En ce vendredi de la quatrième semaine après Pâques, nous vous soumettons une bonne méditation avec ce texte de Dom Prosper Guéranger, OSB, qui démontre que ce moine, liturgiste, théologien et fondateur de Solesmes et Mgr Gaume ont mené le même combat…
Nous le dédicaçons tout spécialement à monsieur l’abbé Belmont !
(voir la Réponse aux attaques contre Mgr Gaume des ESR)
Dom Guéranger, Monseigneur Gaume, Même Combat
Vendredi de la quatrième semaine après Pâques
Béni soit notre Sauveur ressuscité qui nous a dit en ces jours : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ! » Grâce à Sa miséricorde, nous croyons et nous avons été régénérés dans le saint Baptême ; nous sommes donc dans la voie du salut. Il est vrai que la foi ne nous sauverait pas sans les œuvres ; mais les œuvres aussi sans la foi seraient incapables de nous mériter le salut. Avec quel transport ne devons-nous pas rendre grâces à Dieu qui a produit en nous par Sa grâce ce don inénarrable, premier gage de notre béatitude éternelle ! Avec quel soin ne devons-nous pas veiller à le conserver intact, à l’accroître par notre fidélité ! La foi a ses degrés, comme les autres vertus ; notre prière doit donc être souvent celle que les Apôtres adressèrent à Jésus : « Seigneur, augmentez en nous la foi » (Luc. XVII, 5).
Nous sommes appelés à vivre dans un siècle où la foi est diminuée chez la plupart de ceux qui croient : et c’est là l’un des plus grands dangers qui peuvent assaillir le chrétien en ce monde. Quand la foi est languissante, la charité ne peut que se refroidir. Jésus demande à Ses disciples s’ils pensent que, lors de Son dernier avènement, Il trouvera encore de la foi sur la terre (Luc. XVIII, 8). N’est-il pas à craindre qu’elle ne soit voisine de nous, cette époque où les cœurs seront comme paralysés par le manque de foi !
La foi procède de la volonté mue par l’Esprit-Saint. On croit, parce qu’on veut croire ; et c’est pour cette raison que le bonheur est dans la foi. L’aveugle à qui Jésus rendit la vue, exhorté par Lui à croire au Fils de Dieu, répond : « Quel est-Il ? afin que je croie en Lui » (Jean. IX, 36). Ainsi devons-nous être disposés en présence de l’objet de notre foi. Croire, afin de connaître ce que nous ne connaîtrions pas sans la foi ; alors Dieu se manifeste à notre pensée et à notre cœur.
Mais vous rencontrez des chrétiens qui se scandalisent des saintes hardiesses de la foi. Ils nous parlent sans cesse des droits de la raison ; ils accusent les fidèles de méconnaître sa dignité, son étendue, son origine divine. Que les fidèles se hâtent donc de leur répondre : « Nous n’avons garde de nier la raison ; l’Église nous fait un devoir de reconnaître l’existence d’une lumière naturelle en nous ; mais en même temps elle nous enseigne que cette lumière, déjà obscurcie par l’effet de la chute originelle, serait incapable, fût-elle même demeurée dans son intégrité, de découvrir par ses seules forces la fin à laquelle l’homme est appelé, et les moyens d’y parvenir. La foi seule peut établir l’homme dans les conditions de la destinée sublime à laquelle la divine bonté l’a appelé ».
