Un Baptême de Désir de Dieu, pour un Jour,
Le Baptême d’Eau en Dieu, pour Chaque Jour !

 

Un Baptême de Désir de Dieu pour un Jour,

Le Baptême d’Eau en Dieu pour Chaque Jour !


Quelques réflexions à propos des erreurs feeneyistes propagées par le « M.H.F. », et le site « La Foi ».

 

L’abbé Marchiset, prêtre catholique semper idem jusqu’à il y a peu de temps, semble avoir été victime de certains colporteurs d’égarements destructeurs de la Foi de l’Église, et échoué dans des erreurs afférentes au baptême, à la Rédemption et à l’Église. Dans le chaos entretenu, à la faveur de l’ignorance coupable et quasi-générale des fidèles, par les perroquets savants, clercs ou non, qui ne sont que de crispés survivantistes de l’Église de Pie XII, ou par les individus sans scrupule émanant de l’antre millénaire des ennemis héréditaires de l’Église, il convient de récapituler succinctement les objections que soulève la doctrine feeneyiste.

Gardons constamment à l’esprit, en ce sujet comme en tant d’autres, ce double fil conducteur : premièrement la Révélation, telle qu’elle est attestée ab initio par l’Église, doit faire plier toutes les autres considérations intellectuelles, affectives, morales ou politiques. Deuxièmement, et nonobstant cet impératif catégorique, la Révélation attestée par l’Église est, et demeure, en conformité semper idem avec l’intelligence humaine.

En premier lieu, nous brosserons superficiellement les caractéristiques de l’Église dans l’optique des problèmes posés par le feeneysme ; cela nous permettra néanmoins en un deuxième temps de préciser la signification et la portée de cette réalité : devenir, et demeurer, Enfant de l’Église.

 

I.- L’Église est un Organisme Visible et Surnaturel

 

Premièrement.

1. En une personne humaine, le corps et l’âme, la matière et la forme, sont indissociables.

« Or l’âme est l’acte du corps organisé, et non pas d’un seul organe seulement. Elle réside dans tout le corps et non dans une partie seulement, puisqu’elle est essentiellement forme du corps. » (Saint Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, nature des êtres créés, §72)

Deuxièmement : l’erreur de l’identité.

2. L’Église, groupe de personnes physiques, n’est pas identique à une personne physique. On ne peut donc pas lui appliquer stricto sensu le régime biologique régissant cette dernière.

Troisièmement. La vérité de l’analogie.

3. L’Église Catholique, synonyme de l’Église du Christ, n’est pas un être physique, elle regroupe des êtres humains, donc chacun d’eux est affecté d’un accident ontologique particulier qui celui d’une relation entre des êtres physiques. Cette relation consiste en l’identité de foi, mais aussi de sacrements, et de gouvernement, régnant entre les baptisés.

Cette identité de foi détermine le caractère sui generis de l’Église, compte-tenu de sa génération, de sa forme et de sa fin, toutes divines. Elle condamne la prétendue nature de « communion entre les croyants », communion énigmatique et indéchiffrable, comme aiment à le proclamer les protestants libéraux, les conciliaires ultra-“modernistes” contemporains (cf. la « communion imparfaite » dans V.2), les maçons noachides, etc…

L’on peut dire à l’unisson de Saint Pie X en son Grand Catéchisme : « En elle, comme dans une personne morale, on peut distinguer un corps et une âme. » (Ch. X, §2). À l’écoute de Pie XII, nous pouvons voir en elle « un organisme visible» : « Si l’Église est un corps, il est donc nécessaire qu’elle constitue un organisme un et indivisible, selon les paroles de saint Paul : Bien qu’étant plusieurs, nous ne faisons qu’un seul corps dans le Christ » (Pie XII, Encyclique Mystici corporis Christi, voir à hauteur de la note 14)

Dans le cadre de cette analogie, Pie XII précise l’interdépendance fonctionnelle existant entre les différents membres du corps. Il ne s’agit donc pas d’une simple mécanique juridique où les divers sujets seraient reliés par des réseaux de droits et d’obligations, mais d’un être qui est vivant de façon singulière et unique, et non pas de la vie biologique des êtres physiques. L’on peut donc dire que l’Église est être moral dont la vie ressemble à celle d’une personne.

Rappelons incidemment que :

L’assimilation pure et simple de l’organisme vivant de l’Église à celui d’une personne physique, que cette assimilation soit théorique, ou qu’elle soit « pratique », – ce qu’il est difficile de discerner eu égard au laconisme métaphysique et théologique des protagonistes concernés, – a été faite par exemple Jean Arfel. Ce qu’ont dénoncé les Dominicains d’Avrillé. Le CatholicaPedia Blog, a publié un article à ce sujet en 2013.

L’erreur a été rééditée par Mgr Williamson, selon lequel l’Église serait devenue une « pomme pourrie » ; à cet égard, il semble s’être borné à étendre l’enseignement de son ex-supérieur, Mgr Fellay pour qui la Messe serait aussi devenue une “pomme pourrie”, étant observé que la Messe n’est certes pas une relation, elle est selon l’enseignement de St Thomas, à la fois une chose et une action.

Quatrièmement. Qu’est-ce que l’Âme de l’Église ?

