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APOSTOLICA SEDES VACANS : L’Opinionisme par Mgr Sanborn

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L’Opinionisme par Mgr Sanborn

Nous publions la récente traduction d’un article de Mgr Donald Sanborn très éclairant sur le relativisme de certains prêtres et laïcs sur la question du Pape.

Dans une approche tout à fait originale du concept de l’ “opinion”, et de l’ “opinion théologique”, Mgr Sanborn nous délivre une démonstration claire et solide pour réduire à néant la portée de l’un des nombreux qualificatifs dont est affublé le catholique semper idem, plus souvent dénommé du titre infâmant de « sédévacantiste ».

Nous avons vu, dans un précédent article, que l’aveuglement de nos clercs n’avait plus de borne, que, sans nous, ils avaient presque du mal à exister et qu’il leur était nécessaire de forger de nouveaux concepts comme celui, quelque peu hilarant, de sédévacantisme non dogmatique ou, en quelque sorte, “modéré”.

Un reproche fréquent fait par nos clercs à la « gens sedevacans », outre le sempiternel, fameux et éculé « manque de charité », c’est de ne nous considérer que comme une « opinion théologique » qui serait à mettre au même rang que les autres opinions par une confusion savamment entretenue entre ce que Mgr nous rappelle et enseigne: la conclusion théologique et sa sœur cadette, si j’ose dire, l’opinion théologique.

Nos lecteurs liront donc avec le plus grand intérêt (et le plus grand plaisir) cette petite étude de Mgr et en retireront le plus grand profit tant au niveau de leur âme , assoiffée de « charité de la vérité », qu’au niveau plus humble de leur culture lexicale…!!!

 


 

L’Opinionisme

Par Mgr Donald J. Sanborn

Bishop Donald J. Sanborn

 

La question du pape : “Juste une opinion” ?

 

La Vacance du Siège Apostolique, la non-papauté de François I ainsi que de Benoît XVI, Jean-Paul II, Jean-Paul I, Paul VI et même Jean XXIII est un problème qui a, plus que tout autre, divisé les traditionalistes ces cinquante dernières années.

 

Parmi ceux qui ont choisi la voie de la résistance aux réformes de Vatican II, la majorité professe être sédépleiniste, c’est-à-dire qu’ils tiennent que François I est véritablement le Pontife Romain. Ils suivent ainsi la direction de la Fraternité Saint Pie X. D’autres, une minorité, mais non insignifiante, sont sédévacantistes, c’est-à-dire qu’ils disent que François I n’est pas véritablement Pontife Romain, pas plus que ses prédécesseurs de Vatican II.

Cette différence de position théologique est cause d’une angoisse universelle chez ceux qui résistent à Vatican II. Chaque côté proclame que c’est son point de vue qui est le bon, et qu’il est véritablement nécessaire pour rester catholique. Chaque côté accuse l’autre d’être schismatique.

À l’automne 1979, Mgr Lefebvre publia un communiqué dans lequel il déclarait qu’il ne tolèrerait pas dans la Fraternité Saint Pie X ceux qui refuseraient de nommer Jean-Paul II au canon de la Messe. En Europe, il renvoya un certain nombre de prêtres qui refusaient d’observer la règle. Au printemps 1980, il vint en Amérique avec le même programme : renvoyer ceux qui ne nommaient pas Jean-Paul II au canon.

Cependant, au cours des négociations avec les prêtres étatsuniens, Mgr Lefebvre parvint à un compromis particulier. Il ne renverrait pas les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, si ceux-ci étaient d’accord pour garder secret leur sédévacantisme. Ils pourraient ne pas nommer Jean-Paul II au canon aussi longtemps qu’ils ne rendraient pas cela public. L’Opinionisme était né. L’archevêque lui-même formulerait le principe fondamental de l’opinionisme : « Je ne dis pas que le pape n’est pas pape, mais je ne dis pas qu’on ne peut pas dire que le pape n’est pas le pape ».

Le but de cet article est d’examiner l’opinionisme, et de juger s’il est légitime de le professer. L’identité du Pontife Romain peut-elle être matière à opinion ?

