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La Fraternité : entre adultère et pornocratie ?

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La Fraternité : entre adultère et pornocratie ?

 

adultère

 

Ce titre peut sembler provocateur, voire infâmant et scandaleux, mais il convient d’élever nos esprits pour mieux en contempler l’aspect abominable à la fois sur le plan de la morale chrétienne et sur un plan éminemment surnaturel.

 

Des rumeurs qui seraient bien plus que des rumeurs puisque fondées sur un factuel digne de foi, à preuve du contraire, semblent accréditer l’idée que ça y est « ils » ont enfin signé !!! Mais il manque encore, à mon humble avis, cette publicité que je nommerai « preuve de la chaire » du haut de laquelle nos bons prieurs, qu’on n’ose plus nommer « curés » annonceront à leurs ouailles, à grand renfort de trompettes et orgues, que la FSSPX a enfin rejoint le giron de l’Église, ou du moins de celle qu’elle désigne abusivement mais non sans arrière-pensée comme étant la véritable Église Catholique, Une, Sainte et Apostolique ! Excusez du peu….

 

C’est la convoitise qui enfante le péché (Jacques 1.15). Il peut y avoir présence de péché sans qu’un acte quelconque ait été commis.

Il n’est pas difficile de comprendre qu’un péché ne peut pas être commis sans qu’il ait d’abord pris naissance dans le cœur du pécheur… Le péché est d’abord et avant tout une question d’intention.

Par ses nombreuses contradictions et déclarations contradictoires, Mgr Lefebvre a littéralement neutralisé ses supposées bonnes intentions de départ. Son péché de naissance fut ce fameux pragmatisme avec ces zestes de diplomatie feutrée et distinguée, de libéralisme ecclésiastique, de mentalité consensuelle héritée de l’Église en ordre, de duplicité, d’atermoiements et d’incohérences comme nous le rappelle si bien Petrus, dans son admirable et lucide réquisitoireHors de la Frat’, point de salut !

 

Quant à Mgr Fellay, il veut depuis fort longtemps un rapprochement avec Rome. En cela il est cohérent avec ce que lui a enseigné son maître sur les occupants de Rome : “ce sont des antichrists qui ont l’autorité car ils sont d’Église et nous sommes chargés par Dieu de les remettre dans le droit chemin !” La quadrature du cercle n’a jamais fait vraiment peur aux mentalités traditionalistes, car la piété sacramentaire et l’attachement au passé ont rendu flexible leur esprit qui, à force de ne vouloir que le bien partout, a fini par ne plus voir le mal et ses épouvantables conséquences. Le péché de naissance de Mgr Fellay fut qu’il fut sacré évêque par Mgr Lefebvre qui n’aimait autant que des créatures cléricales qui lui ressemblent. Mgr Lefebvre est toute sa vie resté dans le passé de l’Église, incapable d’imaginer, même en rêve, la moindre notion d’éclipse !

On ne peut servir deux maîtres : Dieu et la Liturgie. C’est pour avoir inversé l’ordre des termes, que la FSSPX a produit des fruits mortels, en ayant dès sa création accepté que le « ver soit dans le fruit » ! La défense de la messe – emblématique de tout le reste – a été l’écran de fumée qui a occulté les vrais enjeux de la révolution en chape et en bannière qui s’offrait, telle une dame de très petite vertu, aux yeux effarés des catholiques attachés aux traditions. L’ennemi ne s’y est pas trompé : après avoir feint quelque velléité d’expulsion, son bras armé républicain a tout de suite vu la faille et, sous prétexte d’éviter des troubles à l’ordre public, a maintenu en place cette Fraternité qui devenait ainsi l’épouvantail-repoussoir pour une tradition plus cohérente et un peuple de fidèles plus respectueux de l’ordre établi…

Mais les prêtres me direz-vous ? Quel péché ont-ils commis ? À titre personnel, nombreux sont d’entre nous qui avons connu ou connaissons encore de bons prêtres, pieux et zélés, et dont la rumeur pour certains d’entre eux va même jusqu’à dire qu’ils sont en réalité non una cum mais qu’ils ne peuvent s’en prévaloir officiellement. C’est là que le bât blesse !

Les prêtres ont cru que tant qu’ils ne passaient pas à l’acte (de se rallier) leur péché ne serait que d’intention et comme leur intention secrète était contraire, ils se croyaient en sécurité et assurés, non seulement de ne pas nuire aux fidèles, mais de leur apporter tous les ingrédients nécessaires à la défense de la foi et des sacrements. Cette quiétude morale de ses prêtres, Mgr Lefebvre y tenait plus que tout. Ce qui explique qu’il ne pouvait tolérer en son sein les brebis galeuses qui avaient rompu le « pacte » et qui surtout risquaient de mettre en péril la conscience tranquille de la grande majorité des prêtres. C’est par une fausse paix intérieure que ces prêtres ont été trompés et comme hypnotisés.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les dispositions du cœur d’un prêtre sont a priori toutes tournées vers le bien du fidèle et de son âme. Tant que le prêtre n’est pas mis en condition d’opportunité d’exprimer en acte soit son opposition radicale soit sa soumission tranquille et paisible à un ralliement de prospective, il n’a aucunement l’impression d’avoir commis quelque péché ou quelque désobéissance que ce soit ! Mais il y a plus subtil encore ! Ce qui se cache derrière cette paix précaire de la conscience cléricale, c’est l’immense mise en condition par les objectifs liturgiques. Si le prêtre est l’homme de l’Autel dans l’Église en ordre, à la Fraternité c’est l’autel qui est maître du prêtre puisque la ligne officielle lui est imposée d’en haut et il ne lui viendrait d’ailleurs pas à l’idée de franchir les limites qu’on ne doit pas franchir ! Il règne ainsi une illusoire cohésion interne et les prêtres sont des sujets de logique interne avant que d’être des acteurs du salut. Cet alignement convient au plus grand nombre car c’est une loi psychologique que la plupart des êtres humains se complaisent et se sécurisent dans un axe médian, à égale distance des saints et des voyous professionnels. Le consensuel a pour résultante l’affadissement des caractères et le renforcement de la veulerie naturelle qui est dans tout pécheur.