1. Saint Pie X enseigne dans son Grand Catéchisme :

« L’âme de l’Église consiste en ce qu’elle a d’intérieur et de spirituel, c’est-à-dire la foi, l’espérance, la charité, les dons de la grâce et de l’Esprit Saint et tous les trésors célestes qui en sont dérivés par les mérites du Christ Rédempteur et des Saints. » (Gd Cat. ch. X §2)

Il ne s’agit donc pas d’une substance intellectuelle qui serait unie de la façon dont l’âme est unie au corps humain, à titre de forme substantielle. Il ne s’agit pas non plus de l’union entre les deux natures de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est Dieu s’étant uni une véritable nature humaine.

En cette relation particulière et unique d’union ecclésiale, ce qui unit les baptisés c’est la Personne Divine du Saint-Esprit. Elle communique à chacun d’eux, les mêmes vertus théologales, la même Grâce habituelle, et les mêmes Dons. C’est en ce sens que cette communauté, cette union, cette identité de vie communiquée à chacun, constitue le principe unique et spirituel transmis par le Saint-Esprit. On qualifie parfois ce dernier d’ “âme incréée” pour préciser sa transcendance par rapport à l’Église, et le distinguer de son action sur, et dans, l’Église, être de relation unissant les êtres physiques singuliers que sont les baptisés.

2. Cette âme de l’Église présente seulement une analogie, d’abord en son acte d’être, avec l’acte d’être de l’âme d’une personne physique. Saint Paul (1 Rom. 12, 4-5) évoque à propos de l’Église, un être organique, où doivent être coordonnés les divers “membres” du « corps ». Mais son âme ne constitue pas la substance spirituelle qui informe le corps biologique ; Saint Thomas voit dans l’Esprit Saint comme l’âme de l’Église (Exposé sur le Symbole des Apôtres, sent. IIII, dist 13, q.2, a.2). Il faut condamner Maritain qui réduit la notion d’âme incréée à une hyperbole. En fait, la grâce communiquée par le Saint Esprit, non pas le Saint-Esprit lui-même, est à l’Église, l’équivalent de ce que l’âme est au corps dans l’être humain.

Elle constitue ensuite une analogie avec la nature divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont l’union avec la nature humaine n’est pas non plus une « information » de cette dernière. Par exemple, Saint Thomas écrit : « Ainsi Arius et Apollinaire affirmèrent-ils que le Verbe jouait à l’égard du corps du Christ le rôle de l’âme ou celui de l’esprit » (Somme contre les Gentils §41).

Elle signifie la présence divine en elle, en tant que cette présence est un acte d’être, et une existence comme action divine permanente.

 

II. Comment Devenir Membre de cet Organisme ?

 

Cinquièmement. L’accès au corps de l’Église.

1. Saint Pie X enseigne aussi dans son Grand Catéchisme :

« Le corps de l’Église consiste en ce qu’elle a de visible et d’extérieur, comme l’association de ses fidèles, son culte, son ministère d’enseignement, son organisation extérieure et son gouvernement. »
(Gd Cat. de St Pie X, ibidem).

Il ne faut pas être dupe de l’abstraction de la notion de corps et du risque inhérent de l’universaliser. En ce « corps », cependant, l’intelligence humaine distingue : le groupement social des fidèles et leur groupement juridique, – personne morale juridique de Droit divin –, la liturgie, et l’enseignement de sa Doctrine. Là sont les éléments constitutifs qui ne peuvent ne pas être, nécessaires, de l’institution sociale de l’Église militante, qui a pour fin le salut des âmes tout au cours de la vie terrestre des fidèles, et est vouée à la plus grande gloire de Dieu. Il est la société, la réunion de tous les baptisés ;

mais c’est ici que l’erreur feeneyiste nous invite à préciser les notions de baptême sacramentel et de baptême de désir.

2. Chaque baptisé reçoit de « l’âme incréée de l’Église », du Saint-Esprit, la Grâce sanctifiante, les vertus et les dons, dès qu’il y consent expressément.

Sur le plan psychologique, chez le fidèle instruit de la Foi, qui l’embrasse et demande le baptême, son acte individuel de volonté, est à l’origine d’une nouvelle forme accidentelle, qui est la rencontre du consentement au don gratuit de la Foi. Ramené à sa plus simple expression, « l’homme désire conformer sa volonté à celle de Dieu ». Dès ce moment, s’accomplit l’exécution instantanée de l’acte de salut par Dieu au profit du nouveau fidèle.

Au niveau métaphysique, l’être humain (« matière », sujet subsistant) qui était privé dans le passé, de cette forme nouvelle, l’acquiert pour l’avenir. Il était en puissance d’être sauvé, c’est Dieu qui actualise en donnant cette nouvelle forme d’union de volonté. Si l’individu considéré et sa démarche psychologique notamment sont premiers chronologiquement, il n’empêche que l’actualisation salvatrice qu’il reçoit et la finalité béatifique sont logiquement, et plus encore surnaturellement, premières. La Foi est un don de Dieu.

Dans le domaine théologique, la forme essentielle du nouveau Chrétien est ce don individuel actuel de la Rédemption, au moyen la participation du fidèle, à la Passion, l’absorption dans la Mort, et l’identification à la Résurrection de Notre-Seigneur-Jésus-Christ. Ce don est concomitant à l’acte de consentement qui est également de nature sacrificielle de la part du racheté. Il s’agit de l’acte « de parfaite Charité ou Contrition », exposé par le RP Copello SJ cité par l’Abbé Cekada, qui ajoute : « la contrition parfaite est en elle-même [per se] une disposition immédiate à la justification… » Cet acte fondateur comporte un acte actuel et urgent de recevoir ce don, et la volonté de recevoir le caractère baptismal pour jouir de la Grâce habituelle dans l’avenir.

