Octobre mois du Rosaire : la théologie mariale
Avant que ce mois du Rosaire se termine voyons la théologie mariale dans les encycliques qui traitent du Rosaire.
Beaucoup parlent des encycliques des papes et spécialement de Léon XIII sur le Rosaire ; peu les ont lu.
Le magistère de Léon XIII sur le Rosaire est magistral, simple et profondément marial.
À tous ne faiblissons pas en ce mois du Rosaire, ceux qui le peuvent : Mystères Joyeux le matin, à midi Mystères Douloureux et le soir Mystères Glorieux ; puis récitation des Litanies de la Sainte Vierge et prière à Saint Joseph patron de l’Église Universelle.Avec une profonde amitié autour de la Reine des Cieux et de la France.
me communique notre ami Jean-Marie de la Salle à qui je dédie cet article…
Nous savons tous que notre Bonne Mère du Ciel ne cesse de nous demander de réciter le chapelet à chacune de ses apparitions. Ce que nous perdons peut-être de vue, ce sont les invitations toutes aussi pressantes des papes depuis plus d’un siècle. Mais qui relit encore aujourd’hui ces textes importants ?
De tous, c’est assurément Léon XIII qui remporte la palme avec 14 textes pontificaux, dont voici la liste :
- Encyclique Supremi apostolatus Officio (1er septembre 1883)
- Bref Pontifical Salutaris Ille Spiritus (24 décembre 1883)
- Encyclique Superiore Anno (30 août 1884)
- Décret de la Congrégation des Rites sur la fête de -D. du Rosaire (11 septembre 1887)
- Encyclique Quamquam Pluries sur le patronage de St Joseph et de la Sainte Vierge ; suivie du texte latin de la « prière à saint Joseph » composée à cette occasion (15 août 1889)
- Encyclique Octobri Mense (22 septembre 1891)
- Encyclique Magnae Dei Matris (8 septembre 1892)
- Encyclique Laetitiae Sanctae (8 septembre 1893)
- Encyclique Jucunda Semper Expectatione (8 septembre 1894)
- Encyclique Adiutricem populi christiani (5 septembre 1895)
- Encyclique Fidentem Piumque Animum (20 septembre 1896)
- Encyclique Augustissimae Virginis Mariae (12 septembre 1897)
- Encyclique Diuturni Temporis (5 septembre 1898)
- Lettre sur les Indulgences du Rosaire (30 aout 1899)
- Lettre Apostolique Parta Humano Generi (8 septembre 1901) relative à la consécration de l’église du Rosaire, à Lourdes
Le Rosaire est-il agréable à la Sainte Vierge ? Nous avons la chance de posséder des réponses de Marie elle même à cette question. En effet, la Sainte Vierge, à de nombreuses reprises, nous a dit par l’intermédiaire de ses confidents tout le bien qu’elle pensait du Rosaire.
À sainte Gertrude, Marie a confié son amour pour le Rosaire :
« Jamais homme n’a fait quelque chose de plus beau que l’Ave Maria. On ne peut me saluer d’une façon plus douce à mon cœur que par ces paroles pleines de respect par lesquelles Dieu le Père m’a saluée lui-même. »
Plus proche de nous, en 1917, à Fatima, Notre-Dame a demandé aux petits voyants, à chacune de ses apparitions, de réciter le chapelet ; voici quelques unes de ces demandes :
- Le 13 mai : « Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »
- Le 13 juin : « Je veux que vous disiez le chapelet tous les jours. »
- Le 13 juillet : « Je veux que nous continuiez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule pourra vous secourir. »
- Le 13 octobre, enfin : « Je suis Notre-Dame du Rosaire ; Je veux que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. »
Il est intéressant de se demander quelles sont la pensée de l’Église sur la récitation du Rosaire et l’importance qu’elle attache à ce moyen particulier, et de savoir si elle le considère toujours comme d’actualité. Nous allons prendre quelques points de repère dans le temps :
Saint Pie V, au XVI siècle, alors que le développement ottoman menaçait la chrétienté, ordonna que toutes les communautés chrétiennes récitassent le Rosaire le 7 octobre 1571, jour où la flotte chrétienne affrontait la flotte musulmane à Lépante. C’est en souvenir de la victoire de Lépante que tous les 7 octobre, l’Église célèbre Notre-Dame du Rosaire comme la très Sainte Mère de Dieu unie à tous les mystères de notre salut, comme la Reine et la médiatrice dont l’intervention est toute puissante.
