel charme ! Quelle hauteur d’âme ! Quel écrivain ! Quel orateur ! Il incarnait pour nous l’intelligence, le savoir, la sagesse. Nous avions pour lui un mélange de vénération et d’affection. Rassemblant tant et tant de noms prestigieux dans sa revue, il nous semblait incarner celui qui combattait le mieux et qui allait nous emmener à la restauration, à la victoire.

Avant la crise conciliaire, comme nos pères, nous vivions sans souci notre vie chrétienne, avec un bon curé, un missel, un catéchisme, le Nouveau Testament, l’Imitation de Jésus-Christ. La crise nous mit dans l’obligation de choisir, de nous prononcer continuellement pour ou contre les nouveautés et donc d’apprendre. D’où des bibliothèques, plus ou moins importantes. Il fallait tout retrouver, étudier, méditer, pour comparer et choisir. Ma génération (1) a beaucoup travaillé, critiquant, cherchant, trouvant, redécouvrant, Itinéraires nous étant très utile. Nous lisions fidèlement Madiran, avec intérêt, découvrant des auteurs de qualité, des écrivains comme il n’en existe plus, des réflexions sur les événements, des jugements sur les questions brûlantes, qui nous marquaient.

 

Et pourtant ? Et pourtant ! Quarante ans après, ma manière de voir a bien changé et le bilan me semble moins bon.

Tout pour moi a basculé en 1974. Envoyé par Michel de Penfentenyo au PC de Jean Royer candidat à la présidentielle, j’ai vécu alors de très près les combines électorales. J’ai été vacciné à vie contre la démo(n)cratie et je me suis mis à réfléchir sur les principes fondamentaux. Déjà habitué des Exercices de saint Ignace, marqué par les méditations des Deux Étendards et des Trois classes d’Hommes, je ne comprenais pas que nos “Maîtres” ne combattent pas le vote, le seul acte de la démo(n)cratie, acte sans importance, puisque j’avais observé que tout était combiné d’avance. J’ai écrit plus longuement ce que j’avais vécu et découvert lors de cette élection présidentielle. En voici un très court résumé :

Ce n’est pas l’électeur qui choisit le futur élu, c’est le parti. Et dans le parti c’est le financier qui a le véritable pouvoir. C’est lui qui choisit les candidats. L’élu a à rendre compte non pas à l’électeur mais à celui qui l’a choisi. Le financier est le seul maître, est le vrai maître. Le vote (très rare, tous les quatre, cinq ou sept ans suivant les élections) est le seul acte demandé à chacun. Ce n’est qu’une communion au système (comme autrefois plier le genou devant Baal). Et celui qui vote, est marqué à vie, pollué dans son intelligence et même dans sa Foi. Car la démo(n)cratie est une religion, etc…

C’est ainsi que je compris qu’en politique il n’y avait qu’une seule chose capitale : le gouvernant. D’où l’importance du Christ Roi de France, seule solution demandée et voulue par Dieu. Au Jésus-Christ hors-la-loi de la Révolution française, au Jésus-Christ chassé de Son trône, il n’y a qu’une solution : Jésus-Christ Roi de France, régnant par Son LieuTenant. Je me mis alors à fouiller dans ce sens et j’ai retrouvé, de recherches en recherches, ce que j’ai appelé par la suite : l’école antilibérale.

Je connaissais bien La Mission divine de la France (2) qui m’avait beaucoup marqué. Pour moi c’était devenu la référence historique et politique. Je n’eus de cesse que de retrouver les auteurs qu’il citait. Plus tard, Jean Vaquié, m’apprit que Madiran connaissait bien tous ces problèmes. L’ayant reçu à dîner chez lui, tout au début de la création des Compagnons d’itinéraires, tous ces sujets furent abordés ; mais Madiran s’emporta et partit furieux, se déclarant ennemi farouche de ceux que l’on appelle les Providentialistes. On est obligé de constater que jamais ou presque, Itinéraires n’a cité Vaquié, Couvert, Léon de Poncins, Virion, de La Franquerie, même dans leurs travaux d’actualité. Bizarre ! Jamais ou presque ne seront cités, les Mgr Delassus, Gaume, Jouin, Lémann, les R.P. Don Sarda, Meinvielle, Aubry, Barbier, Deschamp, Ayroles, etc. Le cardinal Pie un peu, mais si mal. Bizarre ! De telles omission ne sont pas innocentes.

D’où une critique incomplète, n’allant pas à la racine des maux, d’où une analyse n’incluant pas une étude approfondie des péchés qui avaient mérité les châtiments de la Révolution française et de la Révolution conciliaire, d’où une mauvaise thérapie et des solutions très insuffisantes.

Sa vision historique était loin de celle enseignée par Mgr Gaume dans son remarquable Traité du Saint-Esprit. Pour une analyse complète il lui manquait La conjuration antichrétienne de Mgr Delassus et La Révolution de Mgr Gaume (en douze volumes). Pour une saine philosophie il ne citait pas le Père Aubry. Pour une réforme intellectuelle et morale efficace il méconnaissait Le Libéralisme est un péché de Don Sarda, essentiel pour former des hommes ne composant jamais avec l’erreur. Comment méconnaître Mgr Jouin le grand spécialiste de l’ennemi et de la contre-Église ? Pour la solution, il évinçait le Cardinal Pie et son ouvrage La Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ (d’après le travail du P. Théotime de Saint-Just), le Père Ayroles avec son remarquable livre, Jeanne d’Arc sur les autels et la régénération de la France. Etc, etc. En plus de 60 000 pages lues dans Itinéraires, j’étais passé à côté de l’essentiel. Mais pire, toute ma génération se croyait formée, se croyait savante alors qu’elle était engagée, dirigée dans une voie de garage obligatoirement sans issue, comme la suite l’a prouvé.

Et Madiran conseillait le vote. Ce fut pour moi, en 1974, une déception énorme. Sa dérive alla ensuite de pire en pire de l’aventure grotesque Le Pen, on voit aujourd’hui où il est tombé. Sa position avec Présent était inévitable car ses principes politiques étaient faux. Il parlait du moindre mal, qui est toujours un mal, surtout dans le domaine politique. Trop marqué par les néo-thomistes style Maritain (3) trop parisien (4), trop intellectuel, trop universitaire, il lui manquait trop d’autre chose, surtout au niveau des principes. Comme je le sentais et le découvris plus tard avec Mgr Delassus dans Vérités sociales et erreur démocratique, Madiran avait tout faux en politique.

