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Jésus-Christ fait Ses adieux à Sa Mère avant Sa Passion

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Le Christ faisant Ses adieux à Sa Mère avant Sa Passion.

 

Mercredi Saint.

S’il y a une scène de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a été chère à la piété des fidèles, d’une manière très spéciale à la fin du Moyen-Âge et jusqu’au XVIIe siècle, mais qui est bien souvent oubliée aujourd’hui, c’est celle des adieux de Jésus à Sa Mère avant la Passion.

Lorsque l’on parle des « Adieux du Christ à Sa Mère » ou du « Christ prenant congé de Sa Mère », il ne s’agit pas de la rencontre de Jésus et de Marie sur le chemin du Calvaire, scène absente des Saints Évangiles, mais rapportée par la Tradition, qui fait l’objet de la quatrième station du Chemin de la Croix.

Il ne s’agit pas davantage du moment où, déjà crucifié et avant de rendre le dernier soupir, Jésus a remis Saint Jean à Sa Mère et Sa Mère à Saint Jean, l’un et l’autre debouts au pied de Son gibet d’infamie, ainsi que cela nous est rapporté par le quatrième Évangile (Jean XIX, 26-27).

Selon une très antique tradition — car le fait ne se trouve pas non plus dans les Évangiles canoniques, mais il se trouve toutefois confirmé par les révélations dont furent gratifiés plusieurs grands mystiques (1) —, avant Sa Passion (le Mercredi Saint au soir où le Jeudi Saint au matin), Notre-Seigneur eut un entretien particulier avec Sa Sainte Mère : l’un et l’autre ayant pleinement conscience que désormais « Son heure » était maintenant venue (cf. Jean II, 4).

Évidemment, nous sommes bien loin des délires modernes et modernistes selon lesquels Jésus n’aurait pas su ce qui allait Lui arriver.

Non ! J’insiste fortement sur ce point : Jésus connaissait bien et dans tous les détails ce qui allait se passer ; Il le voulait (« C’est pour cette heure que Je suis venu » – Jean XII, 27 b), et Il S’avançait librement vers Sa douloureuse Passion.

De son côté, Notre-Dame aussi, depuis l’Annonciation, savait parfaitement — elle qui était remplie de la grâce du Saint-Esprit et qui connaissait très bien les prophéties par lesquelles Jérémie et Isaïe avaient annoncé les souffrances du Messie — à quels tourments et supplices son divin Fils était promis : lorsqu’elle a prononcé son « Fiat », elle l’a fait en pleine connaissance de tout ce à quoi cela l’engageait.

Il n’y a donc rien de plus normal à ce que, avant d’accomplir les mystères sacrés de notre rédemption, Notre-Seigneur ait voulu quelques instants d’intimité spirituelle avec Sa Très Sainte Mère, si parfaitement unie à Sa volonté et à Ses desseins salvateurs…

Le Greco : le Christ faisant Ses adieux à Sa Mère (1595 – Tolède, musée de Santa Cruz)Le Greco : le Christ faisant Ses adieux à Sa Mère
(1595 – Tolède, musée de Santa Cruz)

 

La scène du Christ faisant Ses adieux à Sa Mère avant Sa Passion a été représentée par plusieurs artistes de renom : on pourrait citer pêle-mêle Albrecht Dürer, Cornelis Engelbrechtsz, l’Arétin, le Corrège, Albrecht Altdorfer, Bernhard Strigel, Lorenzo Lotto, ou Federico Barocci.

Très souvent, ces peintres ont donné une dimension un peu spectaculaire, pathétique, à la représentation de ces adieux : c’est la douleur naturelle à la perspective de la séparation et de la souffrance qui s’y exprime, parfois jusqu’aux larmes ou à l’évanouissement, comme un écho de la « pâmoison » de Notre-Dame au moment de la rencontre sur le chemin du Golgotha (2).

Tel n’est pas le cas du tableau de Domínikos Theotokópoulos (Δομήνικος Θεοτοκόπουλος : car pendant toute sa vie il signera ses œuvres de son nom complet en caractères grecs), plus connu sous son surnom de Le Greco (1541-1614), intitulé « Le Christ faisant Ses adieux à Sa Mère », tableau conservé au musée Santa-Cruz de Tolède et daté de 1595.

Merveilleux tableau, rayonnant d’une profonde compréhension spirituelle du mystère qui se joue en cet instant !

Le Greco n’y a fait figurer que Jésus et Marie : point d’apôtres étonnés ou de disciples émus, point de Madeleine éplorée ou de saintes femmes larmoyantes.

Les visages du Christ et de Sa Mère sont d’une expressive beauté. Une beauté qui semble provenir du plus intime de leur être pour s’épanouir à l’extérieur. Une beauté surnaturelle.

L’intensité des regards – plongés l’un dans l’autre – est si éloquente qu’on comprend bien qu’ils n’ont pas besoin d’entrouvrir les lèvres pour communiquer et pour se comprendre.

 

Le Greco : le Christ faisant ses adieux à sa Mère : détail, les regards

 

Point de pathos romantique ni de gestuelle spectaculaire.