La situation des martyrs :

Dès lors, si le fidèle meurt subitement ou accidentellement quelques instants après sa conversion, comme c’est le cas des martyrs, qui ne disposent pas du temps matériel leur permettant de recevoir le caractère baptismal, toujours est-il que la condition de la rédemption se trouve remplie de son côté. Il est entré quasiment directement dans l’Église triomphante. Sur un plan pratique, et si l’on s’exprimer ainsi, recevoir le sacrement de baptême, dans ce cas particulier et très exceptionnel ne serait pas « utile » puisque recevoir ultérieurement le sacrement de Pénitence, et même de l’Eucharistie, nécessaires de nécessité absolue pour rétablir et maintenir la Grâce habituelle comme c’est le cas dans l’Église militante, ne serait plus d’actualité ici, puisque le martyr jouit désormais de la Vision béatifique.

3. En revanche il est dans la nature des choses divines, et en temps ordinaire par le passage obligé que constitue l’Église militante, que cet acte de salut à exécution instantanée soit transformé en un acte à durée successive en quelque sorte, couvrant toute la durée du combat du fidèle en cette vallée de larmes. C’est pourquoi le sacrement du baptême a été institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, acte qui nous incorpore durablement et habituellement dès ici-bas, dans sa Passion et sa Résurrection, par le truchement de son Corps mystique.

Métaphysiquement le nouveau fidèle (matière) qui, dans le temps, a d’abord attesté de sa certitude par l’acte de contrition parfaite, (génération) reçoit ensuite l’impression du caractère baptismal (nouvelle forme) afin de lui assurer, dans l’écoulement du temps, l’état de grâce (fin). Si on le soumet aux contraintes de la durée de la vie humaine, comme c’est le droit commun de la quasi-totalité des fidèles, il n’est plus qu’en puissance d’être sauvé, dans cette durée, et il doit recevoir le baptême. Le baptême, on l’observe là encore, est en réalité antérieur surnaturellement et logiquement à l’opération initiale du consentement au salut : C’est antérieurement, tant sous le rapport historique que sous le rapport surnaturel, que La Passion de Notre-Seigneur fonde le sacrement du baptême.

De même, chez celui qui désire le baptême (génération) son attestation de Foi, « le disposant immédiatement à la justification » constitue bien la matière de sa nouvelle substance accidentelle de Catholique, l’administration du sacrement de Baptême (nonobstant les propres causes de ce dernier), consistant de son côté en la forme de cette substance nouvelle. Sa finalité est d’être un enfant de l’Église qui est ipso facto un soldat du Christ.

 

III. Peut-on Lui Appartenir d’une Autre Manière ?

 

Sixièmement. L’accès à l’âme de l’Église

1. À l’opposé de la situation exceptionnelle des martyrs, les non-chrétiens représentent un cas quantitativement incommensurable. Avant que nous nous penchions sur leurs dispositions intérieures, il est indispensable de dire que celles-ci s’inscrivent sur un arrière-fond théologique décisif. Le Dieu Catholique est le seul Dieu. Tout être humain qu’il a créé doit devenir catholique. Le Dieu de la Révélation chrétienne est Justice et Miséricorde. Tout homme est créé pour traverser la Réalité surnaturelle de Pâques. C’est donc à l’aune de cette vocation exclusive, scellée sur la nature humaine que doit être considérée maintenant l’attitude de l’homme, spécialement dans le cas particulier de celui qui ne pouvait pas recevoir l’information chrétienne.

2. À la lumière des observations énoncées supra, il faut se référer à une intuition subconsciente présente en tout individu de toute culture, région et époque. Pie XII (Mystici corporis) évoque ceux qui « par un certain désir et souhait inconscient, se trouvent ordonnés au Corps… ».

Or « Je veux voir Dieu ! » disait Sainte Thérèse d’Avila : n’est-ce pas là exprimer, de façon catholique, ce désir qui est présent en tout homme de manière quasi-instinctive ? Lorsque les hommes relient à leur conscience morale, ce désir, perçu de manière syncrétique, ils l’analysent en une adhésion à un Dieu rémunérateur de leur conduite.

Les plus conséquents et les plus sincères d’entre eux pensent alors qu’ils doivent d’une certaine façon mourir contemplativement, moralement, à eux-mêmes, et du moins mortifier leurs désirs sans freins naturels. Ils pourraient emprunter la voix de Sainte Thérèse et dire avec elle : « je veux mourir, parce que pour voir Dieu, il faut mourir ». Cette attitude métaphysique élémentaire et cette règle morale peut être discernée en nombre de religions non-chrétiennes, comme aussi chez les sages socratiques oui stoïciens.

