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Avec Bergolio, le Stalinisme revient !

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La revue de la F$$PX, “Courrier de Rome”, publie dans son édition de septembre 2014 la traduction de l’article d’un dénommé Maurizio Blondet * du site italien Effedieffe.com paru le 1 août.

Maurizio BlondetSon article est intéressant à plus d’un titre car il nous décrit un Bergoglio stalinien et « j’en foutiste » un homme revêche, grincheux et désagréable, un autoritaire arbitraire un homme fruste, mal élevé ; quelqu’un de rancunier ; quelqu’un qui est soumis à des passions et des détestations très fortes, sans motifs, envers les gens…

Mais bien sûr ni l’un ni les autres ne trouvent aberrant d’appeler ce “clown blanc” : « Notre Saint Père » le « Pape »… « bien-aimé Saint Père »… l’esprit de la Fraternité $$ Pie X est là !!!

(*) Maurizio Blondet (catholique traditionaliste), né à Milan le 22 février 1944, est un journaliste et essayiste italien, connu pour ses théories du complot et ses écrits sur l’ufologie. Il dirige le journal en ligne Effedieffe.com.

 


 

“…Rome deviendra le siège de l’Antéchrist”

 

Courrier de Rome

Courrier de Rome, septembre 2014

 

Pour Mieux Comprendre Le Pape François ! ! !

 

teologia bergogliana

 

Je lis sur un site catholique que « La revue internationale de théologie Concilium a consacré son dernier numéro au sujet suivant : « De l’ “anathema sit” au “Qui suis-je pour juger ?” » à partir de la fameuse phrase du Pape François sur l’homosexualité : « qui suis-je pour juger ? », prononcée à son retour du Brésil, en juillet 2013.

Les auteurs « considèrent que les formules et les dogmes ne peuvent pas comprendre l’évolution historique, et que chaque problème doit être placé dans son contexte historique et sociopolitique. La notion d’orthodoxie doit être dépassée, ou au moins redimensionnée, parce qu’elle est utilisée comme « point de repère pour étouffer la liberté de pensée et comme arme pour surveiller et punir »… Ils définissent l’orthodoxie comme “une violence métaphysique”. Au primat de la doctrine doit être substitué celui de la praxis pastorale… (Concilium, 02/2014, p. 11).

Concilium est la revue fondée par Karl Rahner, Hans Küng et Yves Congar, « à laquelle collaborent plus de 500 théologiens du monde entier » : nous nous empressons d’exprimer toute notre reconnaissance à cette revue si prestigieuse, parce qu’elle fait la lumière sur la doctrine catholique que nous devons suivre depuis que François est Pape. Car il ne fait aucun doute que ce qui est écrit dans Concilium reflète la pensée du pontife. Par exemple, celui-ci a déclaré il y a quelque temps à La Civiltà Cattolica : « Ceux qui aujourd’hui cherchent toujours des solutions disciplinaires, ceux qui tendent de façon exagérée vers la “sécurité” doctrinale, ceux qui cherchent obstinément à récupérer le passé perdu, ont une vision statique et régressive. Et de cette façon, la foi devient une idéologie parmi tant d’autres. »

Il est plus ou moins clair que Bergoglio considère la dogmatique et la théologie bimillénaires comme un poids et un obstacle à l’action pastorale. Mais le mérite de Concilium est de développer les pensées que le Pape livre çà et là dans des homélies improvisées, des interviews occasionnelles, des propos familiers et volontiers laissés en suspens (du genre : « Supposons que demain arrive sur terre une expédition de martiens, et que l’un deux déclare : « Je veux le Baptême ! » Que se passerait-il ?… »). Ce qu’il se passerait, il ne nous le dit pas. Mais par chance Concilium complète ces phrases, remplace les points de suspension, leur donne un contenu ; la revue explicite ce qui dans la théologie implicite du Pape n’est pas exprimé, ce qui est laissé en suspens. Elle nous permet ainsi de répondre à la question que nous nous sommes souvent posée : quelle est la théologie de Bergoglio ?

