Comment des aveugles essayent de voir clair
La F$$PX est en voie (accélérée) de ralliement… outre les rumeurs circulant sur l’Internet, les derniers évènements, comme : la publication du factum (en droit : Exposé écrit des faits et du raisonnement juridique présenté devant un tribunal) du R.P. Pierre-Marie des BonsHommes d’Avrillé, alias “Dominicus” que nous vous présentons aujourd’hui, et la publication d’une énième Réfutation du sédévacantisme — préfacée par son Excellence Bernie Fellay, le destructeur — par la F$$PX précisément — comme pour apporter les gages nécessaires — que nous publierons prochainement… viennent conforter que “Tout se passe selon le Plan…” et que (comme nous vous le signalions le 18 novembre) † Bernie Fellay envisage actuellement la signature finale suite à la proposition d’accord que Rome a envoyé à Menzingen récemment !
Il est minuit moins le quart Mgr Fellay…
Cave Ne Cadas
Comment des aveugles essayent de voir clair
« Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles.
Or, si un aveugle conduit un aveugle,
ils tomberont tous deux dans la fosse. » Math. 15:14
Par Pierre Legrand.
Chers amis lecteurs,
Ce document est emblématique de la tradition avec un petit “ t ” telle qu’elle se présente aux fidèles catholiques depuis plusieurs décades.
Je n’aurai pas la prétention ni le temps ni même la compétence suffisante pour en faire l’exégèse, l’analyse dans le détail comme dans l’ensemble. Aussi me contenterai-je de pointer par quelques observations en couleur ce qui me paraît être toute l’ambiguïté d’une tradition qui se définit elle-même comme telle et aussi le nœud gordien qui préside à sa véritable inefficacité de voie sans issue. On n’a pas suffisamment médité et réfléchi sur ces deux mots « sans issue », précisément parce que peu ont encore une conscience claire, même dans nos propres rangs, de ce que doit être notre attitude véritablement catholique dans les temps antéchristiques que nous vivons et qui ne vont pas aller en s’arrangeant, tant que nous n’aurons pas bu le calice jusqu’à la lie et satisfait à la Justice divine qui ne se fait tant attendre qu’autant qu’Elle sera plus implacable avec les bêtes rétives que nous sommes presque tous…
J’espère que cette méthode du commentaire « ad intra » ne sera pas trop préjudiciable à la lecture sereine et méditative de la plupart d’entre nous.
Au-delà même de ce qui fâche et blesse dans ce document, nous y puiserons toutefois des leçons pour l’avenir et des jalons de route pour notre propre salut. Nous le ferons dans un esprit juste totalement antilibéral et nous nous efforcerons de ne « manquer à la charité » que pour la seule erreur pertinace, subtile et caractérisée.
J’appelle donc les plus lucides d’entre nous, découragés ou angoissés par un tel document, de bien vouloir dépasser leur propres réactions affectivo-intellectuelles et d’admirer à travers tout cela les extraordinaires desseins de Dieu qui s’accomplissent toujours au nez et à la barbe des pauvres pécheurs que nous sommes !
Pierre Legrand.
Conférence Privée. Ne pas mettre sur Internet
(c’est fait !!! Dominos)
Préambule : que se passe-t-il dans la Tradition ?
D’emblée l’auteur (Pierre-Marie des BonsHommes d’Avrillé, alias “Dominicus”) de ce factum nous met « au parfum » en nous interpelant avec une interrogation assez saugrenue et une affirmation qui semble vouloir enfoncer des portes ouvertes avec l’adjectif « confuses »…
La situation est aujourd’hui des plus confuses dans la Tradition :
* Un évêque a été expulsé de la Fraternité Saint-Pie X en 2012 ; il y a périodiquement des prêtres qui sont renvoyés, parfois à la suite de procès étranges (1), ou qui partent d’eux-mêmes. D’autre part, dans beaucoup de chapelles, des fidèles se disent mal à l’aise : les sermons n’attaquent plus les erreurs de Vatican II, l’esprit chrétien diminue (immodestie vestimentaire ; mondanité ; manque de convictions, surtout chez la jeunesse, etc.) ; et ceci dans le monde entier.
Voilà ! On dirait que, comme en politique, le ressenti des fidèles se partage en deux camps : les pessimistes (évêque exclu, prêtres renvoyés, fidèles mal à l’aise) et les optimistes qui eux ne se sentent pas du tout mal à l’aise malgré les difficultés avancées par la dite tradition.
* Certains disent au contraire : pourquoi s’inquiéter, puisque rien n’a été signé avec Rome, et puisque Mgr Fellay a dit clairement à plusieurs reprises qu’il n’était pas question de faire un accord avec Rome dans la situation actuelle du nouveau pontificat. Par exemple, dans « Le Rocher » n° 88, bulletin du District de Suisse de la Fraternité Saint-Pie X d’avril-mai 2014, à la question d’un accord éventuel avec Rome, Mgr Fellay répondait :
« Maintenant [sous-entendu : avec le pape François], cela serait de la folie ».
Comment y voir clair ?
On nous annonce donc une recette mais nous verrons plus tard que le livre de cuisine est écrit dans une langue étrangère, indéchiffrable au commun des mortels…et même des cordons bleus !
* Disons d’abord qu’il ne s’agit pas de juger les personnes et de faire des procès d’intention. Il ne s’agit pas non plus d’attaquer les prêtres des prieurés, ni de dire qu’il ne faut plus aller à la messe dans les chapelles de la Fraternité Saint-Pie X.
* Ce qu’il faut – avant tout – c’est essayer d’analyser la situation objectivement à partir des faits et des documents officiels.
Apparemment ils n’ont jamais lu et étudié le « Libéralisme est un péché » de Dom Sarda !!! Ou alors ils n’ont rien compris ! Mais passons……
Nouvelles orientations
1. Le cœur du combat n’est plus le Christ-Roi mais la messe
[voir note de fin Annexe A, ndlr]
Fort bien Messieurs, mais les plus anciens d’entre nous n’ont pas trop eu l’impression que ce combat était prioritaire au plus fort de la bataille puisqu’il était surtout centré sur la Messe et tout ce qui va avec… Assimiler le combat des Papes (Catholiques) avec celui de Mgr Lefebvre, risque d’entretenir dans certains esprits que Mgr était le petit “pape” de la tradition…
1. 1. Le combat des papes, et celui de Mgr Lefebvre
Tout d’abord, il faut se demander :
* qu’est-ce qui légitime l’existence de ce qu’on appelle « la Tradition » ?
* quel est le cœur de notre combat ?
Ce sont les papes d’avant Vatican II qui donnent la réponse. Ainsi saint Pie X :
Notre but unique dans l’exercice du suprême pontificat est de tout restaurer dans le Christ.
Le pape explique la nécessité d’un tel combat :
De nos jours, [comme le dit le psaume] « les nations ont frémi et les peuples ont médité des projets insensés » contre leur Créateur (psaume 2, 1). […] De là, chez la plupart, […] des habitudes de vie tant privée que publique où nul compte n’est tenu de la souveraineté [de Dieu] (2).
Le pape Pie XI dit la même chose dans son encyclique sur le Christ-Roi :
Non seulement ce déchaînement de malheurs [que nous constatons aujourd’hui] a envahi l’univers parce que la plupart des hommes ont banni Jésus-Christ et sa foi très sainte de leurs coutumes et de leur vie particulière comme de la société familiale et de l’État, mais encore l’espoir d’une paix durable entre les peuples ne brillera jamais tant que les individus et les États s’obstineront à rejeter l’autorité de notre Sauveur. C’est pourquoi nous avons averti qu’il fallait chercher la paix du Christ dans le règne du Christ (3).
Pour les papes d’avant Vatican II — et il n’y a pas que saint Pie X et Pie XI : tous les autres disent la même chose — le grand combat actuel, c’est le combat pour le Christ-Roi, puisque la Révolution a découronné Notre-Seigneur, ce qui est la cause de tous les malheurs du monde contemporain. La royauté du Christ est l’enjeu de la lutte entre la Cité de Satan (la contre-Église) et l’Église catholique.
Et ce combat est devenu d’autant plus important à mener que, depuis le concile Vatican II, sur pression de la maçonnerie, la hiérarchie officielle a renoncé elle aussi à travailler pour le règne du Christ.
C’est pourquoi Mgr Lefebvre, qui n’a cherché rien d’autre que continuer dans la même ligne que les papes d’avant Vatican II, écrivait :
Voilà ce qui fait notre opposition [à la Rome actuelle], et c’est pourquoi l’on ne peut pas s’entendre. Ce n’est pas d’abord la question de la messe, car la messe est justement une des conséquences du fait qu’on a voulu se rapprocher du protestantisme et donc transformer le culte, les sacrements, le catéchisme, etc.
La vraie opposition fondamentale est le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Oportet illum regnare, nous dit saint Paul, Notre-Seigneur est venu pour régner. Eux disent non, et nous nous disons oui avec tous les papes (4).
Il faut relire ici le livre de Mgr Lefebvre : Ils l’ont découronné (5).
La rectitude de pensée et d’intention de Mgr Lefebvre n’est pas ici à remettre en cause ; mais il faut plutôt s’interroger gravement sur les dysfonctionnements de la « logique » qui ont présidé à son incapacité d’y voir vraiment clair sur la position pratique et théorique à adopter vis à vis de la Rome apostate. Nonobstant les considérations de temporalité et de mûrissement propres au commun des mortels pratiquants, il est remarquable que nos pasteurs n’aient pu prendre l’initiative de l’innovation radicale face à une situation décrite par la tradition elle-même comme particulièrement extraordinaire et inédite. Tout s’est passé comme si les réponses apportées restaient dans le champ clos d’une catholicité parfaitement unie malgré ses extrêmes quelque peu « turbulents » et incapable de se mouvoir intellectuellement que dans les hypothèse et figures du passé… Les leurres en amont ont donc fonctionné avant même qu’ils fussent en passe d’être nommés !…
Mgr Lefebvre ne voyait d’ailleurs pas de réconciliation possible avec les autorités romaines tant qu’elles n’auraient pas recouronné Notre-Seigneur :
Nous savons que cette illusion mortelle a engendré beaucoup, pour ne pas dire la plupart des erreurs de pensée et de stratégie de la tradition dans son ensemble. Peu en ont réchappé !
Il ne faut pas s’étonner que nous n’arrivions pas à nous entendre avec Rome. Ce ne sera pas possible tant que Rome ne reviendra pas à la foi dans le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. […] Nous nous heurtons sur un point de la foi catholique (6).
C’est donc bien la foi qui est en cause ici et donc c’est le « Est est, non non » qui doit s’appliquer dans toute sa rigueur ! Mgr ne s’est pas rendu compte qu’en entretenant l’illusion mortelle citée plus haut, il détruit par le fait même tout recours rigoureux à cet axiome éminemment catholique du Est est, non non. “Le jour où” est un vœu pieux qui ne résonne pas sérieusement dans la bouche d’un pontife…
Quand on nous pose la question de savoir quand il y aura un accord avec Rome, ma réponse est simple : quand Rome recouronnera Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous ne pouvons pas être d’accord avec ceux qui découronnent Notre-Seigneur. Le jour où ils reconnaîtront de nouveau Notre-Seigneur Roi des peuples et des nations, ce n’est pas nous qu’ils auront rejoints, mais l’Église catholique dans laquelle nous demeurons (7).
2. 2. Changement de perspective
D’emblée l’auteur nous fait entrer dans sa logique de manière autoritaire : il nous faut acquiescer au dogme du « changement de perspective »…tactique subtile car elle dédouane le camp des opposants de ses propres erreurs inhérentes à la logique générale de la F$$PX depuis ses origines et focalise tout le problème de la tradition sur un seul personnage, en l’occurrence l’évêque Bernard Fellay… Les choses aimables dites à son encontre ne sont là que pour mieux « l’assassiner » dans la suite de la démonstration… Nous ne sommes dupes ni des uns ni des autres…
Bien sûr, Mgr Fellay n’est pas opposé au règne de Notre-Seigneur ni aux encycliques de saint Pie X et Pie XI, et il n’accepte pas la liberté religieuse de Vatican II. Et, dans la Fraternité, il y a encore des sermons sur le Christ-Roi, spécialement le dernier dimanche d’octobre.
Cependant il y a un changement important dans la mesure où le cœur du combat n’est plus le Christ-Roi, mais la messe.
« Comportement structuré perçu à travers des actes concrets. » c’est ainsi que l’on pourrait définir la praxis de la Fraternité et là commencent les difficultés et toute l’ambigüité des positions stratégiques de la F$$PX.
Dans les textes, dans la théorie, on peut en effet dire que le cœur du combat était bien le Christ-Roi mais en ce qui concerne les actes concrets, tels que pouvaient les percevoir les fidèles lambda (voire les prêtres !), il en va tout autrement !!! Je ne ferai pas un dessin aux plus anciens d’entre nous…
Plusieurs documents l’affirment :
* D’abord l’entretien que Mgr Fellay a eu à Menzingen en novembre 2013 et qui a été publié dans Dici du 6 décembre 2013, sous le titre : « Dans ce climat de confusion, restaurer l’Église par la messe » :
Le premier souci de la Fraternité Saint-Pie X, c’est vraiment ce qui fait vivre l’Église, c’est la messe. […] Si on veut une restauration de l’Église, c’est là qu’il faut aller.
Dans cet entretien qui a pour objet d’expliquer le combat de la Fraternité, il n’y a aucune allusion au Christ-Roi.
Rappelons qu’il ne s’agissait pas ici de donner un avis sur la seule question de la messe — cœur de la vie chrétienne, bien sûr — mais d’expliquer quel était « le premier souci de la Fraternité ».
Les supérieurs des communautés ralliées, interrogés sur le but de leur Institut, diraient-ils autre chose ?
Là encore, c’est ignorer que la praxis, tel Janus, a bien souvent deux visages qui, normalement, devraient être complémentaires : la « structuration de la pensée » et les « actes concrets » généralement plus accessibles au simple fidèle…
* Même discours au Congrès du Courrier de Rome en décembre 2014, consacré au centenaire du rappel à Dieu du pape saint Pie X. Après avoir rappelé que « la vraie restauration, c’est de suivre aussi profondément que possible le principe énoncé par saint Pie X : “tout restaurer dans le Christ” », Mgr Fellay ne dit pas que le saint pape entendait par là le rétablissement de la royauté du Christ sur les individus et les nations. Il ne parla que de la restauration de la messe :
« Comment restaurer ? […] En transmettant l’esprit chrétien, qui s’exprime dans la grande prière de Notre-Seigneur qui est justement la messe. »
Suit un long développement sur la sanctification par la messe (8).
Il y a bien ici, chez Mgr Fellay, un changement d’orientation par rapport au combat de Mgr Lefebvre.
Affirmer cela c’est faire injure et injustice à Mgr Lefebvre sur le seul plan de la praxis en tant que structuration de la pensée ; mais c’est admettre que ce hiatus (= être béant : lorsque par exemple l’on est sidéré par la nouveauté ou la singularité d’une situation…) a empoisonné toute la doctrine dès le départ et donc a dévié les « actes concrets » de leur finalité première…
Ce qui est pris pour une tendance nouvelle n’est que l’aboutissement d’un lent processus de cristallisation autour des actes concrets vécus et pensés autour de la défense de la messe (et délivrés du carcan pesant de la structuration représentée par la dynamique de la restauration). Autrement dit, sans craindre de grossir le trait, on peut affirmer que la défense de la messe a éclipsé le rétablissement de la Royauté du Christ ! Le dit “Hiatus” a joué à plein dans son rôle de leurre à usage traditionaliste !
* Cette nouvelle tendance a d’ailleurs été confirmée dans un document officiel émanant de Menzingen. Mgr Fellay faisait envoyer aux prêtres de la Fraternité une recension critique du livre de M. l’abbé Pivert sur Mgr Lefebvre et Rome (9), en faisant savoir qu’« elle corrobore substantiellement son propre jugement » (10). Dans cette recension, l’auteur — qui est resté anonyme — fait ce reproche étonnant à l’ouvrage de l’abbé Pivert :
Toute la première partie consiste à montrer que l’idée principale qui animerait Mgr Lefebvre dans son opposition à Rome serait le Christ-Roi. […] La dynamique de restauration est lancée avec la libération de la messe (11).
Nous aurions aimé que l’auteur anonyme de cette recension prouvât son affirmation. En tous cas, elle a été publiée dans le Bulletin Officiel du District de France de la Fraternité Saint-Pie X (12), bulletin destiné aux prêtres pour donner les directives de leur apostolat (13). Elle fait donc partie des documents officiels de la Fraternité.
Là encore, les choses sont très claires : Mgr Fellay approuve en substance un texte niant que l’idée principale animant Mgr Lefebvre dans son opposition à la Rome actuelle serait le Christ-Roi. Et il demande de le faire savoir à tous ses prêtres.