Puis je remarquais qu’il ne parlait jamais d’autres aspects de la vérité que je découvrais chez d’autres auteurs (en particulier l’équipe Barruel que je fréquentais à Lyon). Très marqué par la Méditation des Deux Étendards, je constatais qu’il n’y avait jamais aucun article sur la démonologie, sur la contre-église, sur l’ennemi, sur le complot, pas même sur le problème juif et franc-maçon. En 30 ans d‘Itinéraires, rien sur ces sujets ! Pas d’ennemis, ou pas les vrais. Certes il dénonçait le communisme, mais pas le financier du communisme, pas les vrais maîtres du communisme. Certes il dénonçait le naturalisme, mais pas le libéralisme autrement plus important puisqu’il concilie l’erreur et la vérité. Comment ne pas se poser alors de graves questions sur son ambition d’une réforme intellectuelle et morale ? Comment prendre au sérieux ce désir de refaire une élite alors que l’essentiel n’était pas abordé.

Toutes ces réflexions m’amenèrent à relire leur maître, Maurras, et à conclure que c’était lui le grand responsable de la déformation de toute cette génération. Ils étaient tous tordus, passant à côté de l’essentiel. Jean Vaquié m’avait dit : le grand problème c’est Maurras. Ma génération n’a pas pu l’attaquer, ce sera à votre génération de le faire. Tant que ses idées régneront, il n’y aura aucune restauration possible (5). Maurras était l’anti-Christ Roi de France, et son combat mutilé de l’approche surnaturelle, ne pouvait qu’aboutir à un échec. Au lieu de s’appuyer sur Dieu, on s’appuyait sur des forces humaines. Au lieu de combattre Satan, on combattait ses troupes apparentes, oubliant les occultes.

En découvrant l’école antilibérale, j’avais trouvé les vrais maîtres, eux qui avaient tout étudié, annoncé et résolu, grâce aux bons principes naturels et surnaturels qui manquaient tant aux autres. Au fur et à mesure que je les étudiais, je comprenais pourquoi on les avait occultés, pourquoi on avait fait disparaître et leurs œuvres et leur nom, car tout leur donnait raison (6). Je comprenais les attaques, la destruction que nous vivions et combien les faux maîtres nous conduisaient dans une impasse. Si autrefois il me semblait qu’il y avait quelques bonnes pages dans leurs écrits, quelques bonnes critiques, quelques bonnes analyses, j’étais obligé, en les comparant avec celles des antilibéraux, de reconnaître leur médiocrité et leur insuffisance. Quant à la solution, j’en arrivais à me demander s’ils n’étaient pas complices de l’ennemi après avoir fait disparaître et oublier les bons (7). Au lieu de combattre au niveau des principes, de refuser ceux de l’Adversaire, d’enseigner les nôtres, on ne s’en prend qu’aux mauvais effets des mauvais principes. C’est un combat qui ne va que de défaites en défaites. C’est un combat sans issue qui amène au désespoir.

Mais, entre temps, j’avais perdu de nombreuses années au risque même de passer à côté de la vérité, comme ce fut, pour beaucoup de ma génération, la triste fin. Je dois aux Exercices de ne pas m’être découragé, de n’avoir pas abandonné cette recherche de la Vérité et d’avoir redécouvert toutes ces références.

Ma critique va plus loin encore. Il est évident que Madiran n’est pas un praticien des Exercices. Il ne connaît pas aussi les Trois classes d’hommes, surtout la deuxième (8) celle qui ne va jamais au cœur des problèmes. Il répétait sans arrêt : rendez-nous l’Écriture Sainte, le catéchisme catholique, la messe traditionnelle. Apparemment beau programme encore.

Eh bien : NON. Là encore, voie de garage. Le problème fondamental n’est pas là. Ce sont des questions graves, importantes, mais LE PROBLÈME CAPITAL EST LA FOI. Cette secte conciliaire enseigne une autre Foi : et donc elle ne peut être l’Église Catholique. Cela ne fut pas dit. Pas un mot sur leur péché : aller contre la vérité connue, péché contre le Saint-Esprit, péché irrémissible. Ce constat, cette déclaration, auraient été faits, tout le combat aurait changé. On aurait du leur dire : vous n’êtes pas catholiques, vous êtes les ennemis des catholiques, vous êtes de l’Adversaire. C’était évident. Au lieu de nous bloquer sur le concile pastoral, au lieu de reprendre les thèses jansénistes sur les Papes qui ont failli dans le passé (Honorius ou Libère), au lieu de nous empêcher de rompre, nous laissant toujours dans l’espérance d’arrangements ultérieurs, il aurait fallu aller à l’essentiel : tout refuser de ce concile, foi, catéchisme, sacrements, dogmes, hiérarchie, évêques, papes, etc. et attaquer. Conscient de la révolution qui s’opérait, il aurait du nous faire combattre comme les vrais croyants de 1789. Dans le n° 183 de mars 1974, faisant une recension du livre de Mgr Lefebvre Un évêque parle, il cite pourtant les attaques les plus sévères : La messe (nouvelle) ne sera plus valide, les déviations conciliaires ont attiré sur nous la malédiction divine, c’est le Concile qui est à l’origine de tout cela, etc. Au lieu du : Très Saint Père, rendez-nous… il ne fallait pas composer avec la vérité. Madiran et ses amis n’ont jamais rien obtenu, n’auraient peut-être rien obtenu de plus, mais ils seraient restés catholiques. Obstiné dans leur erreur, ils ont fini par apostasier : avec ses amis ils finissent conciliaires, c’est-à-dire œcuméniques et charismatiques. Ils ont perdu la Foi. On peut craindre pour leur vie éternelle.

Madiran_Benoit16

Madiran n’a toujours formé que des gens de la deuxième classe d’hommes. Dans la médiocrité actuelle ils passent pour savants et sages. Quand on connaît bien l’École Antilibérale, ce ne sont que des insuffisants (comme Maurras). Très influent sur toute ma génération on ne retrouve, surtout chez les clercs, que des hommes de la deuxième classe.

Trop attaché aux biens intermédiaires (comme sa clientèle bourgeoise), pas assez attentif aux fins dernières, sa notion de bien commun n’est pas assez précise. Le vrai bien commun, c’est ce qui a pour fin le salut des âmes, le salut du plus grand nombre. Il est évident alors que la fin de la démo(n)cratie est la damnation du plus grand nombre. C’est un enseignement qui lui est absolument étranger. C’est pourtant primordial. C’est un aveugle conduisant des aveugles.

L’abbé Aulagnier, grand admirateur de Madiran, qui avec ses mauvais choix sera jugé comme le fossoyeur de la Tradition (9), lui aussi aveugle conduisant des aveugles, reprend les mêmes erreurs : parler, combattre pour la messe, passant à côté de l’essentiel, la Foi. Comme ma génération a été déformée par Madiran, un des grands responsables des défaillances actuelles, on reprend Madiran pour déformer la nouvelle génération. Quand donc comprendra-t-on ? Quand donc réfléchira-t-on ?