D’autres se persuadent qu’il existe pour le chrétien parvenu à l’âge du développement de la raison, une sorte de liberté de suspendre l’exercice de la foi, afin d’examiner s’il est raisonnable de continuer à croire. Combien font naufrage contre l’écueil que leur présente ce coupable préjugé ! La sainte Église cependant enseigne depuis les Apôtres jusqu’à nos jours, et continuera d’enseigner jusqu’à la fin des siècles, que l’enfant qui a reçu le saint Baptême a reçu en même temps la foi infuse dans son âme, qu’il est pour jamais membre de Jésus-Christ et enfant de Son Église ; et que si, à l’âge de raison, la foi est combattue en lui par le doute, il reçoit la grâce pour anéantir le doute par la foi, et risquerait son salut en suspendant sa croyance. Non assurément que l’Église lui interdise de confirmer sa foi par la science ; loin de là ; car alors il ne cesse pas de croire. C’est « la foi qui cherche l’intelligence », selon la belle parole du grand saint Anselme, et pour récompense elle la trouve.
On en rencontre d’autres qui admettent qu’au sein même de la société chrétienne, il peut exister des philosophes, c’est-à-dire des hommes étrangers à la foi, professant sur Dieu et sur Sa créature un enseignement où la parole révélée n’est pour rien, une morale dépourvue de l’élément surnaturel. Des chrétiens acceptent ces philosophes, les louent et les honorent, leur reconnaissent plus ou moins implicitement le droit d’être ce qu’ils sont. Aveugles, qui ne voient pas qu’ils sont en présence de l’apostat ! qui ne sentent pas le frisson qu’éprouvèrent tous les enfants de l’Église, lorsque Julien, cherchant en vain à laver la trace ineffaçable de son baptême, se déclara philosophe sous les yeux d’une génération issue des Martyrs !
Parlerons-nous des tristes effets que produit pour la foi la fréquentation des hérétiques, les complaisances périlleuses qu’elle entraîne, les arrangements déplorables qu’elle fait naître dans un grand nombre d’esprits ? La terrible ligne de démarcation tracée par saint Jean, dans sa deuxième Épître (II JOHAN. X, 11), tend à s’effacer ; et la rappeler seulement serait déjà pour plusieurs un sujet de scandale. Il n’y paraît que trop par la facilité avec laquelle se contractent ces mariages mixtes qui commencent par la profanation d’un sacrement, et conduisent doucement à l’indifférentisme la partie catholique, qu’un entraînement, ou des calculs humains, ont égarée dans des voies si peu sûres. Quelles clameurs n’exciterions-nous pas si, dans notre pays, nous osions parler le langage qu’osait tenir dans Londres un illustre apôtre de la piété catholique ? Prenons du moins la liberté de le répéter après lui :
« L’ancienne haine de l’hérésie devient rare ; on perd l’habitude de regarder Dieu comme l’unique vérité, en sorte que l’existence des hérésies n’est plus un sujet d’épouvante. On tient pour certain que Dieu ne doit rien faire qui nous soit pénible, et que Son autorité ne doit prendre aucune forme désagréable ni blessante pour la liberté de Ses créatures. Comme le monde a rejeté les idées exclusives, il faut bien que Dieu suive le progrès et mette de côté des principes surannés dans Sa conduite à notre égard. Les majorités doivent finir par avoir le dessus : telle est la règle et le fait d’expérience dans un pays constitutionnel. C’est ainsi que la discorde et l’erreur en religion ont fini par devenir moins odieuses et moins alarmantes, simplement parce qu’on s’y est accoutumé. Il faut une certaine hardiesse de cœur et d’intelligence pour croire que toute une grande nation ait tort, ou que tout un siècle puisse aller de travers. Mais la théologie, dans sa simplicité, met bravement le monde tout entier au ban comme pécheur, et ne trouve pas de difficulté à n’assigner à la vraie Église qu’une portion modérée de la population du globe. La croyance dans la facilité du salut hors de l’Église est fort douce, si nous avons des parents ou des amis dans les liens de l’hérésie ; de plus, si nous voulons admettre cette maxime, le monde nous pardonnera une foule d’erreurs et de superstitions, et nous fera l’honneur de nous complimenter de notre religion comme étant un produit littéraire ou philosophique de notre crû, plutôt qu’un don de Dieu. Est-ce donc là un si grand avantage, pour que tant de gens en soient si enchantés, le paient si cher et sans regret ? Il est clair que cette croyance diminue notre estime pour l’Église, et doit affaiblir notre empressement à convertir les autres. Ceux qui font le moins d’usage du système de l’Église, sont naturellement ceux qui le connaissant et l’estimant le moins, seront le moins en état d’en juger ; et avec cela, ce sont justement ceux qui sont les premiers à faire généreusement le sacrifice des prérogatives de l’Église aux exigences de la mollesse et de l’indifférentisme modernes » (William Faber. Conférences spirituelles. Le ciel et l’enfer, page 341).
