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LA TOUTE-PUISSANCE SUPPLIANTE
Après Le “secret” donné par la « Belle Dame » à Mélanie Calvat terminons maintenant avec Maurice CANIONI dans son dernier livre :
Dieu Sera Servi et Glorifié
Par Maurice CANIONI
(Extraits)
La Toute-Puissance Suppliante
Abbé Antoine BOUZOUD (1)
On croit avoir atteint le maximum de la louange, après avoir placé Marie sur son piédestal le plus élevé quand on l’a appelée Omnipotentia supplex (saint Bernard), la Toute-Puissance suppliante, celle qui obtient tout par ses prières. Ce titre est exact, mais inférieur et, pris tout seul, de nature à rabaisser la Sainte Vierge. De bonne foi, vous représentez-vous Marie, suppliante, à genoux, les bras levés, priant et conjurant sans cesse ? Non, sainte Mère de mon Dieu, je ne puis vous voir dans cette attitude. Ce n’est pas celle d’une mère devant son fils, d’une femme devant son époux, d’une fille comme vous devant son père.
J’ai beau fouiller l’Évangile, je ne trouve jamais Marie dans cette posture. Aux noces de Cana, je la vois bien demander quelque chose de très extraordinaire, le changement de l’eau en vin, mais je ne la vois pas prier. Elle se contente d’informer son Fils par un mot : « Ils n’ont plus de vin » Jésus répond que l’affaire n’a pas d’importance, qu’il ne peut faire des prodiges pour si peu, que l’heure de ses miracles n’a pas sonné. C’était bien le cas pour Marie de prier, d’insister, d’user de ces prières tendres et suppliantes qui sont le secret des mères.
Le fait-elle ? Pas du tout. Elle n’ajoute pas un mot. Elle a informé, cela suffit. Elle n’a pas prononcé un mot qui soit une prière, une supplication, elle s’est bornée à une simple information, et pourtant elle obtient un miracle éclatant que rien ne rendait nécessaire ; bien plus, elle semble avoir obligé son Fils à avancer l’heure de ses prodiges.
Ainsi se passèrent les choses sur la terre. Se passeraient-elles donc moins bien au ciel ? Et voudrait-on nous faire accroire que la Sainte Vierge, là-haut, est moins écoutée, moins honorée, moins puissante qu’ici-bas ? Le ciel est, pour ceux qui y arrivent, un perfectionnement, un progrès, une ascension. En s’installant au ciel, Marie a donc gagné en puissance et en grandeur. Elle ne prie pas, au sens précis du mot, elle ne supplie pas ; elle expose, elle informe, elle montre, elle demande, et aussitôt elle reçoit.
On ne manquera pas de nous opposer le mot qui, dans les Litanies de la Sainte Vierge, termine chaque invocation : « Priez pour nous ! » Oui, cette formule y est. Elle y est, parce qu’elle doit y être. Elle est juste, car elle indique que Marie intercède, qu’elle ne puise pas dans son propre fond, mais dans le trésor infini de Dieu à qui elle demande pour répandre sur nous. Mais, de quel droit attache-t-on à ce mot prier (qui a tant de sens !) le sens de la supplication envers le Créateur ? Marie demande, oui, mais elle obtient toujours. Saint Pierre Damien l’a dit : « Marie demande moins qu’elle ne commande ; elle est maîtresse, et non pas servante. » Et aussi, saint Antonin : « Une demande de Marie a la vertu d’un ordre ; il est impossible qu’elle ne soit pas exaucée. » Et encore saint Bonaventure : « Marie donne à qui elle veut, comme elle veut, dans la mesure où elle veut. »
Comme tout cela grandit Marie à nos yeux ! À mesure que nous l’approchons, que nous l’étudions, elle s’élève. Et comme j’avais raison de dire que l’idée qu’on se fait d’elle habituellement, est inférieure à la réalité ! Déjà elle n’est plus une sainte dominant tous les autres de sa grandeur ; déjà elle n’est plus une suppliante toute puissante. Qu’est-elle donc ?
