À l’attention de Monsieur l’Abbé Daniel Couture
En présence de l’Abbé Michael Fortin
Vienne (Virginia), le 6 août 2012-08-09
Cher Monsieur l’Abbé,
Le couperet est donc sur le point de tomber. Vous avez bien voulu m’avertir que je pouvais présenter ma défense devant le Supérieur général avant qu’une action soit engagée. Je vous saurais gré de lui transmettre ceci, qui est mon ultime défense contre l’accusation de « désobéissance obstinée » et de « grave scandale » causé par un « comportement coupable ».
Point n’est besoin que je réitère mon point de vue concernant le changement de position évident de la FSSPX vis-à-vis de Vatican II, à présent considéré par notre hiérarchie comme un concile amendable ou contournable, ou le fait que celle-ci s’abstient dangereusement de dénoncer le « Magistère » actuel, ou encore son désir de placer la Fraternité sous l’autorité de la Rome actuelle, qui est fornicatrice, sans même parler des perspectives nouvelles de voir nos maisons assujetties aux diocèses locaux, entre autres mesures équivalant pratiquement à des redditions.
Depuis mai dernier, aucune tentative de régler ces différends n’a abouti, et aucune réfutation écrite de mes quatre documents « C’est la guerre », « Et après ? », « J’excuse » et « J’accuse » n’a eu lieu jusqu’ici en vue d’isoler mes arguments et mes preuves pour mieux les réfuter.
Je pense que dans l’intérêt de votre cause, mieux vaudrait pour vous le faire à présent, faute de quoi vous risqueriez de montrer au monde que votre argumentaire se réduit à la guillotine. Beaucoup de prêtres de la Fraternité qui sont tout à fait d’accord avec ce que j’ai écrit dans ces quatre documents se retrouveraient sans protection doctrinale contre ce que vous percevez comme un « grave scandale », donc trouveraient encore plus d’encouragements à être en désaccord avec Menzingen, si je suis puni pour avoir été témoin d’une infidélité non réfutée jusqu’à présent.
Mais selon certains, le document « C’est la guerre » contient à lui seul trente-trois arguments, et toute l’affaire tient essentiellement au fait que la Rome moderniste et ses actions restent profondément imprégnées d’hérésie.
C’est pourquoi j’ai perdu tout espoir de vous voir publier une telle réfutation, qui soulève la question supplémentaire suivante : la publication de cette réfutation de la position officielle de Menzingen sous toutes les formes – tableau d’affichage, paroles verbales, Internet, etc. etc. » est-elle un « grave scandale », un « grand scandale » et une grave désobéissance envers la Fraternité ?
C’est à vous qu’il incombe de répondre à cette question, car vous savez à quel point notre fondateur en a fait plus que moi dans ce domaine : il a osé se dresser contre des papes, un concile, des évêques du monde entier et des théologiens.
Ma condamnation prendra donc tout son sens si la teneur des quatre documents en question est erronée, auquel cas j’obéirai toujours avec joie à mes supérieurs jusqu’à la fin de cette crise.
Enfin, je voudrais parachever ma défense en invoquant Notre Dame. Je ne comprends toujours pas comment la piété des fidèles envers Elle a été retenue comme instrument du projet de ralliement. Est-on bien conscient que celui qui aura à gérer la mise en œuvre du projet en question n’est autre que le préfet de la « Congrégation pour la défense de la foi », cet homme connu pour nier la virginité de Marie, Vierge et Mère ? J’ai entendu dire, sortant directement « de la bouche du cheval » (le premier Assistant), que nous ne pouvions élaborer nos plans qu’à partir du triomphe de Notre Dame par-dessus l’institution de la Papauté. Or, je me souviens que Benoît XVI est le plus récent architecte en chef de l’ensevelissement du message de Fatima ; et qu’à la fin, au lieu que Notre Dame choisisse le moment et la nature de son triomphe, ce sera à nous de lui dire à quelles circonstances elle doit se conformer et, apparemment, dans quelles conditions la papauté se convertira.
En fait, si vous me refusez un procès en bonne et due forme, c’est avec joie que je présenterai ma nuque au couperet.
Reverenter ac devote,
In Iesu et Maria,
François Chazal †