Avant que ce mois du Rosaire se termine voyons la théologie mariale dans les encycliques qui traitent du Rosaire.
Beaucoup parlent des encycliques des papes et spécialement de Léon XIII sur le Rosaire ; peu les ont lu.
Le magistère de Léon XIII sur le Rosaire est magistral, simple et profondément marial.
À tous ne faiblissons pas en ce mois du Rosaire, ceux qui le peuvent : Mystères Joyeux le matin, à midi Mystères Douloureux et le soir Mystères Glorieux ; puis récitation des Litanies de la Sainte Vierge et prière à Saint Joseph patron de l’Église Universelle.Avec une profonde amitié autour de la Reine des Cieux et de la France.
me communique notre ami Jean-Marie de la Salle à qui je dédie cet article…
Nous savons tous que notre Bonne Mère du Ciel ne cesse de nous demander de réciter le chapelet à chacune de ses apparitions. Ce que nous perdons peut-être de vue, ce sont les invitations toutes aussi pressantes des papes depuis plus d’un siècle. Mais qui relit encore aujourd’hui ces textes importants ?
De tous, c’est assurément Léon XIII qui remporte la palme avec 14 textes pontificaux, dont voici la liste :
- Encyclique Supremi apostolatus Officio (1er septembre 1883)
- Bref Pontifical Salutaris Ille Spiritus (24 décembre 1883)
- Encyclique Superiore Anno (30 août 1884)
- Décret de la Congrégation des Rites sur la fête de -D. du Rosaire (11 septembre 1887)
- Encyclique Quamquam Pluries sur le patronage de St Joseph et de la Sainte Vierge ; suivie du texte latin de la « prière à saint Joseph » composée à cette occasion (15 août 1889)
- Encyclique Octobri Mense (22 septembre 1891)
- Encyclique Magnae Dei Matris (8 septembre 1892)
- Encyclique Laetitiae Sanctae (8 septembre 1893)
- Encyclique Jucunda Semper Expectatione (8 septembre 1894)
- Encyclique Adiutricem populi christiani (5 septembre 1895)
- Encyclique Fidentem Piumque Animum (20 septembre 1896)
- Encyclique Augustissimae Virginis Mariae (12 septembre 1897)
- Encyclique Diuturni Temporis (5 septembre 1898)
- Lettre sur les Indulgences du Rosaire (30 aout 1899)
- Lettre Apostolique Parta Humano Generi (8 septembre 1901) relative à la consécration de l’église du Rosaire, à Lourdes
Le Rosaire est-il agréable à la Sainte Vierge ? Nous avons la chance de posséder des réponses de Marie elle même à cette question. En effet, la Sainte Vierge, à de nombreuses reprises, nous a dit par l’intermédiaire de ses confidents tout le bien qu’elle pensait du Rosaire.
À sainte Gertrude, Marie a confié son amour pour le Rosaire :
« Jamais homme n’a fait quelque chose de plus beau que l’Ave Maria. On ne peut me saluer d’une façon plus douce à mon cœur que par ces paroles pleines de respect par lesquelles Dieu le Père m’a saluée lui-même. »
Plus proche de nous, en 1917, à Fatima, Notre-Dame a demandé aux petits voyants, à chacune de ses apparitions, de réciter le chapelet ; voici quelques unes de ces demandes :
- Le 13 mai : « Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »
- Le 13 juin : « Je veux que vous disiez le chapelet tous les jours. »
- Le 13 juillet : « Je veux que nous continuiez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule pourra vous secourir. »
- Le 13 octobre, enfin : « Je suis Notre-Dame du Rosaire ; Je veux que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. »
Il est intéressant de se demander quelles sont la pensée de l’Église sur la récitation du Rosaire et l’importance qu’elle attache à ce moyen particulier, et de savoir si elle le considère toujours comme d’actualité. Nous allons prendre quelques points de repère dans le temps :
Saint Pie V, au XVI siècle, alors que le développement ottoman menaçait la chrétienté, ordonna que toutes les communautés chrétiennes récitassent le Rosaire le 7 octobre 1571, jour où la flotte chrétienne affrontait la flotte musulmane à Lépante. C’est en souvenir de la victoire de Lépante que tous les 7 octobre, l’Église célèbre Notre-Dame du Rosaire comme la très Sainte Mère de Dieu unie à tous les mystères de notre salut, comme la Reine et la médiatrice dont l’intervention est toute puissante.