Ce qu’elle est, l’Église le proclame et nous le disons nous-même trois fois le jour dans le temps pascal : « Regina caeli, laetare ! Reine du ciel, réjouis-toi ! » Le prêtre le redit à sa prière du soir : « Salve, Regina ! Reine, salut ! »
Marie est Reine, non par analogie, mais vraiment, par droit et par pouvoir. Par conséquent, elle dispose, elle gouverne, elle commande, elle règne. Il est des pays où le Souverain règne et ne gouverne pas. Au ciel, c’est Jésus qui règne, gouverne ; et Marie, qui y règne, y gouverne.
Elle est Reine, comme son Fils est Roi. Comme lui, elle a un trône ; comme lui, un sceptre ; comme lui, une couronne. Elle fait partie du conseil divin : elle a voix dans ce conseil, elle délibère avec les trois personnes divines. Et je ne saurais dire laquelle des trois met le plus d’empressement à lui complaire. Il n’est pas une décision à laquelle Marie ne prenne part, et comme elle est toute bonté et patience, je comprends que les coupables cherchent un refuge dans ses bras.
Reine, elle a le même empire que son Fils Roi, empire gouverné d’un commun accord : le ciel, la terre, le purgatoire, les enfers. Les anges, les saints, les hommes répandus sur la surface du globe, les damnés et les démons eux-mêmes s’inclinent et disent : « Salve Regina ! Notre Reine, salut ! »
Reine, salut ! À nous surtout, habitants de la terre, de le dire. Car la Vierge exerce envers nous un ministère royal qui se résume dans une proposition consacrée : Marie est la dispensatrice de la grâce. (2)
Source du livre : https://books.google.fr/books?id=R8MnCQAAQBAJ&dq=%C3%89dition++++AEMC&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
FIN !
[1] Entretiens sur la Sainte Vierge, Delacroix.
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[2] Par son intercession, dit saint Thomas, Marie obtient infailliblement de son Fils tout ce qu’elle lui demande de façon, non conditionnelle, mais absolue en conformité avec les intentions divines, qu’elle n’ignore pas (111 p., q. 21, a. 4). Sans doute peut-on dire que Marie a supplié, et avec larmes, pour chacun de nous, durant sa vie terrestre et particulièrement au Calvaire. Mais au ciel, il ne s’agit plus de supplication mais de distribution des fruits de la rédemption. « Elle est, dit saint Pie X, la dispensatrice de toutes les grâces qui nous ont été acquises par le Sang de Jésus » (Ad diem ilium, 02.02.1904), et qu’elle-même nous a mérité de convenance ou, comme disent les théologiens, de condigno, ayant été associée intimement à l’œuvre de la rédemption. De plus, Marie n’est pas seulement Mère et Médiatrice, elle est aussi Reine de tous les hommes, des anges et de tout l’univers.
LA « GRANDE NOUVELLE » DE LA SALETTE EST-ELLE UN ORACLE DIVIN ?
Après Le “secret” donné par la « Belle Dame » à Mélanie Calvat poursuivons quelques temps avec Maurice CANIONI dans son dernier livre :
Dieu Sera Servi et Glorifié
Par Maurice CANIONI
(Extraits)
INTRODUCTION
La Sainte Église est Maîtresse par son pouvoir doctrinal, sanctificateur, législatif et coercitif ; elle est Reine car toutes les nations, doivent lui être « assujetties et lui obéir (Dan. 7, 27). »
La concorde de la Sainte Église et de la puissance civile est voulue par Dieu. Elle est éminemment aimable et désirable, car elle concourt à la Gloire de Dieu, édifie le Règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ, facilite aux individus, aux familles, aux sociétés l’acquisition du nécessaire à la vie temporelle dans la paix sociale, et surtout à chaque personne la poursuite du salut éternel.
