MATINALE
Natalia Trouiller – publié le 18/05/2012
Fuites organisées dans les médias, déclarations à l’emporte-pièce, l’ambiance chez les lefebvristes alors que la possibilité d’un accord avec Rome n’a jamais été aussi grande est à la surchauffe. État des lieux.
Avis de tempête sur la FSSPX
Il apparaît bien seul, Mgr Fellay. Les forces qui luttent, à l’intérieur du mouvement lefebvriste dont il est théoriquement le chef, contre l’accord qu’il veut obtenir avec Rome se déchaînent. Alors que le bruit courait obstinément ces dernières semaines de l’officialisation de l’accord pour le lundi de Pentecôte, le Service d’information du Vatican a publié mercredi un communiqué annonçant un nouveau round de négociations (« À l’examen de la réponse de Mgr Bernard Fellay, parvenue le 17 avril, ont été formulées certaines observations qui seront prise en compte lors des prochaines discussions entre le Saint-Siège et la Fraternité St. Pie X »).
> Mais c’est surtout la dernière phrase du communiqué qui en dit long : « Étant donnée la position par eux prise, les cas des trois autres évêques de la Fraternité devront être traités séparément et individuellement ». On s’en doutait depuis la parution, la semaine dernière, d’une correspondance privée entre Mgr Fellay et ses trois confrères évêques de la FSSPX (voir Matinale chrétienne du 11 mai), mais cette fois c’est officiel : Mgrs de Galarreta, Tissier de Mallerais et Williamson n’ont aucunement l’intention de ratifier un quelconque accord avec Rome.
> Se dessine dès lors une ligne de fracture chez les clercs de la FSSPX. Mgr Fellay a avec lui les supérieurs des districts d’Allemagne, de Belgique et du Luxembourg. Les trois autres, les districts de France, d’Italie, d’Amérique du Sud, des États-Unis, d’Angleterre. Sitôt le communiqué du Vatican paru, le district d’Italie publiait son propre communiqué, alarmiste : « Cette approche [du Vatican] exprime clairement l’intention de diviser notre Fraternité Sacerdotale dans ses meilleurs représentants. Pour cette raison, nous invitons tous nos amis et fidèles à intensifier leurs prières, et en particulier le Saint Rosaire, dans la croisade lancée par notre supérieur, pour que la FSSPX reste unie dans la lutte contre les erreurs entrées dans l’Église ». Du côté de l’abbé de Cacqueray, supérieur du district de France, même tonalité : « Implorons le Ciel pour notre Supérieur Général, pour ses Assistants, pour nos évêques afin que leur soit accordé les grâces de lumière et de force dont ils ont besoin pour demeurer fermes dans le bon combat de la Foi, en ces circonstances si difficiles ».
> Mais selon l’abbé de Tanoüarn, ancien de la Fraternité revenu dans le giron romain lors de la création par le pape de l’Institut du Bon Pasteur, l’opposition à la réconciliation ne provient pas seulement des rangs internes de la Fraternité. « Ces gens-là ne peuvent ni ne veulent faire sécession. Ils veulent emporter le morceau (en s’appuyant sur plusieurs prêtres de l’IBP qui ont des intérêts partiellement convergents avec eux) […] Je crois que la ligne de partage des eaux n’est pas telle Fraternité opposée à telle autre. Il y a d’un côté, dans tous les camps, y compris dans l’Église officielle, les intégristes égolâtres et de l’autre – dans tous les camps – ceux qui sont soucieux de ne pas être eux-mêmes leur propre centre, ceux qui s’en remettent concrètement au pape pour faire l’unité de l’Église ».