Pie IX : « Parmi les dévotions approuvées par l’Église, aucune n’a été favorisée d’autant de miracles que la dévotion au très Saint Rosaire. »
Léon XIII a consacré 14 textes à la nécessité de la méditation du Rosaire, nous l’avons vu.
Saint Pie X : « Si vous voulez que la paix règne dans votre foyer, récitez chaque soir le chapelet en famille. »
Pie XII : « Il n’y a pas de plus sûr moyen d’attirer les bénédictions du Ciel sur la famille que la récitation quotidienne du Rosaire. »
« Léon XIII et Marie »
L’abbé Ernest Lemieux, dans la revue Laval théologique et philosophique, – vol. 9, n° 1, 1953, p. 45-46 –, écrit :
XIII" width="258" height="300" srcset="https://i0.wp.com/wordpress.catholicapedia.net/wp-content/uploads/2015/10/LeonXIII.jpg?resize=258%2C300&ssl=1 258w, https://i0.wp.com/wordpress.catholicapedia.net/wp-content/uploads/2015/10/LeonXIII.jpg?w=300&ssl=1 300w" sizes="(max-width: 258px) 100vw, 258px" />LÉON XIII est universellement reconnu comme l’un des plus grands papes des temps modernes. Esprit singulièrement cultivé, philosophe profond et grand théologien, sociologue éminent et diplomate de haute classe, il a réalisé à la lettre la devise de son blason : Lumen in Coelo. Il a été une splendide lumière au ciel de l’Église et de l’humanité.
Toutefois, il est un domaine important de sa pensée et de sa vie qui demeure trop souvent ignoré ou méconnu d’un grand nombre de nos fidèles : celui de sa dévotion tout à fait extraordinaire envers la Très Sainte Vierge. En témoignent les douze encycliques et plusieurs autres documents officiels publiés sur le sujet par cet illustre pontife. Rien ne révèle autant et la tendresse de sa piété personnelle envers la Mère de Dieu et la confiance inébranlable qu’il savait mettre en Marie pour assurer le triomphe de l’Église dans la lutte surhumaine qu’elle doit toujours mener contre les puissances de l’Enfer.
Peut-être n’est-il pas inutile de le rappeler : Léon XIII a connu, sur le siège de Pierre, des années douloureuses et tragiques. Captif volontaire au Vatican, après la spoliation récente des États pontificaux, il regarde avec angoisse se déchaîner sur les pays d’Europe les forces redoutables de la Révolution. La franc-maçonnerie, pour une, a donné le mot d’ordre : il faut détruire systématiquement et à tout prix, dans le monde, l’influence du christianisme. Partout elle réclame l’indépendance absolue de l’État vis-à-vis de l’Autorité ecclésiastique ; dans les écoles, sous prétexte de sauvegarder la liberté de l’enfant, elle s’objecte à l’enseignement confessionnel ; enfin, et pour des raisons similaires, elle exige la suppression des communautés religieuses. Telles sont quelques-unes des mesures diaboliques que les Loges s’efforcent d’obtenir, et que, de fait, elles obtiennent en trop grand nombre de régions.