Dans L’illusion libérale, Louis Veuillot décrit admirablement cette alliance des deux forces : la tiare et l’épée, la parole de Vérité et le bras séculier :
« La société chrétienne, dans l’état normal, se maintient et s’étend au moyen de deux forces qui doivent être distinctes non séparées, unies non confondues, subordonnées non égales. L’une est la tête, l’autre le bras ; l’une est la parole suprême et souveraine du pontife, l’autre la puissance sociale. La société chrétienne étant premièrement et avant tout chrétienne, soumet tout à cette première loi ; et elle met toutes choses en leur place, parce qu’elle met d’abord à sa place son seul vrai Seigneur et Maitre, Jésus-Christ. Elle le met à sa place souveraine dans la société comme tous les fidèles le mettent à sa place souveraine dans les âmes [et dans la famille] ; et de là naissent l’ordre, la liberté, l’unité, la grandeur, la justice, l’empire, la paix. Ainsi, à travers et malgré les déchirements suscités par les passions de l’infirmité humaine, se forma dans sa variété magnifique cette communauté de l’Europe qu’on pût appeler la République ou même la Famille chrétienne ; œuvre merveilleuse, brisée par l’hérésie lorsque la paix intérieure et le progrès des arts lui promettaient la gloire d’étendre au genre humain tout entier le bienfait de la Rédemption. […] Ces deux pouvoirs unis, distincts et subordonnés, par lesquels la société chrétienne se régit, c’est ce que l’on appelle les deux glaives. Car la parole ne serait rien, si elle ne pouvait être, à certain moment, aussi un glaive. La mansuétude du Christ a voulu deux glaives pour que la répression tombât plus tardive et pût être prévenue. Le premier glaive, celui qui ne déchire que les ténèbres, demeure au pouvoir patient et infailliblement éclairé du Pontife. L’autre, le glaive matériel, est dans la main du représentant de la société, et afin qu’il n’erre pas, il doit obéir au commandement du Pontife. C’est le Pontife qui le fait sortir du fourreau et qu’il y fait rentrer. Son office est de réprimer l’erreur agressive, une fois définie et condamnée, de la lier, de l’abattre ; de donner protection à la vérité, soit qu’elle ait besoin de se défendre, soit qu’elle se trouve dans la nécessité d’attaquer à son tour. La main séculière doit faire passage à la vérité, assurer la liberté de ses enseignements, garder au loin la vie de ses ambassadeurs et de ses disciples (1). »
La Révolution de 1789 a déclenché le paroxysme de la guerre à mort entre les deux postérités (Gen. 111, 15). Dans le but d’instaurer l’imperium de Satan sur les nations et sur l’humanité, les gouvernants qui en sont issus pervertissent les cœurs et les intelligences par les lois et l’instruction, corrompent le christianisme par les modes et les principes maçonniques, instrumentalisent l’Église pour l’affaiblir, l’isoler du peuple chrétien et l’éliminer. Confronté au mépris, à la haine et à la violence des États antichristiques, le Saint-Siège proclama fidèlement la Vérité mais, en pratique, fit preuve d’esprit de conciliation et, au prix de grands sacrifices, « pour le bien et la paix du monde », dira Pie XI, pactisa avec ses ennemis.
On dévoile ici une plaie que d’aucuns préféreraient sans doute laisser ensevelie sous la poussière des archives de la petite histoire ! Cependant, hier, aujourd’hui et demain sont un, et le courage de la vérité de l’histoire du temps passé est garant de celui de la vérité de l’heure présente. Depuis le Concordat de 1801, sous la contrainte des gouvernants issus de la Révolution, le Vatican, par volonté de résignation et d’accommodement, a laissé se distendre jusqu’à la rupture l’amarre qui retenait la société chrétienne solidement fixée au Port, c’est-à-dire le Droit chrétien public fondé sur la théologie et la loi ecclésiastique. Cette politique vaticane généra ce que l’on peut dénommer une antithèse entre la Parole de Vérité et les actes relevant des rapports avec la puissance civile antichrétienne.