Où l’on voit que Mgr Fellay obéit ici à une logique interne à la F$$PX. Dire que la libération de la Messe a permis la dynamique de restauration est parfaitement cohérent avec la ligne générale et la praxis autoritariste (notamment du temps de Mgr Lefebvre) de la Fraternité, ce qui explique l’expulsion des prêtres « réfractaires » et soupçonnés de glissement vers une position « sédévacantiste » (horresco referens !) L’aveu est de taille et l’on voit bien que la F$$PX est équipée de lunettes à triple ou quadruple foyers dès qu’il s’agit de définir l’instant zéro de la fameuse « dynamique de restauration ». Tant il est vrai qu’on ne peut séparer la dynamique de la libération, mais que l’on peut par contre tout à loisir, intervertir selon les circonstances historiques du combat les deux termes d’une même praxis. Au risque bien sûr d’en abandonner la finalité primitive…… et le combat de la foi qui va avec…
* On pourra objecter que la messe traditionnelle conduit nécessairement au Christ-Roi. Nous répondrons qu’au Concile, les Pères célébraient tous la messe dite de saint Pie V. Cela ne les a pas empêchés de découronner [A] Notre-Seigneur par la déclaration sur la liberté religieuse et le décret sur l’œcuménisme. D’autre part, les instituts ralliés, bien qu’attachés à la messe traditionnelle, ne combattent pas pour le Christ-Roi.
Il est important de rappeler ici qu’une des tactiques de la Révolution pour casser la résistance catholique, est de faire passer au second plan le combat pour le Christ-Roi, avant de le faire oublier (14). Nous ne disons pas que Mgr Fellay ferait cela consciemment, et même nous ne le pensons pas : la cause est ailleurs — nous y reviendrons. En tous cas, le résultat est là, et c’est très grave car, le découronnement de Notre-Seigneur étant la cause de tous les malheurs actuels de ce monde, selon les dires des papes, il fallait que des voix continuent à le dire sur cette terre, et des voix de successeurs des apôtres. Maintenant, ces voix se sont tues.
2. La distinction entre « la Rome éternelle » et « la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante » — qui est la charte de combat de Mgr Lefebvre (15) — est effacée
2. 1. Le discours tenu dans la Tradition jusqu’en 2013
Depuis, au moins, sa Déclaration du 21 novembre 1974 — qui est vraiment la charte du combat de la Tradition — Mgr Lefebvre a toujours fait la distinction entre l’Église catholique et une Église conciliaire apparue depuis Vatican II, terme d’ailleurs forgé par la Rome conciliaire elle-même (16) :
Cette Église conciliaire [représentée par la hiérarchie actuelle] est une Église schismatique parce qu’elle rompt avec l’Église catholique de toujours. Elle a ses nouveaux dogmes, son nouveau sacerdoce, ses nouvelles institutions, son nouveau culte, déjà condamnés par l’Église en maints documents officiels et définitifs. […] Cette Église conciliaire n’est donc pas catholique. Dans la mesure où le pape, les évêques, les prêtres ou les fidèles adhèrent à cette nouvelle Église, ils se séparent de l’Église catholique. L’Église catholique d’aujourd’hui n’est la véritable Église que dans la mesure où elle continue et fait corps avec l’Église d’hier et de toujours. La norme de la foi catholique, c’est la Tradition (17).
Je trouve personnellement très dangereux et presque pervers de désigner la secte Conciliaire comme une « Église schismatique » à l’instar de l’église Orthodoxe par exemple ? Car sur le plan dogmatique et rituel, cela génère des implications gravissimes quant à la perception de cette « Église » (avec É majuscule en plus !). Cela en dit long sur l’état d’esprit réel des soi-disant opposants et de leurs compères d’en face ! Là encore la cohérence avec les erreurs de base me semble évidente. Et l’on voit que certaines phrases non ambigües (mises en gras par nos soins) tirées des ouvrages de Mgr Lefebvre ne suffisent guère à modérer ces outrages langagiers !… Cela porte un nom : la dissonance cognitive ! Si Mgr L. en a été la victime plus ou moins consentante, c’est qu’il y avait des raisons et ces raisons sont sans doute à chercher en amont dans sa vie de prêtre et d’archevêque. On ne répétera jamais assez à quel point nos vies terrestres sont des empreintes de cire de tout ce que nous fûmes, de tout ce que nous sommes et de tout ce que nous serons. Le Christ, dans toute Sa Gloire du Ciel, à la droite du Trône de Son Père, garde pour l’éternité les stigmates glorieux de Sa Sainte Humanité lors de Sa Crucifixion.
Je pense qu’à la prochaine rencontre, c’est moi qui leur poserai des questions : « Quelle Église êtes-vous ? À quelle Église avons-nous affaire ? Moi, je voudrais savoir si j’ai affaire à l’Église catholique ou si j’ai affaire à une autre Église, à une contre-Église, à une contrefaçon de l’Église ? » Or je crois sincèrement que nous avons affaire à une contrefaçon de l’Église et non pas à l’Église catholique. […] Ce n’est plus l’Église catholique (21 juin 1978).
Mgr Fellay pose-t-il ces questions lorsqu’il se rend à Rome ?
Cette notion d’Église conciliaire, d’un pape qui est à la tête de deux Églises, n’est d’ailleurs pas propre au seul Mgr Lefebvre. Citons Mgr de Castro-Mayer :
Le monstre à deux têtes (un “pape pour 2 églises” !!!) n’est là que comme leurre diabolique pour amoindrir s’il se peut le Nullam Partem absolu entre les deux « églises »…
Depuis le Concile, existe une nouvelle Église, essentiellement distincte de celle connue, avant le Concile, comme l’unique Église du Christ (18).
Abus de langage ! une « église » ne peut être nouvelle si elle est distincte car en ce cas sa genèse n’est pas libre mais rattachée à l’église-mère qui n’est donc plus unique puisqu’elle met bas une autre « église » qu’elle !!! Le manque de rigueur dans le langage de nos pontifes a eu des conséquences dont on ne découvre les dangers que depuis peu de temps… Les autres (prêtres, religieux, théologiens) n’ont fait que s’aligner ensuite sur ce langage……
Si la nouvelle église (!) était d’ailleurs si distincte que ça, les leurres n’auraient pu jouer aussi bien leur rôle dans l’enrôlement des masses fascinées par le conciliabule…
Il faudrait aussi mentionner le père Calmel O.P. (19), Jean Madiran (20), Gustave Corçao (21), le père Bruckberger O.P. (22), l’abbé Lorans (23).
2. 2. Le nouveau discours depuis février 2013
Tout a changé à partir de février 2013, par un article du Courrier de Rome où M. l’abbé Gleize, professeur de dogme au séminaire d’Écône, développait une thèse (nouvelle) disant que ce que l’on appelle « l’Église conciliaire » (terme employé la première fois par Mgr Benelli), était en fait un esprit libéral et moderniste qui a pénétré l’Église à l’occasion du concile Vatican II, une maladie affectant le corps de l’Église, plutôt qu’une société organisée. [B]
Lorsqu’on veut désincarner l’Église du Christ… en parlant d’esprit et de maladie (des virus ?) on arrive à coup sûr à parler de « MYSTÈRE » ! C’est pratique, ça empêche de chercher une solution catholique : on se défausse sur Dieu en Personne…tout en souhaitant secrètement que ce soit les hommes qui trouvent la solution ! Par contre on prend à l’avance la caution des théologiens…pour un avenir incertain !!!
Bien sûr cette question d’un pape présidant à la destruction de l’Église est un grand mystère ; et il n’est pas interdit aux théologiens d’y réfléchir, d’en débattre entre eux. (!!!) Disons tout de suite que, gardant la ligne prudente de Mgr Lefebvre, nous réprouvons la solution sedevacantiste.
« Ligne prudente »…« réprobation »…les mots sont forts et ne sont pas choisis au hasard : il faut toujours rester dans la cohérence interne doctrinale propre à la F$$PX.
Mais ce qui est troublant, c’est d’abord que Mgr Fellay n’a plus aujourd’hui le même discours que Mgr Lefebvre à ce sujet.
Dans sa lettre aux trois évêques, du 14 avril 2012, Mgr Fellay écrivait :
À vous lire, on se demande sérieusement si vous croyez encore que cette Église visible dont le siège est à Rome est bien l’Église de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Mgr Fellay identifie clairement « l’Église visible dont le siège est à Rome » avec « l’Église de Notre-Seigneur Jésus-Christ ».
Autre exemple, dans un sermon donné à Flavigny le 2 septembre 2012, il disait :
La foi en l’Église nous oblige à professer ce que nous disons dans le Credo :
« Je crois en l’Église une, sainte ». Nous le disons, et nous ne parlons pas d’une Église en l’air !
Nous parlons de l’Église qui est là, réelle, devant nous, avec une hiérarchie, avec un pape. Ce n’est pas le fruit de notre imagination : l’Église est là, elle est réelle : l’Église catholique romaine. Nous disons, et nous devons professer cette Église comme étant sainte, comme étant une, car la foi nous y oblige.
C’est l’Église qui donne cette foi qui nous demandons au baptême, et l’Église d’aujourd’hui ! C’est l’Église d’aujourd’hui qui sanctifie. Quand on dit Extra Ecclesiam nulla salus (en dehors de l’Église, il n’y a pas de salut), c’est bien de l’Église d’aujourd’hui que nous parlons. C’est absolument certain. Il faut le tenir.
Même discours dans son sermon à Arcadia (Californie) le 10 mai 2015 :
Quand nous parlons de l’Église catholique, nous parlons de l’Église qui est en face de nous, qui est l’Église visible dont la tête est le pape, pour qui nous prions.
Je suis désolé, mais quitte à me faire « excommunier » par tous les bien-pensants, je soutiens que Mgr Fellay est cohérent non seulement avec sa prétendue ligne mais aussi avec celle de Mgr Lefebvre !!! Les opposants dont les arguments peuvent à première vue sembler se rapprocher de nos considérations et analyses « semper idem », manœuvrent en fait pour échapper à cette dissonance cognitive qui est inhérente à la « doctrine fraternelle » : la meilleure preuve en est, c’est qu’ils se sentent toujours obligés de déclarer qu’ils réprouvent la solution sédévacantiste ! Une chatte ne fait pas des chiots !!!
L’ambiguïté est ici à son maximum.
Pour vous messieurs, car ne pas dire cela c’est remettre en question toute votre raison d’être et d’exister !!!
Bien sûr que le pape est pape, mais quand il réunit les fausses religions à Assise, ce n’est pas au nom de l’Église qu’il peut prétendre le faire, et ce n’est pas ainsi qu’il donne la foi et sanctifie. Il conduit au contraire les âmes à l’apostasie. Le pape qui réunit les fausses religions à Assise n’est pas l’Église sainte. Mgr Lefebvre disait plus simplement : c’est l’Église conciliaire. Il précisait même :
Rome a perdu la foi. Rome est dans l’apostasie. […] On ne peut plus avoir confiance dans ce monde là. Il a quitté l’Église, ils ont quitté l’Église, ils quittent l’Église. C’est sûr, sûr, sûr (24).
Répéter comme des mantras ces affirmations n’a malheureusement pas permis de faire avancer d’un iota le schmilblick fraternel ! Mgr avait déjà cette dissonance cognitive dans sa tête car il était d’une génération parfaitement incapable intellectuellement (et affectivement ?) d’assumer, même en rêve, la possibilité que l’Église puisse être éclipsée !
Les choses se sont-elles améliorées à tel point que ces paroles de Mgr Lefebvre ne pourraient plus s’appliquer à la Rome actuelle ? Loin de là : elles se sont considérablement aggravées !
Le changement de discours est radical et spectaculaire. Il n’est que de relire ce que publiait l’abbé Gleize dans Nouvelles de Chrétienté, bulletin de la Maison Généralice de la Fraternité Saint-Pie X, numéro de mai/juin 2005 :
Prenons garde à ne pas confondre aujourd’hui « Église visible » et « Église officielle », c’est-à-dire appareil hiérarchique investi par la nouvelle pensée de Vatican II. L’Église visible, c’est la Tradition. […] Tandis que l’Église officielle, c’est une secte, une idéologie, celle du modernisme, qui a investi les postes de pouvoir dans l’Église et qui se donne l’apparence trompeuse de l’Église.
Mgr Lefebvre avait d’ailleurs clairement mis en garde contre cette confusion :
Ces derniers temps, on nous a dit qu’il était nécessaire que la tradition entre dans l’Église visible. Je pense qu’on fait là une erreur très grave. […] C’est se tromper en assimilant Église officielle et Église visible. Nous appartenons bien à l’Église visible, à la société des fidèles sous l’autorité du pape, car nous ne récusons pas l’autorité du pape mais ce qu’il fait. […] Sortir, donc, de l’Église officielle ? Dans une certaine mesure, oui évidemment (25).
La dissonance cognitive est ici parfaitement évidente et ses ravages tout autant !
Dissocier l’Église visible de l’Église officielle est une vue d’un esprit qui s’égare, faute de boussole en état de marche !… Dissocier l’autorité du « pape » de ce qu’il fait en tant que « pape » relève également de la déstructuration intellectuelle caractérisée ! L’impasse (voie sans issue) est le fruit obligatoire et gâté de ce genre de raisonnement ! Si Mgr Lefebvre avait quelques circonstances atténuantes vu son passé et son âge avancé, ses successeurs et collaborateurs n’en eurent guère…
Le « dans une certaine mesure » révèle d’ailleurs très bien l’errance intellectuelle profonde de tous ces milieux dits de tradition et leurs contradictions.
Mais il faut aller encore plus loin :
2. 3. Mgr Fellay impose le nouveau discours dans la Tradition
Non seulement Mgr Fellay a changé de langage, mais il interdit de garder le même discours que Mgr Lefebvre. Nous en avons fait l’expérience :
* Tout d’abord, en avril 2013, les Dominicains d’Avrillé ont publié une Lettre aux amis et bienfaiteurs rappelant tout simplement ce qui avait été dit jusqu’ici sur l’Église conciliaire par les défenseurs de la Tradition. Cette lettre n’a posé aucune difficulté à M. l’abbé de Cacqueray. Mais quand elle a été traduite en anglais pour les amis anglophones du couvent (26), M. l’abbé Rostand, alors supérieur de District des États-Unis (27), envoyait la note suivante à ses prêtres le 14 septembre 2013 :
Cette lettre défend une thèse sur l’Église conciliaire que la dissidence a utilisée dans le passé contre la Fraternité. Dans un remarquable article, l’abbé Gleize a développé une position tout à fait différente (Courrier de Rome, février 2013). Je ne vois aucun inconvénient à ce qu’il y ait des discussions théologiques entre théologiens, mais je suis opposé à ce qu’on mette nos fidèles dans une situation dialectique, et pour cette raison je demande que ces lettres soient enlevées de vos tables de presse et ne soient pas distribuées aux fidèles.
Gardez cette note confidentielle, et supprimez les lettres aussi discrètement que possible pour éviter toute dialectique.
L’Abbé Rostand, en bon pasteur soucieux de la santé mentale de ses brebis, sait pertinemment que la Fraternelle Société est par nature toxique pour les esprits peu rompus à la dialectique : c’est pourquoi il veut en prémunir d’autorité ses fidèles… Où l’on voit que le fameux cléricalisme des clercs de la F$$PX n’a été souvent que le paravent pour celer aux fidèles la triste réalité. Assistez à la messe, confessez-vous, communiez, soyez de bons cathos… payez ! nous on s’occupe de tout le reste ! Surtout ne vous mêlez pas du travail des clercs ! Ce n’est pas de votre compétence. Malheur aux laïcs qui auraient l’impudence de penser par eux-mêmes !!!… leur compte est réglé d’avance !
Nous ne savons pas ce que la « dissidence » a pu dire aux États-Unis. En tous cas la « thèse » controversée n’est que le discours employé dans la Tradition depuis le début de son existence. On voit clairement ici que ce discours n’est plus permis en raison d’une thèse nouvelle émise par M. l’abbé Gleize.
Rencontré au séminaire de Flavigny le 18 décembre 2013, Mgr Fellay a confirmé aux Dominicains qu’il approuvait l’interdiction de M. l’abbé Rostand.
* Mgr Tissier de Mallerais répondit à l’abbé Gleize dans un article qu’il a voulu publier dans Le Sel de la terre 85 (28), concluant, à partir des textes de Mgr Lefebvre, que — le pape restant le pape — l’Église conciliaire est une véritable organisation possédant ses dogmes (nouveaux), son sacerdoce, son culte, son droit canon, etc. Il s’agit d’une contrefaçon d’Église menée par une secte de dirigeants. L’Église catholique, quant à elle, est réduite aux fidèles, prêtres et évêques ayant gardé la vraie foi.