En pareilles circonstances, quelle sera la conduite du Vicaire de Jésus-Christ Pleinement conscient de ses responsabilités de chef de l’Église, Léon XIII rappelle tout d’abord, en de magistrales encycliques, les vérités fondamentales sur lesquelles repose le bonheur des sociétés aussi bien que celui des familles et des individus. Est-il besoin d’évoquer ici, à titre d’exemples, les documents célèbres qui s’intitulent : Inserutabili : sur les maux de la société (21 avril 1878) ; Quod Apostoliei : sur les erreurs modernes (28 décembre 1878) ; Aeterni Patris sur la philosophie chrétienne (4 août 1879) ; Diuturnum : sur l’origine du pouvoir civil (29 juin 1881) ; Humanum Genus : sur la secte des francs-maçons (20 avril 1884) ; Immortale Dei : sur la constitution chrétienne des États (1er novembre 1885) ; Libertas Praestantissimum : sur la liberté humaine (20 juin 1888) ; Rerum Novarum : sur la condition des ouvriers (16 mai 1891), etc.
Toutefois, Léon XIII ne se fait aucune illusion ; il n’ignore pas que l’enseignement le plus parfait, l’argumentation la plus rigoureuse, les preuves les plus péremptoires demeurent sans résultat, là où la grâce intérieure ne vient pas toucher les esprits et soumettre efficacement, sans les violenter, les volontés jusque là rebelles au joug sauveur du Christ.
Or, telle est la volonté de Dieu que la grâce ne s’obtienne ici-bas, en règle générale, que par la prière. Aussi bien, le saint Pontife ajoute-t-il aux préoccupations de la doctrine à répandre, celles d’une fervente dévotion à susciter dans le peuple chrétien.
Cette dévotion, il veut qu’elle s’adresse tout particulièrement à Marie, puisque, dans le plan divin, c’est elle qui doit, de son pied virginal, écraser la tête du serpent.
Par ailleurs, comme la pratique du Rosaire s’est avérée, dans les moments difficiles de l’histoire de l’Église, le moyen très efficace d’obtenir l’assistance victorieuse de la Vierge, c’est cette forme de dévotion que prône davantage le Vicaire de Jésus-Christ.
On lira sûrement avec grande édification les pages suivantes où Léon XIII nous fait connaître, en plus des richesses souvent insoupçonnées de la théologie mariale, les puissants motifs qui doivent nous inspirer, envers la Mère de Jésus et notre Mère, l’amour le plus fervent et la plus grande confiance.
Dans les heures pénibles et graves que nous traversons, avec cette constante menace du communisme athée dont l’ambition n’est rien autre que la conquête du monde à l’idéologie marxiste, ces écrits de Léon XIII nous vaudront encore aujourd’hui une vive lumière et un immense réconfort.
Les Papes et Marie
Pour aller plus loin, avec l’abbé Ernest Lemieux, voici les textes publiés dans la revue Laval théologique et philosophique, – vol. 9, n° 1, 1953
« Introduction : Pie IX et
le dogme de l’Immaculée Conception »
« Introduction : Léon XIII et Marie »
- 1889 — Encyclique Quamquam Pluries
- 1891 — Encyclique Octobri Mense
- 1892 — Encyclique Magnae Dei Matris
- 1893 — Encyclique Laetitiae Sanctae
- 1894 — Encyclique Jucunda Semper
- 1895 — Encyclique Adjutricem Populi
« Introduction : Saint Pie X »
- 1904 — Encyclique Ad Diem Illum
Postscriptum : L’abbé Ernest Lemieux a malheureusement sombré dans l’hydre conciliaire semble-t-il… puisque :
Brigitte Caulier, Raymond Brodeur, Nive Voisine, écrivent (page 287) dans « De l’harmonie tranquille au pluralisme consenti : une histoire de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (1852-2002) » aux Presses Université Laval, 2002 – 364 pages :
Cependant, chez quelques professeurs, ces mouvements réformateurs, annonciateurs des réformes futures de Vatican II, allaient trouver un certain écho. On pense à Jean-Marie Fortier, diplômé en histoire ecclésiastique à Louvain et à Rome ; à Benjamin Fortin qui avait obtenu, à Rome, une formation en archéologie chrétienne avant de parfaire sa formation en liturgie lors d’un séjour au Centre de pastorale liturgique, à Paris ; à Emmanuel Bourque, docteur en archéologie chrétienne (Rome) et étudiant à Louvain ; à Elzéar Fortier, qui avait étudié en musique à Santa Barbara et à Paris ; à Ernest Lemieux, passionné d’œcuménisme et intéressé à l’archéologie chrétienne et au mouvement liturgique. Tous, sauf le dernier, avaient des parcours de formation qui les distinguaient du courant dominant : licence en philosophie et doctorat en droit canonique ou en théologie. (…)
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Merci à Jean-Marie de nous remettre sur la bonne voie de Notre-Dame ! On ne peut arriver à Jésus qu’en passant par Sa Mère !

