19962

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Archive for the ‘petits bergers’ tag

Une Mystique de La « GRANDE NOUVELLE »

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Après Le “secret” donné par la « Belle Dame » à Mélanie Calvat poursuivons quelques temps avec Maurice CANIONI dans son dernier livre :

 

Dieu Sera Servi et Glorifié

Par Maurice CANIONI

(Extraits)

 

Canioni : Dieu sera servi et glorifié

 

Une Mystique de La Grande Nouvelle

par René Duvillard (1)

Le village de La Salette-Fallavaux

Le Miracle, le Message et le Mystère.

[…] Aux yeux de nos contemporains, qu’est-ce donc au juste que La Salette ? Pour beaucoup, ce n’est qu’une Montagne, un haut lieu de prière où l’on s’en va pèleriner, une thébaïde où l’on va chercher le silence et la paix. Mais encore ? C’est aussi, pour un certain nombre, un Miracle : la Vierge est apparue là-haut à deux petits bergers. Est-ce tout ? Non point. La Salette, pour les plus savants, c’est aussi un Message.

Mais nous dirons mieux encore. Outre le Miracle, outre le Message, il y a un Mystère de La Salette. Ce Mystère, on a essayé de le dénaturer en le réduisant à des proportions trop humaines. […]

ND de La Salette

Dépouillé de toute fioriture, le Mystère de La Salette, en ses données extrinsèques, nous apparaît ainsi à première vue : Marie, sur la Montagne, s’est révélée par un Miracle et nous a transmis un Message. Pour fixer ces termes en des figures et cette dialectique en un schéma imaginatif, nous pouvons recourir aux trois statues de bronze et nous approprierons le Miracle à la Vierge qui pleure, le Message à la Vierge qui parle, le Mystère à la Vierge qui monte. Ainsi, dans les profondeurs de l’ordre chronologique, le Miracle est premier, tandis que, dans les hauteurs de l’ordre métaphysique, c’est le Mystère qui prime. La Dame miraculeuse parait avant mais au-dessous de la Dame Messagère et celle-ci, quant à l’attitude, est elle-même inférieure à la Dame Mystérieuse en qui elle va se fondre. Miracle, Message et Mystère sont les trois termes d’une même Réalité, comme aussi les trois attitudes figées sont les phases d’un seul mouvement, comme enfin les statues sont les trois aspects d’une seule personne.

Un Mystère, par définition, est ineffable et inaccessible. Il révèle un ordre réel sans doute, mais auquel l’homme seul ne peut atteindre. Il recèle une vérité pure, certes, mais que celui-là même qui l’a contemplé reste impuissant à proférer. On ne peut y accéder que par approximation. On ne peut en parler que par analogie. Mais un Miracle peut être vu. Mais un Message peut être entendu.

Quiconque croit en la réalité du Miracle, quiconque espère en la réalisation du Message, peut parvenir et goûter au surréel amour du Mystère. Le Miracle nous montre la Voie. Le Message nous apporte la Vérité. Seul le Mystère, au-delà des portes de la mort, nous ouvre grande et claire la Vie. C’est là le dernier sommet de l’ascension trinitaire […I : partant du lieu le plus bas, celui des corps, on s’élève à l’ordre des esprits, pour déboucher enfin au domaine supérieur de la pure Charité.

Le Miracle touche nos sens. Le Message parle à nos intelligences. Le Miracle, en même temps qu’il exalte notre sensibilité, humilie notre raison. Le Message, bien qu’il exalte notre intelligence, nous invite à châtier le corps. Au nœud de cette étonnante réversibilité, on découvre le Mystère, lui seul qui peut être vécu dans le tréfonds de nos cœurs : alors c’est l’homme avec toutes ses facultés qui est appréhendé par le divin. Parce qu’elle nous propose simultanément un Miracle, un Message et un Mystère, La Salette, en même temps qu’une terre religieuse, est un haut lieu de l’homme total.

Le Mystère de La Salette implique une relation vitale entre l’humanité et la divinité. Il constate qu’entre l’homme et Dieu la communication est rompue à nouveau par le péché. Il vise enfin, après avoir déploré et dénoncé cette scission, à rétablir, dans un corps mystique épuisé par une chute séculaire, la circulation du sang du Christ.

