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Fracture dans la Fraternité Saint-Pie-X : blanc bonnet et bonnet blanc
L’Abbé Hervé Belmont publie sur son Blogue : Quicumque cet article sur la « Fracture dans la Fraternité Saint-Pie-X »…
Sa conclusion rejoint en quelque sorte la notre :
Fausse Résistance = F$$PX = Voies sans issues
Mercredi 8 octobre 2014
Fracture dans la fraternité Saint-Pie-X : blanc bonnet et bonnet blanc
— Mais pourquoi, pourquoi donc ne parlez-vous pas de l’« union sacerdotale Marcel-Lefebvre », de ces prêtres courageux qui ont choisi la voie de la fidélité en se séparant de la fraternité Saint-Pie-X qui va vers le ralliement ? Auriez-vous quelque défiance à leur égard ?
— Mais pourquoi donc en parlerais-je ? Serait-ce pour dire la tristesse d’une nouvelle division qui a comme effet de scandaliser les âmes et d’introduire une guerre sans aucun profit pour la doctrine catholique, ni pour la sanctification des chrétiens, ni pour la splendeur de l’Église ?
L’opposition entre la Résistance et le Loyalisme (les deux partis se nommant eux-mêmes plus ou moins de cette manière – majuscules de rigueur !) est une opposition à l’intérieur du même monde, avec les mêmes carences doctrinales et les mêmes aberrations canoniques.
L’hérésie “feeneyiste” vue par l’Abbé Belmont
M. l’Abbé Belmont a publié ce dimanche, une intéressante contribution sur l’hérésie “feeneyiste”.
Bien qu’il arrive toujours au secours de la victoire !… M. l’abbé Belmont clôt de façon lumineuse une discussion qui n’aurait jamais dû commencer sur les Baptême de désir et Baptême de sang.
* * *
Voici son article (les accentuations sont de nous) :
Un nouveau débarquement, corrupteur de la foi
Par Abbé Hervé Belmont
Un triste phénomène humain – dû à l’ignorance du paresseux, à la prétention de l’imbécile ou à l’aveuglement de l’orgueilleux – accompagne la vie de l’Église catholique pendant son pèlerinage sur la terre. Lorsque paraît une erreur, quelques-uns de ceux qui la veulent combattre tombent dans une erreur contraire et s’y retranchent avec d’autant plus d’entêtement qu’ils veulent (ou prétendent) combattre l’erreur. C’est même un funeste enchaînement qui peut se produire.
Ainsi, lorsqu’Arius a nié la divinité de Jésus-Christ, un certain Apollinaire s’est dressé contre son erreur en affirmant que Jésus-Christ est Dieu (ce qui est vrai) parce qu’il n’a pas d’âme humaine et que la divinité en tient lieu (ce qui est faux). Cette nouvelle erreur, qui est une négation du mystère de l’Incarnation et donc de la Rédemption, fut à son tour combattue par Nestorius qui affirmait qu’en Jésus-Christ il y a deux natures intègres qui n’ont pas fusionné (ce qui est vrai) et que l’union entre ces deux natures est simplement morale (ce qui est faux), ce qui le faisait blasphémer en niant la maternité divine de la sainte Vierge Marie.
On comprend donc qu’il ne suffit pas de s’opposer à l’erreur : il faut encore le faire sans tomber dans une autre erreur, laquelle peut être tout aussi destructrice de la vérité de la foi.
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ? (III)
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ?
— partie 3 —
QUELQUES RÉFLEXIONS FAISANT SUITE À LA CAUSERIE DE L’ABBÉ BELMONT DU 26/6/2012
M. l’abbé Belmont a donné, le 26 juin dernier, une causerie qu’il a qualifiée d’« amicale » sur son Blog “Quicumque”, avec la présentation suivante :
Écoutez ici la causerie de l’abbé Hervé Belmont : [audio:http://catholicapedia.net/audio/2012-06-26_ab-Belmont_causerie.mp3|titles=Causerie amicale|artists=Mr l’Abbé Hervé Belmont]
Un correspondant, ingénieur de formation, nous a adressé son analyse que nous publions ci-dessous, en le remerciant chaleureusement :
Quelques réflexions faisant suite à la causerie de l’Abbé Belmont du 26/6/2012.
par Un ingénieur.
Gaude Maria Virgo, cunctas haereses, sola interemisti
(Trait de la messe Salve Sancta Parens)
La causerie du 26 juin 2012 est dans l’ensemble d’un bon niveau, l’Abbé Belmont répondant avec précision et assurance aux questions qui lui sont posées. On y trouve néanmoins certaines affirmations auxquelles aucun catholique ne devrait adhérer. Bien qu’elles aient été faites dans l’exercice difficile d’un discours oral, traduisent-elles la pensée exacte de l’Abbé Belmont ?
1) Est-il illégal de défendre la foi ?
À la minute [21’50], l’abbé Belmont soutient qu’il ne faut pas « faire semblant d’être dans la légalité (…) Nous sommes dans l’illégalité, parce que nous voulons défendre la foi ». Par la légalité, l’abbé Belmont entend la conformité au droit canon de l’Église, puisqu’il trouve grotesque l’usage du droit canon par la FSSPX, comme motif d’exclure Mgr Williamson. Tandis que, par ailleurs, la FSSPX fait fi du droit canon vis à vis de Ratzinger (alias Benoît XVI) qu’elle reconnaît comme pape.
Or, affirmer que nous sommes dans l’illégalité (vis à vis du droit de l’Église) parce que nous voulons garder la foi (c’est-à-dire rester catholiques) est une erreur. En effet, le droit canon de l’Église catholique, apostolique et romaine, ne peut s’appliquer qu’aux catholiques (il a pour objectif de faciliter le salut des âmes).
Dire le contraire serait absurde. Tout le monde comprend que le code de la route ne s’applique qu’à ceux qui empruntent le réseau routier français ne s’applique pas aux automobilistes d’Argentine. De même, il ne viendrait à personne l’idée de dire que la loi de l’Église est en vigueur chez les bouddhistes ou les mahométans (même s’il est à souhaiter qu’ils se convertissent et qu’elle s’applique à eux). Le droit canon de l’Église catholique ne peut s’appliquer qu’à ceux qui sont encore catholiques, c’est-à-dire qui sont restés fidèles à l’enseignement et à la pratique de l’Église de toujours.
Or, la secte conciliaire n’est PAS l’Église catholique. Comment le code de droit canonique pourrait-il s’appliquer aux hérétiques et apostats de la secte conciliaire ? Ils s’en sont d’ailleurs forgé un nouveau sur-mesure (en 1983) pour épouser leur hérésie…
De toute évidence, au sein de l’Église, dans les temps troublés que nous vivons, il n’est pas facile de dire ce qui s’applique ou non du code de droit canon. Comme le souligne l’Abbé Belmont dans sa causerie, la hiérarchie catholique a disparu (ce que l’Abbé Belmont oublie de dire, c’est que cette disparition est un châtiment de Dieu sur les mauvais clercs, à cause de péchés en amont. Quels sont ces péchés ?), et, comme l’autorité est une composante essentielle du droit, il n’est pas toujours aisé pour un Catholique de savoir de qu’il faut faire. Comment le code de droit canon peut-il encore s’appliquer dans l’Église ? Prenons une comparaison simple avec le code de la route et supposons qu’un bombardement nucléaire fasse disparaître toutes les autoroutes françaises. On peut sans se tromper affirmer que la partie du code de la route concernant les autoroutes ne s’appliquera plus temporairement, parce qu’il est sans objet. Par contre, le code concernant les routes départementales et nationales pourra encore être appliqué. De même, pour le droit canonique, on peut dire que ce qui touche la juridiction ordinaire ne s’applique plus temporairement, mais que les dispositions du droit canon pour les périodes extraordinaires s’appliquent au cas par cas.
Quant à Mgr Fellay et aux autres membres de la FSSPX, ils seraient en droit d’invoquer les articles du droit canon qui s’appliquent dans les circonstances exceptionnelles que nous vivons, s’ils n’étaient pas eux-mêmes, hélas, hérétiques (en effet, comme ils professent des hérésies sur le neuvième article du Credo, et sur l’infaillibilité pontificale, ils ne font plus ipso-facto partie de l’Église, et le droit canon ne les concerne plus). L’hérésie de la FSSPX constitue la raison essentielle de l’absurdité de leur recours à un droit canon qui leur est étranger. L’Abbé Belmont a raison lorsqu’il affirme que la position de la FSSPX est contradictoire du point de vue logique, et qu’il est absurde et pathétique de voir la FSSPX « faire semblant d’être dans la légalité », mais n’oublions pas que le péché de la FSSPX est avant tout son hérésie, qui a pour conséquence funeste cet horrible aveuglement dans tous les domaines (les billevesées canoniques fraternitaires sont la conséquence de ce foudroyant aveuglement).
Quelques réflexions maintenant pour ceux qui penseraient (j’espère qu’il n’y en a plus), que la secte conciliaire est “matériellement” l’Église catholique. Où peut-on classer le code de droit canon, dans la matière ou la forme de l’Église ? Si l’on considère que ce code fait partie de la matière de l’Église, il faut alors reconnaître que les erreurs graves qu’il contient (notamment la collégialité) font partie de la matière de l’Église, donc que l’Église est matériellement hérétique. Mais si le droit canonique (celui de 1917) fait partie de la forme, on doit alors reconnaître que la secte conciliaire n’a plus rien de commun avec ce droit (puisque selon la thèse, elle n’est plus “formellement” l’Église catholique). Donc, même dans cette logique étrange, vouloir garder la foi, ce n’est pas être dans l’illégalité !
2) De la certitude de l’invalidité du nouveau rituel des sacres épiscopaux.