3. Cette intuition fondamentale peut autoriser à rattacher le cas des non-chrétiens à celui de ceux qui sont morts physiquement pour la Foi, en permettant de discerner chez certains d’entre eux, ceux qui auraient voulu être Chrétiens, s’ils avaient pu être instruits de la Foi, et ce dans le mesure où ils voulaient faire mourir “le vieil homme” en eux, afin de “voir Dieu”. Alors que les martyrs n’ont pas joui de l’occasion temporelle de recevoir le baptême, il existe parmi ces non-chrétiens, ceux qui n’ont pas bénéficié de l’occasion spatiale en quelque sorte de naître dans une aire culturelle où l’Évangile leur aurait été plus accessible. Dans la mesure qui leur a été donnée, ils ont pu, ou du moins voulu, prier Dieu comme le Vrai Dieu doit être prié, pratiquer l’ascèse, et des actes de bonté pour leurs semblables et s’offrir, en une pureté que seul Dieu peut juger, en holocauste intellectuel, moral, pour ce Deus absconditus, qu’ils désiraient voir. De telle sorte, qu’ils ont voulu et agi en « homme [qui] désire conformer sa volonté à celle de Dieu.»

4. Ainsi donc, l’enseignement théologique de l’Église selon lequel le désir implicite du baptême produit le même effet que celui du baptême de sang, se fonde sur le fait qu’en les deux cas, le non-baptisé remplit la condition commune de vouloir, par anticipation, consentir expressément s’il l’avait pu, au don de la Grâce sanctifiante de Dieu.

Sous l’aspect métaphysique, s’agissant du non-baptisé qui se trouve être le sujet subsistant, victime d’une erreur radicalement invincible, il n’apparaissait pas en mesure de connaître ici-bas ce Don, mais qu’il l’aurait accepté intégralement s’il avait été instruit dans la Foi. Le moteur de son salut réside donc dans son désir, au sujet duquel la lettre du Saint-Office du 8 août 1949 relative au RP Feeney, précise qu’« un désir implicite ne peut pas non plus produire son effet si l’on ne possède pas la foi surnaturelle « car celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il rémunère ceux qui le cherchent » (Heb. XI, 6)

La forme est le don actuel de la Grâce lors du trépas, et la fin est l’union à Dieu. Le critère théologique rejoint la détermination psychologique et il s’avère bien conforme à la célèbre pensée de Pascal « tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé » (P.553). C’est à ce titre, qu’il peut le cas échéant et selon la volonté souveraine du Bon Dieu bénéficier de la Rédemption et de la vision béatifique à sa mort. (cf. § 5,1)

En effet, C’est sous le bénéfice de ces remarques, que le pape Pie XII (ibid.) a invité ces non-chrétiens à « sortir d’un état où nul ne peut être sûr de son salut éternel ; car, même si, par un certain désir et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur, ils sont privés de tant et de si grands secours (etc.) ».

Il faut répéter que seuls ceux qui possédant les dispositions théologales que nous venons d’exposer et qui peuvent invoquer une ignorance radicalement invincible pourront être considérés comme placés d’une façon particulière sous la motion du Saint-Esprit, et appartenir à « l’âme » de l’Église, telle que la définit le Catéchisme de Saint Pie X. Ils n’appartiennent pas à l’organisme visible.

 

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Au terme de ces quelques réflexions,

force est de conclure que plus généralement, c’est parce que d’orgueilleux fidèles négligent les origines de la Révélation, et ne passent pas leurs ratiocinations au crible de l’intelligibilité réaliste (au sens thomiste) qu’en a donnée ab initio le Magistère, qu’ils inventent motu proprio, une « doctrine ajoutée » au Dépôt de la foi. Cet ajout personnalisé (cf. Adrien Loubier qui y voit la racine de la « physiologie sectaire ») peut être de l’ordre d’une « Autorité monophysite » ; en ce sens elle va du caractère primordial de la « Hiérarchie Traditionnelle », révérée en soi, chez les lefebvristes, (et à l’opposé) au caractère autoritaire de l’interprétation littérale du Magistère, par exemple par le zinsisme apocalyptiste. Mais il se déploie tout autant, et dans un autre ordre, celui d’une « communion arienne », qui s’étend de l’universelle et « Fraternelle ambiance » conciliaire, jusqu’à (et à son contraire) la fermeture de la prédestination ritualiste du feeneyisme.

Les tenants de ce dernier semblent oublier que les conditions souvent tragiques de la condition humaine sont prises en considération, aussi, par le Soleil de Justice et l’Étoile du Matin. N.-S. J.-C. (Mt 19,21) nous dit : « Vends tout ce que tu possèdes […], puis viens », par le baptême de désir, pour le premier, ou le dernier, jour ; et il nous dit ensuite « et suis-moi » par le baptême d’eau pour chaque jour.

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Amabilus Manziaci, 11 septembre 2014.

 

 

Sources : Origines Catholicismus :

  1. http://ieschoua.incorrect.over-blog.com/article-un-bapteme-de-desir-de-dieu-pour-un-jour-124551250.html
  2. http://ieschoua.incorrect.over-blog.com/article-un-bapteme-de-desir-de-dieu-pour-un-jour-2-124551376.html
  3. http://ieschoua.incorrect.over-blog.com/article-un-bapteme-de-desir-de-dieu-pour-un-jour-3-et-fin-124551421.html

10 commentaires

  1. Très belle analyse de notre cher “Iéschoua incorrect”, alias Amabilus Manziaci !

    Ces quelques réflexions à propos des erreurs feeneyistes propagées par le « M.H.F. », et le site « La Foi »… sont magnifiquement développées !