Cette « fine diplomatie », menée opiniâtrement durant près de 150 ans, a sapé la résistance des autorités religieuses et celle des fidèles à la grande SÉDUCTION de la fin du temps des Nations (Lc. 21, 24). Elle a favorisé et accéléré la « défaite des saints » (Apoc. 13,7) en soumettant les baptisés, constitutionnellement, juridiquement, socialement, aux « pouvoirs établis » tous imbus « des valeurs et des principes » sataniques de la Révolution. Tôt ou tard, « les chefs, les conducteurs du peuple » devaient butter sur l’alternative, soit d’une remise en ordre RADICALE afin d’œuvrer réellement pour le règne social et politique de Notre-Seigneur Jésus-Christ, soit de fuir en avant en définissant, formulant, en principes et en droit, leur transmutation du royaume de Dieu en paradis socialiste et démocratique. La deuxième voie a été choisie en Vatican II qui a réalisé les épousailles des Princes de l’Église avec la démocratie de la maçonnerie universelle et transmué la religion de Jésus-Christ en un diabolique syncrétisme religieux. Contra factum non valet argumentum.
L’Église a perdu sa suprématie sur les Peuples, les Nations et les États quand elle a été privée de son bras séculier. « La force à sa place et faisant son office, voilà l’état régulier. […] Il faudrait (…) donner avec joie tout son sang pour remettre la force dans son sens légitime, pour l’attacher au seul service du droit. La force doit protéger, affermir, venger le plus grand, le plus illustre, le plus nécessaire droit de l’homme, qui est de connaitre et de servir Dieu ; elle doit mettre l’Église à même de dispenser ce droit à tout homme sur la terre. N’abandonnons pas cette vérité que le catholique libéral jette et noie dans le courant, avec tant d’autres (2). »
L’impuissance grandissante du Saint-Siège, sa collusion avec les ennemis du Christ-Roi, l’asservissement des nations chrétiennes aux puissances antichristiques, triple cause instrumentale de l’apostasie générale, étaient-ils inéluctables, irrémédiables ? Mysterium iniquitatis !
Pourquoi s’étonner ? C’est notre histoire depuis la fin du 17ème siècle, résumée dans la « grande nouvelle » apportée à La Salette. La sainte foi sera oubliée, le relâchement pour le service de Dieu sera universel ; les méchants se livreront à toutes sortes de crimes : le blasphème, la profanation du dimanche, la violation de l’abstinence et du jeûne, l’oubli de la prière ; les gouvernants se ligueront pour combattre Jésus-Christ ; les bruits de guerre rempliront la terre ; les mauvais livres abonderont, personne ne s’entendra plus, on ne verra qu’homicides ; une fausse lumière accumulera les ténèbres sur toute la terre, le Saint-Siège perdra la foi et l’Église sa visibilité ; de grands malheurs s’abattront sur l’humanité à la mesure de ses crimes qui percent la voûte des cieux. Nous sommes les témoins et les acteurs de ce drame de la fin des temps brossé par la Vierge à grands traits bibliques. Les hommes s’inquiètent et s’angoissent pour leur avenir ; ils espèrent un libérateur, un homme providentiel qui remettrait de l’ordre dans la maison de l’humanité : Satan se rendra roi du monde en la personne de l’Antéchrist.
Mais alors, le dernier jour du monde serait-il proche ? La Très Sainte Vierge ne le laisse pas entendre. Au contraire, elle promet le Règne de Dieu après la purification universelle et le renouvellement de toutes choses.
CHAPITRE I
La « Grande Nouvelle »
de la Salette
Est-Elle un Oracle Divin ?
« Et Bien, Mes Enfants.
Vous le Ferez Passer à Tout Mon Peuple »
Dans le cours de cette étude, nous appliquerons fréquemment les paroles de Notre-Dame de La Salette aux évènements et à la tragique situation ecclésiale actuelle. Nous pensons en effet qu’il y aurait grande imprudence et sûrement inconvenance, sinon du mépris envers la divine Marie, de ne pas éclairer par ses avertissements la « crise affreuse » que nous traversons, et de ne pas voir en eux une confirmation du jugement théologique que nous devons porter sur ce drame sans précédent. Certains clercs et laïcs, bien que se disant dévots de La Salette, se récrieront : Le Message de la Vierge de La Salette n’est pas un oracle divin, il n’est qu’une révélation privée ; par conséquent nous sommes tenus à certaines réserves dans son utilisation et son interprétation ; on ne peut, sans analogies imprudentes ou prophétisme de mauvais aloi, en voir la réalisation dans l’évolution ecclésiale du dernier siècle et demi, ni l’appliquer aux gravissimes et inouïs désordres actuels.