Signalons encore comme l’une des marques de la décadence de l’esprit de foi chez un grand nombre qui remplissent d’ailleurs les devoirs du chrétien, l’oubli, l’ignorance même des pratiques les plus recommandées par l’Église. Combien de maisons habitées exclusivement par des catholiques, où l’on chercherait en vain une goutte d’eau bénite, le cierge de la Chandeleur, le rameau consacré le jour des Palmes : ces objets sacrés et protecteurs que les huguenots du XVI° siècle poursuivaient avec tant de fureur, et que nos pères défendaient au prix de leur sang ! Quelle défiance chez beaucoup d’entre nous, si l’on parle devant eux de miracles qui ne sont pas consignés dans la Bible ! Quelle incrédulité superbe, s’ils entendent dire quelque chose des phénomènes de la vie mystique, des extases, des ravissements, des révélations privées ! Quelles révoltes soulèvent en eux les récits héroïques de la pénitence des saints, ou même les plus simples pratiques de la mortification corporelle ! Quelles protestations contre les nobles sacrifices que la grâce inspire à certaines âmes d’élite, qu’elle pousse à briser en un moment les liens les plus chers et les plus doux, pour aller s’ensevelir, victimes volontaires, derrière les grilles impénétrables d’un monastère ! L’esprit de foi révèle au vrai catholique toute la beauté, toute la convenance, toute la grandeur de ces pratiques et de ces actes ; mais l’absence de cet esprit est cause que beaucoup n’y voient qu’excès, inutilité, et manie.
La foi aspire à croire ; car croire est sa vie. Elle ne se borne donc pas à adhérer au strict symbole promulgué par la sainte Église. Elle sait que cette Épouse de Jésus possède en son sein toutes les vérités, bien qu’elle ne les déclare pas toujours avec solennité et sous peine d’anathème. La foi pressent le mystère non encore déclaré ; avant de croire par devoir, elle croit pieusement. Un aimant secret l’attire vers cette vérité qui semble sommeiller encore ; et quand le dogme éclate au grand jour par une décision suprême, elle s’associe avec d’autant plus de transport au triomphe de la parole révélée dès le commencement, qu’elle lui a rendu plus fidèle hommage dans les temps où une obscurité sacrée la dérobait encore à des regards moins purs et moins pénétrants que les siens.
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Quels textes splendides, lumineux, cruellement adaptés à notre époque !
Don Guéranger est scotiste :
Or, le concile Vatican I Constitution Dei Filius précise les rapports de la foi et de la raison :
C’est alors qu’a pris naissance et que s’est répandue au loin dans le monde cette doctrine du rationalisme ou du naturalisme qui, s’attaquant par tous les moyens à la religion chrétienne, parce qu’elle est une institution surnaturelle, s’efforce avec une grande ardeur d’établir le règne de ce qu’on appelle la raison pure et la nature, après avoir arraché le Christ, notre seul Seigneur et Sauveur, de l’âme humaine, de la vie et des mœurs des peuples. Mais la religion chrétienne étant ainsi laissée et rejetée, Dieu et son Christ niés, l’esprit d’un grand nombre est tombé dans l’abîme du panthéisme, du matérialisme et de l’athéisme, à ce point que, niant la nature raisonnable elle-même et toute règle du droit et du juste, ils s’efforcent de détruire les derniers fondements de la société humaine.