 

I. Qu’est-ce qu’une opinion ?

Une opinion est une idée ou doctrine que vous tenez comme probablement vraie. Dans le même temps, vous êtes fondé à craindre que l’opposé puisse être vrai. L’esprit est nettement porté vers une idée et à rejeter son contraire, mais pas complètement. Il n’accepte pas totalement l’une comme vraie ni ne rejette totalement son contraire comme faux. Cela se produit souvent dans les diagnostics médicaux.

Même des médecins expérimentés estiment souvent que le diagnostic qu’ils ont fait n’est qu’une opinion. Ils sont incapables d’obtenir une certitude absolue faute de preuves suffisantes pour parvenir à cette certitude. Donc, ils pensent ou opinent que leur patient doit avoir une certaine maladie, mais ne seraient pas surpris s’ils trouvaient quelque chose de différent le temps passant.

 

II. Qu’est-ce qu’une opinion théologique ?

Une opinion théologique est une doctrine que l’on retient concernant un problème théologique, tout en pensant que son contraire pourrait être vrai. Ce n’est pas quelque chose de défini par l’Église. Cela concerne un sujet qui est “libre”, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’obligation de la part de l’Église de retenir une opinion ou son contraire.

Beaucoup cependant font la confusion entre une opinion théologique et une conclusion théologique.

Une conclusion théologique, en latin sententia theologica, est une doctrine ferme et certaine qui découle de principes issus de la Révélation et de la raison droite.

Le problème est que sententia en latin est généralement traduit [en anglais] par opinion. Mais il y a énormément de conclusions théologiques qui sont absolument certaines qui, en latin seraient appelées sententia (*), et qui ne sont en aucune façon des opinions au sens [anglais] du terme. Par exemple, il est une conclusion certaine que Dieu donne à tout homme les grâces suffisantes pour sauver son âme. Ce fait n’est pas une révélation directe, ni une déclaration de l’Église, mais est tenu par tous les théologiens comme absolument certain. Cela ne peut pas être qualifié d’“opinion théologique”.

* : En français, nous préfèrerions le terme de “sentence”.

La théologie morale, par contre, est farcie d’opinions théologiques au sens plein du terme. Les principes moraux sont certains par eux-mêmes, et même de fide en bien des cas, mais souvent difficiles à appliquer. Par conséquent, se créent différentes écoles de pensée à propos de problèmes divers. Normalement ils sont qualifiés d’opinions probables, c’est-à-dire des positions qui sont probablement vraies, mais non absolument et certainement vraies.

Parfois la théologie morale ne nous permet pas d’aller au-delà du probable. Les actes humains sont si compliqués de par leurs circonstances que, bien souvent, on ne peut pas parvenir à la certitude complète ; on parvient à une opinion théologique, avec le sentiment que l’inverse pourrait être vrai. C’est la raison pour laquelle l’opinion peut différer d’un prêtre à l’autre sur l’application d’un principe moral particulier. On ne discute pas le principe, mais on peut discuter de son application.

Il est faux cependant de dire que, parce qu’une doctrine n’est pas définie ou enseignée par l’Église, elle doit donc être classée dans la catégorie des opinions théologiques.

La théologie est une science, et comme pour les autres sciences, elle tire des conclusions issues de ses principes les plus élevés. La théologie prend ses principes les plus élevés de la Révélation elle-même, des vérités que Dieu nous a enseignées telles que contenues dans la Sainte Écriture et la Tradition, et qui nous sont proposées à croire par l’Église Catholique. De ces vérités que nous tenons de Foi, les théologiens tirent des conclusions qui, bien que non révélées par Dieu, découlent certainement et raisonnablement des vérités révélées par Dieu.

Certaines conclusions théologiques sont si certaines et font tant autorité que, si vous les niez, vous êtes obligé de nier la Foi elle-même. Ceci bien que l’Église ne les ait jamais définies, ni même enseignées par son magistère ordinaire. Ce sont des conclusions théologiques, mais elles sont liées intimement à la Révélation.

Mais beaucoup appliquent le sophisme de l’“opinion théologique” au problème de la papauté de Bergoglio. Ils disent : « Puisque l’Église n’a pas déclaré qu’il n’était pas pape, les opinions théologiques selon lesquelles il est pape ou n’est pas pape sont légitimes, selon votre préférence. Aucune position n’attaque la Foi ».

Cette affirmation est pleine d’erreurs.