Cependant, dans le même entretien du 18 décembre 2013 à Flavigny, Mgr Fellay a reproché aux Dominicains d’avoir publié cet article de Mgr Tissier dans Le Sel de la terre. Il a même ajouté que Mgr Tissier s’était finalement rallié à la nouvelle thèse de l’abbé Gleize. Passé à Avrillé en juin 2014, Mgr Tissier a dit qu’il n’avait pas changé d’opinion, et qu’il tenait toujours ce qu’il avait écrit dans son article et qui reflète la pensée de Mgr Lefebvre. Au début de l’année 2015, il a d’ailleurs donné la permission de traduire cet article en anglais pour une plus grande diffusion (29).
Admirable, non ? Ces revirements et changements vous offusquent et vous scandalisent ? Vous auriez bien tort !!! Car les exigences de la dialectique interne sont souveraines et nul ne subsiste dans une société qui ne veillerait pas jalousement sur ses propres règles (même complètement tordues !)
2. 4. Les conséquences du nouveau discours sur l’Église
On ne peut reprocher à personne d’être troublé par le nouveau langage.
Est-il sans conséquences ?
M. l’abbé Pflüger, premier Assistant de Mgr Fellay, a franchi le pas (30). Dans un entretien accordé à Dici le 16 octobre 2012, il disait :
Nous souffrons d’un défaut du fait de notre irrégularité canonique. Ce n’est pas seulement l’état de l’Église postconciliaire qui est imparfait, le nôtre l’est aussi. L’obligation d’œuvrer activement pour surmonter la crise ne peut être contestée, et cette œuvre commence chez nous en voulant surmonter notre état canonique anormal (31).
Vous saisissez ? L’Abbé Pflüger est un petit malin ! Il veut le beurre et l’argent (canonique) du beurre !!! Car c’est par le biais du statut qu’on se rapproche en une allégeance honteuse de ceux qui ont le pouvoir aux yeux du monde ! Si Mgr L. semblait devoir dire le contraire, il laissait la porte grande ouverte à ses successeurs puisqu’il entretenait l’ambigüité mortifère d’une Église dans laquelle il fallait absolument rester ! mais quand on s’évertue à reconnaître l’autorité et la légitimité d’une telle “É”glise, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait grand trouble et grande confusion dans la tête des prêtres, des séminaristes et des simples fidèles ! Alors oui, la question canonique devient secondaire, le plus important étant de rester dans « l’Église » ! L’attente réitérée de la fameuse « conversion » montrant la limite intrinsèque d’une telle posture…
Donc, pour le premier Assistant de Mgr Fellay, la première chose à faire actuellement, dans cette crise qui n’en finit pas, consiste à chercher un statut canonique dans l’Église conciliaire. C’est aller exactement à l’inverse de ce que Mgr Lefebvre ne cessait d’affirmer :
La question canonique, purement extérieure, publique, dans l’Église, est secondaire. Ce qui est important, c’est de rester dans l’Église, c’est-à-dire dans la foi catholique de toujours et dans le vrai sacerdoce, et dans la véritable messe, et dans les véritables sacrements, dans le catéchisme de toujours, avec la Bible de toujours. C’est cela qui est l’Église. D’être reconnus publiquement, c’est secondaire (32).
C’est donc un devoir strict, pour tout prêtre voulant rester catholique, de se séparer de l’Église conciliaire tant qu’elle ne retrouve pas la Tradition du Magistère de l’Église et de la foi catholique (33).
Face à la nouvelle argumentation de M. l’abbé Pflüger, Mgr Tissier esquissera une protestation dans son sermon des ordinations sacerdotales le 29 juin 2013 à Écône, Mgr Fellay étant présent :
Nous ne sommes pas dans une situation anormale, mais dans une situation exceptionnelle.
L’« anormalité », l’« exceptionnel » sont des concepts utiles pour – avec l’arbre de la lettre cacher la forêt de « l’esprit » !!! Si Mgr joue ainsi avec les mots c’est que la doctrine et la posture cléricale l’y invitent…
Nous pensons en effet qu’il est normal et très méritoire de désobéir à la lettre du Droit canon pour obéir à son esprit et garder la vraie foi. Dans la situation actuelle — exceptionnelle s’il en est — c’est une attitude nécessaire. Il n’y a rien d’anormal de notre côté. C’est une réaction saine de survie.
Relisons encore Mgr Lefebvre :
On peut dire que ces personnes qui sont à Rome sont des anti-Christ. Nous n’avons pas à nous préoccuper des réactions de ces gens-là, nous n’avons pas affaire à des gens honnêtes (34).
Sans doute l’honnêteté est importante en matière intellectuelle, mais ne s’agit-il pas ici de quelque chose de beaucoup plus grave encore et qui touche directement à la foi ? La foi anti-Christ est une foi inversée, c’est celle de l’Enfer !
Passons à un autre point non moins important :
3. Le silence sur les scandales de Rome
3. 1. Le douloureux mais nécessaire devoir de mettre en garde les fidèles contre les errements des successeurs de Pierre
Dans un ouvrage intitulé 1962, Révolution dans l’Église, don Andrea Mancinella, prêtre de l’Église officielle qui a rejoint le combat de la Tradition, répond à la question suivante : devait-il, dans son livre, se borner à attaquer les errements des évêques sans mentionner le pape ? En d’autres termes : est-il permis à un catholique de s’en prendre à la personne du pape ?
La réponse est : NON !
Le fait est qu’on ne pouvait pas faire autrement, répond don Mancinella. Nous y avons été contraint pour une raison très simple que l’on peut résumer en quelques mots : le pape n’est pas un évêque quelconque, mais le vicaire du Christ. C’est lui qui guide l’Église militante tout entière. […]
Que l’on pense alors à ce que pourrait provoquer une éventuelle accession au siège de Pierre de papes imprégnés d’une théologie erronée, déjà condamnée par l’Église (chose que Dieu peut très bien permettre comme punition de nos péchés) ? Eh bien ! ce sera une catastrophe pour l’écrasante majorité des âmes, qui continueront à le suivre même là où il ne faudrait pas, jusqu’à risquer de perdre leur foi et leur salut éternel. […]
Et qui seront responsables en grande partie de cet état de fait ? Tous ceux qui n’auront pas dénoncé d’autorité ces imposteurs de la foi catholique.
D’où le nécessaire – bien qu’ingrat – devoir de mettre en garde clergé et fidèles pour qu’ils ne se laissent entraîner sous aucun prétexte dans l’abîme par l’« esprit du Concile » et par ses nouvelles doctrines (35).
Bien sûr, lorsqu’il s’agit d’hommes d’Église, il est nécessaire de garder le respect qui leur est dû afin de ne pas porter atteinte à leur fonction.
Cette notion de « respect » n’est que le faux-nez que la F$$PX prend soin de mettre sur le visage du cléricalisme…
Mgr Lefebvre n’a jamais insulté le pape ou les évêques. Mais il mettait en garde publiquement contre eux.
Là nous touchons le sublime de la pensée tordue cléricale ! C’est ce que j’appelle le nœud gordien de la tradition. Le principe de non-contradiction est mis à mal et ouvertement bafoué ! Pourquoi ? Uniquement à cause d’une ambigüité mortelle du vocabulaire employé… Si le Pape est vraiment Pape, on ne peut en effet l’insulter dans l’exercice de ses fonctions de Souverain Pontife et encore moins mettre en garde contre le Successeur de ST Pierre, sauf si c’est un imposteur qui est hors de l’Église… Les amis de nos ennemis sont nos ennemis et tous ceux qui détruisent l’Église ou cherchent à La détruire ne peuvent être considérés comme catholiques ! On se demande alors de quelle autorité ils peuvent bien jouir au sein de l’institution dont ils se réclament… Car sans la foi et sans l’autorité de Pierre, l’Église de catholique qu’elle était devient une secte parmi tant d’autres, même et surtout si elle en garde les oripeaux……
Il suffit, par exemple, de réécouter ses sermons [censurés] du 29 juin à l’occasion des ordinations à Écône :
Nous sommes obligés de constater que, depuis quinze à vingt ans, ceux qui sont dans les plus hautes instances de l’Église — le Saint-Siège et le Vatican lui-même — nous détournent de la foi catholique, deviennent des amis de nos ennemis. Que reste-t-il de l’Église catholique aujourd’hui ? (36)
Nous savons à qui nous avons affaire maintenant. Nous savons parfaitement que nous avons affaire à une main diabolique qui se trouve à Rome et qui demande, par obéissance, la destruction de l’Église. […] Je crois que j’ai le droit de demander à ces messieurs qui sont derrière ces bureaux qu’ont occupés des cardinaux qui étaient tout à fait de saintes gens et qui étaient des défenseurs de l’Église et de la foi catholique, il me semble que j’aurai le droit de leur demander : « Êtes-vous l’Église catholique ? À qui ai-je affaire ? » Si j’ai affaire avec quelqu’un qui a un pacte avec la franc-maçonnerie ? Est-ce que j’ai le droit de parler avec ces gens-là ? (37)
Non Mgr, mais vous semblez attendre une réponse, même si vous savez qu’elle ne viendra jamais, et là est le vrai problème…
Trop souvent, maintenant, la Maison Généralice nous présente ces gens qui sont à Rome comme des personnes très honorables. Avant de parler au cardinal Müller, par exemple, n’aurait-il pas fallu lui demander ce qu’il pense de la virginité de la sainte Vierge, par exemple, et refuser de parler avec lui s’il ne professe pas la foi catholique à ce sujet ? Écoutons par exemple ce que Mgr Lefebvre disait en sermon du cardinal Béa :
Le cardinal Béa a eu des contacts officiels, connus de tout le monde, avec la franc-maçonnerie de New York, avec le B’nai B’rith ; et ces juifs franc-maçons lui ont demandé d’introduire à l’intérieur de l’Église la liberté des religions (38).
Dans ses écrits, Mgr Lefebvre n’était pas moins clair. Ainsi, dans le prologue de son Itinéraire Spirituel, on lit :
Jean-Paul II est avant tout un politicien philo-communiste au service d’un communisme mondial à teinte religieuse.
Nous pourrions aligner ainsi la plupart des sermons, conférences publiques, écrits de Mgr Lefebvre.
[Non ! ils sont censurés… nous en avons fait l’amertume expérience…] À vouloir trop démontrer, on ne démontre rien du tout ! les faits sont têtus et les paroles ne suffisent pas à les contredire…
Il faudrait aussi mentionner les deux déclarations faites avec Mgr de Castro-Mayer, et rendues publiques lors de conférences de presse :
* Lettre ouverte au pape Jean-Paul II, du 9 décembre 1983 ;
* Mise en garde, du 31 août 1985.
Mgr Lefebvre avait transmis tout ce qu’il avait reçu. Tout l’héritage du père Le Floc’h (39), du Séminaire [Français de Rome], toute son expérience, il les avait transmis dans la Fraternité, et ça continue à marcher, mais à condition que nous continuions avec le même esprit de combat. Il n’est pas question de rendre les armes en pleine bataille ; nous n’allons pas chercher l’armistice alors que la guerre fait rage, avec Assise III ou IV, avec la béatification d’un faux bienheureux, le pape Jean-Paul II — une chose fausse, une fausse béatification, et l’exigence sans cesse rappelée par Benoît XVI d’accepter le Concile et les réformes, et le magistère d’après le Concile (40).
3. 2. Le silence des successeurs de Mgr Lefebvre
La situation à Rome s’est considérablement détériorée depuis Mgr Lefebvre.
Cependant, nous n’entendons plus guère un langage comme le sien. On peut même se demander si beaucoup de traditionalistes d’aujourd’hui le supporteraient.
Voilà qui est très révélateur de la mentalité traditionaliste !
Le bulletin DICI, organe officiel de la communication dans la Fraternité Saint-Pie X, cite toujours les actes les moins mauvais du pape, jamais les scandales. Or, attaquer Rome est nécessaire pour maintenir les grandes vérités de la foi ; sinon, on fausse le combat (41).
Attaquer ne veut rien dire et même fait le jeu de l’ennemi car ce qui importe pour EUX c’est qu’à aucun prix l’on ne puisse nier leur autorité.
Cette orientation de DICI perdure malgré les nombreuses protestations venues régulièrement des rangs de la Fraternité (42).
Le 27 octobre 2011, lorsque le pape Benoît XVI a renouvelé le scandale d’Assise, aucun communiqué n’est venu de Menzingen pour protester contre une telle abomination (43). Ce silence est d’autant plus surprenant qu’en 2002 Mgr Fellay avait reproché au clergé de Campos (Brésil) de n’avoir pas réagi publiquement lorsque Jean-Paul II avait organisé la même réunion dans la cité de saint François (ce clergé venait de se rallier à la Rome conciliaire) :
Il faut bien distinguer un manque à la vertu de foi elle-même d’un défaut dans la confession publique de la foi qui est nécessaire dans certaines circonstances comme l’a si bien rappelé Mgr de Castro Mayer le jour des sacres [de 1988]. Or une prévarication comme celle d’Assise réclame cette confession publique… que nous n’avons pas entendue venant de Campos (44).
Sans doute que Mgr Fellay est lassé de répéter toujours les mêmes choses ou alors il a en très haute estime le niveau intellectuel de ses ouailles…… Ceci expliquant cela !!!!
Même silence épiscopal lors des fausses « canonisations » de Jean XXIII et de Jean-Paul II. Mgr Fellay ne les a critiquées qu’auprès des amis et bienfaiteurs de la Fraternité, en disant seulement qu’elles « posent des problèmes à la conscience des catholiques » (45), et sans même dire que ces canonisations étaient invalides. Rien d’autre n’est venu de Menzingen. Le jour même de ces pseudo-canonisations, Mgr Tissier de Mallerais célébrait une messe pontificale au noviciat des religieuses de la Fraternité à Ruffec.
Eh bien ! où est le problème ? les fidèles étaient dans leur rôle d’ « actes concrets » pendant que les supérieurs cogitaient sur les problèmes posés à la conscience (!) en bons clercs compétents soucieux de ne pas traumatiser davantage le troupeau de brebis !!!…
Dans le sermon, il n’y eut pas même un mot sur ce qui se passait au même moment à Rome.
Des millions de catholiques ont été trompés dans le monde entier, et pas une seule voix épiscopale ne s’est fait entendre en public pour protester. Que reste-t-il de l’Église ? C’est dramatique.
Dans Cor Unum de novembre 2013 (p. 8-9), revue interne des prêtres de la Fraternité, Mgr Fellay écrivait d’ailleurs :
Je demande aux supérieurs de faire respecter la nécessité de demander une autorisation avant toute déclaration sur les questions romaines.
Jamais Mgr Lefebvre n’avait édicté pareille mesure.
Mais que faites-vous Messieurs, de la conscientisation progressive d’un clergé traditionaliste ? laisseriez-vous aux seuls conciliaires le bénéfice et le privilège d’une telle avancée ?
Mgr Fellay semble avoir mis le point final dans le combat contre les scandales de l’Église conciliaire, dans son sermon à Arcadia en Californie le 10 mai 2015 :
Quand nous voyons le pape, des cardinaux, des évêques, dire des choses mauvaises, ne sommes-nous pas prêts à les critiquer rapidement ? Mais pensez-vous que cela les aidera ? Une prière pour eux les aidera davantage.
D’où vient ce changement ?
Mgr a pris sans doute conscience de la déraison de certaines postures : il tente donc d’y remédier…à sa manière !
— Il y a d’abord un processus psychologique évident : lorsqu’on cherche à obtenir une faveur de quelqu’un, on diminue les critiques à son égard.
Que voilà de la bonne logique ! Surtout si, comme on le dit juste après, la demande vient de ceux-là même contre lesquelles on s’acharne… C’est alors qu’on devient charitable afin d’obtenir le pardon mutuel… Vous savourerez en passant, chers lecteurs, le verbe diminuer qui vaut son pesant de pain bénit !!!!
— Ensuite, ce changement semble venir d’une demande du Vatican lui-même. Dans une conférence à ses prêtres donnée au séminaire de Winona (USA) en février 2015, Mgr Fellay a confié :
Rome souhaite que nous attaquions moins ; et je suis d’accord. (allons ! ne riez pas…trop fort !)