Il est donc arrivé malheureusement que, cette impiété s’étendant de toutes parts, plusieurs des Fils de l’Église catholique eux-mêmes sont sortis du chemin de la vraie piété, et qu’en eux le sens catholique s’est oblitéré par l’amoindrissement successif des vérités. Car, entraînés par des doctrines diverses et étrangères, et confondant à tort la nature et la grâce, la science humaine et la foi divine, ils finissent par altérer le sens propre des dogmes que tient et enseigne notre Mère la sainte Église, et par mettre en péril l’intégrité et la sincérité de la foi……
La même sainte Mère Église tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées (Rm. 1, 20) ; « car les choses invisibles de Dieu sont aperçues au moyen de la création du monde et comprises à l’aide des choses créées. » Cependant il a plu à la sagesse et à la bonté de Dieu de se révéler lui-même à nous et de nous révéler les décrets éternels de sa volonté par une autre voie surnaturelle, selon ce que dit l’Apôtre : « Dieu, qui a parlé à nos pères par les Prophètes plusieurs fois et de plusieurs manières, nous a parlé en ces derniers temps et de nos jours par son Fils » (Hé. I, 1,2).
C’est bien à cette révélation divine que l’on doit que tous les hommes puissent promptement connaître, même dans l’état présent du genre humain, d’une certitude incontestable et sans aucun mélange d’erreur, celles des choses divines qui ne sont pas de soi inaccessibles à la raison humaine. Cependant, ce n’est pas à cause de cela, que l’on doit dire la révélation absolument nécessaire, mais c’est parce que Dieu, dans sa bonté infinie, a élevé l’homme à une fin surnaturelle, c’est-à-dire pour le mettre en état de participer aux biens divins qui surpassent tout à fait l’intelligence de l’homme, « car l’œil de l’homme n’a point vu, son oreille n’a point entendu, son cœur n’a pu s’élever à comprendre ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (I. Cor., II, 9).
Puisque l’homme dépend tout entier de Dieu comme de son Créateur et Seigneur, puisque la raison créée est absolument sujette de la vérité incréée, nous sommes tenus de rendre par la foi à Dieu révélateur l’hommage complet de notre intelligence et de notre volonté. Or, cette foi, qui est le commencement du salut de l’homme, l’Église catholique professe que c’est une vertu surnaturelle, par laquelle, avec l’aide de la grâce de Dieu aspirante, nous croyons vraies les choses révélées, non pas à cause de la vérité intrinsèque des choses perçue par les lumières naturelles de la raison, mais à cause de l’autorité de Dieu lui-même, qui nous les révèle et qui ne peut ni être trompé ni tromper. Car la foi, selon le témoignage de l’Apôtre, « est la substance des choses que l’on doit espérer, la raison des choses qui ne paraissent pas » (Hé. XI, 1).
Néanmoins, afin que l’hommage de notre foi fût d’accord avec la raison, Dieu a voulu ajouter aux secours intérieurs de l’Esprit saint les preuves extérieures de sa révélation, à savoir les faits divins et surtout les miracles et les prophéties, lesquels, en montrant abondamment la toute-puissance et la science infinie de Dieu, sont les signes très-certains de la révélation divine et appropriés à l’intelligence de tous. C’est pour cela que Moïse et les Prophètes et surtout le Christ Seigneur lui-même ont fait tant de miracles et de prophéties d’un si grand éclat ; c’est pour cela qu’il est dit des apôtres : « Pour eux, s’en étant allés, ils prêchèrent partout avec la coopération du Seigneur, qui confirmait leurs paroles par les miracles qui suivaient » (Mc XVI, 20). Et encore : « Nous avons une parole prophétique certaine, à laquelle vous faites bien de prendre garde, comme à une lumière qui luit dans un endroit ténébreux » (II. P. 1, 19).