Les sentiments sont spiritualisés : le tableau ne laisse aucune place à la sentimentalité ni à la sensiblerie, mais il nous introduit dans une espèce de dialogue sans paroles qui n’en est pas moins d’une exceptionnelle qualité et profondeur d’échanges.

Dans le clair obscur du tableau, après les deux visages, les mains du Christ et de Sa Mère sont ce à quoi il importe de prêter une attention maximale.

De Sa main droite, le Christ fait un geste d’une sobre éloquence. L’index pointé vers le haut désigne-t-il le Ciel, la ville de Jérusalem ou bien encore la proche colline du Golgotha ?

De toute manière, il dit : « Mère, l’heure qui n’était pas encore venue lorsque nous étions à Cana, l’heure d’être totalement livré aux affaires de Mon Père et que mes trois jours d’absence à l’âge de douze ans préfiguraient, l’heure de l’immolation du véritable Agneau Pascal – Mon heure ! – est advenue… »

À la main droite du Christ, répond la main droite de la Vierge posée sur le haut de sa poitrine. À sa manière, elle dit : « Mon Enfant, n’est-ce pas pour cette heure que je Vous ai conçu en mon sein virginal par la seule action de l’Esprit de Dieu ? N’est-ce pas pour cette heure que je Vous ai porté pendant neuf mois, que je Vous ai mis au monde dans l’étable de Bethléem, que je Vous ai allaité et que j’ai veillé sur Votre petite enfance comme aucune mère ne l’a jamais fait ici-bas pour aucun des fils des hommes ? Je Vous ai accompagné jusqu’à cette heure pendant les années de Votre vie cachée et de Votre vie publique : jamais je ne me suis mise en travers de Votre chemin, pourtant souvent incompréhensible selon les manières humaines de penser et d’agir, et, quoi qu’il puisse en coûter à ma nature, à ma sensibilité et à mon cœur de mère, ce n’est pas aujourd’hui que je vais opposer la moindre réticence aux desseins de Dieu. Je suis la servante du Seigneur, que tout s’accomplisse selon Votre parole… »

 

Le Greco : le Christ faisant ses adieux à sa Mère : détail, les mains droites

 

Le nimbe lumineux qui entoure la tête de Jésus, qui n’est même pas une auréole mais un simple halo dans lequel est esquissée la forme de la Croix, peut signifier tout à la fois l’espèce d’effacement de la puissance divine du Christ dans Sa Passion et l’annonce du caractère glorieux de cette dernière.

La tête de Notre-Dame, elle, n’est pas nimbée, mais son contour est juste mis en valeur par une espèce de rayonnement discret dans lequel on peut voir signifiée la lumière indéfectible de la foi qui n’abandonnera jamais l’âme de Marie, même au plus fort de sa déréliction.

 

Comme dans les icônes de la « Mère de Dieu de la Passion », les manteaux sombres qui enveloppent le Christ et Sa Mère symbolisent la souffrance, la mort, l’humilité de leur humanité qui dérobait aux regards des humains la grandeur de leurs vertus et de leur sainteté, tandis que le rouge de leur tunique exprime tout à la fois l’ardeur de leur charité et le sang du martyre.

Enfin, il y a les deux mains gauches : la main du Christ dans laquelle on peut déjà deviner la crispation douloureuse que produira l’enfoncement du clou, et la main délicate de Marie qui soutient le poignet de son Fils comme pour dire mieux que ne le peuvent faire tous les mots de la terre : « Je serai là ! Je ne Vous suivrai jusqu’au bout, et Vous pourrez toujours puiser dans mon âme unie à la Vôtre, la compassion et la consolation que Vous refuseront alors les cœurs des hommes, ô mon divin Fils ! »

L’index gauche de la Mère de Dieu, pointé vers le bas, veut-il dire : « Votre sang ne sera pas répandu en vain sur cette terre : de cette divine semence lèveront jusqu’à la fin des temps des générations de rachetés et de saints » ? Ou bien constitue-t-il une sorte de signe à l’adresse de celui qui regarde le tableau pour lui dire : « Si bas que tu sois tombé, la Passion de mon Fils peut te relever » ?

Quant à l’index gauche de Jésus ne semble-t-il pas me dire personnellement ce que Saint Jean entendra dans quelques heures : « Voici ta mère » ?

 

Le Greco : le Christ faisant ses adieux à sa Mère : détail.

 

 

 

 

 


Note :

1) Quand je parle de mystiques, je ne fais pas référence à de pseudo visionnaires qui ont publié des espèces de pieux romans fleuves dégoulinants de sentimentalisme, mais à des saints canonisés dont l’Église – sans toutefois obliger les fidèles à y adhérer – reçoit avec une respectueuse vénération les révélations privées : citons par exemple Sainte Gertrude de Helfta, Sainte Brigitte de Suède et Sainte Françoise Romaine, Sainte Angèle de Foligno et Sainte Thérèse d’Avila, Saint Denys l’Aréopagyte et Saint Bernard de Clairvaux, le Bienheureux Henri Suso et Saint Jean de la Croix… etc.

