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Aux Armes Chrétiens !

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Une lectrice amie du CatholicaPedia (elle se reconnaitra) nous adresse une prière pressante pour « sauver la France »…

Prière pour la France

 

À l’avant veille du 11 novembre —, qui pour nous Catholique semper idem est la fête du grand Saint Martin, mais qui pour la république française est un jour férié de commémoration de l’armistice de 1918 (« Jour du Souvenir » depuis la loi du 24 octobre 1922) — nous relirons plus bas la « Lettre (du 15 septembre 1916) des cardinaux, archevêques et évêques de France annonçant aux fidèles le vœu d’un Pèlerinage National à Lourdes après la conclusion de la paix »… d’où l’on verra que quand tout est perdule seul espoir réside en Dieu

Notons encore que c’est en référence à Saint Martin qu’en novembre 1918, à l’instigation du général Foch, les négociateurs français auraient choisi de fixer au 11 novembre la date de l’armistice (de préférence au 9 ou 10 novembre).

 

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Prière pour la France

À la Bienheureuse Jeanne
« La Pucelle »

Jeanne d'Arc et son Blason

Ô Bienheureuse Pucelle. Fille de Dieu. Soyez encore une fois notre Libératrice. La pitié est grande au pays de France, plus que lorsque vous le délivriez de la domination étrangère. L’on veut par tout moyen lui arracher celui que de tant de manières sous avez proclamé devoir en être le Roi, et le suprême Législateur. Notre-Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme.

Venez avec saint Michel qui vous suscita et avec ses saintes milices qui combattirent pour vous venez avec tous les saints et avec toutes les saintes du Paradis par le commandement desquels vous affirmiez avoir été envoyée.

Venez avec Marie, avec Jésus rayonnant sur votre bannière quarante fois plus chère à votre cœur que votre épée, pourtant miraculeusement révélée.

Venez avec votre Seigneur que nous voulons être aussi le Nôtre. Que les miséricordes de son Cœur triomphent encore une fois du déluge de nos iniquités, et ramènent sur toutes les lèvres françaises le cri antique :

Vive Jésus-Christ qui aime les Francs.

 

Cette prière fut Approuvée et enrichie de cent jours d’indulgence par Son Éminence le Cardinal Andrieu, Archevêque de Bordeaux.

Pierre Paulin Andrieu

Portrait de Pierre Paulin Andrieu, cardinal (XIXe-XXe s.)

Pierre Paulin Andrieu, né le 8 décembre 1849 à Seysses et mort le 14 février 1935 à Bordeaux, était un homme d’Église, évêque, puis archevêque et cardinal français.

Ordonné prêtre à Toulouse en 1874, Pierre Paulin Andrieu fut nommé évêque de Marseille en 1901, créé cardinal par le pape Pie X en 1907, puis archevêque de Bordeaux en 1909. On le retrouvera tout à l’heure parmi les signataire de la « Lettre (du 15 septembre 1916) des cardinaux, archevêques et évêques de France ».

 

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Aux armes chrétiens
(combat spirituel)

 

Comparaison des armes du diable avec celles que le Christ nous a donné, appuyé sur un extrait de film proposé par un internaute

 

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LETTRE des cardinaux, archevêques et évêques de France

annonçant aux fidèles le vœu d’un Pèlerinage National à Lourdes après la conclusion de la paix.

 

15 septembre 1916

            Nos très chers Frères,

Nous sommes entrés dans la troisième année de guerre. Grâce au sang-froid, à l’énergie, à l’habileté de nos chefs, grâce au courage et à l’endurance de nos soldats, grâce à la générosité avec laquelle la nation a su s’imposer tous les sacrifices exigés par les circonstances, grâce au puissant concours de nos alliés, la certitude de la victoire finale s’affirme de plus en plus en notre faveur.

Toute notre gratitude, toute notre admiration vont, avec toutes nos sympathies et tous nos vœux, à nos armées qui ont si noblement soutenu l’honneur de la France en la sauvant de la plus formidable invasion qu’elle ait jamais subie.