La première erreur est que cela met l’identité du Pontife Romain, c’est-à-dire Bergoglio est le Vicaire du Christ ou non, dans le domaine de l’“opinion théologique”. La deuxième erreur est que cela relègue la question de l’identité du Pontife Romain à une simple opinion théologique, comme s’il y avait une discussion entre théologiens sur le sexe des anges. La troisième erreur est que cela confond conclusion théologique et opinion théologique. La quatrième erreur est que quelqu’un est libre de tenir Bergoglio pour pape ou non pour l’unique raison que l’Église n’a rien dit à ce sujet. La cinquième erreur est qu’aucune position n’est contraire à la Foi.

Je vais examiner chacune de ces erreurs en détail.

 

III. Cinq erreurs de l’opinionisme

Erreur 1 : L’opinionisme met l’identité du Pontife Romain, c’est-à-dire, Bergoglio est le Vicaire du Christ ou non, dans le domaine de l’“opinion théologique”.

Le même terme opinion indique qu’on n’est pas certain que le pape soit pape ou ne le soit pas. Pourtant il est impossible de prétendre qu’il n’y a pas de certitude à ce sujet.

Ceux qui soutiennent qu’il est le pape, soulignent certains signes définitifs : (1) une élection valide universellement acceptée ; (2) l’acceptation de l’élection par Bergoglio ; (3) Bergoglio agissant en tant que pape ; (4) l’acceptation universelle de Bergoglio comme pape légitime.

Aucune de ces choses n’est incertaine. Si l’on utilise ces arguments comme preuve de sa papauté, où y a-t-il place pour le doute ?

Mgr Donald J. SanbornCeux qui argumentent contre sa papauté utilisent des arguments qui sont en eux-mêmes certains et incontestables : (1) qu’il a promulgué pour l’Église universelle des doctrines fausses, un enseignement moral faux, et des disciplines mauvaises ; (2) qu’il a dit des choses hérétiques et agi comme un hérétique, un apostat même, dans une multitude d’occasions ; (3) qu’il a nommé des hérétiques et/ou des apostats à la Curie Romaine et à des sièges épiscopaux, les a maintenus en fonction, et est en communion avec eux.

Aucun de ces faits ne peut être discuté ou laisser place au doute. Ils sont suffisants, particulièrement le n° 1, pour l’empêcher d’être pape.

Donc, si vous maintenez qu’il est le pape, pour les raisons avancées, comment pourriez-vous maintenir qu’il est légitime de dire qu’il n’est pas le pape ? Si vous maintenez qu’il n’est pas le pape, pour les raisons avancées, comment pourriez-vous dire qu’il est légitime de dire qu’il est le pape ? Où se situe le doute ? Où y a-t-il, dans ces arguments, quelque sentiment que le côté opposé pourrait être vrai ?

Le fondement théologique et la justification morale du mouvement traditionnel est que Vatican II et ses réformes sont fausses et mauvaises. Elles sont une falsification substantielle du Catholicisme. Pourquoi établissons-nous un apostolat opposé à celui de Bergoglio et de l’évêque local du Novus Ordo, sinon parce que les doctrines, rites et disciplines de Vatican II et ses réformes sont contraires à la foi et la morale ? Si elles ne sont pas contraires à la foi et la morale, pourquoi alors avons-nous un mouvement traditionnel ? Pourquoi le faisons-nous ? Quelle justification avons-nous à le faire aux yeux de Dieu ?

Si toutefois il est certain que Vatican II et ses réformes sont contraires à la foi et à la morale, alors il est certain qu’elles ne sont pas promulguées par l’Église. Si par contre il est certain qu’elles ont été promulguées par l’Église, alors il est certain que ceux qui les promulguent ne représentent pas l’Église Catholique. Alors il est certain que Bergoglio n’est pas le pape.

Conclure que Bergoglio est pape entraîne ces conclusions obligées : les doctrines, disciplines et rites qu’il a promulguées universellement sont catholiques et non scandaleuses. Si Bergoglio est pape, alors, en raison de l’indéfectibilité et de l’infaillibilité de l’Église, la religion qu’il approuve et promulgue est la Foi catholique. On pourrait la pratiquer en toute bonne conscience ; en fait, on le devrait.