À la minute [1:02:00] et suivantes, l’abbé Belmont continue :
« Pour ce qui est de la nouvelle messe, est-ce que je crois à la validité de la nouvelle messe ? Non, sans en avoir la certitude absolue. Je ne crois pas et je vais vous en donner la raison. Saint Thomas d’Aquin dit : c’est la foi, la foi de l’Église catholique, qui fait l’efficacité des sacrements, qui met en relation Jésus-Christ, qui est la source de l’efficacité des sacrements, avec le signe sacramentel. C’est la foi de l’Église. Quand le ministre d’un sacrement veut faire ce que fait l’Église, c’est qu’il veut faire ce qui est la foi de l’Église, c’est un acte de foi ; et qui est inscrit dans le rite de l’Église, qui est une profession de foi. Et le nouvel Ordo de Paul VI est un rite qui est protestant. Ce n’est pas moi qui le dit ; il a été confectionné avec l’aide de six protestants ; il y a des tas de pasteurs protestants qui ont dit, quand il est paru : Ah ! Autrefois on ne pouvait pas célébrer la messe (…) mais maintenant on le peut tout à fait.
(…) C’est un rite protestant, les paroles de la consécration ont été changées, et, hasard, les mêmes changements que Luther avait fait, c’est-à-dire la suppression de l’incise Mysterium fidei dans les paroles de la consécration du vin, et l’adjonction du Quod pro vobis tradetur, qui sera livré pour vous, dans les paroles de la consécration du pain. Faisant de ces paroles un récit historique, qui est historiquement exacte peut-être, mais ce n’est pas la question… Ce n’est maintenant plus des paroles sacramentelles, des paroles efficaces, une action qui se passe ici, maintenant, sur l’autel où le sacrifice de Jésus-Christ est offert. Luther avait l’Offertoire en abomination, on a supprimé l’Offertoire, remplacé par une présentation des dons, et qui n’est plus du tout ce sacrifice commencé par lequel les fidèles s’unissent au Sacrifice de N-S-J-C. Luther disait qu’il faut que ce soit la liturgie de la parole qui prenne le dessus. C’est clair que c’est ce qui s’est passé. Alors la nouvelle messe est vraiment le fruit le pire de Vatican II, parce que c’est un fruit qui est réellement protestant d’intention. Il s’agit d’aligner le rite de la messe sur la conception qu’en avaient les protestants. Alors je ne crois pas, je n’en ai pas la certitude absolue, parce que je ne suis pas le Bon Dieu, je ne suis pas infaillible. Si vous m’apportez une hostie consacrée à la nouvelle messe et que vous me dites : marchez dessus ! Je ne marcherai pas dessus. Évidemment. Mais, je ne crois pas que c’est valide.
(…) C’est la conclusion d’un raisonnement, ce n’est pas une évidence directe.
(…) Le rite de la consécration épiscopale a été bouleversé par Vatican II. C’est même le premier sacrement qui a subi de plein fouet la réforme liturgique, où on a dénaturé le rôle du sacerdoce. Et alors, il y a ce problème : ces nouveaux rites, qui ne sont pas traditionnels, qui ne sont pas promulgués par la véritable autorité de l’Église, sont-ils valides ? Et bien, je pense que non. Je n’en sais rien absolument, mais je pense que non.
(…) Les sacrements ont besoin de certitude. J’ai besoin de la certitude que je suis prêtre. Et cette certitude, je l’ai par l’Église. J’ai été ordonné par Mgr Lefebvre, qui est un véritable évêque de l’Église, nommé par Pie XII, et l’Église garantit la continuité du sacerdoce depuis les Apôtres. C’est dans le catéchisme de Saint Pie X, tout simplement. L’Église garantit l’identité de la doctrine et des pouvoirs de l’Église. A partir du moment où par le rite (ou d’un autre moyen), je me sépare de cette continuité, de cette apostolicité, je ne sais plus. Les sacrements ont besoin de certitude. Il faut que je puisse donner ma foi à la présence réelle, que je puisse donner ma foi au sacerdoce, j’ai besoin de certitude. Et le propre de Vatican II, c’est d’avoir introduit, au minimum l’incertitude partout. On bouleverse tout avec un esprit protestant qu’on déclare, et la certitude est partie.
(…) L’incertitude dans le domaine sacramentel, c’est la même chose que l’invalidité. Si je ne suis pas sûr, je m’abstiens.
(…) Que sont réellement (ces nouveaux prêtres) ? Je ne sais pas. »
À force d’avoir peur de se tromper sur la validité des sacrements, on en perd la foi dans les sacrements. Ce qui fait que l’Église garantit la continuité de la doctrine et des sacrements, c’est qu’elle a toujours conservé avec un soin jaloux, ce dépôt qui lui a été confié par N-S-J-C. L’Église a toujours su qu’elle n’était pas propriétaire des sacrements, qu’Elle n’en est que dépositaire. Les sacrements constituent une partie essentielle du trésor que l’Époux a confié à l’Épouse. Et le diable essaie de dérober ce trésor à l’Épouse, en le remplaçant pas un faux, une contrefaçon sans aucune valeur !
Or que fait l’abbé Belmont (comme beaucoup de ses confrères) sinon anesthésier les fidèles et les empêcher de prendre conscience de ce fait absolument crucial de l’invalidité du nouveau rituel des sacres épiscopaux, qui est un faux mise en place par Satan et ses suppôts ? Où est ce soin jaloux qu’il devrait porter non seulement à dire ce qui est, mais aussi à dire ce qui ne peut pas être. L’ennemi tente de détruire le sacerdoce, et les prêtres le laissent détruire, en considérant que c’est un problème secondaire, insoluble ou que Dieu seul peut connaître. L’ennemi tente d’abattre le pommier, mais on continue quand même à s’occuper des pommes, soit parce qu’on ne voit pas l’ennemi s’attaquer au pommier, soit parce qu’on doute qu’il puisse être en train d’abattre le pommier, soit encore parce que Dieu seul peut avoir la certitude absolue qu’il est en train d’abattre le pommier. Quel scepticisme !
Il me semble que l’abbé Belmont, après avoir brillamment démontré, dans sa causerie, la nécessité de l’étude et les énormes lacunes actuelles, devrait convenir sans peine de son devoir (et de celui de tout prêtre catholique) d’étudier cette question précise à fond, parce qu’elle fait partie du fondement même du sacerdoce catholique. Et, dans le cas où il maintiendrait sa position actuelle (ce qu’à Dieu ne plaise), l’honnêteté intellectuelle et la soumission que nous devons tous avoir pour la vérité, l’obligerait, en quelque sorte, à démontrer au préalable que l’équipe de Rore Sanctifica s’est trompée, ou que les arguments qu’elle avance ne sont pas probants…
Par ailleurs, psychologiquement, en raison de prise de position aussi “douteuses” de leur prêtre, que ferait la majeure partie des fidèles si (par exemple) les prêtres valides et fidèles venaient à disparaître du sol français (ce qui est en passe de se produire), sinon se tourner vers ces (faux)-sacrements probablement parfois valides à en croire certains clercs. Après tout, si on n’est pas absolument certains qu’ils sont invalides, on n’est pas non plus absolument certains qu’ils ne puissent pas être valides de temps à autre. Et combien alors s’abstiendront dans le doute ? Combien, par le passé, ont fait le bon choix devant de semblables dilemmes ? La peur de manquer, d’être privé de tout, fera, comme toujours, son effet. Sauf que cette fois-ci, il sera trop tard, on nous aura volé (au moins localement) nos bijoux de famille !
3) Le problème de l’absence de foi chez les évêques.
À la minute [1:09:00], l’abbé Belmont affirme qu’« il y a encore des évêques qui font réellement partie de la hiérarchie de l’Église, parce qu’ils ont reçu un mandat apostolique pour en faire partie ; maintenant, il y en a peut-être qui ont perdu la foi… ».
Cette affirmation est inversée. Un évêque ne peut “réellement” faire partie de la hiérarchie de l’Église que s’il a la foi (s’il a perdu la foi, ipso-facto il a quitté l’Église, et a fortiori sa hiérarchie). La question devrait plutôt être : y a-t-il encore des évêques catholiques (c’est-à-dire qui professent encore en parole et en actes la foi catholique de toujours) qui ont reçu un mandat apostolique par une autorité légitime ? En reste-t-il encore ? Dieu seul le sait.
L’affirmation de l’Abbé Belmont est cohérente avec son absurde recours à un évêque apostat pour faire des confirmations (ce qui a été réfuté dans le dernier numéro de la Voix des Francs).
In Christo et Maria.
* * *
Nous sommes curieux de voir si M. l’abbé Belmont va répondre à cette très bonne analyse de notre correspondant… Nous lui ouvrons nos colonnes ! Va-t-il répondre ? Lui qui pense que « la vérité est peut-être ailleurs » !
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ? (II, c)
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ?
— partie 2 (c) —
Réponse au bulletin
n°269 Notre Dame de la Sainte Espérance
juin 2012, de M. l’abbé Belmont.
LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°25, des éditions Saint-Remy est parue début juillet.
La Voix des Francs Catholiques
Numéro 25
Juillet 2012
Réponse au bulletin
n°269 Notre Dame de la Sainte Espérance
juin 2012, de M. l’abbé Belmont.
Suite de la partie 2
1er point : sa justification pour encourager certains de ses fidèles à recevoir la confirmation dans le rite traditionnel, d’un évêque conciliaire, sacré avant Vatican II.
2ème point : son rejet d’un certain nombre d’auteurs catholiques éminents publiés aux éditions Saint-Remi, en particulier Mgr Gaume.
3ème point : son rejet de la mission divine de la France.
III.
Répondons pour finir aux propos de M. l’abbé Belmont sur la question de la mission divine de la France.[29]
Nous répondrons ici succinctement car nous avons déjà largement exposé tout les arguments qui expliquent cette mission divine dans le n°1 de La Voix des Francs Catholiques [30].
Disons simplement qu’il est ridicule de séparer la mission de la France, et des autres nations chrétiennes d’ailleurs, de celle de l’Église, car c’est une seule et même chose. En effet c’est l’Église qui sacre les rois et leur donne leur mission, c’est l’union du pouvoir temporel au pouvoir spirituel. Si on parle de mission divine de la France c’est parce que celle-ci a été fondée par un acte divin miraculeux qui est celui du miracle de la Sainte Ampoule, ce dont aucune autre nation n’a pu bénéficier. Huile miraculeuse qui a servi à sacrer la plupart des rois de France pour qu’ils accomplissent leur mission signifiée dans le testament de saint Remy et dans le rituel du sacre.