 

Voici l’indispensable à retenir. Il est temps, grand temps, de dénoncer ces faux maîtres qui ont conduit leurs troupeaux à l’apostasie. Il est temps, grand temps de faire découvrir les vrais, d’autant plus que maintenant les principaux ouvrages sont disponibles aux Éditions Saint-Rémi.

Prions le Christ, Roi de France, pour que Son règne arrive ; prions la très Sainte Vierge Marie, Reine de France, qu’elle nous garde dans une Foi ferme et pure, pour mériter de vivre une éternité à adorer la Très Sainte Trinité.

Prions pour obtenir la conversion profonde du petit nombre annoncé par le vénérable Holzhauser ou Mgr Lémann, cette petite phalange des Amis de la Croix prophétisée par saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

Louis-Hubert Remy, le 8 décembre 2001

* * *

Et prions aussi maintenant pour le repos de son âme…

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles trépassés reposent en paix.

 


[1] J’avoue que la seconde génération de la Tradition me fait pitié quand je vois l’inculture de ces jeunes. Il est vrai que lorsqu’on compare les revues d’aujourd’hui avec celles d’hier, en particulier Fideliter, on comprend pourquoi devant une telle médiocrité la seconde génération de la Tradition ne peut pas se convertir (le comble étant le livre immonde Le Dieu mortel de l’abbé Célier, ses études sur la Gnose élaborées en compagnie de l’abbé de Tanouarn, sans oublier la médiocrité des éditions Clovis). On est scandalisé de voir que de tels prêtres ne soient pas sanctionnés et de constater que les supérieurs laissent polluer, déformer, détruire quantité de jeunes qui leur sont confiés. Malheur des temps !

Dans les écoles de la Tradition, chez les filles comme chez les garçons, on n’a formé que des médiocres, des prétentieux, des matérialistes, des mondains, des libéraux. Adeptes de la télé et de la vidéo, ils ne lisent plus et sont incapables de justifier leurs choix. Même l’abbé Delagneau, qui dans ses retraites a les meilleurs, est obligé d’en convenir. Le plus grave, c’est que si une génération n’est pas enseignée, les générations suivantes sont perdues : la Tradition est condamnée à plus ou moins long terme. Que de châtiments en vue !

L’ennemi le savait bien en imposant dans les séminaires des professeurs à la philosophie douteuse, à la culture insuffisante, refusant d’étudier la démonologie, les ennemis, les causes des châtiments, le complot… Un sel affadi n’a pu que donner des clercs, des prieurés, des chapelles, des écoles de plus en plus affadis, où les paresseux (et donc prétentieux, car seule la science acquise au contact des anciens permet d’intégrer l’humilité) foisonnent, d’où le résultat actuel. Depuis 25 ans d’Université saint Pie X, on n’a pas encore vue émerger une seule personnalité d’envergure !

Tout disparaîtra inévitablement. Châtiment pour ces jeunes clercs trop souvent activistes, modernistes, orgueilleux et prétentieux. On a même l’impression qu’ils ne méditent pas.

[2] Madame de La Franquerie, son épouse, en a confié la réédition aux Ed. Saint-Rémi, BP 79, 33410 Cadillac.

[3] Un vrai thomiste, le Père Meinvielle, n’hésite pas à écrire : Maritain et ses partisans ont falsifié, au nom de saint Thomas, les principes les plus fermes et les plus indiscutables de la philosophie. Préface de Critique de la conception de Maritain sur la personne humaine. Édité en français et disponible à DPF, BP 1, 86 Chiré. Essentiel.

[4] Le Cardinal Pie employait cette formule, toujours vérifiable : A Paris, tout est mauvais, même les bons.

[5] Le combat des idées est primordial. Avant de faire le procès de Maurras (nous en avons tous les éléments, et que de mensonges nous avons découvert !) il est indispensable de connaître la vérité, occultée depuis plusieurs générations.

[6] A nous, après les avoir sortis du tombeau, de les faire connaître ; ce que nous avons commencé à faire. La tâche est immense et nous recherchons des ouvriers pour nous aider.

[7] Aujourd’hui, après les avoir redécouvert il y a plus de vingt ans, après avoir combattu pour les faire connaître, après les avoir fait rééditer, force est de constater que la conspiration du silence existe toujours. On a même vu se reformer des troupes pour les attaquer ou empêcher qu’on les lise. De quel camp sont ces gens ? Dis-moi quels sont tes ennemis, je saurais qui tu es.

[8] Rappelons que saint Ignace enseigne que la deuxième classe d’hommes ne se sauve pas, ce qui en bon français veut dire : se damne. Terrible. Faites les Exercices pour bien méditer tout cela, bien choisir, bien vivre.

[9] Demander la cassette que j’ai faite après l’édition de son livre La tradition sans peur, et plus particulièrement ce que je pense de l’abbé Aulagnier.

 

Written by Cave Ne Cadas

août 1st, 2013 at 12:59 pm

Posted in Louis-Hubert REMY,Madiran/Arfel,Tradition

Tagged with , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Inspiration Kantienne du “Guérardisme” ?

with 56 comments

C’est ce qu’affirme l’abbé VM Zins sur son site-forum « Mi ca El !? » .

— Le CatholicaPedia, une mémoire de la Traditionen toute liberté, donne la parole à toutes les voix de la Tradition.

Citation de l’Abbé Zins extraite du site « Mi ca El !? » in “controverse avec Georges Salet

Le caractère gravissime du “guérardisme” est son inspiration kantienne (1) que vous semblez ne pas avoir perçue.

(1) Exposée de façon détaillée dans une étude composée par feu Mlle Anne-Marie Taboulot, professeur agrégée de philosophie.

 

Anne-Marie Taboulot

Agrégée en 1942 avec :

1942
philosophie

Fenouillet (Robert), Lecanuet (Jean), Desanti (Jean-Toussaint), *Clavel (Maurice), Frayssinet (Jean), Saintenac (Etienne), Bugault (Guy), Jugnet (Louis) // (classement spécial) Sandoz (Albert), Peillet (Emmanuel) // Mlles Taboulot (Anne-Marie), Singer (Madeleine)

 

 

L’Abbé Zins explique…

Feu Mle Anne-Marie Taboulot, a été une des toutes premières femmes à avoir obtenu en France le titre et le poste de professeur agrégé de philosophie (1942).

Son étude contre le “guérardisme” a été simplement tapée à la machine, et reproduite par photocopies en un nombre assez restreint d’exemplaires, et elle était alors assez récente, lors de ma controverse privée avec le Professeur G. Salet.