    C’est « sa petite pierre à l’apologétique dont nous sommes redevables à l’égard du Magistère condamnant le Feeneyisme »

  2. Charles dit

    “Iéschoua incorrect”, alias Amabilus Manziaci   n’étant plus un enfant, je peux donc prendre le risque calculé de le surcomplimenter, sans l’exposer à le mettre inutilement sous pression et  lui faire croire qu’il doit renouveler ce challenge à chaque occasion !!!   http://wordpress.catholicapedia.net/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gif
     
    Respect !   http://wordpress.catholicapedia.net/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif
     

  3. Martial dit

    À l’instar de Charles, je rebondis sur l’observation faite par David Bilger :

    « j’ai moi même été tenté à plusieurs reprises par le feeneyisme, mais prendre le contre-pied total du laxisme ambiant et de la complexité de la situation par la psychorigidité et la simplification excessive n’est certainement pas la chose à faire. »

    Concernant le laxisme théologique ambiant qui provoque les réactions de type « feeneyste », nous en avons un représentant significatif chez Arnaud Dumouch. Par exemple dans  son « traité des fins dernières » Q. 7, a 13, il répond à la question : « la baptême est-il nécessaire à l’entrée dans la gloire ? »  

    Derrière sa mise en scène de méthode thomiste (objections, contra, conclusion, solutions) et une certaine confusion dans les propositions,  on peut reconstituer son  raisonnement en deux temps comme suit :

    Premier principe :  le « cœur » baptiserait l’homme, et non l’eau :

    1/ Le Pardon des péchés et la vie divine font accéder au Ciel. (« Nul ne peut rentrer au Ciel si ses péchés ne lui sont pardonnés et s’il n’a reçu la grâce »).

    2/ La contrition donne accès au Pardon et à la Grâce. ( « Ceux qui tournent leur âme vers Dieu par une sincère conversion reçoivent dès cet instant, de sa part, les effets du baptême »).

    3/ Cette « sincère conversion » ouvre les portes du Ciel.

    Principe subordonné :  Une espèce particulière de ce baptême en serait le sacrement d’eau :

    1/ (reprise de la prémisse mineure du premier raisonnement) La contrition donne accès au Pardon et à la Grâce. ( « Ceux qui tournent leur âme vers Dieu par une sincère conversion reçoivent dès cet instant de sa part les effets du baptême »).

    2/ Le sacrement du baptême est une espèce de la conversion sincère.                                                 
    (« Quant au sacrement du baptême, il n’est pas nécessaire en soi mais relativement à cet effet dont il est la cause la plus habituelle. » [sic : critère empirique et pratique])      

    3/ Le sacrement de baptême est à classer parmi les « divers moyens » visant à « la conversion du cœur vers la vie de la grâce » :    « Il est possible [sic]  de distinguer en lui au-delà [sic : au lieu de « AU MOYEN DU « ] du signe sensible qui est l’eau versée accompagnée de la parole dite, une réalité efficacement reçue par le baptisé. Cette réalité n’est autre que le pardon de tous les péchés commis antérieurement, et la réception de la grâce comme [sic] d’une vie nouvelle ».

    Cela ressemble à un sophisme propre à un faussaire illuminé et un trafiquant consensuel  de la Foi. En passant, comment le pardon et la vie de grâce, qui sont des EFFETS du  « baptême » (lequel d’ailleurs ? ), pourraient-ils être  le genre supérieur  du simple sacrement de baptême d’eau qui n’en constituerait qu’une vulgaire espèce subordonnée,  si l’on devait croire les assertions de A. Dumouch ?

     

     

  4. Ludovicus dit

    Il n’y a pas de pire hérésie que celle qui semble le plus proche de la véritable doctrine, car elle est alors particulièrement trompeuse.

    À la « doctrine ajoutée » de certains petits maîtres, l’on peut malheureusement joindre la « doctrine retranchée », celle qui retranche un iota, ou plus du vénérable dépôt de la foi, et cela de son propre chef sous l’inspiration de l’Ennemi du genre humain. Le feeneysme se disqualifie immédiatement en se positionnant contre le Magistère et avec l’esprit rebelle et rigoriste du protestantisme cherche à s’imposer aux âmes non averties.

    Les « crispés survivantistes de l’Église de Pie XII », n’existent pas, car l’Église de Pie XII n’existe pas, ce qui existe c’est l’unique Église de Jésus-Christ encore à peu près en ordre sous Pie XII.

    La Révélation n’est pas attestée ab initio par l’Église, la Révélation est close à la mort de Saint Jean et conservée, défendue, explicitée et enseignée par l’Église qui continue la Mission de son divin Fondateur.

    L’Église est une société parfaite et surnaturelle fondée par le Verbe Incarné pour poursuivre sa Mission en ce monde, qui consiste dans le salut des âmes par l’incorporation en cette société.

    Le Corps Mystique est analogie métaphorique, car contrairement au corps physique, les membres de l’Église n’existent pas tous simultanément mais au cours du temps. Mais cette métaphore qui exprime parfaitement l’unité, et qui nous vient de l’apôtre de Gentils, n’est pas du goût de la gent moderniste qui préfère grandement celle du « peuple de Dieu », plus proche de nos frères soi-disant aînés.

    « On peut à l’unisson de Saint Pie X dans son Grand Catéchisme » : Nous devons adhérer à l’enseignement du catéchisme de saint Pie X en tant que membres de l’Église enseignée, ce que refuse justement de faire les feeneyistes et l’abbé Marchiset.

