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Réponse à la charité libérale
Dimanche nous étions dans la joie sainte de la solennité du Christ-Roi, mais aussi au XXIIe dimanche après la Pentecôte.
La fête du Christ Roi est une fête chrétienne importante, instituée par le pape Pie XI, en 1925, par l’encyclique Quas Primas, afin de mettre en lumière l’idée que les nations devraient obéir aux lois du Christ.
On lira aussi avec profit le texte de Dom Jean de Monléon sur le Christ-Roi.
Jean de Monléon est né à Marseille, le 5 mai 1890. Il sera l’aîné d’une famille de onze enfants, parmi lesquels se remarquera le futur philosophe thomiste, Jacques de Monléon. Après avoir acquis une licence de Lettres, il s’engage dans la Cavalerie et demeure dix années sous les drapeaux. En 1917, à Verdun en plein combat, alors que son escadron semble sur le point d’être totalement décimé, il fait vœu de se consacrer à Dieu, s’il s’en sort vivant. À sa libération, prenant au sérieux sa promesse, le jeune officier fait un essai de vie religieuse chez les Bénédictins. Il persévère dans son propos et, le 9 février 1920, il reçoit l’habit monastique au Prieuré d’Auteuil, future Abbaye Sainte-Marie de Paris, rue de la Source à Paris. Il y restera jusqu’à sa mort. Bien souvent dans sa vie, le sourire aux lèvres, il aimera raconter l’origine surprenante de sa vocation religieuse…
« Le Christ-Roi » est un petit ouvrage vite lu, mais fort dense, qui dit peu et contient beaucoup.
disait de lui Jean VAQUIÉ, dans Lecture et Tradition, n° 90, juillet-août 1981 à relire ici :
Voici maintenant les commentaires de l’Épitre par Dom Guéranger pour ce vingt-et-unième dimanche après la Pentecôte.
Vraiment d’actualité !
Réponse à la charité libérale
Dom Guéranger
Année Liturgique
XXIIè dimanche après la Pentecôte
ÉPÎTRE
Lecture de l’Épître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Philippiens. Chap. I.
Mes Frères, nous avons cette confiance dans le Seigneur Jésus que celui qui a commencé le bien en vous le perfectionnera jusqu’au jour du Christ Jésus. Il est juste en effet que j’aie ce sentiment de vous tous, parce que je vous ai dans mon cœur comme ayant tous part à ma joie, et dans ma captivité, et dans la défense et l’affermissement de l’Évangile. Car Dieu m’est témoin combien je vous aime tous dans les entrailles de Jésus-Christ. Et ma prière est que votre charité croisse de plus en plus dans la science et en toute intelligence, afin que vous discerniez ce qui est le meilleur, que vous soyez purs et marchiez sans tomber jusqu’au jour du Christ, étant remplis de fruits de justice par Jésus-Christ pour la gloire et la louange de Dieu.
Saint Paul, au nom de l’Église, attire de nouveau notre attention sur l’approche de la fin. Mais ce dernier des jours, qu’il nommait Dimanche le jour mauvais, est appelé aujourd’hui par deux fois, dans le court passage de l’Épître aux Philippiens qu’on vient d’entendre, le jour du Christ Jésus. La lettre aux Philippiens est toute à la confiance, l’allégresse y déborde ; et cependant elle nous montre la persécution sévissant sur l’Église, et l’ennemi mettant à profit la tempête pour exciter les passions mauvaises au sein même du troupeau du Christ. L’Apôtre est enchaîné ; la jalousie et la trahison des faux frères ajoutent à ses maux (Philip, I, 15, 17).
Mais la joie domine sur la souffrance en son cœur, parce qu’il est arrivé à cette plénitude de l’amour où la douleur alimente mieux que toutes délices la divine charité. Pour lui, Jésus-Christ est sa vie, et la mort est un gain (Philip. I, 21) : entre la mort qui répondrait au plus intime désir de son cœur en le rendant au Christ (Ibid. 23), et la vie qui multiplie ses mérites et le fruit de ses œuvres (Ibid. 22), il ne sait que choisir. Que peuvent, en effet, sur lui les considérations personnelles ? Sa joie présente, sa joie future, est que le Christ soit connu et glorifié, peu lui importe en quelle manière (Ibid. 18). Son attente ne sera point confondue, puisque la vie et la mort n’aboutiront qu’à glorifier le Christ en sa chair (Ibid. 20).
De là, dans l’âme de Paul, cette indifférence sublime qui est le sommet de la vie chrétienne, et n’a rien de commun, on le voit, avec l’engourdissement fatal où les faux mystiques prétendirent, au XVIIè siècle, enfermer l’amour. Quelle tendresse prodigue à ses frères le converti de Damas, à cette hauteur où il est parvenu dans le chemin de la perfection ! Dieu m’est témoin, dit-il, combien je vous aime et désire tous dans les entrailles de Jésus-Christ ! L’aspiration qui le remplit et l’absorbe (Ibid. 24-27), est que le Dieu qui a commencé en eux l’œuvre bonne par excellence, cette œuvre de la perfection du chrétien arrivée à sa consommation dans l’Apôtre, la poursuive et l’achève en tous pour le jour où le Christ apparaîtra dans sa gloire (Col. III, 4). Il prie pour que la charité, cette robe nuptiale des bénis du Père qu’il a fiancés à l’unique Époux (Rom. VIII, 28 : II Cor. XI, 2) les entoure d’un éclat non pareil au grand jour des noces éternelles (Durand. Rat. VI, 139).