 

Le kantisme est une des formes avancées de l’idéalisme systématisé par Descartes.

Ce qui en rapproche la “thèse guérardienne” est notamment le fait de traiter de purs êtres de raison, des distinctions conceptuelles, comme s’ils existaient dans la réalité concrète.

Par exemple un apparemment “papabile” en puissance à être élu, plus précisément un apparemment “élu” n’ayant pas accepté et se trouvant un instant apparemment en puissance prochaine à devenir Pape, est traité comme s’il était déjà au moins partiellement “pape”, au point d’aller jusqu’à lui attribuer le charisme d’infaillibilité ou la possibilité de “nommer validement des cardinaux” !

Source : http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?t=2791&sid=80f50de3a409f2622c64b923f0053ca9&mforum=micael

 

 

Abbé Zins50

Controverse Georges Salet – Abbé V.M. Zins (8/1986 – 5/1988)


Controverse Georges Salet – Abbé V.M. Zins (8/1986 – 5/1988)

Cette controverse privée, entre le Professeur Georges Salet, scientifique, auteur de Hasard et certitude, écrivant sous le pseudonyme de Michel Martin en matière religieuse dans sa revue “de Rome et d’ailleurs”,

et M. l’abbé V.M. Zins, directeur de la revue Sub Tuum Praesidium, n’a encore jamais été publiée.

Elle a duré de mi-août 1986 à fin mai 1988, à la veille donc des sacres “lefebvristes”.

Elle s’est en quelque sorte prolongée publiquement dans les n° 9 et 10 de la revue Sub Tuum Praesidium, consacrés à la réfutation des erreurs de Michel Martin concernant la doctrine du Docteur de l’Église Saint Robert Bellarmin sur le « depositus est », et la définition dogmatique de l’infaillibilité pontificale du Concile du Vatican.

Elle a eu aussi quelques échos dans la revue “de Rome et d’ailleurs”, par des allusions implicites, et par quelques tentatives de réponses à des arguments développés ou des questions posées en cette controverse privée.

Elle sera citée ici in extenso.

Source : http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?mforum=micael&t=2598&postdays=0&postorder=asc&start=0&mforum=micael
 


 

Cette controverse est intéressante à plus d’un point et nous conseillons nos lecteurs de la lire pour avoir des renseignements intéressants et importants sur de nombreux sujets “controversés”…

L’abbé Zins refuse le terme et la position sédévacantiste pour les Guérardiens « en appelant “sédévacantistes” les “guérardiens” vous nous assimilez à eux, alors que nos positions sont opposées ; par le fait même, vous nous faites endosser des monstrueuses déviations que nous rejetons et réfutons »

Monsieur,

Venant tout juste d’en finir avec les corrections des épreuves de mon n° 5, je songe aussitôt à vous remercier des renseignements envoyés, dont j’ai largement tenu compte dans mon éditorial ; ainsi que vous pourrez le constater sous peu.

Cet éditorial vous démontrera que, actuellement, les termes de “sédévacantisme” et de “guérardisme” ne sauraient être employés l’un pour l’autre, puisqu’ils désignent des positions, non seulement radicalement différentes, mais de plus opposées.

Il serait donc malhonnête de prétendre réfuter la première, ou les deux, en réfutant seulement les arguments et contradictions de la seconde.

Votre dernière lettre m’incline à penser que vous n’avez compris ni le degré gravissimes des innovations “guérardiennes”, ni ce que les “guérardiens” entendent par pape « matérialiter » et « formaliter », non plus que le fond de leur thèse, puisque vous la classer encore parmi les “sédévacantistes”. (1)

Le n° 5 de Sub Tuum Praesidium vous démontrera qu’il ne s’agit nullement d’une « querelle d’allemand », ni d’une distinction byzantine.

Nous laissons ce dernier genre de distinction être l’apanage des “guérardiens” !….

En outre, je désirerais avoir votre avis sur mon n° 5, et recevoir de vous l’assurance que vous ferez, conformément à la Vérité, la différence qui s’impose entre “sédévacantisme” et “guérardisme”.

Que Notre Seigneur et Sauveur fasse triompher la Vérité en nos intelligences et la Charité en nos cœurs.

http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?p=42523&mforum=micael#42523

 

— — — — —

Abbé V.M. Zins
à TOURS
à M. Georges Salet
Saint Michel Archange
Lundi 29 septembre 1986

Monsieur,

Je vous remercie de votre intéressante lettre du 26 de ce mois.

(…)

Abordons à présent vos protestations contre deux paragraphes de ma lettre du 16 septembre.

Je n’ai certes lu de votre bulletin que les n° 15 et 71 où je vois par deux fois assimilés “sédévacantisme” et “thèse guérardienne”.

Or, comme vous le montrera mon éditorial du n° 5, ce seul rapprochement montre une incompréhension de la “thèse guérardienne », quoi qu’il en soit de vos autres articles sur ce sujet dont la lecture m’intéresserait fortement, ainsi que celle de votre n° 26 (et aussi des n° 32 et 33).

Si vous compreniez vraiment ce que les “guérardiens” entendent par pape « materialiter », vous ne les appelleriez pas “sédévacantistes”.

D’autre part, après la mise au point de mon éditorial et la publication de ma réfutation de la “thèse guérardienne”, ce serait effectivement malhonnête.

Et cela parce que, que vous le vouliez ou non, en appelant “sédévacantistes” les “guérardiens” vous nous assimilez à eux, alors que nos positions sont opposées ; par le fait même, vous nous faites endosser des monstrueuses déviations que nous rejetons et réfutons ; ou encore, vous nous rayez en quelque sorte de la terre des vivants….

Il me semble que la lecture de mon n° 5 vous en fera pleinement prendre conscience.

Le caractère gravissime du “guérardisme” est son inspiration kantienne (2) que vous semblez ne pas avoir perçue.

Ne vous excusez pas de votre franchise, ni du caractère qu’elle révèle, puisque cela est tout à votre honneur et se fait rare de nos jours.

En outre, vous y mettez largement les formes, que beaucoup ne font guère l’effort d’employer.

Mon but, que vous dites désirer connaître, est que triomphe la Vérité dans les intelligences et la vraie Charité dans les cœurs.

Ce n’est pas seulement “ma” position que je défends, mais la position catholique défendue par de nombreux prêtres et laïcs, indépendamment du P. Barbara, et par plusieurs bulletins ou revues, dont “Mysterium Fidei” de Bruxelles, et “La Voie” de Paris.

Et nous avons des abonnés sur tous les continents, en dehors de l’Asie.