Son « exorcisme » divinement inspiré restant le sommet et le phare de notre piété défensive en ces jours mauvais.. …
Décidément, si j’en juge par les articles qui se succèdent, Léon XIII est à l’honneur sur notre blogue bien-aimé ! C’EST BON SIGNE !!!
Un Pape qui a tant écrit sur la Sainte Vierge ne peut être entièrement mauvais !!!
Même si d’aucuns, parmi les traditionalistes, ne lui pardonnent pas le fameux « ralliement ».
Oui, mon cher Charles, Léon XIII mérite bien d’être mis « à l’honneur sur notre blogue » car c’était un grand Pape — le plus grand après Saint Pie X (bien qu’il le précède…) — de nos derniers Papes…
Un tel Pape nous manque énormément maintenant !
À tous nos amis et lecteurs, je conseille de suivre attentivement les nombreux liens dans cet article qui ouvrent une mine de documents (25 dont 23 de Vincenzo Gioacchino Pecci, alias Leo tertius decimus) du Magistère de la Sainte Église…
Encore faut-il bien comprendre ce qu’est le Ralliement.
Non pas à la manière des libéraux, qui y virent un blanc seing pour se vautrer dans la fange démo(n)cratique.
Non pas à la manière de certains royalistes de grand zèle qui y virent une trahison, une abomination.
Léon XIII voulait uniquement sauver le Concordat et empêcher la séparation de l’Église et de l’État.
C’est à tout le moins ce qu’on peut déduire dans l’ouvrage suivant (je l’ai trouvé plutôt intéressant et assez juste) :
► http://www.liberius.net/livres/La_doctrine_de_Leon_XIII_contre_le_liberalisme_et_la_democratie_000000270.pdf
Particulièrement au Chapitre X (page 161 du livre soit 165 du pdf) .
Merci à Édouard-Marie pour ce beau document sur la doctrine de Léon XIII !


Oui cher Cave Ne Cadas, Léon XIII nous manque énormément…mais on ne refait pas l’histoire…
Et je vais même vous faire un aveu : je ne sais pas pourquoi (quoique…) mais j’ai une tendresse toute particulière pour ce pape si fragile humainement et si sublime et divinement inspiré en tant que Souverain Pontife en même temps…
Voilà un digne successeur de St Pierre !!!
« Mon âme est triste jusqu’à la mort » [Mt. 26, 38] ; … et je pleure !…
Ecce, pour nous mettre un peu de baume au cœur, deux documents filmés de S. S. Léon XIII, avec en audio dans le premier, la voix du Pontife qui prie l’Ave Maria :
►
►
Merci à Abenader pour ces émouvantes images et cet Ave Maria récité en latin, lentement et pieusement, par Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci, Souverain Pontife sous le nom de « Leo XIII ».
Un bel article qui nous rappelle ce Magistère sur le Rosaire souvent fort méconnu.
Léon XIII fut un pape éminemment marial et Édouard Marie souligne, à juste titre, l’injuste sort que lui ont fait certains faute d’avoir vraiment compris, aveuglés par les passions et l’esprit partisan qui reste encore vivace.
Nous avons là, la source sûre du Roc de Pierre.