Mais encore bien que l’assentiment de la foi ne soit pas un aveugle mouvement de l’esprit, personne cependant ne peut adhérer à la révélation évangélique, comme il le faut pour obtenir le salut, sans une illumination et une inspiration de l’Esprit saint qui fait trouver à tous la suavité dans le consentement et la croyance à la vérité (Conc. d’Orange II, can. 7). C’est pourquoi la foi en elle-même, alors même qu’elle n’opère pas par la charité, est un don de Dieu, et son acte est une œuvre qui se rapporte au salut, acte par lequel l’homme offre à Dieu lui-même une libre obéissance, en consentant et en coopérant à sa grâce, à laquelle il pourrait résister……
Mais quoique la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison ; car c’est le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi, qui a répandu dans l’esprit humain la lumière de la raison, et Dieu ne peut se nier lui-même, ni le vrai contredire jamais le vrai. Cette vaine apparence de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés suivant l’esprit de l’Église, ou de ce que les écarts d’opinion sont pris pour des jugements de la raison. Nous déclarons donc toute proposition contraire à une vérité, attestée par la foi, absolument fausse (Concile de Latran V, Bulle Apostolici regiminis). De plus, l’Église, qui a reçu, avec la mission apostolique d’enseigner, le mandat de garder le dépôt de la foi, tient aussi de Dieu le droit et la charge de proscrire la fausse science, afin que nul ne soit trompé par la philosophie et la vaine sophistique (Col. II, 8). C’est pourquoi tous les chrétiens fidèles non-seulement ne doivent pas défendre comme des conclusions certaines de la science les opinions qu’on sait être contraires à la doctrine de la foi, surtout lorsqu’elles ont été réprouvées par l’Église ; mais encore ils sont obligés de les tenir bien plutôt pour des erreurs qui se couvrent de l’apparence trompeuse de la vérité.
Et non-seulement la foi et la raison ne peuvent jamais être en désaccord, mais elles se prêtent aussi un mutuel secours ; la droite raison démontre les fondements de la foi, et, éclairée par sa lumière, elle cultive la science des choses divines ; la foi délivre et prémunit la raison des erreurs, et l’enrichit d’amples connaissances. Bien loin donc que l’Église soit opposée à l’étude des arts et sciences humaines, elle la favorise et la propage de mille manières. Car elle n’ignore ni ne méprise les avantages qui en résultent pour la vie des hommes ; bien plus, elle reconnaît que les sciences et les arts venus de Dieu, le Maître des sciences, s’ils sont dirigés convenablement, conduisent à Dieu, avec l’aide de sa grâce ; et elle ne défend pas assurément que chacune de ces sciences, dans sa sphère, ne se serve de ses propres principes et de sa méthode particulière ; mais, tout en reconnaissant cette juste liberté, elle veille avec soin pour les empêcher de tomber dans l’erreur en se mettant en opposition avec la doctrine divine, ou en dépassant leurs limites propres pour envahir et troubler ce qui est du domaine de la foi.
Car la doctrine de la foi que Dieu a révélée n’a pas été livrée comme une invention philosophique aux perfectionnements de l’esprit humain, mais elle a été transmise comme un dépôt divin à l’Épouse du Christ pour être fidèlement gardée et infailliblement enseignée. Aussi doit-on toujours retenir le sens des dogmes sacrés que la sainte Mère Église a déterminé une fois pour toutes, et ne jamais s’en écarter sous prétexte et au nom d’une intelligence supérieure de ces dogmes. Croissent donc et se multiplient abondamment, dans chacun comme dans tous, chez tout homme aussi bien que dans toute l’Église, durant le cours des âges et des siècles, l’intelligence, la science et la sagesse ; mais seulement dans le rang qui leur convient, c’est-à-dire dans l’unité de dogme, de sens et de manière de voir (Vincent de Lérins, Common. n. 28).