De même que les archéologues épigraphistes sont capables de reconstituer des inscriptions latines sur d’anciennes pierres brisées, où manquent des lettres et des mots, de même nous pouvons aujourd’hui reconstituer de façon conjecturale la théologie papale à laquelle nous sommes obligés d’obéir aujourd’hui. Grâce à la revue Concilium, une clarté éblouissante illumine certaines actions du Pape qui semble en opposition avec ses paroles.

Certains n’arrivaient pas à comprendre comme s’accorde le « qui suis-je pour juger ? » avec la mise sous tutelle d’un commissaire apostolique sans aucune explication des Franciscains de l’Immaculée, et la punition et l’assignation à résidence forcée du père Manelli, le fondateur. Cela semblait une contradiction. Plus généralement, comme l’a noté le vaticaniste Sandro Magister, le Pape ne cesse « d’exhorter à ne pas émettre de jugements… celui qui juge « se trompe toujours », a-t-il dit dans son homélie du 23 juin à Sainte Marthe. Et il se trompe, a-t-il poursuivi, « parce qu’il prend la place de Dieu, qui est le seul juge ». Il s’arroge « le pouvoir de tout juger : les personnes, la vie, tout ». Et « avec la capacité de juger », il pense aussi avoir « la capacité de condamner ». »

Et pourtant « François est un Pape qui juge, se prononce, absout, condamne, promeut, destitue. Mais en même temps il affirme continuellement que l’on ne doit jamais juger, ni accuser, ni condamner ». Il a accompli une purge systématique de prélats et de théologiens importuns pour lui et pour son école, de don Antonio Livi au père Cavalcoli ; il a brutalement destitué des prélats du Vatican comme Mgr Piacenza ; il a destitué des évêques qu’il détestait en Argentine. N’y a-t-il pas une opposition ? Nous, nous ne devons pas juger, et c’est très bien, mais lui, juge et tranche sur tout.

Dans les homélies de Sainte Marthe, il ne perd jamais une occasion de condamner – sans jamais les nommer – les chrétiens, enfants dévots de l’Église, qui (comme le pauvre Mario Palmaro) ont protesté à cause de ses lettres et interviews avec Eugenio Scalfari, où il ratifiait des phrases comme « la question pour celui qui ne croit pas en Dieu est d’obéir à sa conscience. Le péché, même pour celui qui n’a pas la foi, existe lorsque l’on va contre sa conscience. » Mais c’est du relativisme, ont dit les bons chrétiens, c’est une erreur non seulement théologale mais aussi psychologique : la conscience des Scalfari est endurcie, la conscience ne reproche jamais rien à l’homme riche de l’Évangile ni au pharisien – qui sont toutefois condamnés par Dieu…

Qu’a fait le Pape François ? Il ne répond pas, n’explique pas, ne corrige pas. Homélie après homélie, il appelle les fidèles laïcs qui le critiquent « pélagianistes », « onctueux », « tristes », « effrayés par la joie », « chrétiens chauves-souris », il les insulte et les condamne… mais sans dire précisément à qui il se réfère.

Peut-être considériez-vous cette façon de faire comme déloyale et peu chrétienne, et surtout en opposition patente avec la phrase la plus citée par les laïcistes enthousiastes : « Qui suis-je pour juger… » (un homosexuel) ? Et bien nous savons maintenant grâce à Concilium qu’il n’y a aucune contradiction. Que la phrase « je ne juge pas » et la brutale répression des Franciscains de l’Immaculée sans explication viennent de la même théologie.

Mais tâchez de bien comprendre quelle est cette théologie. Vous pourriez en effet vous tromper. Vous pourriez conclure que le fondateur des Franciscains a été puni, et son ordre mis sous tutelle préfectorale, pour le simple fait d’être orthodoxe, et donc, comme l’explique Concilium, pour avoir commis une « violence métaphysique ». Vous pourriez croire que les théologiens ou les laïcs qui se réfèrent à l’orthodoxie sont destitués, purgés, expulsés des chaires pontificales et traités de « chauves-souris », parce qu’on les accuse d’utiliser la dogmatique bimillénaire « comme point de repère pour étouffer la liberté de pensée et comme arme pour surveiller et punir »…