Puisque Don Guéranger est tant apprécié par M. l’abbé Belmont, et à juste titre, nous lui suggérons donc de méditer ce que ce saint moine disait à ce sujet :
« Contemporain et survivant de la plupart d’entre eux, leur émule en éloquence, en noblesse, en sainteté, Remi sembla les personnifier tous en cette nuit de Noël qu’avaient appelée tant d’aspirations, de supplications, de souffrances. Au baptistère de Sainte-Marie de Reims, naissait à Dieu notre nation ; comme autrefois au Jourdain la colombe était vue sur les eaux, honorant non plus le baptême du Fils unique du Père, mais celui de la fille aînée de son Église : largesse du ciel, elle apportait l’ampoule sainte contenant le chrême dont l’onction devait faire de nos rois dans la suite des âges les plus dignes entre les rois de la terre[31]. » (L’Année Liturgique[32], à la vie de saint Remy).
Quant à ceux qui osent nier l’authenticité du miracle de la sainte ampoule en affirmant qu’il n’y a que le texte d’Hincmar deux siècles après le fait qui le rapporte, nous répondons que cela est faux. Il existe deux documents contemporains de l’événement. Une lettre du pape à Saint Remy et une lettre de saint Grégoire de Tours. Bien qu’ils ne décrivent pas directement le fait, de ce qu’ils disent on peut le déduire :
Il affirme qu’il se passa alors quelque chose de surnaturel : car, dit-il, : « Le temple du baptistère fut rempli d’une odeur divine, et Dieu accorda une telle grâce aux assistants, qu’ils se crurent transportés au milieu des parfums du paradis[33]. » Il y a bien ici quelque chose de miraculeux, une manifestation quelconque de la Divinité.
Mais, de ce que saint Grégoire de Tours ne parle pas directement de l’événement que nous discutons, on ne peut conclure qu’il n’a point existé.
Saint Grégoire de Tours a dit que Dieu « accorda une telle grâce aux assistants, qu’ils se crurent transportés au milieu des parfums du paradis » ; et voici que le Souverain-Pontife, écrivant à saint Remi, pour le féliciter de la sage direction qu’il avait donnée au roi très-chrétien, reconnaît « que les miracles qui eurent lieu à son baptême, pourraient être comparés à ceux des Apôtres eux-mêmes[34]. » Or, quels sont ces miracles ? Ne s’agit-il pas évidemment de celui de la sainte ampoule[35] ?
Sainte Jehanne a été envoyée de Dieu pour faire sacrer à Reims l’oint de Dieu, avec le Saint-Chrême mêlé à l’huile de la Sainte Ampoule, afin de réaffirmer que Jésus-Christ est Roy de France à un titre spécial. Elle est comparée par la liturgie à Judith (ou à Déborah) de l’Ancien Testament, qui sauva in extremis la tribu de Juda. De même Sainte Jehanne sauva in extremis “la nouvelle tribu de Juda”, pour reprendre l’expression de Grégoire IX.
Il nous plait aussi d’ajouter cette pratique liturgique de l’Église pour sacrer les rois chrétiens, qui n’est pas une petite preuve, mais une véritable confirmation de ce que nous défendons : « Le roi de France était sacré avec le Saint-Chrême, la plus noble des Huiles Saintes, celle qui est employée au sacre des évêques. Lorsque d’autres rois demandèrent à l’Église de les sacrer eux aussi, elle ne voulut leur appliquer que l’Huile des catéchumènes. Le sacre de la Sainte-Ampoule donnait au roi de France la prééminence sur tous les autres rois, prééminence reconnue et acceptée. »[36] Quel sens la Sainte Église entend donner à cette pratique, sinon le même sens que le pape Saint Grégoire le Grand donnait lui-même : le sacre « le plaçait autant au dessus des autres monarques que les autres monarques étaient eux-mêmes au dessus des particuliers ».
Ce n’est pas parce que les rois de France ont cette prééminence pour la défense de l’Église que les autres nations chrétiennes n’ont pas à faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est absurde de conclure ainsi.
Nous renvoyons le lecteur à l’ouvrage remarquable de l’abbé Joseph Lemann : LA DAME DES NATIONS, dans l’Europe Catholique, disponible aux éditions Saint-Remi, où le rôle que chaque nation de la chrétienté a joué dans l’histoire est largement détaillé.
* * *
M. l’abbé Belmont sur son site, essaie de réfuter le sermon d’un de ses confrères sur le problème du vote. La place nous manque, mais nous y répondrons dans un prochain numéro de La Voix des Francs.
Conclusion
C’est une bonne chose que M. l’abbé Belmont ait pu exposer sa position doctrinale pour essayer de justifier son recours à cet évêque conciliaire, car ainsi les fidèles seront avertis de ses orientations, et nous espérons que d’autres prêtres réagiront.
Nous regrettons en revanche ce dérapage sur Mgr Gaume et sur la mission divine de la France. Il dénote une certaine méconnaissance des sujets qui nous sont chers. M. l’abbé Belmont semble n’avoir pas lu grand chose de Mgr Gaume.
Jeter un blâme immérité sur les éditions Saint-Rémi qui ont un catalogue d’auteurs catholiques les plus respectables, est un manque de prudence, qui risque de détourner les fidèles d’auteurs approuvés par le Magistère de l’Église comme des champions de la cause catholique.
Nous incitons nos lecteurs à prier pour lui, mais aussi pour tous nos prêtres. Nous pensons qu’ils ont beaucoup à apprendre de tous ces nombreux champions du catholicisme redécouverts et diffusés par les Éditions Saint-Rémi.
Nous recommandons l’apostolat de notre maison d’édition à vos prières[37].
Ad majorem Dei gloriam !
Bruno Saglio
[29] « Je méprise les conceptions caricaturales de la sainteté de sainte Jeanne d’Arc, que ce soit façon troisième république ou autre, oui ; et je méprise un nationalisme pseudo-surnaturel fort répandu qui, en définitive, veut attribuer à la France une mission qui usurpe pour un quart celle de l’Église catholique, et qui trois quarts est celle de tout pouvoir politique. D’une part, c’est tomber dans le fond de l’erreur dénoncée par Pie XII dans son message de Noël 1954 ; d’autre part, c’est conduire au naturalisme puisque cela revient en pratique à affirmer que le règne de Jésus-Christ n’est pas l’affaire des gouvernements des différents pays, puisque c’est la France qui en est chargée. » Abbé Belmont, NDLSE n°269.
[30] Disponible en ligne sur notre site internet : http://www.saint-remi.fr
[31] MATTH. PARIS. ad ann. 1257 : Archiepiscopus Remensis qui Regem Francorum cœlesti consecrat chrismate (quapropter Rex Francorum Regum censetur dignissimus) est omnium Franciæ Parium primus et excellentissimus.
[32] Disponible aux ESR comme la plupart des œuvres de Don Guéranger.
[33] Livre II, chap. 31. Au dire des théologiens, il y a là tous les signes d’une manifestation divine.
[34] V. Baronius, tome IX, an. 514, ch. XVI.
[35] On se reportera avec fruit à l’ouvrage SAINTE CLOTILDE ET LES ORIGINES CHRÉTIENNES DE LA NATION & MONARCHIE FRANÇAISE, R. P. FR. GAY, S. M. (1867), réédité aux ESR.
[36] La Mission Posthume de la Bienheureuse Jeanne d’Arc, Mgr Delassus, Ed Saint- Remi 1998, p. 155)
[37] En particulier un jeune homme venant d’une famille athée qui à la suite de bonnes lectures de nos éditions nous a demandé comment recevoir le baptême : « Je suis certain qu’il FAUT que je me fasse baptiser, seulement quelque chose me dit de ne pas me rendre dans n’importe quelle paroisse…
En effet, où est l’Église aujourd’hui ? Je crois que le Concile Vatican II, missionnaire de l’œcuménisme avec comme dessein d’être un pion majeur à l’édification d’une religion mondiale, ne représente plus le corps du Christ… Je ne souhaite pas me faire baptiser par un prêtre apostat !! Jamais… Mais alors, sauriez-vous me conseiller un prêtre qui partage nos vues ? Un prêtre qui n’a pas renié l’Évangile ? Un prêtre qui ne s’accommode pas de la pensée maçonnique ? »
Nous l’avons orienté là où il faut.
À suivre…
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ? (II, b)
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ?
— partie 2 (b) —
Réponse au bulletin
n°269 Notre Dame de la Sainte Espérance
juin 2012, de M. l’abbé Belmont.
LA VOIX DES FRANCS CATHOLIQUES N°25, des éditions Saint-Remi est parue début juillet.
La Voix des Francs Catholiques
Numéro 25
Juillet 2012
Réponse au bulletin
n°269 Notre Dame de la Sainte Espérance
juin 2012, de M. l’abbé Belmont.
Suite de la partie 2
1er point : sa justification pour encourager certains de ses fidèles à recevoir la confirmation dans le rite traditionnel, d’un évêque conciliaire, sacré avant Vatican II.
2ème point : son rejet d’un certain nombre d’auteurs catholiques éminents publiés aux éditions Saint-Remi, en particulier Mgr Gaume.
3ème point : son rejet de la mission divine de la France.
II.
Abordons maintenant l’opposition de M. l’abbé Belmont à la ligne éditoriale des éditions Saint-Remi[14], et en particulier au dénigrement de Mgr Gaume dont nous avons publié toutes les œuvres pour le plus grand bien d’un très grand nombre de lecteurs qui nous l’ont manifesté.
Pour cela il s’appuie sur une courte citation lapidaire de Dom Guéranger[15] :
« L’abbé Gaume est profondément ignorant, vous ne pouvez le suivre en aucune façon » (Histoire du Cardinal Pitra par Dom Cabrol, Paris 1893, p. 193)
Vu les innombrables approbations dont a bénéficié Mgr Gaume de la part de Rome[16] (Papes, concile provincial d’Amiens sanctionné par Rome sous la direction du Cal Gousset), et des plus grand penseurs catholiques de son époque, face à cette citation contradictoire et incohérente, nous sommes allés voir le chapitre complet de l’ouvrage en question, et voilà que mise dans son contexte on s’aperçoit que Dom Guéranger a été trompé par un faux rapport sur un ouvrage (Le Ver Rongeur des Sociétés Modernes) qu’il n’a manifestement pas lu.