Cependant, la lutte dure encore : le sang de France coule tous les jours sur quelque point du territoire ; le nombre des mutilés, des prisonniers, des veuves, des orphelins, des familles en deuil va sans cesse croissant ; de nombreuses populations, émigrées de leurs foyers, sont dispersées à travers le pays, d’autres gémissent sous le joug de l’occupation ; naguère encore, nous apprenions, avec autant d’indignation que de douleur, que nos ennemis, foulant aux pieds une fois de plus les lois de la morale et de la civilisation avaient brutalement arraché à leurs familles des milliers de femmes et de jeunes filles pour les déporter au loin et les soumettre, comme autrefois les esclaves, à une sorte de travaux forcés ; ajoutez que le commerce, l’industrie, l’agriculture manquant de bras, la vie nationale est profondément troublée.

Vivement préoccupés des intérêts de la patrie, nos très chers Frères, compatissant à vos souffrances et à vos angoisses, émus des sacrifices qu’impose la prolongation de la lutte à nos chers soldats, surtout à tant de pères de famille si longtemps retenus loin de leurs foyers, désireux de hâter l’heure de la victoire définitive, qui mettra un terme à l’effusion du sang et nous assurera une paix glorieuse et durable, vos évêques ont eu la pensée de faire violence au ciel par un acte solennel en rapport avec l’importance du bienfait désiré.

Dieu n’aime pas la guerre, nos très chers Frères, il est le Dieu de la paix, et son Église range la guerre, avec la peste et la famine, au nombre des trois fléaux dont elle prie le Seigneur de préserver son peuple.

Dieu n’est pas l’auteur de la guerre, ce n’est point lui qui l’a déchaînée : ce sont les hommes, et l’histoire dira le nom de ceux qui l’ont voulue et qui l’ont déclarée.

Mais Dieu, qui n’aime pas la guerre, la permet cependant comme une conséquence de la liberté qu’il a donnée aux hommes, et quand ils l’ont déchaînée par leur libre volonté, il la fait servir à ses desseins de justice ou de miséricorde.   S’il prend le nom de Dieu des armées, ce n’est pas qu’il se plaise à l’œuvre de mort qu’elles accomplissent, mais il veut leur rappeler, d’une part, que c’est de lui qu’elles tiennent le droit de verser le sang et qu’elles ne doivent en user que pour de justes causes, de l’autre, que c’est lui qui a le pouvoir d’infliger la défaite ou d’accorder la victoire selon les vues toujours justes de sa sagesse.

Arbitre souverain des peuples et des événements, il est la force contre laquelle nulle autre force ne saurait prévaloir, il est l’allié dont l’appui l’emporte sur toutes les autres alliances. Il se réserve dans toutes les choses humaines quelque endroit caché par où il intervient à son heure, un ressort secret qu’il meut quand il lui plaît et par lequel il donne le branle à tout et change parfois, en un instant, la fortune des armées et la face des États. Bien insensé serait le peuple qui prétendrait se passer de lui.

Aussi, dès que le fléau de la guerre actuelle fut déchaîné, avons-nous vu tous les peuples intéressés dans le conflit se précipiter au pied des autels pour implorer l’assistance de Celui de qui relèvent tous les empires et qui tient dans sa main les destinées des nations.

Quand un peuple, en effet, se trouve sous le coup de quelque grande épreuve, aux heures critiques surtout où son indépendance nationale et l’intégrité de son territoire dépendent du sort des armes, il éprouve le besoin de se tourner vers Dieu qui, seul, peut le préserver du mal qu’il redoute ou lui assurer le bien qu’il désire.

Souvent dans les circonstances plus graves, pour toucher plus sûrement le Cœur du Tout-Puissant, il accompagne sa prière d’un vœu par lequel il s’engage envers lui à une chose qu’il sait lui être agréable. Et ces vœux, Dieu les accepte parce qu’ils sont un acte de foi en lui et en sa Providence, un acte de confiance en sa justice et en sa bonté, un acte d’humilité par lequel l’homme reconnaît le besoin qu’il a de lui, un pacte d’alliance par lequel nous l’appelons à notre aide.

L’histoire abonde en exemples de ce fait parmi les païens comme parmi le peuple de Dieu, sous le Nouveau Testament comme sous l’Ancien. À l’origine de notre histoire, c’est par la promesse d’embrasser la foi du Dieu de Clotilde que Clovis obtint la victoire sur les ancêtres des mêmes ennemis avec lesquels nous sommes en guerre aujourd’hui. En 1871, la France, adoptant le vœu de pieux chrétiens, promit d’ériger dans la capitale un sanctuaire au Sacré Cœur de Jésus, et la basilique de Montmartre est l’exécution du vœu national, que le Parlement a ratifié par le vote d’une loi autorisant la construction de cet édifice, reconnu d’utilité publique.