Mais si vous pensiez cela, vous vous tromperiez, vous n’auriez pas encore compris la subtilité et la profondeur de la théologie bergoglienne. La caractéristique de cette théologie est de « ne pas donner d’explications ». Frapper, épurer, insulter, destituer, sans dire pourquoi. Ceci est la conséquence nécessaire du fait que l’Église bergoglienne se veut a-dogmatique. Comme elle a « dépassé » les dogmes, elle ne doit plus justifier les punitions qu’elle prononce en accusant la victime de quelque violation dogmatique ou doctrinale ; sinon, on revient au vieux système, où l’orthodoxie était utilisée comme arme pour surveiller et punir. Aujourd’hui on punit sans expliquer pourquoi – et la conséquence nécessaire du dépassement de la doctrine est que les punitions continuent de pleuvoir, mais dans le mutisme. On ne peut pas, on ne doit pas en donner la raison.

Et dans la nouvelle théologie a-dogmatique, toute pastorale et caritative, la bastonnade et la punition s’accordent admirablement, harmonieusement, avec la phrase « qui suis-je pour juger ? » Que le bastonné se réjouisse : personne ne le juge. On n’instruit plus de procès canonique, on ne soulève pas une accusation formelle et formulée par des paroles (dont l’accusé pourrait même chercher à se défendre, cette chauve-souris onctueuse et triste) – nous ne sommes plus aux temps de l’Inquisition, nous les avons dépassés ! – maintenant on donne des volées de coups de bâtons dans le noir, on bastonne et c’est tout. Que le bastonné ne demande pas pourquoi. On ne peut pas, on ne doit pas exprimer le pourquoi. C’est l’a-théologie a-dogmatique qui l’exige.

Cela rappelle un peu les procédures staliniennes, où la condamnation à 25 ans de goulag (un « petit quart » de siècle) ou à mort était prononcée non pas par un tribunal mais par une commission de trois fonctionnaires du Parti, la Troïka Administrative. Au citoyen tremblant que l’on avait traîné devant elle, la Troïka déclarait gaiement, pour l’éclairer : nous ne t’accusons pas d’avoir fait quoi que ce soit ; nous te flanquons au goulag parce que tu es un bourgeois. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin de trouver chez toi une faute, il nous suffit de nous assurer de ton identité : tu es un bourgeois, donc un ennemi du prolétariat. En Sibérie ! Un petit quart de siècle ! Et c’était réglé.

Si bien que le chrétien de base, aujourd’hui, doit constamment demeurer « à l’écoute du Pape François », car il est clair qu’il n’écrira jamais une véritable encyclique, il ne mettra jamais noir sur blanc ce qu’il entend par « vérité », que nous devons suivre, et par « erreur », que nous devons fuir. Nous devons retirer sa doctrine – qui devient doctrine de l’Église – de ses confidences. Occasionnelles. Quelque fois en marge d’interventions officielles.

 

« Punir sévèrement »

 

Par exemple, après l’Assemblée Générale des évêques italiens, fin mai dernier, dans la partie la moins publique de la séance. À la fin du discours d’introduction, « le Pape a laissé le champ libre aux questions ». Très contents, les évêques italiens ont rivalisé de questions qui puissent plaire à François – en d’autres temps on aurait dit un concours d’adulation – en réalité pour lui faire expliciter sa théologie implicite, que les évêques brûlent d’appliquer dans leurs diocèses, pour instaurer la nouvelle Église selon ses desiderata. Et voici ce qu’a écrit le 23 mai le vaticaniste de La Stampa Marco Tosatti. Il enregistre « la question aux accents “désespérés” d’un évêque d’un petit diocèse (quarante mille habitants) qui se lamente de ce qu’une partie du clergé est “conservatrice” et ne veut pas donner la communion dans la main. Le Pape lui a conseillé de prendre des mesures sévères, parce qu’« on ne peut pas défendre le corps du christ en offensant le corps social du christ ». »

Appréciez donc chaque phrase, chaque mot. Tout d’abord nous avons un évêque qui, au Pape, dit du mal de son clergé. Il est désespéré, dit-il, parce qu’il a un clergé « conservateur », tellement conservateur – oyez, oyez – qu’il veut donner la communion sur la langue, comme cela se faisait dans les siècles passés. Cela pourrait vous sembler une question de peu d’importance, par les temps qui courent. Et bien non, le Pape en a saisi toute la gravité. Et il prescrit :

de punir ces prêtres (au diable le « qui suis-je pour juger ? »)

sévèrement (comment ? Nous attendons anxieusement : la suspens a divinis suffira-t-elle ? Ou bien les « fers » reviendront-ils à la mode ? Les cachots du Vatican ?).