Plus ! Dom Guéranger propose à Dom Pitra exactement ce que Mgr Gaume prônait : « L’abbé de Solesmes n’eut garde de refuser à dom Pitra la permission de donner son sentiment sur la question, d’autant qu’il partageait toutes ses idées : « J’approuve de tout point, lui dit-il, votre manière de voir. Le contraire est absurde, seulement je voudrais dans les classes l’étude parallèle des classiques profanes et des classiques sacrés[17]. » C’est tout le combat de Mgr Gaume, qui a d’ailleurs mis au point une bibliothèque des classiques grecs et païens de 24 volumes pour toutes les classes, dont nous avons réédités certains volumes.
Dom Cabrol avoue dans ce même chapitre que Dom Pitra a un jugement trop sévère sur l’abbé Gaume : « Tout serait à louer dans cette lettre, fond et forme, si l’enthousiasme de dom Pitra pour l’antiquité classique ne l’eût entraîné à un jugement que nous serions tenté de trouver trop sévère, au sujet de l’abbé Gaume. Le livre du paganisme dans l’éducation contient au milieu de thèses paradoxales bien des idées justes et des vérités piquantes sur le moyen âge chrétien, la renaissance païenne du seizième siècle et l’éducation chrétienne. » La preuve est faite que Dom Guéranger a été trompé par Dom Pitra, et que par conséquent son jugement lapidaire est erroné.
Il n’est donc pas très correct de discréditer ainsi Mgr Gaume par une citation sortie de son contexte.
Mais voyons de plus près si Mgr Gaume était profondément ignorant, où si ceux qui l’accusent ainsi malgré le recul de l’histoire (que Dom Guéranger n’avait pas en 1851), ne manifestent pas eux-mêmes leur propre ignorance.
Mgr Jean-Joseph GAUME fut le neuvième enfant d’une famille patriarcale de cultivateurs qui, aux plus mauvais jours de la Révolution, avait donné asile aux prêtres persécutés. Il naquit à Fuans (Doubs), le 5 juin 1802. Il fit ses études littéraires au petit séminaire d’Ornans et sa théologie au grand séminaire de Besançon sous la direction de l’abbé Busson, son cousin, dont le père avait été condamné à la guillotine par le tribunal révolutionnaire de Maîche, le 14 octobre 1793. Ordonné prêtre en 1825, il fut deux ans vicaire à Vesoul. Sur l’indication de l’abbé Gerbet, Mgr Millaux, évêque de Nevers, le demanda, en 1827, pour professer le dogme dans son grand séminaire et il le nomma chanoine honoraire. L’abbé Gaume n’occupa la chaire de dogme que durant l’année scolaire 1827-1828. En 1828, il devint supérieur du petit séminaire de Nevers et il réorganisa avec succès cette maison sous le triple rapport de la piété, de la science et de la discipline. En 1829, tout en gardant cette charge, il fut chanoine titulaire de la cathédrale. Le gouvernement français exigea, en 1831, des supérieurs des maisons d’éducation qui ne faisaient pas partie d’une congrégation approuvée, le serment imposé par les ordonnances du 11 juin 1828. Quoique prêtre séculier, l’abbé Gaume refusa une déclaration que le pouvoir civil n’avait pas le droit de lui demander, et il quitta le petit séminaire. Il dirigea dès lors le catéchisme de persévérance des jeunes filles de toute la ville, œuvre dont il fut chargé pendant vingt ans. Il initiait ses élèves, dont le nombre dépassait 300, à la pratique des bonnes œuvres, et il était lui-même président de l’œuvre Saint François–Xavier pour les ouvriers et directeur de la conférence de Saint Vincent de Paul. Au cours d’un voyage à Rome en 1842, il reçut du pape Grégoire XVI, la croix de l’ordre de Saint Sylvestre en récompense de son dévouement et des services qu’il avait rendus à la religion par ses ouvrages. Le 19 août 1843, il donna sa démission de chanoine titulaire pour être vicaire général de Mgr Dufêtre ; il eut part à l’administration diocésaine à ce titre jusqu’en 1852 ; il démissionna alors en raison de son dissentiment avec le prélat au sujet des classiques chrétiens. Il avait ouvert la controverse sur l’abandon des auteurs païens de l’antiquité et il menait campagne avec Louis Veuillot contre Mgr Dupanloup. Au mois de novembre 1852, l’évêque de Nevers adressa à son clergé une circulaire dans laquelle il prenait parti contre les idées de son vicaire général. L’abbé Gaume quitta Nevers, tout en demeurant chanoine d’honneur de la cathédrale, et se retira à Paris auprès de ses frères, qui étaient libraires-éditeurs. Le comité ecclésiastique de Pontarlier l’avait présenté au suffrage des électeurs de l’arrondissement, en 1849, pour la députation. L’université de Prague lui avait donné le titre de docteur en théologie, le 28 août 1848 ; les évêques de Reims, de Montauban et d’Aquila le nommèrent vicaire général (ce dernier, le 13 juin 1856). Le pape Pie IX l’éleva, en 1854, à la dignité de protonotaire apostolique ad instar participantium. En 1872, le préfet de la Propagande lui confia la charge de directeur général de l’Œuvre apostolique, destinée à venir en aide aux missionnaires. Il mourut à Paris le 19 novembre 1879. Il fut, toute sa vie, un prêtre pieux et zélé, d’un caractère bon et affable, très dévoué à l’Église et au siège apostolique.
À propos de la controverse sur les classiques païens il faut dire à l’encontre de Dom Pitra, que Rome a parlé, la dispute est donc terminée. Dom Cabrol qui écrit en 1893 ignore-t-il ce bref de Pie IX qui donne raison à Mgr Gaume, suite à la publication de PIE IX ET LES ÉTUDES CLASSIQUES, APPEL AUX PÈRES DE FAMILLE ET AUX INSTITUTEURS DE LA JEUNESSE où est cité en sus ce Bref de Pie IX ?
Est-il vrai que Monseigneur Gaume soit profondément ignorant ? Laissons parler l’abbé Pelletier[18] qui en a assuré déjà il y a bien longtemps la défense, en s’appuyant sur le Magistère de l’Église, sur les auteurs les plus éminents et sur le bon sens :
« On a dit, et sur tous les tons, que Mgr Gaume est un exalté, un exagéré, un homme à idées singulières. Soit. Mais à présent que les adversaires de cet illustre auteur veuillent bien examiner un instant avec moi certains de ses ouvrages où n’est pas traitée la question des classiques, son Manuel des Confesseurs, par exemple. Oh ! ici nous nous trouvons parfaitement d’accord pour louer et admirer. Nous n’hésitons pas à dire que ce Manuel est une œuvre unique, parfaite, si excellente que c’est quasi un devoir pour tout prêtre de le lire aussi assidûment que l’Écriture Sainte. Nous proclamons encore que ce livre, ne fût-il qu’une pure compilation eût exigé comme tel dans son auteur une science, une érudition, une prudence, une sagesse, un esprit de discernement, u n bon sens pratique chrétien plus qu’ordinaire.
Qui n’admirerait encore Les Trois Rome qui décèlent une étude si approfondie, une connaissance si parfaite des temps anciens et surtout des premiers âges de l’Église ? Et sans parler de plusieurs autres livres excellents, sortis de la plume du même auteur, ne suffit-il pas de nommer l’Histoire de la Société domestique, Le Signe de la Croix au dix-neuvième siècle[19], que S. E. le cardinal prince Altiéri, préfet de la S. C. de l’Index., appelle un livre admirable, et particulièrement ce beau Catéchisme de Persévérance qui a conquis une popularité européenne et même américaine. Souvenons nous enfin que Grégoire XVI, dans un Bref adressé à Mgr Gaume et par lequel il le crée Chevalier de l’ordre de la Milice Dorée, lui dit, après les éloges les plus flatteurs donnés à ses grands talents et à sa piété, que ses ouvrages n’ont pas rendu un médiocre service à la religion.
Quand donc un prêtre, aussi grave, aussi savant, aussi zélé, aussi expérimenté que l’est celui qui a doté la bibliothèque chrétienne de ces précieux ouvrages, entreprend de parler de la réforme à opérer dans l’enseignement, on doit à priori, raisonnablement supposer qu’il n’a point entrepris de traiter une question de cette importance, sans savoir ce qu’il disait, sans faire de longues réflexions et de sérieuses études, sans prendre de nombreux et sûrs conseils. Un bon sens, assez peu cultivé même, nous dit qu’il faut tenir compte de tout un ensemble de faits lorsqu’il s’agit de mesurer l’estime qu’on accorde à quelqu’un. Si les adversaires de Mgr Gaume eussent daigné suivre ce dictamen de la commune raison, ils n’auraient pas été aussi prompts à s’écrier qu’ils ne voyaient dans sa thèse contre le paganisme dans l’enseignement, qu’un amas d’accusations dont le titre seul révèle l’inanité, des témérités d’opinion et de langage, des emportements d’esprit, des déclamations violentes, bonnes seulement à produire le trouble et le scandale, enfin, une aberration.
Qu’est-ce donc maintenant que cette thèse de Mgr Gaume qui a soulevé en France de si chaudes et de si vives discussions ? Cette thèse ? Elle se résume à dire : eu égard aux penchants de l’homme déchu, eu égard surtout à l’état du monde actuel, païen dans le luxe et l’immodestie de ses habits, païen dans sa littérature dont le fonds est ou puéril ou immoral, païen dans ses arts d’agrément, qui ont fait servir le pinceau, le ciseau, la musique à reproduire des objets que la pudeur ne nomme pas, à exalter des sentiments dont la présence est une souillure, païen dans sa philosophie qui ne tend qu’à émanciper la raison individuelle, païen dans sa politique qui nie les droits de Dieu en proclamant ceux de l’homme, qui veut le règne de la démocratie pure et l’anéantissement de toute influence religieuse sur le pouvoir civil, païen enfin dans toutes ses aspirations qui sont grossières, terrestres, bestiales, il est d’une extrême importance de nourrir la jeunesse chrétienne et catholique de christianisme et de catholicisme.