Cher Édouard-Marie,
Pour mémoire le fil d’une belle « disputatio » » !!! Chacun y (re)trouvera sa « determinatio » !… On notera que certains commentaires n’ont JAMAIS été modérés par les responsables du blogue La Question.
Certains lecteurs s’aventureront peut-être dans la lecture un peu longue et ardue de cette longue « disputatio » entre catholiques, illustration, s’il en est, que l’unité de l’Église et de la foi est bien mise à mal par la confusion qui règne dans les cœurs et les intelligences, le Pasteur étant frappé, le troupeau en subit les conséquences.
Ils en ressortiront peut-être raffermis dans leurs convictions et, bien malgré eux, portés par le vent d’une sourde colère, prémices d’une souffrance qui, bien que légitime, risque d’ouvrir une petite brèche imperceptible mais capable d’entamer leur vertu d’espérance. Pour pallier cet inconvénient spirituel, j’ai trouvé quelque part quelque remède imparable qui porte le beau nom de PATIENCE.
En voici quelques extraits :
I-Nécessité de la patience
La patience, dit le grand Apôtre aux Hébreux, vous est nécessaire, afin que, faisant la volonté de Dieu, vous remportiez le prix promis : (x. 36). (Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être)
Si vous supportez patiemment les épreuves en faisant le bien, c’est une grâce près de Dieu, dit l’apôtre saint Pierre.
À cela vous avez été appelés, parce que le Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez Ses traces. Soyez patients avec tous, dit saint Paul : (I. Thess, v. 14).
Nous avons tous constamment besoin de patience ; car tout ici-bas l’exerce. Comme le grand Apôtre, nous sommes éprouvés et en péril dans les voyages, sur les fleuves, du côté des voleurs, parmi les nôtres, dans les villes, dans la solitude, du côté des faux-frères (I. Cor. XI. 26. 27).
Que de travaux, de chagrins, de veilles, de privations, de souffrances, de déceptions !
À combien d’attaques de la part de l’envie, de la jalousie, de la médisance, de la calomnie, de la haine ne sommes-nous pas exposés ? Le démon, le monde, la concupiscence ne cessent de nous faire la guerre.
Sans la patience, que deviendrions-nous ? Si notre patience est exercée, si elle nous est nécessaire, ce n’est pas chose nouvelle. Par suite de la chute d’Adam, tous les hommes ont à souffrir.
Le monde est un lieu d’exil ; c’est une terre étrangère, maudite, couverte de ronces et d’épines, qu’habitent les pleurs, et toutes les misères, les maladies et la mort.
Tous les enfants d’Adam sont appelés à subir mille afflictions diverses. À tous, sans exception, il faut donc la patience : (Hebr. x. 36).
II- Exemples de patience donnés par Notre-Seigneur Jésus-Christ et les saints :
Qu’y a-t-il de plus doux et de plus patient que les brebis et l’agneau ? Quelque mal que vous leur fassiez, jamais ils ne se plaignent.
Or, les prophètes comparent le Sauveur à ces deux emblèmes de patience et de douceur.
Il a été sacrifié parce qu’il l’a voulu, dit Isaïe en parlant de Jésus-Christ. Et Moi, dit Jésus-Christ par la bouche de Jérémie, J’ai été comme un doux agneau qu’on porte à l’autel … (III-19). Seigneur, s’écrie Isaïe parlant du Messie, envoyez l’Agneau qui régnera sur la terre : Emitte Agnum dominatorem terrœ (XVI. 1 ).
Saint Jean-Baptiste voyant venir à lui Jésus-Christ, s’écrie : Voici l’Agneau de Dieu : Ecce Agnus Dei ( Joann. I. 29). Voyez quelle admirable et constante patience Jésus-Christ a montrée, surtout durant Sa Passion ….