J’attends votre jugement sur mes n° 5 et 2.

http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?p=42663&mforum=micael#42663

http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?p=42667&mforum=micael#42667

 

 

 


[1] Après avoir explicitement et fortement récusé l’étiquette “sédévacantiste” pendant toute une période, les “guérardiens”, la voyant porteuse d’une “aura”, ont fini par l’accepter en trompe-l’œil depuis.

[2] Exposée de façon détaillée dans une étude composée par feu Mle Anne-Marie Taboulot, professeur agrégée de philosophie.

 

À la recherche de l’unité perdue

with 6 comments

 

451px-BildHellerToujours dans la suite de la « Disputatio : THÈSE DITE DE CASSICIACUM », nous vous proposons aujourd’hui un article important publié en 2001 (rien n’a changé depuis…) du Dr. Eberhard Heller éditeur de la revue EINSICHT – qui a été fondé en 1966 à Munich pour la conservation de la foi catholique.

Le Dr Eberhard Heller, acteur clé dans la résistance sédévacantiste de l’après conciliabule de Vatican-d’Eux, nous explique dans cet article (publié en décembre 2001 dans EINSICHT n°31, pages 29 à 32) le “plan” en quelque sorte, de la “résistance” pour sauver la succession apostolique dans une certaine conformité de la sainte Église catholique. À savoir, la structure hiérarchique de l’Église.

Suite à l’absence d’autorité et de chefs chez les catholiques, le “groupe de résistance” a envisagé, — pour qu’il y ait une espèce de “gouvernement central”, pour la restauration de l’Église, la reconstitution des structures ecclésiales, mais aussi le maintien de l’unité —, une coopération pastorale et ecclésiastique de tous les évêques sédévacantistes.

« Pendant la vacance du Saint-Siège le groupe constitué par ces évêques devait représenter l’Église universelle. Par contre les ordinations de prêtres relevaient de la responsabilité individuelle des évêques, parce que ceux-ci se trouvent directement sous leur autorité. »

Cette coopération pastorale et ecclésiastique ne s’étant pas faite, faute d’humilité et d’unité, mais aussi face aux ambitions et à l’indiscipline, ce fut un échec qui mena bien souvent au sectarisme selon l’auteur : « le sectarisme a été introduit dans la résistance par l’amour-propre et la vanité de certains clercs ».

En concluant :

« Les attitudes défectueuses dont nous venons de parler (le “schisme” interne, le sectarisme, les “vagi” – la soi-disant “indépendance”) et les manières d’être qui en résultent ont eu comme résultat qu’il y a bien un certain nombre d’évêques, mais pas d’autorité, qu’il y a bien des groupes informels mais pas de communautés constituées qui auraient formé une unité ecclésiale. Par voie de conséquence il fallait bien que ces actions devaient rester stériles, car elles ne peuvent recevoir la bénédiction d’en haut… Le concept d’Église comme organisme spirituel universel, comme Pie XII dit : « le corps mystique » dans lequel les membres sont unis entre eux, a été perdu. Je me permets de faire une remarque critique en disant que je ne vois pas pour l’instant qu’il y ait un seul évêque qui travaille au bien général de l’Église. »

l’auteur était réaliste et nous ne pouvons que constater, une décennie plus tard… les ravages de cette « unité perdu » dans les multiples groupes “sédévacantistes” dispersés où chaque petit chef agit en “petit pape”… décidant (et imposant) de tout selon son bon-vouloir… excommuniant les uns, interdisant les autres, chicanant pour ceci ou pour cela, rivalisant chapelle contre chapelle et ne servant que de distributeurs de sacrements ! sans fruits réels et sans vocations…

 

Dans EINSICHT qui parut de 1971 à 2004, des collaborateurs du cercle d’amis des Una Voce et d’autres auteurs – prêtres et laïcs – se sont efforcés de documenter et d’analyser théologiquement la crise ecclésiastique, en confrontant les nouveaux concepts de l’église Conciliaire avec l’enseignement authentique de l’Église Catholique. À partir de 2006, les numéros de EINSICHT en diverses langues (anglais, espagnol, français) paraissent uniquement sur Internet. Ils sont consultables sur : www.einsicht-aktuell.de

Les anciens numéros (de 1971 à 2004) sont sur le CatholicaPedia.net à cette adresse : http://catholicapedia.net/Documents/Einsicht/einsicht.html

 

* * *

 

À la recherche de l’unité perdue

 

— À propos du problème du “schisme interne” —

 

par Eberhard Heller
trad. Abbé Paul Schoonbroodt (†)

 

 

Par ce titre, qui rappelle quelque peu celui d’un livre de Marcel Proust « À la recherche du temps perdu » nous voudrions marquer comme une rétrospective. Dans la situation présente elle pourra servir à reconquérir du terrain si l’on considère, qu’au-delà de nos problèmes religieux ecclésiastiques quotidiens, nous nous trouvons tous ensemble dans une situation bien difficile. Cela a mené à un fatalisme ecclésiastique qui se fait de jour en jour plus perceptible : l’on est en quelque sorte confiné dans son propre centre de messe, sans avoir de contacts et des perspectives pour la restauration de l’Église, et même pas pour la création de structures locales. Qu’avons-nous donc fait de travers ? Est-ce que les fautes du passé peuvent être corrigées ? Sommes-nous prêts à réviser nos propres positions ? Il n’y a pas que les catholiques qui assurent – en partie avec emphase – qu’ils sont les vrais chrétiens qui sont en crise, mais une crise spirituelle profonde est ressentie aussi par la société occidentale dans son ensemble ; elle exerce, à n’en pas douter, un impact manifeste sur la situation actuelle de l’Église.

Bien sûr, l’on peut critiquer en qualifiant de frein l’absence d’autorité et de chefs chez les catholiques qui prétendent rester fidèles à l’Église de Jésus-Christ ; les divergences de vue sont souvent le plus déplorés par ceux-là mêmes qui en ont été la cause par leur ambition et leur indiscipline ; l’on devrait alors s’apercevoir de ce que le manque de coopération pastorale et ecclésiastique et de direction se trouve principalement chez ceux-là mêmes dont le devoir de pasteurs d’âmes serait de diriger de par leur fonction de pasteurs et d’exercer l’autorité spirituelle dont ils ont été investis lors de l’acceptation du sacerdoce/ de l’épiscopat… pour le bien de l’Église universelle et pas seulement afin de distribuer les sacrements dans un endroit retiré d’une communauté qui a des allures de secte.

Il y a une attitude particulièrement grave par rapport à la fonction épiscopale qui s’est manifestée chez certains évêques (sans point d’interrogation) au sujet de nos efforts de reconstruire l’Église comme institution de salut dont les conséquences étaient désastreuses : à savoir l’idée qu’ils se sont faite des pouvoirs reçus à leur sacre comme s’ils leur étaient donnés pour en disposer personnellement. Ainsi ils se sont autorisés à sacrer comme évêques n’importe quel candidat de leur choix. C’est à cause de cette attitude regrettable que des développements graves se sont fait jour dans nos rangs.