2) La « pâmoison » ou le « spasme » de Notre-Dame pendant la Passion (soit au moment de la rencontre avec son Fils pendant le chemin de la Croix, soit sur le Calvaire, ou soit enfin au moment de la déposition de Croix) ont été illustrés par de nombreuses représentations aux XVe et XVe siècles : cela permettait aux artistes (peintres ou sculpteurs) une certaine théâtralité dans la mise en scène des douleurs de la Vierge. Toutefois, l’Église est intervenue pour mettre fin à ce type de représentation. L’Évangile en effet ne dit pas que Marie s’est évanouie ou qu’elle a perdu connaissance, mais qu’elle était debout au pied de la Croix – « Stabat » (cf. Jean XIX, 25) – attitude exprimant une certaine fermeté dans son extrême douleur et une pleine conscience.

 

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

 

 

 

 

 

COMPRENDRE L’AGONIE de L’ÉGLISE

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COMPRENDRE L’AGONIE de L’ÉGLISE

 

 

Christus Novum Instituit Pascha se Ipsum Immolandum ab Ecclesia (Concile de Trente, Session XXIII, ch. I)

 

 

Ab Ecclesia. Par et dans l’intimation de l’Église. Car la Messe est le Sacrifice de l’Église, comme la Croix est celui de Jésus. Le Sacrifice de Jésus est, en même temps, dans la Messe, celui de l’Église, par conformation à son Chef, meurt pour ressusciter, il faut, pour comprendre ce qui se passe actuellement pour la Messe, considérer le Mystère du Sacrifice de Jésus en l’instant où Jésus est mort.

Christus Seipsum obtulit. Jésus s’offre Lui-même. C’est la marque propre de son Sacrifice, dans la Messe comme dans la Croix. La Messe est le Sacrifice de Jésus, et le Sacrifice de l’Église. La Messe en tant qu’elle est le Sacrifice de l’Église, est ab Ecclesia, en l’acte même où elle renouvelle sacramentellement l’acte du Christ s’offrant Lui-même a Seipso. C’est la même mission, la même intimation, qui issue du Christ se prolonge jusqu’à la fin du temps : a Seipso, ab Ecclesia. Le Mystère de la Messe qui demeure ab Ecclesia, au temps où l’Église paraît mourir, est substantiellement le Mystère du Sacrifice que le Christ consomme a Seipso en l’instant même de l’« In manus tuas … »

Il s’agit bien d’un Mystère. La structure, cependant, en est familière. La perte de conscience qui accompagne graduellement un évanouissement rend manifeste que l’on n’a pas prise sur le dernier instant. Cet instant semble se rapprocher inexorablement, mais on n’a pas prise sur lui, car on ne peut en avoir conscience comme dernier instant. Comment, dès lors, Jésus a-t-Il pu S’offrir Lui-même Seipso. Jusqu’au bout, jusqu’à l’instant où, même par la partie inférieure de l’âme, Il est devenu Voyant ? Comment a-t-Il pu consommer l’Oblation a Seipso, même par ce vouloir plénièrement humain que dominait cependant l’immanence de la mort ?

C’est en Marie que ce Mystère se réalise. « Admirabile Commercium » … non entre Nature divine et nature humaine, mais entre la Personne du Verbe incarné et la personne de Sa Mère, Marie, parce qu’Elle n’est pas morte, a vécu l’achèvement de Sa durée terrestre, dans Son premier et unique instant d’Éternité. Marie a vécu d’une manière pleinement humaine ce dont Jésus fut privé par l’épreuve de la mort : avoir prise sur l’achèvement d’une durée qui finit avec la vie. Marie a reçu gratuitement, en l’acte de l’assomption, cela même à quoi Elle s’était disposée en le communiquant à Jésus, lors de l’ultime dans l’Oblation. Jésus, à Cana, a voulu recevoir de Marie l’achèvement du Vouloir qu’Il Lui communiquait, en ce qui concerne l’Heure qui déjà était celle de l’Oblation. Jésus, en accomplissant ce « premier signe » qui rayonnait de Gloire et introduisait la Croix, aurait pu disposer de tout sans Marie. Mais Jésus, en Sa Sagesse, fixait définitivement les normes du rapport que soutient le Chef de l’Église, Celle qui est la Mère de l’Église en étant sa propre Mère.

Économie de partage qui fut un luxe de l’Amour à l’aube glorieuse de la Passion, économie de partage grâce à laquelle Jésus possède ce dont l’eussent humainement privé les lois de nature, en l’ultime achèvement de l’Immolation. C’est dans l’acte de Marie, qui est Sien comme Marie est Sienne, que Jésus réalise plénièrement et humainement que Son propre Sacrifice soit a Seipso jusqu’en l’ultime achèvement. C’est bien l’économie fixée définitivement à Cana, et qui tout simplement manifeste dans l’ordre psychologique l’ontologie de l’Incarnation. Jésus reçoit de Marie humainement ce qu’Il lui communique divinement. Jésus manifeste gracieusement à Cana l’inexorable Nécessité qu’Il veut pâtir en S’incarnant. Le Verbe Incréé, originellement, ne pourrait, sans Marie, subsister humainement a Seipso. Le Verbe incarné, ultimement, ne pourrait, sans Marie, s’immoler, humainement, a Seipso. Comme les choses procèdent, ainsi elles font retour ; l’alpha est l’omega, in mensura, in numero, in pondere.