Mais le simple fait de ne plus dénoncer les scandales de Rome, ou de ne plus le faire que timidement et sous la pression des fidèles et des prêtres inquiets, en évitant de s’attaquer nommément au pape, fait ressembler de plus en plus la Tradition aux communautés ralliées qui ont abandonné le combat de la foi. Ce que Mgr Fellay avait reproché aux prêtres de Campos s’applique de plus en plus à la Fraternité :
Une attitude de duplicité implicite est devenue comme la norme. […] On souligne les points du pontificat actuel qui paraissent favorables, on passe sous un révérencieux silence ce qui ne va pas. On pourra dire tout ce que l’on voudra : le 18 janvier 2002 à Campos, il n’y a pas eu seulement une reconnaissance unilatérale de Campos par Rome, mais il y a une contrepartie : la complicité du silence. […] Ainsi, petit à petit, le combat s’estompe, et on finit par s’accommoder de la situation. À Campos même, tout ce qui est positivement traditionnel est conservé, certes, donc les fidèles ne voient pas de changement, sauf les plus sagaces qui remarquent la tendance à parler davantage et respectueusement des déclarations et événements romains actuels en omettant les mises en garde d’autrefois et les déviations d’aujourd’hui (46).
Que d’aveux en quelques lignes ! Nous sommes ravis d’apprendre que c’est sous la pression des fidèles (ignorants, of course!) et grâce aux prêtres INQUIETS (= ils n’ont rien compris à la praxis !) que la duplicité est dénoncée comme une possibilité de glissement vers le ralliement. Il est vrai que d’autres communautés, ayant sans doute fait de meilleures études, ont franchi le pas bien plus tôt, puisque tous ont en commun une même finalité : le ralliement à Rome (redevenue catho par la grâce de leur conversion !) en vertu des bons soins de la « traditionquiagardélafoietlamesse » (ouf !) ? Ils divergent en fait sur la seule date de la conversion !!! Il y a ceux qui anticipent, ceux qui l’ont déniché et ceux qui, comme la F$$PX, ergotent et patientent pour avoir l’exclusivité du Grand Œuvre !
4. Les relations avec la Rome conciliaire :
un accord pratique peut-il être envisagé sans un accord doctrinal ?
4. 1. La position de Mgr Lefebvre et de la Fraternité jusqu’au Chapitre de 2012
Mgr Lefebvre avait clairement expliqué au cardinal Ratzinger pourquoi nous ne pouvions nous entendre avec la Rome conciliaire :
Éminence, même si vous nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, si vous nous accordez de continuer les séminaires et la Fraternité comme nous le faisons actuellement, nous ne pourrons pas collaborer, c’est impossible ; parce que nous travaillons dans des directions diamétralement opposées : vous, vous travaillez à la déchristianisation de la société, de la personne humaine, de l’Église. Nous, nous travaillons à la christianisation. On ne peut pas s’entendre. Vous venez de me dire que la société ne peut pas être chrétienne (48).
Mais pour Mgr Lefebvre, le problème n’était pas seulement celui d’une collaboration impossible. Il ne s’agirait pas en effet d’une collaboration entre égaux : un accord nous mettrait surtout sous une autorité moderniste, et c’est cela qui était le plus grave pour Monseigneur, et qu’il reprochait à toutes les communautés ralliées, quelles que soient leurs nuances :
On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ! Mgr L. n’aimait pas les omelettes ! les ralliés, si ! Nous sommes en France, pays phare de la gastronomie…
Ce transfert d’autorité, c’est cela qui est grave, c’est cela qui est excessivement grave. Il ne suffit pas de dire : « On n’a rien changé dans la pratique » (49). C’est ce transfert qui est très grave, parce que l’intention de ces autorités, c’est de détruire la Tradition (50).
Peut-on y voir ici un procès d’intention ?!
Nous éprouvons la nécessité absolue d’avoir des autorités ecclésiastiques qui épousent nos préoccupations et nous aident à nous prémunir contre l’esprit de Vatican II et l’esprit d’Assise (51).
Ce ne sont pas les sujets qui font les supérieurs, mais les supérieurs qui font les sujets (52).
Cette dernière phrase de Mgr Lefebvre est capitale. Lorsqu’il y eut la levée des « excommunications » des évêques de la Fraternité — qui pouvait être un pas important vers une reconnaissance canonique — le pape Benoît XVI, pour rassurer les évêques du monde entier, leur fit part de sa constatation :
Moi-même j’ai vu, dans les années qui ont suivi 1988, que, grâce au retour de communautés auparavant séparées de Rome, leur climat interne a changé ; que le retour dans la grande et vaste Église commune a fait dépasser des positions unilatérales et des durcissements, de sorte qu’ensuite en ont émergé des forces positives pour l’ensemble (53).
Le durcissement, voilà l’ennemi !!!!! (arrêtez de rire bêtement !)
Mgr Lefebvre avait donc été d’une grande prudence lorsqu’il écrivait, dans sa lettre aux futurs évêques avant les sacres de 1988 :
Je vous conférerai cette grâce [de l’épiscopat], confiant que sans tarder le Siège de Pierre sera occupé par un successeur de Pierre parfaitement catholique en les mains duquel vous pourrez déposer la grâce de votre épiscopat pour qu’il la confirme (54).
Le don de prophétie n’est pas donné à tout le monde…la preuve !
Ce fut la position officielle de la Fraternité jusqu’en 2012, confirmée par exemple par le Chapitre Général de 2006 :
Les contacts que [la Fraternité] entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour seul but de les aider à se réapproprier la Tradition que l’Église ne peut renier sans perdre son identité, et non la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible « accord » purement pratique. Le jour où la Tradition retrouvera tous ses droits, « le problème de la réconciliation n’aura plus de raison d’être, et l’Église retrouvera une nouvelle jeunesse » (55).
AIDER en matière de foi, c’est CONVERTIR ! Curieux ces autorités romaines qui ont besoin d’être aidées…ça fait désordre ne trouvez-vous pas ?
Mgr Fellay avait expliqué cette position dans la revue Fideliter de mai-juin 2006, et ces propos condamnent radicalement la nouvelle orientation prise à partir de 2012 :
Il est impossible et inconcevable d’envisager des accords avant que les discussions [doctrinales] n’aient abouti à éclairer et corriger les principes de la crise. […] Nous ne signerons pas d’accord si les choses ne sont pas résolues au niveau des principes. […] Nous ne pouvons pas nous permettre des ambiguïtés (56). Le problème de vouloir faire des accords rapidement, c’est que forcément ils seraient bâtis sur des zones grises, et qu’à peine signés la crise resurgirait violemment de ces zones grises. Il faudra donc, pour résoudre le problème, que les autorités romaines manifestent et expriment de façon nette, en sorte que tout le monde comprenne, que pour Rome il n’y a pas 36 chemins pour sortir de cette crise, qu’il n’y en a même qu’un seul de valable : que l’Église retrouve pleinement sa propre Tradition bimillénaire. Du jour où cette conviction sera claire chez les autorités romaines, et même si sur le terrain tout est loin d’être réglé, des accords seront très faciles à réaliser (p. 40-41).
Il y eut des discussions doctrinales à Rome de 2009 à 2011, entre les théologiens de la Fraternité Saint-Pie X et les théologiens romains. De fait, ces entretiens furent un échec dans la mesure où les Romains montrèrent qu’ils ne cherchaient pas la vérité. (On ne rit pas !) La conclusion fut apportée, du côté de Rome, par Mgr Ocariz, l’un des participants aux discussions, dans l’Osservatore Romano du 2 décembre 2010 :
Au concile Vatican II, il y eut diverses nouveautés d’ordre doctrinal. […] Certaines d’entre elles ont été et sont encore l’objet de controverses en ce qui concerne leur continuité avec le Magistère précédent, c’est-à-dire leur compatibilité avec la Tradition. […] L’attitude catholique, compte tenu de l’unité du Magistère, consiste à chercher une interprétation unitaire dans laquelle les textes du concile Vatican II et les documents magistériels précédents s’éclairent mutuellement. […] Des espaces légitimes de liberté théologique demeurent, pour expliquer, d’une façon ou d’une autre, la non-contradiction avec la Tradition de certaines formulations présentes dans les textes conciliaires. […] Cette adhésion au Concile ne se présente pas comme un acte de foi, mais plutôt d’obéissance. Elle n’est pas simplement disciplinaire, mais enracinée dans la confiance en l’assistance divine au Magistère, et donc dans la logique et sous la mouvance de l’obéissance de la foi. […] En examinant le Magistère du pape et l’adhésion que lui a donnée l’épiscopat, une éventuelle situation de difficulté devrait [alors] se changer en une adhésion sereine et joyeuse au Magistère.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la question des principes, nécessaire à résoudre pour conclure quelque accord avec Rome, selon les propos mêmes de Mgr Fellay, n’est pas du tout résolue. En toute logique, cette constatation aurait dû aboutir à ce que les autorités romaines soient averties qu’aucun accord n’était envisageable, comme Mgr Lefebvre l’avait manifesté au pape Jean-Paul II en 1988 :
Nous croyons préférable d’attendre des temps plus propices au retour de Rome à la Tradition (57).
Ce ne fut pas fait et, en septembre 2011, le cardinal [abbé !] Levada, alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, présentait à Mgr Fellay un préambule doctrinal préparatoire à des accords. Il accentua sa pression dans les mois qui suivirent.
Si en « fraternelle » on patiente et on stagne, il n’en est pas de même en face : on s’active, on bosse dur et on fait tout pour ferrer le poisson !
Inquiets de l’évolution des choses, Mgr Tissier de Mallerais, Mgr de Galarreta et Mgr Williamson signèrent une lettre commune au Conseil Général de la Fraternité le 7 avril 2012 :
Depuis plusieurs mois, comme tout le monde le sait, le Conseil Général de la Fraternité Saint-Pie X considère sérieusement des propositions romaines en vue d’un accord pratique, étant donné que les discussions doctrinales ont prouvé qu’un accord doctrinal est impossible avec la Rome actuelle. […] [S’il y avait accord, le pape] nous accepterait dans le cadre du pluralisme relativiste et dialectique à condition de rester en « pleine communion » par rapport à l’autorité et envers les autres « réalités ecclésiales ». Voilà pourquoi les autorités romaines peuvent tolérer que la Fraternité continue d’enseigner la doctrine catholique, mais ils ne supporteront absolument pas qu’elle condamne la doctrine conciliaire. Voilà pourquoi un accord, même purement pratique, ferait nécessairement taire progressivement, de la part de la Fraternité, toute critique du Concile ou de la nouvelle messe. En cessant d’attaquer ces victoires de la Révolution, les plus importantes de toutes, la pauvre Fraternité cesserait nécessairement de s’opposer à l’apostasie universelle de notre lamentable époque, et elle s’enliserait elle-même. En dernière instance, qui nous garantirait de rester tels que nous sommes en nous protégeant de la curie romaine et des évêques ? Le pape ? […]
Monseigneur, messieurs les abbés, veuillez faire attention, vous conduisez la Fraternité à un point où elle ne pourra plus rebrousser chemin, à une profonde division sans retour et, si vous aboutissez à un tel accord, à de profondes influences destructrices qu’elle ne supportera point (58).
Mais oui, Messeigneurs, mais il faut savoir ce que l’on veut ! les instances dirigeantes de la F$$PX, elles, le savent bien : convertir Rome et aboutir à un accord pratique (praxis des « actes concrets ») avant que d’aboutir à un accord (?!) doctrinal, ce qui, si l’on y réfléchit bien, voudrait dire que la secte conciliaire est déjà convertie et redevenue catholique par la vertu de toutes nos éminences grises ou violettes…
4. 2. Changement d’orientation
Le 14 avril, Mgr Fellay répondit aux trois évêques en leur disant son désaccord avec cette lettre. Et le 15 avril 2012, il signait une Déclaration Doctrinale destinée à permettre un accord avec Rome et qui remettait en cause le combat que la Tradition avait mené jusqu’ici : reconnaissance de la légitimité de la promulgation de la nouvelle messe et des nouveaux sacrements, du nouveau Code de Droit Canon, reconnaissance implicite de la nouvelle profession de foi exigée par Rome de tous les supérieurs (59)
Mgr Fellay, par son désaccord, exprime bien ici toute sa cohérence avec la praxis originelle de la FSSPX. Il ne peut en être autrement puisqu’il a, lui, en charge la Fraternité et doit la conduire au but ultime pour lequel elle a été créée. D’ailleurs les Galarreta et Tissier de Mallerais ne s’y sont pas trompés: malgré leurs réticences de forme, leur silence eut ensuite valeur d’acquiescement tacite à la tactique de Mgr Fellay, successeur de Mgr Lefebvre…ce qui n’est pas rien !
(dans la mesure où elle est citée sans critique), déclaration que « le concile Vatican II éclaire, approfondit et explicite certains aspects de la vie et de la doctrine de l’Église » (n° 4).
Cette Déclaration a jeté un grand trouble dans la Fraternité. Un nouveau Chapitre Général a été convoqué en juillet 2012, qui est apparu comme un Chapitre de compromis pour sauver la structure de la Fraternité qui était sur le point d’exploser.
Chapitre de compromis, parce qu’il ne remettait pas la Tradition sur les rails solides qui avaient été les siens jusqu’au Chapitre de 2006, et parce qu’il laissait place aux nouvelles orientations qui s’étaient peu à peu mises en place dans la Fraternité au cours des années (supra), et qui avaient probablement l’aval de très nombreux membres.
Rails solides ou pas, lorsque le train est sur une voie de garage, il ne risque pas d’aller bien loin !
Ainsi, la distinction entre l’Église catholique et l’Église conciliaire n’est pas reprise, le combat pour le Christ-Roi n’est pas remis au cœur de notre action, les déviances actuelles de la hiérarchie officielle, dangereuses pour la foi, ne sont pas dénoncées et, « alors que les choses ne sont pas résolues au niveau des principes » (60), un accord pratique avec Rome n’est plus exclu, contredisant le discours que Mgr Fellay tenait encore en 2006. Le Chapitre édicte même des conditions qui permettraient un accord pratique sans accord doctrinal : des conditions sine qua non et d’autres qualifiées de souhaitables.
— La première condition sine qua non est :
la liberté de transmettre et enseigner la saine doctrine du magistère constant de l’Église et de la vérité immuable de la Tradition divine ; et la liberté de défendre, corriger, reprendre, même publiquement, les fauteurs d’erreurs ou nouveautés du modernisme, du libéralisme, du concile Vatican II et de leurs conséquences.
Mgr Fellay, Mgr Tissier de Mallerais et Mgr de Galarreta ont repris en substance, et plus brièvement, cette exigence du Chapitre de 2012 dans la Déclaration commune qu’ils ont faite un an plus tard, le 27 juin 2013, à l’occasion du 25e anniversaire des sacres épiscopaux de 1988 :
[Que Rome] nous reconnaisse explicitement le droit de professer intégralement la foi et de rejeter les erreurs qui lui sont contraires, avec le droit et le devoir de nous opposer publiquement aux erreurs et aux fauteurs de ces erreurs, quels qu’ils soient (n° 11).
Cinq jours plus tard, lors de la réunion des supérieurs des communautés religieuses à Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris, Mgr Fellay leur disait que cette exigence nous protégeait dans la mesure où elle ne pourrait être accordée que par un pape converti.
Qu’est-ce que je vous disais !!! la « conversion » est le nœud gordien de la Fraternité !
Démontrez son impossibilité radicale et il n’y aura plus de Fraternité !
On remarquera que :
* Dom Gérard, lorsqu’il avait obtenu la reconnaissance officielle de son monastère en 1988, avait exigé et obtenu du cardinal [abbé !] Ratzinger « qu’aucun silence ne soit imposé à [sa] prédication antimoderniste » (61), ce qui ne l’a pas empêché d’entrer dans le silence dès qu’il a apposé sa signature puis, avec le temps, de justifier les erreurs de Vatican II, comme l’ont fait toutes les communautés ralliées sans exception.
Dom Gérard a dû faire de bonnes études……..
* On peut aussi faire remarquer qu’avant même d’avoir signé quoi que ce soit, la Maison Généralice de la Fraternité a cessé de combattre les scandales de Rome et ce, depuis des années (supra). Cherchant à obtenir une reconnaissance, elle ne veut pas indisposer ses interlocuteurs romains par des attaques continuelles ; (encore de la bonne logique !…) ayant obtenu une reconnaissance après tant d’efforts (on ne rit pas !), elle se tairait tout autant pour ne pas la perdre : l’attaque des scandales entraînerait une levée de boucliers (au moins) des épiscopats qui mettraient Rome en demeure de faire taire la Fraternité. En 2011, un simple mouvement d’humeur du cardinal [abbé !] Levada à l’égard du communiqué très ferme et très courageux de l’abbé de Cacqueray contre la réunion d’Assise (62), a suffi pour que Menzingen ne fasse aucun communiqué contre cette réunion scandaleuse.
— Le Chapitre de 2012 avait aussi édicté des « conditions souhaitables » pour accepter un accord avec Rome. Il est ahurissant de voir que les capitulants ont pu demander « l’exemption des maisons de la Fraternité Saint-Pie X par rapport aux évêques diocésains » comme une condition seulement souhaitable.
Hélas non ! Elle met la « tradition » en adéquation avec sa praxis, tout simplement !
À la recherche d’un fil directeur
Tous ces changements ont bien une cause. Comment les expliquer ?