Ce n’est pas sans raison que le sacre (et la nomination – cfr CIC, Canon 329 & 2) des candidats-évêques sont réservés au pape, car l’existence et la structure hiérarchique de l’Église sont concernées dans leur ensemble par les sacres ; il faut qu’il y ait un gouvernement central. Le Code de droit canon de 1917, canon 953, prescrit d’ailleurs ce qui suit : « Le sacre d’évêque est réservé au pape. Par conséquent personne ne peut sacrer un évêque sans mandat pontifical. » (1) Normalement la contravention à cette loi est considérée à juste titre comme une rébellion contre l’autorité suprême, contre l’unité de l’Église et comme un acte schismatique passible de sanctions ecclésiastiques (2).

Ngo-dinh-Thuc_800pxLorsque Mgr. Ngô-dinh-Thuc consacra, il y a vingt ans maintenant, les premiers évêques sans mandat pontifical explicite à cause de la vacance du Saint Siège (il consacra le P. Guérard des Lauriers le 7 mai 1981, les Pères Carmona et Zamora le 18 novembre 1981) il le fit exclusivement afin de sauver la succession apostolique du péril de disparaître. Les problèmes relatifs à la vacance du Saint Siège – suscités par elle d’ailleurs – de la nécessité de consacrer des évêques sans mandat pontifical furent discutés explicitement dans la suite, et en rapport avec la situation ecclésiastique du moment (3). Néanmoins l’on reprocha, de côtés divers (cela venait des simples traditionalistes, ce qui pis est, de certains légalistes), à Mgr. Ngô-dinh-Thuc et aux pères qui avaient reçu l’épiscopat de lui, d’avoir posé des actes schismatiques. C’est la DECLARATIO au sujet de la vacance du Saint Siège du 28 février 1982  [ ((Certainement une erreur de transcription ! la Déclaration est datée du 25 février 1982 : P.M.-Ngo-dinh-Thuc, Déclaration de Vacance en PDF))]  qui fournit de la part de Mgr. Ngo-dinh-Thuc lui-même la véritable justification de l’absence de mandat pontifical.

On objecte de différents côtés (aujourd’hui encore) que cette DÉCLARATION aurait dû être publiée avant les sacres, parce que ceux-ci ne pouvaient être justifiés par l’adoption de cette position. Les personnes qui raisonnent de la sorte, supposent que la position de l’archevêque à l’époque de sa première consécration aurait différé de celle de l’époque de la formulation de la DÉCLARATION. C’est une opinion qu’on ne peut accepter, car, dès notre première visite chez Mgr Thuc, accompagnés du révérend Dr. Katzer, qui s’était mis comme premier candidat à la disposition pour un sacre, décédé entre-temps, la discussion porta sur la vacance du saint Siège, le péril de la perte de la succession apostolique et les falsifications de la sainte Messe. Il y eut un vote sur les positions prises. Ce n’est que sur cette base que les sacres qui suivirent ont été donnés.

D’autre part on était acculé par les circonstances du moment à faire ces sacres dans la clandestinité. (Sous ce rapport il suffit de penser à la fuite précipitée de l’archevêque en Allemagne, car il craignait à juste titre la persécution, après que ces sacres avaient été divulgués à la presse par le P. Barbara ; de plus, il faut penser aussi au fait que quelques années plus tard il a été effectivement kidnappé du séminaire de Rochester/USA. pour une destination inconnue.)

On a voulu faire savoir qu’on partageait la justification théologique et canonique qui dit que les sacres d’évêques sont réservés au pape, car la nomination d’évêques regarde directement l’ensemble de l’Église. Les évêques ont convenu que les sacres épiscopaux futurs soient soumis à l’accord et à l’approbation de tous les évêques (de la Tradition). Ils regardent cet accord comme l’équivalent du mandat pontifical qui fait défaut.

Pendant la vacance du Saint-Siège le groupe constitué par ces évêques devait représenter l’Église universelle. Par contre les ordinations de prêtres relevaient de la responsabilité individuelle des évêques, parce que ceux-ci se trouvent directement sous leur autorité.

Dans ce sens les sacres qui suivirent, ceux de Fr. Musey, P. Vezelis, P. Martinez et du P. Bravo furent conférés après un contact préalable avec Mgr Ngô-dinh-Thuc et avec l’approbation expresse de Mgr Carmona ou de Mgr Musey (avec l’assistance de Mgr Carmona). Ce qui était décisif lors de ces sacres, c’est qu’on envisageait la reconstitution des structures ecclésiales, mais aussi le maintien de l’unité. À preuve l’essai par les évêques Vezelis et Musey de délimiter leur sphère d’influence, même si leur concept de la « juridiction » ordinaire passa les bornes.

La manière de procéder en communicant aux autres évêques le projet de sacrer et obtenir l’approbation – comme équivalent du mandat pontifical manquant – fut négligé en premier lieu par Mgr Guérard des Lauriers lorsqu’il procéda à la consécration de l’abbé Storck ; il lui conféra le sacre épiscopal malgré les réserves expresses présentées par Mgr Vézélis. Celui-ci avait fait un voyage exprès à Étiolles afin de lui faire personnellement part de ses réticences.

Après avoir sacré l’abbé Storck, Mgr Guérard des Lauriers céda aux recommandations par une dame d’un certain âge et conféra le sacre épiscopal au Père McKenna, plus tard aussi à l’Ex-Éconien Munari (sans l’avoir réordonné sous condition). Entre-temps celui-ci a quitté définitivement l’épiscopat et le sacerdoce. Il avait été prévenu aussi de ne pas consacrer le père McKenna.

Par cette manière d’agir Mgr Guérard des Lauriers n’avait plus considéré la consécration d’un évêque comme une décision de l’Église universelle – représentée par le groupe d’évêques – mais comme son affaire personnelle, c. à d. il a laissé cette décision à l’appréciation d’un évêque individuel.

Il est évident qu’on ne peut attribuer – du fait de l’absence de mandat pontifical –, une propriété juridiquement valable au groupe représentatif des évêques de la Tradition. Et pourtant, je n’hésiterais pas un moment à qualifier cette attitude – par analogie au code de droit canon, qui stipule que les sacres épiscopaux sont réservés au pape – au moins de schisme latent (au cas où chez Mgr Guérard des Lauriers des intérêts personnels étaient visés) – (des hypothèses valables semblent le prouver – de sectarisme même) ; car le principe d’unité y fut consciemment lésé.