Corollaire : On notera que c’est pour cela que ni les prix Nobel, ni les polytechniciens n’ont autorité dans l’Église.
J’ai écouté les dernières conférences de M. l’abbé Belmont sur Foi et raison.
C’est la question de cours habituelle. On va voir son application dans les exercices pratiques.
Mais déjà on lui suggère de lire l’Imitation de Jésus-Christ.
Il est vrai qu’il faut chercher. C’est tout à la fin, livre IV, chapitre 18 :
4. Allez donc avec une foi simple et inébranlable, et recevez le Sacrement avec un humble respect, vous reposant sur la toute-puissance de Dieu de ce que vous ne pourrez comprendre. — Dieu ne trompe point ; mais celui qui se croit trop lui-même est souvent trompé. — Dieu s’approche des simples, il se révèle aux humbles, il donne l’intelligence aux petits et il cache sa grâce aux curieux et aux superbes. — La raison de l’homme est faible et il se trompe aisément ; mais la vraie foi ne peut être trompée.
5. La raison et toutes les recherches naturelles doivent suivre la foi et non la précéder ni la combattre. — Car la foi et l’amour s’élèvent par-dessus tout, et opèrent d’une manière inconnue dans le très saint et très auguste Sacrement. — Dieu, éternel, immense, infiniment puissant, fait dans le ciel et sur la terre des choses grandes, incompréhensibles, et nul ne saurait pénétrer ses merveilles. — Si les œuvres de Dieu étaient telles que la raison de l’homme pût aisément les comprendre, elles cesseraient d’être merveilleuses et ne pourraient être appelées ineffables.
L’abbé Hervé Belmont écrit sur son blogue « Quicumque » écrit :
Les deux causeries auront pour thème :
1. Les « preambula fidei », c’est-à-dire les vérités naturelles qui sont par nature préalables à la vertu surnaturelle de la foi (même si chez ceux qui ont reçu le sacrement de Baptême avant l’âge de raison, l’infusion de la vertu de foi a précédé leur connaissance) : l’existence de Dieu et ses attributs ; la spiritualité, la liberté et la responsabilité de l’âme humaine etc.
2. Le fidéisme (et les erreurs apparentées), véritable cancer de l’intelligence naturelle en général, et de l’intelligence chrétienne en particulier. On ne saurait trop identifier ce précurseur du modernisme, et s’efforcer d’y porter remède.
Trois des quatre premières causeries déjà données ce printemps sont visibles ou audibles sur l’Internet aux adresses suivantes :
► – http://gloria.tv/media/fyd95B9Hhp1
► – http://gloria.tv/media/L2gRhGsCEmQ
► – http://gloria.tv/media/itrk53QX4XB
Extrait d’un polycope proposé aux assistants :
« Saint Thomas d’Aquin n’a pu bâtir une œuvre proprement théologique qu’en usant d’une véritable science philosophique, une philosophie vraie et une vraie philosophie construite dans sa propre lumière, sur ses propres principes, avec ses propres arguments. Aussi il ne faut pas diminuer ni dénaturer la philosophie, ni la dissoudre dans une sorte de “théologisme” qui est à la théologie ce que le fidéisme est à la foi : on ne ferait que semer la confusion, le flou, le chaos dans des intelligences qui meurent faute de stabilité et de clarté.
« Il faut au contraire restaurer la philosophie naturelle, lui rendre toute sa place dans la formation de l’intelligence catholique — place indispensable, ne serait-ce que parce qu’elle maintient l’intelligence dans l’humilité.
« Ce n’est pas d’abord d’un excès de raison dans la philosophie qu’a souffert et que souffre le monde catholique : c’est d’une déficience, c’est d’un défaut de métaphysique et de rigueur logique. Les auteurs catholiques, même ceux du meilleur esprit, ont trop souvent des intelligences brouillonnes, mélangeant les points de vue, se contentant de superficiel et d’à-peu-près, ignorant les définitions et les distinctions, n’ayant guère idée des exigences de la vérité en fait de discipline de l’esprit et de travail sérieux.