Il n’est pas nécessaire d’imaginer une réunion du Conseil de la Fraternité qui, un jour, aurait décidé cette nouvelle orientation.
Les choses se sont faites plutôt progressivement, en raison des contacts extrêmement fréquents avec l’Église conciliaire.
Il faut citer ici les réunions du G.R.E.C. (Groupe de Réflexion Entre Catholiques), qui ont commencé dès 1998. De 1998 à 2010, soit pendant douze années au moins (63), eurent lieu à Paris des rencontres « discrètes mais non secrètes », parfois mensuelles, entre des représentants de la hiérarchie officielle spécialement des évêques français), des responsables d’instituts Ecclesia Dei, et des membres de la Fraternité Saint-Pie X. Le but : « parler sans se fâcher des choses qui fâchent » pour favoriser la « nécessaire réconciliation » (64). Du côté de Rome, la Secrétairerie d’État fut mise au courant dès 1998 ; puis le cardinal [abbé !] Castrillon-Hoyos, président de la Commission Ecclesia Dei ; le cardinal [abbé !] Ratzinger, alors président de la Congrégation pour la doctrine de la Foi ; de nombreuses personnalités du Vatican. Lorsque le cardinal [abbé !] Ratzinger accéda au Souverain Pontificat, le GREC eut un contact direct avec le pape.
Pour comprendre quel fut l’esprit de ces réunions, il suffit de se reporter à la lettre que les responsables du GREC envoyèrent à Benoît XVI le 20 octobre 2008. Loin de supplier le pape d’accepter de remettre en cause le concile Vatican II, les responsables du GREC lui envoyèrent une lettre très ambiguë laissant entendre que c’est la Fraternité Saint-Pie X qui serait dans une situation anormale. Remerciant Benoît XVI pour le Motu Proprio de 2007 sur la messe traditionnelle (65), et sollicitant la levée des « excommunications » de 1988, ils concluaient :
en espérant que ce sera pour la Fraternité Saint-Pie X l’occasion de régulariser sa situation canonique et de pouvoir manifester ainsi sa volonté de rentrer en pleine communion avec le Saint-Père (66) (Père Lelong, p. 52).
Il est important de souligner ici que M. l’abbé Lorans faisait partie du comité directeur du GREC, servant d’intermédiaire entre ce groupement et Mgr Fellay. Il a donc dû signer cette lettre. En tous cas, il ne l’a pas désavouée.
Comment ne pas penser que douze années de conversations faites dans cet esprit n’aient fini par miner les autorités de la Fraternité ?
Il faut rajouter les voyages très fréquents de Mgr Fellay à Rome à partir de sa rencontre avec le cardinal [abbé !] Castrillon-Hoyos au jubilé de l’an 2000.
Lors de la réunion des supérieurs religieux à Saint-Nicolas du Chardonnet le 27 octobre 2011, Mgr Fellay avait rapporté ce propos d’amis qu’il avait au Vatican : « Si vous saviez ce qui se passe à Rome, vous n’iriez pas ». Sans doute aurait-il fallu appliquer ce conseil, si ce n’est à la lettre, du moins en n’y allant qu’« épisodiquement », comme disait le Chapitre de 2006.
Comme tout cela est savoureux ! La vie c’est ce qui progresse et évolue… Il y a ceux qui sont restés bloqués aux années Lefebvre comme d’autres ne supportent que les chansons des sixties ou des seventies…voire des années 80… Et puis il y a ceux qui sont à la bonne école des bons principes édictés par Mgr Lefebvre et qui entendent bien les appliquer à la situation présente et à venir… Fellay et son chapitre font partie de ceux-là ! Qui les en blâmerait ? N’ont-ils pas la même finalité ?!… Les mêmes causes doivent produire les mêmes effets, n’en déplaise à tous les rétrogrades fraternels !!! À chacun sa manière et c’est toujours ceux qui ont le pouvoir qui ont raison dans le choix de la méthode…
Ce sont ces contacts multipliés avec l’Église conciliaire, avec le désir d’une reconnaissance canonique, qui sont la cause logique des nouvelles orientations dont nous venons de parler : la doctrine du Christ-Roi qui n’est plus au cœur de notre combat, l’Église conciliaire confondue avec l’Église catholique, le silence devant les scandales de la Rome actuelle. Mais cela ne nous fait-il pas ressembler de plus en plus aux communautés ralliées ?
Le 7 avril 2012, Mgr Tissier, Mgr de Galarreta et Mgr Williamson écrivaient à Mgr Fellay : « Ne voit-on pas dans la Fraternité des symptômes d’amoindrissement dans la confession de la foi ? »
Les nominations aux postes de responsabilité de la Fraternité ne cessent d’accentuer cette tendance, puisque les partisans du nouvel esprit se retrouvent à la plupart des postes-clefs.
Au fond, bien sûr, il semble y avoir, de la part des autorités actuelles de la Fraternité Saint-Pie X, un manque de compréhension profond du combat de Mgr Lefebvre. Lorsqu’on sait qu’un mois après la mort du saint évêque, M. l’abbé Schmidberger, alors supérieur général, ordonnait de mettre la photographie du pape Jean-Paul II dans les sacristies de toutes les chapelles, et que plus tard il fit le tour des prieurés pour expliquer déjà aux prêtres que la Tradition était dans une situation anormale et qu’il faudrait bien un jour arriver à une reconnaissance (67), on ne s’étonne plus De la crise présente.
L’Abbé Scmidberger avait donc tout compris avant tout le monde et fait une exégèse prophétique de la pensée de Mgr Lefebvre. Ce n’est pas confortable d’être ainsi en position de leader…!
Vers une reconnaissance canonique progressive ?
Une nouvelle phase semble s’être ouverte le 23 septembre 2014, lors de l’entretien extrêmement cordial de Mgr Fellay et de ses deux Assistants à Rome avec le cardinal [Mister !.. un laïc déguisé en…] Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, et trois archevêques :
— Le communiqué final, publié le jour même par le Vatican, apprend que « les parties […] ont convenu de procéder par paliers, mais dans un délai raisonnable, vers le dépassement des difficultés. Et ce, dans la perspective désirée d’une pleine réconciliation ».
— Dans un premier temps (est-ce le premier palier ?), Rome demande que des membres de la Fraternité aient des rencontres informelles avec des évêques (68).
Le site La Porte Latine, du District de France de la Fraternité Saint-Pie X, publiait le 6 octobre 2014 un document d’un certain Don Pio Pace (prêtre) [Monsieur !.. un laïc déguisé en…], faisant l’analyse suivante :
Les contacts entre les supérieurs de la Fraternité Saint-Pie X et les bureaux romains en charge du dossier de la Fraternité Saint-Pie X n’ont jamais atteint un tel niveau de cordialité. Jean-Marie Dumont, correspondant du mensuel catholique français Famille Chrétienne, mentionne même une visite discrète de Mgr [Monsieur !.. un laïc déguisé en…] Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, à Écône (il veut probablement parler de la Maison Générale de la Fraternité Saint-Pie X à Menzingen, également en Suisse).
En fait, cette façon de considérer la « question lefebvriste » est elle-même « pastorale ». Demander à Mgr Fellay, comme cela a été fait sous Benoît XVI, de signer de laborieuses « déclarations doctrinales » était essentiel seulement dans la mesure où la Fraternité Saint-Pie X devait se trouver en conformité avec « l’hermétique de la continuité ». Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître à un premier regard non averti, libre de toute fixation ou de tout scrupule « restaurationiste », il n’y a pas de nouveau malaise à propos du décalage entre pastorale et dogme.
Tant et si bien que la critique du Concile au nom du dogme de la part de la Fraternité Saint-Pie X, qui avait tellement perturbé Benoît, ne perturbe pas du tout François. Dans le pire des cas, elle le renforce (69).
La cordialité est une prédisposition à la vertu… Et l’on ne peut aborder la notion d’« herméneutique de la continuité » dans l’affrontement, l’invective ou la mauvaise humeur !!! Et puis cela servirait à quoi de ne pas être cordial puisque tout semble mener à une mise entre parenthèse des sujets doctrinaux qui fâchent !!! Rome semble s’être ralliée à la praxis des « actes concrets » de la F$$PX ! Ce qui ne peut guère nous surprendre même si cela a des allures de « monde à l’envers » !
D’après cette analyse, qui semble refléter l’état d’esprit du pontificat actuel, la question doctrinale est tellement secondaire pour le pape François [Monsieur !.. un laïc déguisé en Clown Blanc] qu’il pourrait finir par reconnaître la Fraternité, ce qui est d’autant plus envisageable qu’elle est de moins en moins gênante pour l’Église conciliaire, n’attaquant presque plus ses scandales, et beaucoup de chapelles ressemblant de plus en plus aux communautés ralliées, même pour ce qui est de l’immodestie vestimentaire.
Paliers
Ces derniers mois ont vu se mettre en place un certain nombre de paliers, d’étapes :
* Rencontres « informelles »
— Dès le 5 décembre 2014, le cardinal [abbé !.. un des derniers] Walter Brandmüller, président émérite du Comité pontifical des sciences historiques, visitait le séminaire de Zaitzkofen (Allemagne). Il s’y était d’ailleurs déjà rendu endébut d’année, donnant une conférence aux séminaristes.
— Mgr [Monsieur !.. un laïc déguisé en…] Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana au Kazakhstan et familier des milieux ralliés (70), se rendit au séminaire de Flavigny le 16 janvier 2015, donnant deux conférences aux séminaristes et visitant même les Dominicaines enseignantes à Pouilly-en-Auxois. Puis il se rendit le 11 février au séminaire de Winona (USA), y rencontrant les prêtres du District réunis à cette occasion autour de Mgr Fellay.
— Le 5 mars 2015, Mgr [Monsieur !.. un laïc déguisé en…de l’Opus Dei] Juan Ignacio Arrieta, Secrétaire du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, était au séminaire d’Écône (Suisse), accueilli par Mgr Fellay et Mgr Tissier de Mallerais.
— Le 17 avril 2015, eut lieu au prieuré d’Oberriet (Suisse) une rencontre entre Mgr Fellay et ses Assistants, Mgr de Galarreta, plusieurs prêtres de la Fraternité et Mgr [Monsieur !.. un laïc déguisé en…] Vitus Huonder, évêque de Coire.
Il faut noter que, lors de ces rencontres, Mgr Schneider et Mgr Huonder – au moins – ont insisté sur les avantages d’une régularisation canonique.
* Lettre de l’archevêque de Buenos-Aires au gouvernement argentin
Un second palier semble avoir été franchi avec la lettre du 9 avril 2015 du cardinal [Monsieur !.. un laïc déguisé en…] Mario Aurelio Poli au Ministère des Relations extérieures et du culte de la République Argentine (71), disant que, pour l’obtention des visas, la Fraternité Saint-Pie X pouvait être considérée « comme une association de droit diocésain jusqu’à ce qu’un cadre juridique définitif lui soit accordé dans l’Église universelle ». Le cardinal [déjà dit…] a écrit cette lettre « à la suite d’une intervention personnelle du pape François », a révélé Mgr Fellay dans un sermon donné à Arcadia (Californie) le 10 mai dernier.
Don Pio Pace fait le commentaire suivant :
C’est une étape juridique remarquable. Dans le langage des canonistes qui sont concernés par le sort institutionnel de la FSSPX, « l’approche à la chinoise » est souvent rappelée. Pour mettre fin [artificiellement !] au schisme chinois, un nombre croissant d’évêques nommés par « l’Église patriotique » [à la solde des communistes] ont reçu secrètement l’investiture papale. […] Par analogie, dans la perspective d’une reconnaissance canonique progressive, il pourrait y avoir incardination canonique de prêtres de la FSSPX, […] des pouvoirs pourraient être accordés à ses évêques. […] La reconnaissance administrative canonique à Buenos Aires– mise en place sans aucun doute par le pape lui-même – pourrait créer un précédent et être répétée sur tel ou tel diocèse. (Rorate Cæli, 29 avril 2015.)
Il y a vraiment des analogies proprement sataniques ! Il faut avoir un certain culot ou une inconscience crasse pour oser comparer le problème de la hiérarchie chinoise avec celui de la Rome apostate !
Dans le même sermon donné à Arcadia, Mgr Fellay révéla d’ailleurs qu’il avait reçu un pouvoir canonique de la part de Rome, confirmation des propos de don Pio Pace :
J’ai été nommé par Rome, par la Congrégation pour la doctrine de la Foi, pour prononcer des jugements canoniques d’Église pour certains de nos prêtres qui font des choses graves (72).
Si c’est pas du ralliement en actes concrets ça…faut qu’on m’explique !!! Fellay est égal à lui-même et à la praxis de la F$$PX…
* Déclaration publique de Mgr [Monsieur !.. un laïc déguisé en…] Schneider
Les rencontres « informelles » avec des prélats n’avaient fait l’objet d’aucune déclaration publique de leur part. Le silence fut rompu le 12 août 2015 par Mgr [déjà dit…] Schneider dans un entretien donné au site rallié Rorate Coeli :
Le Saint-Siège m’a demandé de visiter deux séminaires de la Fraternité Saint-Pie X [Flavigny et Winona] […] Je garde une bonne impression de mes visites. […] J’ai vu avec plaisir que dans les deux endroits, il y avait à l’entrée une photo du pape François. Dans les sacristies, il y avait des plaques avec le nom du pape François et de l’évêque diocésain du lieu. […] Il n’y a pas, à ma connaissance, de raisons majeures pour refuser la reconnaissance canonique officielle au clergé et aux fidèles de la Fraternité, en même temps qu’ils devraient être acceptés tels qu’ils sont.
Envoyé spécial du Saint-Siège [rien de Saint !.. dans leur siège usurpé…], ce ne peut être sans une permission obtenue d’en haut que Mgr [déjà dit…] Schneider a pu faire une telle déclaration publique, d’ailleurs aussitôt répercutée sur les sites Internet de la Fraternité.
L’hypocrisie du mot « informelles » saute aux yeux ! Cache-sexe des rapprochements honteux et incestueux entre deux camps que tout devrait opposer, l’informalité permet de garder secrets le temps qui est nécessaire des « accords » doctrinaux réservés à un cénacle restreint…
* Nouvelle étape juridique : la décision du pape François pour le jubilé de la Miséricorde
Le 1er septembre, à la fin de sa bulle d’indiction du jubilé de la Miséricorde, le pape déclarait :
J’espère que, dans un proche avenir, l’on pourra trouver les solutions pour retrouver une pleine communion avec les prêtres et les supérieurs de la Fraternité. Entre temps, animé par l’exigence de répondre au bien de ces frères, j’établis, par ma propre disposition, que ceux qui, au cours de l’Année Sainte de la Miséricorde, s’approcheront pour célébrer le sacrement de la réconciliation, des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, recevront une absolution valide et licite de leurs péchés.
À cette occasion, le 3 septembre, La Porte Latine a publié sans aucune réserve le commentaire de M. l’abbé Petrucci, supérieur du District d’Italie :
Ce que le pape a fait est incroyable, magnifique. Nous sommes tous très heureux. […] Ce qui est important, c’est que, de la part du pape, il y ait une reconnaissance juridique sans demande de contrepartie (73). De fait, c’est la reconnaissance, en un certain sens, de la licéité de notre ministère, qui avait été remise en question (74).
Cet acte du pape n’équivaut-il pas à une reconnaissance canonique pour un an ad experimentum ? Que se passera-t-il après cette expérience d’une année lorsque prêtres et fidèles se seront habitués à être plus ou moins acceptés officiellement et que, pour ne pas indisposer la Rome conciliaire, la critique de ses scandales aura été presque inexistante ?
Eh bien rien, puisque la Fraternité aura obtenu ce qu’elle voulait : sa place au soleil (de Satan ?) en attendant le Grand Jour de la solennité de la Conversion de son partenaire en apostasie.
Le 4 août 2015, dans une conférence donnée à Fanjeaux aux religieuses et aux fidèles Mgr Fellay annonçait :
Je crois que le moment est venu que la Tradition ait sa place dans l’Église.
Dans quelle Église ? [Celle avec un petit “ é ” !… autrement dit : la secte…]
Mais Messieurs dans celle de Mgr Lefebvre, tout simplement !
La tradition aura créé son monstre à deux ou trois têtes et devra désormais s’en contenter ! Le principal, n’est-ce pas, c’est d’être dans la place !!!
En tous cas, ne sommes-nous pas en train de nous diriger, étape après étape, vers une dissolution progressive, dans l’Église conciliaire, « de cette famille qui représente ce qui demeure de la véritable Église catholique » (75) ?
Dissolution ? Je dirai plutôt Messieurs, pour suivre votre logique, « assimilation » ce qui me paraît être dans la logique de votre processus inversé…
Que Notre-Dame nous en préserve !