    « Il ne s’agit donc pas d’une simple mécanique juridique où les divers sujets seraient reliés par des réseaux de droits et d’obligations,.. » Le Corps hiérarchisé nécessite une législation, des règles, des droits des obligations, mais qui sont toutes subordonnées à la suprema lex du salut des âmes, ce que certains ayatollahs ou fanatiques du droit seul ont du mal à comprendre. Ce juridisme étroit est d’ailleurs fort prisé par les modernes occupants, qui après avoir aggiornamenté, le dit droit, en font un instrument de persécution des véritables catholiques, de même que le coup de maître de Satan a été de démolir en grande partie l’Église par la principale vertu chrétienne : l’obéissance.

    « Il ne s’agit donc pas d’une substance intellectuelle qui serait unie de la façon dont l’âme est unie au corps humain, à titre de forme substantielle. Il ne s’agit pas non plus de l’union entre les deux natures de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est Dieu s’étant uni une véritable nature humaine. »

    L’âme humaine n’est pas seulement une substance intellectuelle, mais elle est douée aussi à l’image de son Créateur de volonté.

    L’âme de l’Église c’est l’Esprit-Saint, c’est l’Esprit sanctifiant procédant du Père et du Fils, c’est le Nexus qui unit les enfants adoptifs à la Trinité Sainte par l’unique Médiateur, vrai homme et vrai Dieu. Ce qui unit les baptisés c’est qu’ils ont un même Père, un même Rédempteur, un même Esprit, la même foi, qu’ils obéissent aux mêmes commandements, qu’ils ont une même charité et qu’ils sont soumis à la seule véritable Église en ses pasteurs légitimes.

    Lorsque nous communions ce n’est pas nous qui assimilons l’Eucharistie, mais c’est le Christ qui nous assimile de plus en plus à Lui.

    « Elle constitue ensuite une analogie avec la nature divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont l’union avec la nature humaine n’est pas non plus une « information » de cette dernière. » Car Dieu ne peut pas être la forme d’un corps, mais Il peut « assompter » une nature humaine, ce qu’a fait pour notre salut le Fils. Le Verbe s’est fait chair/homme, pour que l’homme puisse devenir participant de la nature divine et puisse jouir de la propre béatitude de Dieu, c’est cette folie de Dieu que nous comprenons si mal.

     

    Arnaud Dumouch est un individu fort dangereux, car il possède une très bonne pédagogie mise au service de sa très mauvaise théologie, égarant de nombreux jeunes qui lui sont confiés car il est « professeur de religion » dans une école diocésaine. Il est hérétique sur de nombreux points, très friand des Near Death Expérience (comme l’on dit en bon français), là encore la responsabilité revient en grande partie à ceux qui les laissent sévir.
     

    • Martial dit

      Je remercie Ludovicus d’avoir pris le temps d’apporter ses précisions et commentaires personnels sur la « mise au point » relative au feeneyisme,  qui donneront à chacun l’occasion de réfléchir et de la retraduire dans son propre langage.

      Oui, l’Église est une réalité, et lorsque Saint Paul développe la notion de corps, il n’use pas d’une allégorie entre un corps imaginaire, et une entité abstraite « l’Église du Christ » à géométrie variable à la Luther.

      Bien sûr le catholicisme de Pie XII n’existe pas. Lorsque j’évoque des « survivantistes », c’est une tentative de formule ramassée pour exprimer ce qu’en particulier notre ami Charles développe souvent au sujet des traditionalistes qui pensent comme si le temps s’était arrêté en 1958.

      Lorsque je dis que l’Église atteste la Révélation,  c’est une idée fondamentale à laquelle je tiens beaucoup. Lorsque Ludovicus écrit « la Révélation est close à la mort de Saint Jean et conservée, défendue, explicitée et enseignée par l’Église qui continue la Mission de son divin Fondateur », cela est foncièrement vrai en ce qui concerne l’intelligibilité de la Révélation, intelligibilité qui vise de surcroît le surnaturel.

      Mais ce que je souligne ainsi par « l’attestation », c’est l’acte de volonté que nécessite la soumission à la Révélation, l’affirmation de certitude que chaque baptisé, que le Magistère, que l’Église font, attestation qui vise précisément  la certitude intelligible de la Révélation : « C’est la vérité que je dis dans le Christ, je ne mens pas, ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint (Rom,9,1). »

      L’Église des origines n’a jamais été un « témoignage [merci de « votre témoignage » dit sans cesse cette pauvre Chantal Bally (-ballant) sur Radio∴Notre∴drame…]  de l’expérience intérieure, indicible, incommunicable » de ses communautés primitives, comme l’enseignent les protestants et les conciliaires aujourd’hui.  

       

  5. Martial dit

    En relisant mon message ci-dessus,  je constate que je n’ai pas assez précisé en quoi l’articulation du raisonnement d’A.Dumouch était trompeuse. Elle est fondée sur ce moyen terme : « le pardon par Dieu, et le don de la grâce », ce en quoi consiste en fait la finalité du Sacrement de baptême.

    Or A.Dumouch est bien forcé d’écrire :  « Le baptême est nécessaire selon les paroles du Seigneur : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné ».

    Mais  il prétend que N-S J-C  n’aurait visé que la fonction du baptême et non celui-ci en lui-même, qui dès lors se trouve ravalé au niveau d’un moyen relatif parmi d’autres.   

    « Les paroles du Seigneur doivent s’entendre en premier lieu de l’effet  (sic) du baptême qui est la conversion du cœur vers la vie de la grâce. »

    Alors prenons la comparaison avec un exemple classique des « causes » : l’architecte construit un bâtiment avec des matériaux, selon un plan de maison, en vue de l’habitation d’une famille.  Par la parole ci-dessus, NSJC  enseigne que le bon Dieu, en faisant baptiser par l’Église, adopte des Enfants, en vue de leur salut.