Le Sceau de la Sagesse est imprimé dans le Principe même de l’Incarnation rédemptrice. Le Verbe incarné rédempteur s’achève en vertu de Marie et en Marie, comme Il procède humainement en vertu de Marie et en Marie, immuablement toute relative à Lui.

 

Lors donc que Jésus prononce humainement « In manus tuas… », commence le plus profond Mystère que Jésus transfert humainement à sa Mère, parce que le Verbe Incréé l’a de toute éternité inscrit en Son Épouse bien aimée, Celle qui est la première de l’ordre créé. C’est en vertu de Marie et en Marie que se consomme ultimement, d’une manière parfaite humainement, le « a Seipso » qui constitue le cachet propre de l’Oblation accomplie par le Verbe Incarné expirant humainement, sans encore être humainement investi d’Éternité. Seipsum a Seipso obtulit. Seipsum, per Ipsam et cum Ipsa et in Ipsa ultime obtulit. L’« In manus tuas » s’achève sur terre dans la Compassion de douleur : In Corde Matris. Et, ainsi achevé au regard à la durée créée, il s’achève au Ciel, en y devenant Éternité, dans la Compassion de Gloire : Sedet a dexteram Patris.

Jésus expire… C’est cependant jusqu’au bout qu’Il consomme, même humainement, Son Sacrifice a Seipso. Et c’est par Marie, avec Marie, en Marie.

Ce qui est vrai de Jésus, en vertu de la Mère de Jésus, est vrai de l’Église en vertu de la Mère de l’Église. C’est le même Mystère, puisque l’Église c’est Jésus manifesté, puisque Marie est Mère de l’Église non parce qu’Elle y est première mais parce qu’Elle est Mère de Jésus ; puisque le Sacrifice de l’Église c’est le Sacrifice de Jésus, puisque l’agonie de l’Église en est la conformation à l’agonie de Jésus. La Messe demeure, comme il se doit, ab Ecclesia dans l’Église qui agonise, comme le Sacrifice de Jésus demeure a Seipso ultimement au temps où Jésus expira. Cela est possible, cela est certain ; car c’est le même Mystère. Jésus expirant, S’offre Lui-même a Seipso en Marie Sa Mère ; l’Église, agonisant, impère la Messe ab Ecclesia en Marie Sa Mère. Elle, la Vierge immortelle et la Mère « inviolée », opère qu’au temps de l’ultime abandonnement, la Messe demeure ab Ecclesia, comme au temps de l’« In manus tuas » Elle opéra que le Sacrifice de Jésus demeurât a Seipso. Mais nous ne pouvons ressentir quelque chose de ce Mystère qu’en vivant dans l’abandon, l’« In manus tuas » auquel Dieu, par les circonstances, nous ramène avec autant de Rigueur que de Miséricorde.

Le Christ a institué la Pâque nouvelle ; Il en a confié la réalisation aux paroles que le prêtre prononce selon le mode intimatif et à l’intention de l’Église ab Ecclesia, dont le prêtre est le ministre en l’acte même du Sacrifice. Le signe crucial de l’agonie, pour l’Église militante qui par nature est visible, c’est qu’il n’est pas actuellement possible d’y personnifier d’une manière visible le ab Ecclesia qui intime au nom de l’Église le Sacrifice de l’Église. Car il reviendrait en droit au « cardinal Wojtyla », (Ratzinger, Bergoglio) , supposé qu’il soit « una cum Ecclesia », d’être, en l’acte même de sa propre célébration, la norme vivante et l’intimation active de la célébration du Sacrifice dans toute l’Église. Mais étant donné que le « cardinal Wojtyla », (Ratzinger, Bergoglio) célèbre une dite n.m. qui est incompatible avec chacune des notes de l’Église, il est impossible qu’il soit « una cum Ecclesia » en l’acte du Sacrifice qui est celui de l’Église. Le Sacrifice de l’Église militante, laquelle fut fondée par le Christ comme société visible, ne peut donc plus être signifié et normé et intimé comme étant ab Ecclesia par et dans une personne visible. L’Église militante, dont les membres ont en propre de continuer à offrir le Sacrifice, c’est-à-dire de célébrer la Messe qui est la Messe. L’Église militante perd, en la personne du Chef dont elle est privée, la maitrise de l’acte qu’elle ne laisse pas d’exercer.

Nombreux sont les symptômes que l’Église est en agonie. Cependant, les symptômes ne sont pas, en général, ce en quoi consiste la maladie. Ce en quoi consiste, en vérité, l’état de mort pour l’Église « occupée », c’est ce selon quoi elle se trouve providentiellement conformée à son Chef, selon l’acte-état par lequel Il rendit Sa propre Mission pour ainsi dire co-essentielle à son Être de Verbe incarné. Jésus, bien que conservant dans l’Âme le pouvoir de « reprendre sa vie » par la force d’immortalité, perd humainement la maîtrise de l’acte dans lequel Il s’échappe à Soi-même. En cela consiste l’état de mort vécu dans la durée créée. Cet état est, en Jésus, le Sceau ultime de la Sagesse, car l’extase d’impuissance réalisée dans le Sacrifice, manifeste l’extase de sur-mesure qui est propre à l’esse du Verbe incarné.