Si ce Divin Pasteur a été immolé comme un agneau, sans faire entendre de plainte, que le troupeau sache marcher sur Ses traces. Job sur son fumier, Abraham tant éprouvé, Joseph vendu par ses frères, David persécuté, Tobie devenu aveugle, Daniel dans la fosse aux lions, Suzanne calomniée, Lazare couvert d’ulcères, etc., sont des modèles d’une patience inaltérable ……
Étudiez la vie et la mort des apôtres,contemplez les millions de martyrs qui ont enduré tous les tourments avec une patience d’agneau …
L’abbé Étienne était si patient, que celui qui l’insultait ne pouvait s’empêcher de voir et de croire que ce saint l’aimait. Il poussait la vertu jusqu’à remercier ceux qui le faisaient souffrir (Surius, in ejus vita).
La vie des saints est remplie des exemples de la plus sublime patience ……
QUELS SONT LES MOTIFS DE PRENDRE PATIENCE ?
L’APÔTRE Saint Paul énumère douze motifs qui doivent nous engager à pratiquer la patience :
1°- Le premier, c’est que nous sommes héritiers et cohéritiers de Jésus-Christ (Rom. VIII. 17)
2°- Le second, c’est que si nous prenons patience, nous serons glorifiés : (Rom. VIII.17 ).
3°- Le troisième, c’est que les souffrances de ce temps ne sont pas en proportion de la gloire future qui sera révélée en nous : (Rom. VIII. 18 ). Avec la patience dans les épreuves et les afflictions, on acquiert la gloire éternelle ; c’est infiniment plus que si l’on achetait le monde entier avec une obole.
4°- Le quatrième, c’est que, supportées avec patience les tribulations momentanées et légères d’ici-bas opèrent en nous, au-dessus de toute mesure, un éternel poids de gloire : (II. Cor. IV. 17).
5°- Le cinquième, c’est que les créatures ont l’assurance d’être délivrées de la servitude de la corruption : (Rom. VIII. 21). Cette certitude doit nous encourager à la patience.
6°- Le sixième, c’est que de la servitude de la corruption, nous passerons à la liberté de la gloire des enfants de Dieu : (Rom. VIII. 21).
7°- Le septième, c’est que toute créature gémit et souffre : (Rom. VIII. 22). Depuis le commencement du monde, les créatures ont connu la douleur ; l’homme qui n’a que peu de temps à souffrir doit donc prendre patience et ne pas chercher une exemption de maux qui n’atteindrait que lui.
8°- Le huitième, c’est que nous attendons la rédemption de notre corps : (Rom. VIII. 23 ). Par la patience, ce corps chargé d’infirmités deviendra impassible et glorieux. Souffrons donc avec joie.
9°- Le neuvième, c’est que notre salut vient de l’espérance : (Rom. XVIII. 24). Puisque nous devons avoir le ferme espoir d’être bientôt délivrés et sauvés, nous devons aussi ne pas nous impatienter ni nous décourager.
10°- Le dixième, c’est que l’Esprit-Saint aide notre faiblesse et demande Lui-même pour nous avec des gémissements ineffables : (Rom. VIlI. 26). Comment, avec un tel aide, pouvons-nous murmurer et nous plaindre !
11°- Le onzième, c’est que nous savons que pour ceux qui aiment Dieu, tout coopère au bien : (Rom.VIII. 28) Ainsi les persécutions et tous les maux tournent à notre avantage, si nous les acceptons avec résignation pour l’amour de Dieu.
12°- Le douzième, c’est que ceux qui sont patients par amour de Dieu sont prédestinés : (Rom. VIII. 29. 30). La patience assure donc notre salut et notre bonheur éternel.
La patience rend parfait de plusieurs manières :
1° Supportant tout et persévérant jusqu’à la fin, la patience dote l’homme de vertus consommées, et elle les lui conserve.