Mgr Gaume fait ensuite voir de quel contre bon sens l’éducation se rend coupable depuis trois siècles en donnant, pour précepteurs et pour modèles, à des âmes baptisées toute cette pléiade de prétendus grands hommes de l’antiquité qui, sans en excepter le divin Platon et l’immaculé Cicéron, peuvent tous être désignés par ce mot d’un Père de l’Église : Animalia gloriæ et voluptatis. Il nous révèle les ignominies de ces grands modèles de perfection humaine et nous fait voir que tous leurs mouvements, au lieu de tendre vers en haut, tendent vers ce qu’il y a de plus bas ; qu’au lieu de s’élever comme l’aigle, ils rampent comme la chenille ; qu’au lieu de se nourrir comme l’abeille du suc parfumé des fleurs, comme la mouche stercoraire ils s’abattent sur l’ordure. Pas une violation de la plus sainte des lois devant laquelle ils reculent ; pas une souillure qu’ils s’épargnent.
Voilà probablement c e qui a mérité à Mgr Gaume le titre d’insulteur de l’Église, et en effet il y avait de quoi. Passe pour jeter une poignée de boue à la face d’un saint Père avec un sourire niaisement impie, ce n’est là qu’une peccadille ; mais attaquer Ciceron ! Platon ! le divin Platon ! oh ! pour le coup un tel attentat doit exciter une indignation universelle ; c’est un attentat trois fois sacrilège !
Qu’est-ce encore que la thèse de Mgr Gaume ? C’est un long et magnifique commentaire de l’un des décrets du Vè concile général de Latran qui déclare que la philosophie et la littérature païenne sont infectes dans leurs racines, et qui n’en permet l’étude qu’après avoir exigé des précautions infinies ; c’est la démonstration parfaite, histoire en main pour prouver par des faits nombreux les terribles ravages exercés dans le monde moderne par la mise en honneur du paganisme gréco-romain, de la sagesse divine qui inspirait le Saint Concile de Trente quand dans la VIIè des X règles de l’Index, éditées par son ordre, il défendait pour aucune raison de laisser lire aux enfants, même sous prétexte d’élégance de style et de langage, les livres des païens qui renferment des choses lascives et obscènes.
Il importe encore de signaler ici que l’Église avait formulé cette thèse, même dès les premiers siècles de son existence, par l’organe de ses membres les plus saints et les plus éclairés, je veux dire les Saints Pères. C’est ce que reconnaît Rollin lui-même, tout saturé de paganisme qu’il était lorsqu’il dit : « La lecture des poètes, condamnée si unanimement par les Pères, et même par les païens, peut-elle donc être permise dans les écoles ? (Tr. Des Et. p. 576.) Pour abréger, je n’en citerai que deux : saint Augustin et saint Jérôme. Le premier, qu’on ne traitera certainement pas d’esprit léger, regarde la coutume où l’on était, de son temps, d’expliquer les fables des poètes dans les écoles chrétiennes comme un funeste torrent auquel personne ne résistait, et qui entraînait les jeunes gens dans l’abîme éternel. (Conf. lett. ch. XVI.) Le second ne craint pas de qualifier très énergiquement l’ensemble de la philosophie et de la littérature païenne, en l’appelant nourriture des démons. Cibus est, dæmoniorum, sæcularis philosophia, car- mina pœtarum, rhetoricorum pompa verborum (Lt.,Hier. Epist. ad. Dam. de decob. filiis opp. t. IV, p. 153).
Ces textes sont précis, comme on le voit, et vont directement au but ; ils ne permettent guère de regimber. Toutefois on a trouvé le moyen de leur faire signifier toute autre chose que ce qu’ils veulent dire, pris dans leur sens naturel, et l’on a même eu le courage de composer de gros volumes pour prouver que donner la préférence aux classiques chrétiens sur les classiques païens, loin d’être conforme à l’esprit de l’Église, était en complète opposition avec lui, et que par conséquent les ouvrages de Mgr Gaume contre le Paganisme dans l’éducation était digne de censure. Il fallait une pareille sortie pour faire briller la vérité dans tout son jour. Aussi Mgr Gaume alla-t-il lui-même à Rome soumettre à la Congrégation de l’index les ouvrages où il avait traité la question des classiques, et, quelques temps après, le Père Cirino, consulteur des clercs réguliers, lui fit parvenir la consultation suivante :
On sait en effet que la crainte, hélas ! trop fondée, de voir la jeunesse milanaise prendre le chemin des universités et des gymnases protestants, où régnaient Homère et Virgile, contraignit saint Charles à modifier son premier plan.
Le Père Cérino termine en disant :
“Pour conclure je dirai à Votre Révérence que, suivant ma manière de voir, elle peut sans inquiétude, sans difficulté ou inconvénient soutenir sa thèse, laquelle seconde les vues de l’Église, loin de les contrarier ”.
Voilà ce qui peut s’appeler un témoignage fort explicite en faveur de la thèse ; il part de haut comme on voit, et de toute son autorité il confirme l’interprétation qu’a donné Mgr Gaume aux paroles des Saints Pères, aux actes solennels de l’Église dans les conciles de Trente et de Latran.
Mais voici bien autre chose ; une voix part encore de plus haut et parle absolument dans le même sens que celle que nous venons d’entendre. C’est à décourager tous les représentants des vieilleries païennes. En réponse à une lettre de S. E. le Cardinal Gousset, partisan zélé du plan d’études de Mgr Gaume et qui l’a même adopté pour tous les séminaires de son diocèse, comme nous le verrons tout à l’heure, le cardinal Antonelli écrivait de Rome le 30 Juillet 1852 :
“Éminentissime et Révérendissime Seigneur, outre le grand prix que j’ai coutume d’attacher aux communications de Votre Éminence, celle que vous avez adressée, sous le pli du 13 du courant, à propos de la fâcheuse divergence qui s’est récemment élevée en France, sur le choix des livres pour l’enseignement littéraire, a une extrême importance.
“La parfaite connaissance, que l’on a de la sagesse et du profond discernement qui distinguent votre Éminence, était déjà une raison plus que suffisante de compter sur la justesse et l’étendue de vos vues dans l’appréciation de la susdite controverse. Cette assurance, conçue d’avance, et que le Saint Père, à bon droit, partageait avec moi a été parfaitement confirmée.
“ (…) En applaudissant hautement à l’intérêt que Votre Éminence a attaché à cette affaire, et qu’elle a fait servir avec un zèle et une sagesse admirables à atteindre un but pleinement conforme aux vues du Saint Siège, je suis heureux de vous offrir en même temps l’assurance du profond respect avec lequel je vous baise humblement les mains”.
L’année suivante, 1858, la thèse de Mgr Gaume recevait de Rome l’approbation la plus encourageante, bien qu’implicite, par la confirmation de tous les actes et décrets du concile d’Amiens, tenu le 10 janvier de cette année sous la présidence de S. E. le Cardinal Gousset. Voici les décrets de ce concile relatifs à l’éducation. La citation est longue, mais comme le concile parle d’or, je crois qu’on la lira avec un sensible plaisir.
“Voici quel est le principe fondamental qui doit présider au régime des écoles ; le but de l’Éducation est de former les jeunes gens à la vie chrétienne surtout, et en même temps à la vie civile et aux sciences qui s’y rapportent. Les collèges, qui sont pour les enfants comme une seconde famille, ne doivent pas satisfaire moins parfaitement à ce devoir que l’éducation domestique à laquelle ils suppléent.
“Cet ordre a dû sans doute être toujours suivi dans l’éducation de la jeunesse, mais les conditions du temps présent l’exigent plus strictement encore, car il n’est rien que l’éducation ne doive tenter pour rendre les jeunes gens fermes et robustes dans la foi, puisqu’’au sortir des écoles ils sont entourés de tous côtés par les séductions et les assauts des mauvaises doctrines.
“Dans cette organisation chrétienne des études, il faut porter une attention spéciale sur trois grandes parties de l’enseignement qui embrassent les lettres, l’histoire et la philosophie. Leur sage direction dépend d’une vérité que les professeurs doivent méditer avant tout, et sur, laquelle roule toute éducation chrétienne, savoir que l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, quoique essentiellement distincts, sont tellement unis chez les chrétiens, que, par suite de cette union, l’ordre naturel reçoit de l’autre des lumières supérieures, qui le pénètrent et le perfectionnent de diverses manières”.
“Ainsi, dès le début, nous voyons les Pères du concile désapprouver cette séparation qui, cependant, fait le fond, la base et l’essence de toute la philosophie actuellement enseignée. En effet, on fait une profession ouverte de n’enseigner en philosophie que ce qui peut être découvert par les seules forces de la Raison.
“Les Pères du concile continuent en disant : « Et d’abord, dans la littérature, on voit briller les éléments du beau naturel, que le génie de l’homme perçoit et élabore par ses propres forces. Ce genre de beauté se fait remarquer dans un grand nombre d’ouvrages païens, où il consiste, en grande partie, dans un soin exquis de la forme et dans un art merveilleux. (Remarquons ici en passant que le beau naturel, que les Pères du concile reconnaissent exister dans un grand nombre d’ouvrages païens, est surtout le beau de la forme ; ils ne préconisent pas les idées que revêtent ces belles formes). Mais après que l’Évangile eut éclairé et échauffé les âmes, lorsqu’il eut ouvert à l’intelligence et au cœur de l’homme des régions plus hautes et de plus vastes espaces, on voit apparaître un nouvel ordre de beauté surnaturelle, qui, plus sublime en soi, perfectionne la substance de l’autre ordre, et, tout en recevant les formes du beau naturel, produit néanmoins une expression qui lui est propre, comme le prouvent une foule de livres, de poèmes et de discours, dans lesquels éclate la majesté du génie chrétien. Les professeurs ne doivent donc pas expliquer les monuments de la littérature païenne sans exposer aussi les principes et les modèles de la littérature chrétienne, en ayant soin de bien faire remarquer l’influence des éléments qui lui sont propres.