Ne comptez pas sur ELLE !!!!
Conclusion
Il est certain que cette crise douloureuse est la punition infligée par Dieu à une Tradition qui s’est mondanisée, embourgeoisée, au cours des années, (mais pas seulement !) et qui cherche maintenant une reconnaissance pour ne plus être persécutée, pour mener une vie plus tranquille où les autorités modernistes nous accepteront « tels que nous sommes », c’est-à-dire tels que nous sommes devenus : ne dénonçant plus leurs erreurs, donc ne les gênant plus. Mais si les évêques et les prêtres de la Tradition ne dénoncent plus les discours et les actes de la Rome conciliaire qui détruisent la foi, cette dernière est en danger pour les fidèles de la Tradition et pour les âmes de bonne volonté dans le monde entier.
Pour les catholiques qui veulent garder intacte la foi de leur baptême, les conséquences sont claires : étudier leur religion, se former sur la crise dans l’Église à l’aide de bons livres (seul, en famille, en mettant sur pied une cellule doctrinale), et surtout mener une vraie vie chrétienne fervente et non mondaine, en commençant par la participation régulière à des retraites spirituelles ; enfin prier beaucoup pour les prêtres.
Cette conclusion pourrait-être la mienne si elle n’occultait la véritable finalité impossible de la F$$PX qui fait d’elle une société religieuse de voie sans issue.
C’est très bien de reconnaître la réalité du châtiment sur la tradition mais cela n’est pas suffisant !
Encore faudrait-il en méditer les causes ainsi que les remèdes vraiment catholiques et accepter par-dessus tout le fait que nous ne méritions plus rien et que le peu qui nous sera octroyé le sera par une ultime miséricorde de Dieu.
Prier beaucoup pour les prêtres pourra nous mettre tous d’accord !
Oremus.
Pierre Legrand.
[1] — Procès utilisant des informations obtenues par piratages de boites mail, usage de fausses identités. Les documents sur ce sujet se trouvent dans l’ouvrage de M. l’abbé PIVERT, Quel Droit pour la Tradition catholique, Autoédition, Janvier 2014.
[2] — Saint PIE X, encyclique E Supremi apostolatus du 4 octobre 1903.
[3] — PIE XI, Encyclique Quas Primas du 11 décembre 1925.
[4] — Mgr LEFEBVRE, L’Église infiltrée par le modernisme, Éditions Fideliter 1993, p. 70.
[5] — Mgr Lefebvre attachait tellement d’importance à cette question, qu’il avait fait rééditer le Petit Catéchisme des droits divins dans l’ordre social du père Auguste Philippe CSSR, afin qu’il se trouve dans toutes les chapelles. La Fraternité ne le diffuse plus. Il a été heureusement réédité en 2015 par les Éditions Trifolium, 5 rue Sainte-Odile, 67000 Strasbourg (9 €).
[6] — Mgr LEFEBVRE, Conférence à Sierre le 27 novembre 1988. Fideliter n° 68, p. 12.
[7] — Mgr LEFEBVRE, Conférence à Flavigny, décembre 1988. Fideliter n° 68, p. 16.
[8] — Nouvelles de chrétienté n° 151, janvier/février 2015, pp. 18-19.
[9] — Son Excellence Mgr LEFEBVRE, Nos rapports avec Rome, Numéro spécial du Combat de la foi catholique n° 167 (à commander à Mme Séghiri – Parçay – 86700 Romagne).
[10] — Lettre de présentation de cette recension, datée du 20 décembre 2013, destinée aux évêques et aux prêtres de la Fraternité, et écrite par M. l’abbé Thouvenot, secrétaire général.
[11] — Même remarque que plus haut au sujet de cette « libération ». M. l’abbé de Cacqueray, plus réaliste, écrivait dans sa préface au Catéchisme Catholique de la crise dans l’Église (Éditions du Sel 2010, p. 7) : « Il est important de se prémunir des dangers pouvant provenir d’une certaine reprise de la liturgie traditionnelle dans la mesure où il est en même temps évident qu’elle n’a pas été accompagnée d’une renonciation aux erreurs mortifères du Concile ».
[12] — Bulletin n° 255, de février 2014.
[13] — La seule réserve apportée à cette recension est son apologie indue des ralliés. Mais Mgr Fellay a mis un mois pour réagir à cette partie scandaleuse du texte.
[14] — On lira avec profit l’article d’Adrien Loubier, « Les voies de la réduction », paru dans le Bulletin de l’Occident Chrétien de juin 1981. On pourra étudier aussi, du même auteur, l’ouvrage Groupes réducteurs et noyaux dirigeants, honoré d’une préface de Marcel de Corte, publié aux Éditions Sainte-Jeanne d’Arc (Les Guillots. 18260 Villegenon).
[15] — Déclaration du 21 novembre 1974.
[16] — Mgr Giovanni Benelli, alors substitut à la secrétairerie d’État, employa cette expression dans une lettre à Mgr Lefebvre datée du 25 juin 1976. L’expression fit fortune.
[17] — Mgr LEFEBVRE, lettre manuscrite et photocopiée, du 29 juillet 1976, à ses amis ; reproduite dans Le Sel de la terre 36, p. 10.
[18] — Mgr de CASTRO-MAYER, Bulletin Diocésain, avril 1972.
[19] — « Depuis Paul VI, il n’y a plus une Église, mais deux » (Itinéraires 190, p. 9).
[20] — Numéro spécial hors-série d’Itinéraires d’avril 1977 : La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre, p 113-115.
[21] — Éminent philosophe traditionaliste brésilien, dans Itinéraires, novembre 1974 ; revue dont il était le collaborateur habituel.
[22] — Quotidien L’Aurore du 18 mars 1976.
[23] — Conférence au 8e congrès théologique de Si Si No No, intitulée : « Un pape pour deux Églises », reproduite dans Nouvelles de chrétienté n° 115, de janvier/février 2009.
[24] — Mgr LEFEBVRE, Conférence aux prêtres à Écône pour la retraite sacerdotale, 1er septembre 1987.
[25] — Mgr LEFEBVRE, cité dans Fideliter 66, de novembre/décembre 1988, p. 27-28.
[26] — Letter from the Dominicans of Avrillé n° 14, septembre 2013.
[27] — L’abbé Rostand a été nommé responsable de la communication le 15 août 2014, et a maintenant son siège à Menzingen.
[28] — Cet article, intitulé : « Y a-t-il une Église conciliaire ? », est disponible en tiré-à-part au couvent de la Haye-aux-Bonshommes pour le prix de : 1 € + port. On pourra aussi lire le dossier consacré à cette question dans Le Sel de la terre 93 (été 2015), p. 1-30, sous le titre éditorial : « Le retour de la Rome conciliaire ».
[29] — Les Dominicains d’Avrillé l’ont publié sur leur site anglophone : dominicansavrille.us
[30] — M. l’abbé Pflüger est maintenant chargé avec M. l’abbé Nély de préparer les dossiers pour toutes les nominations dans la Fraternité Saint-Pie X.
[31] — Pour connaître la pensée de l’abbé Pflüger, premier Assistant de la Fraternité, on peut se reporter à la retraite qu’il a prêchée aux frères de la Fraternité en décembre 2013.
[32] — Mgr LEFEBVRE, 21 décembre 1984, Conférence aux séminaristes.
[33] — Mgr LEFEBVRE, Itinéraire Spirituel, chapitre 3.
[34] — Mgr LEFEBVRE, Conférence aux prêtres, Écône, 4 septembre 1987.
[35] — Don Andrea MANCINELLA, 1962, Révolution dans l’Église, Publications du Courrier de Rome, 2009, p. 16-17.
[36] — Mgr LEFEBVRE, sermon du 29 juin 1977.
[37] — Mgr LEFEBVRE, sermon du 29 juin 1978.
[38] — Mgr LEFEBVRE, sermon du 29 juin 1985.
[39] — Le père Le Floc’h était le directeur du Séminaire Français de Rome où Mgr Lefebvre fit ses études sacerdotales et où il se nourrit de l’enseignement des papes, spécialement contre les erreurs modernes.
[40] — Mgr TISSIER DE MALLERAIS, conférence au prieuré de Gastines, 16 septembre 2012.
[41] — Jugement de M. l’abbé Jacques Laguérie, alors Assistant de l’abbé de Cacqueray, lors d’une conférence aux prêtres du doyenné de Nantes du District de France, le17 janvier 2014 au Rafflay.
[42] — « Trois fois, en réunion à Suresnes, j’ai reproché DICI à Mgr Fellay. Il n’y a jamais eu de suite » (abbé Jacques Laguérie, ibid.)
[43] — Ce même 27 octobre, Mgr Fellay présidait une réunion des supérieurs des communautés religieuses de la Tradition à Saint-Nicolas du Chardonnet. Même dans cette réunion privée, il n’a rien dit à ce sujet, tandis que dans l’église Saint-Nicolas les fidèles faisaient une adoration du Saint-Sacrement et un chemin de Croix en réparation pour ce scandale.
[44] — Nouvelles de Chrétienté n° 73, mars/avril 2002.
[45] — Lettre aux Amis et bienfaiteurs de la Fraternité Saint-Pie X, du 13 avril 2014.
[46] — Mgr FELLAY, Lettre aux amis et bienfaiteurs de la Fraternité Saint-Pie X n° 54, janvier/février 2003.
[47] — Mgr LEFEBVRE, Entretien paru dans Fideliter 79 au mois de mars 1991.
[48] — Mgr LEFEBVRE, Conférence aux prêtres à Écône pour la retraite sacerdotale, 1er septembre 1987. Mgr Lefebvre y relate, entre autres, l’entretien qu’il avait eu à Rome avec le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi le 14 juillet 1987.
[49] C’est ce que disent tous les ralliés au début pour se justifier.
[50] — Mgr LEFEBVRE, Conférence à Écône le 8 octobre 1988.
[51] — Mgr LEFEBVRE, Lettre au pape Jean-Paul II, 2 juin 1988.
[52] — Mgr LEFEBVRE, dans Fideliter n° 70, p. 6.
[53] — Benoît XVI, Lettre aux évêques de l’Église catholique au sujet de la levée de l’excommunication des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, 10 mars 2009.
[54] — Mgr LEFEBVRE, Lettre aux futurs évêques, 28 août 1987.
[55] — Lettre de Mgr LEFEBVRE au pape Jean-Paul II, du 2 juin 1988.
[56] — Sans commentaires…
[57] — Mgr LEFEBVRE, Lettre au pape Jean-Paul II, 2 juin 1988.
[58] — Toute la crise de la Tradition depuis 2012 se trouve condensée dans cette lettre et la réponse qu’y feront Mgr Fellay et ses Assistants ; même si hélas Mgr Tissier de Mallerais et Mgr de Galarreta sont maintenant rentrés dans le silence.
[59] — Citons-en l’extrait le plus contestable : « De plus, avec une soumission religieuse de la volonté et de l’intellect, j’adhère aux doctrines énoncées par le pontife romain ou par le collège des évêques lorsqu’ils exercent le magistère authentique, même s’ils n’entendent pas le prononcer par un acte définitif. » Mgr Lefebvre considérait cette profession de foi comme « un acte officiel de ralliement à l’Église conciliaire » (Fideliter 70, de juillet/août 1989, p. 16).
[60] — Mgr Fellay dans Fideliter de mai/juin 2006.
[61] — Déclaration de Dom Gérard OSB dans le journal Présent du 18 août 1988.
[62] — Incident rapporté par Mgr Fellay à la réunion des supérieurs religieux qui s’est tenue à Saint-Nicolas du Chardonnet le 27 octobre 2011. Mgr Fellay relatait l’entretien qu’il avait eu avec le cardinal à Rome le 14 septembre précédent.
[63] — Nous devons préciser : jusqu’à 2010 au moins, car on ne sait si ces réunions continuent aujourd’hui ou non.
[64] — On peut se reporter au livre du père Lelong : Pour la nécessaire réconciliation, Paris, Nouvelles Éditions Latines, 2011. On pourra aussi lire l’étude faite sur ce sujet, publiée dans Le Sel de la terre 90, et disponible en tiré-à-part au couvent d’Avrillé pour la somme de 1 € + port.
[65] — Les mésaventures des Franciscains de l’Immaculée, dont nous avons parlé plus haut, montrent bien ce que valent les « faveurs » accordées par ceux que Mgr Lefebvre appelait les « assassins de la foi » (lettre au père prieur d’Avrillé, du 7 janvier 1991, publiée dans Le Sel de la terre numéro zéro, p. 4).
[66] — Père Lelong : Pour la nécessaire réconciliation, ibid., p. 52. Tout le livre est à lire.
[67] — Ce témoignage est donné par Mgr Faure lui-même, à qui M. l’abbé Schmidberger avait tenu ce discours à l’époque.
[68] — Une note interne en a averti tous les prêtres de la Fraternité le 2 octobre 2014.
[69] — Le document de Don Pio Pace est, en fait, repris du site Rorate Cæli, blog anglophone d’actualités touchant à la Tradition (An International Traditional Catholic Webblog).
[70] — Mgr Athanasius Schneider est reconnu comme « le meilleur élève de Benoît XVI », aux dires de Sandro Magister, vaticaniste réputé (L’Homme Nouveau, n° 500).
[71] — On trouve cette lettre dans le Bulletin officiel de la République Argentine du 9 avril 2015.
[72] —Dans un entretien accordé au journal Présent le 27 juin 2015, Mgr Fellay précisa que ce pouvoir romain lui avait été accordé il y a dix ans déjà.
[73] — Est-ce suffisant ? Le Barroux, et d’autres, ont été reconnus sans contrepartie. On a vu la glissade qui a suivi.
[74] — Par contre, le dimanche 7 septembre, M. l’abbé de la Roque avait fait un sermon à Saint-Nicolas du Chardonnet, mettant en cause le même jubilé pour la raison qu’il célèbre les cinquante ans de Vatican II. Il avait été mis sur La Porte Latine. Dans les 24 heures, il en a été retiré sur ordre de la Maison Généralice. (Merveilleuse réactivité ! Ils sont compétents à la Maison Généralice !)
[75] — Mgr LEFEBVRE, Exposé de la situation concernant ce que Rome appelle la « réconciliation », document remis aux supérieurs des communautés religieuses réunis au Pointet le 30 mai 1988.
Annexe A
[A] Ndlr du CatholicaPedia : Nous nous dirions « apostasie » ! …d’autant plus que le “combat de la messe” est totalement dépassé !!! Nous l’avons vu depuis cinquante ans… dès le début, ce sont les fidèles – voulant rester semper idem – qui ont les premiers mené le “combat de la messe” – puisque ce sont eux les premiers concernés – en créant des centres de Messe “traditionnels” [semper idem] mais pendant ce temps-là les bandits d’Eux détruisaient le sacerdoce en mijotant leur “réforme” de la Consécration Épiscopale qui est un sacrement stratégique pour notre salut… de sa validité dépend celle de tous les sacrements (hormis le Baptême et le Mariage) ; de sa validité dépend la continuité de la Succession Apostolique, condition de l’Apostolicité de l’Église depuis sa fondation par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Depuis Vatican d’Eux, le bouleversement de la liturgie sacramentelle (en 1968 et 1969) imposé par Giovanni-Baptista Montini (Paul VI) assisté du Lazariste Franc-Maçon Annibal Bugnini∴, du Père Lecuyer et du Bénédictin Bernard Botte, dans l’esprit du mouvement Œcuménique de la volonté de rapprochement de la Rome conciliaire avec les “communautés ecclésiales séparées”, avec les Protestants, et les Anglicans tout particulièrement, a débouché sur la confusion perverse, et certainement voulue, du rite des ordinations post-conciliaires avec les rites anglicans, déclarés pourtant infailliblement « absolument vains et entièrement nuls » par Léon XIII en 1896.