Pie IX : « Parmi les dévotions approuvées par l’Église, aucune n’a été favorisée d’autant de miracles que la dévotion au très Saint Rosaire. »
Léon XIII a consacré 14 textes à la nécessité de la méditation du Rosaire, nous l’avons vu.
Saint Pie X : « Si vous voulez que la paix règne dans votre foyer, récitez chaque soir le chapelet en famille. »
Pie XII : « Il n’y a pas de plus sûr moyen d’attirer les bénédictions du Ciel sur la famille que la récitation quotidienne du Rosaire. »
« Léon XIII et Marie »
L’abbé Ernest Lemieux, dans la revue Laval théologique et philosophique, – vol. 9, n° 1, 1953, p. 45-46 –, écrit :
XIII" width="258" height="300" />LÉON XIII est universellement reconnu comme l’un des plus grands papes des temps modernes. Esprit singulièrement cultivé, philosophe profond et grand théologien, sociologue éminent et diplomate de haute classe, il a réalisé à la lettre la devise de son blason : Lumen in Coelo. Il a été une splendide lumière au ciel de l’Église et de l’humanité.
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Toutefois, il est un domaine important de sa pensée et de sa vie qui demeure trop souvent ignoré ou méconnu d’un grand nombre de nos fidèles : celui de sa dévotion tout à fait extraordinaire envers la Très Sainte Vierge. En témoignent les douze encycliques et plusieurs autres documents officiels publiés sur le sujet par cet illustre pontife. Rien ne révèle autant et la tendresse de sa piété personnelle envers la Mère de Dieu et la confiance inébranlable qu’il savait mettre en Marie pour assurer le triomphe de l’Église dans la lutte surhumaine qu’elle doit toujours mener contre les puissances de l’Enfer.
Peut-être n’est-il pas inutile de le rappeler : Léon XIII a connu, sur le siège de Pierre, des années douloureuses et tragiques. Captif volontaire au Vatican, après la spoliation récente des États pontificaux, il regarde avec angoisse se déchaîner sur les pays d’Europe les forces redoutables de la Révolution. La franc-maçonnerie, pour une, a donné le mot d’ordre : il faut détruire systématiquement et à tout prix, dans le monde, l’influence du christianisme. Partout elle réclame l’indépendance absolue de l’État vis-à-vis de l’Autorité ecclésiastique ; dans les écoles, sous prétexte de sauvegarder la liberté de l’enfant, elle s’objecte à l’enseignement confessionnel ; enfin, et pour des raisons similaires, elle exige la suppression des communautés religieuses. Telles sont quelques-unes des mesures diaboliques que les Loges s’efforcent d’obtenir, et que, de fait, elles obtiennent en trop grand nombre de régions.
En pareilles circonstances, quelle sera la conduite du Vicaire de Jésus-Christ Pleinement conscient de ses responsabilités de chef de l’Église, Léon XIII rappelle tout d’abord, en de magistrales encycliques, les vérités fondamentales sur lesquelles repose le bonheur des sociétés aussi bien que celui des familles et des individus. Est-il besoin d’évoquer ici, à titre d’exemples, les documents célèbres qui s’intitulent : Inserutabili : sur les maux de la société (21 avril 1878) ; Quod Apostoliei : sur les erreurs modernes (28 décembre 1878) ; Aeterni Patris sur la philosophie chrétienne (4 août 1879) ; Diuturnum : sur l’origine du pouvoir civil (29 juin 1881) ; Humanum Genus : sur la secte des francs-maçons (20 avril 1884) ; Immortale Dei : sur la constitution chrétienne des États (1er novembre 1885) ; Libertas Praestantissimum : sur la liberté humaine (20 juin 1888) ; Rerum Novarum : sur la condition des ouvriers (16 mai 1891), etc.