D’un autre côté, conclure que les doctrines, disciplines et rites de Vatican II sont fausses et mauvaises, contraires à la Foi, la religion et la bonne morale entraîne ses conclusions obligées : les personnes qui les ont promulguées n’ont pas l’autorité du Christ. L’infaillibilité et l’indéfectibilité de l’Église, qui viennent de l’assistance solennellement promise par le Christ, ne peuvent permettre qu’une telle chose arrive. On doit conclure à la non-papauté de Bergoglio, si l’on conclut cela de Vatican II.

Donc, il est impossible, sur les plans de la logique et de la théologie, de dire, « j’accepte Bergoglio comme pape, mais je rejette Vatican II et ses réformes ». De même, il est impossible, sur les plans de la logique et de la théologie, d’aller dans l’autre sens, disant, « je rejette Vatican II et ses réformes, mais j’accepte Bergoglio comme pape ».

En d’autres termes, la papauté de Bergoglio signifie nécessairement que la religion qu’il promulgue est catholique, et le non-catholicisme de Vatican II et de ses réformes signifie nécessairement que Bergoglio ne peut être pape.

La Fraternité Saint Pie X [et d’autres] est coupable de la première erreur, en acceptant Bergoglio mais en rejetant sa religion. Ils développent une défiance globale envers lui en établissant un apostolat parallèle par lequel ils essayent de lui soustraire les âmes ainsi qu’à sa hiérarchie.

L’opinionisme est coupable de la seconde erreur. Il rejette Vatican II et ses réformes, mais admet que l’acceptation de Bergoglio est théologiquement soutenable. Cela n’a aucun sens.

Si vous avez assumé une résistance à Vatican II et à ses réformes, vous ne pouvez dire qu’il est légitime de considérer Bergoglio comme pape. Le dire c’est admettre implicitement que vous n’êtes pas certain que Vatican II et ses réformes sont vraiment contraires à la foi et à la morale. Être opinioniste à propos de Bergoglio est être opinioniste (et par conséquent douter) à propos des fondements mêmes de la résistance à Vatican II.

S’il est possible que Bergoglio soit pape, alors il est possible que Vatican II, la nouvelle messe, les nouveaux sacrements, le nouveau droit canon et l’œcuménisme soient catholiques. S’il est possible que Bergoglio soit pape, alors il est possible que nous ayons tout faux à propos de Vatican II.

 

Erreur 2 : L’opinionisme ramène la question de l’identité du Pontife Romain à une simple opinion théologique, comme s’il s’agissait d’une discussion entre théologiens à propos du sexe des anges.

C’est comme si la question de l’identité du Pontife Romain n’avait d’effets ni dogmatiques ni moraux.

L’identité du Pontife Romain a d’énormes effets dogmatiques et moraux. En premier lieu, notre foi dépend de son enseignement. Nous sommes tenus de donner notre assentiment à l’enseignement de l’Église. Mais l’autorité de son enseignement provient d’une source unique, l’autorité de Saint Pierre. Sans cette autorité, il n’y a pas de doctrine imposée. Aucun magistère ne peut prendre place, qu’il soit solennel ou ordinaire.

En outre, notre salut dépend de notre soumission au Pontife Romain. Nous sommes damnés si nous lui désobéissons en matière grave, ou pire, si nous ne lui sommes pas soumis.

Ainsi comment pouvez-vous être indifférent à propos de l’identité du Pontife Romain au point de dire que ce que vous pensez à son propos n’a pas vraiment d’importance sur le plan pratique ? C’est comme si le Pontife Romain n’était qu’une simple décoration de l’Église Catholique, quelque chose dont l’Église pourrait même se dispenser, un accessoire purement accidentel, une bagatelle. C’est comme si vous pouviez vivre votre propre version du Catholicisme Romain sans le Pontife Romain.

Les opinionistes sont forts pour dire que la question de la papauté de Bergoglio ne devrait pas nous diviser. Ils pensent que tous les traditionalistes devraient bien s’entendre, quoiqu’ils pensent à son sujet.

Néanmoins, une telle attitude n’est pas catholique. L’identité même et l’unité de l’Église Catholique Romaine sont intimement et essentiellement liées au Pontife Romain, et son identité ne peut être réduite à une simple question d’“opinion”. De même, notre salut ‒ la question du paradis ou de l’enfer ‒ est lié au Pontife Romain, et être opinioniste à propos de son identité équivaut à être indifférent de savoir quelle église est la véritable église.

