Une importante raison de prier la T.S.V.M. au Jubilé du Puy
Une Importante Raison de Prier la T.S. Vierge Marie au Jubilé du Puy
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L’Islam Manipulée par Israël pour Détruire la Chrétienté
« L’islam est le balai d’Israël » : la stratégie sioniste contre l’Europe…
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l’année liturgique de dom Guéranger
le jeudi de la sexagésime
Dieu promit solennellement à Noé de ne plus employer contre la terre coupable le terrible châtiment du déluge ; mais sa justice l’a contraint plusieurs fois, pour punir les nations révoltées, de recourir à un moyen sévère, et qui présente plus d’une analogie avec le déluge ; il a déchaîné contre les peuples le fléau des invasions ennemies. L’histoire en présente, dans tout son cours, la suite effrayante ; et toujours la divine Providence s’est justifiée dans ses œuvres. Les invasions étrangères ont été toujours amenées par les crimes des hommes, et il n’en est pas une seule qui n’atteste la suprême équité avec laquelle Dieu gouverne le monde.
Nous ne rappellerons point ici la succession de ces grandes catastrophes dont le récit forme, pour ainsi dire, les annales de l’humanité, ces conquêtes, ces extinctions de races, ces pertes de nationalités, ces fusions violentes de peuples, dans lesquelles tout un passé est submergé. Qu’on se rappelle seulement les deux grands faits de ce genre qui ont désolé le monde depuis l’ère chrétienne, et qu’on adore la justice de Dieu.
L’Empire romain avait accumulé les crimes jusqu’au ciel ; l’adoration de l’homme et la licence effrénée des mœurs avaient été portées par son influence au dernier degré dans les nations qu’il avait perverties. Le Christianisme pouvait sauver les hommes dans l’Empire, mais l’Empire lui-même ne pouvait devenir chrétien. Dieu le voua au déluge des barbares, et il disparut sous les flots de l’invasion qui montaient toujours, jusqu’à ce qu’ils eussent couvert les sommets dorés du Capitule. Les farouches exécuteurs de la vengeance céleste avaient eux-mêmes l’instinct de leur mission, et ils prenaient le nom de Fléaux de Dieu.
Plus tard, lorsque les nations chrétiennes de l’Orient, celles qui avaient transmis aux Occidentaux le flambeau de la foi qu’elles ont laissé s’éteindre chez elles, eurent assez fatigué la justice divine par les sacrilèges hérésies dont elles défiguraient l’auguste symbole de la foi, Dieu déchaîna sur elles, du fond de l’Arabie, le déluge de l’Islamisme qui engloutit les chrétientés premières, sans épargner même Jérusalem, teinte du sang et témoin de la résurrection de l’Homme-Dieu. Antioche et Alexandrie avec leurs Patriarcats, s’abîmèrent dans l’ignominie de l’esclavage, en attendant que Constantinople à son tour, ayant lassé la patience divine, devînt elle-même le siège du Croissant.
C’est notre tour maintenant, nations occidentales, si nous ne revenons pas au Seigneur notre Dieu. Déjà les cataractes du Ciel sont entr’ouvertes, et le flot vengeur de la barbarie menace de se précipiter sur nous. Mais aussi, dans notre Europe, toute chair n’a-t-elle pas corrompu sa voie comme aux jours de Noé ? n’avons-nous pas conspiré de toutes parts contre le Seigneur et contre son Christ ? n’avons-nous pas crié comme les nations impies dont parle le Psalmiste : « Brisons leurs liens, et rejetons leur joug loin de nous » (Ps. II) ? Tremblons que le moment ne soit venu, où, en dépit de notre orgueil et de nos fragiles moyens de défense, le Christ irrité, à qui seul les peuples appartiennent, nous régira avec la verge de fer, et « nous brisera comme un vase d’argile » (Ps. II). Le temps presse, profitons du conseil que nous donne le Roi-Prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte ; embrassez sa loi, de peur que le Seigneur ne s’irrite, et que vous ne périssiez quand sa colère s’allumera soudain » (Ps. II).