Toutefois, Léon XIII ne se fait aucune illusion ; il n’ignore pas que l’enseignement le plus parfait, l’argumentation la plus rigoureuse, les preuves les plus péremptoires demeurent sans résultat, là où la grâce intérieure ne vient pas toucher les esprits et soumettre efficacement, sans les violenter, les volontés jusque là rebelles au joug sauveur du Christ.
Or, telle est la volonté de Dieu que la grâce ne s’obtienne ici-bas, en règle générale, que par la prière. Aussi bien, le saint Pontife ajoute-t-il aux préoccupations de la doctrine à répandre, celles d’une fervente dévotion à susciter dans le peuple chrétien.
Cette dévotion, il veut qu’elle s’adresse tout particulièrement à Marie, puisque, dans le plan divin, c’est elle qui doit, de son pied virginal, écraser la tête du serpent.
Par ailleurs, comme la pratique du Rosaire s’est avérée, dans les moments difficiles de l’histoire de l’Église, le moyen très efficace d’obtenir l’assistance victorieuse de la Vierge, c’est cette forme de dévotion que prône davantage le Vicaire de Jésus-Christ.
On lira sûrement avec grande édification les pages suivantes où Léon XIII nous fait connaître, en plus des richesses souvent insoupçonnées de la théologie mariale, les puissants motifs qui doivent nous inspirer, envers la Mère de Jésus et notre Mère, l’amour le plus fervent et la plus grande confiance.
Dans les heures pénibles et graves que nous traversons, avec cette constante menace du communisme athée dont l’ambition n’est rien autre que la conquête du monde à l’idéologie marxiste, ces écrits de Léon XIII nous vaudront encore aujourd’hui une vive lumière et un immense réconfort.
Les Papes et Marie
Pour aller plus loin, avec l’abbé Ernest Lemieux, voici les textes publiés dans la revue Laval théologique et philosophique, – vol. 9, n° 1, 1953
« Introduction : Pie IX et
le dogme de l’Immaculée Conception »
« Introduction : Léon XIII et Marie »
- 1889 — Encyclique Quamquam Pluries
- 1891 — Encyclique Octobri Mense
- 1892 — Encyclique Magnae Dei Matris
- 1893 — Encyclique Laetitiae Sanctae
- 1894 — Encyclique Jucunda Semper
- 1895 — Encyclique Adjutricem Populi
« Introduction : Saint Pie X »
- 1904 — Encyclique Ad Diem Illum
Postscriptum : L’abbé Ernest Lemieux a malheureusement sombré dans l’hydre conciliaire semble-t-il… puisque :
Brigitte Caulier, Raymond Brodeur, Nive Voisine, écrivent (page 287) dans « De l’harmonie tranquille au pluralisme consenti : une histoire de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (1852-2002) » aux Presses Université Laval, 2002 – 364 pages :
Cependant, chez quelques professeurs, ces mouvements réformateurs, annonciateurs des réformes futures de Vatican II, allaient trouver un certain écho. On pense à Jean-Marie Fortier, diplômé en histoire ecclésiastique à Louvain et à Rome ; à Benjamin Fortin qui avait obtenu, à Rome, une formation en archéologie chrétienne avant de parfaire sa formation en liturgie lors d’un séjour au Centre de pastorale liturgique, à Paris ; à Emmanuel Bourque, docteur en archéologie chrétienne (Rome) et étudiant à Louvain ; à Elzéar Fortier, qui avait étudié en musique à Santa Barbara et à Paris ; à Ernest Lemieux, passionné d’œcuménisme et intéressé à l’archéologie chrétienne et au mouvement liturgique. Tous, sauf le dernier, avaient des parcours de formation qui les distinguaient du courant dominant : licence en philosophie et doctorat en droit canonique ou en théologie. (…)