D’une certaine manière, la figure miraculeuse de La Salette se présente à nos yeux comme un type, comme un modèle. La parole qui nous y est transmise possède en quelque sorte, par sa richesse doctrinale et morale, une vertu efficace. C’est pourquoi, nous dirons – étant bien entendu que nous employons ici le terme de sacrement non point dans son sens strictement théologique, mais dans une large acceptation plus humaine et liturgique –, nous dirons que le Mystère de La Salette, qui procède à la fois de la figure et de la parole, se présente à nous avec un caractère voisin du monde sacramentel.

Comme en tout sacrement, si l’on nous permet de poursuivre l’analogie, nous pouvons discerner dans le Mystère de La Salette deux éléments constitutifs inséparables : un élément sensible, c’est-à-dire, le Miracle ou le Fait extraordinaire avec ses suites non moins merveilleuses dont la figure est le témoin ; un élément intelligible, c’est-à-dire le contenu du Message ou la Parole de Marie.

Bien qu’elle soit infiniment supérieure à un signe, l’Apparition n’en a pas moins une valeur exemplaire. Et le Message de son côté, ne peut-il avoir dans nos âmes, ainsi que sur les corps malades l’eau de la source, une vertu qui opère ?

Le Message de La SaletteAujourd’hui, dans les sphères catholiques, le Fait de La Salette, n’est plus discuté. En revanche, l’accord est loin d’être parfaitement réalisé quant à l’interprétation de la Parole. Bien plus, nombre de croyants, voire dévots à La Salette, négligent assez fréquemment, à leur insu, la Parole pour le Fait : tels ces fidèles trop nombreux qui s’approchent des sacrements sans en retirer le fruit. On admire avec les yeux du corps, on enregistre, on ressent, mais l’âme n’est point attentive, ni perméable, ni réceptive. On satisfait un besoin d’activité, mais on néglige de satisfaire au précepte d’amour. On oublie que La Salette n’est pas seulement une émouvante Apparition mais aussi, mais surtout, l’annonce pathétique d’une Grande Nouvelle. Par une telle lacune, une fois de plus, nous allons à l’encontre du vœu de la Vierge, puisque nous sacrifions aux radieuses réalités, qui séduisent notre instinct, les austères valeurs qui pourraient nourrir nos esprits.

Pour employer encore une fois le vocabulaire même du Christ nous sommes entrés dans la Voie, mais nous n’avons pas fait le pas qui doit nous conduire à la Vérité. Avouons-le très simplement : si nous sommes montés à La Salette, n’était-ce pas d’abord pour y jouir et nous y consoler au souvenir d’un beau Miracle ? Mais lorsque, rassérénés, nous en sommes redescendus, étions-nous à ce point affligés de la douleur de Notre Mère, que nous fussions convaincus d’être porteurs d’un tragique Message dont l’urgence fit battre plus vite nos cœurs et nous priva de toute quiétude ?

Nous ne le répéterons jamais assez, ce qui est primordial dans le Mystère de La Salette, ce n’est pas le Miracle, c’est le Message. Sans doute est-il nécessaire, avant de parvenir à l’intelligence du Message, que nous passions, en humbles pèlerins, par le culte et le sentiment du Miracle. Avant de s’essayer à comprendre, il convient, sinon de s’abêtir, du moins de s’humilier. Mais ce n’est là qu’un passage : ainsi, pour prier il ne faut pas s’en tenir à « prendre de l’eau bénite » […] mais s’étudier ensuite à élever son âme.

Le Miracle nous met en appétit ; il n’est là que pour captiver nos facultés intérieures : c’est un appât. Le Message a de quoi combler notre indigence ; il a pour fin de libérer nos facultés supérieures : c’est une nourriture. En bref, le Miracle est comme l’entrée d’un festin dont le Message est le met consistant. À la fin de ce repas, tel un dessert, le Mystère est au palais des convives comme la chair d’un fruit précieux, comme le nectar de l’ultime coupe d’allégresse.