 

Même si vous n’avez jamais commis un certain péché dans votre comportement, cela ne veut pas dire que vous ne céderez pas à la tentation si jamais l’occasion se présente. Mais si les circonstances vous provoquent et touchent un point sensible de vos désirs, c’est là qu’on peut évaluer si vous êtes vraiment sans reproche. Vous comprendrez alors pourquoi il est essentiel de procurer à son troupeau clérical une sécurité à la fois affective, théologique et sociale. Malgré ses incohérences sur le plan doctrinal, Mgr Lefebvre qui connaissait bien les ressorts de l’âme humaine, avait érigé cette doctrine pour le plus grand bien de son œuvre. Demain on rase gratis, à condition que tous les candidats au rasage soient par avance rasés de près !!! Le recrutement des séminaristes dans des milieux de choix et forcément favorables à cette recherche d’une foi apaisée et tranquille, voire un peu mondaine, permettait à Mgr et ses collaborateurs d’être assurés d’un avenir a priori radieux…et d’avoir des prêtres sans reproche !

C’est pour cette raison que les prêtres de la Fraternité, ont en général fait l’admiration de quelques générations pour leur connaissance zélée et pointilleuse d’une liturgie qui se doit d’être irréprochable.

 

La propension au péché est une bien triste réalité qui existe dans le cœur de chaque être humain. C’est pourquoi je me suis risqué à une analogie avec l’adultère. On a fait croire à nos prêtres tradis que leur regard sur les intentions officielles de la Frat’ ne pouvaient en aucune manière être peccamineux. On les a trompés ! Et pourquoi les a-t-on trompé si facilement ? À cause de la carence de cet enseignement qu’ils ont reçu au sein même des séminaires de la Frat’ ! Ce qui a fait dire à certains que même « extradé » à grand fracas de la fraternelle, le prêtre contaminé continue à trainer derrière lui une odeur sui generis particulièrement tenace et infâmante…

Ainsi a-t-on réussi ce véritable tour de passe-passe : faire croire au prêtre qui entre à la Frat’ que l’intention générale (y compris de convertir ceux d’en face !!!) de celle-ci est bonne, catholique et qu’il n’y en a pas d’autre possible. (Même chose pour les sectateurs de la fameuse « Thèse »).

Nous avons là, qu’on le veuille ou non, un phénomène qui s’apparente à une dérive sectaire. Cacher au prêtre qu’il a déjà commis en son cœur l’adultère, c’est fort, très fort et on peut même se demander s’il n’y aurait pas là quelque influence préternaturelle…

Mais il y a plus grave encore ! En favorisant ainsi l’adultère doctrinal au cœur de ses prêtres, la Frat’ et ses dirigeants a orienté ces derniers vers un glissement lent et progressif qui ne peut aboutir qu’à une acceptation à la contemplation d’un spectacle proprement pornographique puisqu’il ne s’agit rien de moins que du ralliement auquel, à terme, tous ces malheureux prêtres seront conduits, consentants car confortés par leurs autorités dans cette paix de la conscience qui précède trop souvent l’acceptation volontaire du péché mortel. Ils se réveilleront un jour, mais dans le même décor, leurs deux pieds ensoutanés dans la secte conciliaire…

Ignorants de la source de leur péché, ils se réfugieront alors dans des oppositions stériles et se recroquevilleront de plus belle encore sur ce qui leur restera, au moins pour un temps peut-être : la liturgie traditionnelle. La boucle sera bouclée !

L’intention dévoyée et présentée comme bonne et favorable au salut des âmes, peut se comparer à un film pornographique qui agit comme une drogue spirituelle et entraîne l’âme à ne plus soumettre la chair aux salutaires admonestations de l’esprit.

Ainsi si nos prêtres n’ont pas le sentiment d’avoir commis l’adultère spirituel, ils auront de toute manière à subir l’assaut des pornocrates de la foi qui endormiront leur cœur dans les méandres de l’affect et rendront leur âme trop craintive prisonnière des erreurs consenties.

On peut véritablement conclure que nos prêtres catholiques sont dans leur immense majorité piégés. Bien entendu aucun d’entre eux n’a vraiment voulu cela. Mais ils ont tous commis l’adultère activement ou passivement, d’intention ou en acte pour une minorité d’entre eux. C’est un truisme que de rappeler que l’enfer est trop souvent pavé des meilleures intentions. Ce n’est pas dans le dévoiement de l’intention des prêtres que s’exerce le mystère d’iniquité, c’est dans l’ignorance qu’ils ont de l’existence même de ce dévoiement !

Prions pour nos prêtres car ils sont vraiment dans une voie sans issue et ça c’est encore bien plus préoccupant que tous les ralliements du monde !

 

Pierre Legrand.