    Mais A.Dumouch interprète :

    Dieu  donne le salut des hommes, à tous ceux qui se convertissent « sincèrement » ;  parmi eux, et simplement de manière habituelle,  certains utilisent le rite du baptême, qui certes, produit son effet.

     
    En continuant la comparaison avec la maison d’habitation, cette interprétation revient à dire : l’architecte donne un toit pour s’abriter, à tous ceux qui le souhaitent ;  parmi eux, et simplement de manière habituelle, certains préfèrent loger dans une maison d’habitation. Ils « préfèrent » parce que A. Dumouch, dit des autres que leur conversion « n’est pas totale » (cf.. l’erreur de la « communion prétendue imparfaite »).

     

     (« la Maison du Seigneur ») n’est plus nécessaire, puisque il ne serait indispensable que de chercher et de se contenter, par exemple,  d’une toile de tente dans le désert…
     

  6. gg dit

    L’onaniste Dumouch est un faussaire et un manipulateur, c’est entendu ;

     

    mais il faut remarquer qu’il n’est pas seulement un amateur de « near death experience », mais aussi un fanatique « d’apparitions », spécialement de Medjugorje, et surtout, un multi-hérétique, soutenant la funeste théorie de « l’illumination finale » : de ce fait il entraine de nombreuses âmes en enfer, tranquillisées par ses « enseignemùents » — la bouche en cul de poule — sur le fait qu’on peut — notamment — onaniser en toute immunité… puisqu’à la mort, Dieu se présente à chaque âme pour lui demander si elle veut vraiment et obstinément aller en enfer…

     

    Terrible responsabilité, pour ce menteur, qui se présente comme Docteur en théologie… alors qu’il n’a validé que deux ou trois années de fac moderniste !!!

    Sur ce point, comme sur plusieurs autres, l’Abbé Pagès (malheureusement « ordonné » et « incardiné » conciliaire…) lui a réglé son compte en plusieurs vidéos lumineuses !
     

  7. Martial dit

    Oui et ce qui est inquiétant c’est qu’il existe en particulier un autre conciliaire Édouard-Marie Gallez, de la communauté Saint-Jean, (et qui lui possède ses titres universitaires) semblant se rapprocher de la conception d’Arnaud Dumouch.

    Ce « frère » ou « père » parait avoir fait un travail très sérieux sur les origines de l’Islam, dont je suis en train de prendre connaissance à l’occasion.  Il a écrit aussi certaines choses très pertinentes sur l’époque de la fin du monde (ce qui est un problème récurrent chez les sédévacs). Cependant, s’agissant du problème du salut de non-chrétiens, l’on est suffoqué de mesurer le degré d’aveuglement que provoque l’adhésion à Vatican 2.

    En effet, même s’il semble exposer correctement l’enjeu du problème, il propose de relever le défi à nouveaux frais selon une méthode désastreuse.

    Saint Augustin, Saint Thomas se seraient partiellement trompés théologiquement. Il faudrait renoncer à la logique thomiste car les « prolégomènes » de la question ne dépendraient plus seulement de l’ordre des déductions rigoureuses de syllogismes impeccables,  mais

    — de l’expérience psychologique des mystiques (souvent du sexe  féminin, sic), de leurs « révélations » privées ;

    — des fameuses expériences appartenant à la limite de la neuro-biologie et de la psychiatrie des « approches de la mort »,

    de certains points de théologie orientale, (comme sur le Samedi-Saint),

    — par le refus de la doctrine des Limbes.

    Par sa descente aux enfers, NSJC aurait institué une espèce « d’illumination finale », même si cette notion doit être distincte de la théorie dumouchienne

     

    C’est-à-dire, ce qui ne peut être, par définition, qu’une illustration relative, contingente, particulière du dogme, deviendrait selon ce père Gallez une source nouvelle du Dogme !

    Mon avis personnel est qu’il est à la fois important, mais aussi très PÉRILLEUX, de se spécialiser sur une question particulière (les origines de telle ou telle religion, le rapport entre la religion et la société, ou les origines de la « nouvelle religion » par exemple) sans, en même temps, prendre à bras le corps, et sous tous les rapports, la question de la véracité des origines de notre Sainte Religion. Et pire encore, sans en même temps  avoir une vie de prière en parallèle.

     

  8. Joseph-Marie dit

     
    BAPTÊME ET CORPS MYSTIQUE (1)
     

    Dire que le Baptême est une mort au péché et une incorporation au Christ, c’est proclamer avec évidence son absolue nécessité de moyen. Puisque personne ne peut être sauvé s’il n’est incorporé au Christ, et que d’autre part c’est le Baptême qui nous fait membres du Christ, la conclusion s’impose : pas de salut sans le Baptême (2).
     