« Il faut en dire autant de l’histoire. On retrouve chez tous les peuples les éléments naturels de la société civile, savoir : la famille, le mariage, les relations des parents et des enfants, la distinction des riches et des pauvres, les droits publics et privés, le pouvoir et l’obéissance, et tout ce qui dérive de cet ordre de choses. Mais il est évident que chez les peuples éclairés par la lumière surnaturelle de l’Évangile, ces termes ont une signification, à certains égards, différente de celle qu’ils avaient dans les ténèbres du paganisme, et que la notion chrétienne de ces éléments sociaux, non seulement diffère beaucoup des idées corrompues qui dominaient chez les païens, mais aussi qu’elle est bien supérieure aux notions même justes qu’ils pouvaient concevoir par la seule lumière naturelle. D’où il suit que les principes de la société civile, élaborés et comme transformés par la vertu de la révélation évangélique, ont été élevés à un degré supérieur de dignité et d’excellence. Que les professeurs d’histoire n’épargnent donc aucun soin pour faire saisir graduellement à leurs élèves cette union des éléments naturels et de l’élément surnaturel, ainsi que les merveilleux effets qu’elle a produits. »[20] »
Au regard de tous ces témoignages à la fois du Magistère de l’Église et des personnages catholiques les plus éminents de cette époque, au regard de notre propre connaissance des ouvrages si érudits de Mgr Gaume[21], nous trouvons particulièrement choquant de traiter ainsi Mgr Gaume de « profondément ignorant ». Car cette accusation retombe logiquement sur ceux qui ont dit le contraire : Grégoire XVI, Pie IX, le Cal Gousset, un grand nombre de prélats, Donoso Cortès, Louis Veuillot[22] et bien d’autres. Nous laissons donc juge le lecteur de la valeur d’une telle appréciation.
Voici donc réfuté cette première accusation ridicule que Mgr Gaume serait profondément ignorant.
* * *
Abordons maintenant l’accusation de « relent de traditionalisme et de fidéisme » contre Mgr Gaume de la part de M. l’abbé Belmont, petite phrase regrettable qui vient déprécier un auteur pourtant si clairvoyant. Essayons d’expliquer au lecteur de quoi il s’agit, et d’où vient de la part de M. l’abbé Belmont une telle idée. Nous allons voir que cette accusation est dénuée de fondement, et que ceux qui la soutiennent devraient se demander a contrario s’ils ne sont pas atteints d’une sorte de semi-rationalisme.
Le père Hugon résume bien le traditionalisme et le fidéisme :
« Le Traditionalisme enfin est directement atteint. On sait qu’il y a trois degrés dans cette erreur : les fidéistes, avec Huet, prétendent que la raison sans la foi est frappée d’impuissance absolue d’autres avec Bonnetty et Ventura, disent que, si la raison peut arriver à certaines vérités de l’ordre sensible et physique, elle ne saurait s’élever jusqu’à Dieu sans le secours de la foi, au moins de la foi humaine ; enfin Ubaghs et son école requièrent l’institution de la société ; et, en dernière analyse, la révélation. La première forme est hérétique, la seconde forme est pour le moins voisine de l’hérésie, la troisième est pour le moins erronée. »
Or Mgr Gaume dans son livre Du Catholicisme dans l’éducation affirme bien :
« Il est bien vrai, suivant le concile de Trente, que par la chute originelle, la volonté n’a pas été anéantie, mais seulement brisée et affaiblie, fracta et debilitata ; qu’ainsi l’homme peut, sans le secours de la révélation évangélique, connaître quelques vérités, comme il peut, sans la grâce, pratiquer quelque bien dans l’ordre naturel. »
Il n’est donc en rien traditionaliste ou fidéiste. Par contre il dit aussi dans le même ouvrage :
« Mais pour donner à l’homme l’intelligence de lui-même et de la création, quelle doit-être la philosophie ? À cette question il n’y a pas deux réponses possibles : la philosophie doit être fille respectueuse de la foi. En effet, être contingent, l’homme n’a pas plus la vérité en lui que la vie ; il la reçoit ; or, il ne peut la recevoir que par la foi à l’enseignement primordial donné par les parents et qui vient originairement de Dieu. Un certain nombre de vérités premières, indémontrables, admises de confiance sur la parole de l’autorité, telle est donc, dans toutes les hypothèses imaginables, la base nécessaire de toute philosophie. »
D’ailleurs, le père Hugon précise bien :
« Le concile du Vatican tout en retenant ces titre par lesquels l’Écriture désigne le vrai Dieu, n’entendait pas définir, cependant, que la raison arrive par ses seules forces à démontrer le dogme complet de la création, que Dieu a tiré toutes choses du néant. »
Et cette approche de la philosophie a été reprise par les Pères du concile d’Amiens présidé par le Cal Gousset (il est le père spirituel de Mgr Gaume). N’oublions pas qu’à ce concile l’erreur du Traditionalisme a été également dénoncée, et que vu le nombre de détracteurs qu’avait Mgr Gaume, ils n’auraient pas manqué de le faire accuser de traditionalisme ou de fidéisme. Mais lisons plutôt :
On le voit, les rapports entre la foi et la philosophie ainsi exposés par le concile d’Amiens sont en tout conformes à ce que Mgr Gaume expose sur cette question. Faudra-t-il accuser également le concile d’Amiens ratifié par Rome de « relent de traditionalisme et de fidéisme » ?
L’éminent Cal Pie s’est magnifiquement exprimé sur cette question, et le lecteur constatera la même doctrine :
« L’histoire est le flambeau de la philosophie. En effet, si la philosophie se sépare des faits, si elle met de côté l’histoire réelle de l’humanité ; elle risque de n’avoir rien de positif et de séjourner éternellement dans la région nuageuse des hypothèses, très voisine de celle des chimères. Or, cela étant, comment peut-il être philosophique d’interdire à la raison du philosophe d’aborder ces grandes questions historiques qui touchent à tous les points culminants des affaires humaines : l’homme a-t-il été laissé, a-t-il même été créé dans l’état de pure nature ? Dieu a-t-il parlé aux hommes ? Dieu est-il venu sur la terre ?… On comprend l’importance immense de ces questions historiques pour le philosophe. »
« Or quoi de plus intime et de plus personnel pour l’humanité que de savoir si son état actuel et réel est ou n’est pas l’état de pure raison et de pure nature ? »
« Et cette même philosophie se retranchera éternellement dans ce qui n’est point, dans ce qui historiquement n’a jamais été un fait réel, mais dans ce qui est simplement une hypothèse et une possibilité, je veux dire, l’état de raison pure ou de pure nature. En vérité, la philosophie peut-elle s’anéantir et s’exterminer plus radicalement elle-même, à moins qu’elle ne prétende qu’il est de son essence de demeurer dans les hypothèses et de n’avoir rien de commun avec les choses positives ? »[23]
« Sans doute la philosophie et la théologie sont des sciences distinctes ; mais, autre chose est la distinction, autre chose est la séparation, l’opposition, l’incompatibilité. La philosophie diffère de la théologie, comme la raison diffère de la foi, comme la nature diffère de la grâce. De même que la foi ne s’impose pas partout à la raison et qu’il y a un certain exercice possible et réel des facultés naturelles sans l’intervention de la grâce, de même, il y a un certain ordre de sciences humaines qui peuvent exister et se développer sans le secours direct de la doctrine révélée. Ce principe n’a rien d’étonnant et il doit être accepté de tout le monde. Mais d’imaginer et de construire un système général, un cours complet de philosophie qui se termine si exclusivement dans la sphère de la nature et si rigoureusement en de- hors de toute relation avec l’ordre surnaturel… : ce procédé quel qu’il soit et quelques autres qualifications qu’on doive lui donner, non seulement n’est pas chrétien, …, mais il n’est même pas philosophique, parce qu’il n’est pas conforme à la raison même naturelle de l’homme. Saint Thomas d’Aquin l’a dit avec un à propos merveilleux : “ la foi, il est vrai, n’est pas un apanage de la nature humaine, mais il est dans la nature humaine que l’âme de l’homme ne répugne pas à l’action intérieure de la grâce, ni à la prédication extérieure de la vérité ; c’est pourquoi, sous ce rapport, l’infidélité est contre nature[24]. ”
« Chaque fois qu’on vous présentera, Messieurs, un livre quelconque de philosophie s’annonçant comme un cours complet de philosophie d’après les seules lumières naturelles, soyez assurés de constater bientôt deux choses : premièrement d’immenses lacunes dans ce cours complet, et secondement des traces manifestes de religion révélée dans ce livre de pure raison. »[25]
« Encore une fois rappelons-nous que les actes et décrets du Concile d’Amiens doivent être reconnus exempts d’erreur, puisqu’ils ont été examinés et révisés par Rome, avec toute la maturité et gravité ordinaire en pareille circonstance. Grâce donc aux Pères du concile d’Amiens, la cause des classiques chrétiens est gagnée sans exclusion complète des classiques païens, et sans aucun détriment pour la perfection des études littéraires. Ce résultat est le seul qu’ait ambitionné Mgr Gaume.
Outre ces approbations si solennelles et qui émanent de l’autorité la plus haute et la plus compétente en pareille matière, Mgr Gaume a encore reçu toutes celles des intelligences d’élite qui, comme M. Alberdingk Thyim, le grand catholique de Hollande, l’immortel Pugin et le pieux lord Philipps, en Angleterre, le célèbre publiciste baron Moy de Sens, le docteur Reithmeier, en Allemagne, Donoso Cortès, en Espagne, Louis Veuillot et Montalembert, en France, l’abbé Martinet, le R. P. Ventura et tant d’autres l’ont honoré de toutes leurs sympathies et encouragé de tous leurs efforts dans sa lutte contre le paganisme dans l’éducation.