Mais surtout appréciez chaque mot de la justification, car nous sommes ici au sommet de la doctrine a-théologique, du « dépassement des dogmes » :

« Parce qu’on ne peut pas défendre le Corps du Christ en offensant le Corps social du Christ ».

Il existe donc – maintenant c’est clair – deux corps du Christ : la Présence Réelle, le Christ lui-même, et les fidèles, « Corps social du christ ». Si le Second reçoit le Premier sur la langue et non dans la main, il est offensé. Ou il se sent offensé. Et il ne faut surtout pas l’offenser ; il vaut mieux offenser la Présence Réelle, en la mettant dans les mains d’inconnus, et pourquoi pas de satanistes. La conclusion qui en découle est éblouissante : « le Corps Réel du Christ a moins de droits que le corps social », c’est-à-dire les fidèles. Eux, et non pas Lui, sont le Christ vrai et suprême (cette « substitution » est annoncée et expliquée dans toute sa portée par le texte Mystère d’iniquité).

D’accord, cette herméneutique éblouissante laisse en suspens plus d’une question. Par exemple : il ne nous semble pas voir des foules de fidèles qui exigent de pouvoir prendre l’hostie dans leurs mains, sinon ils se sentiraient offensés en tant que Messie social. Où sont-ils ? Autre question : ces chrétiens qui, contents de recevoir la communion sur la langue, ne s’en sentent pas offensés, ne font-ils pas partie du Corps social du Christ ? Sont-ils « tristes » et « effrayés par la joie » ? En sont-ils exclus ? Le Corps social du Christ est-il uniquement composé de ceux qui veulent l’hostie dans la main, la communion aux divorcés vivant more uxorio, le non jugement des invertis ? Nous sommes certains que le Saint Père clarifiera ces points obscurs grâce à des phrases jetées çà et là, dans quelque homélie ou audience – et qui sera rapidement explicitée, développée et complétée par Concilium. Et par les autres exégètes autorisés.

 

Ils voulaient la collégialité ? Les voilà servis

 

La collégialité a été le cheval de bataille des novateurs du Concile : ils voulaient réduire le magistère monocratique du Pape (le primat pétrinien, trop autoritaire) en le diluant dans la « collégialité », en l’obligeant à décider avec les évêques, comme un primus inter pares. À peine François élu, les jésuites américains se disaient certains que leur confrère devenu Pape mettrait un « accent renouvelé sur la collégialité, la collaboration et le leadership partagé avec l’épiscopat dans le gouvernement de l’Église ». C’est pour cela qu’ont été voulues les Conférences Épiscopales nationales, instrument qui – par une étrange hétérogénèse des fins – devait donner un status de parité aux évêques à l’égard du Pape, mais qui a au contraire réussi à rendre les évêques – dont chacun est un successeur des apôtres – anonymes dans un groupe bureaucratique… mais cela est une autre histoire. Revenons à la collégialité comme l’a appliquée, François, tout d’abord, avec la Conférence Épiscopale Italienne, la CEI. Rappelons que pendant des années, c’est le président de la CEI qui a prononcé le discours inaugural au début de l’assemblée annuelle des évêques. Mais donnons la parole à Sandro Magister : cette année, « le cardinal Angelo Bagnasco, qui est encore président de la conférence épiscopale italienne [bien que François l’ait privé d’autorité en lui imposant un secrétaire général, le comique Galantino], a demandé à François que ce soit lui, le Pape, qui prononce le discours inaugural à l’assemblée plénière des évêques convoquée en mai, ce qu’aucun pontife n’a jamais fait. La demande du cardinal, a-t-on lu dans le communiqué officiel, « a rencontré la disponibilité immédiate du Pape, qui a confié avoir eu en tête la même intention ». En effet. On savait depuis au moins un mois que François en avait décidé ainsi ».