Dans le silence des clercs [et avec la complicité en particulier des dominos d’Avrillé dispensateurs de sophismes, tel le Père Pierre-Marie de Kergorlay des BonsHommes d’Avrillé, alias “Dominicus”, qui entretiennent sciemment et avec une obstination sans égale depuis plus de cinq ans, une confusion totale sur ce sujet, afin de préserver leur petite situation matérielle] sur cette question gravissime de la validité des consécrations épiscopales selon le Pontificalis Romani promulgué le 18 juin 1968 par Giovanni-Baptista Montini (Paul VI), c’est désormais la Succession Apostolique de rite latin qui est irréversiblement compromise dans le monde, l’église [secte] Conciliaire ayant ainsi abandonné l’Apostolicité qui constitue, de fide, l’une des quatre marques de la véritable Église, fondée par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Ce qui montre au passage que la piété très ostentatoire de ces clercs n’est qu’une apparence, à l’image des pharisiens qui trahirent Notre Seigneur pour maintenir dans le Temple de Jérusalem, pendant plus de 40 ans, le désormais caduque Sacerdoce d’Aaron, au détriment du Sacerdoce de Melchisedech de la Nouvelle Alliance. Et au détriment des âmes qui auraient pu en bénéficier. Le comportement de ces clercs sur cette question gravissime de l’invalidité des ordres conciliaires (et Ecclesia Dei) démontre à quels points ces clercs carriéristes et, en vérité, derrière le rideau de leur « vœu de pauvreté », trop attaché aux biens de ce monde, n’ont qu’indifférence et mépris fondamentaux pour le salut des âmes qui leur sont confiées ou qu’ils devraient aller enseigner s’ils étaient un tant soit peu missionnaires. Si ces clercs avaient eu chrétiennement le souci du salut des âmes, ils auraient tout mis en œuvre pour préserver les âmes, tant dans l’église [secte] Conciliaire que dans les milieux Ecclesia Dei, de tout risque de sacrement invalide. Ces brochures sont des armes pour mener, étendre et gagner la bataille du sacre épiscopal. Voilà où il faut frapper ! Il s’agit du cœur du plan d’attaque des ennemis protestants (anglicans) contre l’Église catholique derrière Vatican II (d’Eux).
Abbé Olivier Rioult
Annexe B
[B] Ndlr du CatholicaPedia : Le lecteur lira avec profit l’analyse de l’Abbé Olivier Rioult : « La contre-Église n’est pas catholique », où il décrit une “église [secte] simiesque” comme la bête apocalyptique Conciliaire et met en valeur les contradictions de l’Abbé Gleize dans son discours d’avant et après 2013 :
La contre-Église n’est pas catholique
L’Église officielle, c’est une secte qui se donne l’apparence trompeuse de l’Église… Confondre la secte conciliaire et l’Église c’est confondre le singe et l’homme… La bête de l’Apocalypse…
Une dissociété… une secte qui occupe l’Église catholique, une dissociété ecclésiale conciliaire…
Une Église post-conciliaire composée d’évêques inconscients, félons, apostats déguisés, une falsification de la religion, la pseudo-Église dissimulée dans la vraie, un christianisme au goût du diable, une Église collégialisée et moderniste qui ose se donner comme vraie occupée par la contre-Église, par ses suppôts modernistes… la révolution bénite par Rome, une Église simplement apparente…
Une mafia incroyable, invraisemblable, liée à la maçonnerie, une contrefaçon de l’Église, une nouvelle Église conciliaire comme n’étant plus catholique…
Qui a bien pu tenir de tels propos ? Qui serait prêt aujourd’hui à les faire siens ? Les expressions citées viennent pourtant, dans l’ordre, de M. l’abbé Gleize, de Mgr Tissier de Mallerais, du Père Calmel et de Mgr Lefebvre. Nous allons les replacer dans leur contexte.
Église simiesque (1b) et bête apocalyptique
Dans Nouvelles de Chrétienté, n° 93 de mai-juin 2005, l’Abbé Gleize, après avoir cité Mgr Lefebvre : « C’est la foi qui est la base de toute visibilité de l’Église. La catholicité, c’est la foi une dans l’espace. L’apostolicité, c’est la foi une dans le temps. La sainteté, c’est le fruit de la foi… » (2b), commente avec force et justesse :
« Prenons garde à confondre aujourd’hui “Église visible” et “Église officielle”, c’est-à-dire appareil hiérarchique investi par la nouvelle pensée de Vatican II. L’Église visible c’est la Tradition, c’est-à-dire la vie théologale essentielle qui se manifeste à travers la vie sociale essentielle. Tandis que l’Église officielle, c’est une secte, une idéologie, celle du modernisme, qui a investi les postes du pouvoir dans l’Église, et qui se donne l’apparence trompeuse de l’Église. Mais cette apparence est trompeuse parce qu’elle résulte d’une similitude dans la physionomie, sans qu’il y ait similitude dans les opérations vitales. Et de la même manière que l’homme et le singe peuvent présenter la même physionomie, bien qu’ils ne possèdent pas du tout les mêmes aptitudes, ainsi en va-t-il de la véritable Église et de la secte. Si l’on s’en tient à la pure physionomie, on va prendre le singe pour un homme, et on prendra la secte pour l’Église. On retrouve opportunément la citation de l’Apocalypse de saint Jean : “Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un dragon”. Or, dans le cas de l’Église, ces aptitudes que la secte ne peut pas posséder, ce sont les notes. Les notes, ce sont les opérations vitales de l’Église, que nulle secte ne pourra jamais contrefaire. » (3b)
Une secte, une dissociété…
En 2005, l’Abbé Gleize usait du même terme que Mgr Tissier de Mallerais, répondant en 2013 dans l’éditorial du Sel de la Terre, à la question : “Y a-t-il une Église conciliaire ?”. Ce dernier expliquait que « formellement considérée, l’Église conciliaire est une secte qui occupe l’Église catholique », autrement dit, un clergé moderniste possédant les structures catholiques mais ne représentant pas pour autant l’Église catholique.
« La malice de la hiérarchie conciliaire est achevée par l’usage qu’elle fait du mensonge et de l’équivoque. […] Bienheureux ceux qui ne sont pas de cette “communion des profanes”, qui en sont providentiellement exclus ou sont menacés d’en être exclus ! Heureuse relégation ou déréliction ! La vocation de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X […] n’a jamais été de recevoir les bénédictions et reconnaissances de cette Église conciliaire ! […] Il était probablement préférable, selon les voies de la Providence, que cette partie saine de l’Église, devenue, comme le divin Maître, pierre de scandale, pierre rejetée par les bâtisseurs de la dissociété ecclésiale conciliaire, devienne la pierre angulaire et la clef de voûte de la cathédrale catholique indestructible. » (4b)
Une Pseudo-Église, contre-Église, Église en trompe-l’œil
Dans son Apologie pour l’Église de toujours, au prologue, le P. Calmel, un des premiers et valeureux résistants à la révolution dans l’Église, use d’images et de termes très forts :
« Égarés par la grande chimère de vouloir découvrir les moyens infaillibles et faciles de réaliser une bonne fois l’unité religieuse du genre humain, des prélats occupant les charges les plus importantes, travaillent à inventer une Église sans frontières dans laquelle tous les hommes, préalablement dispensés de renoncer au monde et à Satan, ne tarderaient pas à se retrouver, libres et fraternels. Dogmes, rites, hiérarchie, ascèse même si l’on y tient, tout subsisterait de la première Église, mais tout serait démuni des protections requises, voulues par le Seigneur et précisées par la Tradition ; par là même tout serait vidé de la sève catholique, disons de la grâce et de la sainteté. Les adeptes des confessions les plus hétéroclites, et même ceux qui refusent toutes les confessions, entreraient alors de plain-pied ; mais ils entreraient de plain-pied dans une Église en trompe-l’œil. Telle est la tentative présente du Maître prestigieux des mensonges et des illusions. Voilà le grand œuvre, d’inspiration maçonnique, auquel il fait travailler ses suppôts, prêtres sans la foi promus théologiens éminents, évêques inconscients ou félons, sinon apostats déguisés, portés rapidement au comble des honneurs, investis des plus hautes prélatures. Ils consument leur vie et perdent leur âme à édifier une Église postconciliaire, sous le soleil de Satan. » (5b)
Le Père Calmel, en vrai chien du Seigneur, aboie contre l’imposture en ces « temps de confusion et d’apostasie… » (6b) et met en garde les fidèles contre :
« Une falsification de la religion au nom du salut du monde… » (7b) ; « les faux prophètes de la pseudo-Église dissimulée dans la vraie et la seule… » (8b) ; « un christianisme au goût du diable complètement nouveau et adapté, résolument tourné vers l’avenir du monde et non vers la béatitude éternelle, ne conservant de l’ancienne religion que les apparences indispensables pour ne pas faire fuir la masse mais la faire virer insensiblement… » (9b) ; Une « Église collégialisée et moderniste qui ose se donner comme vraie » (10b) ; un « temps exceptionnel parce que l’Église en fait est occupée par la contre-Église, par ses suppôts modernistes… » (11b) ; Il dénonce « ces braves gens qui ne sont certes pas révolutionnaires mais qui, n’ayant pas vu ou voulu voir que la révolution est un bloc, estiment que l’on peut faire la juste part à la révolution, surtout qu’elle est bénite par Rome. » (12b) ; « ces évêques qui enseignent depuis le Concile une autre religion, ou la laissent enseigner. » (13b) Et il affirme : « Je pense que mon ministère demande de me lancer dans ce combat contre un Concile qui a favorisé l’hérésie et par ses textes et par l’utilisation qui en a été faite et qui ne pouvait pas ne pas l’être. » (14b) « Il y a une suspicion légitime (au moins cela) que l’actuelle pratique [les innovations de Paul VI] soit acceptée par une Église simplement apparente, par la mafia qui a colonisé (en partie) la vraie Église. » (15b)
Une mafia et une nouvelle religion liée à la maçonnerie
Même ton et même force dans les termes chez Mgr Lefebvre :
« Nous avons affaire vraiment à une mafia incroyable, invraisemblable, liée à la maçonnerie… » (16b) ; « C’est dès le Concile que l’Église, ou du moins les hommes d’Église occupant les postes-clés, ont pris une orientation nettement opposée à la Tradition, soit au Magistère officiel de l’Église. » (17b) « La Rome de toujours est réduite au silence, paralysée par l’autre Rome, la Rome libérale qui l’occupe. » (18b) « Aujourd’hui je suis convaincu qu’aucun accord n’est possible tant que les modernistes continueront à occuper tous les postes-clés dans l’Église » (19b) ; « Je pense qu’à la prochaine rencontre, c’est moi qui leur poserai des questions. C’est moi qui les interrogerai, pour leur dire : “Quelle Église êtes-vous ? À quelle Église avons-nous affaire, si j’ai affaire à l’Église catholique, ou si j’ai affaire à une autre Église, à une contrefaçon de l’Église ?”… Or, je crois sincèrement que nous avons affaire à une contrefaçon de l’Église et non pas à l’Église catholique. Non seulement ils n’enseignent plus la foi catholique et ne défendent plus la foi catholique, mais ils enseignent autre chose, ils entraînent l’Église dans autre chose que l’Église catholique. Ce n’est plus l’Église catholique. Ils sont bien assis là où étaient leurs prédécesseurs, mais ils ne continuent pas leurs prédécesseurs. […] Et plus les choses s’éclairent, et plus nous nous apercevons que ce programme qui a été élaboré dans les loges maçonniques, eh bien, on s’aperçoit tout doucement et avec des précisions de plus en plus grandes qu’il y a tout simplement une loge maçonnique au Vatican. » (20b) « Nous avons affaire à des personnes qui n’ont aucune notion de la Vérité. Nous serons désormais de plus en plus contraints d’agir en considérant cette nouvelle Église conciliaire comme n’étant plus catholique. » (21b)
Explicitation de la pensée de Mgr Lefebvre…
ou relecture ?
En 2005, les affirmations de M. l’abbé Gleize étaient nettes, tranchantes et fermes. Mais depuis le cataclysme de 2012 dans la FSSPX, on a tenté l’impossible : concilier un Mgr Lefebvre qui parlait d’Église conciliaire et un Mgr Fellay qui évite le terme ou le vide de son sens. En effet, là où Mgr Lefebvre disait : l’Église conciliaire n’est plus catholique, Mgr Fellay parle d’« une Église catholique malade mais bien fondée par Notre Seigneur » (22b). Rappelons au passage que pour le théologien Ratzinger, peu après le Concile, « si nous ne voulons pas nous cacher à nous-mêmes la vérité, l’Église n’est ni sainte ni catholique… » (23b)
Mgr Fellay a des difficultés pour distinguer l’homme du singe. Il confond l’Église qui est sainte comme son Époux, et ses membres plus ou moins malades du péché. Pour Mgr Fellay, quand nous disons “hors de l’Église point de salut”, « c’est bien de l’Église d’aujourd’hui dont nous parlons. […] le fait d’aller à Rome ne veut pas dire qu’on est d’accord avec eux. Mais c’est l’Église. Et c’est la vraie Église. […] Si nous avons cette joie de pouvoir professer la foi, c’est grâce à cette Église très concrète… qui est dans un état lamentable… C’est l’Église d’aujourd’hui qui sanctifie… » (24b)
Étrangement, l’Abbé Gleize s’est cru obligé, en février 2013, de défendre Mgr Fellay dans un article du Courrier de Rome : Peut-on parler d’une Église conciliaire ? puis d’attaquer, sans le nommer, Mgr Tissier de Mallerais dans le Courrier de Rome de septembre 2013. Dans ces articles et ailleurs, l’Abbé Gleize explique que Mgr Lefebvre « ne veut pas dire qu’il y aurait deux Églises opposées ». Quand Mgr Lefebvre dit à ses prêtres et aux fidèles « Vous représentez vraiment l’Église catholique, non pas qu’il n’y ait pas d’Église en dehors de nous, il ne s’agit pas de cela… », il concède évidemment qu’en dehors des fidèles de la Tradition, il y a des individus catholiques, mais il affirme aussi que nous sommes vrais fils de l’Église catholique parce que, justement, hors de l’Église conciliaire qui est une structure ne possédant plus les notes de catholicité.
Cette nouvelle conception de l’Église, Mgr Fellay la révéla sans ambiguïté un certain lundi 16 février 2009. Ce jour-là, à Flavigny, il affirma devant les prieurs de France que certains « pour faciliter les choses font une identification entre l’Église officielle et l’Église moderniste. Mais c’est une erreur, car nous parlons d’une réalité concrète ». Or, Mgr Lefebvre pensait le contraire : « C’est se tromper [que d’assimiler] Église officielle et Église visible [c’est-à-dire catholique]… » (25b). Ceci n’a pas empêché M. l’abbé Gleize d’affirmer péremptoirement : « On ne voit pas comment il entrerait dans l’intention de son successeur [Mgr Fellay] de se mettre en contradiction avec lui [Mgr Lefebvre] ». Si l’intention subjective est une chose, la contradiction objective en est une autre. Lors d’une conférence en 2012, Mgr Fellay se fait encore plus explicite :
« Nous ne parlons pas d’une Église en l’air ! Nous parlons de l’Église qui est là, réelle, devant nous, avec une hiérarchie, avec un pape. Ce n’est pas le fruit de notre imagination : l’Église est là, elle est réelle, l’Église catholique romaine. Nous disons et nous devons professer cette Église comme étant sainte, comme étant une, car la foi nous y oblige. » (26b)
Mgr Tissier de Mallerais a contredit cette vision des choses. Mais selon l’Abbé Gleize, l’argumentaire de Mgr Tissier relève de “l’intempérance théologique”, du “raisonnement inopérant” et du “cercle vicieux”, venant d’une “méprise inimaginable” et “indigne de la psychologie la plus élémentaire”. (27b)
L’argumentation de Mgr Tissier de Mallerais est en réalité claire et réaliste : on est bien obligé de constater que la secte “conciliaire” siégeant à Rome depuis le Concile n’a plus la même fin ni la même forme que l’Église catholique. L’existence d’une “Église conciliaire” apparaît par l’examen des quatre causes selon Aristote. L’Église conciliaire a pour cause matérielle les baptisés trompés ; pour cause efficiente, une hiérarchie hétérodoxe qui occupe les sièges épiscopaux ; pour cause finale une unité naturaliste du genre humain par un œcuménisme libéral ; pour cause formelle, une soumission à l’enseignement du concile Vatican II et à la pratique d’une nouvelle liturgie avec un nouveau droit (28b). Il n’y a dans ce constat ni “pétition de principe” ni “cercle vicieux”.
Si l’Abbé Gleize prend bien le soin de préciser, fort heureusement, qu’il « faut fuir l’Église conciliaire comme la peste », il réduit pourtant celle-ci à une tendance. L’Église conciliaire ne serait que l’Église catholique “entachée d’un esprit ou d’une tendance néo-moderniste et néo-protestante”. Si en 2005, l’Abbé Gleize mettait en garde contre son apparence trompeuse d’Église catholique, en 2013, la secte n’est plus une secte, le singe ne serait plus un singe mais un homme malade.