Les paroles de Donoso Cortès sont trop remarquables pour ne pas être citées. Il écrivait â Mgr Gaume, le 25 avril 1851, la lettre suivante :
“Mon cher ami, votre ouvrage, le Ver Rongeur, est excellent. Il n’y a que deux systèmes possibles d’éducation : le chrétien et le païen. La restauration du dernier nous a conduits à l’abîme dans lequel nous sommes, et nous n’en sortirons certainement que par la restauration du premier. Cela veut dire que je suis complètement d’accord avec vous. Il faut que votre ouvrage soit publié et répandu. L’exécution répond au but : vous êtes toujours clair, logique, perspicace, et personne jusqu’ici n’a mis si décidément le doigt dans la plaie”.
Et cette autre lettre qu’écrivait à Mgr Gaume, le 6 décembre 1857, un des plus nobles enfants de l’Angleterre, pourrions-nous la passer sous silence ? Impossible, dut-on nous accuser de citer trop souvent ; voici ce qu’on y lit à propos de La Révolution, récent ouvrage de Mgr Gaume, en douze volumes, qui est le magnifique développement de la thèse soutenue dans le Ver Rongeur, et d’où, M. le Rédacteur du Courrier du Canada a extrait les belles pages qui font connaître les causes de la Révolution française :
“Laissez moi vous dire une parole sur votre œuvre. Ayez courage, mon cher ami. Dieu, je pense, vous a suscité, comme Jean-Baptiste dans l’esprit d’Elie, pour préparer les voies du Seigneur et prêcher la pénitence à toutes les nations chrétiennes qui ont offensé Dieu en beaucoup de choses, mais surtout, et avant tout, par ce péché abominable d’avoir restauré le damnable art païen en couvrant l’Europe des exécrables représentations de la mythologie idolâtrique des païens, et en étudiant plus les ouvrages des auteurs païens que ceux des auteurs illuminés de l’esprit de Dieu et des sublimes vérités de son Église catholique. Votre glorieux ouvrage a levé l’étendard. Déjà ce livre a eu un immense retentissement dans toute la chrétienté, ici, en Angleterre surtout. J’ai entendu un des premiers ministres de la Reine dire en propres termes : Oui, M. Gaume a mille fois raison ; et si le catholicisme est vrai, nul Homme ne peut contester sa thèse.
“Même dans nos grandes universités d’Oxford et de Cambridge, les hommes les plus éminents commencent à voir et à proclamer que vous êtes logique, que vous avez raison, que ce que vous dites est incontestable. Que vous rencontriez une grande opposition, c’est tout naturel. L’orgueil des hommes en est la cause ; ils n’aiment pas à fléchir tout d’un coup. Il est difficile de chasser le démon qui a si longtemps possédé l’esprit public des nations chrétiennes. Et aussi, Dieu, je pense, permet cette opposition afin de faire éclater davantage la logique de votre argument, et afin que tous ceux qui travaillent pour cette grande réforme s’affermissent dans l’humilité et dans le sentiment de leur propre néant”.
“J’ai fait lire La Révolution, dit encore à Mgr Gaume un savant théologien de Rome, à l’un de vos plus chauds adversaires. En me la remettant il m’a dit : La négation n’est plus possible, la démonstration est mathématique”.
Ajoutons que les journaux de toutes les parties de l’Europe, les mieux inspirés et qui ont toujours été les organes les plus accrédités de la presse catholique se sont empressés d’annoncer La Révolution de Mgr Gaume, d’en rendre le compte le plus avantageux, et surtout, ils ont conjuré tous les hommes sérieusement préoccupés du mal actuel et des dangers de l’avenir, de méditer cet ouvrage.
En France, le Messager du Midi, la Bretagne, le Messager de l’Ouest, l’Univers, ont consacré à La Révolution plusieurs articles très remarquables. La Sentinelle du Jura s’exprime ainsi :
“Dans notre numéro du 23 novembre, 1857, nous avons annoncé l’ouvrage de Mgr Gaume, LA RÉVOLUTION, recherches historiques sur l’origine et la propagation du mal en Europe, depuis la Renaissance jusqu’à nos jours, en promettant d’en rendre compte.
“Il n’y a pas aujourd’hui deux questions en Europe, il n’y en a qu’une : c’est la question révolutionnaire. L’avenir appartiendra-t-il oui ou non, à la Révolution ? Tout est là. Poser une semblable question, c’est en montrer l’importance. Mais comment l’Europe est-elle arrivée dans ce défilé redoutable, où d’un instant à l’autre elle peut périr ? Cette situation extrême n’est pas l’œuvre d’un jour. Ce qui est, émane de ce qui fut. Nous sommes fils de nos pères, et nous portons le poids de leur héritage. Cela dit assez que l’histoire généalogique du mal actuel est d’une importance capitale.
“Or personne, à notre connaissance, n’a sondé cette question avec plus de pénétration et de profondeur que le célèbre auteur de La Révolution ; personne n’a mis au service d’une raison supérieure une érudition plus abondante et plus sûre. À proprement parler, ce n’est pas Mgr Gaume qui raisonne, c’est l’histoire qui parle. Les raisonnements sont des faits. Ou ne pas lire l’ouvrage, ou se soumettre ; car si rien n’est éloquent comme un chiffre, rien n’est brutal comme un fait : et ici il y en a des milliers. Mais comment ne pas lire ; c’est-à-dire comment rester indifférent à la question révolutionnaire ? Qui donc n’est pas intéressé à connaître l’origine et la nature de cette puissance formidable qui menace également le trône des rois et la borne des champs, le coffre-fort du capitaliste et la caisse d’épargne de l’ouvrier ?
“N’avons-nous pas quelque chose à faire pour remédier au mal ? et si nous avons quelque chose à faire, quel est ce quelque chose ?
“À quiconque veut avoir la réponse à ces questions capitales, nous conseillons la lecture des ouvrages de Mgr Gaume. Nous la conseillons aux personnes qui désirent avoir la clef des événements contemporains, si étranges, si complexes, quelquefois si effrayants et toujours si mystérieux par la rapidité même avec laquelle ils s’accomplissent, aussi bien dans l’ordre politique que dans l’ordre religieux”.
Le plus courageux comme le plus distingué défenseur de la Religion et de l’Église en Piémont, l’Armonia s’exprime ainsi :
“Qui ne connaît Mgr Gaume et l’ouvrage intitulé le Ver rongeur des sociétés modernes, qui a fait tant de bruit en Europe ? Cet illustre écrivain, fortement convaincu que le mal actuel vient de l’élément païen, réintroduit par la Renaissance au sein des sociétés chrétiennes, a entrepris de le prouver dans un ouvrage intitulé La Révolution. Il ne discute pas, il raconte. Les volumes parus sont on ne peut plus graves, riches de faits et de témoignages, et méritent une sérieuse attention. On s’est trop habitué à juger un ouvrage par le nom qu’il porte. Cela n’est ni poli ni équitable. Il faut d’abord lire et ensuite prononcer, en opposant les faits aux faits, les documents aux documents. La patiente Germanie, qui étudie sérieusement, s’est empressée de s’approprier l’ouvrage de Mgr Gaume en le traduisant en allemand. Ce serait rendre un grand service à l’Italie que de le traduire dans notre langue”. Cet article est du 15 novembre 1856.
Le Bien Public de Gand et la Régénération, qui dans la noble Espagne se dévoue au triomphe pratique du catholicisme, parlent de La Révolution absolument dans le même sens que l’Armonia.
Enfin les suffrages les plus illustres et qui portent comme un cachet d’autorité viennent confirmer et corroborer tous les autres. Les princes de l’Église, les prélats n’ont, comme les laïques pieux et éclairés qu’une voix pour préconiser les œuvres de l’immortel Mgr Gaume sur le Paganisme dans l’Éducation et débordé sur les sociétés modernes.
Le 25 janvier 1857, S. E. le cardinal prince Altieri lui adressait de Rome la lettre suivante :
“Monseigneur, j’ai lu avec une inexprimable satisfaction votre excellent ouvrage intitulé La Révolution. J’y ai trouvé le développement des idées fort justes et fort sages qui, appuyées sur le témoignage de faits irrécusables, jettent une immense lumière sur une thèse jusqu’ici très peu considérée, et dont on ne peut cependant contester l’évidence sans se mettre en opposition avec la vérité la plus manifeste, et sans compromettre l’avenir religieux de la société humaine.
“Tous ceux, qui désirent voir éloigner les effrayants dangers qui de toutes parts nous menacent, espèrent que vous continuerez à travailler toujours avec le même zèle pour la défense et la propagation d’une réforme de l’instruction de la jeunesse, réforme éminemment utile à la religion et à la véritable civilisation”.
S. E. le cardinal Gousset, écrivait à Mgr Gaume, en date du 2 juin 1852 :
“N’ayant pas été tout à fait étranger à la publication du Ver rongeur des sociétés modernes, je n’ai pu être insensible aux attaques violentes dont vous avez été l’objet à l’occasion de cet ouvrage. On ne peut vous accuser d’avoir émis des opinions exagérées, absurdes, irrespectueuses envers l’Église et capables de troubler les consciences, etc., sans faire retomber une accusation aussi grave sur ceux qui en approuvant votre livre d’une manière ou d’une autre, comme je l’ai fait moi-même, se seraient rendus solidaires des erreurs qu’on vous reproche. Néanmoins, comme le procès me paraît suffisamment établi, et que vos Lettres à Monseigneur l’Évêque d’Orléans ne laissent rien à désirer pour le fond et pour la forme, je n’entrerai pas dans la discussion ; je préfère mettre la main à l’œuvre en adoptant incessamment, pour les petits séminaires de mon diocèse, le plan d’éducation que vous proposez”[26]. »[27]
En conclusion nous tenons à dire que les œuvres de Mgr Gaume continuent leur action évangélisatrice par la diffusion que les éditions Saint-Remi en assurent, Dieu soit loué ! Puisse notre contradicteur lire et nous aider à diffuser les ouvrages d’un si grand, si savant[28] et si brillant défenseur de la foi, mort en odeur de sainteté, il y trouverait une richesse que nous pensons fort utile à la fécondité de son sacerdoce.