Qu’en pensez-vous ? Moi, qui suis vieux et connais un peu d’histoire, cela me rappelle un peu les séances du Soviet Suprême sous Staline : quand tous les délégués du Soviet (qui aurait été le pouvoir législatif), frénétiquement, spontanément, à l’unanimité se levaient pour demander, implorer, prier « le camarade Staline » de leur suggérer les décisions à prendre. Le camarade Staline était d’abord surpris ; tout de suite après, reconnaissant que la demande du Soviet Suprême venait vraiment du cœur, il daignait « bien volontiers » prendre la direction de l’assemblée. Alors, il improvisait un discours qu’il avait préparé quelques semaines plus tôt : il lançait peut-être une campagne de répression contre les « saboteurs nichés dans le parti » ? Voici la centaine de membres du Soviet Suprême se levant et applaudissant frénétiquement, soulevés par leur enthousiasme sincère, longtemps, très longtemps. Dans l’URSS de Staline, le Soviet pouvait même applaudir pendant des heures, sans s’arrêter ; parce que le camarade Staline les observait et prenait note du premier qui – en se donnant un air occupé de membre qui a des documents à lire – s’asseyait et arrêtait de battre des mains. Le lendemain, il avait disparu.

Vous pensez que j’exagère ? Que la foule des évêques ne peut pas être terrorisée par le doux, non jugeant, sympathique et bienveillant Pape François comme s’il était Josip Vissariononvic Stalin ? Lisez encore Magister :

« Depuis qu’il est Pape, la CEI est comme anéantie. François a demandé aux évêques italiens de lui dire comment ils préfèreraient que se passe la nomination de leur président et de leur secrétaire : par le Pape, comme cela a toujours été le cas en Italie, ou par des votes libres comme cela se passe dans tous les autres pays. Ayant compris le message, tous les évêques tombent d’accord pour laisser le Pape faire les nominations. Et s’il veut qu’il y ait tout d’abord un vote consultatif, on le fera, mais en secret et sans dépouillement des bulletins. Ceux-ci seront remis au Pape encore sous enveloppe, et il en fera ce qu’il voudra. La CEI est le démenti vivant des propos de décentralisation et de « démocratisation » de l’Église attribués à Jorge Mario Bergoglio : le seul qui soit doté aujourd’hui d’une autorité effective est le secrétaire général Nunzio Galantino, évêque de Cassano all’Jonio. Mais son autorité est le pur reflet de celle du Pape, qui l’a intronisé. »

 

Théologie de la mauvaise éducation

 

Certains journaux se sont interrogés sur l’état de santé du bien-aimé Saint Père. Il a en effet décommandé plusieurs rencontres et rendez-vous, dont certains importants, sans préavis et sans explications. Comme vous vous en souvenez peut-être, il a été attendu en vain le 22 juin 2013 à un concert en son honneur organisé à l’occasion de l’Année de la Foi. Puis le 4 décembre, François a annulé brusquement l’audience avec le cardinal Angelo Scola et les représentants d’Expo-Milano qui voulaient l’inviter à cet événement. Et encore : le 28 février, quelques minutes avant l’événement, François reporte sa visite au Séminaire romain ; une semaine avant de partir en Terre Sainte, il annule le pèlerinage au Sanctuaire du Divin Amour prévu pour le 18 mai ; 9 juin : il annule à l’improviste quelques audiences, dont celle avec le Conseil supérieur de la magistrature italienne. Enfin, il a déçu la foule nombreuse qui l’attendait à la clinique Gemelli. Les journaux rapportent qu’il a fait un pied de nez aux fidèles, aux médecins et même à ses collaborateurs : « La déception a été grande pour les personnes qui attendaient le Pontife au moment de l’annonce sur la place. Le staff du Pape était déjà sur le lieu de la visite : le cérémoniaire pontifical, Mgr Guido Marini, à la question posée sur les raisons de ce forfait, a répondu : « Si vous ne le savez pas… » L’annonce a été donnée par l’évêque Claudio Giuliodori, assistant ecclésiastique à l’Université catholique, expliquant que la visite a été reportée. Giuliodori n’a rien ajouté d’autre sur les raisons de l’annulation ». Parce que, on l’aura compris, personne ne savait rien, pas même le staff du Pape. C’est le cardinal Angelo Scola qui a célébré la messe et lu l’homélie que devait prononcer François…