De plus, l’exégèse de M. l’abbé Gleize ne révèle pas, malgré ses prétentions, la pensée de Mgr Lefebvre. Lors de son homélie pour le sacre des quatre évêques, Mgr Lefebvre parle de « cette Église conciliaire qui suit des chemins qui ne sont pas des chemins catholiques et qui mènent tout simplement à l’apostasie ». Et il lui semble « entendre la voix de tous ces papes depuis Grégoire XVI » lui dire : « Mais de grâce… continuez l’Église. » Certes, il raconte comment lui-même et Mgr de Castro Mayer ont « essayé par tous les moyens, d’arriver à faire comprendre à Rome que, depuis le Concile, cet “aggiornamento”, ce changement qui s’est produit dans l’Église, n’est pas catholique. » Mais il ajoute aussitôt comment ils furent aussi obligés de constater que « pour le Vatican, la seule vérité qui existe aujourd’hui, c’est la vérité conciliaire, c’est “l’esprit du Concile”, c’est l’esprit d’Assise. » En tout cela, Mgr Lefebvre voyait l’accomplissement des « apparitions de La Salette. Notre Dame a dit que Rome perdra la foi, qu’il y aura une éclipse à Rome. » (30 juin 1988)
Si en 1970, Mgr Lefebvre pouvait bien parler de tendance, d’esprit, d’orientation, le temps a montré que le résultat du changement n’était pas catholique et qu’il caractérisait une réalité “hors de l’Eglise”. Une citation plus explicite et datant de quelques mois après les sacres le manifeste : « Le jour où ils reconnaîtront de nouveau NS Roi des peuples et des nations, ce n’est pas nous qu’ils auront rejoints, mais l’Église catholique dans laquelle nous demeurons. » (29b)
Quant à Mgr de Castro Mayer, c’est par « devoir de conscience » et pour « faire une profession de foi catholique devant toute l’Église » qu’il participe à la cérémonie des sacres : « la foi est en danger », « une crise sans précédent touche l’Église dans son essence, dans sa substance… » (30b) Or quand un être change « dans son essence, dans sa substance », on est face à une nouvelle réalité. On parle alors du changement substantiel et non accidentel comme celui d’un être identique à lui-même qui serait malade ou affaibli.
Les oublis et insuffisances de M. l’abbé Gleize
L’abbé Gleize a omis dans son article quelques citations importantes de Mgr Lefebvre au sujet de l’Église conciliaire.
Mgr Lefebvre conseillait à ses séminaristes de « lire attentivement » « l’article de Louis Salleron intitulé “De l’affaire d’Écône à l’Église conciliaire” ». On y lisait : « Ce qui est toutefois certain, c’est que le Concile apparaît à beaucoup comme une novation majeure, voire sans précédent dans l’Église. » (31b) Dans une conférence spirituelle, Mgr Lefebvre ajoute ce commentaire :
« Ils instaurent un magistère nouveau, une conception moderniste du magistère, selon la conception condamnée par saint Pie X dans Pascendi, d’une Église vivante, c’est-à-dire qui évolue et change ainsi que ses formules religieuses pour rester adaptée au croyant et à sa foi. […] Mgr Benelli nous demande d’être fidèles à “l’Église conciliaire”. “En quoi consiste cette fidélité ?” demande Salleron. “En quoi consiste cette novation absolue d’une Église conciliaire, distincte de l’Église catholique ? […] Nous constatons qu’un magistère de plus en plus mal défini fait de sa volonté propre la norme suprême de la vie religieuse ». C’est capital. Cette phrase-là est absolument considérable. » (32b)
L’abbé Gleize cite bien de Mgr Lefebvre au séminaire de Flavigny en décembre 1988 mais il n’a pas jugé utile d’ajouter cette phrase de la conférence :
« C’est une secte qui s’est emparée de Rome, des leviers de commande de l’Église et ils se servent de leur autorité pour détruire l’Église du passé. »
La conférence de presse du 15 juin 1988 comportait une « déclaration publique » de Mgr Lefebvre rédigée depuis le 19 octobre… 1983, disant : « L’Église a horreur de toute communion […] avec les fausses religions, avec les hérésies. […] Elle ne connaît que l’unité dans son sein. […] Pour sauvegarder le sacerdoce catholique qui continue l’Église catholique et non une Église adultère, il faut des évêques catholiques. » (33b) M. l’abbé Gleize aurait pu aussi ne pas oublier de rappeler la satisfaction des supérieurs de la FSSPX d’être déclarés excommuniés par « ce système qui se qualifie lui-même d’Église conciliaire, contrefaçon d’Église, évolutive, pentecôtiste, et syncrétiste », qui, de ce fait même, s’auto-excommunie (34b).
Au n° 19 de son article, M. l’abbé Gleize cite Mgr Lefebvre au sujet du « changement d’orientation » depuis le Concile. Cette imprécision doit être une distraction, puisqu’en note l’Abbé donne la citation exacte tirée de J’accuse le Concile. Or là, Mgr Lefebvre parle d’une « orientation nettement opposée à la Tradition ».
Décrire la réalité conciliaire de l’Église depuis Vatican II par « un esprit nouveau qui s’est introduit dans l’Église et qui fait obstacle à la fin de l’Église » est insuffisant. Car l’Abbé Gleize lui-même explique bien qu’une société est « un ordre de relations unissant ses membres du fait qu’ils exercent sous la même autorité la même opération commune en vue de la même fin ». Or cette définition s’applique à l’Église catholique comme à la secte conciliaire. Et comme à toute société dont la forme est déterminée par la fin. L’Église conciliaire a bien son autorité (François et des évêques en communion avec lui), une opération commune (appliquer le concile Vatican II et en vivre) et une fin (les buts humanitaires et humanistes prêchés par la hiérarchie et incarnés par les fidèles).
Dans “Quelques réflexions à propos de la « suspense a divinis »”, Mgr Lefebvre faisait les remarques suivantes :
« Quoi de plus clair ! Désormais c’est à l’Église conciliaire qu’il faut obéir et être fidèle, et non plus à l’Église catholique. C’est précisément tout notre problème. Nous sommes “suspens a divinis” par l’Église conciliaire et pour l’Église conciliaire, dont nous ne voulons pas faire partie. Cette Église conciliaire est une Église schismatique, parce qu’elle rompt avec l’Église catholique de toujours. Elle a ses nouveaux dogmes, son nouveau sacerdoce, ses nouvelles institutions, son nouveau culte, déjà condamnés par l’Église en maints documents officiels et définitifs. […] Cette Église conciliaire est schismatique parce qu’elle a pris pour base de sa mise à jour des principes opposés à ceux de l’Église catholique : ainsi la nouvelle conception de la messe, exprimée dans les numéros 5 de la Préface du Missale romanum et 7 du premier chapitre qui donnent à l’assemblée un rôle sacerdotal qu’elle ne peut avoir ; ainsi également le droit naturel, c’est-à-dire divin, de toute personne et de tout groupe de personnes, à la liberté religieuse. Ce droit à la liberté religieuse est blasphématoire, car c’est prêter à Dieu des intentions qui détruisent sa Majesté, sa Gloire, sa Royauté. Ce droit implique la liberté de conscience, la liberté de pensée et toutes les libertés maçonniques. L’Église qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette Église conciliaire n’est donc pas catholique. Dans la mesure où le pape, les évêques, prêtres ou fidèles adhèrent à cette nouvelle Église, ils se séparent de l’Église catholique. » (35b)
Une société est composée de membres reliés entre eux par la recherche d’une même fin et sous une même autorité. Or l’Église d’aujourd’hui a pour fin nouvelle le bien-vivre avec le monde et ses principes faux (humanisme maçonnique). Gaudium et Spes déclare en effet : « Croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet » (12 § 1). Paul VI, lors de la conclusion du concile Vatican II, a pu affirmer : « La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion de l’homme qui s’est fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier… Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous humanistes modernes qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme. Nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme. » (36b)
C’est cela l’Église conciliaire… une société concrète qui ne garde plus fidèlement le dépôt divin. Selon M. l’abbé Gleize, « l’hérésie ou le schisme ne peuvent se constituer en société numériquement distincte ou en groupe séparé qu’à partir du moment où ses adeptes en font la profession notoire. » (37b) Certes, mais la rupture entre Église conciliaire et Église catholique est facilement constatée, même par un simple observateur. Dire alors, comme le fait Mgr Fellay, que l’Église d’aujourd’hui, qui est conciliaire, est notre Église (catholique) ne peut venir que d’une confusion subjective et d’une description phénoménologique. C’est s’en tenir « à la pure physionomie » et « prendre le singe pour un homme, prendre la secte pour l’Église ».
Au sujet du « protocole du 5 mai signé un peu du bout des doigts, il faut bien le dire », Mgr Lefebvre rapporte les propos du cardinal Ratzinger, « Il n’y a qu’une Église !… Il ne faut pas d’Église parallèle ! »… et commente : « Alors cette Église, évidemment, c’est l’Église du Concile, c’est la Tradition aujourd’hui. » Quand le moderniste Ratzinger dit “Ralliez-vous à l’Église d’aujourd’hui” Mgr Lefebvre s’insurge : « Ce sont eux qui font une Église parallèle, ce n’est pas nous. » (38b) Il y a donc bien deux Églises : la nôtre (qui est catholique) et une parallèle (la conciliaire) (39b).
Pour M. l’abbé Gleize :
« Tout autre avis restant sauf, il nous semble que l’expression “Église conciliaire” désigne, dans la pensée de Mgr Lefebvre comme dans la réalité, l’état de privation fomenté par la partie séditieuse qui sévit à l’intérieur de l’Église, et non pas une autre Église qui serait comme telle distincte en acte et numériquement de l’Église catholique. L’Église libérale, moderniste ou conciliaire, est l’Église considérée dans l’une de ses tendances, qui tend à la corrompre de l’intérieur, en substituant à la fin de l’Église catholique, voulue par son divin fondateur, une autre fin inventée de toutes pièces par des conspirateurs. L’Église est donc dite libérale, moderniste, ou conciliaire en tant qu’elle subit les effets néfastes d’une “infiltration ennemie”. » (40b)
Si en 1976 on est bien devant une infiltration ennemie et un esprit nouveau qui corrompt la fin divine de l’Église dans l’Église, 50 ans après, avec l’institutionnalisation d’une nouvelle messe favens haeresiam, les nouveaux sacrements douteux, le nouveau code moderniste et personnaliste… n’est-on pas en droit de dire que le brigandage que fut Vatican II a engendré l’imposture d’une nouvelle religion qui éclipse et persécute l’Église catholique ?
« J’adhère à la Rome catholique mais non aux réformes post-conciliaires qui s’opposent au magistère de toujours : nouvelle messe, nouveaux sacrements, nouveau sacerdoce, nouvelle Église dite conciliaire par opposition à l’Église antérieure, l’Église éternelle. […] Même s’ils [pape et évêques] ne renient pas explicitement la foi en suivant Vatican II, ils la renient dans les faits, la liberté religieuse et l’œcuménisme étant opposés à la foi traditionnelle. » (41b)
Pour M. l’abbé Gleize :
« Un facteur nouveau et inévitable est intervenu depuis la mort de Mgr Lefebvre : celui de la durée. Le temps passe en effet. Parler d’Église conciliaire dans le contexte d’une subversion encore toute récente ne présente guère de risques. Plusieurs décennies après, alors que tout l’acquis révolutionnaire s’est plus ou moins normalisé, dans un style résolument conservateur qui prête fortement à illusion, on pourrait être mal compris et finir par se méprendre soi-même. » (42b)
Mais une révolution subversive dans l’Église peut-elle se normaliser avec le temps ? Mgr Lefebvre était, lui aussi, conscient du problème du facteur temps, mais sa conclusion est à l’opposé de celle de M. l’abbé Gleize.
« À mon sens, nous sommes de plus en plus obligés de nous séparer de ces gens-là, un peu comme ont dû le faire les catholiques qui ont voulu rester catholiques au temps où l’Angleterre a pris la religion anglicane. Ils étaient tous catholiques, ils sont devenus anglicans. Il y a eu un moment donné où les quelques-uns qui ont résisté ont dû déclarer : “Maintenant, c’est fini ! Ils ne sont plus de notre religion. C’est terminé, ils ne sont plus catholiques…” Nous nous demandons si nous n’allons pas arriver à une situation semblable. » (43b)
Pour M. l’abbé Gleize :
« L’Église est conciliaire non pas essentiellement et en tant que telle (car alors, elle ne serait plus catholique et aurait défailli) mais accidentellement en tant qu’elle subit les effets néfastes d’une “infiltration ennemie”. […] Les tendances libérales et modernistes qui sévissent au sein de cette Église jusque dans sa hiérarchie, empêchent seulement jusqu’à un certain point, sans jamais la faire disparaître totalement, la pleine manifestation des notes de l’Église. » (44b)
Tout le problème est là.
En 2005, M. l’abbé Gleize déclare que « nulle secte ne pourra jamais contrefaire les notes de l’Église » (45b), mais en 2013 « les tendances modernistes empêchent seulement jusqu’à un certain point, sans jamais la faire disparaître totalement, la pleine manifestation des notes de l’Église. » (46b) C’est cette difficulté qu’il nous faut maintenant résoudre.
Abbé Olivier Rioult
Notes de l’annexe B :
[1b] Ndlr du CatholicaPedia : Qui est relatif au singe. Qui rappelle le singe.
[2b] Fideliter, n° 66, pp. 27-31.
[3b] Abbé J.M. Gleize, “Nouvelles de Chrétienté”, n° 93 de mai-juin 2005.
[4b] Mgr Tissier de Mallerais, Sel de la Terre n° 85 – été 2013.
[5b] P. Calmel, Itinéraires 1971.
[6b] Père R.-T. Calmel, Lettre du 8 fév. 1965.
[7b] Père R.-T. Calmel, Lettre d’avril 1965.
[8b] Père R.-T. Calmel, Lettre du 16 oct. 1969.
[9b] Père R.-T. Calmel, Lettre du 1er nov. 1969.
[10b] Père R.-T. Calmel, Lettre de fév. 1972.
[11b] Père R.-T. Calmel, Lettre de juin 1974.
[12b] Père R.-T. Calmel, Itinéraires, n° 148 – déc.1970, Sans mauvaise conscience.
[13b] Père R.-T. Calmel, Lettre du 1er nov. 1967.
[14b] Père R.-T. Calmel, Lettre du 1er sept. 1970.
[15b] Père R.-T. Calmel, Note sur la concélébration pour Dom Gérard, 26 nov. 1973
[16b] Conférence aux prêtres, Écône 4 sept. 1987.
[17b] Mgr Lefebvre, J’accuse le Concile, 1976.
[18b] Mgr Lefebvre, Ils L’ont découronné, 1987, Introduction.
[19b] Entretien de Mgr Lefebvre avec 30 Giorni de juillet 1989, à propos de ses entretiens avec le cardinal Seper, au début du pontificat de Jean-Paul II.
[20b] Conf., Écône, le 21 juin 1978.
[21b] Lettre de Mgr Lefebvre à Jean Madiran, 29 janvier 1986.
[22b] Courrier de Rome, “Peut-on parler d’une église conciliaire ?”, février 2013, n° 363.
[23b] Dans son livre “Einführung in das Christentum”.
[24b] Mgr Fellay, sermon du 2 sept. 2012 au MCF, Flavigny, Nouvelles de Chrétienté n° 137.
[25b] Retraite, Écône, 9 septembre 1988.
[26b] À Flavigny, le 2 septembre 2012.
[27b] Courrier de Rome, n° 368, sept. 2013, § 25.
[28b] Mgr Tissier de Mallerais, Sel de la Terre n° 85 – été 2013.
[29b] Flavigny, déc. 1988.
[30b] Fideliter, n° 64, juillet-août 1988.
[31b] Itinéraires n° 209, janvier 1977, p. 87.
[32b] Cospec 37 B, 13 janvier 1977, cité par Mgr Tissier dans Marcel Lefebvre, Clovis, 2002, p. 531.
[33b] Mgr Tissier dans Marcel Lefebvre, Clovis, 2002, p. 591.
[34b] Lettre Ouverte des Supérieurs de la FSSPX, juillet 1988. Fideliter n° 64, juillet-août 1988.
[35b] Réflexions, 29 juillet 1976, Itinéraires, La condamnation sauvage, n° 40.
[36b] Discours de clôture du concile Vatican II, Paul VI. 7 déc. 1965. Doc. Cath., 66, Col. 59, 66.
[37b] Courrier de Rome, n° 368, sept. 2013, § 11 & 14.
[38b] Cospec, 125B, 9 juin 1988.
[39b] « À la réflexion, il nous apparaît clairement que le but des colloques et de la réconciliation est de nous réintégrer dans l’Église conciliaire, l’unique Église à laquelle vous faisiez allusion dans vos entretiens. » Cospec, 125B, 9 juin 1988.
[40b] Courrier de Rome, n° 368, sept. 2013, § 27.
[41b] Mgr Lefebvre, Monde et Vie, 17 juillet 1987, pp. 12-13.
[42b] Courrier de Rome, n° 363, fév. 2013, § 24.
[43b] Conférence à Flavigny, décembre 1988 — Fideliter n° 68 de mars-avril 1989.
[44b] Courrier de Rome, n° 363, fév. 2013, § 37-38.
[45b] Abbé J.M. Gleize, “Nouvelles de Chrétienté”, n° 93 de mai-juin 2005.
[46] Courrier de Rome, n° 363, fév. 2013, § 37-38.