Pressés par de nombreuses demandes qui, bien que variées dans leur forme ou leur objet spécial, ont toutes le même but : provoquer une manifestation de foi nationale pour obtenir le secours du ciel en faveur de nos armes et hâter la victoire définitive et le retour de la paix, nous avons pris la résolution de faire la promesse solennelle d’un Pèlerinage National au sanctuaire de Lourdes.

La dévotion de la France à la Très Sainte Vierge est aussi ancienne que notre histoire. Notre sol est couvert de sanctuaires érigés en son honneur par la piété de nos pères. Répondant à leur confiance, Marie s’est montrée de tout temps la protectrice de notre pays. Elle en est devenue la patronne par l’acte solennel d’un de ses souverains dont le peuple a ratifié le vœu en l’accomplissant fidèlement chaque année depuis près de trois cents ans.

La France n’a point rétracté sa consécration. Marie ne nous a point retiré son patronage.

Avec quelle maternelle sollicitude n’a-t-elle pas rempli son rôle protecteur ? Pour ne parler que de notre temps et de faits qui, sans s’imposer à la foi des fidèles, se recommandent cependant à leur confiance, ayant été dûment constatés par l’autorité légitime, est-il au monde une nation qui ait été favorisée dans le même siècle d’autant de visites de la Sainte Vierge que la France au siècle dernier ? En 1830, c’est l’apparition de Marie à une humble fille de la Charité, sous les traits que la médaille miraculeuse a fait connaître dans le monde entier. En 1836, une voix du ciel invite le pasteur d’une des paroisses les moins religieuses de la capitale à consacrer son peuple au Cœur immaculé de Marie. Cette consécration transforme la paroisse et fait de son église, jusque-là inconnue, l’illustre sanctuaire de Notre-Dame des Victoires. En 1846, Marie apparaît sur la montagne de la Salette pour rappeler les chrétiens à leurs devoirs religieux. En janvier 1871, alors que la patrie agonise, épuisée de sang à la suite d’une série de revers inouïs, elle vient à Pontmain, messagère de la paix, annoncer la fin prochaine de la guerre.

Mais de toutes ces apparitions, la plus insigne est celle dix-huit fois répétée de la Vierge immaculée aux roches Massabielle, à Lourdes, où elle a ouvert une source de grâces qui n’a cessé d’opérer des prodiges depuis plus d’un demi-siècle, et qui a fait de ce coin de nos Pyrénées une terre de miracles et de bénédictions.

N’est-il pas tout naturel, N.T.C.F. ( = nos très chers frères) , que, aux heures graves de notre vie nationale, nous nous tournions vers la céleste Patronne qui a donné à notre pays tant de gages de sa maternelle bienveillance, et que nous allions l’implorer au lieu béni de notre terre de France où elle se montre si constamment secourable à toutes nos misères ?

Afin donc de hâter l’heure de la victoire décisive et la conclusion d’une paix telle que la justice de notre cause et un légitime amour de notre patrie nous font un devoir de la souhaiter, les cardinaux, archevêques et évêques français, chacun au nom de son diocèse et tous ensemble au nom de la France, ont résolu de faire solennellement le vœu de conduire ou de faire conduire en leur nom, après la conclusion de la paix, dans une période de temps qui sera ultérieurement déterminée, un pèlerinage de leurs diocèses respectifs à Lourdes, aux pieds de la Vierge immaculée ; et par l’unanimité de leur adhésion et de leur intention, ils entendent conférer, autant qu’il est en eux, à ce vœu et aux pèlerinages qui en réaliseront l’accomplissement, le caractère d’un acte national.