Erreur 3 : L’opinionisme confond conclusion théologique et opinion théologique.

Une conclusion théologique est, encore une fois, absolument certaine, et parfois est même en lien avec les vérités de la Foi, de telle façon que si vous la niez, vous aurez à nier également la Foi.

Une opinion théologique, cependant, est une position qui manque de preuves suffisantes en sa faveur, de sorte qu’on ne serait pas surpris de découvrir que c’est le contraire qui est vrai.

Comme je l’ai dit plus haut, les arguments pour ou contre la papauté de Bergoglio reposent sur des certitudes. Aucune partie ne nie les faits qu’elle propose en faveur de ses conclusions.

Par conséquent, chaque partie doit logiquement produire, non une “opinion” mais une conclusion théologique certaine. Ceci est vrai car la conclusion doit être aussi forte que ses principes. S’il n’y a pas de doute quant aux principes, il n’y pas de doute quant aux conclusions, à condition naturellement que le processus logique soit sans faute.

Donc, s’il suffit simplement pour qu’un homme soit un vrai pape qu’il soit dûment élu, qu’il accepte, qu’il agisse en tant que pape, et qu’il soit universellement accepté comme pape par ceux qu’on appelle communément catholiques dans le monde, alors il est certain que Bergoglio est le vrai Pontife Romain. Car toutes ces choses sont vraies et vérifiées.

D’un autre côté, s’il suffit pour qu’un homme soit un faux pape qu’il ait l’intention de promulguer de fausses doctrines et des disciplines mauvaises, en dépit de toute autre apparence ou de tout élément matériel de papauté qu’il puisse avoir, alors il est certain que Bergoglio est un faux pape, car son intention de promulguer et d’adhérer au modernisme est évidente.

Erreur 4 : Quelqu’un peut être libre de tenir que Bergoglio est ou n’est pas pape pour la seule raison que l’Église n’a rien dit à ce propos.

Les raisons de la papauté ou de la non papauté de Bergoglio sont essentiellement théologiques, et non simplement légales. Autrement dit, si Bergoglio n’est pas le pape, ce n’est pas parce que l’Église a déclaré qu’il n’est pas pape.

C’est au contraire l’inverse qui est vrai : l’Église le déclarerait non pape parce qu’il n’est pas réellement et véritablement le pape. La déclaration de l’Église dans ce cas ne donnerait qu’une certitude légale à un fait existant. Mais l’Église ne peut jamais déclarer quelque chose comme légalement certain, que lorsque c’est réellement et véritablement certain.

L’Église, par exemple, déclare qu’un mariage est nul. Ce n’est pas la déclaration qui cause la nullité, c’est la nullité qui cause la déclaration.

La déclaration tire simplement un fait légal d’un fait de nullité existant réellement. La nullité ne peut avoir d’effet légal sans sa déclaration, mais la nullité existe déjà avant la déclaration. Bien avant la déclaration de nullité, l’homme et la femme ne sont pas mari et femme. Ils sont liés aux effets moraux de leur non-mariage dès qu’ils sont conscients de la nullité ; la déclaration légale peut survenir des années après.

Ainsi, nous sommes liés à la conclusion théologique certaine de la non-papauté de Bergoglio basée sur des preuves existantes certaines, et ceci bien avant une future déclaration de sa non-papauté. Un couple, certain de l’invalidité de son mariage, ne peut agir comme mari et femme sous l’excuse, « oh bon, il n’y a pas de déclaration de nullité, donc nous pouvons faire ce que nous voulons ! ». Ainsi, nous qui agissons avec le postulat selon lequel Vatican II et ses réformes sont contraires à la foi et à la morale ne pouvons reconnaître la papauté de Bergoglio sous l’excuse, « oh bon, il n’y a pas de déclaration, donc nous pouvons penser ce que nous voulons ! ».

En outre, j’ajouterai que ceux qui affirment qu’il est le pape ne peuvent maintenir à juste titre que l’Église n’a pas fait de déclaration à ce sujet, ou que c’est une question d’opinion théologique, comme s’il y avait quelque doute.