« Alors, quand on aborde de graves questions – où le témoignage de la foi, la fidélité à l’Église catholique et à son esprit, et le salut éternel sont intéressés – ces défauts deviennent de redoutables obstacles et pourraient bien entraîner de funestes erreurs.
« Notons enfin que la question ici discutée et disputée est d’une importance qui dépasse de beaucoup le problème de la seule philosophie car, ainsi que le remarque avec beaucoup de justesse Étienne Gilson, “on peut poser comme une loi philosophique historiquement vérifiable qu’il y a corrélation nécessaire entre la manière dont on conçoit le rapport de l’État et de l’Église, celle dont on conçoit le rapport de la philosophie à la théologie et celle dont on conçoit le rapport de la nature et de la grâce” ».
Je dois préciser que le séminariste de l’abbé Belmont, Athanase Sauget, AS 1025 DOIT dans sa prochaine conférence dénoncer que l’auteur de l’Imitation est fidéiste.
C’est ce qu’il y a de plus important à faire pour l’heure présente.
Une question comme celle de la validité du nouveau rituel du sacre des évêques est complètement secondaire par rapport à cette question essentielle découverte par un grand philosophe théologien de 22 ans, lumière de l’an 2015, qui a enfin démontré que Mgr Gaume est un faux maître, à redouter plus que tous, à dénoncer urbi et orbi.
Enfin ! ? Ce Mgr qui a reçu 6 brefs de 5 papes différents (unique dans l’histoire de l’Église !), qui a dévoyé par ses multiples écrits des générations de fidèles a enfin trouvé 150 ans après, un censeur compétent ! Il est vrai qu’il a fallu chercher avec obstination, 3 lignes d’une œuvre qui comprend peut-être plus de 10.000 pages, pour assurer sa démonstration que Mgr Gaume est un fidéiste !
Et là où aucun Pape et théologiens n’avaient rien vu, ce nouvel aigle de la théologie, lui A VU ! Il a même un courage héroïque pour dénoncer le pire mal de l’heure présente !
Parions quand même que dans 150 ans on parlera encore de Mgr Gaume et que dans moins d’un mois on ne parlera plus d’AS 1025 !
et dans moins de quelques mois de l’abbé Belmont !
MISÉRABLES !
Si encore l’abbé Belmont et ses séides acceptaient de répondre, de rentrer dans une confrontation d’arguments, pour savoir qui dit vrai qui dit faux … mais non !
Ils se retranchent derrière les arguties habituelles du genre :
« Ne pas donner le flan à la « polémique » stérile. »
« Je me sens bien éloignés des épandeurs de fumiers » (l’abbé Belmont à propos de Virgo Maria, donc très certainement du CatholicaPedia)
« Ces gens là (qui défendent l’école antilibérale, Rore, La Salette, etc. etc.) manquent de Charité … ce sont des excités … de dangereux personnages etc. etc … »
Pourtant le fumier répandu sert à faire croitre avec profit des cultures, dans cette logique, l’abbé se trompe en prenant cette comparaison.
Il faut parfois étaler le « fumier » pour arriver à la Vérité.
Or précisément, sur ces questions, à propos de Mgr Gaume, nous sommes quand même sur des points d’une importance capitale !! Il s’agit de la Foi Catholique, de l’enseignement de la Vérité.
Comme toujours donc, le clergé Lefebvriste pontifie et décrète sur ses lubies, ici l’Infaillibilité, là la Thèse, ici Mgr Gaume anathème …
Et ils pontifient du haut de leur tour d’ivoire, se prenant pour des docteurs et philosophie et théologie, et jetant l’anathème.
Est-ce pareil clergé qui va être celui du 6è âge, du Grand Monarque et du Saint Pape ?
Pitié non !