Or tous ces rendez-vous annulés, ces rencontres prévues et sabotées sans préavis et sans la moindre explication, ont conduit certains media à prendre pour argent comptant l’excuse maladroitement avancée a posteriori par le staff papal (« légère indisposition ») et à se demander si le pontife ne serait pas gravement malade. Je suis en mesure de rassurer les lecteurs sur la santé du bien-aimé Pape : quand il s’absente, c’est parce qu’il lui en prend l’envie. On m’a dit à la curie de Buenos Aires qu’il faisait la même chose lorsqu’il y résidait comme cardinal : une paroisse l’invitait, prêtres et fidèles préparaient l’événement pendant des mois, de pieuses dames préparaient un repas de fête – et lui, il arrivait en vitesse, disait la Messe en vitesse, et s’échappait en vitesse, pratiquement sans dire au revoir, sans dire un mot, laissant tout le monde autour de la table tristement parée. À la curie de Buenos Aires, nombreux sont ceux qui s’étonnent sincèrement de revoir à la télévision un Bergoglio, élu Pape, qui « sourit ! Et qui embrasse les enfants ! ? » Beaucoup me l’avaient décrit comme un homme revêche, grincheux et désagréable, un autoritaire arbitraire qui inspirait plus de peur que de sympathie ; en particulier à la curie, où il pouvait briser des carrières, il avait instauré un climat de terreur. On me l’a décrit comme un homme fruste, mal élevé ; quelqu’un de rancunier ; quelqu’un qui – fait plus grave – est soumis à des passions et des détestations très fortes, sans motifs, envers les gens. Ceux qu’il aime, il les défend contre toute évidence et les promeut contre tout mérite ; envers ses préférés il adopte même des attitudes serviles (« il leur sert la Messe ») ; de ceux qu’il déteste, il se venge même après plusieurs années.

Dès les premières actions de son pontificat, le Saint Père a montré qu’il se laissait entraîner par ces sympathies et ces antipathies arbitraires. Chacun se rappelle comment il s’est entiché du directeur de l’hôtel Sainte Marthe où il habite, Mgr Battista Ricca, au point de le nommer au sommet de l’IOR, la banque du Vatican. Magister se souvient : « Quand en juin dernier il l’a promu à ce poste, le Pape François était dans l’ignorance du parcours scandaleux de Ricca, dans les années où celui-ci était conseiller de nonciature à Alger, à Bern et surtout à Montevideo, où il vivait avec son amant, au siège même de la Nonciature. L’intimité des rapports entre Ricca et Haari était tellement notoire qu’elle scandalisait de nombreux évêques, prêtres et laïcs de ce petit pays sud-américain, et aussi les sœurs qui l’assistaient à la nonciature. » Informé par des personnes de confiance des antécédents de Ricca, François remercia, se renseigna et promit qu’il prendrait une décision en conséquence. Mais dix mois plus tard Ricca est encore prélat de l’IOR.