Si les motifs de le reconnaître comme pape sont ceux que j’ai donnés plus haut, c’est-à-dire son élection et l’acceptation générale du peuple, alors comment pourrait-il y avoir un doute ?

D’un autre côté, comment pourriez-vous maintenir qu’il est légitime de dire qu’il n’est pas le pape, comme disent les opinionistes, sauf si vous accordez crédit aux principes du sédévacantisme ? Mais les principes du sédévacantisme affirment avec certitude qu’il n’est pas le pape, et non simplement que c’est probable. Autrement dit, soit vous devez nier les principes du sédévacantisme, soit vous devez admettre que ses conclusions sont vraies.

Erreur 5 : Aucune position n’est contre la Foi.

Faux. Maintenir qu’un homme est le pape, le Vicaire du Christ sur terre, et dans le même temps conduire un apostolat mondial en lui désobéissant offense la Foi. Dire que les doctrines, disciplines et rites liturgiques qui sont promulguées par le Pontife Romain sont erronés, hérétiques, faux, mauvais et/ou scandaleux offense la Foi.

Mais c’est pourtant la position des traditionalistes sédépleinistes de la Fraternité Saint Pie X. Pire, c’est la position des sédévacantistes opinionistes qui maintiennent que Bergoglio n’est pas pape, mais disent en même temps que la position sédépleiniste n’offense pas la Foi.

De même, reconnaître l’autorité du Christ dans la promulgation de fausses doctrines et de disciplines mauvaises est contre la Foi. Reconnaître l’Église Catholique Romaine dans les croyances et observances universelles de Vatican II et de ses réformes est contre la Foi.

D’un autre côté, si Bergoglio est vraiment pape, alors il est contre la Foi de maintenir qu’il n’est pas le pape, et/ou de maintenir que ses doctrines et disciplines sont contraires à la foi et à la morale.

Donc, le sédépleiniste convaincu ne peut, en toute conscience, regarder la position sédévacantiste comme une position théologique soutenable sans offenser la Foi. De même, le sédévacantiste convaincu ne peut, en toute conscience, tenir que la position sédépleiniste est soutenable théologiquement sans offenser la Foi.

Reconnaître, comme les sédépleinistes, dans la défection de Vatican II et ses réformes l’autorité de l’Église, est détruire de fond en comble la nature même de l’Église, qui est une institution divine qui bénéficie de l’assistance perpétuelle du Christ par le Saint Esprit. Si l’Église peut faire une faute comme Vatican II et ses réformes, une faute telle que nous devons y résister fortement pour sauver nos âmes, où est alors l’assistance du Christ ? Les sédévacantistes résolvent ce problème en disant, « ces réformes ne proviennent pas de l’autorité de l’Église ». Mais les sédépleinistes n’ont pas de réponse sans avoir recours à une interprétation privée et à un rejet privé de Vatican II et ses réformes. C’est une attitude protestante.

Les sédévacantistes ne peuvent maintenir que la position sédépleiniste est une opinion soutenable théologiquement, comme si elle avait un probable mérite. Si quelqu’un est un véritable sédévacantiste, et est convaincu de cela, il doit considérer que le sédépleiniste est dans une position absolument intenable.

 

IV. Une objection

OBJECTION : Et si vous avez un doute sur la papauté de Bergoglio ?

Mgr Donald J. SanbornJe réponds en disant d’abord que le doute n’existe que dans l’esprit, jamais dans la réalité. En réalité, soit Bergoglio est pape, soit il ne l’est pas.

Pouvons-nous moralement demeurer dans le doute ?

Non. Comme je l’ai déjà expliqué, l’identité du Pontife Romain est essentiellement l’identité de l’Église Catholique Romaine, et le fondement de son unité. Étant donné que nous sommes obligés de professer la vraie foi et d’appartenir à la véritable Église sans y rester indifférents, nous sommes donc obligés de lever notre doute à propos de l’identité du véritable Pontife Romain. Demeurer dans le doute à son propos signifie demeurer dans le doute à propos de l’identité véritable de l’Église. Plus encore, nous sommes obligés de lui obéir sous peine de péché. Par conséquent, nous ne pouvons pas nous complaire dans le doute sur son identité.