    Mais, dira-t-on, avant le Christ on pouvait se sauver sans recevoir le Baptême ; et dans la Loi nouvelle, qui est la Loi d’amour, on ne le pourrait pas ? Le Christ aurait-il donc rétréci la voie du salut ? ― Nullement, répond saint Thomas (3), rien n’a été changé dans la condition essentielle du salut : avant comme après l’Incarnation, nul ne pouvait se sauver sans devenir membre du Christ : « non enim aliud nomen est sub cælo datum hominibus, in quo oporteat nos salvos fieri (4). » La différence réside dans le moyen de l’incorporation. Avant l’Incarnation, les hommes étaient incorporés au Christ par la foi en sa venue future, foi dont la circoncision devint le sceau et la marque (5). Aussi le Baptême est-il présenté par l’Apôtre comme la réalité figurée par la circoncision ; le baptême est pour lui une circoncision spirituelle : « Circumcisi estis circumcisione non manufacta in exspoliatione corporis carnis, sed in circumcisione Christi, consepulti ei in baptismo (6). » Sans doute la circoncision n’avait pas, comme le baptême, par sa vertu propre, c’est-à-dire par la seule application du rite, le pouvoir de conféré la grâce, et ne possédait cette efficacité que par la foi en la passion du Christ futur ; mais cependant elle produisait, le caractère excepté, les mêmes effets de grâce que le Baptême (7). Avant l’institution de la circoncision, la foi au Messie Rédempteur était, selon saint Grégoire (8), professée par l’offrande de sacrifices : et par là les hommes étaient incorporés au Christ. Depuis la venue du Messie, c’est toujours la foi qui incorpore au Christ ; seulement le rite attestant la foi n’est plus le sacrifice ni la circoncision : c’est le Baptême que le Concile de Trente appelle : « sacramentum fidei, sine qua nulli unquam contigit justificatio (9). » Notons du reste qu’il n’a pas seulement pour but d’attester la foi : il a encore la vertu de la produire.
     
    Il importe de remarquer, avec saint Thomas (10), que le désir sincère du Baptême, procédant de la foi sous l’action de la charité, peut suppléer à la réception réelle du sacrement, quand celle-ci est impossible : dans ce cas la foi, sans le rite où elle s’exprime et par lequel normalement elle s’imprime, possède la puissance d’incorporer au Christ et par là de justifier. Aussi, saint Ambroise se consolait-il ainsi de la mort de Valentinien survenue avant le baptême : « Quem regeneraturus eram, amisi ; verumtamen illi gratiam quam proposcit non amisit (11). » Évidemment, ce désir, supposé sincère, doit se traduire en acte sitôt que l’impossibilité a disparu, car la parole du Christ est formelle : « Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer au royaume de Dieu (12). » De plus, cette justification par la foi et la charité, avec le désir du baptême, ne confère pas le caractère baptismal, qui donne le droit de recevoir les autres sacrements. Pour ce motif, si des enfants naissaient sanctifiés dès le sein de leur mère, on devrait cependant les baptiser afin de les conformer, par l’impression du caractère, aux autres membres du Christ, et leur donner cette initiation sacerdotale nécessaire à la réception des autres sacrements (13).
     
    À plus forte raison, ce pouvoir d’incorporation au Christ appartient-il au baptême de sang, c’est-à-dire au martyre souffert pour le Christ. Tout d’abord, en effet, il contient le désir du baptême et en est l’expression la plus éloquente ; de plus, il y ajoute une satisfaction souveraine, abolissant toute dette ; cette satisfaction consiste dans la communion jusqu’à la mort à la passion de Jésus-Christ. Aussi, s’il n’imprime pas le caractère, il possède, à l’égard du péché, dans les enfants et dans les adultes, la même efficacité que le baptême d’eau. D’où celui-ci en effet tire-t-il sa vertu ? De ce qu’il nous associe à la passion et à la mort du Christ : or, quelle manière plus parfaite de se conformer au Christ mourant et de s’unir à lui que de subir la mort par amour pour lui ? Dans le baptême d’eau, vous exprimez votre foi au Christ par une représentation de sa mort, en vous plongeant, en vous ensevelissant dans l’eau : « Passio Christi operatur in baptismo aquæ per quamdam figuralem repræsentationem » ; dans le baptême de sang, ce n’est plus une simple image et représentation, c’est la mort réellement subie qui vous assimile au Christ : « in baptismo sanguinis per imitationem operis (14). »   
     


    [1] Extrait de LA DOCTRINE DU CORPS MYSTIQUE ET LA JUSTIFICATION PAR LA GRACE DU CHRIST. D’après les Principes de la Théologie de Saint-Thomas d’Aquin. Abbé J. ANGER. 1929
     
    [2] S. Thom. 3 P., q. 68, art.1, corp.
     
    [3] Ibid. ad 1.
     
    [4] Act. IV, 12.
     
    [5] Rom., IV, 11 : « Signum accepit circumcisionis, signaculum justitiæ fidei quæ est in præputio… »
     
    [6] Col., II, 11.
     
    [7] S. Thom. 3 P., q. 70, art.4.
     
    [8] S. Gregor. Moral. Lib.4, cap. 3, P.L., LXXV, col.635, cité dans S. Thom. q. 68, art.1, corp.
     
    [9] Conc. Trid., sess. 6, cap. 7. Denz., n°789 (681). Cf. S. August. De patientia, c. 21, n° 18. P.L., t.XL.,col. 621.
     
    [10] S. Thom. q. 68, art.2 et q. 66, art. 11.
     
    [11] Ambros. De obitu Valentiniani, n° 29-30. P.L., t. XVI, col. 1368.
     
    [12] Joan., III, 5.
     
    [13] S. Thom. 3 P., q. 68, art.1, ad 3.
     
    [14] S. Thom. 3 P., q. 68, art.11 et 12.
     

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