L’Église est en état de mort, et elle doit l’être, par conformité à son Époux crucifié. Elle doit l’être, comme Lui, éminemment dans l’acte du Sacrifice et par l’intériorité. Ne pas pouvoir être « una cum Wojtyla », (Ratzinger, Bergoglio) , ce n’est, pour l’Église, qu’être attaché à la Croix, c’est vivre l’état intime de son Sauveur crucifié. Bien que forte des promesses de pérennité, l’Église perd humainement la maîtrise de l’acte qui est pour elle la source de Sainteté et le sceau de l’unité. Jésus vécut cet état, non seulement parce qu’Il fut attaché à la Croix, mais principalement dans son Cœur et sous le regard du Père : « In manus tuas… » ; et c’est ainsi, c’est seulement ainsi, que Jésus S’achève en Marie, que Jésus en vérité accomplit jusqu’au bout Son propre Sacrifice a Seipso, en l’accomplissant par Marie, avec Marie, en Marie.

Les membres du Christ qui composent actuellement l’Église militante doivent vivre l’agonie de l’Église, non seulement en se refusant à être « una cum Wojtyla », (Ratzinger, Bergoglio) , mais principalement en pâtissant que cette Église dont ils sont les pierres vivantes, actualise par un état de privation en l’acte même du Sacrifice, l’intime abandonnement que pâtit Jésus en ne dominant plus de Son propre Sacrifice. Ce ne sont pas ceux qui seulement disent : « Je ne suis pas una cum Wojtyla, (Ratzinger, Bergoglio) qui sont l’Église ; sont l’Église ceux qui par abandon allant jusqu’à l’abandonnement, pénètrent dans l’« In manus tuas » du Chef de l’Église.

C’est seulement en cet état, qui fut celui de Jésus, que l’Église peut, quant au Sacrifice, s’achever en Marie comme s’acheva Jésus. Si Jésus n’eût pas été dans l’abîme de l’« In manus tuas », Il eût dû S’abdiquer Soi-même pour confier à Marie l’ultime accomplissement du Sacrifice ; et ce Sacrifice n’eût plus été a Seipso mais « de marie ». C’est seulement dans l’état de l’« In manus tuas », de l’abandon-abandonnement, que les membres de Jésus, qui sont l’Église, peuvent recevoir « de Marie et en Marie », comme étant à la fois par-fait et parfaitement ab Ecclesia, l’achèvement du Sacrifice que Jésus a commis à l’Église.

Marie n’est ni Jésus, ni l’Église, ni chaque membre de l’Église. Marie est immaculée, victorieuse, immortelle ; blessée mais inviolée, immolée mais inconsummée, Veille subsistante et cachée ? Et Marie veille, encore et encore, jusqu’à la fin des temps. Elle veille toute Messe comme elle veilla le Sacrifice de Jésus. Elle accueille en son Cœur transpercé, et vaillante le dépose en Trinité, l’acte du Sacrifice qui, sans Elle, s’enlisait dans la durée créée. Sa Victoire est une Victoire d’Éternité.

Mais le mens n’en entend les merveilleux accents que s’il demeure humblement dans l’abîme de l’abandonnement. La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre Foi. Or, Sagesse Incréée incarnée dans l’humilité, c’est dans « Celle qui a cru » que l’« l’Auteur et Consommateur de la Foi », Lui-même a remporté le meilleur de Sa propre Victoire : in manus tuas, commendo spiritum meum ; Seipsum a Seipso obtulit in Corde Matris ; sedet ad dexteram Patris. Il est le « Victorieux » de l’ultime Combat, en Celle qui est la Victoire de la Foi ; Il est humainement, dans le sein du Père, en vertu de « Celle qui suis en Trinité ». Et Marie, Mère de Jésus et Mère de L’Église, sourit, radieuse à ses enfants apeurés. « Et maintenant, mes enfants, écoutez Mon Chant qui est saveur et Victoire d’Éternité. Par Moi, en Moi qui suis Mère de Jésus, par Moi, non par Pierre ni par Jean, mais pour eux tous avec Moi, le Sacrifice de Jésus fut a Seipso jusqu’en l’ultime de l’abandonnement. Par Moi, en Moi, qui suit la Mère de l’Église, non par Wojtyla ou quelqu’autre que ce soit, mais pour tous ceux qui se veulent humblement avec Moi, le Sacrifice de la Messe demeure ab Ecclesia.

 

Père M.L. Guérard des Lauriers O.P.