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Notre Espoir : Le Triomphe de l’Église par le Triomphe de la Très Sainte Vierge Marie (1)
IV. Les fidèles enfants de Marie et les saints des derniers temps.
Tel a été l’homme vraiment admirable par sa pureté (2), son humilité, sa pauvreté, sa mortification, son zèle, ses travaux, son courage, sa patience et son héroïque amour de Jésus et Marie, que l’Esprit-Saint choisit pour nous apprendre les merveilles qu’il commence à accomplir en son Église, à l’intercession et par l’entremise de la Très Sainte Vierge. M. de Montfort l’a fait dans un petit traité qui a été soigneusement examiné, avec ses autres écrits, par ordre du Saint-Siège, et approuvé par la Sacrée Congrégation des Rites (décret du 7 mai 1853), en ce sens qu’il ne contenait rien qui fût contre la foi et les bonnes mœurs, ni contraire au sentiment commun et à la pratique commune de l’Église, selon les décrets généraux d’Urbain VIII. J’en puis donc, avec sécurité, rapporter de longs extraits, que je prie les fidèles enfants de Marie de méditer attentivement : ils expliquent, si je ne me trompe, les épreuves auxquelles l’Église est soumise depuis la proclamation du dogme de l’Immaculée-Conception de la très sainte Vierge, et ils en montrent clairement le but, qui est de préparer le règne de Notre-Seigneur dans toutes les âmes, c’est-à-dire le triomphe et la domination de l’Église dans le monde entier.
Car l’Église n’est pas seulement destinée à éclairer l’ancien empire romain, et à répandre quelques lueurs passagères dans les autres parties du monde : toutes les nations lui ont été promises et lui seront données en héritage (Ps. II, 8 ; Rom., VIII, 17 ; Galat., III, 29), parce qu’elle est héritière de Jésus-Christ. Elle dominera d’une mer à l’autre, et du fleuve jusqu’aux extrémités de la terre (Ps. LXXX, 8). Toutes les tribus du globe ont été bénies en la divine Race d’Abraham (Galat., III, 8, 14), à qui le monde entier appartient (Rom., IV, 13). Ses ennemis lui font la guerre, mais un jour tous les rois de la terre adoreront et serviront le Fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Ps. LXXI, 11). Ce sera en quelque sorte un second avènement de Jésus-Christ dans les âmes, lorsque, sa puissante main faisant mordre la poussière à tous ses ennemis (ibid., 9), toutes les nations, toutes, autant qu’il en a faites, viendront se prosterner devant Lui et glorifier son Nom (Ps. LXXXV, 9). Ainsi la plénitude des nations entrera dans le sein de l’Église, les restes d’Israël se convertiront (Rom., XI, 25), et il n’y aura plus qu’un troupeau et qu’un Pasteur (Ezech., XXXIV, 23 ; Jean, X, 16).
Les chrétiens n’ont jamais, dans leurs plus grandes tribulations, perdu l’espérance de ces jours heureux, promis à leurs pères, et que l’Église leur rappelle chaque année par ses antiennes de l’Avent. Car, en même temps qu’elle les engage à se purifier pour recevoir l’humble Sauveur naissant, et pour paraître au dernier jour au tribunal du souverain Juge, elle les invite aussi à préparer dans leur âme une demeure digne du Roi Très-Haut, lorsqu’il déploiera sa puissance pour sauver les nations (3) ; elle leur dit de prendre courage et de se fortifier dans les jours d’épreuve où leur Dieu viendra les sauver (Confortate manus dissolutas : confortamiui, dicite : Ecce Deus noster veniet, et salvabit nos, alleluia) en écrasant ses ennemis. S’Il tarde à les secourir, ce n’est pas qu’il les oublie ; mais c’est qu’ils ne sont pas prêts à recevoir les grâces dont il veut les combler, afin qu’ils puissent ensuite les répandre parmi les gentils. C’est pourquoi les nations l’attendent depuis si longtemps, comme il l’avait prédit par Jacob et par ses autres Prophètes : Et ipse eri exspectatio gentium (Genes., XLIX, 10 : Isai., LII, 5, et LX, 9) ; mais à la fin, il leur révélera sa lumière, et glorifiera son peuple : Lumen ad revelationem gentium, et gloriam plebis suæ Israel (Luc., II, 32).
Or, « c’est par la très sainte vierge Marie, dit M. de Montfort, que Jésus-Christ est venu au monde, et c’est aussi par elle qu’Il doit régner dans le monde » : prophétique parole, et qui nous fait espérer que le Seigneur accomplira bientôt sa promesse. « La divine Marie, continue le serviteur de Dieu dans son très remarquable Traité de la dévotion à la très sainte Vierge, la divine Marie a été inconnue jusqu’ici, et c’est une des raisons pourquoi Jésus-Christ n’est point connu comme Il doit l’être. Si donc, comme il est certain, le règne de Jésus-Christ arrive dans le monde, ce ne sera qu’une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très sainte Vierge Marie, qui l’a mis au monde la première fois, et le fera éclater la seconde » (p. 7 et 8) .