Le Miracle n’est que l’introduction pédagogique au Message et la préparation lointaine au Mystère. Il est remarquable que ce soit à des enfants qu’ait été réservé l’honneur tout gratuit du Miracle. Mais la lourde responsabilité de recevoir le Message incombe à la grande humanité adulte. À qui sera-t-il donc donné de contempler le Mystère et d’en balbutier quelques mots ? Aux convertis peut-être, à ces vieux hommes endurcis redevenus, par la grâce mariale, petits enfants.

Au risque d’y rencontrer des paroles dures, qui viendront sur l’abcès de nos cœurs trancher comme un bistouri, relisons de nouveau, méditons le surprenant Message. Essayons d’en esquisser une brève analyse afin d’en mieux découvrir le sens et d’en pressentir mieux toute l’immense portée : alors peut-être il nous sera donné, comme aux deux enfants qui mangeaient avec délice les paroles de la Belle Dame – selon l’expression même et le geste de Saint Jean dans son Apocalypse, auquel fut donné l’ordre de manger le Livre –, d’y trouver nourriture mystique.

 

 

 

Source du livre : https://books.google.fr/books?id=R8MnCQAAQBAJ&dq=%C3%89dition++++AEMC&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

À suivre…

 

 


[1] René Duvillard, La Grande Nouvelle de La Salette, ch. III : “Une mystique de la Grande Nouvelle”, p. 61-68, Ed. de la Revue Les Alpes, Grenoble, 1946.

René Duvillard, La Grande Nouvelle de La Salette

 

 

LA FÊTE DE NOTRE-DAME DE LA SALETTE : Mélanie et les prêtres.

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Monsieur l’Abbé Jacques-Marie SEUILLOT, grand dévot de “La Salette” nous donne pour ce 19 septembre, une évocation de la bergère de La Salette avec les prêtres qui n’est pas tendre avec les mauvais prêtres dont elle a la connaissance des graves défauts…

La Salette 1950

 

« Bulletin Dominical » le N° 1639 du 14 septembre 2014

Abbé Jacques-Marie SEUILLOT.

La Salette et les Fidèles

 

Comme trop souvent dans les domaines un peu délicats, on retient l’un des aspects caractéristiques en négligeant les autres, sans grand soucis de la justice, de la vérité, de l’équité, voire du simple équilibre vertueux que doit pratiquer le Catholique moyen.

Bien entendu, le fidèle « traditionaliste » laïc et quelque peu anticlérical — parce qu’il aura compris que la crise dans l’Église est la faute principale voire exclusive de clercs haut placés — se persuade d’autant plus de cet aspect que la Sainte Vierge est venue le proclamer à La Salette. Pour ceux-là, la conviction est telle parce qu’elle repose sur les secrets de La Salette, un peu à la manière (pardon pour la comparaison très inadéquate, mais on en comprendra le sens) des Juifs s’appuyant sur la Mishna et le Talmud, écrits de rabbins et super-bibles non révélées, surpassant la Torah (la Loi révélée dans le Pentateuque).

Que Notre-Dame soit venue le 19 septembre 1846 sur la montagne de La Salette, c’est parfaitement clair : l’Église s’est manifestée très officiellement en ce sens, et le message et les secrets font partie intégrante de l’Apparition. Mais cela reste du domaine des « révélations privées » et ne saurait renverser la hiérarchie des certitudes enseignées par l’Église. Ce n’est pas la source mais une sorte de post-scriptum pour attirer l’attention : les choses vont mal dans l’Église, cela se constate depuis longtemps, la sainte Écriture en parle, Notre Seigneur annonce ces moments difficiles, nous voyons particulièrement les résultats, nous pouvons assez facilement remonter à la cause, les hommes depuis le péché originel sont bien faibles, et il y en a même de très mauvais. Tout cela donc n’est ni nouveau ni surprenant.

Ceux qui ont des yeux pour voir, peuvent en quelque sorte être confortés dans leur analyse par l’Apparition mariale de La Salette. Il ne faut donc pas s’appuyer sur La Salette pour déclarer que les choses vont mal, mais bien sur la réalité elle-même correctement observée, et éventuellement en mieux comprendre les ressorts par les éclaircissements qu’en donne l’Apparition.