 

 

 

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L’évêque est le vicaire du Christ (1)

 

« Les rois des nations s’en rendent les maîtres, leurs princes reçoivent le nom de Bienfaiteurs. Ce ne sera pas ainsi parmi vous. Celui qui voudra parmi vous devenir grand sera votre serviteur ; celui qui voudra parmi vous être premier sera votre esclave » (Luc, XXII, 25 ; Matth., XX, 26-27). Vérité profonde que le pape saint Grégoire a rendue familière en prenant le titre de serviteur des serviteurs de Dieu.

L’évêque est immuablement fixé en ce service, livré pour toujours aux âmes. C’est là un état particulier et que l’évêque doit à sa consécration même. Par elle, il se trouve mis en appartenance spéciale à l’égard de Dieu, appartenance réelle, imprimée en son âme, et qui le marque à l’effigie du Christ, Roi et souverain Prêtre. Mais il appartient à Dieu pour l’Église. Mieux que cela : il n’appartient à Dieu que parce qu’il appartient à l’Église, corps mystique du Christ. Il est sacré évêque pour elle, pour la servir en la régissant ; ce service est le but premier, la raison d’être de son élévation à l’épiscopat, comme le service de l’Eucharistie était le but premier, la raison d’être de son élévation au presbytérat. Sa nouvelle consécration l’attache, le voue à ce service, le fixe pour toujours en l’état de pasteur des âmes.

La Tradition chrétienne a exprimé d’un mot heureux l’existence et le caractère indissoluble de ce lien : elle appelle l’évêque l’époux de l’Église. La comparaison est fort juste : l’union contractée par le prélat a la force du lien matrimonial ; aussi sa consécration ne serait-elle pas valide, pas plus qu’un mariage forcé, si elle n’était librement consentie. En cette union l’évêque est le vicaire du Christ ; il tient sa place. Aussi, comme Lui, est-ce de l’Église universelle qu’il devient l’époux, à elle qu’il s’attache pour toujours.

De cette union mystique, l’anneau pastoral est l’expressif symbole : « Recevez l’anneau en gage de la foi jurée, dit à l’évêque son consécrateur ; vous conserverez une fidélité absolue à l’épouse de Dieu, la Sainte Église ; vous la garderez inviolée ».

L’évêque appartient donc à l’Église. « Dieu m’ôta à moi-même pour me prendre à Lui et me donner aux peuples, afin que je ne vécusse plus que pour Lui et pour eux ». Pasteur des âmes au nom du Christ, il lui faut garder le troupeau, guider les brebis, aller à leur recherche si elles s’égarent et les ramener sur ses épaules, les défendre contre toute attaque. Plutôt que de les abandonner à l’heure du danger, il doit mourir pour elles, à l’exemple de Celui qui a « commencé de faire et d’enseigner » (Actes, I, 1). « Le Bon Pasteur offre sa vie pour les brebis » (Jean, X, II).

 

L’efficace supplication de la prière de Consécration :

« C’est pourquoi, nous vous en supplions, Seigneur, à votre serviteur, élu de vous pour accomplir le saint ministère du Sacerdoce Suprême, accordez votre grâce, afin que ce que figuraient, en ces voiles sacrés de l’ancien culte, la splendeur de l’or, le feu étincelant des bijoux, et le chatoiement des étoffes variées (Exode, Ch. 28, 5-43), brille de tout son éclat dans la vie et dans les actes de votre Pontife.

Enrichissez donc votre Prêtre de la somme des vertus qui le rendront apte à votre ministère ; et que, paré de tous les ornements spirituels, il reçoive la céleste onction qui doit le sanctifier. »

 

[1] L’Épiscopat cime du sacerdoce – La vie spirituelle – décembre 1932 n° 3

 

 

 

Quand Jésus demande pardon…les con(s)ciliaires et “tradis”-Ecclesia Dei n’en reviennent pas !

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Quand Jésus demande pardon
les con(s)ciliaires et “tradis”-Ecclesia Dei n’en reviennent pas !

 

Yves Daoudal, de son vrai nom Hervé Kerbourc’h, ou de plume Hervé Pennven… qui a participé au quotidien “catholique”-rallié-Conciliaire et nationaliste “Présent” jusqu’en décembre 1998, époque à laquelle il est devenu ensuite éditorialiste de l’hebdomadaire “National-Hebdo” (disparu en juillet 2008), était un fidèle de Jean-Marie Le Pen, avant de s’éloigner du Front national…

Yves Daoudal

Il a été rédacteur en chef de la revue catholique traditionaliste maurassienne “La Pensée Catholique” (1). Il est le rédacteur en chef de “Reconquête”, la revue du Centre Henri et André Charlier, dont il est vice-président, et de Chrétienté-Solidarité.

Qualifiant de géants les “papes” Jean-Paul II et Benoît XVI, il est en revanche très critique à l’égard de Paul VI. Il ne croit pas que le Pape soit forcément désigné par l’Esprit Saint et donc le meilleur possible mais plutôt comme l’affirmait le “Cardinal” Joseph Ratzinger en 1997 dans le périodique L’Avvenire :

« Probablement l’unique sécurité qu’il offre (l’Esprit Saint) est que la chose ne puisse être complètement ruinée. Il y a trop d’exemples de Papes que l’Esprit-Saint n’aurait évidemment pas choisis. » (2)

 

En parfait tradi-rallié, il s’offusque du blasphème du Clown Blanc, le 27 décembre, jour selon la néo-liturgie de la « fête de la Sainte Famille » : Commentant l’« escapade » de Jésus à 12 ans, il a « supposé » que, face au « reproche » de Marie, Jésus a fait « des excuses à ses parents », pour montrer que ce sont des moments qui « se transforment en opportunité de croissance, en occasion de demander pardon et de le recevoir ».