En voici le motif : « Dieu le Saint-Esprit étant stérile en Dieu, c’est-à-dire, ne produisant point d’autre Personne divine, est devenu fécond par Marie qu’Il a épousée ; c’est avec elle, en elle et d’elle qu’Il a produit son chef-d’œuvre, qui est un Dieu fait homme (4), et qu’Il produit tous les jours jusqu’à la fin du monde (5). Les prédestinés sont les membres du corps de ce Chef adorable; c’est pourquoi plus Il trouve Marie sa chère et indissoluble Épouse dans une âme, et plus Il devient opérant et puissant pour produire Jésus-Christ en cette âme, et cette âme en Jésus-Christ » (p. 43) . Le nom même de la très sainte Vierge en est une preuve. Toute terre sans eau est aride et stérile : sans Marie toute âme est inféconde et desséchée. « Dieu a fait un assemblage de toutes les eaux, qu’Il a nommé la mer, et Il a fait un assemblage de toutes les grâces qu’Il a nommé Marie » (p. 44) . Notre-Seigneur lui donne tous ses mérites, ses vertus, son héritage ; le Saint-Esprit la comble de tous ses dons. Comme toutes les eaux viennent de la mer et y retournent (Eccles., I, 7 ; Eccli., XL, 11), toutes les grâces, les vertus, tous les dons nous viennent du ciel par Marie, et y retournent avec nous pour accroître sa gloire et enrichir sa couronne.
« Marie, dit M. de Montfort, a produit avec le Saint-Esprit la plus grande chose qui a été et sera jamais, qui est un Dieu-homme, et elle produira conséquemment les plus grandes choses qui seront dans les derniers temps : la formation et l’éducation des grands saints qui seront sur la fin du monde lui est réservée ; car il n’y a que cette Vierge singulière et miraculeuse qui peut produire en union du Saint-Esprit les choses singulières et extraordinaires. Quand le Saint-Esprit son Époux l’a trouvée dans une âme, Il y vole, Il y entre pleinement, Il se communique à cette âme abondamment, et autant qu’elle donne place à son Épouse ; et une des raisons pour lesquelles le Saint-Esprit ne fait pas maintenant des merveilles éclatantes dans les âmes, c’est qu’il n’y trouve pas une assez grande union avec sa fidèle et indissoluble Épouse » (p. 24 et 25) .
Grâce à Dieu, les chrétiens de ce temps ne méritent plus un tel reproche ; mais il faut répéter ce que disait à ce sujet le savant auteur des Analecta juris pontificii : « Au moment où le vénérable serviteur de Dieu écrivait ces paroles si dignes de remarque, le jansénisme tendait à détruire le Culte de la sainte Vierge. La lumière d’en haut a pu seule lui montrer, un siècle et demi auparavant, le fait consolant dont nous sommes témoins » (Quatrième livraison, avril 1854, c. 752). Et, en effet, M. de Montfort l’a prédit de la manière la plus claire et la plus précise :
« Tous les riches du peuple, dit-il un peu plus loin en se servant d’une expression du Saint-Esprit (Ps. XLIV, 13), expliquée par saint Bernard, tous les riches du peuple supplieront votre visage de siècle en siècle, et particulièrement à la fin du monde, c’est-à-dire que les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâces et en vertus, seront les plus assidus à prier la très sainte Vierge, et l’avoir toujours présente comme leur parfait modèle, pour l’imiter, et leur aide puissante, pour les secourir.
« J’ai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde et bientôt, parce que le Très Haut, avec sa sainte Mère, doivent se former de grands saints, qui surpasseront autant en sainteté la plupart des autres saints, que les cèdres du Liban surpassent les petits arbrisseaux, comme il a été révélé à une sainte âme, dont la vie a été écrite par un grand serviteur de Dieu » (6).
« Ces grandes âmes, pleines de grâce et de zèle, seront choisies pour s’opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la très sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection ; en sorte qu’elles combattront d’une main et édifieront de l’autre : d’une main elles combattront, renverseront, écraseront les hérétiques avec leurs hérésies, les schismatiques avec leurs schismes, les idolâtres avec leurs idolâtries, et les pécheurs avec leurs impiétés ; et de l’autre main, elles édifieront le Temple du vrai Salomon et la mystique Cité de Dieu, c’est-à-dire la très sainte Vierge appelée par les saints Pères le Temple de Salomon et la Cité de Dieu. Ils porteront tout le monde, par leurs paroles et leurs exemples, à sa véritable dévotion ; ce qui leur attirera beaucoup d’ennemis, mais aussi beaucoup de victoires et de gloire pour Dieu seul. C’est ce que Dieu a révélé à saint Vincent Ferrier grand Apôtre de son siècle ; comme il l’a suffisamment marqué dans un de ses ouvrages » (p. 31) .