En revanche il a de l’antipathie pour le nonce apostolique pour l’Italie, Adriano Bernardini : « Jorge Maria Bergoglio le connaît bien et ne lui a pas pardonné. Quand Bemardini était nonce en Argentine, entre 2003 et 2011, il était tête de file de l’opposition à celui qui était alors archevêque de Buenos Aires. » Bernardin s’opposait à Bergoglio sur « des valeurs non négociables » (« Je n’ai jamais compris l’expression valeurs non négociables », a dit le Pape dans l’une de ses dernières interviews). Il ne supporte pas le cardinal de Milan Angelo Scola, son concurrent sérieux au conclave. Ce n’est pas par hasard qu’il multiplie les impolitesses à son égard, qu’il ne se rend pas aux rendez-vous, qu’il annule les rencontres officielles prévues avec lui au Vatican. Le président de la CEI, Mgr Bagnasco, ne lui plaît pas non plus ; et de fait il l’a mis sous le contrôle du commissaire Galantino, évêque d’un diocèse secondaire, phraseur et ventriloque du Pape. L’erreur impardonnable de Bagnasco a été d’avoir voulu être le premier, à la sortie du conclave, à féliciter Scola, qu’il croyait élu pontife. Sympathie publique, en revanche, envers le cardinal Kasper, qu’il a loué dans son premier Angelus depuis Saint Pierre, urbi et orbi : « un théologien habile, un bon théologien. » Ceux qui connaissaient les idées de Kasper eurent ainsi une annonce de ce qu’était, implicitement et non encore pleinement exprimée, la théologie bergoglienne. La résolution d’accorder la communion aux divorcés remariés vient de là. Et c’est de là que, face aux résistances et argumentations de nombreux et sérieux opposants à cette résolution, est sortie la célèbre réplique : « Supposons que demain arrive sur terre une expédition de martiens, par exemple, et que certains d’entre eux viennent chez nous, voilà… des martiens, vous voyez ? Tout verts, avec un long nez et de grandes oreilles, comme quand ils sont dessinés par les enfants… Et si l’un deux déclarait : « Mais moi, je veux le Baptême ! ». Que se passerait-il ? »

La réponse est plus simple qu’elle ne le semble. Cela fait des millénaires que l’Église baptise des « martiens », aztèques, chinois, cannibales, ex chasseurs de têtes… mais elle le fait après les avoir instruits sur le sens du Sacrement, en somme après avoir transmis la doctrine catholique. Mais avec l’histoire des martiens, c’est précisément la doctrine catholique qu’on veut déclarer inutile – en faisant allusion non pas aux martiens, mais aux divorcés qui exigent la communion parce qu’ils souffrent d’être discriminés. En effet, tout de suite après, le Pape explique : « L’Esprit souffle où il veut, mais une des tentations les plus récurrentes de ceux qui ont la foi est de lui barrer la route et de le piloter dans une direction plutôt qu’une autre. » Avez-vous compris l’allusion ? Compris : il est certain que la Communion aux divorcés passera, et le Corps du Christ sera donné aux pécheurs habituels et non repentis, qui sont censés être aujourd’hui le Corps social du Christ, sous les applaudissements des évêques.

En effet l’évêque de Novara s’est déjà déchaîné contre l’un de ses prêtres (cela devient une habitude) qui avait expliqué que les couples cohabitant hors de l’état de mariage ne peuvent pas recevoir la communion, car c’est une « infidélité durable. Il ne s’agit pas d’un péché occasionnel (par exemple un homicide) », il manque dans ce cas « le devoir de s’amender par un repentir sincère et le ferme propos de s’éloigner du péché et des occasions qui y conduisent ». Comme c’était prévisible, La Repubblica (du cher Scalfari) interprète : « Pour le curé de Cameri, vivre ensemble sans être marié est pire que tuer » et crie au scandale. Immédiatement, l’évêque du pauvre curé, Mgr Giulio Brambilla, se précipite pour dicter aux agences de presse « une nette prise de distance tant par rapport au ton que par rapport au contenu du texte à cause d’une inacceptable égalisation vie commune / situations irrégulières et homicide ». Mais que dis-je ? Même un cardinal Baldisseri intervient, rien moins que le Secrétaire du Synode pour la Famille. Lequel, pour exprimer tout son mépris pour le pauvre curé de Novara, déclare aux agences de presse : « C’est une folie. Il s’agit d’une opinion strictement personnelle d’un curé qui ne représente personne, même pas lui-même. »

Comment le cardinal se permet-il de parler ainsi ? Mais on ne peut pas en douter: quand des évêques et même des cardinaux se mettent à insulter, avec la bave aux lèvres, un pauvre curé coupable d’avoir dit une chose vraie, ils le font parce qu’ils sentent que cela est agréable au Pape, que c’est cohérent avec le système a-dogmatique et a-théologique implicite et in fieri avec lequel il entend rénover les vieilleries de l’Église. Ils sentent qu’ils peuvent faire cette chose abjecte parce que le pauvre curé est l’un de ceux que Bergoglio accuse de « tendre de façon exagérée vers la « sécurité doctrinale », dans une vision statique et régressive ». Eux aussi se font les ventriloques du Pape, sachant qu’attaquer un faible peut même être bon pour la carrière, dans ce nouveau climat.