[14] « En quoi serais-je tenu d’estimer une école de pensée dans laquelle vous placez des auteurs très inégaux et disparates ? Je ne me laisse pas impressionner par l’espèce de terrorisme intellectuel qui voudrait que ces auteurs soient tous des maîtres inégalés et que ceux qui ne l’admettent pas sont définitivement des imbéciles ou des libéraux.
Je n’ai pas à me justifier de préférer cent fois un Dom Guéranger ainsi que ceux qui, comme lui, jouissent d’une science et d’un sensus fidei d’une autre envergure, et qui présentent l’avantage de n’avoir aucun relent de fidéisme ni de traditionalisme (ce n’est pas le cas de tous ceux que vous énumérez, loin s’en faut, mais tant pis pour vous, c’est vous qui les amalgamez). Tenez, pour vous amuser, voici l’appréciation de Dom Guéranger sur l’abbé Gaume (c’était à propos de l’affaire des classiques qui a rendu Gaume célèbre) : « L’abbé Gaume est profondément ignorant, vous ne pouvez le suivre en aucune façon » (Histoire du Cardinal Pitra par Dom Cabrol, Paris 1893, p. 193)
Je vous mets au défi d’apporter un seul fait qui puisse vérifier votre paragraphe sur les éditions Saint-Rémi auxquelles je n’ai « de cesse de couper l’herbe sous les pieds ». Décidément, auriez-vous l’esprit binaire : si l’on n’est pas d’accord avec une ligne éditoriale, on est adversaire ? » Abbé Belmont, NDLSE n°269.
[15] Précisons que les éd. Saint-Remi ont publié la quasi-totalité des œuvres de Dom Guéranger. Si donc Mgr Gaume dérange tant M. l’abbé Belmont, il peut au moins recommander notre maison d’édition pour Dom Guéranger.
[16] Il reçut six Brefs pontificaux de papes.
[17] Lettre du 9 novembre 1851.
[18] MGR GAUME, SA THÈSE ET SES DÉFENSEURS, les classiques chrétiens et les classique payens dans l’enseignement, 35 p. 5 €
[19] Après avoir lu ce livre, Pie IX a accordé une indulgence de 50 jours à cet acte de religion : « C’est pourquoi, confiant en la miséricorde du Dieu tout-puissant et en l’autorité de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul, Nous accordons, dans la forme accoutumée de l’Église, à tous et à chacun des fidèles de l’un et de l’autre sexe, toutes les fois qu’au moins contrits de cœur, et en ajoutant l’invocation de la très-sainte Trinité, ils feront le signe de la croix, cinquante jours d’indulgences pour les pénitences qui leur auraient été imposées ou qu’ils devraient pour une autre raison quelconque ; Nous accordons de plus, miséricordieusement dans le Seigneur, que ces indulgences puissent être appliquées, par manière de suffrage, aux âmes des fidèles qui ont quitté ce monde dans la grâce de Dieu. »
[20] Abbé Pelletier, MGR GAUME, SA THÈSE ET SES DÉFENSEURS, les classiques chrétiens et les classique payens dans l’enseignement, 35 p. 5 €
[21] La multitude des références en note dans les ouvrages de Mgr Gaume, montre qu’il avait une parfaite connaissance de la Sainte Écriture, des Pères de l’Église, des auteurs païens, de Saint Thomas d’Aquin et de Saint Alphonse de Liguori. De plus il maîtrisait parfaitement le latin, l’italien et l’espagnol et connaissait le grec. On aimerait bien avoir des prêtres aussi savant, que certains osent qualifier de profondément ignorant !
[22] L’épouse de Louis Veuillot était la nièce de Mgr Gaume.
[23] Œuvres complètes du Cardinal Pie, T. III, p. 158. Disponibles aux ESR.
[24] Somme Théologique II, IIae, q. 10, art. 1, ad 1
[25] Ibidem, page 162-163
[26] Les Lettres de Mgr Gaume à Mgr Dupanloup sont véritablement admirables pour le fond et pour la forme. Elles sont peut être plus concluantes encore que le Ver Rongeur. Nous exhortons fort tous ceux qui s’intéressent à la question à se procurer ce charmant petit volume.
[27] Abbé Pelletier : MGR GAUME, SA THÈSE ET SES DÉFENSEURS, les classiques chrétiens et les classique payens dans l’enseignement, 35 p. 5 €
[28] Notons par exemple que Mgr Gaume maîtrisait parfaitement le latin, connaissait le grec, et maîtrisait l’italien et l’espagnol comme l’atteste ses ouvrages (Horloge de la Passion de St Alphonse traduit de l’italien au français, sa correspondance en espagnol avec Donoso Cortès).
À suivre…
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ? (I)
M. l’abbé Belmont : un MAITRE sûr ?
— partie 1 —
Le libéral et l’antilibéral lisent les directives pontificales
M. l’abbé Belmont se veut le spécialiste des documents pontificaux et de l’enseignement du Magistère. À le lire, il fait la leçon à tout le monde, se moquant surtout de ces pauvres laïcs qui sont absolument incultes sur le sujet. Accusation gratuite, non vérifiée et bien fausse. On est dans la calomnie pure et simple. Les laïcs savent lire et se former eux aussi aux documents de la sainte Église.
Sur son blog http://www.quicumque.com le jeudi 2 mai 2012, il reprend M. l’abbé Lafitte : Les grands oubliés des avis sur les élections : justice générale, bien commun, prudence, et cite en annexe I, quatre textes de Pie XII, sur le problème du vote.
Voici le texte complet de cette annexe :
Le magistère de l’Église n’a pas laissé les catholiques sans lumière, sans moyen de former leur jugement de prudence.
– Pie XII, Allocution à la jeunesse féminine de Rome, 12 mai 1946.
« Un bon nombre d’entre vous jouit déjà des droits politiques, du droit de vote. À ces droits correspondent autant de devoirs ; au droit de vote, le devoir de voter, le devoir de n’accorder votre suffrage qu’aux candidats ou aux listes de candidats qui présentent non pas des promesses vagues et ambiguës, mais des garanties sûres qu’ils respecteront les droits de Dieu et de la religion. Pensez-y bien : ce devoir est pour vous sacré ; il vous oblige en conscience ; il vous oblige devant Dieu, car avec votre bulletin de vote, vous avez entre les mains les intérêts supérieurs de votre patrie : il s’agit de garantir et de conserver à votre peuple la civilisation chrétienne, à ses jeunes filles et à ses femmes leur dignité, à ses familles leurs mères chrétiennes. L’heure est grave. Soyez conscientes de votre responsabilité ».
– Pie XII, Lettre aux Semaines sociales de France, 14 juillet 1954.
« Il ne faut pas craindre de reconnaître que beaucoup d’entre eux [les citoyens], parmi ceux même qui se disent chrétiens, ont leur part de responsabilité dans le désarroi actuel de la société. Les faits sont là, qui exigent un redressement certain. C’est, pour ne citer que les plus notoires, le désintéressement des affaires publiques, se traduisant entre autres par l’abstention électorale aux conséquences si graves (…) »
– Pie XII, Allocution aux curés de Rome et aux prédicateurs, 16 mars 1946.
« L’exercice du droit de vote est un acte de grave responsabilité morale, au moins quand il s’agit d’élire ceux qui sont appelés à donner au pays sa Constitution et ses lois, celles, en particulier, qui touchent à la sanctification des fêtes, au mariage, à la famille, à l’école, au règlement selon la justice et l’équité des multiples conditions sociales. Il appartient donc à l’Église d’expliquer aux fidèles les devoirs moraux qui découlent de ce droit électoral ».
– Pie XII, Allocution aux curés de Rome et aux prédicateurs, 10 mars 1948.
« Dans les circonstances présentes, c’est un strict devoir pour tous ceux qui en ont le droit, hommes et femmes, de prendre part aux élections. Quiconque s’en abstient, spécialement par indolence ou par lâcheté, commet en soi un péché grave, une faute mortelle.
« Chacun doit voter selon l’injonction de sa propre conscience. Or il est évident que la conscience impose à tout catholique de donner sa voix aux candidats qui offrent des garanties vraiment suffisantes pour la protection des droits de Dieu et des âmes, pour le véritable bien des particuliers, des familles et de la société, selon la loi de Dieu et la doctrine chrétienne ».
Fin des citations que M. l’abbé Belmont a trouvé dans les enseignements pontificaux.
Réfléchissons.
Le libéral abbé Belmont ne cite ces textes que pour défendre sa position : il faut voter. Pour lui c’est démontré… et démontré avec l’autorité de Pie XII. Avec de telles références, tout libéral qui le lit, arrivera à la même conclusion …et ira voter.
L’antilibéral remarquera lui aussi cette conclusion. Par contre il lira intégralement les cinq textes cités et mettra en gras les passages que nous avons-nous-même mis en gras.
Il comprendra qu’en Italie on peut voter, MAIS que Pie XII ne le permet que pour des candidats ou des listes de candidats donnant des garanties sûres qu’ils respecteront les droits de Dieu et de la religion, (…) de garantir et de conserver à votre peuple la civilisation chrétienne, à ses jeunes filles et à ses femmes leur dignité, à ses familles leurs mères chrétiennes, qui voteront des lois conformes à la sanctification des fêtes, au mariage, à la famille, à l’école, au règlement selon la justice et l’équité des multiples conditions sociales. (…) La conscience impose à tout catholique de donner sa voix aux candidats qui offrent des garanties vraiment suffisantes pour la protection des droits de Dieu et des âmes, pour le véritable bien des particuliers, des familles et de la société, selon la loi de Dieu et la doctrine chrétienne.
Ces conditions imposeront à l’antilibéral de ne pas voter ! et avec l’autorité de Pie XII !
Car l’antilibéral appliquant les conditions demandées, jugera si les candidats qu’on lui présente correspondent bien aux critères exigés impérativement aux catholiques.
Voilà la différence entre les deux camps !
Est-ce la pensée de M. l’abbé Belmont ? Ce serait alors bien plus grave encore.