Plusieurs saints, et en particulier saint Vincent de Paul, ont aussi parlé de cette prophétie de saint Vincent Ferrier, que nous rapporterons tout à l’heure, après avoir fait connaître tout ce que M. de Montfort a prédit des enfants de Marie et des luttes des derniers temps.
« C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé. Marie n’a presque point paru dans le premier avènement de Jésus-Christ, afin que les hommes encore peu instruits et éclairés sur la personne de son Fils, ne s’éloignassent pas de son Fils, en s’attachant trop fortement et trop grossièrement à elle ; ce qui apparemment serait arrivé, si elle avait été connue, à cause des charmes admirables que le Très Haut avait mis en son extérieur. Mais dans le second avènement de Jésus-Christ, Marie doit être connue et révélée par le Saint-Esprit, afin de faire, par elle, connaître, aimer et servir Jésus-Christ. Les raisons qui ont porté le Saint-Esprit à cacher son Épouse pendant sa vie, et à ne la révéler que bien peu depuis la prédication de l’Évangile, ne subsistent plus. Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains, dans les derniers temps » (p. 33) .
M. de Montfort en donne plusieurs raisons, dont voici les principales : « 3° Comme elle est l’aurore qui précède et découvre le soleil de justice, qui est Jésus-Christ, elle doit être reconnue et aperçue, afin que Jésus-Christ le soit. 4° Étant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde, quoique non pas de la même façon. 5° Étant le moyen sûr et la voie droite et immaculée pour aller à Jésus-Christ et le trouver parfaitement, c’est par elle que les saintes âmes, qui doivent éclater en sainteté, doivent le trouver. Celui qui trouvera Marie, trouvera la vie, c’est-à-dire Jésus-Christ, qui est la voie, la vérité et la vie ; mais on ne peut trouver Marie qu’on ne la cherche ; on ne peut la chercher qu’on ne la connaisse ; car on ne cherche ni on ne désire un objet inconnu : il faut donc que Marie soit plus connue que jamais, à la plus grande connaissance et gloire de la très sainte Trinité. 6° Marie doit éclater plus que jamais en miséricorde, en force et en grâce, dans ces derniers temps : en miséricorde, pour ramener et recevoir amoureusement les pauvres pécheurs et dévoyés qui se convertiront et reviendront à l’Église catholique ; en force, contre les ennemis de Dieu, les idolâtres, schismatiques, mahométans, juifs et impies endurcis, qui se révolteront terriblement pour séduire et faire tomber, par promesses et menaces, tous ceux qui leur seront contraires; et enfin elle doit éclater en grâce, pour animer et soutenir les vaillants soldats et fidèles serviteurs de Jésus-Christ, qui combattront pour ses intérêts. 7° Enfin Marie doit être terrible au démon et à ses suppôts comme une armée rangée en bataille, principalement dans ces derniers temps, parce que le diable, sachant bien qu’il a peu de temps, et moins que jamais, pour perdre les âmes, redoublera tous les jours ses efforts et ses combats : il suscitera bientôt de nouvelles persécutions, et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie, qu’il a plus de peine que les autres à surmonter.
« C’est principalement de ces dernières et cruelles persécutions du diable, qui augmenteront tous les jours jusqu’au règne de l’Antéchrist, qu’on doit entendre cette première et célèbre prédiction et malédiction de Dieu, portée dans le Paradis terrestre contre le serpent. Il est à propos de l’expliquer ici pour la gloire de la très sainte Vierge, le salut de ses enfants et la confusion du diable. « lnimicitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius : ipsa conteret caput tuum, et tu insidiaberis calcaneo ejus (Gen., III, 15). Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne ; elle-même t’écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon ».
« Jamais Dieu n’a fait et formé qu’une inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusqu’à la fin ; c’est entre Marie sa digne Mère et le diable : entre les enfants et les serviteurs de la sainte Vierge, et les enfants et suppôts de Lucifer ; en sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faites contre le diable est Marie sa sainte Mère ; parce que 1° Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment plus d’être vaincu et puni par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l’humilie plus que le pouvoir divin ; parce que 2° Dieu a donné à Marie un si grand pouvoir contre les diables, qu’ils craignent plus, comme ils ont été souvent obligés de l’avouer malgré eux, par la bouche des possédés, un seul de ses soupirs pour quelque âme que les prières de tous les saints, et une seule de ses menaces contre eux que tous leurs autres tourments » (p. 37 et s.).