La patience peut se comparer au toit des édifices qui garantit de la chaleur et du froid leurs habitants ; aux sacs pleins de laine qui amortissent le coup des boulets, etc. …… Sans la patience, il n’y a point de vertu ; car toutes les vertus sont le résultat d’épreuves subies ; or, la patience est nécessaire pour supporter quelque épreuve que ce soit ……
2° La patience aide l’homme à achever sa course et à atteindre l’extrémité de la lice ; elle lui met sur la tête une riche et divine couronne. La patience dont parle l’apôtre Saint Jacques est la persévérance dans les souffrances ; c’est cette patience qui produit une œuvre parfaite ……
3° La patience est un bouclier et un casque qui repousse et brise tous les traits des ennemis du salut et des passions.
Un tel homme n’est-il pas parfait ? C’est ce qu’exprima Jésus Christ. quand Il dit : Vous posséderez vos âmes par la patience : (XXI. . 9). Et encore : Heureux les patients et les doux, parce qu’ils posséderont la terre : (Matth. 4).
Il est dit, fait remarquer Saint Thomas, il est dit que l’homme possédera son âme par la patience ; parce que cette vertu détruit entièrement les passions qui rendent malheureux : par exemple la tristesse, la colère, l’envie, la vengeance, etc., passions qui bouleversent l’âme (2. 2. q. 136. art. 2). Sans la patience, les vertus ressemblent à une muraille sans ciment, qui ne tarde pas à s’écrouler ……
4°- rien ne manque à celui qui a la patience : elle supplée à tout ce qui lui fait défaut, et le conduit insensiblement à un haut degré de sainteté ; ce qui fait dire à Saint Grégoire : La patience est la racine et la gardienne de toutes les vertus : (Homil. xxxv). Elle est la racine et la gardienne de toutes les vertus, d’abord, parce que les adversités que supporte merveilleusement la patience, étouffent l’amour-propre, cause de toute imperfection et de tout mal ; puis, parce que la patience produit six œuvres parfaites :
Elle subjugue la colère, la jalousie et les autres passions … ; Elle éprouve l’homme et ses vertus … ; Elle s’éprouve elle-même … ; Elle procure la joie de l’esprit … ; Elle gouverne toutes les actions de l’homme, de telle sorte qu’en chacune il soit modéré et circonspect ; — Elle assure la vie éternelle ……
5° La patience rend parfait, parce que, semblable au tronc de l’arbre qui porte les branches, les feuilles, les fleurs et les fruits, elle porte tout le poids de l’homme et de ses vertus, tout ce qu’il y a de pénible et de lourd dans la vie : les contradictions, les peines, les souffrances, les humiliations, les privations, etc. ; elle lui conserve un esprit, une parole, un visage calmes et paisibles.
Aussi Clément d’Alexandrie assure-t-il que la patience procure tout bien : (Homil., t, 1).
6° La patience a Dieu pour guide et, selon l’expression de Tertullien, pour dépositaire. Dieu, dit ce grave auteur, devient pour la patience un admirable dépositaire ; si vous remettez entre Ses Mains une injure qu’on vous aura faite, Il en sera le Vengeur ; si c’est un dommage, Il le réparera si c’est une douleur, Il la guérira ; si c’est votre dernier soupirs, Il vous ressuscitera. Autant que la patience le veut, Dieu se fait son débiteur.
Saint Augustin compare la patience à une harpe, dont les tribulations seraient les cordes harmonieuses. En effet, dit-il, tout acte de patience est un hymne agréable à Dieu ; que si vous vous laissez abattre dans les tribulations, vous avez brisé votre harpe : (In Psal. XLII).
7° La patience produit une œuvre parfaite : car son œuvre par excellence c’est l’acceptation du martyre, c’est-à-dire l’acte le plus noble et le plus beau que l’homme puisse accomplir avec l’aide de Dieu. La patience enfante les confesseurs de la foi et elle les couronne. Sa vie elle-même est un martyre. La patience triomphe de tout, même de Dieu …
8° La patience nous rend très-semblables à Jésus-Christ qui est la patience par excellence !
9° Celui qui souffre les maux avec patience, les change en biens ; il sort de cette épreuve victorieux, purifié et très-bon.