Que le Dieu tout-puissant, par l’intercession de Marie, l’auguste Reine de la paix, daigne agréer notre promesse ; qu’il soutienne le courage de nos vaillants soldats et le récompense par la victoire ; qu’il mette promptement un terme à l’effusion du sang et rende les époux à leurs épouses, les pères à leurs enfants, les frères à leurs sœurs, les fils à leurs vieux parents ; qu’il fasse à jamais disparaître de la terre ces théories barbares qui, en plaçant la force au-dessus du droit, permettent d’abuser de la force pour humilier les petits et écraser les faibles, et qu’il inspire aux peuples et à ceux qui les gouvernent la fidélité aux principes qui sont la sauvegarde de la sécurité et de la paix des nations ; qu’il mette enfin au cœur de tous les enfants de la France le respect des droits de Dieu et de toutes les libertés légitimes, des sentiments de concorde et de justice, afin que, renonçant à nos dissensions antérieures, nous consacrions tous nos soins à guérir nos blessures, toutes nos énergies à réparer nos ruines pour reconquérir à notre pays sa force et sa prospérité des meilleurs jours.

Mais, nos très chers Frères, si nous voulons que la Très Sainte Vierge puisse intercéder efficacement pour nous auprès de Dieu, le moyen le plus sûr de l’obtenir n’est-il pas avant tout de regretter les torts que nous nous sommes donnés envers lui et de promettre de les réparer ?

Dieu veut nous sauver. Notre cause est juste ; nous combattons pour notre indépendance nationale et pour l’intégrité de notre territoire ; nous combattons pour la défense des principes en dehors desquels il n’y a pas de civilisation digne de ce nom.

Dieu veut nous sauver. Nous en avons la preuve dans la résistance de l’héroïque Belgique, dans les alliances qu’il nous a ménagées, dans l’assistance visible qu’il nous a prêtée en nos luttes de la Marne, de l’Yser et de Verdun.

Mais depuis la bataille qui brisa le flot de l’invasion, si nous avons pu arrêter l’ennemi, nous n’avons point encore réussi à le repousser. Dieu n’attendrait-il pas, pour compléter son bienfait, que nous nous en rendions dignes en réparant nos fautes envers lui ? Ce sera notre honneur de les reconnaître, d’en demander pardon et de les réparer. En nous frappant la poitrine, avouons que nous avons tous et beaucoup péché ; et cet humble aveu nous méritera la miséricorde divine, que sollicitent pour nous tant d’ardentes et persévérantes prières, tant d’infatigables dévouements, tant d’héroïques sacrifices, et, dans le passé, tant de services rendus.

 

 

Prière et vœu

 

Ô Marie, Vierge immaculée, auguste mère de Dieu et Reine de la paix, la France vous a été solennellement consacrée par un de ses souverains, et le peuple a ratifié son vœu avec une filiale dévotion, en l’accomplissant fidèlement chaque année, depuis près de trois siècles.

Elle passe à l’heure actuelle par une cruelle et longue épreuve. Sa frontière a été violée, son territoire envahi, le sang de ses enfants coule à torrents, beaucoup de ses soldats subissent sur la terre étrangère une douloureuse captivité, le nombre des veuves et des orphelins va chaque jour se multipliant, plusieurs de nos provinces gémissent sous le joug d’une occupation humiliante et dure, toutes nos familles sont dans le deuil ou dans l’angoisse.

Bien des fois, au cours des derniers temps, vous nous avez donné, en honorant de vos visites la terre de France, des marques de maternelle bonté qui encouragent notre espérance.

La France a répondu à vos gracieuses visites en venant en foules nombreuses apporter à votre sanctuaire privilégié l’hommage de sa foi et de son amour, de son repentir et de ses amendes honorables, de ses supplications et de sa confiance. Elle y a fait à Jésus-Christ dans son Eucharistie, la veille encore de la rupture de la paix, les triomphes les plus magnifiques.

Souvenez-vous donc, ô Marie, des pieuses multitudes qui, de chacun de nos diocèses, sont venues en pèlerinage de pénitence s’agenouiller à vos pieds.

Souvenez-vous des ovations que les foules ont faites à votre divin Fils, de leurs actes de foi, de leurs supplications, de leurs acclamations à la divine Hostie.

Prêtez l’oreille aux touchantes prières que nos soldats dans les tranchées, les épouses, les mères, les petits enfants, les vieux parents, à leurs foyers ou dans nos églises, font sans cesse monter vers le trône de votre miséricorde.

Présentez au Seigneur les sanglants holocaustes que tant de milliers de héros ont pieusement et généreusement offerts pour la patrie.

Non, vous n’abandonnerez pas votre royaume ; non, vous ne laisserez pas périr le peuple qui vous a tant priée ; non, la confiance que nous avons mise en vous ne sera pas déçue.