Or le moyen que la charité se développe en eux sûrement, c’est qu’elle y grandisse dans l’intelligence et la science du salut, c’est-à-dire dans la foi. C’est la foi, en effet, qui forme la base de toute justice surnaturelle. Une foi diminuée (1) ne peut, dès lors, porter qu’une charité restreinte. Combien donc ils se trompent, ces hommes pour qui le souci de la vérité révélée ne va pas de pair avec celui de l’amour ! Leur christianisme se résume à ne croire que le moins possible, à prêcher l’inopportunité de nouvelles définitions, à rétrécir savamment et sans fin l’horizon surnaturel par égard pour l’erreur. La charité, disent-ils, est la reine des vertus ; elle leur inspire de ménager même le mensonge ; reconnaître à l’erreur les mêmes droits qu’à la vérité, est pour eux le dernier mot de la civilisation chrétienne établie sur l’amour. Et ils perdent de vue que le premier objet de la charité étant Dieu, qui est la vérité substantielle, n’a pas de pire ennemi que le mensonge ; et ils oublient qu’on ne fait point acte d’amour, en plaçant sur le même pied l’objet aimé et son ennemi mortel.
Ce n’est point ainsi que l’entendaient les Apôtres : pour faire germer la charité dans le monde, ils y semaient la vérité. Tout rayon nouveau dans l’âme de leurs disciples profitait à l’amour ; et ces disciples, devenus lumière eux-mêmes au saint baptême (Éph. V, 8), n’avaient rien tant à cœur que de ne pactiser point avec les ténèbres. Renier la vérité était, dans ces temps, le plus grand des crimes ; s’exposer par mégarde à diminuer quoi que ce fût de ses droits, était la souveraine imprudence (Ibid. 15, 17).
Le christianisme avait trouvé l’erreur maîtresse du monde ; devant la nuit qui retenait la race humaine immobilisée dans la mort (Matth. IV, 16), il ne connut point d’autre procédé de salut que de faire briller la lumière ; il n’eut point d’autre politique que de proclamer la puissance de la seule vérité pour sauver l’homme, et d’affirmer ses droits exclusifs à régner sur le monde. Ce fut le triomphe de l’Évangile, après trois siècles de lutte acharnée et violente du côté des ténèbres, qui se prétendaient souveraines et voulaient rester telles, de lutte sereine et radieuse du côté des chrétiens, dont le sang versé ne faisait qu’augmenter l’allégresse en affermissant sur la terre le règne simultané de l’amour et de la vérité.
Aujourd’hui que par la connivence des baptisés l’erreur reprend ses prétendus droits, la charité d’un grand nombre a diminué du même coup (Ibid. XXIV, 12) ; la nuit s’étend de nouveau sur un monde agonisant et glacé. La ligne de conduite des fils de lumière ( Éph. V, 8 ) reste la même qu’aux premiers jours. Sans terreur et sans trouble, fiers de souffrir pour Jésus-Christ, comme leurs devanciers et comme les Apôtres (Philip. I, 28-30) ils gardent chèrement la parole de vie (Ibid. II, 16) ; car ils savent que, tant qu’il restera pour le monde une lueur d’espérance, elle sera dans la vérité (Jean. VIII, 32). Ne se préoccupant que de marcher d’une manière digne de l’Evangile (Philip. 1, 27), ils poursuivent, dans la simplicité des enfants de Dieu, leur carrière au milieu d’une génération mauvaise et perverse, comme font les astres au firmament dans la nuit (Ibid. II, 15).
« Les astres brillent dans la nuit, dit saint Jean Chrysostome, ils éclatent dans les ténèbres ; bien loin de perdre à l’obscurité qui les entoure, ils en apparaissent plus brillants : ainsi en sera-t-il de toi-même, si tu demeures juste au milieu des pervers ; ta lumière en ressortira davantage » (Chrys. in Phil. Hom. VIII, 4).
« Comme les étoiles, dit de même saint Augustin, poursuivent leur course dans les sentiers tracés par Dieu, sans se lasser de projeter leur lumière au sein des ténèbres, sans se troubler des maux qui arrivent sur la terre : ainsi doivent faire les saints, dont la conversation est vraiment au ciel (Philip, III, 20), ne se préoccupant pas plus que les astres eux-mêmes de ce qui se dit ou se fait contre eux » (Enarr. in Ps. XCIII, 5-6).
[1] Voici la description de la charité libérale. Le vrai combat est celui de la Foi, la lutte entre l’erreur et la vérité et non la lutte pour une pseudo charité ! La charité libérale déforme les consciences et fait perdre la connaissance de la Vérité, et donc de la Foi, et donc du salut éternel ! Craignons les hérauts de la charité qui oublient de lutter contre l’erreur, ayant peur de la lutte qui, disent-ils, manque à la charité. Dom Guéranger dénonce leur « christianisme ». Ils ne sont pas « nos frères dans la Foi » (LHR).