 

Encore un adepte de l’Autrement dit : Alors !allons’y fratresNous « reconnaissons » les papes post-Vatican II comme de vrais papes, mais nous leur « résistons » !… position “R&R”, organisé par Mgr Lefebvre et la Fraternité Saint-Pie X ; position de la néo-F$$PX de Bernie Fellay “R&R” (Reconnaître & Résister) qui les place tous dans « La Religion Marrane » de Vatican d’Eux qui est double – comme tout ce qui est marrane – et faite de tous (les “tradis”-Ecclesia Dei jusqu’à y compris la F$$PX).

Ndlr du CatholicaPedia : Nous avons coloré volontairement les majuscules blasphématoires que les auteurs utilisent dans leur langage néo-conciliaire-traditionnel

La position “ R & R ” est une Voie sans issue !

RIP Recognize & Resist (Reconnaître & Résister)

Le CatholicaPedia.net

 

 

 

Le Blog d'Yves Daoudal

J’avoue qu’il y a désormais assez longtemps que je n’ai pas lu un texte de François. Ma religion est faite, si j’ose dire, et je ne suis pas masochiste. Raison de plus pour ne rien voir de ce qu’il a pu dire autour de Noël. J’en étais resté à son dépôt de chaussures devant la divinité climatique le premier dimanche de l’Avent.

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Saint et Joyeux Noël 2015

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La Nativité

 

Et verbum caro factum est

L’Étable où naquit Jésus, était comme le berceau de l’Église.

La Crèche était l’autel,

Joseph le prêtre,

Les pasteurs les fidèles,

Jésus naissant était le Très-Saint Sacrement.

St Athanase

 
Et verbum caro factum est

« Gloria in excelsis Deo »

Saint et Joyeux Noël

Saint Joseph a été le père du Sauveur, non selon la chair, mais en vertu de sa charité et de son affection paternelle. (Saint Augustin, serm. 63.)

Oh ! que de consolations ineffables réjouissaient la sainte âme de Joseph, que de célestes ardeurs embrasaient sa poitrine, que d’actes intérieurs de foi, d’adoration, d’admiration, d’amour et d’humilité, d’actions de grâces produisait son cœur, quand il contemplait le Sauveur ! Que nous serions heureux si nous partagions ses sentiments, lorsque, encore plus privilégiés que lui, nous recevons, nous nous incorporons Jésus dans la sainte communion !

Entrons, nous aussi, dans l’Étable de Bethléem, plaçons-nous à côté de Joseph et de Marie, puisque nous sommes leurs enfants. Unissons nos adorations et nos hommages à ceux qu’ils rendent au Sauveur.

Oh ! que nous aurions été heureux si nous avions pu voir de nos yeux, toucher de nos mains ce divin Enfant ! Prions Joseph de le mettre quelques moments dans nos bras, et pénétrés de l’amour le plus tendre et le plus sincère, pressons-le amoureusement sur notre poitrine. (R. P. Huguet. Pouvoir de Saint Joseph.)

Oraison Jaculatoire. – Bon Saint Joseph, notre guide, protégez, nous et la Sainte Église.
(30 j. d’ind. aux associés du culte perpétuel de Saint Joseph, chaque fois. S. S. Pie IX, 27 janv. 1867.)

 

 

Aux Armes Chrétiens !

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Une lectrice amie du CatholicaPedia (elle se reconnaitra) nous adresse une prière pressante pour « sauver la France »…

Prière pour la France

 

À l’avant veille du 11 novembre —, qui pour nous Catholique semper idem est la fête du grand Saint Martin, mais qui pour la république française est un jour férié de commémoration de l’armistice de 1918 (« Jour du Souvenir » depuis la loi du 24 octobre 1922) — nous relirons plus bas la « Lettre (du 15 septembre 1916) des cardinaux, archevêques et évêques de France annonçant aux fidèles le vœu d’un Pèlerinage National à Lourdes après la conclusion de la paix »… d’où l’on verra que quand tout est perdule seul espoir réside en Dieu

Notons encore que c’est en référence à Saint Martin qu’en novembre 1918, à l’instigation du général Foch, les négociateurs français auraient choisi de fixer au 11 novembre la date de l’armistice (de préférence au 9 ou 10 novembre).

