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Suivent-Ils Vraiment Mgr Lefebvre ?

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Source : http://www.cassicia.com


SUIVENTILS VRAIMENT Mgr LEFEBVRE ?

  • Qui était Mgr Lefebvre ?
  • Transposition du Cardinal de Richelieu
  • Le plus observable : les sacres d’évêques
  • Le plus douloureux : la vraie Messe
  • Arguments biaisés ou à côté
  • La grande erreur stratégique de Lille
  • Un nouveau coup de Trafalgar
  • Oui, ils suivent vraiment Mgr Lefebvre

Mgr Marcel Lefebvre est cet Évêque qui a fini par cristalliser autour de son nom et de sa mitre, à partir de la fin des années 1960, une réaction à la décadence dans l’Église du clergé, de la liturgie, de l’enseignement, de la piété. Il était déjà sournoisement rejeté par l’épiscopat français et par ce qui avait relent de gauchisme en France, qui ne supportaient guère ce qui passait pour son intransigeance doctrinale et ses « opinions de droite ».

Évêque que je qualifierais « d’ancien régime », par sa prestance et par ses responsabilités sous Pie XII et Jean XXIII, il avait tous les réflexes d’un bon et pieux prélat catholique d’autrefois et un certain entêtement des gens du Nord (les journaux le désignaient sous l’expression d’« Évêque de fer »), ce qui allait dans le sens de l’autorité qu’il avait exercée assez haut dans l’Église (Archevêque de Dakar, Nonce apostolique pour l’Ouest africain, Assistant au Trône pontifical, membre de la Commission préparatoire au Concile, Supérieur Général de la plus importante congrégation missionnaire à son époque : la Congrégation du Saint-Esprit, les « Spiritains »).

Mgr Lefebvre, poussé, oui je dis bien, poussé par des jeunes à faire ce qui est devenu un « séminaire international » et une communauté de prêtres (la fraternité sacerdotale Saint-Pie X), puis poussé (idem) par des fidèles et des membres du clergé à être en quelque façon leur chef, et en pratique le symbole unique des « traditionalistes », a commencé à faire parler de lui à travers les diverses actions spontanées de défense de la Messe en France, en Europe et un peu partout dans le monde avec des groupes de fidèles s’organisant autour de prêtres fidèles ou faisant appel à eux. Cela de plus en plus au dam des évêques en place dont les églises se vidaient.

TRANSPOSITION DU CARDINAL de RICHELIEU

Dès lors, Mgr Lefebvre a eu accès aux grands médias et dénonçait ce qui n’allait pas dans l’Église « depuis le concile Vatican II ». Il a fait un bien énorme dans ce domaine car il disait clairement ce que tant de braves gens, de fidèles et de prêtres écrasés pensaient plus ou moins bas. Mais surtout, les observateurs tant soit peu extérieurs à la querelle, avaient un regard suffisamment objectif pour constater simplement que la vérité était plutôt du côté de cet Évêque. C’est au point que les conversions qui s’étaient taries avec le concile commençaient à reprendre en faveur de ce mouvement traditionaliste.

« Il a fait trop de bien pour en dire du mal… » Certes ! Mais il s’agit de l’Église de Dieu et non de simple politique, de Foi et non de mondanité.

Et voici que les difficultés commençaient à s’accumuler, et notre Évêque missionnaire (c’est-à-dire avec cet esprit généralement prévenant et conciliant) s’est trouvé dépassé par des tensions et des mouvements sinon contradictoires au moins fort divergents, essayant même de les accorder… C’est ainsi que dès l’origine on pouvait déceler cette faille permanente attribuable à une certaine bonté : surtout pas d’histoires ; chacun se sentait encouragé dans le différend soulevé et poursuivait dans sa direction (bonne ou mauvaise…). Mais toujours Mgr Lefebvre dénonçait les trop réelles erreurs romaines.