Nous avons péché, il est vrai. Mais nous reconnaissons nos torts, nous les regrettons, nous en demandons pardon ; nous sommes sincèrement résolus à les réparer.

La France veut rester votre royaume ; elle veut demeurer fidèle au Christ. Soyez toujours notre Reine, et que Jésus soit toujours notre Roi : Dominare nostri, tu et Filius tuus. Qu’il règne sur nos âmes, qu’il règne sur nos familles, qu’il règne sur la France.

Déjà, vous nous avez donné un gage de votre bienveillante protection en arrêtant par une première victoire, au jour de la fête de votre bienheureuse Nativité, le flot envahisseur auquel rien jusque-là n’avait pu résister.

Reconnaissants de cet insigne bienfait et assurés que votre miséricordieuse intercession nous en obtiendra le couronnement, nous, cardinaux, archevêques et évêques français, chacun au nom de notre diocèse et tous solidairement au nom de la France entière, nous faisons solennellement le vœu de conduire nos diocèses en pèlerinage à vos sanctuaires de Lourdes, pour rendre grâces à Dieu de la victoire et du bienfait d’une paix durable.

Daignez, ô Marie, agréer notre promesse et exaucer notre prière ; la France reconnaissante se fera gloire d’être à un titre nouveau votre royaume et le royaume de votre Fils.

Ainsi soit-il.

 

 

Regnum Galliae, Regnum Mariae

 

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À propos de Saint Martin, apôtre des Gaules et Saint patron des maréchaux-ferrants, policiers, commissaires des armées, soldats.

Saint-Martin

Aujourd’hui plus de 236 communes portent son nom en France et plus de 4 000 églises sont placées sous son vocable ; son nom de baptême est devenu le nom de famille le plus fréquent de France.

 

 

La Fête de la Saint-Martin en Flandre et en Belgique

On fête sur le territoire de la Flandre historique (principalement dans le Westhoek, la vallée de la Dendre et à Beveren), la Saint-Martin le soir du 10 novembre (ainsi que le soir du 11 novembre avant la Seconde Guerre mondiale).

Selon la légende, en effet, saint Martin portant la bonne parole sur les côtes flamandes, aurait perdu son âne parti brouter ailleurs, alors qu’il tentait d’évangéliser les pêcheurs d’un petit village, futur Dunkerque. À la nuit tombée, les enfants du pays se mettant à sa recherche, avec force lanternes, l’ont retrouvé dans les dunes, en train de manger des chardons et des oyats. Pour les remercier, saint Martin a transformé toutes les petites crottes de l’âne en brioches à la forme particulière, que l’on appelle folard (Voolaeren, et flamand occidental), ou craquandoules.

Enfant en Flandre française à Dunkerque (l’église dans la dune), je chantais cette chanson, le soir de la Saint-Martin :

« Saint Martin
Boit du vin
Dans la rue des Capucins
Il a bu la goutte
Il a pas payé
On l’a mis à la porte avec un
Coup d’balai »

en défilant dans la rue, avec une lanterne en forme de tête, creusée dans une betterave à sucre. Après le défilé, on nous donnait un folard et une orange, et le concours de la plus belle lanterne était organisé.

Cette façon de fêter la Saint-Martin montre bien qu’on a cherché à christianiser des usages anciens liés à la « fête païenne de Samain » qui survit sous le nom d’Halloween aux États-Unis. À la différence d’Halloween qui est une fête de la nuit et de la mort, la Saint-Martin est la fête de la vie et de la lumière. Samhain représente le renouveau et donc les deux aspects à la fois. De plus, selon le calendrier de Coligny, cette période était celle du nouvel an chez les Gaulois.

Une tradition similaire existe aussi en Alsace et en Allemagne dans le Pays de Bade ainsi qu’aux Pays-Bas.

Bien que commémoration chrétienne, en Flandre, la Saint-Martin est comme Noël fêtée dans les écoles laïques. Il est aussi fêté à Visé (Province de Liège) puisqu’il est le patron des arquebusiers depuis 1579, lesquels le fêtent toujours depuis l’origine de leur guilde.

Dans les cantons de l’Est également il reste comme en Allemagne un saint très populaire dont la fête donne lieu à des réjouissances similaires à celles qu’on trouve en Flandres.