 

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« Ab Maria » toujours !…

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Interventions victorieuses de Marie dans la vie de l’Église

 

par le Cardinal Alfredo Ottaviani

Cardinal Alfredo Ottaviani

 

Au Congrès Marial qui s’est tenu à Lourdes du 11 au 17 septembre 1958, l’intervention du cardinal Alfredo Ottaviani fut particulièrement remarquable. Sa péroraison a pris la mesure de la gravité de l’heure, à la veille de la mort de Pie XII, à la veille du référendum de France qui appelait tous les électeurs à ratifier l’apostasie nationale par le vote d’une constitution qui renie Jésus-Christ, à la veille de l’insolent triomphe du modernisme résurgent. Nous ne pouvons que faire nôtre ce filial appel à la Très Sainte Vierge Marie, et l’invincible espérance qu’il renferme.

 


 

Blason du cardinal Alfredo Ottaviani

 

Saint Jean l’Évangéliste conclut son récit du miracle de Cana par cette puissante expression : « Et crediderunt in eum discipuli eius : ses disciples crurent en lui » (Jo. II, 11). Ce ne fut donc pas au moment de leur vocation, mais c’est à cet instant qu’ils commencèrent à croire : leur foi naquit à Cana.

Les noces de Cana par Véronèse, vers 1563 - Musée du Louvre

Les noces de Cana par Véronèse, vers 1563

 

Permettez-moi de mettre en lumière un point particulier. À la Vierge qui insistait et ne se lassait pas d’insister, Notre-Seigneur justifie son refus par un décret divin, une disposition de la divine providence : « Mon heure n’est pas encore venue : Nondum venit hora mea » (Jo. II, 4). Elle n’est pas encore venue, l’heure fixée par le Père pour le premier prodige de son fils, pour allumer la foi au cœur des disciples, pour inaugurer au grand jour l’ère nouvelle du nouveau royaume et de la nouvelle époque, l’âge, si l’on peut dire, de l’éternel dans le temps, du divin dans l’humain. Jusqu’ici ce n’est que dans le secret et l’intimité que s’était ouverte cette nouvelle période de l’histoire, quand « le Verbe s’était fait chair ». C’est donc par Marie que furent obtenus les premiers triomphes de la foi, cette foi grâce à laquelle l’homme devient fils de Dieu.

Il existait donc une heure fixée par l’éternel conseil. Mais cette heure, Dieu avait voulu qu’elle fût anticipée par l’intervention de Marie.

Cette influence de la prière de Marie sur la Toute-Puissance divine ne nous surprend pas, mes Frères. Son Jésus n’a-t-il pas placé dans les profondeurs de l’humilité le sommet de toute grandeur possible pour la créature humaine ?

Ces considérations le prouvent : ce n’est pas par hasard que fut présente à Cana – et de quelle présence – Marie, qui a donné Jésus aux hommes. Ce ne fut pas par hasard non plus qu’elle fut présente au jour de la Pentecôte. Cette humble femme, la plus humble de toutes les femmes, nous a donné Jésus et elle continue de nous le donner au cours de l’histoire. Car elle est, en quelque façon, l’image, le type, le symbole et le modèle de l’Église, vierge et mère elle aussi, qui engendre Jésus dans les cœurs des hommes. Dans l’histoire de l’Église, on peut retrouver ce qui s’est passé dans la vie terrestre de Jésus. Marie a été sensiblement, visiblement présente aux heures les plus angoissées et les plus sombres de la foi, comme elle a été toujours l’aube lumineuse des jours de grands triomphes.

Marie ne cesse pas d’être présente et agissante dans cette Pentecôte continuée qu’est le gouvernement spirituel des âmes et l’œuvre du Magistère. Je puis vous le garantir, mes chers Frères, nulle part ailleurs Marie n’est présente comme à Rome, dans cette Rome auguste, qui met sa gloire dans l’humble service de tout l’univers, dans cette Rome qui vit pour tous ses frères les hommes, et ne connaît pas d’autre mission, d’autre salut, que d’être établie pour les autres : « Pro hominibus constituitur » (Heb. V, 1).

Ma vie tout entière, depuis les premières heures de mon sacerdoce, s’est passée dans l’humble service de ce gouvernement central et universel de l’Église. J’ose donc témoigner ici que la présence de la Vierge nous donne l’assurance de travailler dans l’Église et pour l’Église avec le Christ Jésus.

À cause de cette présence de Marie, au cours des siècles, les victoires, les lauriers, la gloire des triomphes obtenus par l’Église, souvent Rome les a attribués à Marie, à son intercession toute-puissante : « Terribilis ut castrorum acies ordinata : Terrible comme une armée rangée en bataille ». Avec Rome, l’Église tout entière s’est complue à orner de pierres précieuses la couronne contemplée par saint Jean sur son front : « In capite eius corona stellarum : Sur sa tête, une couronne d’étoiles » (Ap. XII, 1).

Permettez-moi d’évoquer, comme à vol d’oiseau, sans insister plus du nécessaire, quelques-unes de ces victorieuses interventions de Marie dans la vie de l’Église. Je parle à des âmes chrétiennes qui n’ignorent pas les étapes parcourues par la vérité dans sa marche à travers le monde, étapes qui furent autant de stations d’un douloureux chemin-de-croix. Elles savent comment Jésus a passé sa vie terrestre ; elles ont conscience de sa vie dans le secret de leur cœur : elles ont appris comment il a vécu au cours des siècles dans son Église.

 

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