 

La Salette et les Intégroïdes

 

Certains donc, du genre intégroïde, effrayés à juste titre par la révolution dans l’Église, le machiavélisme de certains dignitaires et l’effondrement d’une partie du clergé, s’appuient sur le Message de la Sainte Vierge pour mieux asseoir leur conviction. Ils ne se rendent pas compte qu’ils révolutionnent l’Ordre dans l’Église avec un principe faux. Pour faire simple, disons que la sainte Vierge n’a pas autorité sur la terre (à Lourdes, elle ne confirme pas un dogme), c’est l’Église qui la possède. Ce qui ne saurait lui interdire de venir parler et même pleurer sur notre triste sort. Et certes, ce qu’elle dit ne peut être inutile. À nous d’en faire notre profit comme il convient, et de tenir compte de ses avis pour nous protéger, nous affermir dans la Foi et nous sanctifier.

 

Mélanie de la Salette et les Prêtres

 

Sœur Marie de la Croix

Sœur Marie de la Croix,
bergère de La Salette
vers la fin de sa vie (1831-1904)

Quant aux privilégiés de l’Apparition, les deux petits bergers Mélanie et Maximin, ils ont été décriés, calomniés, comme seuls le sont, habituellement, les prêtres… La vie de Mélanie est vraiment étonnante au témoignage de nombreux témoins parfaitement crédibles.

L’abbé Bonnet, chapelain de La Salette (prêtre séculier, remplaçant les religieux, opposés à Mélanie, chassés par le gouvernement français en 1901) écrit dans les Annales de novembre 1902 : « Non, jamais tant de candeur ne survécut à tant d’années [Mélanie avec qui il s’entretenait avait 71 ans]. Jamais la franchise ne brilla de cet éclat souverain, sous aucune paupière humaine ».

Dans certaines circonstances (en privé, à des prêtres) où Mélanie doit se prononcer, elle n’est pas tendre avec les mauvais prêtres dont elle a la connaissance (toujours surnaturelle) des graves défauts.

« Ah ! si les sentinelles [c’est le sens étymologique d’évêque] avaient fait leur devoir, en premier lieu par les bons exemples, et puis en criant bien fort : “Ô [sic] loup ! ô loup !” nous n’en serions pas là. » (Lettre à l’abbé Roubaud, 15 avril 1894).

« …mais l’Épiscopat, le Clergé, les Chrétiens se dérangent-ils le moins du monde pour défendre leur foi, l’honneur de DIEU, leur culte, etc., etc. ? Ils font moins que rien !… Instruisent-ils au moins le peuple sur les vérités de la Foi ?… pas du tout !… C’est effrayant, l’apostasie, si elle n’est pas encore officielle pour tous, est un fait presque accompli par les œuvres. Les francs-maçons lucifériens n’auront pas grand combat à nous livrer, la place leur est acquise. » (Lettre au chanoine de Brandt, 22 avril 1895).

Mais comme elle les aime, les prêtres ! Dans tous ses écrits c’est du genre :

« Pauvres Prêtres, pauvres Prêtres, je voudrais bien qu’ils comprissent leur sublime vocation et que le Bon Dieu ne les mit pas entre les mains des méchants. Si le Bon Dieu voulait accepter ma vie ou n’importe quoi, je suis toute à Lui, toute à sa disposition. J’aime tant les Prêtres parce qu’ils sont les ministres de Notre Seigneur, ses lieutenants sur la terre. Ô Dieu… » (Lettre à l’abbé Le Baillif, 15 décembre 1879).

 

La Salette

 

Mélanie découvre une « Belle Dame » en pleurs

Statue en bronze sur le site de l’Apparition.
Mélanie découvre
(avec Maximin)

une « Belle Dame » en pleurs.

Apparition, le 19 septembre 1846, de la Très Sainte Vierge Marie à deux enfants sur la montagne de La Salette. Mélanie Calvat et Maximin Giraud, bergers qui ne se connaissaient pas.

 

La sainte Vierge va délivrer un message et à chacun un secret, parties intégrantes de l’Apparition.

ND de La Salette pleurant
 
Source : http://www.cassicia.com/FR/La-Salette-les-fideles-les-integroides-et-les-pretres-No_1485.htm