Si l’on passe en revue les actions de cette période, – citons par exemple les sacres épiscopaux par lesquels la succession apostolique devait être assurée, ou la déclaration de son excellence Mgr Ngo-dinh-Thuc, par laquelle une ligne de démarcation par rapport à la dite église Conciliaire fut tracée, des actions donc qui auraient pu ou dû amener un renversement de situation –, on ne peut pas ne pas constater que l’unité parmi les évêques se perdit par les initiatives particulières de Mgr Guérard des Lauriers et que la force percutante de notre combat de la foi subit suite à cela un préjudice considérable. G. des Lauriers a suscité une discussion supplémentaire artificielle par sa théorie de « Papa materialiter, non formaliter ». (4) Comme la cohésion n’existait plus, l’autorité se perdit également, c. à d. elle était divisée. Or, c’est ici qu’on devrait recoller les morceaux pour refaire l’unité.

Dans la suite il fut assez honteux pour la résistance que des évêques dont la validité du sacre ne fait pas de doute, consacrassent, sans se consulter mutuellement ou se concerter avec les autres évêques, des candidats visiblement ignorants en théologie et inaptes pour cause de déficience morale – l’on signalait à quelques-uns d’entre eux de se retirer derrière des stores suédois. On les présenta au peuple étonné comme des évêques résistants, issus de la succession de Mgr Thuc. En réalité ils n’étaient et ils ne sont que des sectaires avec des tendances catholiques. Par ce mode de succession, à savoir que chaque évêque sacre un candidat de son choix sans prendre en considération les intérêts de la reconstitution de l’Église, s’est développé un “schisme” qui fait son chemin à l’intérieur en entraînant par là un quasi-arrêt de la restauration de l’Église – (5). Si l’on jette un regard sur la liste des évêques qui ont été sacrés dans ce cadre, en adoptant cette vision critique de leur situation, l’on constatera que beaucoup d’entre eux ne peuvent être reconnus comme évêques de l’Église catholique.

C’est Mgr Lopez-Gaston qui a donné un exemple particulièrement saillant d’une attitude de schisme interne et même sectaire par les ordinations qu’il a reçues ou qu’il a données. (6) Alors que la validité sacramentelle peut être acceptée sans plus dans le cas de n’importe quel schismatique véritable et même d’un certain nombre – certainement pas tous – de membres d’une secte, il a complètement perdu de vue que, ayant négligé la licéité, l’impact du caractère ecclésial de telles ordinations doit être nié.

Il y a plus grave que cet explosif “schismatique” c’est le sectarisme qui a été introduit dans la résistance par l’amour-propre et la vanité de certains clercs. Ce sont des clercs qui, poussés par un besoin de se mettre en valeur, se sont laissé consacrer par quelque évêque de la lignée-Thuc. Il leur importait peu, si les consécrateurs étaient de vrais évêques ou des évêques entre guillemets ou simplement des personnages du milieu des vagi. Certains d’entre eux trouvèrent un appui chez ceux qui adhèrent à la théorie de « l’intention externe ». Ce que ces évêques (ou “évêques”) recherchent avant tout, c’est porter une mitre, leur donnant un “droit” de collecter de l’argent chez les fidèles naïfs. Nous avons un cas frappant dans la personne du soi-disant “évêque Mgr Roux”, qui avait faussé son attestation d’ordination en certifiant qu’il avait été ordonné par Mgr Ngô-dinh-Thuc à une date où celui-ci séjournait chez nous à Munich. (Après un sacre « sub conditionale » [sic] il exerce son activité en France. Il a été connu sous le nom de « Mgr Tartuffe ». (7)

Le cas du soi-disant “évêque Franck” frise la criminalité. En un premier temps il devait être présenté aux fidèles allemands comme un évêque de la résistance. Il s’avéra cependant qu’il ne peut être question de validité des « ordres » reçus. (Il n’y a pas longtemps, il a fait de la prison en Belgique pour cause de pédophilie.) Le sectarisme ou les clercs vagi se sont fixés, tel un ulcère cancéreux, dans le tissu de la véritable résistance. Je suis régulièrement surpris de voir combien ces sectaires sont vénérés comme des conservateurs du Graal. Il y a de plus un groupe de clercs qui ont suscité des remous dans les rangs des sédévacantistes et qui ont quitté Écône parce qu’ils ont compris qu’un hérétique ne peut être revêtu de l’autorité. Mais, suite à cette décision logique vient une décision moins logique. Ils ne se préoccupent pas alors d’être intégrés dans le cercle des confrères sédévacantistes – ici on peut réserver pour plus tard le problème de la validité de leur ordination – non, comme personnes isolées ils commencent la plupart du temps à rassembler des brebis égarées, un groupe de gens peu informés. Ils s’occupent peu des structures ecclésiales existantes.

Ils ne seraient qu’exceptionnellement prêts à une coopération. Cette attitude prouve qu’il s’agit, dans le cas des représentants de ce groupe, de sectaires à tendance catholique.

Si l’on juge que mon jugement est trop radical je veux bien assumer ce reproche. J’invite par contre tous ceux qui croient devoir exprimer des critiques à se livrer au raisonnement expérimental suivant : supposons qu’on soit parvenu effectivement à rétablir l’autorité dans l’Église, c. à d. à introniser un pape validement élu. Quel serait celui parmi les clercs « indépendants » qui clament par ailleurs leur esprit de l’Église et qui affirment ne prêcher que la doctrine de l’Église, quel serait celui d’entre eux qui serait prêt à se soumettre à un tel pape ?! N’est-il pas probable que ces personnes chercheraient des échappatoires, afin de conserver leur « indépendance »et ainsi continuer dans le schisme ?

Les attitudes défectueuses dont nous venons de parler (le “schisme” interne, le sectarisme, les “vagi” – la soi-disant “indépendance”) et les manières d’être qui en résultent ont eu comme résultat qu’il y a bien un certain nombre d’évêques, mais pas d’autorité, qu’il y a bien des groupes informels mais pas de communautés constituées qui auraient formé une unité ecclésiale. Par voie de conséquence il fallait bien que ces actions devaient rester stériles, car elles ne peuvent recevoir la bénédiction d’en haut… Le concept d’Église comme organisme spirituel universel, comme Pie XII dit : « le corps mystique » dans lequel les membres sont unis entre eux, a été perdu. Je me permets de faire une remarque critique en disant que je ne vois pas pour l’instant qu’il y ait un seul évêque qui travaille au bien général de l’Église.