« Non seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, non seulement entre Marie et le démon, mais entre la race de la sainte Vierge et la race du démon ; c’est-à-dire, que Dieu a mis des inimitiés, des antipathies et haines secrètes entre les vrais enfants et serviteurs de Marie et les enfants et esclaves du diable ; ils ne s’aiment point mutuellement, ils n’ont point de correspondance intérieure les uns avec les autres. Les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde (car c’est la même chose), ont toujours persécuté jusqu’ici et persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la très sainte Vierge ; comme autrefois Caïn persécuta son frère Abel et Esaü son frère Jacob, qui sont les figures des réprouvés et des prédestinés ; mais l’humble Marie aura toujours la victoire sur cet orgueilleux, et si grande, qu’elle ira jusqu’à lui écraser la tête, où réside son orgueil : elle découvrira toujours sa malice de serpent, elle éventera ses mines infernales, elle dissipera ses conseils diaboliques, et garantira jusqu’à la fin des temps ses fidèles serviteurs de sa patte cruelle ; mais le pouvoir de Marie éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c’est-à-dire, à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants, qu’elle suscitera pour lui faire la guerre. Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon l’est à l’égard des autres membres du corps ; mais, en échange, ils seront riches en grâce de Dieu, que Marie leur distribuera abondamment ; grands et relevés en sainteté devant Dieu, supérieurs à toute créature par leur zèle animé, et si fortement appuyés du secours divin, qu’avec l’humilité de leur talon, en union de Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher Jésus-Christ.
« Enfin Dieu veut que sa sainte Mère soit à présent plus aimée, plus connue, plus honorée que jamais elle n’a été : ce qui arrivera sans doute, si les prédestinés entrent, avec la grâce et la lumière du Saint-Esprit, dans la pratique intérieure et parfaite que je leur découvrirai dans la suite (7) : pour lors ils verront clairement, autant que la foi le permet, cette belle étoile de la mer, et ils arriveront à bon port, malgré les tempêtes et les pirates, en suivant sa conduite ; ils connaîtront les grandeurs de cette souveraine, et ils se consacreront activement à son service comme ses sujets et ses esclaves d’amour ; ils éprouveront ses douceurs et ses bontés maternelles, et ils l’aimeront tendrement comme ses enfants bien-aimés ; ils connaîtront les miséricordes dont elle est pleine, et les besoins où ils sont de son secours, et ils auront recours à elle en toutes choses, comme à leur chère avocate et médiatrice auprès de Jésus-Christ ; ils sauront qu’elle est le moyen le plus assuré, le plus aisé, le plus court et le plus parfait pour aller à Jésus-Christ, et ils se livreront à elle corps et âme, sans partage, pour être à Jésus-Christ de même.
« Mais qui seront ces serviteurs, ces esclaves et enfants de Marie ? Ce sera un feu brûlant des ministres du Seigneur qui mettront le feu de l’amour divin partout ; ce seront, sicut sagittæ in manu potentis, des flèches aiguës dans la main de la puissante Marie pour perdre ses ennemis ; ce seront des enfants de Lévi bien purifiés par le feu de grandes tribulations, et bien collés à Dieu, qui porteront l’or de l’amour dans le cœur, l’encens de l’oraison dans l’esprit, et la myrrhe de la mortification dans le corps, et qui seront partout la bonne odeur de Jésus-Christ, aux pauvres et aux petits, tandis qu’ils seront une odeur de mort aux grands, aux riches et aux orgueilleux mondains.
« Ce seront des nuées tonnantes et volantes par les airs, au moindre souffle du Saint-Esprit, qui, sans s’attacher à rien ni s’étonner de rien, ni se mettre en peine de rien, répandront la pluie de la parole de Dieu et de la vie éternelle ; ils tonneront contre le péché, ils gronderont contre le monde, ils frapperont le diable et ses suppôts, et ils perceront d’outre en outre, pour la vie ou pour la mort, avec leur glaive à deux tranchants de la parole de Dieu, tous ceux auxquels ils seront envoyés de la part du Très-Haut.