Ce comportement habituel tendant à donner raison à ses interlocuteurs, tantôt à parler avec grande fermeté avec les « durs » contre Rome et les évêques modernistes, tantôt à consoler les faibles en disant que les choses allaient s’arranger, à gentiment « dialoguer avec le Vatican », est allé si loin qu’on en a vu les contradictions s’étaler au grand jour. Ainsi :

LE PLUS OBSERVABLE : LES SACRES D’ÉVÊQUES

Depuis longtemps Mgr Lefebvre était tiraillé par cette question de la survie de son mouvement (il m’avait dit tristement en 1976 : « Mon œuvre ne me survivra pas… »). Certains le poussaient donc à sacrer l’un de ses prêtres au cas où… L’épisode malheureux en 1981 du sacre qui devait rester secret du R.P. Guérard des Lauriers l’avait laissé sur ses gardes. Puis un an avant cette année 1988 où il sacra quatre de ses prêtres, il déclarait à Nantes avec lucidité : « Si je sacrais un évêque, je serais schismatique »…

LE PLUS DOULOUREUX : LA VRAIE MESSE

Chacun sait à quel point le combat de Mgr Lefebvre était la fidélité à la Messe, ce à quoi les fidèles étaient le plus concrètement sensibles. Messe antique, romaine, canonisée par le Pape saint Pie V et supprimée très officiellement et concrètement par Paul VI, remplacée par la « synaxe », fabriquée à partir du Prayer book anglican, qui, disait Mgr Lefebvre, « nous protestantise ». Ce que disant, il mettait nécessairement en cause l’autorité de Paul VI eu égard à la condamnation du synode de Pistoie qui empêche de dire qu’un authentique Rite sacramentel pourrait être indifférent (il est donc nécessairement bon).

Mais là aussi, l’Évêque se prenait les pieds dans le tapis. Face au Préfet de la Congrégation de la Foi, le cardinal Seper, il ne pouvait sortir de l’impasse : « Vous me tendez un piège », alors que c’est lui qui l’avait mis en place : ou la synaxe, la « nouvelle messe », était bonne et valide (alors pourquoi la rejeter ?) ou c’est Paul VI qui n’avait pas l’Autorité. C’était doctrinalement rigoureux et il le savait. Il ne répondit donc pas autre chose que : « Piège ! »

Résultat ahurissant et incompréhensible : au séminaire, les ordinands devront désormais signer une attestation reconnaissant l’Autorité du pape en place et la validité de la « nouvelle messe », sinon ils ne seront pas ordonnés, et les prêtres renvoyés de la Fraternité. C’est ainsi que, désormais clairement protestantisés, prêtres, séminaristes et fidèles se sont parfaitement accoutumés à reconnaître l’Autorité du pape et à lui désobéir en permanence.

Décidément, « Il a fait trop de mal pour en dire du bien… » ? (paraphrase du grand Pierre Corneille après la mort de Richelieu).

ARGUMENTS BIAISÉS OU À CÔTÉ

C’est à une véritable crise de l’intelligence qu’on assiste ainsi depuis des décennies. Car enfin, depuis vingt siècles l’Église a précisé sa doctrine et développé son enseignement avec une admirable continuité et clarté.

L’hésitation permanente (en fait : la peur des conséquences) a engendré dans l’attitude de chaque jour paradoxalement un état stable : le vague des principes qui n’en sont pas mais qui servent de justificatifs confus aux incohérences qu’ils pratiquent habituellement.

Il nous faudra forcément revenir sur ces évocations rapides pour les préciser et les compléter — pour l’Histoire — par d’autres exemples comme : « Interpréter le dernier concile à la lumière de la Tradition » quand précisément c’est le rôle du Magistère (avec ou sans concile) de préciser ultérieurement ce qui est antérieur et insuffisamment clair. Ou encore l’oubli que  : Une excommunication même injuste doit être respectée au moins extérieurement (un recours est toujours possible). Mais il n’y a évidemment pas d’excommunication SI l’autorité n’est pas (ou n’est plus) l’Autorité, mais alors il faut l’établir, puis le dire.

Ils n’ont pas mesuré à quel point ils ont placé dans l’immoralité presque tous les traditionalistes à « faire comme si ». Comme si l’Autorité était bien en place et — le comble — n’en tenir aucun compte !

LA GRANDE ERREUR STRATÉGIQUE DE LILLE

Et puis, encore un point en cause qui n’est pas un détail :

On se souvient peut-être que Mgr Lefebvre a célébré en 1976 à Lille une Messe très médiatisée par la circonstance de sa suspens a divinis. C’était peut-être l’occasion de déclarer haut et fort (s’il le croyait comme il l’avait soutenu en plusieurs circonstances devant des fidèles « durs ») : Paul VI n’est pas pape ou expliquer qu’il n’a plus l’AutoritéL’affaire était trop gravissime pour passer à côté, malgré la difficulté et le scandale certains : même s’il faut mourir martyr, il y a un témoignage nécessaire et de toutes façons, si la Vérité est en cause, le Saint-Esprit éclaire et fortifie, et Dieu pourvoit !