Il faut bien remarquer qu’il ne s’agit ici que de montrer ce qui serait à faire dans l’optique de sédévacantistes conséquents afin de reconstruire les structures ecclésiales ; cela inclut la formation de paroisses et de grandes entités ecclésiales ; cela inclurait aussi l’élection d’un pape, même si l’on ne sait pas comment l’on pourrait procéder ? (8)

Comment obtenir une amélioration profonde de la situation ecclésiale divisée, sinon en amorçant un processus de réflexion nouvelle. On peut considérer comme un progrès appréciable si chaque clerc, individuellement, se pose sérieusement la question comment il peut justifier son ministère par rapport à la situation de l’Église universelle (cependant sans venir dire que « les fidèles ont besoin des sacrements » – la question de savoir de quoi les fidèles ont besoin, ne peut recevoir sa réponse que dans le cadre d’une clarification du problème ecclésial). De la sorte l’on créerait au moins un préalable théologique et mental pour une action responsable qui inclurait une coopération féconde avec les autres prêtres et évêques. En tout cas nous avons essayé de montrer quel sera éventuellement le résultat d’une telle réflexion. Ce serait un progrès appréciable, si les clercs concernés voyaient clairement qu’ils ne sont pas autorisés à tout faire ce qu’ils peuvent. Ils devraient voir que leurs pouvoirs spirituels ne peuvent s’exercer en leur propre nom mais selon un mandat de l’Église en d’autres termes, s’ils se considéraient comme mandatés par l’Église pour l’exercice de leur pouvoir.

Il serait important pour eux de comprendre comme fin intermédiaire qu’ils se trouvent provisoirement dans un certain dilemme sachant d’une part qu’ils ne peuvent agir que par mandat de l’Église (9), alors que d’autre part cette église est privée présentement de l’autorité qui impère. Sans ce lien avec l’Église tout ministère porterait la marque du schisme (ou de sectarisme). Dès lors la question de l’Autorité perdue, de l’unité perdue, se pose à nouveau. Nous avons tenté de montrer dans la « Déclaration » nouvelle le dilemme entre le mandat du prêtre d’une part et l’Autorité manquante d’autre part. En ce qui concerne le mandat pour le prêtre il faut affirmer ceci : « D’une part la juridiction de l’Église requise pour l’accomplissement de son ministère est momentanément absente, parce que la hiérarchie est apostate, d’autre part l’exercice de ce ministère est la condition nécessaire pour la restauration de l’autorité ecclésiale. Celle-ci est exigée par la volonté salvifique du Christ. » À mon avis ce dilemme ne pourra être résolu qu’à la condition que toutes nos activités passées soient soumises à une légitimation par la hiérarchie restaurée. Ainsi la célébration de la messe par exemple et l’administration des sacrements ne pourront provisoirement être justifiés par le fait qu’ils soient considérés comme des actes placés sous le signe de la restauration de l’Église universelle, comme institution du salut, et qu’ils acceptent de se soumettre à un jugement futur par l’Autorité légitime restaurée. Il s’en suivrait que, administrer les sacrements et les recevoir (inclusivement célébrer la sainte Messe et y assister) ne sont pas licites, si ces actes ne sont pas rattachés à cette seule justification, étant entendu que la validité sacramentelle est sauvegardée.

http://www.einsicht-aktuell.de/index.php?svar=5&artikel_id=583&searchkey=Schoonbroodt

 

Voir l’Original d’EINSICHT :

http://catholicapedia.net/Documents/Einsicht/documents/FR/2001-12_EINSICHT_Jahrgang-31_Nummer-07_Diciembre-2001_FR_Pages29-a-32.pdf

 

* * *

 

 


[1] D’après le canon 954 le consécrateur doit se faire assister par deux évêques comme co-consecrateurs (non seulement comme témoins), c. à d. ils sont tenus de faire également les cérémonies essentielles du sacre exécutées par le consécrateur. (cfr la constitution “Episcopalis consecrationis” de Pie XII du 30 novembre 1944 AAS. XXXVII P. 131-132).

[2] Cfr CIC canon 2370 a) : « Si un évêque confère à quelqu’un la consécration épiscopale sans avoir pour cela le mandat pontifical tel que mentionné dans le canon 953, il est par le fait même suspens aussi longtemps que le saint Siège n’a pas relevé de la peine. »

[3] Cfr e.a. la « Lettre Ouverte de Mgr Carmona à Mgr Corts » (Einsicht XII/3 d’oct. 1982 ; “Une lettre de Mgr Carmona” XII/4 de décembre 1982 ; Heller, Eberhard : « Quelques remarques au sujet des sacres d’évêques par Mgr Ngô-dinh-Thuc et de Mgr Carmona » XII/3 d’octobre 1982, p. 101 ss. « Où en sommes-nous ? » XII/6 de mars 1983.

[4] Celte thèse fut fortement relativisée par son auteur peu avant sa mort, sinon revue, mais actuellement encore elle continue à hanter les esprits des gens de Verrua Savoia/Italie et e.a. chez l’abbé Ricossa.

[5] C’est Mgr Pivarunas qui a fait exception en faisant connaître son intention de sacrer l’abbé Dolan et le P. Dávila et en offrant aussi la possibilité de discuter le choix de ces candidats.

[6] Ce n’est que par une enquête détaillée menée par M. Jerrentrup on a su avec certitude que les ordres qu’il a reçus sont valides encore que sa succession apostolique repose de manière évidente sur des sectaires.

[7] Il y a moyen de suivre ses escapades sur Internet. Toutes ses initiatives y sont enregistrées.

[8] Le clergé d’Écône se trouve dans une contradiction insoluble contrairement aux sédévacantistes (conséquents). Si l’on fait abstraction de certaines positions erronées et l’absence d’études dans le domaine des sacrements et de la théologie, ils voient d’une part la nécessité d’une autorité qui impère. C’est pour cette raison qu’ils reconnaissent p. ex. Jean Paul II comme pape, mais ils refusent de lui obéir parce qu’ils estiment qu’ils ne peuvent pas se soumettre à ses ordres. Or, le fait de s’imaginer qu’on n’est pas obligé d’obéir au pape (c. à d. à l’autorité suprême) constitue une hérésie. Mais, afin de surmonter cette “hérésie”, les abbés Schmidberger et Aulagnier iront dire prochainement à leur pape, ce qu’il peut ou doit leur commander, afin qu’ils puissent lui obéir… c’est de loin la solution la plus “élégante” !

[9] La discussion autour de l’« una cum » au « Te igitur » du canon, montrant que la messe ne peut être célébrée que par mandat de l’Autorité et en union avec celle-ci, publiée dans Einsicht X/3 de septembre 1980, aurait dû rendre conscient du problème.

 

Written by Cave Ne Cadas

juillet 10th, 2013 at 12:39 pm

Posted in Eberhard Heller,Einsicht,sedevacance

Tagged with , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,