« Ce seront des apôtres véritables des derniers temps, à qui le Seigneur des vertus donnera la parole et la force, pour opérer des merveilles et remporter des dépouilles glorieuses sur ses ennemis ; ils dormiront sans or ni argent, et qui plus est sans soin au milieu des autres prêtres, ecclésiastiques et clercs, inter medios cleros, et cependant auront les ailes argentées de la colombe, pour aller, avec la pure intention de la gloire de Dieu et du salut des âmes, où le Saint-Esprit les appellera ; et ils ne laisseront après eux, dans les lieux où ils auront prêché, que l’or de la charité qui est l’accomplissement de toute la loi. Enfin nous savons que ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ qui, marchant sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseigneront la voie étroite de Dieu dans la pure vérité, selon le saint Évangile, et non selon les maximes du monde, sans se mettre en peine, ni faire acception de personne, sans épargner, écouter ni craindre aucun mortel, quelque puissant qu’il soit » (p. 43).
« Ils auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu ; ils porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la croix, le crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les sacrés Noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et mortification de Jésus-Christ dans leur conduite. Voilà de grands hommes qui viendront ; mais Marie sera là par ordre du Très-Haut pour étendre son empire sur celui des impies, idolâtres et mahométans. Mais quand et comment cela sera-t-il ? Dieu seul le sait ; c’est à nous de nous taire, de prier, de soupirer, et d’attendre : Exspectans exspectavi » (p. 44) .
L’Église devant apprendre de l’Esprit-Saint « les choses à venir » (Jean, XVI, 13), il serait téméraire de rejeter tout d’abord une prédiction qui n’a rien de contraire au sentiment commun des docteurs, qui reçoit tant d’autorité des vertus et des miracles de M. de Montfort, et que nous voyons manifestement s’accomplir en ce qui concerne le règne de Marie ou l’universelle extension du culte de la très sainte Vierge. « Que sommes-nous, dit saint Augustin dans sa Cité de Dieu, en comparaison des chrétiens qui seront dans les derniers temps ? puisqu’ils surmonteront un ennemi déchaîné (Satan) que nous avons bien de la peine à combattre tout lié qu’il est » (I. XX, c. VIII). Or, il est évident que la très sainte Vierge, terrible comme une armée rangée en bataille, les aidera puissamment dans ces luttes suprêmes, puisque l’Église la loue de détruire seule toutes les hérésies dans le monde entier, et que l’Écriture Sainte nous enseigne aussi qu’elle-même écrasera la tête du serpent. Quant aux apôtres des derniers temps, comment pourraient-ils convertir les deux tiers des hommes qui ont à peine entendu parler de Jésus-Christ, s’ils n’avaient les vertus que leur attribue M. de Montfort ? Les premiers Apôtres avaient été formés par Notre-Seigneur, et ensuite par la Très Sainte Vierge, qui resta longtemps avec eux ; pourquoi cette Bonne Mère, qui désire si ardemment voir son divin Fils honoré par toute la terre, ne prendrait-elle pas aussi le soin de lui former de nouveaux apôtres, afin d’achever l’œuvre commencée par saint Pierre et continuée par ses successeurs dans tous les siècles ? N’est-ce pas à la très sainte Vierge que notre saint Père Pie IX s’adressait, au nom de toute l’Église, pour obtenir de Dieu la fin des schismes et des hérésies, la conversion des Juifs et des infidèles, et la réunion de tous les peuples en un seul troupeau sous un seul Pasteur ? (Bulle Ineffabilis Deus, pour la définition du dogme de l’immaculée Conception)
Saint Vincent Ferrier avait fait d’ailleurs une prophétie semblable à celle de M. de Montfort, dans le dernier chapitre de son Traité de la vie spirituelle, où, après Notre-Seigneur et ses Apôtres, il propose pour modèles aux chrétiens les hommes qui doivent venir dans les derniers temps. « Ce seront, dit-il, des personnes très pauvres et très simples, douces, humbles, méprisées, mais remplies d’une charité très ardente, et qui ne penseront à rien autre, ni ne sauront rien que Jésus, et Jésus crucifié. S’oubliant eux-mêmes, ils n’auront aucun souci du monde ; absorbés dans la contemplation de la gloire de Dieu et de ses saints, ils soupireront sans cesse après le ciel, et, dans leur amour, appelant la mort de leurs vœux, ils diront avec saint Paul : « Je désire me dissoudre et être avec Jésus-Christ » ; car ils seront comblés par Dieu des innombrables trésors des richesses de la grâce ; ils seront inondés des plus douces eaux de la suavité et de la joie divine ; ils n’aspireront qu’aux biens du ciel, abandonnant toutes les choses créées. C’est ainsi qu’il faut se les représenter, chantant le cantique des Anges, et faisant avec joie de leurs cœurs des instruments qui résonnent pour Dieu des plus mélodieux accords » (Storia della vita e del culto di S. Vincenzo Ferrerio dell’ Ordine de’ predicatori, composta dal P. Antonio Teoli, Domenicano, L. II, trat. I, cap. iv, p. 317. Roma, 1820).