Mgr Lefebvre a choisi la « prudence » de ne pas dénoncer Paul VI parce qu’il se méfiait — non sans raison — des médias : en effet, c’eût été comme dire que M. Giscard d’Estaing n’était pas président de la république française étant à l’Élysée ! On l’aurait enfermé, on se serait moqué de lui, personne ne l’aurait plaint après une excommunication subséquente « bien méritée »… Bon raisonnement, et prudence. Selon le monde. Que fit donc Mgr Lefebvre ? Il a pris la défense… du Général Pinochet chef de l’État du Chili ! Que ce dernier ait été catholique, calomnié et défendable, la question n’était là en aucune manière ! Alors la suite médiatique était inévitable…

UN NOUVEAU COUP DE TRAFALGAR

« Chambragazum non existam ! »

« Chambragazum non existam ! »

En bons « successeurs », les « quatre évêques » palabrent avec le Vatican qu’ils critiquentet dont ils veulent être reconnus… et continuer à faire comme bon leur semble !… Et le grand argument théologique qui va servir à régler (dans quel sens ?) cette question du « schisme traditionaliste », c’est la réponse « naïve » d’un Anglais à une question « perverse » fort habilement étalée au moment psychologique par des médias peu scrupuleux sur un point assez chatouilleux touchant les Juifs et la dernière guerre mondiale ! Le journal Le Monde l’annonce : « Chambragazum non existam ! » (sic), voilà le nouveau « coup de Trafalgar » décisif, dans une bataille menée avec de mauvais repères (comme l’ambitieux et révolutionnaire Napoléon…).

Le grand crime Théologique qui sera la condamnation de TOUS les Traditionalistes ce sera donc ce « négationnisme » d’un ressortissant de la perfide Albion… Mais qu’est-ce que cette question vient faire ici ? Voilà encore un châtiment pour ceux qui jouent avec la doctrine catholique !

OUI, ILS SUIVENT VRAIMENT Mgr LEFEBVRE

Oui, décidément ! Ils suivent vraiment fidèlement Mgr Lefebvre : dans sa fracture originelle, avec les hésitations permanentes, les contradictions, les « pas de clercs » et la perte finalement du plus élémentaire sentire cum Ecclesia, le « sentir avec l’Église », du plus élémentaire sensus Fidei, le « sens de la Foi »… Aveuglement, châtiment des égarements anciens, et entretenus, décidément peu innocents. Cela fait bien partie de la crise de l’Église !… Et tout le monde en pâtit.

Mesure-t-on l’immensité du gâchis ? Tant de bonnes volontés à l’évidence, mais pas de volonté bonne qui suit une intelligence éclairée.

Car il est clair que nous sommes dans le classique schéma sentimental (ou charismatique si on préfère). On veut être catholique mais à ses propres conditions, chacun se faisant sa petite religion et la défendant avec de grands principes (d’ailleurs non appliqués), et en pratique : « Dieu n’en demande pas tant ! » et on se veut « ben brâve » et bien sûr fidèle…

Oui, immense gâchis : avec le recul, on le voit encore mieux, gâchis de forces, de générosités, de piété, de vocations.

Tout a un prix et tout se paye. Et le Ciel aussi a un prix.

(Site internet : cassicia.com)

(Abbé Jacques-Marie Seuillot, fondateur-gérant des Cahiers de Cassiciacum en 1979,
qu’il a suspendus en 1981 suite au sacre épiscopal sauvage du R.P. Guérard des Lauriers)


Nota : L’Abbé Jacques-Marie Seuillot est « non una-cum« .
Les accentuations (gras et soulignés) sont de nous.

Télécharger Le Bulletin Dominical – N° 1347 en PDF

Annexe : Télécharger la Déclaration reconnaissant l’Autorité du « pape » en place et la validité de la « nouvelle messe », que les ordinands doivent désormais signer pour être Ordonnés par la FSSPX : Serment ou Pacte ?

Written by Cave Ne Cadas

mai 15th, 2009 at 2:05 pm