La patience est un remède à tous les maux ; car par elle nous nous unissons à Dieu qui est tout bien. Montrer de la patience, surtout dans les injures, les oublier, pardonner, combler de biens ceux qui exercent notre longanimité en nous faisant du mal, c’est une œuvre vraiment royale, ou plutôt divine, Le juste ne s’attriste d’aucun événement, disent les Proverbes : (XII. 21). Bienheureux les doux, (les patients), dit Notre Seigneur, car ils « possèderont la terre ».
La patience est une vraie puissance.
Cher Charles,
Belle leçon à retenir et à pratiquer.
Je me permets d’ajouter l’imitation de Dieu :
Nous vous en prions, frères, reprenez ceux qui troublent l’ordre, consolez les pusillanimes, soutenez les faibles, usez de patience envers tous. Prenez garde à ce que nul ne rende à un autre le mal pour le mal ; mais toujours cherchez ce qui est bien, les uns pour les autres et pour tous. (1Th 5, 14-15)
Que le Dieu de la patience et de la consolation vous donne d’avoir les uns envers les autres les mêmes sentiments selon Jésus-Christ, afin que, d’un même cœur et d’une même bouche, vous glorifiez Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. (Rm 15, 5)
Merci à Édouard-Marie de nous signaler cet ouvrage !
citation : « Dans l’Encyclique Au milieu des sollicitudes »
AUTOUR DU RALLIEMENT (p.178) « l’union des efforts catholiques sur le terrain de défense religieuse était le seul point doctrinal, parce qu’elle est obligatoire en tous temps et en tous lieux et il est inadmissible que des catholiques désertent ce terrain sacré pour obéir à des considérations d’ordre humain si respectables soient-elles. Le reste de l’Encyclique, tout en méritant l’obéissance qui est due à toute volonté des Souverains Pontifes, n’avait qu’un caractère transitoire, un caractère d’opportunité Celui-ci pouvait perdre sa raison d’être le jour où les catholiques triomphaient sur tous les points de défense. »
Par ce que c’est Jésus-Christ (1°) qui est Roi de France (2°) !) Ce n’est pas la France qui est la reine de Jésus-Christ (un des enjeux de cette « disputatio » révélatrice, citée par Charles).
Merci pour ces documents et images de Léon XIII qui mérite toute notre admiration filiale.
Pour les critiques incessantes des « tradis » français à l’encontre de ce Saint Pape, ainsi que de Pie XI, Pie XII, je connais bien. Symptôme des maurrassiens qui mettent la « politique d’abord », au mépris du magistère.
Ils vouent une haine profonde à la Doctrine Sociale de l’Église. Le seul Pape qu’ils n’osent pas critiquer est saint Pie X. Et encore.
Leur obsession positiviste de l’ordre, l’autorité, la hiérarchie les enverra tous se vautrer dans le ralliement conciliaire, à défaut de s’être ralliés au vrai magistère des saints Papes.
Le problème français est que beaucoup ne se sont pas encore dégagés de la tentation césaro-papiste, cela a commencé avec Philippe le Bel et ses légistes, cela a continué avec le jansénisme gallican, cela perdure avec le bonapartisme, le positivisme maurrassien et cela fait les beaux jours des modernistes, libéraux, progressistes de tout genre.
Ce qui rend la difficulté encore plus grande de nos jours où l’Autorité Suprême fait défaut.
Quelques uns préfèrent l’ordre apparent, à l’ordre véritable, même si celui-ci est fondamentalement révolutionnaire.
Exactement, cher Ludovicus,
Ce sont des révolutionnaires sous des oripeaux catholiques. Ils essaient de faire concorder le magistère avec la pensée maurrassienne et quand ça ne colle pas, ce sont les papes qui ont tord. Continuité du cesare-papisme : c’est tout à fait cela.
Le père Meinvielle a bien cerné cela.
Marquis de la Franquerie. L’infallibilité pontificale (page 76)