Comme saint Vincent Ferrier ne donne aucun signe qui puisse s’appliquer à quelque Congrégation particulière, je crois qu’il voulait parler de toutes celles qui combattront et prêcheront dans les derniers temps. Il semble, en effet, que les Ordres Religieux, qui ont tant travaillé déjà à la prédication de l’Évangile, redoublant de ferveur et de zèle au milieu des épreuves, produiront, avec les Congrégations nouvelles dont le Seigneur enrichit tous les jours son Église, ces apôtres admirables qui feront accepter la foi dans le monde entier. Aussi saint Vincent de Paul, rappelant à ses disciples la prédiction de saint Vincent Ferrier, leur disait : « Si nous ne méritons pas d’être ces prêtres qui doivent, du feu de leur zèle, embraser toute la terre, demandons au moins à Dieu qu’il nous fasse la grâce d’en être les images et les précurseurs » (ibid. p. 320).
C’est ce que demandait également le vénérable Grignon de Montfort dans cette prière qui précède la règle de la Compagnie de Marie : « Memento, Domine, congregationis tuæ quam possedisti ab initio : Souvenez-vous, Seigneur, de votre Congrégation que vous avez possédée de toute éternité, en pensant à elle dans votre esprit (dès le commencement) ab initio, que vous avez possédée dans vos mains lorsque vous avez tiré l’univers du néant, que vous avez possédée dans votre cœur lorsque votre cher Fils, mourant sur la croix, l’arrosait de son sang et la consacrait par sa mort, en la confiant à sa sainte Mère ! Établissez votre empire sur celui de vos ennemis : Tempus faciendi, Domine, tempus faciendi dissipaverunt legem tuam : Il est temps de faire ce que vous avez promis ; votre divine loi est transgressée, votre Évangile est abandonné. Les torrents d’iniquité inondent le monde et entraînent jusqu’à vos serviteurs ; toute la terre est désolée : Desolatione desolata est terra. L’impiété est sur le trône, votre sanctuaire est profané, l’abomination est jusque dans le lieu saint (le serviteur de Dieu écrivait ceci au commencement de la Régence). Laisserez-vous ainsi tout à l’abandon, Seigneur, juste Dieu ?
« Tous les saints du ciel ne vous crient-ils pas justice : Vindica, Domine, sanguinem justorum ; tous les saints de la terre ne vous demandent-ils pas miséricorde ? Les créatures, même les plus insensibles, gémissent de se voir obligées de servir d’instrument aux iniquités des hommes : Omnis creatura ingemiscit. Souvenez-vous de donner à votre divine Mère une nouvelle compagnie pour renouveler par elle toutes choses, et pour finir par Marie les années de grâce, comme elles ont commencé par elle : Da Matri tuæ liberos. Donnez des enfants et des serviteurs, liberos, libres de cette sainte liberté qui fait les enfants de Dieu, détachés de tout, sans père, sans mère, sans parents selon la chair, sans amis selon le monde, sans biens et sans embarras, sans soins des choses temporelles, même sans volonté propre : liberos ; des esclaves de votre volonté et de votre amour, des hommes selon votre cœur, qui terrassent tous vos ennemis, comme autant de David, qui, avec le bâton de la croix, terrassent le Goliath de ce monde. Da mihi liberos, donnez-moi des hommes qui, comme des nuées mystérieuses, se laissent conduire par le souffle du Saint-Esprit : Ubi erat impetus Spiritus, illuc gradiebantur. Donnez-moi des ecclésiastiques toujours prêts à vous obéir, et, à la voix de leurs supérieurs, toujours prêts à courir partout et à souffrir tout. Da mihi liberos, de vrais enfants de votre sainte Mère, qui, comme saint Dominique, aillent partout, le flambeau luisant et brûlant du saint Évangile à la bouche, et le saint Rosaire à la main, écraser partout la tête de l’ancien serpent, afin que la malédiction que vous lui avez donnée au commencement du monde soit entièrement accomplie ».