Il est certain que cette grande passion et bienveillance pour les lointains, le refus de juger et de punir, toute la bonhomie et la compréhension pour les Eugenio Scalfari, toute la chaude miséricorde pour les gays et les divorcés, la belle et sainte disposition à mettre l’orthodoxie entre parenthèses pour ne pas irriter les non croyants (Galantino a demandé pardon aux « non croyants parce que souvent la façon dont nous vivons notre expérience religieuse ignore complètement [leur] sensibilité […], si bien que nous faisons et disons des choses qui très souvent ne les touchent pas, et même les gênent »), enfin toute cette délicatesse, a aussi des conséquences violentes, vilement répressives et répugnantes : les évêques se sentent en droit d’insulter et vilipender leurs prêtres fidèles, des ordres religieux tout entiers sont étouffés et leur charisme avec eux, et en général le résultat est que toute une formidable volonté de haine, de persécution, de censure et d’éreintement s’exerce au sein de l’Église et contre une partie du peuple fidèle.

Étranges résultats de la théologie progressiste et qui ne se veut pas « statique et régressive », détachée de la « sécurité doctrinale excessive », mais ouverte et dynamique, pastorale et charitable sans limites. Et tant pis si, à ce prix, on attire des foules de nouveaux chrétiens venus de l’extérieur, de l’incroyance et des périphéries existentielles, attirés par la réforme a-dogmatique, par le « qui suis-je pour juger ? » (les homosexuels). Mais voici en revanche ce qui arrive : la fermeture de Ad Gentes, revue missionnaire historique, faute de lecteurs, et parce que, comme l’écrit le cher père Gheddo dans le dernier numéro,

« la mission envers les peuples (ad gentes) est en train de perdre son identité et intéresse de moins en moins, du moins en Italie : paroisses, diocèses, séminaires et le peuple de Dieu. Il est difficile de trouver un séminaire qui accueille volontiers un missionnaire et le fasse parler aux séminaristes. Les séminaristes sont peu nombreux, très occupés, et les missions intéressent de moins en moins. Jusqu’au Concile Vatican II, il y avait la claire affirmation de notre identité : aller vers les peuples non chrétiens, là où le Saint Siège nous envoyait, annoncer et témoigner du Christ et de son Évangile, dont tous ont besoin. Bien sûr on parlait aussi des œuvres de charité, d’instruction, de santé, de promotion, de droits et d’œuvres de justice pour les pauvres et les exploités. Mais par-dessus tout il y avait l’enthousiasme d’avoir été appelés par Jésus pour le porter aux peuples qui vivent sans connaître le Dieu de l’amour et du pardon. Il y avait l’enthousiasme de la vocation missionnaire joyeusement manifesté, et donc on parlait souvent de catéchèse, de catéchuménat, de conversions au Christ, de prières et de souffrances pour les missions, des raisons pour lesquelles les peuples ont besoin du Christ, etc. Surtout, on parlait de vocations missionnaires, parce que le missionnaire est un privilégié qui va jusqu’aux confins de la terre pour réaliser le testament de Jésus montant au ciel. »

Tout cela a disparu après le Concile. Aujourd’hui, instruits par l’a-théologie et l’a-dogmatique, par les ventriloques et par les exégètes de Bergoglio, nous pouvons mieux comprendre pourquoi. Si l’affirmation de l’orthodoxie est déjà une « violence métaphysique » contre le prochain non croyant, alors que sera la prétention de convertir un païen ? Et puis : le convertir à quoi, précisément ? À quels contenus ?

Maurizio Blondet

 

Traduit du site Effedieffe du 1er juillet 2014 :

« La teologia papale. Tentativo di ricostruzione congetturale »

http://www.effedieffe.com/index.php?option=com_content&task=view&id=302462&Itemid=100021