La théologie morale nous enjoint de lever notre doute par une recherche diligente. Dans la plupart des cas, une telle recherche guérira le doute à propos de Bergoglio en faveur du sédévacantisme. Si quelqu’un doute à son propos, c’est parce qu’il a déjà été amené, par les horreurs de Vatican II, à mettre en question l’orthodoxie de ceux qui l’ont promu. Une recherche rigoureuse révèle facilement que nos soupçons sont plus que justifiés, et l’on passe rapidement du doute à la certitude.

Si, pour quelque raison légitime, nous sommes empêchés de mener une recherche de preuves contre Bergoglio, alors nous devons lever le doute par les principes réflexes, c’est-à-dire certains principes généraux de morale et de droit qui nous apportent la certitude lorsque nous ne pouvons lever le doute par nous-mêmes. La théologie morale lèverait le doute en faveur de la papauté de Bergoglio, compte tenu du fait qu’il jouit, au moins apparemment, d’une élection valide et de l’acceptation générale de ce qui est considéré communément comme l’Église Catholique.

Donc, le sédévacantiste ne peut l’être que s’il est certain que Bergoglio n’est pas pape, ou bien le doute irrésolu le mettrait dans le camp des sédépleinistes.

Par conséquent, le sédévacantiste ne peut considérer la position sédépleiniste comme une opinion théologique soutenable, comme si toute la question était douteuse.

 

V. L’hypocrisie de la FSSPX

D’après ce que j’ai pu entendre par nombre de contacts fiables qu’ils soient dans ou hors de la Fraternité Saint Pie X, elle permet à ses prêtres qui ne sont pas disposés à nommer Bergoglio au canon, d’être sédévacantistes cachés mais sédépleinistes publiquement. Ainsi, à l’autel ils sautent le nom moderniste dans le silence du canon.

Dans le même temps, la FSPX montre par des signes extérieurs une adhésion publique à sa papauté. Dans ses écrits elle considère les sédévacantistes comme des schismatiques, tout en permettant aux prêtres sédévacantistes de circuler dans ses rangs et de fonctionner comme prêtres bien considérés.

Cette solution a permis à la Fraternité d’éviter le boulet d’une autre scission majeure dans ses rangs. Elle n’admet pas publiquement qu’il y a des prêtres sédévacantistes dans ses rangs. Sa position publique est que le sédévacantisme est schismatique. À mon avis, cette attitude est malhonnête.

« Mais que votre parole soit : Oui, oui ; Non, non. Ce qui est en plus de cela vient du Malin » (Mt. 5, 37).

 

VI. Résumé et conclusion

À mon avis, l’opinionisme trouve ses racines dans l’indifférentisme vis-à-vis du Pontife Romain.

Les opinionistes veulent vivre dans un monde de messe traditionnelle et de sacrements sans aucune référence au Pontife Romain. Pour eux, dans l’ordre pratique, que Bergoglio soit pape ou non n’a pas d’importance. Ils assistent à la messe de n’importe quel prêtre du moment qu’il dit la messe traditionnelle, sans prêter attention à son rapport au Pontife Romain.

Une telle attitude est extrêmement dangereuse. Elle revient à retrancher le Pontife Romain du Catholicisme, et réduit notre adhésion à la Foi traditionnelle constituant un libre examen protestant.

Il y a eu des moments dans l’histoire de l’Église où, pour être catholique, il fallait être sédévacantiste. Je fais référence à l’interrègne chaque fois qu’un pape meurt, ce qui a pu durer jusqu’à trois ans. Si un catholique venait à reconnaître un pape durant la vacance du Siège Romain, il aurait été schismatique. De même, un catholique serait schismatique s’il ne reconnaissait pas un pape véritablement régnant.

Ainsi, dans cette situation, soit les sédépleinistes soit les sédévacantistes sont schismatiques. L’un exclut l’autre.

Mais ces deux systèmes opposés ne peuvent pas tous les deux être considérés comme des “opinions théologiques légitimes”.

 

 

 

Source : Qui Legit Intellegat (Forum Catholique Contre-Révolutionnaire, Antilibéral et Antimoderniste)

« Le Saint-Siège actuellement vacant, une simple opinion ? » : http://quilegitintellegat.clicforum.com/t105-Le-Saint-Si-ge-actuellement-vacant-une-simple-opinion.htm

C’est article est excellent. Mgr Sanborn a fait le tour de la question. Qui legit intellegat. (Bernardus)