Puis, voyant tous les désastres de ce malheureux siècle, le serviteur de Dieu s’écriait : « Ah ! permettez-moi, Seigneur, de crier partout : Au feu ! à l’aide ! au feu dans la maison de Dieu ! au feu dans les âmes ! au feu jusque dans le sanctuaire ! À l’aide de notre frère qu’on assassine, à l’aide de vos enfants qu’on égorge, à l’aide de notre bon Père qu’on fait mourir dans les âmes ! Qu’il me soit permis, Seigneur, de m’écrier avec Moïse, en voyant tant de veaux d’or et d’idoles révérées dans le monde : Que celui qui est du parti de Dieu, se joigne à moi : Qui est a partibus Dei, stet mecum ; ou avec le Prophète-roi : Quis consurget mihi adversus malignantes, aut quis stabit mecum adversus operantes iniquitatem ? Que tous les bons prêtres qui sont répandus dans le monde chrétien, soit qu’ils soient actuellement dans le combat, comme les missionnaires, soit qu’ils soient hors de la mêlée dans les déserts, comme les solitaires, viennent et se joignent à nous pour faire sous l’étendard de la croix un corps d’armée bien rangée en bataille, pour attaquer les ennemis de Dieu, qui ont déjà sonné et mis l’alarme au camp : Sonuerunt et multiplicati sunt. Celui qui habite dans les cieux se moque de tous leurs efforts : Qui habitat in cœlis irridebit eos. Le Dieu des batailles n’a qu’à se lever pour dissiper ses ennemis : Exsurgat Deus, et dissipentur inimici ejus. Seigneur, levez-vous ; pourquoi semblez-vous dormir ? Exsurge, Domine, quare obdormis ? formez une compagnie choisie des gardes du corps de votre Église, du corps de votre Fils adorable, pour défendre votre bercail, afin qu’il n’y ait qu’un Pasteur et une bergerie : Fiat unus Pastor et unum ovile. »
Fiat ! Fiat !
Très Sainte Vierge Marie
nous voulons
Votre Triomphe
[1] § tiré du livre, Les saints et les bienheureux du XVIIIe siècle, par l’abbé Daras, tome II, Gaume 1897.
[2] « L’innocence de sa vie était si grande, dit le Père de la Tour, que pendant tout le temps que j’ai eu l’honneur d’être son confesseur, il me faisait toujours de la peine pour lui donner l’absolution, faute de matière : il me fallait recourir à sa vie passée pour avoir un seul péché véniel sur lequel je pusse appuyer une absolution ». Lettre du 23 mai 1718.
[3] Veniet ecce Rex excelsus cum potestate magna ad salvandas gentes, alleluia. Brev. Rom. Antif. Adv. 1. Noct.
Les prières de l’Église, pendant l’Avent, sont très dignes de notre méditation, ayant un double sens prophétique, que les fidèles ne connaissent peut-être pas assez.
[4] Comme Notre-Seigneur a tout réconcilié en Lui-même, et pacifié par le sang de sa croix, non seulement ce qui est sur la terre, mais ce qui est dans les cieux (Coloss., I, 20), les Esprits célestes aussi sont, après Jésus, redevables à Marie des grâces par lesquelles ils ont triomphé des anges rebelles et reçu la lumière de gloire propre aux fils de Dieu, et qui ne s’éteindra jamais : Ego feci in cœlis ut oriretur lumen indeficiens (Eccli., XXIV, 6).
[5] C’est pourquoi le serviteur de Dieu appelait ses enfants les missionnaires du Saint-Esprit, qui leur donne la force et la grâce, et la Compagnie de Marie, de qui ils implorent le secours, la protection et la direction.
[6] Mgr Chaillot discutant ce passage dans ses Analecta (ibid.), ajoutait : « Veut-on appliquer la prédiction aux derniers temps, lorsque viendront les séducteurs livrés à leurs concupiscences, qui diront : Où est la promesse, où est son avènement (II Petr., III), lorsqu’il surgira de faux Christs et de faux prophètes faisant de grands signes et des prestiges jusqu’à séduire des élus, si c’était possible (Marc, XIII) ; si on applique la prédiction à cette époque, sa probabilité ne devient pas moindre. La Providence secourt d’autant plus efficacement l’Église, que la tempête est plus violente et le péril plus imminent. Il n’est pas douteux que Dieu donne, pendant le dernier combat, un secours très puissant à l’Église et aux fidèles dans des hommes doués d’une sainteté merveilleuse ».
[7] Cette notice est déjà si longue, que je ne puis indiquer les moyens que propose le serviteur de Dieu pour honorer dignement la très sainte Vierge : je le regrette bien vivement. Il serait très utile à la gloire de notre bonne Mère, et à la sanctification de ses enfants, qu’on fit une édition populaire des divers opuscules de M. de Montfort sur ce sujet.